David Gourion, Amine Benyamina et Sabine Duflo sont nos invités de ce vendredi à 8h20. ©AFP - Leemage / AFP – Philippe Lavieille – PhotoPQR Le Parisien / MaxPPP – photo perso
Le médecin psychiatre David Gourion, la psychothérapeute et spécialiste des écrans Sabine Duflo et le psychiatre Amine Benyamina, spécialisé en addictologie, étaient les invités de France Inter ce vendredi. Ils échangent sur l'impact des écrans sur la santé mentale des adolescents.
L'accès des plus jeunes aux réseaux sociaux est porteur d'"épidémies de violences" qu'il faut "absolument réguler", a déclaré mercredi le président de la République Emmanuel Macron. Il a promis leur interdiction prochaine aux moins de 15 ans, après qu'une surveillante a été mortellement poignardée mardi par un élève de 14 ans à l'entrée d'un collège à Nogent, en Haute-Marne.
"C'est un fait que les jeunes, les adolescents vont mal, très mal. Près de la moitié souffre de troubles anxieux, dont 8% de troubles anxieux généralisés", indique Sabine Duflo, psychothérapeute et spécialiste des écrans. "On sait que classiquement, le mal-être chez les garçons s'exprime plutôt sous forme d'agressions, de colère. Et chez les jeunes filles, sous forme d'une violence internalisée, on a une augmentation énorme des punitions auto-infligées, scarification, tentatives de suicide, ingestion médicamenteuse, etc."
Il y a effectivement "une dégradation d'une population de jeunes particulièrement vulnérables, en particulier des jeunes filles", abonde le médecin psychiatre David Gourion. "Mais il y a aussi des jeunes qui vont très bien", souligne-t-il.
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"C'est multifactoriel"
"À chaque fois qu'il y a un drame, on a une série de propositions et d'explications ultra-simplistes", déplore David Gourion. "Honnêtement, qui peut croire qu'un adolescent ou une adolescente qui va bien irait d'un seul coup, parce qu'il ou elle a vu sur son écran une vidéo violente, prendre un couteau et planter des gens ? Bien sûr que non." Il interroge davantage sur ce qu'il se passe "dans le cerveau d'un ado", évoquant des "tempêtes" "multifactorielles" et citant ce qu'il se passe à la maison, à l'école ou encore "ce que le système de santé n'a pas vu". "C'est multifactoriel, ce n'est pas qu'une histoire d'écrans, de parents, de harcèlement scolaire ou sexuel, d'addictions. C'est un tout, c'est une société, c'est un état d'esprit", insiste le spécialiste.
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"Il n'y a pas de lien direct entre la consommation des écrans et les passages à l'acte", abonde Amine Benyamina, co-président de la commission qui a remis le rapport au président de la République sur les écrans. "En revanche, on peut avoir des thématiques d'inspiration, des phénomènes de condensation et de précipitation à un moment précis." Dans le rapport, les spécialistes ont fait une série de 29 propositions, qui "sont interdépendantes", avec notamment "un questionnement sur l'adolescent dans notre société et sur la présence des écrans".
Clés : Société Santé Santé psychologique – Psychiatrie Adolescence