Le Quotidien Shaarli
July 20, 2025

Laurent Mermet : dépasser l’alarmisme bloquant - 17 septembre 2022 - Catégories Non classé
Transcription et mise en forme du podcast publié par Adrastia, mais inaccessible sur leur site.
La vidéo est accessible àhttps://www.youtube.com/watch?v=xjZuPdstCiw
Résumé et contexte
Ce podcast constitue la quatrième intervention de Laurent Mermet dans la série des analyses sur le débat en cours autour du passage à l’action, pour monter en échelle et prendre en charge les problèmes globaux d’environnement.
Il fait notamment suite à une analyse de la démission de Nicolas Hulot (septembre 2018), un approfondissement de celle-ci (octobre 2018) et une réponse à Aurélien Barrau (https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?yj03rg), où il explique la notion éclairante, mais perturbante, de refoulement du distributif (16 min). Il a également fait une analyse critique du livre « Où atterrir » de Bruno Latour, débouchant sur une contre-proposition de cartographie politique.
Durant les quelques mois écoulés depuis, l’alarme émise dans des appels de scientifiques et people a été relayée par un mouvement de masse à la fois français et international pour amplifier ce message d’alarme. C’est à l’analyse critique de ce phénomène qu’est consacrée la présente intervention.
Laurent Mermet y montre qu’au-delà des bonnes intentions et du bon accueil qu’elle reçoit, la prolongation et l’amplification de masse du discours d’alerte posent de sérieux risques de dérives contre-productives pour la planète. Il analyse ensuite les flous, contradictions et incohérences qui sont à la base du discours d’alerte lorsqu’il devient une forme d’action prolongée et massifiée. Enfin il interroge le bon accueil fait par tous les acteurs, qui conduit à une situation métastable, en partie bloquée et bloquante.
Ces analyses s’appuient sur ses travaux de recherche, notamment sur la question des paradigmes de l’action collective (Knowledge that is actionable by whom? Underlying models of organized action for conservation – dans Environmental Science & Policy, mai 2018), exposés également dans la vidéo Théories de la gestion sociale de l’environnement.
Professeur de gestion de l’environnement à AgroParisTech depuis 1994, Laurent Mermet est décédé des suites d’un cancer fulgurant le 16 juin 2019. Son dynamisme et son enthousiasme pour penser avec lucidité les enjeux contemporains de la prise en charge efficace des problèmes d’environnement n’a jamais cessé, et ce podcast a été enregistré sur son lit d’hôpital.
Vous pouvez retrouver ses vidéos de recherche ainsi que ses cours sur sa chaîne YouTube, ainsi que l’ensemble de ses travaux et publications sur son site internet.
Pour une utilisation académique du contenu de cette vidéo vous pouvez la citer sous le format : Laurent Mermet et Clément Feger (2019) « Sauver la planète : pourquoi il est urgent de dépasser l’alarmisme bloquant » disponible en ligne, accédé à telle date, https://www.youtube.com/watch?v=xjZuPdstCiw.
Plan
Introduction
Les problèmes que pose l’alarmisme bloquant
Qui est censé agir pour “régler le problème” ?
La notion d’alarme
L’impasse de l’alarmisme bloquant
“Ils n’ont pas compris”. Vraiment?
Conclusion provisoire – Vue d’ensemble du catastrophisme bloquant
Comment réagit l’État ?
Le monde économique, académique, les ONG
Les médias
Au total, tout le monde s’y retrouve !
Discussion et approfondissement
Épilogue – Compléments
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l’obstacle principal n’est pas du tout dans l’idée d’avoir des procédures pluralistes de discussion, il est dans le refus de pluralisme des acteurs
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c’est encouragé par la seringue médiatique, qui rend de plus en plus limitée l’origine des opinions qui peuvent être vraiment exprimées dans un débat contradictoire, en disant “il y a des choses progressistes” et “des choses inaudibles”. Donc il y a une sorte de modèle-clef du progrès, c’est ce que je reprochais au bouquin de Latour sur “Où atterrir”, c’est-à-dire que, pour lui, il n’y a qu’une seule direction politique qui est envisageable, c’est le terrestre, tous les autres éléments de la carte sont peuplés de salauds ou d’imbéciles.
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l’enjeu n’est pas dans l’organisation des procédures de débat, mais dans le fait de casser le refus de pluralisme, qui est le fait des militants de plus en plus butés sur leur cause, et le fait d’enceintes médiatiques (notamment, mais aussi politique) qui acceptent de plus en plus que des militants qui gueulent fort empêchent la réalité d’expressions pluralistes, puisque tout le monde s’est habitué, par des mécanismes de diabolisation, d’associations diabolisantes, etc., à disqualifier les interlocuteurs, au lieu d’engager le débat avec eux,
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Il n’est pas dans les procédures parce que les procédures elles existent, elles pourraient accueillir des débats contradictoires, c’est des manières progressives de faire et des stratégies de désamorçage du pluralisme, par des cadrages, des insinuations, des dévalorisations, des diabolisations, etc., qui petit à petit ont dévitalisé le pluralisme.
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Les principaux responsables de ce refus de pluralisme, c’est 1/ les militants, 2/ les gens qui gèrent le débat dans une optique où ils acceptent les tactiques qui se sont mises en place, depuis trente ans, pour diminuer progressivement l’expression des opinions qui divergent avec le seul vecteur progressiste qui est acceptable, sur chaque dossier qu’on met en discussion.
Ndlr : LM est un fervent promoteur de Jean-Marc Jancovici. Comme lui il met en avant le nucléaire au détriment des énergies renouvelables et notamment l'éolien qu'il fustige. La sobriété énergétique n'est pas évoquée.
Concernant l'alarmisme bloquant par contre, son approche est très intéressante et donne envie de lire et visionner la suite... ACT
Ça donne du grain à moudre à la médiation de l'urgence... ACT