15 juillet 2025 - Catégories Fédération de Russie
La guerre de Poutine découle des contradictions fondamentales du capitalisme russe — pas de l’expansion de l’OTAN ou du conflit civilisationnel. La stagnation économique de la Russie depuis 2008, le déclin démographique et l’inégalité extrême ont créé une « crise organique » qui ne pouvait être résolue que par l’agression externe. Loin d’être économiquement ruineuse, la guerre a en fait revitalisé le capitalisme russe en créant de nouveaux marchés pour la violence tout en consolidant le pouvoir oligarchique.
Cette perspective matérialiste remet en question les hypothèses occidentales sur l’efficacité des sanctions et offre des perspectives sobres sur pourquoi le conflit ne se terminera pas avec l’Ukraine. [AN]
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Le niveau d’inégalité est incomparable à tout ce que nous pouvons trouver dans d’autres grandes économies. Selon les estimations de Credit Suisse, un pour cent des plus riches en Russie possèdent 59 pour cent de toute la richesse domestique (aux États-Unis c’est 35 pour cent), et cela ignore le niveau extraordinairement élevé de richesse stockée dans des comptes offshore à l’étranger. Donc si nous essayons d’expliquer pourquoi l’invasion s’est produite quand elle l’a fait, nous devrions bien regarder cette crise organique du bloc dirigeant. Nous voyons ici un problème d’accumulation de capital, de reproduction de la main-d’œuvre, et un gouffre fondamental entre un pour cent et le reste de la population.
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Selon Novokmet, Piketty, et Zucman [économistes qui étudient l’inégalité], le niveau actuel d’inégalité ne peut être comparé qu’au niveau d’inégalité dans l’Empire russe juste avant la Révolution d’octobre 1917. Comment expliquez-vous à votre population qu’elle est si pauvre malgré le fait de vivre dans un pays incroyablement riche en ressources ? À travers la mythologie sur la grandeur de l’empire russe et du monde russe. Mais pas seulement cela. Le monde russe est sous menace. Si vous ne vous mobilisez pas maintenant pour le protéger, ses ennemis le détruiront. Peu importe que votre vie ait déjà été détruite par les gens qui vous gouvernent. Ce qui est important, c’est que d’autres viennent prétendument détruire même le peu qui reste.
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chauvinisme ... il y a eu beaucoup de protestations, et pas seulement des protestations par des politiciens de l’opposition libérale, mais aussi des groupes de personnes qui sont conventionnellement comprises comme le cœur du soutien pour le président russe. ... le bloc dirigeant a perdu la capacité de mobiliser la population basée sur une motivation positive. ... La situation ne s’est retournée qu’après que le régime soit passé à la mobilisation économique en étendant le modèle de recrutement des compagnies militaires privées [comme le Groupe Wagner]. Il a transformé les inégalités sociales et la pauvreté généralisée en un avantage en construisant une armée de soldats mercenaires.
La guerre comme solution économique
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le système luttait pour se reproduire ... essayer d’exporter le conflit de classe interne à l’étranger sous la forme d’une invasion de l’Ukraine ... ce n’était pas une décision optimale pour la Russie. Le scénario optimal pour eux aurait été que l’Ukraine rejoigne volontairement le bloc d’intégration. Cela ne s’est pas produit. Donc est venu le plan numéro deux.
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Prendre la Crimée, mais laisser le Donbass tranquille ... L’explication matérialiste historique suggérerait que le but du plan numéro deux était d’intégrer l’Ukraine dans le bloc économique à travers un Donbass réintégré. Cependant, cela ne s’est pas produit parce que les accords de Minsk [accords de paix de 2014-2015 tentant de mettre fin au conflit dans l’est de l’Ukraine], qui étaient la forme légale-institutionnelle du plan numéro deux, n’ont jamais été intégrés. Il y a eu une résistance généralisée aux accords de Minsk en Ukraine, ce qui souligne la dimension externe de la crise de légitimité de la Russie.
Alors quel était le plan numéro trois ?
Conquérir Kiev en trois jours. ... ce plan a aussi échoué. Le plan numéro quatre était donc une guerre d’usure
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Comment l’effort de guerre peut-il aider les économies en déclin ?
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La sphère politique et la sphère économique ont des intérêts intégraux. Donc la guerre est supposée fournir un espace pour l’expansion capitaliste, pour l’appropriation de la force de travail, pour renforcer le grand chauvinisme russe comme force légitimante.
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La guerre a relancé l’économie russe d’une manière similaire aux années 1990. Il y a eu une ré-allocation extensive des capacités de production. Le géographe britannique et théoricien social David Harvey appelle cela l’accumulation par dépossession. Beaucoup d’actifs de production sont passés des mains d’investisseurs étrangers aux capitalistes russes. La guerre était avantageuse pour beaucoup de secteurs de l’économie, et surtout pour le grand capital, qui s’est approprié divers actifs à des rabais énormes. De plus, une grande quantité d’actifs qui étaient précédemment stockés à l’étranger sont retournés en Russie. Le secteur bancaire se portait simplement bien, ce qui a revivifié l’économie russe et elle a grandi.
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Des incitations économiques significatives sont apparues pour retirer le capital de retour en Russie. Il était possible d’acquérir des propriétés à rabais qui ont apprécié significativement, ou il était aussi possible de garer de l’argent en Russie et gagner plus de vingt pour cent de taux d’intérêt si vous les déposiez dans une banque russe. C’est un assez bon marché…
Les profits du secteur bancaire russe sont énormes. Ces fonds privés sont par la suite investis dans la violence. Les prêts bancaires fournis aux entreprises impliquées dans la production d’outils et d’équipements conçus pour tuer sont énormes.
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La guerre est un grand bénéfice pour le grand capital. Et la guerre apporte aussi une grande portée pour la coopération entre les secteurs public et privé. Il y a beaucoup d’investissements étatiques, à la fois dans les secteurs produisant la violence et dans la création d’outils pour exercer la violence. La violence devient le moteur du développement capitaliste. On pourrait dire que la violence a déjà remplacé le pétrole et le gaz comme l’article d’exportation principal de l’économie russe.
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il semble que la Russie devient une économie de guerre
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Le keynésianisme suppose que dans l’économie vous redistribuez les ressources du côté de l’offre au côté de la demande. Vous voulez augmenter la demande, et vous augmentez la demande en menant des politiques d’emploi de masse où les travailleurs peuvent conduire la demande à travers une consommation accrue. Dans le keynésianisme, vous voulez créer de grands projets impliquant beaucoup de personnes. La guerre apparaît similaire à première vue. Elle apporte des salaires plus élevés qui sont sans précédent par les standards régionaux en Russie. Cela pourrait être considéré comme un grand projet keynésien où vous stimulez la demande. Mais je dirais que l’emploi élevé et les salaires croissants sont un effet secondaire. La guerre est encore largement un phénomène du côté de l’offre.
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La guerre ne suit pas la logique du keynésianisme militaire mais est encore en accord avec la logique néolibérale
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Impact sur les Russes ordinaires
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En partie dû aux salaires augmentés pour ceux impliqués dans la production d’équipement militaire et de munitions. Mais il y a aussi une inflation énorme
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les taux d’intérêt élevés sont bons pour ceux qui ont déjà de l’argent ... les prêts sont vraiment très chers ... 20 pour cent
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L’efficacité des sanctions
... fonctionnent, mais elles n’apportent pas le résultat désiré ... forcer la Russie à mettre fin à la guerre ... elles ont un impact énorme. Les exportateurs russes ont partiellement réussi à s’adapter aux sanctions dans le domaine des exportations d’énergie. Il y a eu beaucoup de discussions sur la flotte fantôme transportant du pétrole russe autour du monde. Le système capitaliste est complexe et plein de contradictions. Celles-ci créent des obstacles pour le capital russe, mais d’autres aspects, elles créent des opportunités. Les fabricants allemands, par exemple, ne produisent plus de voitures en Russie, mais quand vous regardez les exportations de voitures allemandes vers des endroits comme le Kirghizistan, c’est en hausse. ... les sanctions à de nombreux égards poussent l’inflation vers le haut, mais en même temps ne causent pas l’effondrement de l’économie russe.
Y aurait-il des sanctions internationales qui pourraient avoir un effet plus grand que celles appliquées récemment ?
... elles affectent définitivement aussi des groupes de personnes en Russie qui essaient de s’opposer à la guerre. Mais j’aimerais souligner que la logique des sanctions est étroitement liée à la vision du monde que nous avons sur la guerre
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Si quelqu’un suivait l’explication matérialiste historique de la guerre, peut-être que d’autres idées pour les sanctions émergeraient. Si vous êtes conscient du problème de reproduction de la force de travail en Russie, quel effet cela aurait-il, par exemple, si nous créions des opportunités pour la force de travail russe de quitter la Russie ? En ce moment, la Russie n’a aucune restriction sur les voyages à l’étranger. En fait, elle soutient plutôt le départ des personnes d’opposition du pays.
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Certaines des zones offshore préférées comme Chypre, le Luxembourg, les Pays-Bas sont d’ailleurs localisées directement dans l’UE. Et si nous abolissions le régime offshore mondial ? Non seulement nous compliquerions les investissements du capital russe dans le marché de la violence, mais nous créerions aussi des conditions pour des systèmes fiscaux plus justes dans le monde entier et soutiendrions le développement économique sur les périphéries
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Y a-t-il un moyen de sortir de la guerre pour la direction russe ?
... La guerre lui a donné un nouvel élan énorme, et il sera très difficile de la remettre à un régime de développement pacifique. Nous avons environ 700 000 soldats actuellement mobilisés dans l’effort de guerre. La plupart d’entre eux se sont enrôlés à cause de l’offre de salaires plus élevés.
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Considérez-vous cette dynamique comme une menace pour l’Europe ?
J’en ai peur. Il y a bien sûr des différences, et je ne réduirais pas « l’Europe » à « l’Union européenne » ici. La Russie représente une plus grande menace pour des pays comme la Biélorussie, le Kazakhstan, et la Géorgie que pour la Lituanie ou la Finlande
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Ivan Bakalov travaille comme chercheur à l’Université technique de Dresde. Il a aussi travaillé professionnellement dans des universités à Leyde, Vienne, Marbourg, et Sofia. Il est né en Bulgarie et est membre de la maison d’édition bulgare dVERSIA.
Jan Bělíček est un critique littéraire et journaliste. Depuis la fin de 2019, il est rédacteur en chef d’Alarm.cz, qu’il a co-fondé en 2013. Il écrit sur la littérature, la culture, mais aussi la politique et la société. Avec Pavel Šplíchal, il modère le podcast Kolaps et ensemble avec Eva Klíčová crée le podcast littéraire TL ;DR.
https://denikalarm.cz/2025/06/rusko-uvazlo-ve-slepe-ulicce-ekonomickeho-vyvoje-proto-zautocilo-na-ukrajinu-tvrdi-politolog-bakalov
Traduit pour ESSF par Adam Novak
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article75414
Les petits matins
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Catalogue
Accueil Collections Essais Démasculiniser la justice
Date de parution : 07/05/2025
Collection : Essais
Thèmes : Société, Féminisme, Justice, Les incontournables
Genre : Essai
Nombre de pages : 320
Autrice : Magali Lafourcade
Une magistrate analyse les mécanismes qui, derrière l’apparente neutralité du droit, conduisent l’institution judiciaire, pourtant largement féminisée, à perpétuer les inégalités de genre et à préserver l’impunité des auteurs de violences sexuelles comme des discriminations.
Description
Pourquoi, tant d’années après le déclenchement du mouvement #MeToo, les violences sexuelles demeurent-elles si souvent impunies ? Pourquoi les discriminations de genre perdurent-elles en dépit des dispositifs de parité ? Pourquoi le divorce appauvrit-il autant les femmes ? Par quelle mécanique les filles se trouvent-elles lésées au profit de leurs frères au moment de l’héritage ?
Alors même que la profession de magistrat est aujourd’hui très féminisée, nombre de processus judiciaires restent défavorables aux femmes. La justice peine à s'affranchir de stéréotypes de genre tenaces, et reste trop souvent une affaire d'hommes.
Magali Lafourcade, magistrate engagée, propose dans cet ouvrage stimulant un changement d'approche en faveur d'une justice plus féministe, plus réaliste, davantage tournée vers l'égalité réelle. Elle livre aussi un témoignage personnel de son expérience des prétoires. Une réflexion salutaire, à l’heure où la question des droits des femmes et des enfants – procès de Mazan, affaire Bétharram, débats sur l’inscription du consentement dans la loi sur le viol – percute plus que jamais l'institution judiciaire.
La presse en parle
Libération
Magali Lafourcade, magistrate : « Être féministe, cela fait partie des devoirs du magistrat. » - 21.05.25
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Bien que des progrès importants aient été réalisés dans de nombreux domaines, nos sociétés demeurent en proie à la discrimination, au racisme et aux inégalités. Aucun des défis complexes et multiformes de notre époque ne peut être relevé efficacement sans inclusion. Tel est le message retentissant du Programme à l’horizon 2030 et de son engagement à « ne laisser personne pour compte ».
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Dans ce nouveau contexte globalisé et turbulent, il y a un message central à promouvoir : la paix n’est pas synonyme d’absence de guerre mais signifie vivre ensemble dans nos différences de sexe, de race, de langue, de religion et de culture tout en promouvant le respect universel de la justice et les droits humains, deux principes sur lesquelles se fondent cette coexistence. Vivre en paix est le résultat des choix que nous faisons dans toutes les situations que nous confrontons, c’est la décision que nous prenons dans notre vie quotidienne de nous engager dans un dialogue sincère avec d’autres personnes et d’autres communautés.
Inégalités - 14 février 2022 à 20h26 / Faïza Zerouala
Un nouveau rapport de la Drees, paru le 11 février, établit qu’un tiers des foyers éligibles ne demandent pas à percevoir le revenu de solidarité active (RSA) chaque trimestre. Les chiffres sont inédits et il est ainsi établi que l’État économise 3 milliards d’euros chaque année.
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Connue / https://mastodon.top/@LoboTom@mastodon.social/113651921950939139
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Lopez φ a partagé
19 h
LoboTom@mastodon.social Lopezthe@mamot.fr Thomas Bourgenot @LoboTom@mastodon.social
L'autre jour, je vous faisais part de mon regret qu'on parlait pas assez (à mes yeux) des injonctions à la beauté faites aux femmes.
Je suis heureux que Tiffany Cooper et Lucile Quillet me fassent mentir, et mettent un mot dessus : "la charge esthétique".
Les copines, vous allez pas apprendre grand-chose.
Mais les copains, je vous encourage à prendre une heure de votre précieux temps.
PeerTube
COUPLE : POURQUOI LES FEMMES SONT LES GRANDES PERDANTES
Par blast, le souffle de l’info
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Clément Sénéchal (à droite), au Climat Libé Tour de Marseille, ce samedi. (Patrick Gherdoussi/Libération)
publié le 19 octobre 2024 à 19h09 par Maud Mathias
Auteur d’un essai fustigeant notamment l’écologie du spectacle, le spécialiste des questions climatiques Clément Sénéchal revient sur l’urgence de retravailler la question écologique à partir des inégalités réelles.
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Responsable pendant plusieurs années du plaidoyer chez GreenPeace France, Clément Sénéchal, expert des enjeux climatiques, milite pour une écologie révolutionnaire qui tranche radicalement avec celle «du spectacle» dans laquelle s’embourbent les ONG depuis des années. Auteur de l’essai Pourquoi l’écologie perd toujours (Seuil, octobre 2024), il décrypte les causes politiques qui conduisent systématiquement l’écologie dominante à l’échec. Présent au Climat Libé Tour à Marseille pour débattre de la question «La justice peut-elle sauver la nature ?», il revient sur la nécessité d’une écologie populaire, les inégalités subies par les populations vulnérables face à la catastrophe climatique et la passivité complaisante des «professionnels de l’écologie».
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Il faut une écologie de la lutte des classes et que la bourgeoisie sensibilisée accepte de se mettre au service des classes populaires. L’écologie doit devenir antifasciste, parce que l’un des principaux freins à la transformation sociale, c’est la fragmentation des classes populaires par le racisme. Or il y a toute une écologie bourgeoise qui fait basculer des parties entières des classes populaires vers l’extrême droite, parce qu’elles se sentent victimes d’une forme de violence symbolique de l’écologie officielle. Il faut ensuite consolider les alliances de classe possibles pour massifier le mouvement de contestation contre l’ordre établi.
Avec :
- Robin Rivaton, économiste, membre du conseil scientifique de la Fondapol
- Sandra Hoibian, directrice générale du CRÉDOC
- Henri Buzy-Cazaux, présidente fondateur de l'Institut du Management des Services immobilisers
- Corinne Jolly, Présidente de PAP - Particulier à Particulier
57% de propriétaires, ce taux n'a pas changé ... sentiment de déclassement, manque de fludité, manque de mobilité résidentielle, précarisation ... plan de 1 milliard d'€ pour l'habitat intermédiaire pour les classes moyennes ... mobil-home ... secteur victime d'injonctions contradictoires ... inventer de nouvelles solutions que les taux ... 6000 normes (avant 4000) ... recours, attitude des maires ... contrainte environnementales ... 150 000 logements en moins ... dégradation des conditions de logements en vue comme en Grande-Bretagne ... changement du rapport au travail pour meilleure qualité de vie, baisse d'attractivité de l'ile-de-France ... au profit des villes moyennes proches de la mer ... 3,6 millions de résidences secondaires en augmentation ... 3 millions de logements en ruine ... le niveau des impayés n'est que de 2%. Les relations propriétaire-locataire se passent bien ... déconcentrer ... l'Oise 2ème plus fort taux de chômage de France ... les naissances dans les zones urbaines ... développer les réseaux de transport ... clé des inégalités 50% des fr possèdent 95% du patrimoine, 2 fois plus élevé que les revenus ... le DPE de la loi ... et résilience ... changement de mode de calcul ... les diagnostics ne sont pas fiables ... en refaire un ... revoir formation et certification ...
À l’air libre Vidéo
C’est une bombe sociale et politique : l’inflation, l’accroissement des inégalités et la disparition des services publics minent la France. Quel état des lieux ? Quelles réponses politiques y apporter ? C’est dans « À l’air libre », l’émission en accès libre de Mediapart.
Chaque jour, des chiffres et des rapports racontent l’ampleur d’un malaise social qui prospère.
Il y a les produits alimentaires dont le prix a grimpé, + 20 % en deux ans selon Foodwatch et même + 25 % selon l’UFC-Que Choisir, qui suit cette évolution dans 6 000 supermarchés de France.
Il y a les banques alimentaires à cours de moyens, renflouées par les grandes fortunes comme Bernard Arnault, patron de LVMH, dont la richesse, selon l’ONG Oxfam, équivaut à celle de 20 millions de Français et de Françaises.
Il y a aussi cette étude du Secours populaire, selon laquelle 50 % des Français·es ne mettent rien de côté et une personne sur cinq vit à découvert.
Quant aux services publics, ils sont de moins en moins en mesure de remplir leur mission de réduction des inégalités.
Ce cocktail politique explosif, à l’orée d’une nouvelle année électorale, le Rassemblement national entend en profiter, tandis que les gauches peinent à faire entendre leurs réponses.
Nos invité·es :
- Romaric Godin, journaliste économique à Mediapart ;
- Alma Dufour, députée La France insoumise de Seine-Maritime ;
- Claire Lemercier, historienne et directrice de recherche au CNRS, coautrice de La Valeur du service public (éd. La Découverte, 2021).
Retrouvez toutes nos émissions en accès libre.
Tr.: ... baisse de salaire réel de 3,5%, perte de niveau de vie, pas de rattrapage ...
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Au-delà de ses racines archaïques, la domination patriarcale s'est progressivement sédimentée à travers des institutions historiques spécifiques. Ainsi, les processus de domestication, l'émergence de la propriété privée et des premières organisations étatiques, l'imposition d'un modèle familial patriarcal, sont venus renforcés la différenciation sexuée et l'oppression féminine.
« Au meilleur de ses capacités, l’histoire est à mon avis la discipline la plus subversive parce qu’elle nous révèle comment les choses que nous tenons pour évidentes sont réellement advenues » James C. Scott
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Sédentarisation, révolution agricole et accentuation de l’exploitation
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Avec la sédentarisation, « c’est l’ensemble du vivant qui se trouve domestiqué : paysages, animaux, plantes, mais aussi êtres humains, dont l’organisation socio-économique apparaît de plus en plus genrée » (Christelle Taraud)
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Emergence de la propriété, des inégalités statutaires et d’un ordre idéologique patriarcal
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Une organisation familiale patriarcale
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« Parce qu’il voulait, le pater - patriarcat oblige-, que son patrimoine soit transmis à son fils, plutôt qu’au fils du voisin, ou du facteur ou du plombier…Cette obsession patrimoniale l’a conduit à contrôler, de fond en comble et surtout de « con en fomble », comme disait Boris Vian, l’accès au sexe de leur femme….Le pater a si bien assumé ce rôle qu’il est devenu…le roi des cons » (Dany-Robert Dufour)
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Émergence de l’État et domestication patriarcale
"Distinguons donc deux modes de relations, que nous appellerons, faute de mieux, la relation de sujet à objet et celle de sujet à sujet. Il s'agit de deux grandes familles d'attitudes que nous sommes capables d'adopter vis-à-vis de l'autre, quel qu'il soit, et qui mobilisent des facultés cognitives distinctes. Dans le premier mode de relation, lorsque l'autre se voit attribuer un statut d'objet, sa valeur à nos yeux ne dépend que des services qu'il peut nous rendre. Nous le faisons entrer dans un calcul utilitaire de type coût/bénéfice dont le résultat détermine notre attitude à son égard. Dans les relations de sujet à sujet, au contraire, l'autre dispose d'une valeur intrinsèque, indépendant de nos intérêts. Nous lui reconnaissons une forme d'intériorité et nous tenons spontanément compte de son point de vue, de son tempérament et de ses motivation" Alessandro Pignocchi, "Mythopoïèse"
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« en Mésopotamie, au troisième millénaire avant notre ère, un idéogramme signifiant « esclave » combinait le signe de la « montagne » avec le signe de la « femme », en référence aux femmes capturées lors d’incursions militaire dans les hautes terres ou peut-être troquées par des trafiquants d’esclaves en échange de biens marchands ».
« A Uruk, la seule institution esclavagiste importante et documentée semble avoir été les ateliers textiles supervisés par l’État, qui employaient jusqu’à neuf mille femmes (…) Les rangs de la main-d’œuvre textile étaient essentiellement peuplés de femmes et de jeunes gens capturés en temps de guerre, ainsi que des épouses et des enfants de sujets endettés ».
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le patriarcat serait une des conditions nécessaires à la création des bureaucraties étatiques, à travers un processus conduisant de sociétés relativement égalitaires à des organisations sociales complexes, au sein desquelles règnent la violence organisée, les inégalités de classe, la domination masculine instituée, etc., - le tout enrubanné dans un récit justifiant cet état de fait, de nature à la fois juridique, politique et théologique. Au final, l’évolution de la reproduction communautaire et des structures de production s’accompagne d’une coercition masculine qui devient collective, intégrée dans des corpus discursifs et idéologiques, ou des injonctions sociales instituées, au-delà de toute implication biologique, physiologique, éthologique ou cognitive.
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du côté de la sphère publique, les femmes se voient réduites à l’état de biens consommables et de marchandises : « l’échange de femmes entre des groupes voisins a longtemps fait partie des négociations politiques dans les sociétés patriarcales ».
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Institution de l’inégalité et de la domination
... cette matrice patriarcale primaire ayant permis l’extension tragique de la coercition féminine et l’instauration de gradients d’humanité est sans doute le ferment de toutes les formes ultérieures de domination, d’asservissement, d’exploitation, etc. Dès lors, comment ne pas souscrire à ces questionnements formulés par David Graeber et David Wengrow : « pourquoi Homo Sapiens a-t-il laissé s'installer des systèmes inégalitaires rigides et permanents après avoir monté et démonté des structures hiérarchiques pendant des millénaires ? » « Comment avons-nous pu renoncer à une si grande part de la souplesse et de la liberté qui semblaient caractériser nos premières sociétés pour finir englués dans des relations de domination et de subordination permanentes ? ».
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la sphère du soin s’est sans doute trouvée pervertie et détournée pour devenir un fondement de la coercition
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La marchandisation de l’humain permet un passage de la domination, ou de l’oppression, à l’exploitation
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Si la méritocratie est prônée en France, le milieu social d’origine reste un marqueur déterminant. Les inégalités et l’immobilisme social viennent à l’encontre de cet idéal. En salles ce mercredi, le film « La Voie royale » détaille le combat de Sophie, élève brillante, pour sortir de sa condition.
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5% des enfants d’employés et d’ouvriers déclarent détenir un diplôme d’une grande école contre 16% des enfants de cadres, de professions intermédiaires ou d’indépendants.
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Avec nous pour en parler
- François Dubet, sociologue émérite spécialisé sur les questions de l’école et des institutions
- Amélie Kanagasabai, responsable étude stratégique
- Anthony Babkine, entrepreneur social et co-fondateur de Diversidays
france-5 Interviews 1 h 6 min Français tous publics Vidéo sous-titré
Disponible jusqu'au 22/07/23
Coup de projecteur sur le sommet inédit qui s’est ouvert ce matin à Paris pour créer un nouveau pacte financier mondial... Un nom un peu barbare mais un objectif très ambitieux : changer les règles du jeu pour donner aux pays du Sud les moyens de faire face à la fois à la pauvreté et aux conséquences du dérèglement climatique… Alors sommes-nous vraiment à la veille d’un tournant, voire d’une révolution dans les rapports Nord-Sud ? Ou est-ce un “sommet d’hypocrisie” comme le dénoncent certains ?
- Thomas Friang, Fondateur & Directeur général de l’Institut Open Diplomacy
- Lova Rinel, Chercheure associée à la Fondation pour la recherche stratégique
- Cécile Duflot, Directrice générale d'Oxfam France, ancienne ministre de l'Égalité des territoires et du Logement (2012-2014)
- Justin Vaïsse, Fondateur et directeur général du Forum de Paris sur la Paix, historien, ancien conseiller du Quai d’Orsay
- Najat Vallaud-Belkacem, Directrice France de l’ONG ONE, ancienne ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche
- Zyad Limam, Directeur et rédacteur en chef d’Afrique Magazine
Présenté par : Karim Rissouli, Laure Adler, Camille Diao
Maison de production : France Télévisions / Together Media
Tr.: ... CD : mettre en place un processus de financement pour changer les règles car sinon, on ne sera pas à la hauteur des enjeux ... Mia Mottley "vous allez nous entendre' [Premier ministre de La Barbade] ... NVB : quand on laisse le marché faire c'est juste insupportable ... CD: REVOIR LES règles de discussion ... se traduire dans les actes concrets .... NORD, SUD, dans le même bateau. L'approche a changé d'égal à égal ... Sommet point de départ, moment historique ... penser une trajectoire de développement décarboné ... presque "un état = une voix" ... NVB: ONE, santé mondiale ...
575 091 signatures au 26/4/23
Aux dirigeants et ministres des Finances du G20: En tant que citoyens du monde préoccupés par l'explosion des inégalités, nous vous demandons de taxer la fortune des ultra-riches dès maintenant. Une telle taxe permettrait de collecter des milliers de milliards de dollars par an ce qui suffirait pour faire face aux crises sociales et environnementales les plus urgentes sur la planète. Il est temps que les ultra-riches paient ce qu'ils doivent.
Connu / https://wegreen.fr/post/196989
L’éco à contre-courant Entretien
Gabriel Zucman : « Une très forte demande de justice fiscale s’exprime dans les rues »
Professeur à l’École d’économie de Paris, Gabriel Zucman explique les ressorts de la sous-taxation des grandes fortunes en France, et donne des pistes pour corriger les inégalités qui en découlent.
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Connu / https://twitter.com/Kreis_circle/status/1643930121022103552
L'inflation n'est pas la même partout en France... et le niveau des prix non plus. Alors votre département est ...
Connu / TG le 31/03/23 à 10:00
Le 6 mars 2020
En amont de la Journée internationale des droits des femmes, Greenpeace France relaie l'appel de Jennifer Morgan, directrice générale de Greenpeace International, et soutient toutes les femmes qui, en France et partout ailleurs, sont victimes de discriminations et de violences, luttent au quotidien pour l'environnement ou pour leurs droits (causes intimement liées) et ont le courage d’élever la voix pour dénoncer injustices et inégalités.
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Les femmes [2] ne sont pas les seules à être affectées et piégées par le problème du patriarcat : les filles et les personnes non binaires, mais aussi de nombreux hommes et garçons, le sont également.
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j’appelle les hommes à ne pas se contenter d’être féministes et de célébrer les femmes.
Pour commencer, nous avons besoin que les hommes dénoncent le patriarcat, la misogynie, et qu’ils militent activement contre le climatoscepticisme, pour le bien de tous et toutes. C’est seulement à cette condition que nous pourrons commencer à nous rapprocher des objectifs d’égalité de cette Journée internationale.
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nous avons mis en place des mesures contre le harcèlement, les préjugés inconscients et pour promouvoir la parité dans les organes de direction et de gouvernance.
Nous appliquons la tolérance zéro pour le harcèlement sexuel, verbal, moral ou physique, ainsi que pour toutes les discriminations fondées sur le genre, l’origine ou la couleur de peau, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, le handicap, la confession ou n’importe quel trait de nos personnalités.
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nous montrent déjà l’exemple, comme Autumn Peltier et Brianna Fruean, matriarches du peuple autochtone canadien Wet’suwet’en en lutte contre le gazoduc Coastal GasLink, ou Vanessa Nakata et Winona LaDuke, pour ne citer qu’elles.
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[1] Ndt : Par hommes, nous désignons dans ce texte les hommes cis, soit les personnes de sexe masculin se considérant comme tel. Le cisgenre est un type d’identité de genre où le genre ressenti d’une personne correspond à son sexe biologique, assigné à sa naissance (terme original en anglais : « cis men »).
[2] Ndt : Par femmes, nous désignons dans ce texte les femmes cis, trans et personnes non binaires (terme original en anglais : “wxmen”).
La France et l’Europe dans son ensemble sont aujourd’hui au cœur d’une crise énergétique mondiale majeure. Le conflit ukrainien mais aussi plusieurs décennies d’inaction face à la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et la surconsommation rendent la situation particulièrement tendue. Au-delà des risques de coupures ou de pénuries, le continent européen est aujourd’hui confronté à des défis sociaux, économiques, géopolitiques et environnementaux immenses. Les réponses qui y seront apportées auront un impact très concret sur notre quotidien et notre avenir. Voici plusieurs pistes pour y faire face, de toute urgence.
1 - Économiser l’énergie dans les bâtiments et l’industrie
2 - Économiser l’énergie dans les transports
3 - Aider les ménages vulnérables à mieux se loger, se nourrir et se chauffer
4 -Taxer les pollueurs et cesser de financer la guerre
Clés : #Changement climatique #Climat #Conflits sociaux #Dividendes climaticides #Energies fossiles #inégalités #ISF climatique #Justice sociale #Paix #Plus jamais ça #Sobriété #Sobriété énergétique #Superprofits
Connu / TG le 04/02/23 à 11:07
Le concept de France Périphérique permet aux classes dominantes de s'effacer derrière une lecture spatiale des inégalités et domination.
Connu / TG 11/09/22 À 17:32
Le vrai du faux Antoine Krempf, Joanna Yakin, Emilie Gautreau, Thomas Pontillon et Gérald Roux Du lundi au vendredi à 6h11, 7h34, 9h35, 11h36 et 22h32
Alors qu'Emmanuel Macron appelle les Français à un effort collectif pour plus de sobriété énergétique, Adrien Quatennens dénonce une autre forme d'injustice sociale. D'après le député LFI, les plus favorisés consomment beaucoup plus que les plus démunis et sont davantage responsables des émissions de gaz à effet de serre. A l'échelle mondiale, plusieurs études le confirment.
Radio France Temps de lecture : 1 min.
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En 2019, le Laboratoire des inégalités mondiales https://wid.world/news-article/climate-change-the-global-inequality-of-carbon-emissions/ a mis en évidence que les plus riches avaient émis 110 tonnes de CO2 en moyenne par an et par habitant, contre 1,6 tonne par an et par habitant chez les 50% les plus pauvres.
GFLC et Nicolas Voisin ont aimé @attac_fr · 3h
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CENTRE HUBERTINE AUCLERT ( 9 ) Centre francilien pour l'égalité femmes-hommes Les inégalités entre femmes et hommes, existantes dans tous les types de territoires, sont accentuées dans les zones rurales à cause de freins spécifiques. C'est notamment le cas des conditions d'emploi des Franciliennes qui vivent dans la ruralité.
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