Alors que la population vieillit et que les naissances sont en baisse, le think tank Terra Nova estime que la France ne pourra pas se passer des travailleurs immigrés pour maintenir son économie à flot. Une idée qui se heurte au durcissement prôné par le ministre de l'intérieur Bruno Retailleau.
Avec
- Sabrina Agresti-Roubache, femme politique, Ex-secrétaire d'État chargée de la Ville et de la Citoyenneté depuis juillet 2023
- Hakim El Karoui, essayiste et consultant, co-fondateur du "Club du XXIe siècle"
- Nicolas Pouvreau-Monti, co-fondateur et directeur de l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie
"L'immigration n'est pas une chance", répète à l'envi l'actuel locataire de la place Beauvau, Bruno Retailleau. Mais avec une population de plus en plus âgée et une courbe des naissances en baisse, la survie de l'économie française dépend-elle de la main-d'œuvre étrangère ? C'est ce qui ressort d'un rapport intitulé "Les travailleurs immigrés : avec ou sans eux ?" publié par le centre de réflexion Terra Nova, le 12 mai dernier. Selon le laboratoire d'idées, pour préserver son modèle social, la France devra accueillir entre 250 000 et 310 000 travailleurs étrangers par an à l'horizon 2040-2050.
L'immigration de travail, un impensé ?
Aujourd'hui, les immigrés occupent majoritairement des postes que les employeurs peinent à pourvoir. Ces derniers représentent 39 % des employés de maison, 28 % des agents de sécurité et 22 % des cuisiniers. De l'autre côté des Alpes, même la première ministre d'extrême droite Giorgia Meloni, a ouvert les portes à 500 000 travailleurs étrangers supplémentaires pour répondre aux pénuries de main-d'œuvre. Pourtant, du côté de la droite française, rares sont les voix qui plaident en faveur de
Faut-il accueillir davantage de travailleurs immigrés ?
La France peut-elle vraiment se passer de main-d'œuvre étrangère ?
Hakim El-Kahoui est directeur du cabinet de conseil Volentia, chercheur associé au think-tank progressiste Terra Nova, qui est proche du Parti Socialiste. Il explique que les partis politiques sont très mal à l'aise avec la question de l'immigration, notamment depuis que la question est devenus l'apanage du Front National, petit à petit plus personne n'en a parlé. "Au début, la gauche disait que c'était formidable l'immigration, c'était l'ouverture, etc. Et puis, quand il y a un certain nombre de problèmes qui sont apparus et quand le Front National s'en est emparé, en fait, tout le monde s'est tu." Il est l'auteur pour Terra Nova d'une note qui dit qu'il faut 300.000 entrées d'immigrés en France la France veut pérenniser son modèle social, qu'il s'agisse de travailleurs ou de familles.
Il précise que ce travail n'est pas un encouragement à l'immigration plutôt une observation, il ne faut pas se méprendre, l'immigration va continuer. 300.000 entrées correspondent en réalité à environs à 150.000 travailleurs. "C'est très bien si on peut en parler, c'est encore mieux si on peut effectivement regarder l'ensemble du spectre, les problèmes, c'est très important de parler des problèmes, mais aussi les solutions, et puis ce que doivent faire les immigrés, mais aussi ce que doit faire la communauté nationale, notamment la politique d'intégration qui est très très faible."
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Nicolas Pouvreau-Monti est co-fondateur et directeur de l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie, qui est financé, entre autres, par le milliardaire et mécène Pierre-Edouard Sterrin, très conservateur. Il écrivait dans une tribune dans Le Figaro que l'immigration coûterait 3,4% du PIB à la France. Il y a pour lui deux lectures : tout d'abord la question reste en effet politiquement très marquée mais il remarque que les partis du centre et de la droite s'emparent de plus en plus de la question, avec des points de vue restrictionnistes notamment. Des partis de gauche en Europe s'emparent aussi de cette question. "Et dans le contexte français, il faut dire qu'il y a un décalage assez sidérant entre, d'une part, le caractère effectivement très marqué, très clivant, de la question dans le débat public, dans le débat politique, dans le commentaire médiatique, d'une part, et d'autre part, les aspirations globalement consensuelles de l'opinion telle que mesurée par les enquêtes qui ont lieu à peu près maintenant tous les mois sur le sujet."
Sabrina Agristi-Roubache était en charge de l'accueil des réfugiés au sein du gouvernement précédent François Bayrou, elle déplore qu'on oublie un élément dans le débat : que pensent les immigrés eux-mêmes de l'immigration et de la politique de l'immigration ? Elle se rappelle avoir pris une volée de critique lorsqu'elle avait soulevé cette question. "Je m'étais faite évidemment massacrer, mais je pense qu'il y a un sujet de perception face à la réalité." Elle poursuit sur le fait qu'un travailleur immigré peut désormais lui-m^me déposer son dossier de régularisation, sans attendre la démarche de son employeur. "Tout ça, ce sont des avancées. Mais on a oublié de parler d'une chose, l'apprentissage du français ? Et c'est quoi être français ? Comment on devient citoyen ? Comment on en fait des citoyens à part entière ?"
Le chercheur de la fondation Terra Nova explique qu'il y a un fantasme derrière l'immigration, celui qui dit "ils ont quelque chose qu'on n'a pas", idée qui a pris toute la place du débat sur l'AME. L'idée est de soigner les gens avant que les cas deviennent graves, pour des raisons de santé publique, hors le débat s'est déporté sur le coût de la prise en charge, et sur ce qui y était autorisé. Il réaffirme que l'immigration ne coûte pas du tout 100 milliards à l'État, "ça, c'est complètement faux".
Fantasmes et chiffres autour de l'immigration, ses apports et ses coûts, écoutez la suite de ce Débat de midi
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Avec l’une des grandes questions de cette rentrée, qui se pose à l’ensemble de la classe politique : comment reconquérir les classes populaires ? Question encore plus urgente au moment où un grand nombre de Français témoignent d’un quotidien de plus en plus difficile… On en débat avec nos invités autour de l’insoumis François Ruffin, qui en a fait sa priorité, au risque de bousculer sa famille politique… On en débat avec :
- François Ruffin Député LFI-NUPES de la Somme
- Lucile Schmid Co-fondatrice et vice-présidente du think tank "La Fabrique écologique" (ex.PS puis eelv)
- Nicolas Duvoux Sociologue, professeur de sociologie à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, chercheur au Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA-LabTop), auteur de "L'avenir confisqué" aux éditions PUF (30/08/2023)
- Kaoutar Harchi Sociologue, écrivaine
- Hakim El Karoui Essayiste, chroniqueur à L'Opinion, membre de l'institut montaigne
Présenté par : Karim Rissouli, Camille Diao
Chroniqueurs : Laure Adler, Arthur Chevallier
Maison de production : France Télévisions / Together Media
Tr.: ... j'ai un appui théorique avec cagé et piketti (reconquérir les classes populaires rurales) ... l'hétérogénéité est aussi d'origine ... l'ancrage territorial ne peut suffire, il faut prendre en compte la question migratoire ... ya un intérêt à regarder la diversité des groupes ... ya des pb transversales entre q popul et ruraux, idem le travail, créer un pont, un espace ... tout est social ... ruffin croit à la transversalité ... ça fabrique du commun ... concept de faire ensemble, affronter le défi climatique ... un atelier de réparation par canton ... répartition des richesses entre générations ... les retraités gagnent plus que les actifs ... 1,1 1,2 actifs, on est en compétition ... le niveau des pensions est trop élevé en fr ... il faut trouver l'argent ... les retraités votent pour E Macron ... c'est un conflit de répartition ... /écologie populaire comment on finance écologie et social ... ligne transversale ... nael tué à bout portant a jeté dans la rue des milliers de personnes ... la politique est plus que gagner les élections c'est q de vie et de mort ... la place de la police n'est pas sociétale mais primordiale, à réformer ... la place des contrôles d'identités ciblées au faciès ... ne pas parler des concepts mais du réel des gens, les factures d'électricité et on monte en généralité ... on a conquis l'hégémonie culturelle ...ya une q de choix politique parler de ce qui fait consensus ... difficile d'embarquer les jeunesses ... l'engagement est marginalisé ... on ne s'inscrit pas suffisamment dans une histoire ex Nael ... la parole vraie des gens est politique et casse les codes de la politique qui n'émeut plus ... l'autorité n'est plus légitime ... les individus veulent de l'impact immédiat ... il faut des fractures ... la violence des personnes trans nécessite une réponse politique ... ya des barrières de genre ... rendre un bonheur possible ... dire non à la volonté de puissance des individus ... comment on fait communauté ? réinscrire les identités dans l'histoire ... reconnaissance de droits ... la concurrence entre les droits ... tout est social et à l'intérieur, le genre, etc ... sentiment d'insécurité sociale ... exposé à des traitements défavorables ... produit de l'insécurité ... le rapport terra nova a laissé de côté les classes populaires des campagnes ... les métiers du soin à la campagne ... la fierté (réassurance symbolique) à rétablir ...poser la sécurité et la fierté ... ya pas de fatalité, l'histoire est ce que les hommes en font ... si le diagnostic est posé, affronter ...