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Le fleuve Charente, ici à Chaniers, à côté de Saintes, est actuellement en crue hivernale. Pas de quoi rattraper le déficit 2022. © Crédit photo : XAVIER LEOTY/SUD OUEST
Par Séverine Joubert - s.joubert@sudouest.fr
Publié le 23/01/2023 à 19h50.
Le plan d’adaptation au changement climatique du bassin du fleuve Charente a été validé ce lundi 23 janvier, à Jarnac. Il implique des actions multiples pour anticiper les déficits en eau annoncés
«On peut avoir les plus beaux collèges, les plus belles routes, les plus belles villes, sans eau il n’y a rien. » Il est des lapalissades utiles. Michaël Canit, vice-président de l’EPTB Charente, n’en fera donc pas l’économie pour exposer le Plan d’adaptation au changement climatique du bassin du fleuve Charente, validé ce lundi 23 janvier, à Jarnac, en Charente, baptisé Charente 2050.
Le programme Charente 2050, travaillé depuis 2019, « a permis une large concertation sur les enjeux en eau potable, en assainissement industriel, en activité agricole, conchylicole, se réjouit Michaël Canit. L’EPTB Charente est un des rares EPTB qui prend le milieu marin en compte. Comment adapter les pressions, comment on peut faire demain pour répondre aux usages ? » Tourisme, irrigation, aménagements territoriaux, tous les enjeux y sont abordés.
Ce bassin sera très vraisemblablement le plus impacté par rapport à l’ensemble du territoire français
« Cette analyse n’est pas que thématique, elle est aussi systémique. Tout le monde va devoir faire des efforts, pas seulement le monde agricole, pas que l’amont, pas que l’aval. Il faudra faire en sorte que chaque sous-bassin mette en œuvre des aménagements les plus optimum possible pour atténuer les conséquences du changement climatique. »
Six sous-bassins et six départements sont concernés par le sort de La Charente et ses affluents.
Six sous-bassins et six départements sont concernés par le sort de La Charente et ses affluents.
Depuis le début des années 2000, le bassin-versant de la Charente subit les assauts réguliers de la sécheresse. L’année 2022 l’a encore démontrée avec un déficit à l’estuaire de 50 millions de mètres cubes. En 2020, le déficit moyen était de 21 millions de mètres cubes ; en 2050, il est prévu un déficit moyen variant de 38 à 52 millions de mètres cubes. En année quinquennale sèche (probabilité d’être atteint une année sur cinq), le déficit à l’estuaire pourrait être de 100 millions de mètres cubes en 2050.
« Si rien n’est fait »
L’année 2022 donne donc une idée de ce qui pourrait arriver régulièrement au milieu du XXIe siècle, « si rien n’est fait », alerte Michaël Canit, aux côtés d’Alain Burnet, président de la Commission locale de l’eau du SAGE Charente (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux), Guillaume Choisy, directeur de l’Agence de l’eau Adour-Garonne ; Dominique Godineau, président de l’EPTB et Baptiste Sirot, directeur de l’EPTB.
Tout le monde va devoir faire des efforts, pas seulement le monde agricole, pas que l’amont, pas que l’aval
Le programme Charente 2050 vise à prendre conscience de la vulnérabilité du territoire. « Il sera très vraisemblablement le plus impacté par rapport à l’ensemble du territoire français », prépare Mickaël Canit. Cette fragilité est multiple. Il est ainsi admis que le Sud Ouest va subir, plus qu’aucune autre région de France, une baisse des précipitations.
La chute devrait osciller entre 20 % et 30 % dans les années qui viennent, enchaîne Baptiste Sirot, directeur de l’EPTB. Sans parler de l’augmentation des températures : +1 degré depuis la fin du siècle dernier sur le bassin de la Charente. Moins d’eau, plus d’évaporation, l’équation est simple. Guillaume Choisy met aussi l’accent sur les incidences déjà constatées du changement climatique sur le milieu aquatique, faune et flore.
Alain Burnet, président de la Commission locale de l’eau du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) Charente, Guillaume Choisy, directeur de l’Agence de l’eau Adour-Garonne ; Michaël Canit, vice-président de l’EPTB Charente ; Dominique Godineau, président de l’EPTB et Baptiste Sirot, directeur de l’EPTB.
Severine JOUBERT
Autre réalité énoncée par Michaël Canit : « Notre situation géographique fait que l’on a l’un des bassins qui a le moins de ressources possibles. Sur les bassins de Garonne et Dordogne, on a des réserves conséquentes sur l’amont. Ici, nous sommes tributaires de la pluviométrie. » Les barrages de Mas-Chaban et Lavaud, en Haute-Charente, ont jusque-là permis de limiter la casse mais avec une réserve cumulée de 21 millions de mètres cubes d’eau, les deux barrages font pâle figure à côté des 2,1 milliards de mètres cubes de réserves en amont de la Dordogne. Et encore faut-il qu’ils soient pleins !
En 2022, les barrages ont été ouverts de mi-mai à novembre, une période inhabituellement longue. « Aujourd’hui, on est à 28 % et 36 % de remplissage, chiffre le directeur de l’EPTB alors qu’on devrait être à plus de 50 %. On a déjà 4 ou 5 millions de mètres cubes de retard », finit de démontrer Baptiste Sirot.
« Une première » à l’étude au karst de la Touvre
Parmi les axes de travail dont certains sont déjà l’œuvre comme la restauration des milieux aquatiques, l’agence Adour-Garonne et l’EPTB Charente travaillent à « mobiliser des ressources nouvelles » dont la résurgence de la Touvre, à la Rochefoucauld. Cet énorme bassin karstique de 1 400 km² va être étudié par un comité scientifique pour imaginer un système qui permette de mettre en charge ou de différer la vidange du karst. Cela permettrait de réalimenter plus longtemps et plus fortement le fleuve Charente à l’aval des barrages, en soutien à l’étiage. L’idée serait donc de faire remonter la ligne d’eau de sortie ou de ralentir la vidange. « Ce serait une première en France », indique le directeur de l’Agence Adour-Garonne. Une première à l’étude qui aura un impératif : « être réversible », insiste Michaël Canit.
Michaël Canit, vice-président de l’EPTB Charente (le gestionnaire public du fleuve). © Crédit photo : M. C.
Par Olivier Sarazin Publié le 10/04/2025 à 6h00.
Les élus et les professionnels de l’eau assurent qu’il existe bien d’autres leviers
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« Ce n’est qu’un ultime recours, une solution dite de rupture, avec de réels problèmes environnementaux, techniques et financiers. Nous en mesurons la faisabilité mais nous ne souhaitons pas l’appliquer. Ce serait le pire des échecs, aussi cuisant que l’installation d’usines de dessalement sur le littoral », insiste Michaël Canit, vice-président de l’EPTB Charente (le gestionnaire public du fleuve).
Le barrage de Mas Chaban, à Lésignac-Durand, en Charente limousine, lors d’un épisode de sécheresse hivernale en février 2023.
Archives Jean-Denis Renard / SO
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Selon lui, bien des leviers existent pour préserver la ressource. Il cite, pêle-mêle, les grandes lignes du plan d’actions Charente 2050 : « Renforcer le stockage naturel en restaurant les zones humides ; accompagner la mutation agricole, avec moins de produits phytosanitaires ; prioriser les usages et promouvoir un tourisme plus équilibré ; lutter contre les fuites des réseaux d’eau potables et désimperméabiliser les villes. »
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Habituellement, le niveau d’eau aux abords du moulin de Bellicou, sur le Bief, se situe a minima aux racines du frêne.
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