Des hommes portent des sacs de farine, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 juillet 2025 ©AFP
Hier, l’ONU a accusé Israël d’avoir tué plus de 1000 personnes venant chercher de l’aide humanitaire à Gaza en deux mois.
Gaza est devenu un territoire où la guerre se mène aussi par la privation. Plus de deux millions de civils y vivent sans électricité, sans accès régulier à l’eau potable, et avec moins de 10 % du volume humanitaire nécessaire pour survivre, selon l’ONU. La famine fait rage. Les hôpitaux, ciblés ou débordés, s’effondrent. Les ONG, entravées par les deux camps, sont à bout.
En plus des frappes, le gouvernement israélien verrouille tout avec un blocus renforcé, soumettant chaque convoi humanitaire à une série de contrôles qui transforment l’urgence en labyrinthe bureaucratique, et la survie en négociation. Le Hamas, de son côté, oriente la distribution de l’aide à des fins politiques. Cette double emprise transforme l’action humanitaire en instrument de guerre. L’aide devient un levier de pression ; son absence, une stratégie.
Le droit humanitaire mis à mal depuis 2008
Sommes-nous en train d’assister à un tournant ? Ce n’est pas nouveau à Gaza. Depuis 2008, les conflits successifs ont mis à mal le droit humanitaire. Mais cet été marque une rupture. Les Nations unies, l’Organisation mondiale de la Santé, le Comité international de la Croix-Rouge ou encore Médecins sans frontières ne parlent plus seulement de difficultés, mais d’obstruction systématique. Et ce glissement n’est pas cantonné à l’enclave palestinienne.
De l’Éthiopie au Yémen, de l’Ukraine à la Syrie, l’aide humanitaire est de plus en plus soumise à des logiques de guerre. Même les principes du droit humanitaire – la neutralité, l’impartialité, l’accès inconditionnel – semblent remis en cause. Les ONG sont perçues comme suspectes, les journalistes comme indésirables.
À Gaza, la presse internationale est bannie. Lundi, des journalistes de l’AFP ont publié une lettre pour alerter sur la situation de leurs collègues privés, entre autres, d’eau et de nourriture. Cette alerte, lancée après la mort de plus de 200 journalistes depuis octobre, montre que l’information, elle aussi, est devenue un champ de bataille. Ces évolutions traduisent une tendance lourde : la guerre ne se limite plus aux combats sur le terrain, elle s’exerce aussi dans la gestion ou le blocage de l’aide, et transforme la misère en arme.
Inaction générale
Comment réagissent les grandes puissances ? Leurs réactions sont révélatrices. Hier, la France a appelé à un “cessez-le-feu immédiat” à Gaza, et exigé – je cite – un « accès de la presse pour montrer ce qu’il s’y passe ». Mais son alignement diplomatique avec Israël limite sa capacité d’action. L’Union européenne en appelle au droit international, mais reste sans leviers. Les États-Unis, alliés d’Israël, déplorent la situation humanitaire tout en continuant leurs livraisons d’armes. L’ONU, paralysée par les divisions du Conseil de sécurité, assiste impuissante à l’érosion de ses propres principes fondateurs. Et dans cette inaction générale, les acteurs humanitaires doivent naviguer entre menaces armées, sanctions financières et surveillance numérique. À Gaza comme ailleurs, ils deviennent les prisonniers d’un monde où la souffrance des civils n’est plus un scandale absolu, mais un outil.
L’interrogation est donc majeure : sommes-nous en train d’assister à une bascule historique où le droit humanitaire, formalisé au 20e siècle pour limiter les souffrances en temps de guerre, devient dépassé ? En tout cas, dans les ruines de Rafah, dans les hôpitaux sans morphine, dans les appels à l’aide restés sans réponse, c’est une certaine idée de la guerre – et de l’humanité – qui vacille. Gaza n’est plus seulement une tragédie. C’est une ignominie. Celle d’un monde où l’on tue en silence, en coupant l’eau, l’aide, l’image. Et où sauver des vies devient plus que jamais un acte de résistance morale et politique.
À écouter
Israël et le droit international : jusqu'où le pays peut-il aller et avec quels soutiens ?
France Culture va plus loin le samedi
40 min
Clés : Monde Info Géopolitique Bande de Gaza Conflit israélo-palestinien Hamas Benyamin Nétanyahou
Entretien — Idées - Mis à jour le 16 juillet 2025 à 09h00 - Durée de lecture : 7 minutes
Photo Anna Tsing, anthropologue étasunienne, professeure à l'université de Californie, à Santa Cruz. - © Cha Gonzalez / Reporterre
L’ouvrage « Notre nouvelle nature » propose un guide pour comprendre, à l’échelle microlocale, les ravages de l’Anthropocène. Ce que l’anthropologue Anna Tsing, que nous avons rencontrée, appelle les « écologies férales ».
...
nous plonge dans les recoins inexplorés des désastres écologiques
...
codirige depuis 2020 un projet de recherche collective nommé le Feral Atlas.
Cette cartographie interactive explore les petites et grandes histoires des perturbations écologiques
...
guide Notre nouvelle nature qu’elle signe avec trois coautrices, Jennifer Deger, Alder Keleman Saxena et Feifei Zhou.
...
les écologies « férales ». Habituellement, le terme se réfère plutôt à des animaux domestiques qui seraient retournés à l’état sauvage. De notre côté, nous l’avons étendu et réinventé de manière à désigner des phénomènes naturels provoqués par les grands projets industriels, mais qui ont totalement échappé au contrôle humain.
Notre atlas, dont est tiré ce guide, propose d’explorer dans le détail ces effets féraux afin de rendre compte autrement de la nature terrestre. Un exemple est celui de la maladie de la « mort subite du chêne », qui a fait d’immenses ravages dans les forêts de Californie et d’Oregon dans les années 1990 et 2000. Elle est causée par un agent pathogène, la phytophthora, [un genre de champignons] qui s’attaque spécifiquement aux arbres. Les pathologistes forestiers ont été capables de retrouver que cette maladie avait été importée par le transport industriel de pépinières de plantes infectées qui ont été envoyées par camions tout le long de la côte ouest des États-Unis.
...
L’ouvrage est présenté comme un « guide de terrain » pour analyser l’Anthropocène depuis ses « patchs » (« patchy Anthropocene », en anglais). Un concept au cœur de votre approche
...
Nous avons emprunté ce terme à l’écologie de paysage. Il désigne un lieu de dynamiques homogènes parmi toutes celles qui composent un paysage. Il n’y a pas vraiment de définition du patch, puisqu’il dépend de ce que vous recherchez et de ce que vous souhaitez regarder. Si vous vous intéressez à un champignon, le patch sera là où il pousse. Il s’agit plutôt d’une unité d’action, le fait de regarder quelque chose qui se passe à un endroit précis, à un moment particulier. Cela implique un art d’observer en prêtant attention au granulaire, au particulier, à travers différentes échelles de temps et d’espaces.
...
Ils forment une mosaïque permettant de voir les multiples dynamiques de perturbations qui sont à l’œuvre — comme les extinctions, les toxicités, les radiations et les maladies — et de ne pas se limiter à de grandes modélisations planétaires abstraites.
...
nous nous intéressons à l’emprise des infrastructures humaines sur les cinq derniers siècles, c’est-à-dire à partir de la colonisation européenne, et non pas de la Révolution industrielle. Puisque c’est à ce moment-là que les destructions et les bouleversements d’ampleur ont commencé, avec l’asservissement des peuples et de leurs terres. Nous le montrons dans le livre à travers l’exemple des plantations.
...
nous accueillons différents types de savoirs, d’observateurs et de témoignages, émanant d’autres cultures et expériences locales
...
caractéristique des approches féministes en sciences. Ce sont des démarches plurielles, qui partent du terrain en engageant un travail à la fois social et culturel avec les personnes et les milieux concernés, plutôt que d’appliquer une méthode unique.
...
il est impossible d’étudier les êtres humains comme s’ils vivaient de manière séparée des non-humains, et inversement. On le voit avec l’alimentation, les terres ou… les maladies. D’où viennent-elles ? L’un des projets que nous avons intégré à l’atlas est celui de l’anthropologue Paulla Ebron, qui s’est intéressée aux espèces présentes à bord des navires négriers.
...
C’est là qu’est née une nouvelle souche de moustiques, dont la lignée est encore aujourd’hui responsable de la dengue, de zika et de la fièvre jaune. Les patchs de l’Anthropocène aident justement à visibiliser les croisements entre injustices sociales et les catastrophes environnementales.
...
L’histoire naturelle n’est pas quelque chose de révolu, avec des espèces figées qui se reproduisent de façon linéaire. Toutes ne cessent d’évoluer au cours du temps, et cette évolution est en partie due aux activités humaines. Nous devons considérer les non-humains comme des acteurs à part entière de notre histoire
...
apprendre à faire attention à cette nouvelle nature qui est partout autour de nous, avec ses facettes les plus incroyables, comme les plus abominables.
...
Comment la prise en considération de cette nouvelle nature peut-elle nous aider à forger de nouvelles formes de résistances face au capitalisme ?
En aidant à construire des coalitions de toutes sortes, entre communautés humaines et non humaines, et pas juste un seul grand mouvement. Cette analyse de terrain par les patchs est aussi un outil permettant de voir plus précisément où nous pouvons travailler les uns avec les autres, qui sont nos alliés et comment agir face à toutes ces agressions simultanées. Elles invitent à une politique par la coalition, plutôt que par l’héroïsme.
12 novembre 2024
Le 29 octobre 2024, des pluies diluviennes se sont abattues sur le sud-est de l’Espagne touchant particulièrement la ville de Valence et sa région. Éric Daniel-Lacombe(1) est architecte DPLG, Professeur titulaire de la chaire « Nouvelles Urbanités face aux risques Naturels : Des abris ouverts » à l’École Nationale Supérieure d’architecture de Paris-la Villette. Entretien.
...
En France par exemple, les régions Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Normandie sont les plus exposées vis-à-vis de l’aléa inondation par submersion marine.
Que dit l’Architecte ?
Qu’il faut arrêter de lui demander de faire plus solide et plus étanche, ce qui nous rend aveugle aux mouvements de la nature.(artificialisation des sols).
Qu’il faut arrêter de bâtir des infrastructures illusoires (digues, barrages).
Qu’il faut cesser de reconstruire à l’identique.
Qu’il faut abandonner les projets immobiliers qui vulnérabilisent le site et en inventer qui ménagent les lieux.
Qu’il faut aménager les quartiers inondables de façon à faciliter les régulations naturelles des cours d’eau : savoir mettre la rivière à l’écart quand nécessaire, mais renaturer les berges.
Qu’il faut dessiner la métamorphose de la ville en prenant la température du passage de l’eau.
Quelles sont vos préconisations ?
Qu’il n’y a pas de solution homogène mais des catégories de pensées. J’en relève quatre.
1- Recherche de la sécurité dans les périodes d’exposition au naturel (jamais de voitures garées dans les creux ni dans les rues qui deviendront des torrents, ni dans les sous-sols. Les anciens rez-de-chaussée deviennent les garages ou des préaux frais pour les prochaines canicules).
2- Régulation naturelle (éviter l’addition de protections artificielles et laisser plus de place à la rivière).
3- Intégrer et mettre en scène les forces de la nature pour créer des espaces inspirants (A Malmö, Santiago Calatrava dessine Turning Torso, une tour composée de neuf cubes en spirales évoquant les mouvements organiques et la force du vent. A Malmö encore, Stig L.Andersson invente Anchor Parken, un jardin de formes évoquant la dernière glaciation).
4- Convoquer les habitants, transformer d’anciennes friches industrielles en parcs naturels, conserver la mémoire de l’inondation. Passer de la logique du risque à une culture de la prudence, développée avec et par les habitants.
Votre profession de foi ?
Maintenir une convivialité entre l’humain, les non-humains vivants, et la nature. Apprendre à vivre avec l’eau, observer le mouvement de la nature depuis des passerelles, montrer aux enfants le phénomène de l’inondation, regarder la crue depuis l’abri comme un spectacle pédagogique, intéressant. Le Monde est celui de l’habité, il ne faut pas regarder la nature en ennemi. L’eau est une cinétique.
...
Propos recueillis par Tina Bloch
(1)Retrouver toutes les chroniques de la catastrophe annoncée d’Éric Daniel-Lacombe
Dans notre article Livres – Entrelacements d’antinomies ?, découvrir Vers une architecture pour la santé du vivant, par Éric Daniel-Lacombe
Connu / TG le 25/06/25 à 18:42
"
Une erreur humaine survenue lors d’une opération de maintenance à la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) a brièvement désactivé une partie du système de refroidissement du réacteur n° 1. Bien que détecté...
"
L'urine, ce nouvel or jaune - Publié le lundi 3 mars 2025 / La terre au carré
L'urine, ce nouvel or jaune ©Getty - karetoria
"Notre fumier est or" écrivait Victor Hugo dans les Misérables, regrettant que l'on "balaye à l'abîme" les urines. Un siècle et demi plus tard, le tout-à-l'égout et les stations d'épuration ont banalisé le rejet de nos déjections. Pourtant, l'or jaune pourrait bien devenir l'engrais de demain...
Avec Fabien Esculier, Chercheur à l’Ecole des ponts et Chaussées, ingénieur des Ponts, des Eaux et des Forêts, coordonnateur du programme de recherche et action OCAPI (sur les systèmes alimentation/excrétion et la gestion des urines et matières fécales humaines).
Le plus avantageux des fertilisants
L’urine est composée à 95% d’eau. Dans le résidu d’urée restant, on trouve environ 46% d’azote. L’azote est un facteur de croissance très important pour les plantes. Également riche en phosphore, potassium, fer, magnésium, calcium, zinc, cuivre, l’urine est ainsi un fertilisant particulièrement équilibré.
Pour Fabien Esculier, l'intérêt principal est que cette matière permet une circularité presque totale : la nature se nourrit de l’azote du sol, produit des protéines dont nous avons besoin et, une fois ingérées, nous les évacuons et elles peuvent enrichir les sols à nouveau. Sur une année, on peut fertiliser l’équivalent de 500 m carrés de cultures avec l’urine d’une seule personne !
C'est pour cela que, de l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle, les déjections humaines et animales sont collectées puis revalorisées en retournant au champ. Les paysans se rendent dans les villes non seulement pour vendre leur production mais aussi pour récupérer les précieux engrais produits par les habitants ! C'est une économie vertueuse à part entière.
À écouter
Quand la laine de brebis devient engrais
L'esprit d'initiative
2 min
L'urine devient déchet au nom du progrès
Mais, au cours du XXe siècle, le paradigme change et la valorisation des excrétions ne représente plus qu'une simple alternative voire une méthode ancestrale désuète. Le progrès s'installe, prenant la forme de chasses d'eau et de réseaux de canalisations. La linéarité du processus s’impose, écrasant la circularité d’un modèle traditionnel vertueux.
En 1913, le procédé chimique Haber Bosch qui permet de synthétiser artificiellement l'azote est mis au point. On commence alors à se détourner des engrais naturels. En assurant désormais la fabrication d’engrais à partir de ressources fossiles, les urines deviennent inutiles, voire une véritable contrainte à gérer pour les collectivités.
Les eaux usées, ainsi déversées dans les rivières entraînent la dégradation de la qualité de l’eau. Des stations d’épuration sont alors conçues et déployées pour traiter ces eaux usées et limiter la pollution des cours d'eau. Mais, dans ces usines, les matières intéressantes sont trop diluées et il devient impossible de récupérer les nutriments qu’elles contiennent à ce stade de la chaîne.
Indépendance et sobriété
Le réemploi des urines humaines est un sujet de souveraineté très fort du point de vue agricole et alimentaire mais également au regard de notre indépendance face aux énergies fossiles. L’autonomie de la France en azote est d’à peine de 10%, le pays importe énormément et, depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine en 2022, les prix de l’azote ont été multipliés par trois ou quatre et fragilisent les fermes installées en conventionnel.
Il y a également urgence pour le phosphore dont la pénurie est annoncée d’ici 2030. Enfin, les économies d’eau et d’énergie seraient indéniables car le coût du traitement des eaux usées est considérable.
À écouter
Les derniers "écureuils" de l'A69 et la révolution en marche du pipi
La Terre au carré
11 min
La recherche réhabilite cet engrais naturel
Notre invité Fabien Esculier est le coordinateur d'Ocapi (Optimisation des cycles Carbone, Azote et Phosphore en ville), un programme de recherche porté par le laboratoire LEESU (Laboratoire Eau Environnement et Systèmes Urbains) de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. Lancé en 2015, Ocapi, est l’un des premiers programmes académiques dédié à la valorisation des matières fécales et des urines pour en faire de l’engrais. Ce programme expérimente la fertilisation au lisain sur des parcelles de blé, à Champs-sur-Marne (77) et travaille en lien avec une boulangerie qui produit du pain et des biscuits “Biscodors” avec leurs récoltes.
Les techniques de collecte des urines - à l'instar des toilettes à séparation d'urine - existent déjà et se répandent progressivement :
"La séparation à la source dans la gestion des excrétions humaines a connu un important développement ces dernières années. Elle se déploie à de multiples échelles et dans des contextes très variés, depuis les microfilières citoyennes jusqu’à l’échelle de quartiers entiers, comme dans l’opération Saint-Vincent-de-Paul en construction à Paris, où la collecte de l’urine de l’intégralité du quartier, et sa transformation en engrais, est prévue. Ce déploiement à plus grande échelle rencontre encore de nombreux freins : d’abord, une méconnaissance du problème et des alternatives ; ensuite, des coûts d’apprentissage, et organisationnels et un déplacement des légitimités. Ces freins seront d’autant plus facilement levés que nous saurons engager, à grande échelle, une transformation de l’organisation de notre société pour le respect des limites planétaires et de la justice sociale. Au moment où nous sommes collectivement au pied du mur, créons les conditions pour que puissent s’épanouir les tentatives de recherche-action transdisciplinaire, et que se réalisent effectivement une transformation culturelle de nos interdépendances et une authentique transition socio-écologique." Ecrit Fabien Esculier, profondément engagé sur le sujet.
Ressources
Pour retrouver un panorama des initiatives, dispositifs et filières qui permettent un retour à la terre des nutriments issus de l’excrétion humaine en vue de leur valorisation agricole, c'est ici.
Fabien Esculier est co-auteur avec Emmanuel Adler du livre Des immondices aux biodéchets, Presses des Ponts, 2024.
Il travaille avec le RAE (Réseau de l’Assainissement Écologique), l’ARCEAU (Association Recherche-Collectivités dans le domaine de l'eau en Ile-de-France) et avec l’association Circulus dont la création du spectacle Humus Humains fait" découvrir de façon originale le circuit des nutriments à travers l’espace et le temps."
Vous pouvez aussi vous informer sur le sujet avec le livre Ne tirons plus la chasse ! Nos déjections au secours des sols publié par l'agronome Christophe Gatineau aux éditions Ulmer.
Clés : Environnement Écologie Biodiversité Gestion et accès à l'eau Innovation Recyclage - Gestion des déchets
Réuni par l’ASN entre 2017 et 2021, le groupe de travail du Comité d’orientation sur les facteurs sociaux, organisationnels et humains (COFSOH) sur les ...
Connu / TG le 04/04/23 à 11:34
... Biais automatiques du langage, bulles algorithmiques... L'intelligence artificielle par son fonctionnement même d’apprentissage, renforce des biais de sexe, de genre, de culture, d’origine et de classe sociale. Comment prévenir et lutter contre ces biais ? Comment inventer des systèmes de test d’inclusivité des textes ? Enfin, comment agir pour plus de diversité parmi celles et ceux qui font l’IA ?
Alors que le développement de l'IA occupe de plus en plus l'espace médiatique, la prise de conscience de ces biais doit être le premier pas !
...
Les expertes
- Daphné Marnat, anthropologue et CEO de Unbias
- Audrey Baneyx, ingénieure de recherche en humanités numériques au médialab de SciencePo
- Isabelle Bloch, enseignante chercheure informatique, LIP6, CNRS, Sorbonne Université.
Alice Laisney, chargée de projet au Centre Hubertine Auclert, animera cette conférence en libre accès.
La vidéo aussi sur https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?s9II2g
Tr.: ... Définition de Marvin Minsky (1927-2016) : Science qui permet aux machines de faire ce qui serait qualifié d'intelligent si c'était fait par des êtres humains. ... 1956 Conférence de Dartmouth : les pères fondateurs de l'IA : John MacCarthy, Marvin Minsky, Claude Shannon, Ray Solommonoff, Alan Newell, Herbert Simon, Arthur Samuel, Oliver Selfridge, Nathaniel Rochester, Trenchard More. ... Deux paradigmes - rationalité de la déduction vs voie empiriste de la déduction :
- IA symbolique
. Représentation des connaissances par des symboles.
. Rôle majeur de la logique.
. Axiomatique et modèles, raisonnement selon une théorie, conclusion non réfutables.
. Exemples : raisonnement logique, règles, arbres de décision... - Apprentissage (numérique, statistique)
. Guidé par les données de l'expérience.
. Garanties statistiques.
. Conclusions potentiellement réfutables.
. Engouement actuel pour l'IA.
. Exemples : réseaux de neurones (profonds).
... Contrôle des biais ?
- Biais statistiques
. Données utilisées, annotations
. Représentativité
. Évolution des données, mises à jour des modèles et algorithmes
. Qu'est-ce qui est appris ? - Biais cognitifs
. Cadrage
. Confirmation
. Complaisance
... l'IA entretien des stéréotypes ... CV anonymisés ... produire des indicateurs d'éthique ... chatbots ... risques discriminatoires ... je suis pour les quotas de femmes ... égalité des chances ... logiciels de traduction ... rapport sur l'égalité homme-femme ... ChatGPT ... GPT_architecture.html ... Le problème des datasets et leurs biais Modèle FlauBERT, CNRS calculé sur le Jean Zay (GENCI)
Les hommes sont des hommes / Les femmes sont des victimes
...
Cité
Le problème de la couche d'apprentissage par renforcement ou des humains qui sont derrière
Les principaux visages derrière OpenAI : Elon Musk - Sam Altman - Greg Brockman - Peter Thiel - Reid Hoffman - Satya Nadella
...
agent conversationnel / bilan carbone, ce n'est pas neutre ... autre outil : You de Richard Socker ... open source ... projet de Oh My Voice ... mésutilisation des mots ...
Éco-littératie : vers une éducation à la pensée écosystémique - Publié mars 23, 2022 – Lilian Ricaud
Pensée (éco-)systémique
Je vous propose ici la traduction d’un article de Fritjof Capra, un chercheur Américain qui travaille depuis plus de 47 ans à vulgariser les notions de pensée systémique. Dans cette intervention il nous invite à réfléchir à l’importance d’enseigner la pensée écosystémique, de développer une « éco-littératie », c’est à dire une aptitude à comprendre et à utiliser les principes de fonctionnement des systèmes vivants.
Pendant plusieurs siècles, la pensée cartésienne/réductionniste a permis a nos sociétés de faire des progrès techniques époustouflants. Pourtant, cette façon de voir le monde en terme d’objets et qui ignore tout ce qui n’est pas immédiatement mesurable/quantifiable conduit à une destruction des subtils liens du vivant. Depuis plus d’un siècle, les physiciens, les biologistes puis les sciences humaines ont pourtant identifié et exploré une autre voie : celle de la pensée systémique et des systèmes complexes (systems thinking).
La pensée systémique qui focalise sur les relations plus que sur les éléments et interprète le monde en terme de systèmes interconnectés me semble plus pertinente que jamais. Utilisant une approche basée sur une vision « éco-systémique » du monde, depuis plusieurs années, je débute ici une série d’article visant à vulgariser ces notions et surtout à partager des outils pratiques pour naviguer dans la complexité.
Le premier article est une traduction d’un essai de Fritjof Capra, un chercheur Américain qui travaille depuis plus de 47 ans à vulgariser les notions clés de la pensée systémique. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont « The Tao of Physics » (1975), « The Turning Point » (1982), Uncommon Wisdom (1988), « The Web of Life » (1996) et « The Hidden Connections « (2002), et co-auteur de « The Systems View of Life » (2014).
Dans cette intervention il nous invite à réfléchir à l’importance d’enseigner la pensée écosystémique, de développer une « éco-littératie », c’est à dire une aptitude à comprendre et à utiliser les principes de fonctionnement des systèmes vivants.
Publié il y a plus de 20 ans, ce magnifique essai reste extrêmement pertinent pour mieux comprendre les problèmes de notre époque et contribuer à faire émerger des solutions.
...
Source du document originel : https://fr.scribd.com/document/26141329/Fritjof-Capra-Ecoliteracy
...
une collectivité durable est conçue de manière à ce que ses modes de vie, ses entreprises, son économie, ses structures physiques et ses technologies n’interfèrent pas avec la capacité inhérente de la nature à maintenir la vie. La première étape de cette entreprise consiste naturellement à comprendre les principes d’organisation que les écosystèmes ont développés pour soutenir la toile de la vie. Cette compréhension est ce que j’appelle l’éco-littératie.
...
Le cadre théorique le plus approprié pour l’écologie est la théorie des systèmes vivants, qui n’en est qu’à ses débuts mais qui trouve ses racines dans plusieurs domaines scientifiques développés au cours de la première moitié du siècle : la biologie organismique (organismic biology), la psychologie gestaltiste, l’écologie, la théorie générale des systèmes et la cybernétique.
Dans tous ces domaines, les scientifiques ont exploré les systèmes vivants, c’est-à-dire des ensembles intégrés dont les propriétés ne peuvent être réduites à celles de parties plus petites. Bien que nous puissions distinguer des parties dans tout système vivant, la nature du « tout » est toujours différente de la simple somme de ses parties.
...
une communauté, ce qui signifie que ses membres dépendent les uns des autres et sont tous interconnectés dans un vaste réseau de relations, la toile de la vie (« Web of life »).
...
des patterns (ndtr : il n’existe pas de mot équivalent en français, mais on peut le traduire par modèle, motif, canevas, schéma, patron, configuration récurrente). L’étude des relations vous conduit à l’étude des patterns.
...
tension entre deux approches de la compréhension de la nature, l’étude de la matière et l’étude de la forme. L’étude de la matière commence par la question : »De quoi est-elle faite ?« Ce qui conduit aux notions d’éléments fondamentaux, de briques de base à mesurer et à quantifier. L’étude de la forme pose la question « Quel est son pattern / sa configuration ?« . Et cela conduit aux notions d’ordre, d’organisation, de relations. Au lieu de la quantité, elle implique la qualité ; au lieu de la mesure, elle implique la cartographie.
...
La théorie du chaos et de la complexité met principalement l’accent sur les patterns.
Exemple de figure fractale (détail de l’ensemble de Mandelbrot). CC BY-SA 3.0, Wolfgang Beyer.
...
chaque fois que l’étude des patterns était à l’avant-plan, les artistes ont contribué de manière significative à l’avancement de la science.
Les deux exemples les plus célèbres sont peut-être Léonard de Vinci, dont toute la vie scientifique a été consacrée à l’étude des patterns, et le poète allemand Goethe, au XVIIIe siècle, qui a apporté des contributions importantes à la biologie grâce à son étude des patterns.
...
ouvre la voie à l’intégration des arts dans le programme scolaire ... La réforme scolaire systémique repose essentiellement sur deux idées : une nouvelle compréhension du processus d’apprentissage et une nouvelle compréhension du leadership. ... toute nouvelle information est liée à l’expérience passée dans une recherche constante de modèles et de sens ; l’importance de l’apprentissage par l’expérience ; des divers styles d’apprentissage impliquant des intelligences multiples ; et du contexte émotionnel et social dans lequel l’apprentissage a lieu. ... cultiver un jardin scolaire et l’utiliser comme ressource pour préparer les repas de l’école est un projet idéal pour expérimenter la pensée systémique et les principes de l’écologie en action, et pour intégrer le programme d’études.
Le jardinage permet aux enfants de renouer avec les principes fondamentaux de l’alimentation – en fait, avec les principes fondamentaux de la vie – tout en intégrant et en animant pratiquement toutes les activités qui se déroulent dans une école.
...
Depuis les travaux pionniers de Jean Piaget, Rudolf Steiner et Maria Montessori, un large consensus s’est dégagé parmi les scientifiques et les éducateurs sur le développement des fonctions cognitives de l’enfant en pleine croissance. Une partie de ce consensus consiste à reconnaître qu’un environnement d’apprentissage riche et multi-sensoriel – les formes et les textures, les couleurs, les odeurs et les sons du monde réel – est essentiel au développement cognitif et émotionnel complet de l’enfant. Apprendre dans le jardin scolaire, c’est apprendre dans le monde réel sous son meilleur jour. Il est bénéfique pour le développement de chaque élève et de la communauté scolaire, et c’est l’un des meilleurs moyens pour les enfants de se familiariser avec l’écologie et de contribuer ainsi à la construction d’un avenir durable.
LEADERSHIP PARTAGÉ
... la créativité – la génération de formes constamment nouvelles – est une propriété essentielle de tous les systèmes vivants.
...
LES COMPOSANTES DE L’ÉCOLITTÉRATIE
... résumer ces composantes :
- comprendre les principes de l’écologie, en les expérimentant dans la nature, et ainsi acquérir un sens d’appartenance ;
- incorporer les idées de la nouvelle conception de l’apprentissage, qui met l’accent sur la recherche de patterns et de sens par l’enfant ;
- mettre en œuvre les principes de l’écologie pour nourrir la communauté d’apprentissage, faciliter l’émergence et partager le leadership ;
- concevoir un programme scolaire intégré grâce à l’apprentissage par projet.
...
la survie de l’humanité dépendra de notre capacité à comprendre les principes de l’écologie et à vivre en conséquence.C’est une entreprise qui transcende toutes nos différences de race, de culture ou de classe. La Terre est notre maison commune, et créer un monde durable pour nos enfants et les générations futures est notre tâche commune.