Pétition - 50.235 signatures
Destinataire(s) : La direction de Radio France et de France inter
Nous venons de l’apprendre : la Terre au carré, le rendez-vous quotidien de l'écologie de Mathieu Vidard sur France inter, sera amputé de dix minutes, sur moins d’une heure de programme, à la rentrée prochaine.
Et ce n’est pas n’importe quel passage de l’émission qui disparait.
Il s’agit du dernier segment, dans lequel vous pouviez écouter : des chroniques de militant·es (Cyril Dion, Claire Nouvian, Féris Barkat, etc.) et de la journaliste Camille Crosnier sur les luttes écologistes ; les témoignages et avis des auditeur·ices (le répondeur) ; les chroniques de médias invités : Vert, Reporterre, Epsiloon et Libération.
Une amputation qui survient sans explication rationnelle de la direction de France Inter. Celle-ci le justifie par un «manque de lisibilité» de cette partie de l’émission et soutient que la place de l’écologie est conservée avec une nouvelle chronique de Camille Crosnier tous les jours à 6h45.
Les audiences de la Terre au carré sont pourtant excellentes, avec plus de 850 000 auditeur·ices par jour entre 14h et 15h. C’est une année record pour ce programme, qui est le plus écouté de toute la France à cette heure-là.
De surcroît, l’émission ne démarrera plus juste après les infos de 14h, mais à 14h15 après un «rendez-vous» sur l’Histoire, ce qui représente un risque élevé de perdre des auditeurs à ce moment charnière de la journée.
La Terre au Carré est la seule émission quotidienne consacrée à l’écologie de tout le groupe Radio France. Une décision annoncée… en pleine canicule.
Horaire moins porteur, moins de personnalités, moins de médias invités (qui donnaient de la visibilité à l’émission sur leurs supports) : tous les ingrédients sont réunis pour que les audiences baissent l’année prochaine. Cela présage aussi du pire : cette émission de référence pourrait disparaître rapidement.
Cette décision est annoncée en pleine canicule, au moment-même où les reculs environnementaux se multiplient au niveau politique.
Si les changements de grille sont habituels dans la vie des chaînes de radio et de télévision, le service public ne peut justifier de diminuer l’espace médiatique alloué à l’écologie alors que nous venons de connaître l’année la plus chaude de l’histoire de l’humanité et que la biodiversité s’effondre à un rythme sans précédent.
Sur Radio France, l’amputation de la Terre au carré n’est pas un cas isolé.
L’an passé, les trois heures hebdomadaires de Planète Bleu, l’émission de Benoît Prospero sur France Bleu (Radio Ici), ont laissé place à une simple chronique quotidienne à 5h55. Cet été, Radio France supprime aussi Mouv’, la radio des jeunes, des ondes FM, et son rendez-vous «Demain le monde», animé par Valentin Després.
Il y a trois ans, après l’été 2022, un collectif de journalistes lançait la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique. Au même moment, Radio France annonçait son «tournant environnemental» et mettait en place des formations pour les journalistes sur le climat. Trois ans plus tard, force est de constater que l’écologie y perd du terrain.
Nous citoyen·nes, journalistes, scientifiques, militant·es, médias invités de la Terre au carré, demandons que l’émission de la Terre au carré soit maintenue telle quelle sur France Inter et que la place de l’environnement à Radio France soit assurée, pour continuer à porter les voix plurielles de l’écologie sur le service public, toucher le plus de monde possible et garantir à nos enfants une planète habitable.
Premiers signataires :
Loup Espargilière, rédacteur en chef, Vert le média
Juliette Quef, directrice, Vert le média
Olivier Monod, journaliste, Libération
Hervé Poirier, corédacteur en chef, Epsiloon
Amélie Mougey, directrice, Reporterre
Lorène Lavocat, journaliste, Reporterre
Cyril Dion, réalisateur, écrivain et chroniqueur
Claire Nouvian, directrice de Bloom
Valérie Masson-Delmotte, climatologue
Christophe Cassou, climatologue
Heidi Sevestre, glaciologue
Philippe Grandcolas, écologue, directeur de recherche au CNRS
Féris Barkat, cofondateur de Banlieues Climat
Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch
...
Bactéries miroir : la nouvelle menace mondiale ? ©Getty - Twenty47studio
Publié le mercredi 4 juin 2025 / La terre au carré
Un collectif de 38 scientifiques s’est inquiété dans la revue Science de la possibilité de voir apparaître des bactéries miroir, qui pourraient perturber les écosystèmes et la santé publique si elles se développent sans contrôle. Faut-il interdire toute recherche en ce sens ?
Avec
- Hervé Chneiweiss, neurologue, directeur de recherche au CNRS, président du comité d’éthique de l’Inserm, professeur de biologie au Collège de France, et directeur du laboratoire "Plasticité Gliale".
Les recherches en biologie synthétique ont ouvert des perspectives inédites sur la compréhension et la manipulation du vivant. Au sein de ce domaine, quelques chercheurs s’intéressent à la « biologie miroir », un sujet de recherche encore confidentiel .
Mais dans une étude récente, des scientifiques mettent en garde contre les dangers potentiels de cette recherche.
Leur sujet d’inquiétude : le développement de bactéries miroir. Contrairement à celles que l'on trouve dans la nature, ces bactéries miroir seraient constituées d’acides nucléiques orientés à gauche et de protéines orientées à droite.
A cause de leur chiralité inversée, ces bactéries pourraient potentiellement échapper aux défenses immunitaires des humains et des animaux.
Un collectif de trente-huit scientifiques a appelé à un débat mondial dans le journal « Science ». Parmi les signataires figurent des figures de renom comme les prix Nobel Greg Winter et Jack Szostak, ainsi que des spécialistes en immunologie, écologie, et bioéthique.
A l’appui d’un rapport de 300 pages, ils recommandent un moratoire immédiat sur leur développement.
Où en est-on réellement de ces recherches sur les bactéries miroir ? Faut-il réellement paniquer ?
Les 12 et 13 juin 2025, l'institut Pasteur accueillera la première conférence internationale consacrée à cette menace.
À écouter
Biologie et informatique
Chroniques littorales
4 min
Clés : Sciences et Savoirs Société Santé Sciences Hervé Chneiweiss
Les énergies dites renouvelables, dont le solaire et l'éolien, régulièrement ciblées par l'extrême droite sur son coût supposé. ©AFP - Bernard JAUBERT / ONLY FRANCE
"300 milliards d’euros !" : les mauvais comptes de l’extrême droite pour discréditer les énergies renouvelables
Publié le mercredi 4 juin 2025 / La terre au carré
Dans les dix dernières minutes de l'émission, Anne-Claire Poirier de Vert le média parle du coût des énergies renouvelables qui serait ruineux selon certains, ainsi que vos messages laissés sur le répondeur de l'émission.
Je ne sais pas si vous êtes au courant mais la France n’a plus trop de sous en ce moment !
Il paraîtrait qu’on a vécu au dessus de nos moyens trop longtemps et maintenant il faut trouver 40 milliards d’euros à économiser d’ici l’année prochaine !
Si je vous en (re)parle, c’est parce ça fait plusieurs semaines que des élus à droite et surtout à l’extrême droite affirment avoir trouvé LA source de dépense inutile et coûteuse dont on devrait se passer dès maintenant.
Cette source, ce sont les énergies renouvelables avec un chiffre choc à la clé : 300 milliards d’euros !
En gros leur message est le suivant : si on continue comme ça, on va ruiner la France en subventions aux éoliennes et au solaire.
Inversement, si on arrête maintenant, on récupère 300 milliards !
Et c’est vrai ça ?
Ben non hein… c’est pas la peine de faire durer le suspense plus longtemps : ce chiffre, il évidemment complètement faux…
Ou plutôt, il est inspiré de chiffres bien officiels, mais qui ont été volontairement mal interprétés. C’est le principe d’une fake news en fait.
Alors, qu’est ce qui va pas dans ces 300 milliards ?
Ben déjà c’est pas 300 milliards par an, comme le laissent entendre certains. C’est même pas non plus 300 milliards sur une période donnée. En fait c’est un amalgame entre 200 milliards d’euros d’ici à 2040 d’un côté et 100 milliards d’ici à 2060 de l’autre.
Je m’explique :
Les 200 milliards à 2040, c’est de l’argent que les gestionnaires de réseaux ont prévu d’investir dans leurs lignes électriques. Alors bien-sûr il y en aura un peu pour raccorder les fermes solaires et éoliennes mais 80 % de cette somme c’est tout simplement l’entretien, le renouvellement des lignes électriques qui vieillissent, c’est aussi le raccordement des nouveaux consommateurs, bref, c’est des dépenses qui doivent avoir lieu, énergies renouvelables ou pas.
Ensuite, il reste les 100 milliards d’euros à 2060 et ça c’est le coût maximum que pourrait coûter les subventions aux énergies renouvelables. Donc ça c’est effectivement un scénario qui existe mais il y aussi un autre scénario, tout aussi officiel, qui dit que les énergies renouvelables pourraient aussi rapporter de l’argent au cours de cette même période.
Comment est-ce possible ?
Et bien en fait, l’explication réside dans la façon dont on subventionne les énergies renouvelables en France.
En fait, l’État garantit aux producteurs un certain prix de vente de leur énergie et si les coûts de l’électricité sont plus bas sur les marchés, il leur paie la différence. Mais s’ils sont plus haut alors ce sont les producteurs qui reversent leurs recettes à l’État.
Ça s’est déjà produit par le passé et vu le contexte c’est pas du tout impossible que ça se reproduise à l’avenir.
La conclusion c’est que non seulement les énergies renouvelables ne vont pas coûter 300 milliards d’euros mais en plus elles pourraient nous rapporter de l’argent ?
Et oui, et la dernière chose qu’oublie de dire l’extrême droite c’est que ces énergies renouvelables, elle remplacent les énergies fossiles qui, elles, coûtent vraiment très très cher.
Ça coûte cher d’un point de vue climatique bien-sûr mais aussi financier. L’année dernière ça a coûté 64 milliards d’euros d’importer du gaz et du pétrole de pays pas toujours amis, si vous voyez ce que je veux dire.
Du coup la vraie conclusion, c’est que si on veut s’épargner un désastre climatique et financier, c’est certainement pas sur l’extrême droite qu’il faut compter !
Un Caddie rempli de produits dans une allée de supermarché ©Getty - Jacobs Stock Photography Ltd
Publié le jeudi 5 juin 2025 / La terre au carré
Dans son livre "Les dangers de notre alimentation. Dérives et conséquences du système agroalimentaire sur nos vies" (Payot), la directrice générale de l'organisation Foodwatch Karine Jacquemart partage les coulisses d'un système agroalimentaire opaque et inégalitaire. Une lutte dans nos assiettes.
Karine Jacquemart publie aux éditions Payot Les dangers de notre alimentation, dérives et conséquences du système agroalimentaire sur nos vies. Et dans les premières lignes de cet ouvrage, elle évoque sa colère, une colère qu'elle a de plus en plus de mal à réprimer face aux violences décomplexées d'un système qu'on nous impose, en particulier dans nos assiettes.
Il y a plus de 20 ans, elle a décidé de s'engager pour plus de justice sociale, c'est ce qu'elle raconte toujours dans l'introduction du livre. Et elle a choisi de se battre sur le front d'une alimentation saine, digne, abordable. C'est le cœur de son action à Foodwatch.
Les produits les moins chers, moins bons pour la santé ?
Pour Karine Jacquemart, tout est organisé aujourd'hui pour que le consommateur choisisse le produit le plus mauvais pour sa santé. Elle explique : "Quand on regarde bien le système, et les enquêtes le démontrent, 70% des achats alimentaires aujourd'hui en France sont encore faits dans les supermarchés. Ce n'est pas non plus un hasard, c'est aussi parce qu'il y a beaucoup de petits commerçants qui ont été supprimés, et on n'a pas toujours le choix. Et 80% de ce marché alimentaire dans les supermarchés est contrôlé par les cinq principales enseignes de la grande distribution."
Elle explique ensuite : "On vous met dans les rayons des produits pas chers. On ne vous laisse pas le choix, quand vous avez un budget limité, on vous oriente vers des produits qui sont moins bons pour la santé. Et derrière, on a une épidémie de maladies chroniques. C'est l'Organisation Mondiale de la Santé qui le dit, avec des coûts colossaux pour la société." Elle donne des exemples : "Premièrement, avec Foodwatch, on a fait une enquête sur le sucre qu'on a publié mi-janvier. Sur 400 produits, on a regardé 12 catégories de produits. Premier constat, on le sait, mais on l'a prouvé une nouvelle fois et il faut que ça s'arrête, il y a trop de sucre ajouté dans tous les produits, y compris des boîtes de conserve de petits pois. Deuxième constat, on a comparé dans chaque catégorie de produits la teneur moyenne de sucre sur les cinq produits les moins chers par rapport aux cinq produits les plus chers. Systématiquement, dans les 12 catégories, les produits les moins chers étaient plus sucrés que les produits les plus chers. Vous avez un budget limité, on vous fait croire qu'on vous met des produits pas chers, sauf que ce sont des produits qui sont moins bons pour la santé. Deuxième exemple, il y a une dizaine de jours, on a publié une nouvelle enquête avec d'autres associations, on a regardé plus de 5 000 promotions. Sur ces 5 000 promotions des principales grandes enseignes de la grande distribution, 66% flèchent sur des produits qui sont contraires aux recommandations de santé publique."
Le cadmium, un danger pour tous
Un courrier signé par la Conférence nationale des médecins libéraux de toute la France dit que « Le cadmium est une bombe sanitaire ». L’article du Monde signé Stéphane Mandard donne froid dans le dos. Moins connu que le plomb, le mercure ou l’arsenic, le cadmium est un métal lourd classé cancérogène certain pour l’humain. Et il est présent dans le pain, dans les pâtes, dans les pommes de terre ou dans les céréales du petit-déjeuner. Ce cadmium vient des engrais phosphatés que l’agriculture française répand depuis des décennies. Il s’est infiltré dans les sols, puis dans les cultures, puis dans les corps.
À écouter
Le cadmium, un métal aux lourdes conséquences sur la santé
L'info de France Inter
2 min
Karine Jacquemart : "Ce qui est intolérable, c'est qu'on nous impose un système qui nous expose à des risques pour la santé qui sont évitables, qui ne sont pas une fatalité. (...) Et le cadmium, c'est une preuve de plus aujourd'hui, malheureusement, on en a très régulièrement, d'une contamination qui effectivement ne sert qu'à une petite poignée qui fait des bénéfices sur ce système verrouillé et qui est au détriment de la grande majorité de la population et de l'environnement. Donc il faut poser le constat, le dénoncer, et bonne nouvelle, voir comment on peut changer les choses, et c'est ce que je veux partager aussi."
Que faire ?
Pour elle, il faut remettre l'intérêt général au milieu de l'équation, et surtout, on se bat, en enquêtant, en dénonçant, en disant « on vous voit ».
Karine Jacquemart : "La première chose, tenons tête, donc tout seul, on ne peut pas. Donc, on se réunit dans des associations, on fait aussi partie d'un collectif qui s'appelle le collectif Nourrir, qui a plus de 50 membres, associations de paysans, de consommateurs sur l'environnement, tout est lié. Donc travaillons ensemble, soutenez les associations que vous pouvez, soyez bénévoles pour celles qui en ont besoin, c'est important. Et en plus, on se met en mouvement et on a l'impression d'être plus puissant, ce qui est vrai. Et d'être moins seul. Et puis évidemment aussi par des dons quand vous le pouvez. La deuxième chose, c'est qu'individuellement, on peut faire plein de choses à l'échelle locale en lançant des choses, individuellement et collectivement. Par exemple, j'adore voir le nombre de projets comme des épiceries sociales et solidaires, comme des expérimentations de la Sécurité sociale de l'alimentation, comme l'association VRAC qui organise des groupements d'achats dans les quartiers précaires."
À lire aussi
Sécurité sociale de l'alimentation : Paris expérimente à son tour
Le Reportage de la rédaction
4 min
Clés : Bien-être Environnement Alimentation Écologie industrie agroalimentaire Cancer (maladie) Gestion et accès à l'eau
Publié le jeudi 5 juin 2025 / Olivier Monod de Libération
...Quand on entend ce terme de « limites planétaires », on peut croire qu'il s'agit des seuils à ne pas dépasser pour protéger la planète.
Pas du tout.
Il s'agit des seuils au-delà desquels l'espèce humaine va avoir du mal à prospérer. Le terme plus juste serait limites de l'habitabilité de la Terre.
Publié le mercredi 21 mai 2025
Eaux polluées ©Getty - shaifulzamri
La terre au carré
Qu'elle tombe du ciel, circule dans nos canalisations ou rivières, l'eau qui nous est si précieuse est victime d'une pollution généralisée. L'industrialisation du monde et la chimie de synthèse ont profondément dégradé la qualité de cette ressource essentielle, qu'il est encore temps de sauver ?
Avec Fabrice Nicolino, journaliste spécialiste de l'écologie et essayiste
Publié le vendredi 25 avril 2025 / La terre au carré
Olivier Norek le 26 octobre 2024 ©Maxppp - Jean-Marc Quinet
Ancien lieutenant de police, aujourd'hui pleinement écrivain, Olivier Norek s'est fait connaître en 2014 avec "Code 93". Il publie une adaptation de son roman "Impact" en BD, un monde pré-apocalyptique radicalement remis en question par son anti-héros Virgil Solal.
Avec Olivier Norek, ecrivain, scénariste
Ancien policier devenu écrivain à succès, Olivier Norek était l'invité de l'émission pour présenter l'adaptation de son roman Impact en bande dessinée, réalisée avec le dessinateur Fred Pantarolo parue aux éditions Michel Lafon. Cette œuvre aborde la question écologique sous l'angle d'un thriller où un ancien militaire kidnappe le PDG d'une grande entreprise.
Une enfance nomade, fils d'un haut fonctionnaire
Né le 2 août 1975 à Toulouse, Olivier Norek est le fils de Claude Norek, un énarque qui a occupé de nombreuses fonctions dont celle de directeur général de Radio France. Son enfance a été marquée par une dizaine de déménagements avant ses 18 ans, sa mère étant directrice d'école. "C'est difficile d'avoir des racines quand on a autant déménagé. Donc, on se crée un monde personnel, un univers privé imaginaire. On me pose souvent la question, "qu'est-ce que vous emmèneriez sur une île déserte ?" Moi, je peux tenir très bien trois ans tout seul sur une île déserte, sans parler à personne, cela ne me pose aucun problème."
Cette vie nomade a nourri son imagination et son goût pour la lecture. "Mes deux parents ont commencé comme enseignants. La culture a toujours été quelque chose de capital à la maison. On ne me donnait pas d'argent de poche, mais j'avais un crédit illimité pour acheter des livres, des 45 tours ou des 33 tours."
À écouter
L'écologie en BD
De flic à écrivain : un parcours marqué par une sensibilité contrôlée
Son métier de policier l'a obligé à mettre de côté sa sensibilité : "Je suis ultra ultra-sensible. Il a fallu que je bloque ma sensibilité quand j'étais policier. Maintenant que je suis auteur, je peux enlever ma carapace et me laisser pénétrer par tous les sentiments. Mais quand on est flic, le concept d'empathie mène parfois à un mauvais jugement."
Olivier Norek a débuté comme gardien de la paix avant de devenir lieutenant, toujours dans l'ombre de son père dont les réformes avaient marqué la police. "En arrivant à l'école de police, je suis convoqué par le directeur qui me dit 'Vous êtes Olivier Norek, le fils de Claude Norek. Savez-vous que grâce à Claude Norek, ceci, ceci, ceci et cela..." Pour les gardiens de la paix, il a changé les méthodes de recrutement, il a ajouté à la dissertation de la culture générale, de l'histoire, de la géographie et du droit."
Le passage à l'écriture d'Olivier s'est fait presque par hasard, alors que rien ne le prédestinait à devenir écrivain : "J'ai eu cinq sur 20 au bac français. Même mes cartes postales étaient illisibles. L'écriture est venue bien après."
À écouter
Où est passée l’écologie ?
Le 18/20 · Le téléphone sonne
37 min
L'écologie, un combat urgent face à l'inaction politique
Olivier Norek expose sa vision de l'urgence écologique avec force : "L'écologie, ce n'est pas un sujet, c'est le sujet qui doit infuser tous les nouveaux sujets, toutes les nouvelles lois, toutes les nouvelles directives, et tous les nouveaux projets. L'écologie, ce n'est pas autre chose que la simple sauvegarde de l'humanité et des générations à venir."
Il évoque son indignation face à l'inaction des gouvernements et justifie la colère qui monte chez certains : "La violence naît qu'en dernier recours, quand on n'écoute pas ces paroles qui, depuis le M.I.T en 1972, nous alertent sur les énergies fossiles. Qu'est-ce qu'il reste aux gens pour se faire entendre ? Le cri, la violence verbale, et même parfois la violence physique que je ne soutiens absolument pas." Le roman puis la bande dessinée Impact lui ont permis, à lui, Olivier Norek d'exprimer cette colère à travers son personnage : "J'ai donc créé un monstre qui choisit la violence."
À écouter
Olivier Norek : "Cette guerre a prouvé à Hitler que la Russie était un colosse aux pieds d'argile"
L'interview de 9h20
21 min
Police et environnement : une défense nécessaire de la nature
Pour Olivier Norek, la police de l'environnement joue un rôle essentiel qu'il compare à des romans policiers :"La police défend les victimes. Aujourd'hui, la planète est une victime. Notre nature est victime. La plupart du temps, moi, je fais des polars, dans lesquels, il faut un assassin, une victime, une scène de crime. Aujourd'hui, pour l'écologie, c'est la même chose. L'assassin, c'est la pollution. La victime, c'est l'humanité. La scène de crime, c'est la planète."
Il défend cette police spécialisée contre les critiques récentes : "Quoi de plus normal avec une nature, avec une forêt qui est en souffrance, de voir naître une police des forêts, une police de la nature, une police de cette protection." Plus généralement, il déplore que le débat public s'attarde sur des questions secondaires au lieu des enjeux majeurs : "Est-ce qu'on parle du fait que dans 20 ans, il n'y aura pas un seul poisson comestible dans l'océan ? Est-ce qu'on parle du fait que dans quinze ou 20 ans, c'est 500, 600, 700 millions de réfugiés climatiques qui vont remonter vers l'Europe et les États-Unis ? Est-ce qu'on parle du fait que dans une trentaine d'années, on aura beau manger à s'en faire exploser le ventre, il n'y aura plus assez d'apports nutritifs dans les aliments et qu'il faudra quand même des compléments alimentaires ?"
À écouter
Olivier Norek
L'invité du 13/14
14 min
La BD Impact d'Olivier Norek avec Fred Pontarolo, chez Michel Lafon, d’après le roman Impact d’Olivier Norek
Clés : Environnement Arts et Divertissement Écologie BD – Manga Bandes dessinées – Romans graphiques
Quels sont les métiers verts ? ©Getty - Malte Mueller
Le sommet CHANGE NOW consacré aux solutions pour la planète ouvre ce matin et Raphaël nous parle des métiers de la transition écologique.
Ils représentent 1 offre d’emploi sur 5 aujourd’hui et leur nombre va considérablement augmenter : la transition écologique devrait créer plus de 300 000 emplois d’ici 2030 et plus de 800 000 d’ici 2050.
Métier "vert" ou "verdissant" ?
On peut classer ces métiers en deux catégories :
- Les métiers dits « verts », qui consistent à travailler directement pour la protection de l’environnement,
- Les métiers dits « verdissants » : Ils existent depuis longtemps, mais évoluent pour prendre en compte les enjeux écologiques
Des parcours inspirants
Il y en a dans tous les métiers comme celui de cuisinier avec l'exemple du Chef Olivier CHAPUT :
Sa vocation lui est venue très jeune et quand on lui demandait à 5 ans ce qu’il voulait faire plus tard, il répondait déjà : « Faire à manger » !
C’est donc en toute logique qu’il créé en 2011 l’association « Les enfants cuisinent » qui réunit aujourd’hui une centaine de chefs et de pâtissiers :
Ils interviennent dans toute la France pour sensibiliser les enfants à une alimentation saine et durable, leur expliquent le savoir-faire des producteurs, la richesse des produits de saison, et leur apprennent des recettes « anti-gaspi ».
On pourrait aussi prendre exemple sur Ines Leonarduzzi :
Elle commence en 2010 une carrière de consultante en stratégie numérique auprès de grands groupes, mais prend rapidement conscience de sa « face cachée » et de son empreinte environnementale...
Elle décide alors de créer l’ONG « Digital for the Planet » et parcourt aujourd’hui le monde pour sensibiliser sur un numérique durable, compatible avec la transition écologique.
Un dernier exemple dans le domaine de la finance avec Lucie Pinson qui a reçu il y a 5 ans le prix Goldman, l’équivalent du prix Nobel de l’environnement :
C’est à la fin de ses études en Afrique du Sud qu’elle découvre les conséquences écologiques et sociales désastreuses de l’exploitation du charbon, et elle décide de s’attaquer au sujet sous l’angle de la finance, qu’elle considère comme « l’angle mort de la lutte contre le réchauffement climatique ».
Elle créé alors l’ONG « Reclaim Finance », qui agit sur l’ensemble des acteurs financiers - fonds privés, banques centrales, agences de notations - pour les convaincre de ne plus accompagner les projets liés au charbon et autres énergies fossiles ;
Finance, Numérique, Alimentation… les exemples sont nombreux : l’écologie n’est pas une discipline à part entière, mais une démarche qui concerne tous les métiers.
À écouter
Le monde du travail face à l'urgence écologique
La Terre au carré
55 min
Le monde du travail face à l'urgence écologique ©Getty - Tom Werner
Où travailler pour contribuer à la transition et avoir un impact sur le climat ? Comment le monde du travail se transforme-t-il au regard des enjeux de transition écologique ?
Dans un monde où 90% de la population tire ses revenus de l’activité de travail (agricole, industriel, de services), engager la réflexion sur une transformation écologique du travail et des emplois soulève des enjeux fondamentaux.
De plus en plus d’étudiant.e.s expriment le souhait de travailler dans un secteur ou une entreprise en accord avec la transition.
Transformer la conviction en engagement
Face à l'ère de la transition écologique et face à l'urgence environnementale, de plus en plus de personnes, étudiants, jeunes diplômés, personnes actives ou en recherche d'emploi cherchent à transformer leur conviction en engagement professionnel. Cette question est au cœur des bouleversements menés pour répondre aux enjeux de demain, pour pouvoir anticiper l'évolution des métiers bas carbone. Pour être écolo, faut-il forcément changer de boulot ? Comment préparer une transition juste sans le faire aux dépens de personnes travaillant dans les secteurs les plus polluants ? Et comment s'orienter ou se reconvertir et quels sont les domaines à privilégier et ceux qui vont décroître ?
À lire aussi
Bonne ambiance, respect, épanouissement : les jeunes redéfinissent le monde du travail
L’emploi, moteur de la transition écologique pour les jeunes ?
Pour Marine Le Lan, membre du collectif Pour un réveil écologique, il y a dans cette nouvelle génération d’étudiants, des gens plus concernés par les problèmes écologiques que d’autres : « Nous avons mené un sondage avec le collectif Harris Interactive. L'idée, c'était d'interroger 2000 jeunes de 18 à 30 ans, de toute catégorie socioprofessionnelle confondues. Un chiffre qui nous a beaucoup alertés, c'est que 70 % des jeunes sont prêts à renoncer à un emploi qui ne prendrait pas en compte ces enjeux de transition écologique. Il y a un réel intérêt de la part des jeunes sur ces questions-là. Un autre élément que nous avons remarqué, c’est que lors des forums d’école ces derniers mois, beaucoup d’étudiants sont intervenus pour dénoncer la présence de certaines entreprises qui menaient des actions climaticides, comme certains grands groupes pétroliers. Les jeunes sont donc de plus en plus mobilisés. »
Un intérêt chez les jeunes pour les emplois verts ?
Liza Baghioni est sociologue et anthropologue du travail au CEREQ, pour elle, il y a deux approches au niveau de la demande des jeunes autour des emplois verts : « Il y a ceux qui visent à protéger l'environnement avec des métiers comme gardes forestiers, agents de déchetterie, agents de la police des eaux, et qui représentent 0,5 % de l'emploi total en 2018. Et une autre approche qui va comptabiliser les métiers dits verdissants qui intègrent des nouveaux blocs de compétences liées aux enjeux environnementaux. Il est à 14 % de l'emploi total en 2018. Ce sont des volumes assez faibles, et qui évoluent peu rapidement ces dernières années. »
À écouter
Laurent Berger (CFDT) : "La question demain est de travailler tous et dans de meilleurs conditions"
L'invité de 8h20 : le grand entretien
26 min
500 0000 emplois en plus liés à la transition énergétique
Selon certaines prospectives, il pourrait y avoir jusqu’à 500 000 emplois liés à la transition énergétique en 2050 si la France applique sa stratégie bas carbone. Pour Antoine Durand, responsable Transition écologique et emplois au Réseau Action Climat : « Dans le scénario le plus favorable qui est présenté aujourd'hui par la stratégie nationale bas carbone, nous sommes dans une fourchette entre 200 000 et 500 000 emplois en 2050. »
Un boom des métiers autour des énergies renouvelables ?
Pour Antoine Durand, on constate qu’il y a une forte augmentation des emplois dans le domaine des énergies renouvelables : « Si on regarde les derniers chiffres, par exemple pour la filière photovoltaïque, la croissance est tout à fait nette. Si on prend le scénario négaWatt associé au développement des énergies renouvelables, on a 130 000 emplois qui pourraient être attendus en France d'ici 2030. Quand on discute avec les professionnels du secteur, ils nous disent qu’ils ont besoin de recruter des techniciens en maintenance notamment. Donc oui, l'offre d'emploi existe. »
Pour en savoir plus, écoutez l'émission...
Avec :
- Liza Baghioni Sociologue et anthropologue du travail au CEREQ - Département Travail Emploi et Professionnalisation (DTEP) du Céreq. Elle a co-publié en 2022 « La transition écologique au travail : emploi et formation face au défi environnemental », Céreq BREF, n°423.
- Antoine Durand Responsable Transition écologique et emplois - Réseau Action Climat.
- Marine Le Lan membre du collectif Pour un réveil écologique, elle a participé à la création du guide pour « l’emploi de demain ».
À écouter
Les salariés s’engagent de plus en plus dans la transition écologique de leur entreprise
Histoires économiques
2 min
Chroniques
- Les tracteurs des agriculteurs sur l'A4 au niveau de Jossigny, à l'est de Paris, ce lundi.
- Que sont les accords de libre-échange au cœur de la crise agricole ?
- La mobilisation des agriculteurs continue partout en Europe, et au cœur de la crise, il y a les accords de libre-échange négociés par l’Union européenne. De quoi s’agit-il exactement et pourquoi posent-ils problème ?
La lutte enchantée 29 janv. 2024 • 5 min
La responsabilité des entreprises pétrolières dans le réchauffement climatique -
Publié le jeudi 24 avril 2025 / La terre au carré
Plateforme pétrolière offshore. ©Getty
A la une des médias aujourd’hui Olivier Monod, journaliste pour le quotidien Libération, parle de la responsabilité des entreprises pétrolières dans le changement climatique.
Vous êtes vous déjà demandé à combien s’élèverait la note si les entreprises pétrolières devaient un jour payer pour les conséquences des émissions de gaz à effet de serre dont elles sont responsables ?
Des milliers de milliards de dollars selon une étude américaine parue ce mercredi dans Nature. En s’intéressant uniquement aux vagues de chaleur de 1991 à 2020, les chercheurs Justin Mankin et Christopher Callahan estiment que les 111 principales compagnies pétrolières sont responsables d'une baisse du PIB mondiale de 28 mille milliards de dollars. Oui on croirait une insulte du capitaine haddock.
Comment les chercheurs parviennent à ce chiffre ?
Il s’agit d’une étape de plus dans les sciences de l’attribution.
Vous savez, c’est cette discipline qui permet d'établir si un événement extrême est dû, ou non, au changement climatique.
Il s'agit de calculs complexes basés sur des modèles du climat.
Depuis 2014, un réseau de scientifiques internationaux s'est créé sur le sujet, le World Weather Attribution.
Par exemple, ils ont analysé 29 des centaines d'événements extrêmes survenus en 2024. 26 de ces 29 ont été rendus plus intenses et plus fréquents par les émissions humaines de gaz à effet de serre.
On peut donc dire dans quelle mesure un événement météorologique extrême est dû au réchauffement climatique.
Justin Mankin et Christopher Callahan proposent d'aller plus loin. Ils font un lien entre les dommages causés par les événements extrêmes et les émissions de chaque entreprise pétrolière.
Imaginez que l'atmosphère soit une baignoire et le CO2 de l'eau.
Les activités humaines sont un robinet qui remplit la baignoire jusqu'à ce qu'elle déborde. Dans cette analogie, Justin Mankin et Christopher Callahan, arrivent à modéliser non pas un robinet, mais 111. Un robinet pour chaque entreprise pétrolière.
Ils affirment pouvoir définir la responsabilité de chaque entreprise dans votre dégât des eaux.
Avec le but, in fine, de leur faire payer la facture à la juste mesure de leur participation au problème.
Cette étude pourra-t-elle être utilisée en justice ?
En tout cas, elle intéresse grandement les avocats et les associations spécialiste de l'environnement. Définir la responsabilité individuelle des entreprises pétrolières dans le réchauffement climatique est un enjeu de plusieurs procès en cours.
On peut citer le cas d'un agriculteur belge, Hugues Falys, qui veut faire payer TotalEnergie pour ses pertes de rendements liés au changement climatique. Ou encore l'agriculteur péruvien, Saúl Luciano Lliuya opposé depuis 2015 au géant RWE, qu’il accuse de contribuer à la fonte des glaces qui menace sa ville des Andes.
Aux Etats-Unis, deux Etats, le Vermont et New York ont voté la mise en place de fonds alimentés par les entreprises pour gérer les conséquences du changement climatique. Des initiatives que le président Trump cherche d'ailleurs à bloquer.
La transposition de la science dans le droit est loin d'être automatique.
Par exemple, est-ce qu'une entreprise pétrolière est responsable des émissions de votre voiture ?
Dans cette étude, les chercheurs partent du principe que oui. Mais, en droit, cela peut se discuter.
Justin Mankin fait le parallèle avec la crise des opiacés, aux Etats-Unis. Les firmes pharmaceutiques sont bien tenues pour responsable de l'utilisation de leur produit. Pourquoi en serait-il différent pour le pétrole ?
Cette étude est donc une étape supplémentaire, pour obliger les compagnies pétrolières à rendre des comptes.
Elles qui connaissaient depuis les années 70 les conséquences de la combustion massive d'énergie fossile.
Publié le mardi 11 mars 2025 / La terre au carré
Tout au long du XXe siècle, la publicité automobile a été le vecteur privilégié par les grandes marques automobiles pour construire et valoriser un véritable « mythe » de la voiture.
« Érigé en symbole de liberté, de progrès, de réussite, ce mode de transport est ainsi progressivement devenu le réceptacle de représentations sociales et d’imaginaires puissants. En ce sens, l’influence de la publicité automobile a permis à l’industrie automobile de légitimer et de rendre désirable l’un des choix collectifs les plus structurants du siècle dernier: faire de la voiture à pétrole individuelle le pilier de la mobilité française et de l’aménagement du territoire. « On a très clairement hérité des choix d'aménagement du territoire du siècle dernier. Mais aujourd'hui, alors que notre modèle automobile atteint ses limites, les constructeurs et les publicitaires continuent de marteler cet imaginaire dépassé. » explique Léo Larivière dans son essai « Quand la publicité s’oppose à la transition écologique - immersion dans l’univers des marques automobiles » paru aux éditions de l'Aube.
L'urine, ce nouvel or jaune - Publié le lundi 3 mars 2025 / La terre au carré
L'urine, ce nouvel or jaune ©Getty - karetoria
"Notre fumier est or" écrivait Victor Hugo dans les Misérables, regrettant que l'on "balaye à l'abîme" les urines. Un siècle et demi plus tard, le tout-à-l'égout et les stations d'épuration ont banalisé le rejet de nos déjections. Pourtant, l'or jaune pourrait bien devenir l'engrais de demain...
Avec Fabien Esculier, Chercheur à l’Ecole des ponts et Chaussées, ingénieur des Ponts, des Eaux et des Forêts, coordonnateur du programme de recherche et action OCAPI (sur les systèmes alimentation/excrétion et la gestion des urines et matières fécales humaines).
Le plus avantageux des fertilisants
L’urine est composée à 95% d’eau. Dans le résidu d’urée restant, on trouve environ 46% d’azote. L’azote est un facteur de croissance très important pour les plantes. Également riche en phosphore, potassium, fer, magnésium, calcium, zinc, cuivre, l’urine est ainsi un fertilisant particulièrement équilibré.
Pour Fabien Esculier, l'intérêt principal est que cette matière permet une circularité presque totale : la nature se nourrit de l’azote du sol, produit des protéines dont nous avons besoin et, une fois ingérées, nous les évacuons et elles peuvent enrichir les sols à nouveau. Sur une année, on peut fertiliser l’équivalent de 500 m carrés de cultures avec l’urine d’une seule personne !
C'est pour cela que, de l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle, les déjections humaines et animales sont collectées puis revalorisées en retournant au champ. Les paysans se rendent dans les villes non seulement pour vendre leur production mais aussi pour récupérer les précieux engrais produits par les habitants ! C'est une économie vertueuse à part entière.
À écouter
Quand la laine de brebis devient engrais
L'esprit d'initiative
2 min
L'urine devient déchet au nom du progrès
Mais, au cours du XXe siècle, le paradigme change et la valorisation des excrétions ne représente plus qu'une simple alternative voire une méthode ancestrale désuète. Le progrès s'installe, prenant la forme de chasses d'eau et de réseaux de canalisations. La linéarité du processus s’impose, écrasant la circularité d’un modèle traditionnel vertueux.
En 1913, le procédé chimique Haber Bosch qui permet de synthétiser artificiellement l'azote est mis au point. On commence alors à se détourner des engrais naturels. En assurant désormais la fabrication d’engrais à partir de ressources fossiles, les urines deviennent inutiles, voire une véritable contrainte à gérer pour les collectivités.
Les eaux usées, ainsi déversées dans les rivières entraînent la dégradation de la qualité de l’eau. Des stations d’épuration sont alors conçues et déployées pour traiter ces eaux usées et limiter la pollution des cours d'eau. Mais, dans ces usines, les matières intéressantes sont trop diluées et il devient impossible de récupérer les nutriments qu’elles contiennent à ce stade de la chaîne.
Indépendance et sobriété
Le réemploi des urines humaines est un sujet de souveraineté très fort du point de vue agricole et alimentaire mais également au regard de notre indépendance face aux énergies fossiles. L’autonomie de la France en azote est d’à peine de 10%, le pays importe énormément et, depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine en 2022, les prix de l’azote ont été multipliés par trois ou quatre et fragilisent les fermes installées en conventionnel.
Il y a également urgence pour le phosphore dont la pénurie est annoncée d’ici 2030. Enfin, les économies d’eau et d’énergie seraient indéniables car le coût du traitement des eaux usées est considérable.
À écouter
Les derniers "écureuils" de l'A69 et la révolution en marche du pipi
La Terre au carré
11 min
La recherche réhabilite cet engrais naturel
Notre invité Fabien Esculier est le coordinateur d'Ocapi (Optimisation des cycles Carbone, Azote et Phosphore en ville), un programme de recherche porté par le laboratoire LEESU (Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains) de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. Lancé en 2015, Ocapi, est l’un des premiers programmes académiques dédié à la valorisation des matières fécales et des urines pour en faire de l’engrais. Ce programme expérimente la fertilisation au lisain sur des parcelles de blé, à Champs-sur-Marne (77) et travaille en lien avec une boulangerie qui produit du pain et des biscuits “Biscodors” avec leurs récoltes.
Les techniques de collecte des urines - à l'instar des toilettes à séparation d'urine - existent déjà et se répandent progressivement :
"La séparation à la source dans la gestion des excrétions humaines a connu un important développement ces dernières années. Elle se déploie à de multiples échelles et dans des contextes très variés, depuis les microfilières citoyennes jusqu’à l’échelle de quartiers entiers, comme dans l’opération Saint-Vincent-de-Paul en construction à Paris, où la collecte de l’urine de l’intégralité du quartier, et sa transformation en engrais, est prévue. Ce déploiement à plus grande échelle rencontre encore de nombreux freins : d’abord, une méconnaissance du problème et des alternatives ; ensuite, des coûts d’apprentissage, et organisationnels et un déplacement des légitimités. Ces freins seront d’autant plus facilement levés que nous saurons engager, à grande échelle, une transformation de l’organisation de notre société pour le respect des limites planétaires et de la justice sociale. Au moment où nous sommes collectivement au pied du mur, créons les conditions pour que puissent s’épanouir les tentatives de recherche-action transdisciplinaire, et que se réalisent effectivement une transformation culturelle de nos interdépendances et une authentique transition socio-écologique." Ecrit Fabien Esculier, profondément engagé sur le sujet.
Ressources
Pour retrouver un panorama des initiatives, dispositifs et filières qui permettent un retour à la terre des nutriments issus de l’excrétion humaine en vue de leur valorisation agricole, c'est ici.
Fabien Esculier est co-auteur avec Emmanuel Adler du livre Des immondices aux biodéchets, Presses des Ponts, 2024.
Il travaille avec le RAE (Réseau de l’Assainissement Écologique), l’ARCEAU (Association Recherche-Collectivités dans le domaine de l'eau en Ile-de-France) et avec l’association Circulus dont la création du spectacle Humus Humains fait" découvrir de façon originale le circuit des nutriments à travers l’espace et le temps."
Vous pouvez aussi vous informer sur le sujet avec le livre Ne tirons plus la chasse ! Nos déjections au secours des sols publié par l'agronome Christophe Gatineau aux éditions Ulmer.
Clés : Environnement Écologie Biodiversité Gestion et accès à l'eau Innovation Recyclage - Gestion des déchets
Jacinthes et laitues d'eau dans un ruisseau en Guyane. ©Getty - Bernard MAJZA
A la Une des sciences, Hervé Poirier, journaliste chez Epsiloon, nous raconte comment les plantes ont pris le pouvoir en envahissant la Terre.
Cela faisait des milliards d’années que la vie végétait dans l’eau, incapable d’envahir la terre ferme. Il y a 450 millions d’années, une de ces algues a acquis le pouvoir de conquérir la surface. Elle a été capable de résister aux radiations du soleil, aux microbes du sol, aux variations de température, à l’absence d’eau. Et la Terre est rapidement devenue toute verte – cette petite algue est l’ancêtre commun de tous les végétaux terrestres d’aujourd’hui.
Comment s’est passé ce petit miracle qui a changé la face du monde ?
Jusqu’ici, en bons disciples de Darwin, les biologistes imaginaient que ce fut à force d’évolution lente et laborieuse, de mutations génétiques hasardeuses, d’essais et d’erreurs, que les ascendants de notre algue ont patiemment forgé ce pouvoir miraculeux. Mais c'était loin d'être suffisant !
Notre algue a aussi profité de gènes clé en main, volés aux microbes, et intégrés directement dans son génome. Et cela n’a pas été pas un acte isolé : pendant trente millions d’années, des dizaines et des dizaines de fois, des vols comparables ont été commis par ses ascendants aux dépens de champignons et de bactéries. Et un beau jour, notre algue s’est vue doter du combo génétique parfait pour la conquête mondiale.
Des vols massifs de gènes ?
C’est assez difficile à croire, en effet. Une équipe de généticiens de l’Université de Toulouse a plongé dans le génome de l’hépatique des fontaines, une petite plante discrète, très peu étudiée, qui vivote en Europe et aux Amériques.
Leurs résultats ont été publiés hier : en screenant les génomes de 133 individus, ils ont repéré toute une famille de gènes de champignons que l’hépatique exploite encore aujourd'hui pour s’adapter au manque d’eau – des gènes qui sont aussi présents dans le génome des fougères ou des mousses, et donc aussi dans celui de notre petite algue ancestrale. Merci pour le cadeau !
Et c’est surtout l’ampleur du phénomène qui surprend, nous a confié Chloé Beau, l’une des autrices de l’étude. Cela fait trois ans que ces transferts génétiques massifs, qui ont permis à notre algue de se défendre contre les microbes ou de résister à l’oxydation, sont découverts.
C’était difficilement imaginable jusqu’ici. Et totalement hors de portée d’analyse. De tels transferts génétiques peuvent être le fruit d'un simple accident avec une fusion partielle de chromosomes entre la plante et un microbe qu’elle héberge, ou alors par saut de gène : des séquences d’ADN étrangers qui se baladent et viennent s’insérer dans le génome.
Dans l’arbre dessiné par Darwin, les transferts de gènes sont verticaux : de l’ascendance vers la descendance. Ces transferts horizontaux entre espèces, entre familles, entre groupes différents, sont un sacré raccourci pour l’évolution. Pas besoin de réinventer la poudre. Le vol de gène crée immédiatement un monstre, un OGM naturel. Et avec de la chance, ce monstre est prometteur. C’est l’évolution : soudain, une algue monstrueuse apparaît et la terre devient verte.
Multinationales (1/2) : comment sont-elles devenues si puissantes ? - Publié le mardi 18 février 2025 / La terre au carré
Le siège historique de la Standard Oil, fondée par John D. Rockefeller ©Getty - George Rinhart/Corbis
Dans un ouvrage collectif, des chercheurs retracent l'histoire des multinationales et leur influence grandissante sur nos sociétés depuis le 19ᵉ siècle. Comment se sont-elles structurées dans le temps ? Les premières méthodes d'influence qui sont-elles encore à l'œuvre aujourd'hui ?
Avec Aurore Gorius Journaliste française
À l'occasion de la parution de l'ouvrage collectif Multinationales, une histoire du monde contemporain (La Découverte), la journaliste d'investigation Aurore Gorius revient sur l'ascension de ces grandes entreprises qui ont modelé notre économie et nos modes de vie, et sur les mécanismes qui leur ont permis de devenir des acteurs majeurs de la mondialisation.
Les pionnières
La première multinationale au sens moderne apparaît avec le fabricant de machines à coudre Singer, qui révolutionne le secteur textile dans les années 1850. "Grâce à des nouvelles techniques, qui rendent l'appareil beaucoup plus léger et maniable, Singer va sortir des usines et rentrer dans les appartements, raconte Aurore Gorius. Les multinationales vont ainsi accompagner l'émergence de la société de consommation, façonner notre mode de vie et parfois notre façon de penser, nos représentations."
Autre multinationale emblématique de la fin du 19ᵉ et du début du 20ᵉ siècle : l'empire de John D. Rockefeller, surnommé "le baron voleur", qui structure le marché de "l'or noir" avec sa compagnie, la Standard Oil. "Il va constituer un cartel, rassembler plusieurs raffineurs, négocier des prix avec les entreprises ferroviaires pour essayer de faire baisser le coût de transport du pétrole. Et puis il va absorber, contrôler une grande partie du marché, en quasi-monopole. Il s'impose en tuant la concurrence : soit il les étouffe, soit il les rachète, il les filialise. C'est le premier à avoir inventé la formule du trust, de la holding. Il prend des participations dans des filiales qu'il va implanter un peu partout dans le monde, et au fur et à mesure, il va énormément grossir." Le groupe Rockefeller est aussi le premier à penser son image et ses relations publiques, ajoute Aurore Gorius.
À écouter
Rockefeller, JP Morgan, Carnegie… Les pionniers
En 6 dates clés - 15 min - L'invention du marketing
En 1928, dans son livre Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie, Edward Bernays, le neveu de Sigmund Freud, pose les bases du marketing. Selon lui, les relations publiques reposent sur "la fabrication du consentement". "Il utilise la psychanalyse, il dit qu'on peut jouer sur l'inconscient des masses pour les manipuler, explique Aurore Gorius L'avantage de cette technique, c'est que ça reste invisible, donc on va jouer sur les désirs des consommateurs, les façonner, ce qui est en fait l'invention du marketing moderne."
L'influence des lobbys sur les politiques publiques
Aujourd'hui, les multinationales exercent une influence considérable sur les décisions politiques, notamment à Bruxelles. "Elles ont vraiment été associées à la construction européenne dès la création du marché commun en 1986, poursuit la journaliste. Donc, elles sont installées dans le jeu institutionnel européen. Elles agissent avec des lobbyistes chargés d'aller défendre leurs intérêts auprès des fonctionnaires de la Commission européenne, qui décident et qui fabriquent les directives, et aussi auprès des députés européens."
Face aux pouvoirs publics, le rapport de force est essentiellement financier. Que ce soit dans le secteur des hydrocarbures, des pesticides comme le glyphosate, de l'amiante ou des laboratoires pharmaceutiques, les multinationales tentent d'imposer leurs règles du jeu et de limiter les contrôles qui peuvent entraver leur activité. "Les entreprises de la chimie ou les GAFAM dépensent des millions d'euros chaque année pour influencer, souligne Aurore Gorius. Face à elles, elles ont une puissance publique qui manque d'argent… Donc, effectivement, il y a une prise de pouvoir."
- Olivier Petitjean et Ivan du Roy, Multinationales. Une histoire du monde contemporain, La Découverte, février 2025
À écouter Les multinationales qui brûlent notre planète La Terre au carré 53 min
Tr.: ... la fabrique du doute, c'est du mensonge ... PFAS ... Réformer REACH ... besoin de régulation ... /effets de l'amiante ... étouffer, échapper aux sanctions ... les ONG, les politiques ... GAFAM même mécanisme de concentration ... encadrer l'IA, renforcer nos données privées.
Les ravages de l’exploitation minière : une réalité méconnue ©Getty - bim
Quels sont les réels impacts humains, sociaux, sanitaires et environnementaux de l’activité minière ?
Contrairement aux idées reçues, les techniques d’exploitation et de traitement les plus utilisées dans les mines n’ont pas évolué depuis plus d’un siècle.
Dans un rapport d’enquête très documenté publié le 16 novembre 2021, les géologues et les ingénieurs miniers de l’association SystExt dénoncent la réalité de l’extraction minière.
Méconnue et opaque, l’industrie minière opère en toute impunité en détruisant des écosystèmes de façon irréversible et en mettant en danger des populations entières...
Face à une demande croissante en métaux dans notre société, quelles perspectives pour cette industrie prédatrice et dangereuse ?
On fait le point avec nos deux invitées, Aurore Stephant ingénieure géologue minier (Systext) et Celia Izoard journaliste et essayiste sur les questions des nouvelles technologies et de l’énergie.
Chroniques La narse de Nouvialle vue du ciel Cantal : crainte qu'une zone humide ne soit bientôt transformée en carrière La lutte enchantée 13 janv. 2022 • 5 min
La narse de Nouvialle, zone humide près de Saint-Flour dans le Cantal, abrite de la diatomite, minerai prisé des industriels qui exploitent déjà un gisement à proximité et voudraient s'installer sur 10 hectares au moins, dans la narse elle-même. 600 habitants et élus d'un collectif s'y opposent.
Clés : Environnement Sciences et Savoirs Sciences
Ndlr : aussi disponible à https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?H1_nsQ
Publié le jeudi 2 janvier 2025 (première diffusion le vendredi 27 septembre 2024)
Du "Monde selon Monsanto", au monde des microbes, il n'y a qu'un pas, l'enjeu de préserver la biodiversité et du vivant. Depuis 1989, Marie-Monique Robin a réalisé une quarantaine de films d’investigation, s'intéressant aux dictatures, au brevetage du vivant, aux solutions pour demain.
Avec Marie-Monique Robin Journaliste d'investigation, réalisatrice, écrivaine
Quelles sont les racines profondes de ses convictions et les moments-clé qui ont forgé ses engagements ou ses actions ? Quelles ont été les expériences et les influences marquantes, les sources d’inspiration et les rencontres décisives qui ont construit sa vision du monde ? L’occasion de découvrir comment son histoire personnelle résonne avec les grands enjeux de notre époque.
La journaliste Marie-Monique Robin reçoit le Prix Albert Londres en 1995 et le prix Rachel Carson en 2009. Elle est également l'auteure en 2008 du best-seller traduit en 22 langues, et du documentaire éponyme « Le monde selon Monsanto ».
Ses parents étaient des chrétiens de la JAC, un mouvement d’émancipation de la jeunesse rurale
"Mes parents se sont rencontrés dans ce cadre et j'ai toujours dit que la JAC était une énorme agence matrimoniale. Elle a très bien marché et donné beaucoup de militants de tout ordre. Mon père a créé une coopérative des CUMA ou troisième GAEC de France pour ce qui me concerne, c'est à dire un groupement agricole d'exploitation en commun. On était plusieurs familles sur la même ferme. Une vision assez communautaire"
Dans sa famille elle a toujours entendu qu'il était possible de changer le monde et a choisi le métier de journalisme pour cette raison-là. La journaliste est issue d'une famille de paysans (sur six générations) devenu exploitants agricoles. Puis en Allemagne, pendant ses études, elle est marqué par la figure de Petra Kelly, militante du mouvement de la paix qui a cofondé en 1979 le parti Vert allemand, Die Grunen.
À écouter
Toutes vos questions sur le microbiote / Grand bien vous fasse ! - 51 min
Les paysans victimes du système
Le père de Marie-Monique Robin le reconnaissait : "Les produits qu'on a mis dans les champs sur notre ferme avant qu'elle ne passe en bio, il n'était pas question de les mettre dans notre jardin potager". Mais la documentariste ne jette pas la pierre aux utilisateurs de pesticides : "Les paysans ont été véritablement embarqués dans un modèle où on leur a beaucoup menti, caché sur la toxicité des produits. Et puis ils se sont retrouvés endettés. Mon grand-père, il n'avait jamais emprunté 0,01 €. Et un jour, mon père me dit "Tu vois le premier tracteur qui est arrivé sur la ferme en 1953, ton grand-père a vendu deux vaches au marché de Parthenay." Puis on a calculé qu'il fallait 80 vaches... Ils travaillent de plus en plus, et sont très endettés. Je rappelle qu'un agriculteur se suicide tous les deux jours, donc c'est un beau désastre et ils en sont conscients. Mais c'est très difficile d'en sortir tout seul si on n'est pas accompagné."
"Vive les microbes !"
Marie Monique Robin a réalisé un documentaire sur les microbes : "Le point de départ, c'est une explosion de l'asthme, des allergies. On est passé de moins de 3 % de la population mondiale il y a 50 ans, à plus 35 %. Et l'OMS parle d'une personne sur deux. Les scientifiques ont cherché à savoir pourquoi. Ce qui a changé, c'est le contact des enfants des villes n’ont plus de contact avec les microbes de la ferme, notamment des fermes laitières, qui sont d'excellents protecteurs de ces maladies d'origine inflammatoires. Quand un enfant entre en contact avec les bactéries, les champignons… Cela enrichit son microbiote intestinal, et stimule son système immunitaire qui pour être bien éduqué, doit être confronté à plein de microbes. Grâce à cette confrontation, il fait la différence entre une molécule dangereuse et une molécule qui ne l’est pas".
À écouter
Marie-Monique Robin / L'humeur vagabonde
Après La fabrique des pandémies, Marie-Monique Robin enquête sur le rôle bienfaiteur de ces mal-aimés de la biodiversité, dont 99 % sont pourtant indispensables à la vie. Elle a réalisé « Vive les microbes ! » un documentaire sur Arte diff le Mardi 8 octobre 2024 à 20.55
« Vive les microbes. Comment les microbiomes protègent la santé planétaire » chez La Découverte. Autrice de « Ces animaux qui nous protègent » Rue de L’échiquier (livre illustré) sortie le 4 octobre.
À lire
Pourquoi il faut doper son microbiote
Tr.: ...
à 20:10 "je militerai de plus en plus"
et par rapport aux microbes / microbes et lait cru / allergies
Publié le mercredi 1 janvier 2025 (première diffusion le vendredi 11 octobre 2024)
...
Tr.: ... messages d'auditeurs : tiers-lieu l'usine végétale ...
Publié le mardi 31 décembre 2024 (première diffusion le vendredi 8 novembre 2024)
La terre au carré
A la tête de l'ONG Reclaim Finance, Lucie Pinson milite pour mettre la finance au service de la planète. Elle a remporté le prix Goldman considéré comme le "Nobel de l'environnement" en 2020.
Avec Lucie Pinson Fondatrice et directrice de l’ONG ‘Reclaim Finance’
Alors que les indicateurs du changement climatique atteignent des niveaux record, l’expansion pétrolière et gazière se poursuit, à travers des projets financés par de grandes banques notamment françaises…La finance dominante aujourd'hui demeure en effet aux antipodes des objectifs de justice sociale et climatique.
Avec son ONG Reclaim Finance Lucie Pinson œuvre à convaincre les institutions financières de cesser leurs investissements à certains projets. Et ça marche ! Grâce à sa mobilisation plusieurs groupes financiers français ont décidé de sortir du charbon. Après le charbon, elle voudrait faire sortir les banques du gaz et du pétrole... Quelle est sa stratégie ? Comment s'y prend-elle pour échanger avec les géants de la finance ? Quels sont ses prochains combats ?
Elle revient pour nous sur son parcours, ses victoires et son engagement pour la lutte climatique, un combat qu'elle ne considère jamais perdu à l'avance tant qu'on continue à se battre.
De l'Afrique du Sud aux Amis de la Terre : la naissance d'une vocation
Issue d'un milieu ancré à gauche et rétive au patronat, Lucie Pinson a toujours été prédisposée à l'engagement associatif et militant. Son expérience en Afrique du Sud, confrontée à l'injustice sociale, l'a confortée dans ses convictions. De retour en France, elle rejoint le mouvement altermondialiste et réalise un stage au sein de l'AITEC, où elle découvre l'importance des questions financières dans les problèmes de développement : "Je me rends compte que ça ne va pas du tout m'aller, que je n'ai pas envie de tomber dans le stéréotype de l'expatriée qui habite en Afrique complètement déconnectée des réalités locales et qui fait à la place des habitants."
C'est ainsi qu'elle intègre Les Amis de la Terre et se focalise sur le financement des énergies fossiles, un levier d'action sous-exploité.
À écouter
Banques et financement des énergies fossiles : est-ce que ça bouge ?
La Terre au carré - 55 min
Alpha Coal : une bataille initiatique et une victoire significative
En 2013, Lucie Pinson s'attaque au projet Alpha Coal, une mine de charbon en Australie soutenue par Société Générale. "C'est un peu ma bataille initiatique." Elle dénonce l'impact environnemental désastreux du projet et la responsabilité de la banque française. Elle revient notamment sur son combat, mené en collaboration avec l'association basque Bizi, car elle raconte : "le défi est majeur parce que le climat à ce moment-là, c'est un non-sujet. Le charbon, également."
Après un an et demi de mobilisation, Société Générale se retire du projet, une première victoire importante pour Lucie Pinson.
Toujours en recherche de victoires concrètes
En effet, l'activiste ne cesse de le répéter : "Je suis obsédée par l'efficacité. Il faut mener des batailles qui soient efficaces". Sa stratégie repose sur l'identification d'objectifs atteignables à court terme et sur une intensification progressive du rapport de force. Elle obtient des engagements de banques françaises à ne plus financer des projets charbonniers en Australie, une avancée significative dans la lutte contre le financement des énergies fossiles.
Reclaim Finance : un nouvel outil pour cibler la finance climaticide
Forte de ses succès, Lucie Pinson crée en 2020 l'ONG Reclaim Finance, qui se concentre sur les acteurs de la finance, "l'angle mort de la lutte pour contre le réchauffement climatique". Son action lui vaut de remporter le prix Goldman pour l'environnement en 2020, reconnaissant son engagement sans faille et ses victoires face aux puissances financières qui alimentent la crise climatique.
Car "Nous pouvons gagner la guerre climatique", assure Lucie Pinson.
► En apprendre plus sur son parcours et ses convictions, ainsi que son approche déterminée de la lutte contre le réchauffement climatique, en écoutant l'intégralité de son intervention au micro de Mathieu Vidard.
À lire
Les banques françaises en première ligne du financement des nouveaux projets fossiles, dénoncent des ONG
Chroniques Le bateau IMOCA DeVenir de Violette Dorange, à quelques heures du départ pour le Vendée Globe