Rapport
La demande en eau - Prospective territorialisée à l’horizon 2050
Le cycle de l'eau sera de plus en plus affecté par le changement climatique, ce qui risque d'accroître les conflits d'usage dans les territoires. Dans le prolongement de premiers travaux publiés en avril 2024 sur les usages de l'eau, France Stratégie publie un rapport et une note d'analyse consacrés à la demande en eau à horizon 2050. Ils répondent à une mission confiée à France Stratégie à l'automne 2023 par la Première ministre Elisabeth Borne.
Publié le : 20/01/2025 - Mis à jour le : 21/05/2025 - Temps de lecture 5 minutes
Ce travail inédit de prospective présente l'évolution dans les territoires de la demande en eau selon trois scénarios prospectifs d'usage : « tendanciel » qui prolonge les tendances passées, « politiques publiques » qui simule la mise en place de politiques publiques récemment annoncées, et « de rupture », qui se caractérise par un usage sobre de l'eau. De plus, pour chaque scénario d'usage, la demande en eau d'irrigation agricole est estimée selon deux projections climatiques et pour deux conditions météorologiques, pour un printemps-été sec et pour un printemps-été humide.
Un exercice concerté
Les sujets expertisés par France Stratégie le sont dans un cadre collaboratif. Pour réaliser ce travail de prospective sur les usages de l'eau, les équipes de France Stratégie ont auditionné les différentes parties-prenantes en présence : représentants du monde agricole, fédérations d'industriels, producteurs d'énergie, associations environnementales, administrations, etc.
De plus, les hypothèses de construction des scénarios d'usage ont été présentées et discutées au sein du Comité national de l'eau.
Quelle demande en eau pour les activités humaines en 2050 ?
Entre 2020 et 2050, dans la configuration climatique la plus défavorable étudiée, c'est-à-dire avec la projection climatique la plus pessimiste et pour un printemps-été sec, les prélèvements annuels à l'échelle nationale stagnent dans le scénario « tendanciel » (+ 1 %). Ils diminuent dans les scénarios « politiques publiques » (- 24 %) et dans les scenarios de « rupture » (- 47 %), notamment du fait de la baisse de la demande pour la production énergétique dans la vallée du Rhône. La demande pour l'irrigation augmente fortement et devient majoritaire dans tous les scénarios. À la différence de la production énergétique, l'irrigation consomme la majorité de l'eau prélevée en raison de l'évapotranspiration des plantes. Aussi les consommations augmentent-elles substantiellement dans les scénarios tendanciel (+ 102 %) et politiques publiques (+ 72 %). Dans le scénario politiques publiques, les consommations sont multipliées par plus de deux dans près d'un quart des bassins versants. Seul le scénario de rupture permet de contenir l'augmentation des consommations (+ 10 % par rapport à 2020) dans la configuration climatique la plus défavorable étudiée.
Ces évolutions sont détaillées selon 40 bassins versants dans le rapport et la note d'analyse.
Quels enjeux selon les périodes de l'année ?
Dans leurs travaux, les auteurs mettent en exergue les différences de prélèvements et de consommations d'eau selon les scénarios, notamment en été. Du fait de l'augmentation de la part de l'irrigation agricole dans les prélèvements, en 2050 la demande en eau devrait être davantage concentrée au cours des mois les plus chauds de l'année, quand la ressource en eau est au plus bas dans les milieux aquatiques.
Une prochaine publication de France Stratégie quantifiera les tensions entre la ressource en eau potentiellement disponible en 2050 et cette demande. Ces éléments contribueront à mieux anticiper les tensions sur la ressource dans les territoires.
Les opinions exprimées dans ces documents engagent leurs auteurs et n'ont pas vocation à refléter la position du gouvernement.
Carte prospective territorialisée de la demande en eau à horizon 2050
Cliquer sur un bassin versant pour voir les projections de consommations et de prélèvements
Prospective territorialisée de la demande en haut | Les données
Télécharger l'ensemble des données XLSX - 242.8 Ko
Téléchargement
La demande en eau - Prospective territorialisée à l’horizon 2050
Télécharger le rapport PDF - 5 072.4 Ko
Télécharger les données graphiques du rapport XLSX - 1 041.9 Ko
Télécharger la note d'analyse 148 | Quelle évolution de la demande en eau d'ici 2050 PDF - 2 289.8 Ko
Thèmes Alimentation/agriculture Ressources naturelles/biodiversité
Publié par Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan
Auteurs Hélène Arambourou Simon Ferrière
La bataille de l’eau sévit en France. Alors que ce bien âprement disputé se partage entre l’agriculture, l’industrie ...
Connu / TG le 10/04/25 à 21:31
Lecture 3 min Accueil Environnement - 4 Commentaires
Le fleuve Charente, ici à Chaniers, à côté de Saintes, est actuellement en crue hivernale. Pas de quoi rattraper le déficit 2022. © Crédit photo : XAVIER LEOTY/SUD OUEST
Par Séverine Joubert - s.joubert@sudouest.fr
Publié le 23/01/2023 à 19h50.
Le plan d’adaptation au changement climatique du bassin du fleuve Charente a été validé ce lundi 23 janvier, à Jarnac. Il implique des actions multiples pour anticiper les déficits en eau annoncés
«On peut avoir les plus beaux collèges, les plus belles routes, les plus belles villes, sans eau il n’y a rien. » Il est des lapalissades utiles. Michaël Canit, vice-président de l’EPTB Charente, n’en fera donc pas l’économie pour exposer le Plan d’adaptation au changement climatique du bassin du fleuve Charente, validé ce lundi 23 janvier, à Jarnac, en Charente, baptisé Charente 2050.
Le programme Charente 2050, travaillé depuis 2019, « a permis une large concertation sur les enjeux en eau potable, en assainissement industriel, en activité agricole, conchylicole, se réjouit Michaël Canit. L’EPTB Charente est un des rares EPTB qui prend le milieu marin en compte. Comment adapter les pressions, comment on peut faire demain pour répondre aux usages ? » Tourisme, irrigation, aménagements territoriaux, tous les enjeux y sont abordés.
Ce bassin sera très vraisemblablement le plus impacté par rapport à l’ensemble du territoire français
« Cette analyse n’est pas que thématique, elle est aussi systémique. Tout le monde va devoir faire des efforts, pas seulement le monde agricole, pas que l’amont, pas que l’aval. Il faudra faire en sorte que chaque sous-bassin mette en œuvre des aménagements les plus optimum possible pour atténuer les conséquences du changement climatique. »
Six sous-bassins et six départements sont concernés par le sort de La Charente et ses affluents.
Six sous-bassins et six départements sont concernés par le sort de La Charente et ses affluents.
Depuis le début des années 2000, le bassin-versant de la Charente subit les assauts réguliers de la sécheresse. L’année 2022 l’a encore démontrée avec un déficit à l’estuaire de 50 millions de mètres cubes. En 2020, le déficit moyen était de 21 millions de mètres cubes ; en 2050, il est prévu un déficit moyen variant de 38 à 52 millions de mètres cubes. En année quinquennale sèche (probabilité d’être atteint une année sur cinq), le déficit à l’estuaire pourrait être de 100 millions de mètres cubes en 2050.
« Si rien n’est fait »
L’année 2022 donne donc une idée de ce qui pourrait arriver régulièrement au milieu du XXIe siècle, « si rien n’est fait », alerte Michaël Canit, aux côtés d’Alain Burnet, président de la Commission locale de l’eau du SAGE Charente (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux), Guillaume Choisy, directeur de l’Agence de l’eau Adour-Garonne ; Dominique Godineau, président de l’EPTB et Baptiste Sirot, directeur de l’EPTB.
Tout le monde va devoir faire des efforts, pas seulement le monde agricole, pas que l’amont, pas que l’aval
Le programme Charente 2050 vise à prendre conscience de la vulnérabilité du territoire. « Il sera très vraisemblablement le plus impacté par rapport à l’ensemble du territoire français », prépare Mickaël Canit. Cette fragilité est multiple. Il est ainsi admis que le Sud Ouest va subir, plus qu’aucune autre région de France, une baisse des précipitations.
La chute devrait osciller entre 20 % et 30 % dans les années qui viennent, enchaîne Baptiste Sirot, directeur de l’EPTB. Sans parler de l’augmentation des températures : +1 degré depuis la fin du siècle dernier sur le bassin de la Charente. Moins d’eau, plus d’évaporation, l’équation est simple. Guillaume Choisy met aussi l’accent sur les incidences déjà constatées du changement climatique sur le milieu aquatique, faune et flore.
Alain Burnet, président de la Commission locale de l’eau du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) Charente, Guillaume Choisy, directeur de l’Agence de l’eau Adour-Garonne ; Michaël Canit, vice-président de l’EPTB Charente ; Dominique Godineau, président de l’EPTB et Baptiste Sirot, directeur de l’EPTB.
Severine JOUBERT
Autre réalité énoncée par Michaël Canit : « Notre situation géographique fait que l’on a l’un des bassins qui a le moins de ressources possibles. Sur les bassins de Garonne et Dordogne, on a des réserves conséquentes sur l’amont. Ici, nous sommes tributaires de la pluviométrie. » Les barrages de Mas-Chaban et Lavaud, en Haute-Charente, ont jusque-là permis de limiter la casse mais avec une réserve cumulée de 21 millions de mètres cubes d’eau, les deux barrages font pâle figure à côté des 2,1 milliards de mètres cubes de réserves en amont de la Dordogne. Et encore faut-il qu’ils soient pleins !
En 2022, les barrages ont été ouverts de mi-mai à novembre, une période inhabituellement longue. « Aujourd’hui, on est à 28 % et 36 % de remplissage, chiffre le directeur de l’EPTB alors qu’on devrait être à plus de 50 %. On a déjà 4 ou 5 millions de mètres cubes de retard », finit de démontrer Baptiste Sirot.
« Une première » à l’étude au karst de la Touvre
Parmi les axes de travail dont certains sont déjà l’œuvre comme la restauration des milieux aquatiques, l’agence Adour-Garonne et l’EPTB Charente travaillent à « mobiliser des ressources nouvelles » dont la résurgence de la Touvre, à la Rochefoucauld. Cet énorme bassin karstique de 1 400 km² va être étudié par un comité scientifique pour imaginer un système qui permette de mettre en charge ou de différer la vidange du karst. Cela permettrait de réalimenter plus longtemps et plus fortement le fleuve Charente à l’aval des barrages, en soutien à l’étiage. L’idée serait donc de faire remonter la ligne d’eau de sortie ou de ralentir la vidange. « Ce serait une première en France », indique le directeur de l’Agence Adour-Garonne. Une première à l’étude qui aura un impératif : « être réversible », insiste Michaël Canit.
Connue / https://bsky.app/profile/bassinesnonmerci.bsky.social/post/3lk6gc4drg22f
"
Bassines Non Merci @bassinesnonmerci.bsky.social · 1 mois
Les bassines de Vendée sont souvent données en exemple et, selon ses promoteurs, permettraient de préserver la ressource en eau. Mais qu’en est-il vraiment ?
Cette conférence pour désarmer les bassines de Vendée est faite pour vous ! À partager sans modération !
"