L' océan peut-il nous sauver? - Publié le mardi 3 juin 2025
Journée spéciale "Océan" sur France Inter : à une semaine du baccalauréat, Raphaël Gerson répond à la question posée et rend sa copie, en 2 minutes 30.
On saute l'introduction et on passe directement à la première partie...
1. Thèse : « Oui, l’océan peut nous sauver »
L'océan régule le climat : le rayonnement solaire n’est pas le même à la surface de la Terre, il est plus important au niveau de l’Équateur. C’est grâce à l’océan, qui va absorber cette chaleur et la faire circuler via les courants marins, que la température est viable sur l’ensemble de la planète…
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L'océan stocke le carbone : une partie du CO2 de l’atmosphère est absorbée et dissoute dans l’eau, et le phytoplancton qu’il contient fait comme les plantes sur la terre ferme : grâce à la photosynthèse, il absorbe le carbone et produit près de la moitié de l’oxygène que nous respirons.
L'océan héberge une grande partie de la biodiversité : avec plus de 250 000 espèces connues et beaucoup d’autres qui ne le sont pas encore, l'océan nous nourrit et permet notre développement économique : plus de 60% du PIB mondial vient des océans et des régions côtières.
2. Antithèse : « Non, l’océan ne peut pas nous sauver »
L'océan nous submerge : le changement climatique a déjà entrainé une élévation du niveau de la mer de près de 25 cm, et le GIEC prévoit un mètre supplémentaire d’ici à la fin du siècle.
L'océan s'acidifie : plus il y a de CO2 rejeté par l’homme, plus il en absorbe et plus son pH baisse. Cette acidification met en péril les coraux qui protègent nos côtes et hébergent le tiers des espèces marines.
L'océan ne pourra bientôt plus nous nourrir : le tiers des poissons pêchés le sont à des niveaux trop élevés pour se reproduire.
3. Synthèse : « L’océan ne pourra nous sauver que si on lutte contre le changement climatique »
Cela implique de baisser nos émissions de gaz à effet de serre, sortir des énergies fossiles, pratiquer une pêche raisonnée, mettre en place davantage de zones protégées…
Et on finira l'exposé comme il se doit par une citation, celle de Sylvia Earle, une des plus grandes océanographes américaines qui fêtera cette année ses 90 ans : « Nous devons protéger les océans comme si nos vies en dépendaient. Car c’est le cas ».
À écouter
Conférence de l'ONU sur l'océan à Nice : "L'enjeu est de protéger cet océan vivant"
L'invité de 8h20 : le grand entretien
21 min
*Clés : Environnement Climat Écologie Mers et océans Catastrophe écologique
« Les renouvelables ce n’est pas la solution, car on n’a pas les moyens de stocker leur électricité »... On entend souvent cette phrase dans la bouche des opposants aux parcs éoliens ou aux centrales solaire : ils leur reprochent de ne produire de l’électricité que quand il y a du vent ou du soleil et il faudrait selon eux de grandes capacités de stockage.
Des solutions de stockage existent déjà
Pourtant des solutions existent à commencer par les moyens de stockage déjà présents sur notre territoire depuis les années 70 : ce sont les STEP : Station de Transfert d’Energie par Pompage. Ces installations ressemblent beaucoup à des barrages hydrauliques avec 2 bassins d’eau : 1 en amont, 1 en aval. Les STEPS sont connectées au réseau électrique : s’il y a un surplus d’électricité à stocker, elles l'utilisent pour alimenter des pompes qui font remonter l’eau, du bassin inférieur vers le bassin supérieur. Et quand on a besoin de cette énergie, il suffit d’ouvrir les vannes : l’eau stockée chute et fait tourner des turbines qui produisent de l’électricité.
Les STEPS sont nécessaires mais ne suffiront pas car on ne pourra pas en construire beaucoup de nouvelles, la plupart des sites adaptés en France sont déjà pris
D'autres sont en développement
Avec le développement des énergies renouvelables, il va falloir trouver d’autres solutions, notamment les batteries : celles que l’on peut installer à son domicile, les batteries dites « stationnaires » sont encore chères. L’idée est donc surtout d’utiliser les batteries de nos véhicules électriques : on en comptera plus de 18 millions en France d’ici 2035, leur potentiel de stockage est donc très important et on pourra bientôt les connecter au réseau électrique pour pouvoir les utiliser comme les batteries stationnaires.
Mais en complément du stockage il y a une autre solution déjà disponible pour gérer l’intermittence des énergies renouvelables.
La "flexibilité de la demande"
Il s'agit de consommer davantage d’électricité au moment où elle est produite : ceux qui consomment l’électricité de leurs panneaux solaires le font déjà pour leur ballon d'eau chaude mais on peut tous le faire. Il devient donc urgent de généraliser les heures creuses en milieu de journée, et il existe aussi sur le marché des contrats d’abonnement d’électricité avec des prix différenciés heure par heure, qui peuvent permettre de faire de belles économies.
*Clés : Économie Environnement Écologie Consommation Énergies renouvelables
Des éoliennes à Senneville-sur-Mer, dans la région de Fécamp en Normandie, le 07 août 2024. ©AFP - Flora Elie / Hans Lucas
Est-ce que les éoliennes sont bruyantes ? Combien produisent-elles d'électricité ? Raphaël Gerson répond à ces questions
Les éoliennes sont-elles bruyantes?
Soyons factuels et mesurons. Le bruit d’une éolienne, à 500m, est de 35 décibels. En comparaison le bruit d’une voiture à la même distance, c’est 80 décibels. 35 décibels c’est le bruit mesuré d’un chuchotement. Il sera couvert par le bruit ambiant et il y a peu de chance que vous l’entendiez.
En fait, si certains riverains entendent les éoliennes, c’est parce qu’ils les voient. C’est la différence entre le bruit perçu, et le bruit réel. Un peu comme la météo, avec le froid réel, et le froid ressenti.
Une éolienne ne tourne pas lorsqu’il n’y a pas de vent, ou il y a-t-il d’autres raisons ?
Il peut y avoir d’autres raisons, comme à l’inverse un vent trop fort, un bridage nécessaire pour équilibrer le réseau, ou bien une opération de maintenance. Mais quand on lit que "une éolienne ne tourne que 25% du temps", c'est faux : une éolienne tourne et produit de l’électricité 75 à 95% du temps . 25% c’est le facteur de charge, c’est-à-dire le fonctionnement d’une éolienne à sa puissance maximale. Mais une éolienne fonctionne aussi à des vitesses inférieures. C’est comme une voiture : elle ne roule pas qu’à 130 km/h.
Une éolienne produit combien d’électricité en moyenne?
Une éolienne standard produit autour de 6 300 MWh par an, c’est-à-dire la consommation moyenne en électricité de 1500 foyers. Et il y a aussi les effets de foisonnement : quand le vent ne souffle pas à un endroit, il souffle en général à un autre.
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Les éoliennes font-elles baisser la valeur immobilière des maisons à proximité?
Une éolienne ça se voit, et certains parlent même d’une pollution visuelle qui ferait baisser la valeur immobilière des maisons situées à proximité. Cela peut effectivement arriver, comme cela a été le cas récemment dans le Finistère où la justice s'est prononcée en faveur des riverains. Mais l'étude qu'a fait l'ADEME sur le sujet en 2022 a montré qu'on ne peut pas en faire une règle générale.
On touche là du doigt le véritable enjeu de l’éolien : son intégration paysagère.
C'est sur cela qu'il faut travailler, comme il a été fait pour le balisage lumineux (ces flashs clignotants que les éoliennes doivent émettre pour avertir les avions) : depuis 2022 on peut les orienter vers le ciel, pour qu’il n’y ait plus de nuisance au sol. Et on peut saluer le travail de l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage, qui mène de nombreux travaux de recherche, et accompagne les territoires sur ces sujets.
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