Économie
Engrais chimiques : comment l’agriculture française finance la guerre de Poutine - 14 février 2025 à 09h49 / Par Elsa Souchay
Mis à jour le 15 février 2025 à 09h17 - Durée de lecture : 5 minutes
Économie Énergie Monde Agriculture
Énorme importatrice de gaz naturel liquéfié et d’engrais azotés russes, la France renfloue les caisses de Poutine, analyse un rapport des Amis de la Terre. Une solution : changer de modèle agricole pour stopper cette dépendance.
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Que fait la banque en tout premier point 1 ? Elle justifie que de nouveaux investissements dans les hydrocarbures vont avoir lieu dans les prochaines années. Crédit Agricole persiste à écarter les principales conclusions et appels répétés de la communauté scientifique comme de l’Agence internationale de l’énergie : l’expansion des énergies fossiles – y compris du GNL (gaz naturel liquéfié) – est totalement incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris et l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050.
Crédit Agricole prévoit des exceptions pour des activités financières pourtant clés
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sa filiale de gestion d’actifs Amundi, première en Europe et à l’impact climatique colossal. Pourtant, la banque nous explique que les mesures concrètes de cette politique pétrole et gaz ne concernent pas la gestion d’actifs pour compte de tiers.
Crédit Agricole laisse la porte ouverte au financement direct de projets pétro-gaziers destructeurs
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aux États-Unis, où le boom du gaz de schiste alimente un boom du GNL – dont on peut craindre qu’ils ne faiblissent pas avec le retour de Trump.
Crédit Agricole acte-t-elle la fin des émissions obligataires de producteurs d’hydrocarbures ?
... En parlant seulement de “mandats de conseil”, la banque pourrait choisir de n’exclure qu’une fraction des services qu’elle offre à ces producteurs dans l’émission de leurs obligations. Elle doit dès lors clarifier la portée de cette mesure. Par ailleurs, Crédit Agricole précise que cette exclusion ne concerne pas les obligations vertes ou les “sustainability-linked bonds”, ces derniers étant pourtant largement critiqués pour leur greenwashing. Finalement, les activités de prêts ne sont dans tous les cas pas couvertes par cette mesure, bien que représentant une majorité des soutiens financiers de la banque à l’industrie des énergies fossiles.
Crédit Agricole ne renonce pas à l’expansion des énergies fossiles
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bien loin de sonner la fin des soutiens de Crédit Agricole aux entreprises publiques et privées qui développent des projets de pétrole et gaz, en dépit de l’urgence climatique et au prix de violations des droits humains. Elle a pourtant une responsabilité lourde et historique dans les changements climatiques : rien qu’entre 2021 et 2023, Crédit Agricole a accordé 17 milliards de dollars de financements à l’expansion des énergies fossiles 2.
Crédit Agricole fait toujours l’impasse sur le projet gazier Mozambique LNG de Total
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Une enquête publiée dans Politico a encore récemment révélé un massacre de civils, qui aurait été commis par des soldats mozambicains sur le site de Total 3. Crédit Agricole, qui doit se prononcer sur la relance de ce projet hautement controversé, refuse à ce jour de s’en distancer.
Notes
1 - Politique pétrole et gaz de Crédit Agricole : https://www.credit-agricole.com/responsable-et-engage/notre-strategie-rse-etre-acteur-d-une-societe-durable/nos-politiques-sectorielles
2 - “Les banques françaises ne tournent pas la page de l’expansion fossile” : https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/les-banques-francaises-ne-tournent-pas-la-page-de-lexpansion-fossile/
3 - “Des ONG demandent l’ouverture d’une enquête officielle suite aux informations sur une série d’atrocités commises par les forces de sécurité mozambicaines sur les lieux du projet Mozambique LNG de TotalEnergies” : “https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/des-ong-demandent-louverture-dune-enquete-officielle-suite-aux-revelations-sur-une-serie-datrocites-commises-par-les-forces-de-securite-mozambicaines-sur-les-lieux-du-projet-mozamb/
publié le 23/05/2022 à 10h42 | mis à jour le 06/06/2023 à 12h52 | par Caroline Dusanter
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selon Carbone 4, « l’empreinte carbone du GNL est 2,5 fois plus élevée que celle du gaz acheminé par gazoduc
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s’il vient des États-Unis, ce sera parfois du gaz de schiste. Or, ce dernier a une empreinte environnementale plus forte. En effet, son exploitation laisse énormément de méthane (la composante principale du gaz naturel) s’échapper dans l’atmosphère. Selon Robert Howarth, biogéochimiste à l’université Cornell, « on estime qu’entre 3,6 et 7,9 % du gaz extrait sur toute la durée de production des sites de gaz de schiste s’échappent. » Or, le méthane a un pouvoir de réchauffement global 28 fois supérieur à celui du CO2. L’exploitation du gaz de schiste présente donc un bilan carbone important.
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deux étapes de transformation. Il faut :
- Débarrasser le gaz de ses impuretés.
- Refroidir à -160 °C (à pression atmosphérique) pour en obtenir la liquéfaction. Ce refroidissement du gaz est obtenu par une succession de cycles frigorifiques complexes qui requièrent beaucoup d’énergie.
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engendre également une forte libération de méthane dans l’air. Or, comme le souligne le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), quand ce gaz à effet de serre est rejeté directement dans l’atmosphère, « il est plus de 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2) sur une période de 20 ans. »
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la liquéfaction du gaz naturel permet de diviser son volume par 650
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processus complexe et énergivore. Une usine de liquéfaction va consommer entre 8 et 10 % du gaz qu’elle reçoit pour son propre fonctionnement
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En conclusion, le recours au GNL est pour le moment la principale alternative pour se libérer de l’indépendance à la Russie, et répondre à la future demande de l’hiver prochain. Il ne peut cependant pas représenter une solution sur le long terme.
En effet, comme le souligne Ines Bouacida, chercheuse énergie climat pour l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) : « Il ne faut pas que ça nous dévie de notre trajectoire et des vraies solutions de long terme, à savoir la réduction de la demande énergétique et le déploiement d’énergies vertes comme les énergies renouvelables. »
La compagnie GNL Québec propose la construction d’un pipeline gazier de 750 km nommé Gazoduq, d’une usine de liquéfaction du gaz nommée Énergie Saguenay et d’un terminal maritime d’exportation par super-méthaniers. Ce vaste projet vise à exporter le gaz fossile de l’Ouest vers les marchés internationaux, en passant par l’Abitibi et le Témiscamingue, la Haute-Mauricie, le Saguenay Lac-St-Jean, le Fjord du Saguenay, le Saint-Laurent et les communautés de Matheson, Timmins et Kirkland Lake en Ontario. Le tracé proposé traverse un territoire occupé par les Premiers Peuples depuis des millénaires.
La science est claire : 80 % des réserves connues de pétrole, de charbon et de gaz doivent rester dans le sol. Nous ne pouvons pas construire de nouvelles infrastructures pour produire et consommer plus d’énergies fossiles. Le dernier rapport du GIEC nous a bien mis en garde en 2018, et depuis il nous reste dix ans tout juste pour tenter de rectifier le tir.
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Un pipeline gazier de 750 km dans nos milieux naturels
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Menaces pour le béluga et pas que!
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1 Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, 2013
2 U.S. EPA. Hydraulic Fracturing for Oil and Gas: Impacts from the Hydraulic Fracturing Water Cycle on Drinking Water Resources in the United States (Final Report). U.S. Environmental Protection Agency, Washington, DC, EPA/600/R-16/236F, 2016, https://cfpub.epa.gov/ncea/hfstudy/recordisplay.cfm?deid=332990 (en anglais)
3 Robert W. Howarth, Renee Santoro, Anthony Ingraffea; Methane and the greenhouse-gas footprint of natural gas from shale formations. Climatic Change (2011) 106: 679–690. doi: https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10584-011-0061-5 (en anglais)
4 Gail M. Atkinson, David W. Eaton, Hadi Ghofrani, Dan Walker, Burns Cheadle, Ryan Schultz, Robert Shcherbakov, Kristy Tiampo, Jeff Gu, Rebecca M. Harrington, Yajing Liu, Mirko van der Baan, Honn Kao; Hydraulic Fracturing and Seismicity in the Western Canada Sedimentary Basin. Seismological Research Letters (2016) 87 (3): 631–647. doi: https://pubs.geoscienceworld.org/ssa/srl/article-abstract/87/3/631/315665/Hydraulic-Fracturing-and-Seismicity-in-the-Western?redirectedFrom=fulltext (en anglais)
5 BlackRock Metals Foundry, Arianne Phosphate mine, GNL Jonquière, port on the northern shore of the Saguenay and GNL Québec (Plant and expansion of Grande-Anse port).
6 Investissement Québec has already agreed to pay $30 million to supply drinking water to the area where the GNL plant would be built. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1139707/conseil-municipal-saguenay-entente-eau (en anglais)
30720 ont signé
La compagnie GNL Québec propose la construction d’un pipeline gazier de 750 km nommé Gazoduq, d’une usine de liquéfaction du gaz nommée Énergie Saguenay et d’un terminal maritime d’exportation par super-méthaniers. Ce vaste projet vise à exporter le gaz fossile de l’Ouest vers les marchés internationaux, en passant par l’Abitibi et le Témiscamingue, la Haute-Mauricie, le Lac-St-Jean, le Saguenay, le Fjord du Saguenay et le Saint-Laurent. Le tracé proposé traverse un territoire occupé par les Premiers Peuples depuis des millénaires.
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Le projet de GNL Québec accentuerait la crise climatique, car il ouvrirait de nouveaux marchés au gaz fossile nord-américain. À lui seul, ce projet génèrerait 7,8 millions de tonnes de GES, assez pour annuler les efforts de réduction de GES du Québec. La science est claire : 80 % des réserves connues de pétrole, de charbon et de gaz doivent rester dans le sol. Nous ne pouvons pas construire de nouvelles infrastructures pour produire et consommer plus d’énergies fossiles. Le secrétaire général de l’ONU nous dit que nous avons deux ans pour agir et éviter le pire!