Étude Gil Delannoi décembre 2010
Résumé
I.
L’état de la question du tirage au sort.
1.
Quels sont les liens de cette procédure avec les différentes formes démocratiques existantes ?
2.
Les avantages et inconvénients du tirage au sort dans la littérature politique
3.
Les différentes fonctions du tirage au sort
4.
Les valeurs d’usage du tirage au sort
5.
Des conceptions du tirage au sort allant à l’essentiel
6.
Le tirage au sort est l’instrument par excellence de la rotation des tâches entre égaux
7.
Petite parenthèse sur une utopie de la rotation des tâches
II.
Possibilités, promesses, et risques du tirage au sort.
1.
Utiliser le tirage au sort pour pourvoir des postes
2.
Le tirage au sort comme mode d’attribution des biens
3.
Créer des groupes de référence
4.
Le tirage au sort pour tempérer les marchés
5.
Les mauvaises pistes d’utilisation du tirage au sort
6.
Examen critique d’une proposition récente pour instituer le tirage au sort
7.
Résumé de quelques principes et constatations
III.
Conclusion
Résumé
Le tirage au sort est une pratique ancestrale de sélection par le hasard, souvent associée à la Grèce antique. Aujourd’hui, son utilisation connaît une recrudescence qui peut être jugée surprenante. Pourtant, certains auteurs, qui n’ont pas manqué de remarquer ce retour, ont choisi de s’intéresser à cette technique de décision et aux possibilités d’utilisation qu’elle offre aujourd’hui. Ainsi, Gil Delannoi présente ici les vertus du tirage au sort, les raisons pour lesquelles il devient parfois le seul recours face au risque d’injustice inhérent à certains choix et les domaines dans lesquels son usage peut devenir pertinent. Les usages du tirage au sort sont multiples. En politique, dans certaines situations, son utilisation permet à un groupe de prendre des décisions ou de désigner des responsables. Elle s’inscrit dans une perspective à la fois égalitaire et libérale : le hasard, en effet, ne favorise aucun candidat et rend vaines toute tentative de corruption et d’abus de pouvoir. Il peut par ailleurs s’appliquer à toutes les échelles, du plus petit groupe à la nation entière.
Au-delà de son usage politique, le tirage au sort peut être employé pour résoudre des situations dans lesquelles la justification morale d’un choix est particulièrement difficile. Par exemple, face à la rareté des dons d’organe, le tirage au sort permet de choisir au sein d’un groupe de malades lequel d’entre eux bénéficiera finalement d’une transplantation. Cette note explique enfin quels sont les principes à respecter pour une bonne utilisation du tirage au sort et quelles sont les limites attachées à son usage.
Gil Delannoi, Chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po.
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Conclusion
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Le tirage au sort peut être un instrument politique, mais aussi social ou économique. Son usage peut être démocratique, libéral, mais aussi élitiste ou démagogique. Il peut servir des fins de consultation, de délibération, d’exécution, d’allocation. L’utiliser suppose de l’imagination, de la détermination et de la précaution. Pourvu qu’il ait été bien adapté à son contexte, ses résultats seraient inévitables et intéressants mais ne seraient, faisons le pari, ni aberrants ni miraculeux. Ainsi, en raison de ces multiples emplois, c’est à ses concepteurs et ses utilisateurs que reste entièrement dévolu le choix d’un usage démocratique ou libéral, radical ou modéré, exclusif ou hydride17.
Notes
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Notes
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- Barbara Goodwin, Justice by Lottery, 1992 (réed. Imprint Academic, 2005)
... - Pour une bibliographie complète et commentée des travaux, les plus anciens comme les plus récents, se reporter à la bibliographie synthétique proposée à la fin de l’ouvrage de G. Delannoi et O. Dowlen, op. cit.
C’était sur LCI ce 11 mai. Le monsieur s’appelle Dominique Reynié, il est présenté par LCI comme le « directeur de le Fondapol ». Ça fait sérieux. En réalité c’est une fondation liée au parti « Les Républicains ». Monsieur Reynié est lui-même une tête de liste LR aux dernières élections régionales. Cela ne sera pas dit. Il se trouve en face d’une chroniqueuse : Roselyne Bachelot, ancienne ministre de Sarkozy, à quoi bon le rappeler ? Elle opine vigoureusement des yeux et du bonnet tandis qu’il parle. Monsieur Reynié assène : « Ni Melenchon ni le Pen ne peuvent dissimuler qu’ils n’ont jamais fait de propositions au cours de cette crise. Qu’ils n’ont jamais été capables de laisser penser qu’ils avaient la moindre idée de ce qu’il fallait faire ». le live-tweet de LCI et de la Fondapol s’empressent aussitôt de diffuser cette forte sentence.
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Évidemment, c’est le contraire en ce qui nous concerne. La France insoumise a proposé un plan de onze mesures d’urgences sanitaires, 50 amendements sur chaque texte de lois urgence sanitaire, un plan de déconfinement, une commission d’enquête, un guide des droits des travailleurs en période de confinement et un plan sur la condition étudiante dans le contexte, sept projets de lois et un projet de résolution sur la dette. Sans oublier près d’une dizaine de tribunes signées ou co-signées.
Dominique Reynié ment-il ? Je ne crois pas. Mon hypothèse est que Dominique Reynié ne sait rien de tout ça au moment où il parle. Comme beaucoup de ses congénères experts de plateau, il ne suit pas l’actualité. Il la commente sans être lui-même informé ni chercher à l’être.
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comment comprendre le silence de la journaliste qui officie à ce moment-là ? On est censé être en recherche de la vérité et de l’objectivité. Ici on est confronté à une « expertise ». Au lieu de cela, on entend proférer un pur mensonge. Pourquoi ce silence sur le plateau ? Pourquoi ? Parce que LCI penche à droite ? Possible. Et alors ? On peut être de droite et préférer la vérité à la propagande ! LCI pourrait préférer une bonne critique bien sévère de nos propositions. Pourquoi rien n’est-il dit ? Parce que la rédaction non plus ne sait rien. Elle ne travaille pas non plus. Elle ne suit pas les dépêches qui ont rendu compte de nos activités. Elle ne s’intéresse pas à la politique. Le plateau déploie un spectacle.
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Conclusion : dans cette scène, Dominique Reynié est le nom de la déchéance intellectuelle du système médiatique de spectacle. Un expert qui ne l’est pas et qui récite de la propagande face à une chroniqueuse ancienne ministre qui fait le spectacle avec une journaliste qui ne sait pas de quoi il est question. Pourquoi le système s’accommode-t-il de telles pitreries en lieu d’information ? Parce que son but n’est pas d’aider à penser mais au contraire d’empêcher les gens de le faire. C’est d’ailleurs pourquoi il a tant recours à des « experts ». Ceux-ci sont censés fournir une vérité à caractère scientifique. Ecoutez Reynié attentivement. Voyez le sens de son propos : la situation ne permet rien d’autre que ce que fait le gouvernement. Il donc vain de critiquer (cela va de soi), puisqu’il n’y a d’ailleurs aucune contre-proposition même chez les opposants les plus prêts à tout. Penser est superflu. Obéir est indispensable. Signé Dominique Reynié, Roselyne Bachelot, et LCI.
Connu / https://twitter.com/JLMelenchon/status/1259841990226849799
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... Fondapol @Fondapol · 23h @DominiqueReynie sur @LCI: "Ni Mélenchon ni Le Pen ne peuvent dissimuler qu'ils n'ont jamais fait de propositions au cours de cette crise. Qu'ils n'ont jamais été capables de laisser penser qu'ils avaient la moindre idée de ce qu'il fallait faire."
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