Alors que la population vieillit et que les naissances sont en baisse, le think tank Terra Nova estime que la France ne pourra pas se passer des travailleurs immigrés pour maintenir son économie à flot. Une idée qui se heurte au durcissement prôné par le ministre de l'intérieur Bruno Retailleau.
Avec
- Sabrina Agresti-Roubache, femme politique, Ex-secrétaire d'État chargée de la Ville et de la Citoyenneté depuis juillet 2023
- Hakim El Karoui, essayiste et consultant, co-fondateur du "Club du XXIe siècle"
- Nicolas Pouvreau-Monti, co-fondateur et directeur de l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie
"L'immigration n'est pas une chance", répète à l'envi l'actuel locataire de la place Beauvau, Bruno Retailleau. Mais avec une population de plus en plus âgée et une courbe des naissances en baisse, la survie de l'économie française dépend-elle de la main-d'œuvre étrangère ? C'est ce qui ressort d'un rapport intitulé "Les travailleurs immigrés : avec ou sans eux ?" publié par le centre de réflexion Terra Nova, le 12 mai dernier. Selon le laboratoire d'idées, pour préserver son modèle social, la France devra accueillir entre 250 000 et 310 000 travailleurs étrangers par an à l'horizon 2040-2050.
L'immigration de travail, un impensé ?
Aujourd'hui, les immigrés occupent majoritairement des postes que les employeurs peinent à pourvoir. Ces derniers représentent 39 % des employés de maison, 28 % des agents de sécurité et 22 % des cuisiniers. De l'autre côté des Alpes, même la première ministre d'extrême droite Giorgia Meloni, a ouvert les portes à 500 000 travailleurs étrangers supplémentaires pour répondre aux pénuries de main-d'œuvre. Pourtant, du côté de la droite française, rares sont les voix qui plaident en faveur de
Faut-il accueillir davantage de travailleurs immigrés ?
La France peut-elle vraiment se passer de main-d'œuvre étrangère ?
Hakim El-Kahoui est directeur du cabinet de conseil Volentia, chercheur associé au think-tank progressiste Terra Nova, qui est proche du Parti Socialiste. Il explique que les partis politiques sont très mal à l'aise avec la question de l'immigration, notamment depuis que la question est devenus l'apanage du Front National, petit à petit plus personne n'en a parlé. "Au début, la gauche disait que c'était formidable l'immigration, c'était l'ouverture, etc. Et puis, quand il y a un certain nombre de problèmes qui sont apparus et quand le Front National s'en est emparé, en fait, tout le monde s'est tu." Il est l'auteur pour Terra Nova d'une note qui dit qu'il faut 300.000 entrées d'immigrés en France la France veut pérenniser son modèle social, qu'il s'agisse de travailleurs ou de familles.
Il précise que ce travail n'est pas un encouragement à l'immigration plutôt une observation, il ne faut pas se méprendre, l'immigration va continuer. 300.000 entrées correspondent en réalité à environs à 150.000 travailleurs. "C'est très bien si on peut en parler, c'est encore mieux si on peut effectivement regarder l'ensemble du spectre, les problèmes, c'est très important de parler des problèmes, mais aussi les solutions, et puis ce que doivent faire les immigrés, mais aussi ce que doit faire la communauté nationale, notamment la politique d'intégration qui est très très faible."
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Nicolas Pouvreau-Monti est co-fondateur et directeur de l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie, qui est financé, entre autres, par le milliardaire et mécène Pierre-Edouard Sterrin, très conservateur. Il écrivait dans une tribune dans Le Figaro que l'immigration coûterait 3,4% du PIB à la France. Il y a pour lui deux lectures : tout d'abord la question reste en effet politiquement très marquée mais il remarque que les partis du centre et de la droite s'emparent de plus en plus de la question, avec des points de vue restrictionnistes notamment. Des partis de gauche en Europe s'emparent aussi de cette question. "Et dans le contexte français, il faut dire qu'il y a un décalage assez sidérant entre, d'une part, le caractère effectivement très marqué, très clivant, de la question dans le débat public, dans le débat politique, dans le commentaire médiatique, d'une part, et d'autre part, les aspirations globalement consensuelles de l'opinion telle que mesurée par les enquêtes qui ont lieu à peu près maintenant tous les mois sur le sujet."
Sabrina Agristi-Roubache était en charge de l'accueil des réfugiés au sein du gouvernement précédent François Bayrou, elle déplore qu'on oublie un élément dans le débat : que pensent les immigrés eux-mêmes de l'immigration et de la politique de l'immigration ? Elle se rappelle avoir pris une volée de critique lorsqu'elle avait soulevé cette question. "Je m'étais faite évidemment massacrer, mais je pense qu'il y a un sujet de perception face à la réalité." Elle poursuit sur le fait qu'un travailleur immigré peut désormais lui-m^me déposer son dossier de régularisation, sans attendre la démarche de son employeur. "Tout ça, ce sont des avancées. Mais on a oublié de parler d'une chose, l'apprentissage du français ? Et c'est quoi être français ? Comment on devient citoyen ? Comment on en fait des citoyens à part entière ?"
Le chercheur de la fondation Terra Nova explique qu'il y a un fantasme derrière l'immigration, celui qui dit "ils ont quelque chose qu'on n'a pas", idée qui a pris toute la place du débat sur l'AME. L'idée est de soigner les gens avant que les cas deviennent graves, pour des raisons de santé publique, hors le débat s'est déporté sur le coût de la prise en charge, et sur ce qui y était autorisé. Il réaffirme que l'immigration ne coûte pas du tout 100 milliards à l'État, "ça, c'est complètement faux".
Fantasmes et chiffres autour de l'immigration, ses apports et ses coûts, écoutez la suite de ce Débat de midi
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Clés : Société Immigration Débats d'actualité Intégration sociale Parlement Démographie Bruno Retailleau
08.07.2025
Après le Sénat, l'Assemblée nationale vient d'adopter définitivement la proposition de loi Duplomb contre l'avis d'une grande partie du monde agricole et de la société civile. Ce texte entérine des régressions agricoles, sanitaires et écologiques d'une très grande gravité, taillées sur mesure pour l'agro-industrie et portées par les dirigeants de la FNSEA, déconnectés de leur base.
Favoriser l'agrandissement des exploitations destinées à la production animale industrielle, l'accaparement de l'eau par la construction de méga-bassines et réintroduire l'acétamipride sont une fuite en avant mortifère et de très court-terme. Les enjeux sont tout autre : garantir un revenu paysan par la mise en place de prix minimums garantis et l'installation de fermes partout sur le territoire.
Or, la coalition « centristes, LR, macronistes et RN » refuse de s'attaquer à cette question du revenu agricole et affaiblit les outils de la transition agro-écologique comme jamais, alors que plus de 80% des agriculteur·rices y sont favorables.
Chaque parlementaire devra donc assumer son vote en faveur d'un texte déconnecté des préoccupations de la majorité des paysan·nes qui subissent de plus en plus violemment la succession de crises sanitaires et climatiques.
Contacts :
Thomas GIBERT - porte-parole national - tél: 06 65 24 66 44
Fanny MÉTRAT - porte-parole nationale - tél: 06 16 60 25 03
Caroline NUGUES - Chargée de communication - tél: 06 95 29 80 78
Connu / AP le 12/07/25
Scandale, fraude / Pascal Markowski
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Connu / TG le 16/07/25 à 21:53
L’U.E. et la question migratoire : l’ascension politique des extrêmes droites - Gauche Écosocialiste
Photo Sandor Csudai
Europe extrême droite - 18 mars 2024
À moins de 4 mois d’un scrutin pour renouveler le Parlement européen, les extrêmes droites abordent l’élection en position de force : elles gouvernent déjà dans 6 pays de l’Union – seules ou en coalition – et les sondages les annoncent comme première ou deuxième force dans 9 autres1. Au cœur de leurs discours, et par-delà des divergences entre les diverses formations, l’idéologie anti-immigration les rassemble.
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Derrière les droits des travailleurs exilés, c’est la question des travailleurs sur le territoire national qui est posée. Derrière la question de la surveillance des frontières, c’est la question des libertés fondamentales qui est en jeu. Enfin, derrière la question des droits individuels des étrangers, c’est de la défense de l’État de droit et des contre-pouvoirs de la société civile qu’il s’agit.
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une approche alternative, armée des sciences sociales et basée sur le commun intérêt des populations à renforcer les droits de chacun pour renforcer les droits de toutes et tous reste à construire, et à infuser dans la société. Une approche qui ne saurait être réduite à son pendant moral : il devra s’agir de rendre sensible comment les politiques anti-immigration empêchent de changer matériellement la vie de tout un chacun.
Et de donner force à cette assertion : non, les extrêmes droites ne sont jamais du côté de celles et ceux qui travaillent.
Camille Boulègue
1 https://www.lesechos.fr/monde/europe/a-six-mois-des-europeennes-lue-face-a-une-poussee-de-lextreme-droite-2031138
2 https://european-union.europa.eu/principles-countries-history/principles-and-values/aims-and-values_fr
3 https://missingmigrants.iom.int/fr
4 Chronologie tirée de À qui profite l’exil, T. Tervonen, J. Pourquié, La Revue dessinée, Delcourt, 2023
5 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A42000A0922%2801%29&qid=1710153426538
6 Chiffres tirés de À qui profite l’exil, T. Tervonen, J. Pourquié, La Revue dessinée, Delcourt, 2023
Connu / https://bsky.app/profile/mmace.bsky.social/post/3ltoo2oa3uc2w
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Maxime Macé @mmace.bsky.social · 21 h
En 2007, Marine Le Pen accordait une interview à «Rivarol», journal ouvertement antisémite. Une archive exhumée par @liberation.fr, dans laquelle elle tend la main à l’extrême droite la plus radicale. [Coprod @pierreplottu.bsky.social]
L’entretien oublié de Marine Le Pen avec le journal antisémite «Rivarol»
En 2007, la future cheffe du RN accordait une interview à Rivarol, journal ouvertement pétainiste. Une archive exhumée par «Libé», où elle tend la main à l’extrême droite la plus radicale, bien loin d...
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Décrypter - Économie
Depuis toujours, l’extrême droite française met en avant un discours aussi simple que redoutable : “vous payez trop”. Trop d’impôts, trop de taxes, trop de “charges”, trop pour les autres. Aujourd’hui, ce récit se propage de plus en plus, relayé par les réseaux sociaux, les médias de droite et l’univers brun des influenceurs réactionnaires. Il transforme la colère sociale en ressentiment fiscal. Et cette colère, au lieu de viser les vrais profiteurs — les actionnaires, les grandes fortunes, les fraudeurs fiscaux, les multinationales — est soigneusement redirigée vers un bouc émissaire commode : l’État et ceux qui vivent, prétendument, à ses crochets. Ce discours repose sur une série de confusions entretenues, de manipulations économiques grossières, et surtout, d’un projet politique inavoué : démanteler les droits sociaux au nom du “bon sens”.
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Le jour où Nicolas demandera non plus combien il paie, mais à qui cela profite réellement, le piège se refermera sur ceux qui l’ont construit. Ce jour-là, Nicolas cessera d’être un hashtag au service des puissants : il deviendra une conscience politique.
Guillaume Étievant, Responsable éditorial
Connu / https://bsky.app/profile/frustrationmag.bsky.social/post/3ltp6derzrk2y
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Frustration Magazine @frustrationmag.bsky.social
Face au chiffre monstrueux de 211 milliards d'aide annuelle aux entreprises, les chroniqueurs de plateaux TV, les think tanks patronaux et les politiciens droitiers nous bombardent d’arguments tous plus mensongers les uns que les autres.
@etievant_g les liste ici et y répond👇
11 juillet 2025 à 17:36
67 reposts 5 citations 110 ont aimé
- 1-“Ce ne sont pas des aides, c’est juste qu’on leur prend moins !” Cet argument oublie que les exonérations de cotisations sociales n’annulent pas les besoins qu’elles couvrent : elles sont compensées par l’État. Autrement dit, par l’impôt, c'est à dire nous tous.
- 2-“Mais 80% de ces aides vont aux entreprises publiques” Cette intox provient de l’IFRAP, un “think tank” présenté comme “indépendant”, mais financé par les entreprises. Pour calculer ce chiffre, il ne prend en compte que 28 milliards d’aides budgétaires sur les 211 milliards.
- 3-"C’est trop hétérogène pour qu’on parle d’1 seul système”Le rapport souligne justement cette fragmentation : 2 200 dispositifs. Cela nourrit l’illusion qu’il ne s’agirait pas d’un système cohérent.Or il l’est : c’est celui de la captation de la richesse par les intérêts privés
- 4-Le groupe Auchan a annoncé le 4 novembre son intention de procéder à un PSE concernant 2 384 salariés employés en France. Le groupe a bénéficié entre 2013 et 2023 de 636 millions d’euros d’aides fiscales et de 1,3 milliard d’euros d’allègements de cotisations sociales.
- 5-En novembre, Michelin a annoncé un PSE concernant 1 254 salariés. Le groupe a bénéficié de 32,4 millions d’exonérations de cotisations sociales en 2023 et 40,4 millions d’euros de CIR en 2024, tout en versant 1,4 milliard d’euros de dividendes la même année.
- 6-ArcelorMittal a annoncé en avril 2025 la mise en place d'un PSE concernant 600 salariés. Le groupe a versé en moyenne 200 millions d’euros de dividendes chaque année depuis dix ans, alors qu’il a bénéficié en 2023 en France de 298 millions d’euros d’aides
- 7-Osons une exigence : supprimer toutes les aides publiques qui ne sont pas strictement vitales à la survie financière des entreprises. Et quand l’État investit des millions dans une entreprise, il doit entrer au capital. Lire l'analyse de @etievant_g :
https://frustrationmagazine.fr/comment-les-bourgeois-camouflent-les-211-milliards-daides-aux-entreprises
Comment les bourgeois camouflent les 211 milliards d’aides aux entreprises
Frustration Magazine, média indépendant et offensif qui relate la guerre des classes.
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jeudi 12 juin 2025 - Société - Par Alexandre Monnin, Philosophe, Directeur scientifique d’Origens Media Lab et professeur à l'ESC Clermont Business School
Derrière les discours d’efficience, d’autonomie et de prévention, un glissement insidieux s’opère : celui d’une médecine qui renonce à soigner. Aux États-Unis comme en France, le soin devient conditionnel, réservé aux existences jugées « optimisables ». En s’appuyant sur le cas du programme MAHA, les dérives du One Health, le concept d’« abandon extractif » et l’émergence d’un « eugénisme doux », cet article analyse les ressorts politiques et idéologiques d’un renoncement systémique au soin.
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Aux États-Unis, cette hypothèse se cristallise au travers du programme MAHA – Make America Healthy Again – dont l’ambition n’est plus de soigner, mais d’éviter les coûts liés au soin. Comme le formule explicitement Derek Beres, fin observateur de ces enjeux et co-animateur de l’excellent podcast Conspirituality, le but de MAHA « n’est pas la santé, c’est l’évitement ». En France, la récente loi sur le droit à mourir, en apparence progressiste, a été critiquée par des collectifs antivalidistes comme une manière d’acter l’impossibilité de vivre longtemps avec certains handicaps ou maladies chroniques.
Ce tournant ne se donne pas toujours pour ce qu’il est. Il s’abrite derrière les mots d’efficacité, d’autonomie, de prévention, voire de soutenabilité. Il s’appuie sur des cadres comme le paradigme One Health, censé penser la santé de manière systémique à l’échelle des écosystèmes mais qui, en pratique, contribue à diluer les responsabilités et à rendre invisibles les enjeux de justice sociale. Il prospère sur les ruines de la médecine publique, sur la fatigue des professionnels du soin, sur l’individualisation croissante des parcours de santé.
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ne domine plus la coercition biologique mais la modulation des accès, des incitations, des normes implicites du mérite sanitaire. Dans ce monde, certaines vies méritent encore d’être soignées. D’autres sont progressivement déplacées hors du champ du soin, abandonnées à elles-mêmes, tout en continuant à alimenter des bases de données, des algorithmes, et des modèles de gestion du risque.
Function Health et la « root cause medicine » : une médecine sans soin ?
La logique du non-soin trouve un prolongement dans l’écosystème des startups de la médecine fonctionnelle, à commencer par Function Health, cofondée par Mark Hyman – médecin star, promoteur du self-care optimisé et conseiller santé de Robert F. Kennedy Jr. Promettant une révolution individualisée, Function Health propose à ses clients de mesurer plus de cent biomarqueurs pour « reprendre le contrôle sur leur santé ». Pourtant, ce qui se présente sous les auspices d’une forme d’empowerment est en réalité une mise en marché de diagnostics sans soin : les résultats des tests ne sont accompagnés d’aucune prise en charge clinique réelle, et leur utilité médicale est sérieusement mise en doute.
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Le biologiste Greg Maguire, quant à lui, dénonce Function Health au titre d’une « arnaque façon Theranos », un modèle d’affaire jouant sur le flou scientifique, l’auto-surveillance et la peur du déclin corporel, tout en échappant à toute responsabilité thérapeutique.
Au cœur de cette approche se trouve la notion de « root cause medicine », qui prétend identifier et traiter les causes profondes des maladies plutôt que de se contenter de soulager les symptômes. Bien que louable en apparence, cette philosophie est également au centre du programme MAHA (Make America Healthy Again), porté par l’administration. Le récent rapport de la commission MAHA[2] publié en mai 2025, attribue ainsi la montée des maladies chroniques chez les enfants étasuniens à des facteurs tels que l’alimentation ultra-transformée, l’exposition aux produits chimiques, le manque d’activité physique et le stress chronique. Il critique également la surmédicalisation, notamment l’utilisation excessive de médicaments et de vaccins chez les enfants, et appelle à une réorientation vers la prévention et la recherche sur les causes profondes des maladies.
Cependant, cette focalisation sur les causes profondes peut avoir des conséquences problématiques. En mettant l’accent sur la prévention et la modification du mode de vie, elle risque de délégitimer les besoins des personnes déjà malades, en particulier celles atteintes de maladies chroniques ou de troubles neurodéveloppementaux – y compris l’autisme –, qui seraient liées à des perturbations métaboliques ou environnementales. Si la recherche de cause profondes est légitime, force est de reconnaître qu’elle est instrumentalisée aujourd’hui en vue de délégitimer la recherche scientifique et les politiques de soin au profit d’une écologie pseudo-naturelle du corps performant, de la prévention morale et de l’industrie du diagnostic.
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un transfert massif de ressources depuis les institutions publiques vers des plateformes privées qui transforment le soin en business. Derrière le slogan « Make America Healthy Again », se cache une antienne bien connue : enrichir les cercles proches du pouvoir tout en abandonnant les populations vulnérables, déjà rendues invisibles par les angles morts du marché de la santé.
L’ironie de cette médecine du non-soin est qu’elle s’appuie massivement sur des dispositifs technologiques sophistiqués : capteurs, tests, algorithmes, plateformes. Le soin est externalisé, privatisé, et converti en données. Le quantified self devient la forme contemporaine de l’attention à soi, vidée de toute relation clinique. Ces technologies alimentent des systèmes d’optimisation où l’important n’est plus la guérison, mais la conformité aux normes biologiques ou comportementales. Dans ce contexte, le patient devient un profil de risque, non plus un sujet à accompagner. La plateformisation du soin réorganise en profondeur les régimes d’accès à la santé. La médecine n’est alors plus un service public mais une logistique de gestion différenciée des existences.
One Health ou la naturalisation du non-soin
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Ce flou n’est pas neutre. Il permet de relativiser les demandes d’action immédiate, en invoquant une perspective systémique, lointaine, future. On parle de microbes et de milieux, on « prend de la hauteur » tout en abandonnant les personnes malades ici et maintenant, notamment celles souffrant du Covid long ou d’autres pathologies différées.
Plus grave encore : cette « prise de hauteur » s’accompagne d’un transfert de schèmes idéologiques issus de l’écologie réactionnaire. Le retour à la nature se double d’une défiance vis-à-vis des vaccins, des traitements, de l’intervention médicale. Dans certains discours, relayés par exemple par la journaliste Marie-Monique Robin, la fusion avec le monde microbien devient un idéal, et la prévention sanitaire, une intrusion[3]. On célèbre « l’immunité naturelle » pour mieux fustiger l’intervention publique. Des deux côtés de l’échiquier politique.
Sous couvert d’intégration des savoirs, le One Health organise en réalité une double démission : institutionnelle, d’abord, en se dégageant de toute responsabilité immédiate ; cognitive, ensuite, en affaiblissant la distinction entre pathogène et environnement. Il participe ainsi pleinement du paradigme du non-soin.
Une autre logique traverse ces dynamiques : un catastrophisme vitaliste, qui prend racine à la fois dans certaines critiques de la modernité médicale et dans un rapport idéalisé à la « nature ». Face aux dégradations écologiques, le réflexe n’est plus de renforcer les capacités collectives de soin. Il s’agit désormais de retrouver une forme de pureté corporelle ou environnementale perdue. Cette quête se traduit par l’apologie du jeûne, du contact avec les microbes, de la « vitalité » naturelle – et la dénonciation des traitements, des masques, des vaccins comme autant d’artefacts « toxiques ». Elle entretient une confusion entre médecine industrielle et médecine publique, et reformule le soin comme une purification individuelle. Là encore, le paradigme du non-soin prospère non pas en contradiction avec l’écologie, mais bien davantage au nom d’une écologie mal pensée
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Elle puise dans une généalogie critique où Ivan Illich tient lieu de figure tutélaire. Sa dénonciation de l’iatrogénie, des professions médicales et de la médicalisation de la vie reste aujourd’hui une référence centrale, souvent mobilisée par des discours « alternatifs » à la médecine. Or cette critique a changé de camp : d’arme contre l’industrie pharmaceutique, elle devient ressource idéologique pour désarmer la médecine publique au profit des marchands de compléments alimentaires, d’algorithmes et de tests en tous genres. Le mythe d’un retour à l’harmonie naturelle, débarrassée des intrusions techniques, alimente aujourd’hui une écologie vitaliste parfois indistincte des idéologies de droite libertarienne ou survivaliste
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Extractive abandonment et soft eugenics : organiser le tri
Dans ce monde du non-soin, l’abandon n’est ni un effet secondaire ni une faute mais un principe actif de gestion. Le concept d’extractive abandonment, formulé par Beatrice Adler-Bolton et Artie Vierkant dans Health Communism, désigne une situation où les populations vulnérables sont à la fois exclues de la prise en charge, et maintenues dans des dispositifs qui extraient de la valeur de leur existence, sans compensation, ni reconnaissance, ni soutien.
Ce paradigme, qui organise le retrait actif de l’État ou des institutions médicales, s’appuie sur une économie politique éminemment problématique : les malades chroniques, les personnes handicapées ou marginalisées deviennent des sources de données, des objets d’expérimentation, des supports de tests – mais sans accès réel à des soins. Dans le meilleur des cas, elles sont orientées vers des parcours de « self-care » algorithmique, où la personnalisation de la gestion de santé dissimule une désinstitutionnalisation complète.
Ce processus rejoint l’eugénisme doux. Loin des formes brutales et déclarées du XXe siècle, ce nouveau tri sanitaire est diffus, technicisé, comportemental. Il repose sur des critères d’optimisation et de rendement. La question n’est pas « qui doit vivre ? » mais « qui vaut l’investissement ? ». Les profils « compliance-ready » sont favorisés. Les autres, invisibilisés, écartés. On ne les nomme plus : ils ne rentrent simplement pas dans les catégories de priorisation.
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la santé publique cesse d’être pensée comme un bien commun, et devient une performance individuelle, mesurée, scorée, marchandée. La médecine elle-même, soumise à l’austérité, finit par abandonner ses missions fondamentales : observer, diagnostiquer, soigner. Elle se contente de prévenir – et encore, seulement pour ceux qu’on juge capables – et/ou suffisamment méritants.
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Loin d’être intrinsèquement opposée au soin, la prévention a longtemps constitué une avancée majeure de la médecine sociale : campagnes de vaccination, médecine du travail, hygiène publique, politiques de dépistage… Autant d’acquis issus des luttes collectives et des savoirs institutionnels. Le tournant actuel consiste moins à valoriser la prévention qu’à la retourner contre les malades
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Repolitiser le soin
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avance sous une pluralité de masques ceux du pragmatisme, de l’innovation, de la prévention mais aussi de l’écologie, d’une vision plus « holistique » et pleine de sens, et de la liberté de choisir. Elle substitue au droit au soin un devoir de performance ; à la médecine, une ingénierie du tri ; au thérapeutique, un récit de responsabilisation individuelle. Ce que l’on nous propose n’est pas moins de soin – c’est un monde sans soin, ou du moins réservé à celles et ceux qui peuvent en justifier la rentabilité sociale ou biologique.
C’est là que la convergence devient troublante. Car ce paradigme du non-soin, loin d’être réservé au trumpisme ou à la droite libertarienne, trouve des échos dans certains pans de la gauche et de l’écologie politique. Il repose sur une série de structures partagées, bien que parfois contradictoires :
– Une « biopolitique négative » – selon la définition de Benjamin Bratton : refus d’intervenir collectivement sur les milieux de vie, rejet de toute régulation sanitaire ou environnementale sous prétexte de défendre des libertés individuelles. Cette posture a entravé la mise en place d’infrastructures collectives de soin pendant la pandémie, elle concerne également les politiques écologiques.
– Une responsabilisation individualisée – où l’autonomie devient injonction à l’autosurveillance : bien se nourrir, bien s’exposer, bien gérer son stress (ou son empreinte environnementale). Mais sans jamais reconstruire les conditions collectives du soin ni reconnaître l’inégale capacité des individus à le faire.
– Une quête de purification par la nature (et l’effort) – à travers le sport, les régimes, les huiles essentielles, l’exposition aux microbes, etc. Cette quête valorise un corps en harmonie avec un « milieu naturel » et disqualifie les infrastructures médicales jugées artificielles ou toxiques. Le soin est alors redéfini comme retour méritoire à l’origine ou à l’équilibre, en lieu et place d’un accompagnement institutionnalisé.
– Une foi partagée dans l’auto-optimisation – qu’elle passe par les algorithmes, le quantifying-self ou les routines « naturelles », elle légitime un tri silencieux entre les corps adaptables (et disposés à s’adapter) et les autres. La surveillance remplace l’attention, la donnée remplace la relation, le test remplace le soin.
Ainsi, sous couvert de libération individuelle ou de vision plus systémique, se met en place une architecture du tri : une santé sans soin, une médecine sans clinique – une écologie sans solidarité.
Contrairement à une vision simpliste qui opposerait un État providentiel déclinant à un secteur privé envahissant, le retrait du soin s’opère aujourd’hui par une transformation active de l’action publique. L’État ne disparaît pas : il prescrit, organise, finance, externalise. Il se fait plateforme, courtier de services, émetteur d’appels à projets. En matière de santé, cela signifie le financement de dispositifs de prévention algorithmique, l’encouragement de solutions « innovantes » portées par des start-ups, ou encore le remboursement indirect de produits encore non éprouvés. Ce nouveau régime n’est pas une absence de soin, c’est une délégation programmée du soin à des acteurs dont l’objectif premier n’est pas le soin mais la rentabilité. L’État ne s’efface pas en totalité : il administre la privatisation du soin.
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Connu / https://bsky.app/profile/michel-lussault.bsky.social/post/3lrdvcjffzs2u
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Michel Lussault @michel-lussault.bsky.social · 1 mois
Il y a tous les jours des articles stimulants sur @aoc-media.bsky.social , toutefois je recommande particulièrement ce texte d'Alexandre Monnin, qui fait beaucoup réfléchir et propose une critique salutaire du concept de One Health et de la crise du soin médical.
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Internet dans les années 1990, puis les réseaux sociaux dans les années 2000, ont fait miroité la promesse d'un rapport renouvelé au débat public et à la liberté d'expression. Qu'en est-il aujourd'hui ? À l'heure où certains alertent sur les dangers de la désinformation en ligne et en appellent à une meilleure modération tandis que d'autres dénoncent les modérations excessives et sont prêts à acheter des réseaux sociaux comme Twitter au nom de la "liberté d'expression", l'heure est venue de se poser la question de l'impact des réseaux sociaux sur les individus et la société.
Les réseaux sociaux sont-ils compatibles avec la démocratie et si oui à quelles conditions ? Dans le sillage de "Toxic Data - Comment les réseaux manipulent nos opinions" (Chavalarias D. 2023 Ed. Champs), cette conférence interrogera à partir d'exemples concrets l'impact des réseaux sociaux, de leurs effets sur nos vies jusqu'à leurs impacts géopolitiques, avec en toile de fond l'arrivée d'une nouvelle catégorie d'acteurs : les intelligences artificielles.
David Chavalarias
est Directeur de Recherche CNRS au CAMS (EHESS) et Directeur de l’Institut des Systèmes complexes de Paris Île-de-France. Normalien, docteur de l’École Polytechnique en Sciences Cognitives, ses recherches portent sur la compréhension de nos comportements collectifs et des dynamiques d’opinion à partir de la modélisation et de l’analyse de données du Web. Concepteur de plusieurs macroscopes, outils numériques qui sont au social ce que le microsope est au vivant, il les a mobilisés dans son dernier ouvrage "Toxic Data - comment les réseaux manipulent nos opinions" (Flammarion 2022) pour enquêter sur l’impact des médias numériques sur nos démocraties.
Connu / https://wiki.april.org/w/Faut-il_changer_d'%C3%A8re_num%C3%A9rique_pour_pr%C3%A9server_la_d%C3%A9mocratie
Tr.: ... "Non respect du droit français sur l'apologie de contenus Nazis" ... risque systémique ... comment réguler ces plateformes ?
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L’ère du confusionnisme
... citation de Hannah Arendt qui disait : « Le sujet idéal du régime totalitaire n’est pas le nazi ou le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre le fait et la fiction et la distinction entre le vrai et le faux n’existent plus. » C’est ce qui s’est passé aux États-Unis. La plupart des électeurs de Trump étaient convaincus que les élections de 2020 étaient truquées et que c’était Trump qui avait remporté et pas Biden.
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Le temps de la subversion
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L’Europe en ligne de mire
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le Kremlin a une agence qui s’appelle IRA [Internet Research Agency , Institut de Recherche Internet, qui emploie des centaines de personnes depuis au moins 2013 pour intervenir sur différents terrains numériques pour faire de la désinformation et faire avancer son agenda.
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Un climato-dénialisme opportuniste
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MAGA ... ULTRA-MAGA
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Comment gagner une élection
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Désinformation du Kremlin – France 2024 Complicité d’ingérence aux Européennes et législatives en 2024
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Biais algorithmiques
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La nouvelle donne des Big Tech
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il y a incompatibilité entre le modèle économique des plateformes des GAFAM et les démocraties
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Quelques pistes de solution
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Quels réseaux sociaux pour la démocratie ?
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Il est important de comprendre, d’arriver à faire comprendre aux citoyens que leur choix d’infrastructure numérique d’aujourd’hui détermine les régimes politiques de demain, qu’il faut choisir des plateformes en fonction des principes qu’elles se donnent, notamment choisir des protocoles et pas des plateformes fermées.
En termes de protocole ouvert, les plateformes basées sur des protocoles ouverts par rapport à X, la seule alternative pour l’instant c’est le fédiverse/Mastodon et un peu Bluesky, mais Bluesky n’est pas vraiment décentralisé à l’heure actuelle.
Quels réseaux sociaux comme conventions sociales
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La face cachée de la désinformation
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puisque en fait X n’est pas modéré, il y a par exemple des contenus nazis qui devraient être modérés en Europe et qui ne le sont pas
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Campagne de dénigrement contre l’équipe d’OpenPortability
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Ndlr :
- est-ce le même constat sur Facebook ? Approfondir ACT
- valoriser ACT
Politique
Marion Maréchal sera jugée pour diffamation contre une école musulmane - Publié le 30/06/25 à 16:11 / La Provence avec AFP
PHOTO AFP / Thomas SAMSON
L'eurodéputée accuse l'association d'être affiliée à la confrérie islamiste des Frères musulmans et ces derniers d'avoir "le même objectif qu'Al Quaida et Daesh", selon un document judiciaire consulté par l'AFP.
L'eurodéputée Marion Maréchal, ex-Reconquête !, sera jugée le 2 septembre pour diffamation à l'encontre de l'association Valeurs et réussite, qui pilote une école musulmane hors contrat à Valence, a-t-on appris ce lundi 30 juin de source proche du dossier.
Elle devra répondre devant le tribunal de Valence de propos prononcés en 2023 sur les réseaux sociaux (TikTok et Instagram).
À lire aussi : Municipales 2026 à Aix : à l'extrême droite, le combat pour la tête de liste a commencé entre Geiger et Verny
Elle y accuse l'association d'être affiliée à la confrérie islamiste des Frères musulmans et ces derniers d'avoir "le même objectif qu'Al Quaida et Daesh", selon un document judiciaire consulté par l'AFP.
Le mouvement des Frères musulmans n'est pas interdit en France
Valeurs et réussite, qui a déposé plainte début 2024, gère une école accueillant une quarantaine d'élèves.
À lire aussi : La députée RN Caroline Parmentier, épinglée pour des propos racistes et pétainistes, rendait aussi hommage à un nazi
En 2022, elle a souhaité acquérir un terrain de la commune mis en vente, mais le magazine satirique Charlie Hebdo a publié un article faisant le lien entre l'association et les Frères musulmans.
Cet article a suscité la polémique et mené, selon l'association, à l'annulation de la vente du terrain, pourtant votée par la ville, après une intervention de la préfecture.
Valeurs et Réussite a alors poursuivi Charlie Hebdo, qui a été relaxé en appel. La justice a estimé que "l'imputation de proximité entre l'école et les Frères musulmans (...) relève du libre débat d'idées" et d'un "jugement de valeur infiniment subjectif". Elle a aussi rappelé que le mouvement des Frères musulmans n'est pas interdit en France.
Entretien — Europe
« Une écologie populaire, décoloniale, féministe… peut renverser la table » - 27 juin 2025 à 09h38
Mis à jour le 27 juin 2025 à 14h53 / Par Alexandre-Reza Kokabi
Durée de lecture : 11 minutes
Europe Écologies populaires Féminisme
Difficile d’être une eurodéputée féministe et antiraciste dans un Parlement européen qui se droitise inexorablement. Depuis un an, Mélissa Camara y défend sans relâche une écologie ancrée dans les luttes.
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Qu’est-ce qui vous donne, en ce moment, de l’espoir ?
Ma fille, d’abord. Louison. Elle a 3 ans. Je veux qu’elle grandisse dans une société où sa famille est protégée, avec ses deux mamans. Je veux qu’elle soit libre, sur une planète encore vivable.
Et puis, il y a les gens. Les visages, les résistances, les solidarités. À Istanbul, un militant LGBT m’a dit : « La résistance, c’est une forme de thérapie. » Et c’est vrai. Même dans la nuit la plus noire, il y a toujours des petites lumières qui brillent. Ce sont elles qui me font tenir.
Notes
[1] En droit européen, un rapporteur fictif (ou « shadow rapporteur » en anglais) est un député européen qui, pour un groupe politique autre que celui du rapporteur principal, suit de près les travaux sur un rapport en commission parlementaire, et participe aux négociations en vue de parvenir à un compromis.
[2] On parle désormais de collèges en REP (réseau d’éducation prioritaire).
par Eric Jozsef, correspondant à Rome
publié le 29 mars 2024 à 6h33
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Ndlr : ce pb ne date donc pas de juin 2025 :-(
Politique
« Tiers-lieux enracinés » : le nouveau visage de l’extrême droite à la campagne - 23 juin 2025 à 14h36 / Par Victoire Radenne
Durée de lecture : 8 minutes
Politique
Réinvestir les campagnes pour y créer des communautés « catholiques et enracinées » : tel est l’objectif du programme Communitas Christiana, qui, derrière un discours et une esthétique ruraliste, diffuse un idéal séparatiste.
... reprise du Billy Bar, au centre-ville de Sées (Orne) ... transformer l’historique troquet en un « tiers-lieu convivial et multifonctionnel », entre « le café de sortie de messe et l’espace coworking », présente Victor Aubert ... ne souhaite pas seulement revitaliser le centre-ville de cette commune normande de 4 000 habitants : il est le fondateur d’Academia Christiana, une organisation identitaire et catholique traditionaliste, qui prône violence physique et recours aux armes.
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Investir des lieux de convivialité en imitant certains codes de la gauche militante afin de reconstituer un entre-soi idéologique dans les campagnes françaises : ainsi pourrait se résumer le mantra de Communitas Christiana, un programme lancé par l’Association culturelle d’éducation intégrale, également dirigée par Victor Aubert, qui vise à « recréer des communautés locales catholiques et enracinées face à l’isolement croissant des individus et au déclin anthropologique ».
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fidèle « à la reconnaissance de la royauté sociale du Christ ». Et sa porosité avec les partis d’extrême droite n’est plus à prouver.
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en appelant la jeunesse à « bâtir des communautés enracinées, catholiques et tournées vers le bien commun » ? Leur notion d’enracinement peut se résumer aux cinq piliers de l’éducation intégrale, détaillés dans leur charte : le savoir-faire manuel (organisation de chantiers, artisanat, travail de la terre), le sport et l’hygiène de vie, la formation intellectuelle (histoire, littérature), la solidarité et la vie spirituelle (prières, foi, pèlerinages).
Une vision étroitement liée à celle du milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin, créateur du Fonds du bien commun et des Nuits du bien commun, qui prône également le concept d’éducation intégrale au sein de ses futurs internats en Sologne.
Des militants d’origine citadine
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top 5 des petites villes idéales où s’implanter. Parmi les critères qu’ils chérissent : la présence d’une messe traditionaliste, de préférence effectuée en latin, une école catholique hors contrat à moins de 15 kilomètres et un accès ferroviaire à une grande ville. Des territoires censés séduire « une jeunesse en quête de sens », aspirant à ralentir et embrasser « une vie plus simple », reprenant des éléments de langage peu habituels à l’extrême droite.
Lire aussi : « La gauche a laissé l’extrême droite récupérer le besoin d’enracinement »
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Si les trois premières communautés se trouvent à Paris (Le Cercle parisien), Lyon (La Communauté lyonnaise) et Toulouse (Communitat Occitana) — démontrant l’origine majoritairement citadine des militants — une dizaine de nouvelles « communautés enracinées » sont apparues récemment, à l’instar d’Auvernha Christiana, aux alentours de Clermont-Ferrand, Liga Carcinola à Brive-la-Gaillarde, le Cœur yonnais en Vendée, ou encore Des Tours et des lys, en Touraine. Cette dernière suscite l’inquiétude des élus et syndicats locaux.
« Leurs intimidations ont commencé avec la pression contre la tenue d’événements avec des drag queens et l’hébergement des mineurs isolés. Mais au-delà de ces obsessions, ils fabriquent un discours sur les campagnes abandonnées et sur la prétendue polarité entre la campagne et la ville pour séduire les jeunes ruraux et organiser leur projet politique », assure Astrid Gonzalez, secrétaire fédérale du Mouvement jeunes communistes d’Indre-et-Loire.
Lire aussi : Comment les militants écolos veulent combattre l’extrême droite
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« Vitrine acceptable »
Leur ancrage local passe également par l’organisation d’évènements culturels comme le Printemps de l’Ouest, à Châteaubriant (Loire-Atlantique), qui promet loisirs extérieurs, petite restauration, danses traditionnelles et jeux bretons.
« Dans la région, ils se fabriquent une vitrine acceptable, par le biais de maraudes — officieusement réservées aux SDF blancs — des raids printaniers — randonnées qui font penser aux jeunesses hitlériennes — ou des sessions de ramassage de déchets », développe Charles Fournier, député écologiste de la circonscription, qui a également réclamé l’ouverture d’une enquête à la préfecture.
Une story publiée le 23 mai sur le compte Instagram du mouvement Des Tours et des lys trahit ses obsessions avant tout sécuritaires et identitaires
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Entrisme dans le tissu local
La rhétorique d’une modernité qui vacille, quand la ruralité reste debout, se rapproche, selon Pierre Cornu, historien de la ruralité, « de l’idéologie pétainiste ». « L’un des slogans du maréchal Pétain était “La terre, elle, ne ment pas”. Il a ancré le thème du terroir, des racines, dans une pensée conservatrice et réactionnaire, aujourd’hui récupérée par la nébuleuse zemmouriste ».
Pour Antoine Dubiau, doctorant en géographie et auteur de l’ouvrage Écofascismes (éd. Grevis, 2023), ce rejet de la ville, qui serait le lieu de la décadence, est une rhétorique habituelle de l’extrême droite, qu’elle soit écologiste ou non : « Entre les lignes, l’idée est de reconstituer une base arrière préservée du métissage racial et culturel. Les Braves [mouvement d’extrême droite nataliste] défendaient déjà l’idée de créer des communautés racialement homogènes pour que la race blanche se perpétue. »
Lire aussi : « Quel mal avons-nous fait ? » : des tiers-lieux bretons agressés par l’extrême droite
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Depuis 2013, Academia Christiana organise des universités d’été, de la Loire à la Provence, pour « restaurer la civilisation ». L’Institut Iliade, groupe de réflexion d’extrême droite, organise chaque année des formations pour les jeunes dans lesquelles est abordée l’écologie, « incontestablement l’un des grands enjeux de notre siècle ».
Quant aux royalistes de l’Action française, ils ébauchent dans un ouvrage les contours d’une « écologie intégrale » qui serait fondée autour du triptyque enracinement, terroirs et décroissance, quand d’autres militants appellent à la création de « zones identitaires à défendre ».
Une énième preuve, selon Antoine Dubiau, « que l’extrême droite, ce n’est pas juste des crânes rasés qui veulent se battre dans la rue, mais des franges intellectuelles qui investissent le champ de l’écologie, des territoires et de l’enracinement pour justifier une hiérarchie raciale ».
Après cet article
Enquête — Culture
Enquête sur l’écofascisme : comment l’extrême droite veut récupérer l’écologie
Extrême droite Vidéo
/ Samia Dechir et Laura Wojcik le 18 juin 2025 à 12h05
Interrogés sur les propos racistes, homophobes, antisémites et anti-avortement de la députée du Rassemblement national, ses collègues du Palais-Bourbon se sont montrés gênés. La plupart ont évité nos questions, d’autres ont préféré en rire. Marine Le Pen et Jordan Bardella n’ont pas encore réagi.
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au lendemain de nos révélations sur les propos haineux tenus par la députée du Rassemblement national (RN) Caroline Parmentier pendant trente ans dans les colonnes du journal nationaliste Présent, Michaël Taverne, lui aussi député du parti d’extrême droite, s’étonne, visiblement peu au fait des archives exhumées par Mediapart. Puis il minimise : « Je crois que Caroline a quitté ce journal et changé sa ligne. »
Caroline Parmentier, élue depuis 2022 dans le Pas-de-Calais, a été recrutée pour façonner la stratégie de dédiabolisation du parti d’extrême droite. Une mission qu’elle occupe depuis sa retraite journalistique il y a sept ans. Son ancienne carrière est pourtant constellée d’articles racistes, homophobes, anti-IVG et antisémites signés jusqu’en 2018, évoquant un « lobby juif », rendant les homosexuels responsables du sida ou évoquant la « grosse » Simone Veil, « celle de la loi qui porte son nom et qui génocide 220 000 petits innocents par an ».
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Nos articles en lien avec cette émission
Racisme, antisémitisme et homophobie : les écrits de la députée censée dédiaboliser le RN
16 juin 2025 -> https://www.mediapart.fr/journal/politique/160625/racisme-antisemitisme-et-homophobie-les-ecrits-de-la-deputee-censee-dediaboliser-le-rn
Affaire Parmentier : la haine de la députée amie de Marine Le Pen s’étalait aussi sur Facebook - 18 juin 2025 -> https://www.mediapart.fr/journal/politique/180625/affaire-parmentier-la-haine-de-la-deputee-amie-de-marine-le-pen-s-etalait-aussi-sur-facebook
Seine-Saint-Denis
Un directeur d’école affiche le nom de huit professeurs absents pour l’Aïd, tollé général à La Courneuve
« Une publication non réglementaire et inacceptable » pour le rectorat, qui rappelle que ces absences pour les fêtes religieuses sont « de droit ». Les syndicats sont vent debout et dénoncent « une mise en danger » de leurs collègues.
Par Théo Uhart (avec A.A.)
Le 17 juin 2025 à 19h16, modifié le 18 juin 2025 à 06h47
La Courneuve (Seine-Saint-Denis), le 17 juin 2025. La publication du directeur a été retirée de la devanture de l'école « à la seconde où l'institution en a eu connaissance », explique le rectorat. LP/T.U.
« Je ne comprends pas ce type de pratiques, c’est une non-maîtrise complète des cadres juridiques. » Onze jours après les faits, Marie-Hélène Plard, cosecrétaire départementale du Snuipp-FSU ne décolère pas. Tout comme les autres syndicats du premier degré de Seine-Saint-Denis qui ont signé ce mardi un communiqué pour dénoncer une « mise en danger » de leurs collègues.
Le 5 juin, la veille de la fête de l’Aïd, le directeur de l’école élémentaire Angela-Davis, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), a apposé sur la devanture de son établissement une affiche manuscrite listant, avec leur nom, les huit enseignants absents le lendemain. Problème : il a indiqué que ces absences étaient liées à un motif religieux.
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Connu / https://bsky.app/profile/vilainsyndicaliste.bsky.social/post/3lrupuc3dpk23
"
Vilain Syndicaliste @vilainsyndicaliste.bsky.social · 1j
Un directeur d'école a affiché devant son établissement la liste des professeurs musulmans qui seraient absents car ils feraient l'Aïd.
Faire des listes, on en est là.
"
Ndlr : lié à l'extrême droite ou non ? Au climat fascisant ? Uniquement racisme, islamophobie ? ACT
Économie et social, Instit, Paix et justice
© Hélène Boissel-Arrieta / Greenpeace
À l’heure où l’extrême droite progresse dans de nombreux pays et où les effets du dérèglement climatique s’aggravent, une alliance dangereuse entre milliardaires, industries polluantes et ultra-conservateurs s’attaque violemment à nos droits, à nos libertés fondamentales et à notre environnement. Derrière ces affinités nuisibles se cache l’ombre du « carbofascisme ». Se saisir de ce terme, c’est prendre la mesure d’un danger bien réel pour nos démocraties comme pour la planète : celui d’un pouvoir autoritaire au service du profit et d’une idéologie réactionnaire.
1- Le carbofascisme, qu’est-ce que c’est ?
2- D’où vient le terme « carbofascisme » ?
3- Carbofascisme ou écofascisme : quelle est la différence ?
4- Dans quels pays le carbofascisme est-il une réalité aujourd’hui ?
5- Le carbofascisme existe-t-il en France ?
6- Quel est le lien entre les ultra-conservateurs, les grands pollueurs et le climat ?
7- Comment éviter que la crise climatique serve de prétexte à l’extrême droite ?
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Connu / TG le 19/06/25 à 9:19
Les énergies dites renouvelables, dont le solaire et l'éolien, régulièrement ciblées par l'extrême droite sur son coût supposé. ©AFP - Bernard JAUBERT / ONLY FRANCE
"300 milliards d’euros !" : les mauvais comptes de l’extrême droite pour discréditer les énergies renouvelables
Publié le mercredi 4 juin 2025 / La terre au carré
Dans les dix dernières minutes de l'émission, Anne-Claire Poirier de Vert le média parle du coût des énergies renouvelables qui serait ruineux selon certains, ainsi que vos messages laissés sur le répondeur de l'émission.
Je ne sais pas si vous êtes au courant mais la France n’a plus trop de sous en ce moment !
Il paraîtrait qu’on a vécu au dessus de nos moyens trop longtemps et maintenant il faut trouver 40 milliards d’euros à économiser d’ici l’année prochaine !
Si je vous en (re)parle, c’est parce ça fait plusieurs semaines que des élus à droite et surtout à l’extrême droite affirment avoir trouvé LA source de dépense inutile et coûteuse dont on devrait se passer dès maintenant.
Cette source, ce sont les énergies renouvelables avec un chiffre choc à la clé : 300 milliards d’euros !
En gros leur message est le suivant : si on continue comme ça, on va ruiner la France en subventions aux éoliennes et au solaire.
Inversement, si on arrête maintenant, on récupère 300 milliards !
Et c’est vrai ça ?
Ben non hein… c’est pas la peine de faire durer le suspense plus longtemps : ce chiffre, il évidemment complètement faux…
Ou plutôt, il est inspiré de chiffres bien officiels, mais qui ont été volontairement mal interprétés. C’est le principe d’une fake news en fait.
Alors, qu’est ce qui va pas dans ces 300 milliards ?
Ben déjà c’est pas 300 milliards par an, comme le laissent entendre certains. C’est même pas non plus 300 milliards sur une période donnée. En fait c’est un amalgame entre 200 milliards d’euros d’ici à 2040 d’un côté et 100 milliards d’ici à 2060 de l’autre.
Je m’explique :
Les 200 milliards à 2040, c’est de l’argent que les gestionnaires de réseaux ont prévu d’investir dans leurs lignes électriques. Alors bien-sûr il y en aura un peu pour raccorder les fermes solaires et éoliennes mais 80 % de cette somme c’est tout simplement l’entretien, le renouvellement des lignes électriques qui vieillissent, c’est aussi le raccordement des nouveaux consommateurs, bref, c’est des dépenses qui doivent avoir lieu, énergies renouvelables ou pas.
Ensuite, il reste les 100 milliards d’euros à 2060 et ça c’est le coût maximum que pourrait coûter les subventions aux énergies renouvelables. Donc ça c’est effectivement un scénario qui existe mais il y aussi un autre scénario, tout aussi officiel, qui dit que les énergies renouvelables pourraient aussi rapporter de l’argent au cours de cette même période.
Comment est-ce possible ?
Et bien en fait, l’explication réside dans la façon dont on subventionne les énergies renouvelables en France.
En fait, l’État garantit aux producteurs un certain prix de vente de leur énergie et si les coûts de l’électricité sont plus bas sur les marchés, il leur paie la différence. Mais s’ils sont plus haut alors ce sont les producteurs qui reversent leurs recettes à l’État.
Ça s’est déjà produit par le passé et vu le contexte c’est pas du tout impossible que ça se reproduise à l’avenir.
La conclusion c’est que non seulement les énergies renouvelables ne vont pas coûter 300 milliards d’euros mais en plus elles pourraient nous rapporter de l’argent ?
Et oui, et la dernière chose qu’oublie de dire l’extrême droite c’est que ces énergies renouvelables, elle remplacent les énergies fossiles qui, elles, coûtent vraiment très très cher.
Ça coûte cher d’un point de vue climatique bien-sûr mais aussi financier. L’année dernière ça a coûté 64 milliards d’euros d’importer du gaz et du pétrole de pays pas toujours amis, si vous voyez ce que je veux dire.
Du coup la vraie conclusion, c’est que si on veut s’épargner un désastre climatique et financier, c’est certainement pas sur l’extrême droite qu’il faut compter !
Magazines d'actualité
1 h 20 min
Français
Disponible jusqu'au 24/06/2025
Gaza : deux regards sur une tragédie avec :
- Sepideh FARSI, Réalisatrice, scénariste. Réalisatrice du film « Put your soul on your hand and walk » présenté à L'Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID)
- Dominique MOÏSI Membre fondateur de l’IFRI, politologue. Auteur de « Le Triomphe des émotions », Robert Laffont
État de droit : l’avocat lanceur d’alerte avec :
- Patrice SPINOSI Avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation, Auteur de « Menace sur l’état de droit , comment préserver nos démocraties », Allary éditions
Stérin : le milliardaire qui veut changer la france avec
- Cole STANGLER Journaliste, Auteur de « Le miroir Américain », Les Arènes
- Camille VIGOGNE Grand reporter Le Nouvel Observateur, Autrice de « Les rapaces - Enquête sur la "Mafia Varoise" de Marine Le Pen » aux éditions Les Arènes (02.11.23), prix du Livre du Journalisme 2024
FRÈRES MUSULMANS / LE RAPPORT QUI FAIT DÉBAT avec
- Hugo MICHERON, Chercheur à Sciences Po, spécialiste du Moyen-Orient et de l’islamisme, Auteur de « La colère et l’oubli » , Gallimard - Prix Femina essai 2023 + prix du livre géopolitique.
Présenté par :
Emilie Tran Nguyen
Maison de production :
Together Media / France Télévisions
Tr.: ...
217 journalistes tués à Gaza ... en tant qu'iranienne ... il faut sauver les civils ... ARRÊTER D'ENVOYER DES ARMES ... le droit n'est pas la tyrannie de la majorité ... Stérin, un de ses modèles Élon Musk ... en 2012, il quitte la France pour échapper à l'impôt ... vision libertarienne ... catholique, croyant, vision identitaire ... ambition messianique ... aligné sur l'extrême droite contre les migrants ... labo politique Péricles (Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes) ... contrôle des médias, des sondages ... alliance des droites extrêmes ... aider à prendre l'Élysée ... vision libertaire de la société ... le rend différent de Vincent Bolloré ... ya une internationale des populistes ex Victor Orban, mécanismes, feuille de route ... il a fait forture grâce à la France mais ne paye pas d'impôts ... ne pas se rendre à la commission d'enquête parlementaire est une infraction ... on installe des vérités qui n'en sont pas ... le prendre au sérieux ... François Durvye, homme important
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Rapport Frères musulmans de 73 pages ... Hugo Micheron, consulta sur ce rapport, n'y a pas participé ... mais travaille sur ce sujet, sur le djihadisme .... ya l'islam 2ème religion, ya des groupes politiques, monde du militantisme islamique ... positionnés de l'extrême gauche à l'extrême droite ... dire ce que l'état en fait ... ex GB 125 entretiens, rapport consistant ... un noyau restreint de 400/1000 personnes lien Égypte, discipline ... 7,5 millions de fidèles ... partir du local ... polémique lycée, voile ... entrisme, pas terrorisme ... cibler les valeurs fondamentales ... mouvance bien documentée ... des machines de prédication, passé en ligne ... logique algorithmique, plutôt salafiste ... mieux le quantifier ... équilibre démocratique, les contre-pouvoirs ont sauté ... construire des contre-algorithmes ... il faut un état de droit sur les réseaux sociaux ...
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Influence
Les écrits d'Ayn Rand continuent d'être largement vendus et lus, à travers le monde, avec plus de 25 millions d'ouvrages vendus en 2007, et près de 800 000 de plus chaque année selon le Ayn Rand Institute[123], y compris dans le milieu scolaire[124]. Selon une étude conduite par la Bibliothèque du Congrès américain et par Book of the Month Club (« le club du livre du mois ») dans les années 1990, La Grève (Atlas Shrugged) est le livre le plus influent après la Bible aux États-Unis[11].
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Connue / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?gf5hSg
Ndlr : ce roman a contribué à faire émerger le courant d'extrême droite Trump aux USA.
Amériques - Entretien
Ayn Rand (1905-1982) est considérée comme la théoricienne d'un capitalisme individualiste, prônant les valeurs de la raison, du mérite mais aussi de l'égoïsme rationnel. Travis Kalanick, cofondateur d'Uber, l’a mentionnée quand il a critiqué, comme elle, les réglementations protectionnistes qui bloquent la concurrence. Steve Jobs (Apple) en était un fervent admirateur, tout comme Jack Dorsey, cofondateur de Twitter, Peter Thiel (Paypal) et Jimmy Wales (Wikipédia). Pour quelles raisons ? RFI s'est entretenu avec Alain Laurent, spécialiste d’Ayn Rand.
Modifié le : 04/10/2024 - 15:27 / Par Thomas Bourdeau - 5 min
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Est-ce que c'est une libertarienne ou est-ce qu'elle a été récupérée ?
Au fond, Ayn Rand ne voulait pas entrer dans tout ce jeu-là. Elle haïssait les libéraux - vous voyez déjà le risque de malentendu -, et deuxièmement, elle refusait d'être qualifiée de « libertarienne » parce que, dès son époque, les libertariens sont surtout ceux qu'on appelle aux États-Unis des anarcho-capitalistes, et Ayn Rand avait horreur des anarchistes.
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Ayn Rand est au contraire partisan d'un État minimal fort, d'un gouvernement qui s'occupe de la défense, de la justice, etc. Ce qui fait horreur aux anarchistes. Donc il y a un conflit de ce point de vue-là.
À lire aussi
De la Silicon Valley à la présidence argentine, que veulent vraiment les libertariens ?
Comment expliquez-vous son manque, enfin son absence totale de popularité en France, autant d'une manière littéraire qu'intellectuelle ?
Il y a eu un refus de prendre Ayn Rand en considération à cause sans doute de l'imprégnation pro-étatiste qui est dominante en France. Donc quelqu'un qui rejette l'État ne peut être que mauvais. Puis il y a aussi, évidemment, le fait qu'elle soit présentée - alors, elle y a mis du sien pour qu'on pense ça d'elle - comme la sainte patronne du capitalisme le plus radical que l'on puisse imaginer. Elle souhaite une séparation totale, je la cite, « entre l'État et l'économie ».
À lire aussi
Jean-Pierre Dupuy: «Le libertarisme repose sur une notion de liberté qui n'est pas celle de la sociale-démocratie»
Alain Laurent est l'auteur de : Ayn Rand ou la passion de l'égoïsme rationnel, édition Les Belles Lettres
Connue / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?gf5hSg
Ndlr : a contribué à faire émerger le courant d'extrême droite Trump aux USA.
La néoréaction, dite les Lumières obscures (en anglais, Dark Enlightenment), et abrégée NRx[1], est une école de pensée et un mouvement politique antidémocratique, antiégalitariste et antiprogressiste américain. La néoréaction rejette le progressisme et l'idée d'une histoire qui irait vers une plus grande liberté. Elle est ainsi en partie une réaction contre « la conception whig de l'histoire »[2]. Le mouvement est favorable à un retour aux valeurs traditionnelles et à des formes de gouvernement plus anciennes, comme la monarchie ou d'autres formes de pouvoir fort et centralisé[3],[4], couplé avec un libéralisme économique de droite ou à d'autres formes de conservatisme fiscal[5].
Née avec le blog de Mencius Moldbug, la pensée NRx rejette la démocratie libérale et préconise un gouvernement monarchique afin de promouvoir une autre sorte de société « ouverte ». S’inspirant de l'école d'économie autrichienne, de la théorie « élitiste » et de la tradition réactionnaire, surtout de Thomas Carlyle, Moldbug soutient que l'Occident, notamment les États-Unis, est gouverné par des élites progressistes qui produisent une culture « universaliste » afin de renforcer leur pouvoir. Or, selon Moldbug, le régime universaliste-démocratique est inefficace, incapable de comprendre la réalité, et condamné à s’effondrer dans le chaos[6].
Selon accélérationniste britannique Nick Land proche de Mencius Moldbug la néoréaction se différencie de l'alt-right en cela que l'alt-right est populiste et anticapitaliste quand la philosophie néoréactionnaire est élitiste et prône un capitalisme débridé[3].
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Ndlr : courant d'extrême droite