« Je suis socialiste, populiste, anarchiste » avec Jean-Claude Michéa - Samedi 4 novembre 2023 / Le grand face à face snegaroff
Rare dans les médias, Jean-Claude Michéa est l'invité du Grand face à face, 10 ans après son dernier passage sur France Inter. Il publie “Extension du domaine du capital”, chez Albin Michel, critique profonde du libéralisme et de la modernité.
Avec Jean-Claude Michéa. Philosophe et essayiste.
Chroniques Le duel Natacha Polony, Gilles Finchelstein du samedi 04 novembre 2023 19 min
Tr.: ... à partir de 20mn débat on arrive depuis 20 ans dans la situation que Karx avait prédit ... dès 1916 ... distinguer métropoles et villes ...
Eva Illouz, sociologue, directrice d’études à l’EHESS, auteure de “Les émotions contre la démocratie” (Premier Parallèle) - James Startt
Un peu partout dans le monde, les démocraties sont attaquées par le populisme nationaliste. Point commun de toutes ces situations : des émotions travaillent la vie politique. Décryptage avec la sociologue Eva Illouz, auteure de "Les émotions contre la démocratie" (Premier Parallèle).
Avec Eva Illouz Sociologue
*Clés : Info Politique Partis politiques Eva Illouz
L'équipe Ali Baddou ; Natacha Polony ; Gilles Finchelstein ; Mathilde Khlat ; Marie Merier
Tr.: ... la peur ... le dégout, émotion du racisme ... le ressentiment ... l'amour de la patrie, cette émotion affirmative synthétise les trois précédentes négatives... distingue patriotisme inclusif (Reagan) au patriotisme exclusif (un seul groupe) ... l'amour de dieu ... Israël beau cas d'étude du nationalisme religieux, forme qui a pour obsession le corps des femmes et l'homosexualité, exclure les étrangers, introduire une dimension cosmique à la politique, sacraliser l'élu, transforme l'opinion politique en identité, ex USA, blancs, chrétiens, rend moins négociable les différentes opinions. ...Houellebecq/Onfray ... Une émotion submerge notre conscience, notre intérêt ... on se sent lié à des symboles, un groupe de gens, un leader ... Mélenchon devenu populiste pour recruter un électorat ... Nous pouvons alors voter contre notre propre intérêt ... Vote selon identité plus que selon classe sociale ...
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Le divorce historique entre la gauche et les classes populaires est-il en train de se refermer ? Le large score de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle et le succès électoral de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) semblent l'attester. Pourtant, une partie des classes populaires continue à s'abstenir massivement ou à se réfugier dans le vote Rassemblement national.
Face à cet état de fait, plusieurs stratégies s'opposent pour les reconquérir. Chantal Mouffe est une théoricienne majeure du populisme de gauche et l'auteure de nombreux livres, dont « L'Illusion du consensus » et « Hégémonie et stratégie socialiste » avec Ernesto Laclau. François Ruffin commence son second mandat de député de la 1ère circonscription de la Somme, il est auteur et cinéaste.
➜ Découvrez la captation de cette conférence, donnée le 25 juin 2022 à la Maison des Métallos à Paris.
▶️ SOMMAIRE
00:00 : Introduction de Victor Woillet
04:12 : Chantal Mouffe - La théorie populiste
14:25 : François Ruffin - Un diagnostic pour la gauche
27:49 : Chantal Mouffe - Articulations nouvelles
42:51 : François Ruffin - Recréer les bons clivages
57:38 : Chantal Mouffe - Faire la morale ne fais pas gagner
01:01:59 : François Ruffin - Passer à l'offensive
01:09:49 : Chantal Mouffe - L'écologie, nouvelle étape de la justice sociale
01:19:59 : François Ruffin - L'écologie, un conflit de classe
01:29:29 : Questions du public
01:51:02 : Fin de la conférence
Terminer >28:57 ACT
En 2009, Corinne Morel Darleux a rejoint le Parti de gauche, cofondé par Jean-Luc Mélenchon sur la base d’un rassemblement « des socialistes, des communistes, des écologistes, des trotskystes et même des libertaires1 » ; en sa qualité de secrétaire nationale, elle a bientôt supervisé le courant écosocialiste en son sein. Dix ans plus tard, l’élue au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes n’officie plus à la direction du PG et a quitté la France insoumise. Le péril écologique exige à ses yeux de s’ouvrir à tout ce que la société produit de luttes au quotidien. Son premier livre, Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, n’est pas un bilan à mi-parcours : une virée politique et littéraire, plutôt, une réflexion à la fois individuelle et collective sur le techno-capitalisme et l’« effondrement » — celui de la civilisation industrielle telle qu’elle s’est constituée depuis plus de deux siècles —, dont elle envisage la venue sans baisser la garde. Nous avions publié l’an passé son carnet de bord au Rojava ; nous discutons aujourd’hui de la résistance à l’air du temps.
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de nombreuses fautes ont été commises. L’écosocialisme comme cap politique a été délaissé, la démocratie sociale dans l’entreprise n’est plus portée, la lutte des classes comme marqueur de gauche a été écartée alors que la nécessité d’une écologie anticapitaliste et idéologiquement sans ambiguïtés n’a jamais été aussi essentielle face à l’essor de la collapsologie et aux menaces d’effondrement. Même sur l’environnement, il y a eu régression. On avait construit une approche beaucoup plus systémique…
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Il y a aujourd’hui un rétrécissement de la pensée dans le champ traditionnel de la politique, et le centre de gravité de l’action politique est en train de s’éloigner des partis et des syndicats, des formes traditionnelles de mobilisation. Tout est à revisiter de fond en comble. J’espère que tout le monde y est prêt, maintenant.
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vous n’exaltez plus la conquête du pouvoir central mais vous ne vous en remettez pas uniquement aux marges. On peut avancer sur deux tableaux, ménager la chèvre électorale et le chou de la sécession ?
On est bien obligés. Même si c’est aujourd’hui dans les interstices que je sens la plus grande vitalité, pour l’instant l’État existe, et c’est encore lui qui assure, de moins en moins correctement certes, les réseaux de soins et de distribution dont on a besoin. Je crois toujours que les services publics sont le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, que l’impôt devrait être redistributif et que l’État est censé être le garant de la solidarité nationale. Ce n’est pas parce que les gouvernements sont de plus en plus contaminés et faillissent à ces tâches qu’il faut rejeter ces missions-là, et encore moins les leur abandonner. Il n’y a qu’à voir le désastre qui se produit quand les services de santé de proximité, des maternités ou des gares ferment. Très peu de personnes sont autonomes aujourd’hui en termes de subsistance, et dans certains domaines aucune communauté isolée ne le sera jamais. On a donc besoin de mécanismes de solidarité et d’organisation à des échelles plus larges. Et on a aussi besoin d’une stratégie de conquête du pouvoir, pour s’assurer que la loi qui régit la vie en société ne contrevient pas aux besoins les plus fondamentaux, qu’elle ne tue pas les alternatives… une loi émancipatrice qui protège le faible du fort. Tout le contraire de ce qu’on voit aujourd’hui avec la présidence Macron, en somme, que ce soit sur le plan social, démocratique, économique ou environnemental. Et comme on n’arrivera ni à infléchir ni à convaincre les pouvoirs en place, le choix est simple : il faut prendre leur place.
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je doute de plus en plus que le bulldozer d’en face nous laisse un jour la chance de gagner par la voie institutionnelle. Jouer le jeu, c’est se faire piéger : les dés sont fournis par les vainqueurs. Mais même si mes affinités me portent plus du côté révolutionnaire que de celui de la co-construction de la norme, il ne s’agit pas de se faire plaisir avec des postures romantiques : tous ces scénarios doivent être envisagés, dans un souci d’efficacité.
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l’abandon du terme de gauche continue à me sembler une erreur et le « populisme » un signifiant vide qui peut être repris par n’importe qui, à commencer par le RN. Se réclamer du peuple ne fait pas un projet politique. Et je ne crois pas qu’il existe aujourd’hui un peuple constitué dans le pays. Développer une conscience de classe pour que ce peuple se forme et puisse se soulever, ça a toujours été une des missions de la gauche. Passer de la gauche au populisme, c’est sauter cette marche par facilité. C’est un choix dangereux.
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la présence de notre groupe d’élu·es en Auvergne-Rhône-Alpes est essentielle, pas juste symbolique. D’abord, parce qu’on arrache quand mêmes de petites victoires jubilatoires qui font du bien à un tas de gens, on le voit aux retours qu’on reçoit, mais surtout parce qu’on peut relayer, informer de ce qui se passe, fédérer des luttes et les mettre en réseau, se faire l’écho d’autres manières d’envisager la politique et d’exercer un mandat
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Dans certains milieux, on a tendance à confondre radicalité et radicalisme. J’ai été très marquée récemment par un texte issu du livre Joyful militancy et publié sous forme de brochure https://expansive.info/Defaire-le-radicalisme-rigide-1364 par le site de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Il part de la célèbre anecdote d’Emma Goldman https://www.revue-ballast.fr/labecedaire-demma-goldman/ envoyant balader un militant qui lui reprochait de danser, attitude jugée trop frivole pour une agitatrice révolutionnaire ... C’est ce que les auteurs de Deep Green Resistance appellent aussi l’« hostilité horizontale » : cette capacité à se taper dessus en famille pendant que le camp d’en face détruit tout ce qu’on n’a pas déjà cassé nous-mêmes ... si on les regarde bien en face, ces divergences ne suivent plus les lignes de clivage partidaire. Il y en a au sein de chaque mouvement. La laïcité à la FI, le rapport au libéralisme ou à la politique des petits pas à EELV, l’écologie et le productivisme au PCF, le rôle de l’État ailleurs… Il ne faut pas les minimiser ... Quand, en revanche, on s’organise sur le terrain pour mener des luttes de résistance, contre la privatisation des barrages, la fermeture d’une maternité, un bétonnage de terres agricoles, pour le référendum ADP, en soutien aux gilets jaunes ou à des syndicalistes condamnés, c’est plus facile. Sur les actions Alternatiba ou Extinction Rebellion, il y a des drapeaux noirs, des insoumis, des écolos, des déçus et des perdus. Récemment, j’ai aidé à la constitution d’un appel de soutien aux décrocheurs de portraits présidentiels : ont signé des gens aussi différents que Frédéric Lordon, Pablo Servigne, Alain Damasio, Jean-Luc Mélenchon, Cyril Dion ou Juan Branco. C’est encore dans la solidarité qu’on est les meilleurs.
Pour avancer vers ce « but commun », vous proposez trois axes : refuser de parvenir, cesser de nuire, dire la dignité du présent ... une émancipation de la tutelle et de l’autorité, qu’elle soit exercée par l’État ou par une communauté d’intérêts. Un petit coup d’Opinel dans la toile des conventions. Il a donc une portée subversive. Refuser de parvenir dans ce système, c’est réinvestir sa souveraineté d’individu, passer de la soumission à l’action. C’est une première brique de l’émancipation collective. Cesser de nuire a un intérêt collectif clair : celui de la lutte contre l’hubris2 qui est en train de détruire les conditions d’habitabilité de la planète. Notre avenir commun passe fatalement par une réduction des consommations globales. Plus on tarde, plus cette réduction s’apparentera davantage à une pénurie subie, plus elle sera violente et inégale. C’est déjà le cas. Et entre l’augmentation de notre empreinte écologique et la réduction de la biocapacité de la planète, ça ne peut qu’empirer. Il y a donc un impératif à la fois éthique et politique à effectuer une meilleure répartition des ressources qu’il nous reste, celles qu’on n’a pas encore saccagées. Refuser de parvenir, cesser de nuire, peuvent servir de principes dans ce grand partage à établir. C’est le sens le plus profondément politique de l’émancipation humaine : celui de transformer ses difficultés individuelles en une force collective. Emma Goldman l’a magnifiquement formulé : les moyens employés pour mener la révolution doivent être à l’image du projet poursuivi. Je ne vois pas comment on pourrait dissocier l’éthique individuelle de l’exercice politique, la fin des moyens. Ou plutôt je le vois très bien, hélas, et ça produit des monstres.
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se replonger dans l’« individualisme social » de l’anarchiste Charles-Auguste Bontemps, qui prônait « un collectivisme des choses et un individualisme des personnes ». Il est en tout cas certain que cette réconciliation des deux dimensions individuelle et collective a cruellement manqué aux grandes « familles » politiques, coincées entre le choix binaire de l’émancipation par le groupe ou de l’individualisme libéral. Nous avons aujourd’hui besoin d’une nouvelle matrice politique sur laquelle puisse se développer une éthique de l’émancipation qui soit à la fois d’intérêt individuel, collectif et, in fine, terrestre. La dignité du présent, enfin, est un moteur essentiel de l’action quand tout semble vain, une raison de poursuivre les luttes même quand l’effondrement semble inéluctable, une tentative de réhabiliter l’élégance du geste.
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Il n’est jamais trop tard. Même s’il est aujourd’hui certain que le monde tel que nous le connaissons touche à sa fin, on sait aussi que chaque dixième de degré supplémentaire aura des impacts pires que le précédent, et que les plus précaires seront les premiers à en souffrir. Il suffit de regarder ce qui se passe déjà en Inde ou au Mozambique
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les multinationales se paient https://blogs.mediapart.fr/c-morel-darleux/blog/080519/business-du-chaos-pinkerton-se-leche-les-crocs les services de compagnies de sécurité et affrètent des avions blindés de munitions, de nourriture et de gardes armés. Les milliardaires de la Silicon Valley se préparent des bunkers sécurisés, les puissances internationales achètent des terres arables à l’étranger et préparent la guerre de l’eau après avoir envahi des pays pour s’accaparer leurs puits pétroliers… la lutte des classes n’a jamais été aussi aiguisée
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Que l’effondrement arrive ou non, qu’il soit brutal et systémique ou sectoriel et progressif, tout ce qu’on aura mis en œuvre pour ralentir la destruction du vivant et trouver d’autres manières de faire société ne sera pas vain. ... ce qu’on peut encore faire pour relocaliser la production, développer l’autonomie et la sobriété, refonder la manière dont sont prises les décisions, retrouver notre place dans les écosystèmes, tout ça reste valable, effondrement ou non. C’est juste de plus en plus ardent. Le risque d’effondrement en fait une obligation.
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On ne peut tout de même pas accuser Pablo Servigne d’être à l’origine du dévissage culturel, de la disparition de l’esprit critique et de l’avènement de cette société contre-révolutionnaire, qui n’a pas attendu l’essor de la collapsologie pour se développer ! Ce que je vois, moi, c’est que cela a été un incroyable accélérateur de conscience parmi des gens, et notamment beaucoup de jeunes, que nous n’avons jamais réussi à toucher avant. Il faut le reconnaître honnêtement. Après, oui, je rejoins Daniel Tanuro sur certains risques — le meilleur texte critique que j’ai lu sur ce sujet, moins surplombant et plus affûté, est sorti dans Barricade http://www.barricade.be/sites/default/files/publications/pdf/2019_etude_l-effondrement-parlons-en_1.pdf. Tout l’enjeu est d’« organiser le pessimisme », selon les mots de Walter Benjamin, de transformer l’émotion en lutte politique ... parler d’écosocialisme, à faire le lien entre la destruction du vivant et le capitalisme, à organiser des actions collectives, à soutenir résistances et alternatives
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sans être antispéciste, vous avez fait « un grand pas de côté » sur la question ... des réflexions que j’approfondis notamment au contact de l’équipe de la revue Terrestres, très empreinte des travaux de Descola, ou par mes activités à la Région sur la forêt, la chasse, le loup, le pastoralisme, les réserves biologiques intégrales et les espaces en libre évolution de l’ASPAS [Association pour la protection des animaux sauvages]. Mais je me méfie aussi des phénomènes de contre-balanciers qui sacralisent la Nature et voudraient la couper des humains, ou tout placer sur un pied d’égalité en gommant la notion d’altérité et d’interdépendance ... mon slogan préféré de ces dernières années reste celui repris sur la ZAD : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend. »
Renvois
1 . Lire le discours de lancement du PG.
2 . Démesure.
3 . Civilisation fondée sur une économie et une industrie qui fonctionnent grâce aux énergies fossiles (charbon, gaz naturel, pétrole, etc.).
4 . Immunisation, insensibilisation à quelque chose par la force de l’habitude.
REBONDS Lire notre
- entretien avec Daniel Tanuro : « Collapsologie : toutes les dérives idéologiques sont possibles », juin 2019
- article « Dire le monde à défendre », Roméo Bondon, juin 2019
- entretien avec Pierre Charbonnier : « L’écologie, c’est réinventer l’idée de progrès social », septembre 2018
- abécédaire « L’abécédaire de Murray Bookchin », septembre 2018
- entretien avec Danièle Obono : « Il faut toujours être dans le mouvement de masse », juillet 2017
- entretien avec Jean-Baptiste Comby : « La lutte écologique est avant tout une lutte sociale », avril 2017
Ndlr : jugement sévère, excessif sur LFI, pourquoi ? sa déception ? Approfondir ACT
Économie ; Politique
Nouvelle édition de notre émission d’actualité “D’intérêt public”. Une émission en direct organisée autour de deux thèmes et donc de deux plateaux.
Le premier thème, c’est “et si 2021 était l’année de la censure ?”. Bien entendu, nous tirons prétexte du bannissement de Donald Trump de Twitter et de Facebook pour saisir au bon ce sujet qui rebondit dans le débat médiatique. Mais ceux qui regardent, écoutent et lisent attentivement nos contenus savent que nous n’avons pas attendu que ce président américain problématique soit “bloqué” pour nous interroger sur la tentation de la censure des plateformes, qu’elles proviennent des plateformes en question ou des gouvernements.
Le second thème, c’est “avons-nous la gauche la plus bête du monde ?”. Pourquoi poser cette question ? Parce qu’avec la création d’un parti politique dénommé “L’Engagement”, la candidature d’Arnaud Montebourg semble se profiler. Sachant que Jean-Luc Mélenchon est déjà dans la course, que les Verts comptent bien jouer leur partition, forts de leurs résultats aux élections intermédiaires, et que le PS, qui n’est plus de gauche pour de nombreux observateurs, veut exister… on peut se demander si l’hypothèse annoncée d’un duo, plus qu’un duel, Macron-Le Pen, n’est pas en train de se “consolider”.
Nos invités de première partie :
- Jean-Baptiste Kempf, qui est le président de VideoLan, l’association qui gère VLC, le logiciel français le plus utilisé dans le monde… qui est en gros un startuppeur anti-startup nation.
- Arthur Messaud, de l’association de défense des libertés numériques La Quadrature du net.
- Et en vidéoconférence avec l’économiste David Cayla, auteur entre autres du tout récent essai “Populisme et néolibéralisme : il est urgent de tout repenser”.
Nos invités de seconde partie :
- David Cayla, économiste à l'université d'Angers et membre des Économistes atterrés.
- Danielle Simonnet, conseillère de Paris au titre de la France insoumise
- Anasse Kazib, cheminot et syndicaliste affilié à Sud-Rail. Il est aussi militant au NPA-Révolution permanente.
... Désirant à tout prix se poser en défenseurs de la « démocratie » contre les formes supposées de son dévoiement actuel, ils finissent par assimiler l’ensemble des maux contemporains (personnalisation de la vie politique, « fake news », méfiance envers les institutions, désaffiliation partisane, tendances autoritaires et xénophobes, etc.) à des manifestations d’un populisme omniprésent et néfaste. Ce faisant, ils mélangent allègrement les causes et leurs effets, augmentant plus encore la confusion qui entoure le concept (et qu’eux-mêmes se délectent de dénoncer). Que nous dit un concept qui se confond avec son contraire ? ☰ Par Arthur Borriello
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il n’est pas étonnant que les deux définitions devenues canoniques soient volontairement souples et minimales. C’est le cas de l’approche « idéationnelle » de Cas Mudde, politologue néerlandais, et de celle, « discursive », d’Ernesto Laclau et Chantal Mouffe. Leur contribution est toutefois ambivalente : en proposant une définition plus étroite du populisme, ces approches ont parfois étendu la portée de son application à l’excès, rendant difficile l’établissement de critères suffisamment spécifiques que pour le distinguer d’autres concepts et phénomènes voisins. Ce faisant, elles flirtent toujours avec l’écueil d’élasticité conceptuelle dénoncé par le politologue italien Giovanni Sartori4 ; mal utilisées, elles autorisent des associations douteuses et conduisent à voir le populisme partout, ce qui revient à ne l’identifier nulle part.
« En proposant une définition plus étroite du populisme, ces approches ont parfois étendu la portée de son application à l’excès. »
On doit à Cas Mudde d’avoir conceptualisé le populisme comme une « idéologie fine » (thin-centered ideology) fondée sur la croyance en une division fondamentale du social entre un peuple bon — détenteur de la volonté générale dont l’application devrait être le cœur de l’action politique — et des élites corrompues. La variété des populismes réellement existants est aisément expliquée à partir de cette perspective : ne disposant que d’un nombre très limité de principes, l’idéologie (fine) populiste ne se suffit pas à elle-même et se trouve donc systématiquement associée avec d’autres traditions idéologiques plus « épaisses » (socialisme, nationalisme, libéralisme, etc.). D’où le fait que puissent facilement coexister les populismes de gauche, les populismes du centre et les partis de droite radicale populiste. Cette approche s’est finalement imposée comme la perspective dominante en science politique, probablement en raison de sa plasticité et de son applicabilité aux cas empiriques les plus disparates. Elle a également progressivement percolé dans la sphère politico-médiatique, comme en témoignent les nombreuses interventions de son auteur dans les médias5.
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Dans une veine très différente, la conception « discursive » du populisme proposée par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, développée dans une perspective « post-marxiste », aboutit parfois à des impasses similaires. Pour rappel — nous avons déjà eu l’occasion de détailler les caractéristiques de cette approche ailleurs7 —, ces auteurs présentent le populisme comme une logique politique, c’est-à-dire une façon de construire des identités politiques en articulant entre elles des demandes démocratiques. Le populisme construirait ainsi un sujet populaire, un « nous », à partir d’une opposition à un adversaire (la caste, l’élite, l’establishment), tenu pour responsable de la frustration de ces demandes. L’unité du sujet n’est pas ici le fruit de caractéristiques propres que ses composantes partageraient — à l’instar du prolétariat qui, dans l’approche marxiste, est défini par la position de classe de ses membres — mais bien le résultat d’une commune opposition aux élites du système. Cette commune opposition est ce qui permet de tisser des liens (Laclau et Mouffe parleraient de « chaînes d’équivalence ») entre des demandes a priori extrêmement hétérogènes. La nature exacte du sujet populaire dépend donc d’un processus contingent de construction de la frontière politique entre « eux » et « nous ». Par conséquent, selon l’adversaire visé (les élites politiques et/ou économiques, les intellectuels, les minorités ethniques, etc.) et le type de demandes articulées, le populisme peut revêtir des formes émancipatrices ou réactionnaires.
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De la désintermédiation au « moment » populiste
... processus, à l’œuvre depuis le milieu des années 1970, et de façon plus marquée depuis les années 1990–2000, ont contribué à progressivement creuser un vide vertigineux entre les citoyens et leurs représentants, comme le politologue irlandais Peter Mair l’a montré dans son analyse magistrale12. D’une part, on a assisté à un lent processus d’individualisation et de désaffiliation dans les sociétés occidentales : les groupes sociaux se sont complexifiés, rendant leur structuration et représentation par des corps intermédiaires de plus en plus aléatoire et difficile. Outre les syndicats, les églises, les clubs et les associations, les organisations à avoir le plus souffert de ces transformations sont celles qui assuraient la représentation de ces groupes sociaux auprès de l’État : les partis politiques et leurs élites. D’autre part, en réponse à ces évolutions, ces derniers ont progressivement cherché de nouvelles formes de légitimation. Après s’être émancipés de leurs groupes sociaux respectifs (devenant ainsi des partis dits « attrape-tout »), ils se sont petit à petit réfugiés dans les institutions étatiques au point de se confondre pratiquement avec celles-ci ; en parallèle, fleurissait chez les élites un discours de défense des institutions et de la stabilité économique contre les « excès » des demandes démocratiques, discours confinant parfois à une véritable « haine de la démocratie13 ».
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Fait remarquable — car il explique bon nombre de confusions — ces trois types d’acteurs (le centre libéral-technocratique, l’extrême droite et les partis verts) présentent des caractéristiques organisationnelles communes, relatives au processus de désintermédiation touchant les sociétés occidentales dans leur ensemble. Plus elles sont récentes, plus ces formations sont enclines à se présenter comme des mouvements ou des plateformes plutôt que comme des partis (le cas Macron est emblématique à cet égard), refusent le degré d’institutionnalisation de ces derniers et sont extrêmement dépendantes de la figure de leur leader. Celui-ci est en effet seul à même d’incarner l’homogénéité de ces mouvements au vu de la quasi-absence de cadres intermédiaires qui les caractérisent — un trait qui, encore une fois, doit plus à la donne contemporaine qu’à une caractéristique intrinsèque du populisme en tant que tel.
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Sont alors apparus en Europe des mouvements populaires que l’on croyait spécifiques au contexte de l’Amérique latine, fustigeant l’oligarchisation rampante et réclamant un processus de démocratisation de nos sociétés au nom de la souveraineté populaire. L’Europe connaissait enfin son « moment populiste ».
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Ce n’est pas le populisme qui constitue le nouveau Zeitgeist du XXIe siècle16, mais bien le processus de dé-démocratisation et de désintermédiation, cette lame de fond beaucoup plus puissante et préoccupante, dont le populisme ne constitue que l’écume, au même titre que les autres nouveaux mouvements politiques à succès. Notre critique devrait donc se concentrer sur ces transformations socio-politiques que traversent les démocraties occidentales et qui, mises bout à bout, font système : la confiscation technocratique d’une partie de la décision politique (en particulier en matière d’orientations économiques), la perte de pouvoir des assemblées législatives, la dérégulation des activités financières et le détricotage des États-providence, la professionnalisation de la vie politique, la convergence idéologique des principales familles partisanes, le déclin des formes conventionnelles de participation politique, etc. Plutôt que de fustiger le populisme et de voir en lui une menace pour la démocratie17, la question normative à se poser devient celle de son potentiel réel de démocratisation, eu égard au contexte d’émergence qui est le sien et aux stratégies qu’il développe.
La fin du « moment » populiste ?
... C’est probablement en France, où les accomplissements de ces mouvements ont jusqu’ici été moindres, que leur potentiel de mobilisation reste le plus intact.
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si les familles politiques traditionnelles sont si promptes à accuser l’hydre populiste, c’est probablement parce que cela leur permet de détourner l’attention du public de leur propre responsabilité dans la dégradation de la représentation démocratique, à bien des égards nettement plus manifeste et critiquable. Il faudra aussi se prémunir contre le label de respectabilité que le qualificatif « populiste » octroie à des partis néofascistes dont la seule vocation est de fournir l’option d’un virage autoritaire et nationaliste au projet néolibéral — car, convenons-en, c’est véritablement la dernière chose dont nous ayons besoin à l’heure actuelle. Cela ne devra pas pour autant nous conduire à surestimer le potentiel de ces mouvements populistes, tant qu’ils n’offrent pas de réponse globale et cohérente à la dégradation démocratique généralisée qui touche nos sociétés. Gageons au moins que, à partir d’une perspective plus informée, nous serons cette fois en mesure de cesser de voir le populisme partout, ce qui nous permettra de l’identifier, de l’analyser et de le critiquer quelque part.
Connu / https://twitter.com/Noe_Francois/status/1272202187138117634
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Noé François @Noe_Francois 6:20 PM · 14 juin 2020·- 1 Retweet
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Les maires de Prague (Zdenek Hrib), Budapest (Gergely Karacsony), Bratislava (Matus Vallo) et Varsovie (Rafal Trzaskowski) lors de la signature du «Pacte des villes libres» à Budapest, en décembre 2019. Photo Tamas Kaszas. Reuters
Les maires de Budapest, Bratislava, Prague et Varsovie se sont rendus mercredi à Bruxelles pour demander à la Commission un accès direct aux fonds communautaires au nom de la transparence et de la transition environnementale.
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groupe de Visegrad (Hongrie, Slovaquie, Tchéquie et Pologne)
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Pour Gergely Karácsony, le maire de la ville récemment élu face au candidat du pouvoir, l’UE fait face à «trois options : deux mauvaises et une bonne». «Une mauvaise option serait de ne pas punir [les gouvernements du groupe de Visegrad] pour leurs violations de l’Etat de droit et leur corruption. Une autre serait de ne pas punir les gouvernements mais les pays eux-mêmes [en coupant le robinet des fonds européens], ce qui nourrirait le populisme. La troisième reviendrait à contourner la bureaucratie nationale, où les fonds sont souvent mal utilisés, et à subventionner directement les villes», a-t-il expliqué à EU Observer. Avant de préciser que les villes ne veulent «pas plus d’argent» mais décider par elles-mêmes «comment utiliser ces fonds en suivant les priorités européennes».
Par cette action commune, les quatre maires poursuivent leur alliance, scellée en décembre par le «Pacte des villes libres». Dans ce texte, signé en grande pompe à Budapest, ils s’engagent «à protéger et à promouvoir les valeurs communes de liberté, de dignité humaine, de démocratie, d’égalité, d’Etat de droit, de justice sociale, de tolérance et de diversité culturelle».
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A lire aussi Aides de l’UE : la mafia slovaque récolte le blé des paysans https://www.liberation.fr/planete/2019/02/24/aides-de-l-ue-la-mafia-slovaque-recolte-le-ble-des-paysans_1711385
Camille passe au vert - 4 minutes
Certains défenseurs de la planète ont été qualifiés la semaine dernière de "prophètes de malheur" par le président américain Donald Trump tandis que la secrétaire d'Etat Brune Poirson parlait de "populisme vert" dans une interview. Rhabillés pour l'hiver... mais ils répondent !
Au salon « vivez nature » © Radio France / Camille Crosnier
Que Greta Thunberg, Pablo Servigne, Cyril Dion et autres écolos dits « radicaux » se rassurent, où qu’ils soient ils n’auront pas froid puisqu’ils ont été rhabillés pour l’hiver la semaine dernière.
Ils ont été qualifiés de « prophètes de malheur » qui veulent « dominer, transformer et contrôler tous les aspects de nos vies » par le président américain Donald Trump, quand notre secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson, dénonçait dans une interview au Figaro le « populisme vert » de certains utilisant « l’angoisse créée par l’urgence climatique pour pousser les Français à y répondre par la
précipitation », et, utilisant « l’écologie comme excuse pour casser le système actuel ou refermer la France sur elle-même ».
Qu'en pensent donc les concernés ?
Ce weekend avait lieu à Paris le salon « vivez nature », idéal pour les interroger : «La critique n'est pas un obstacle pour nous.» «Je passe au dessus de tout ça.»
Mais ils ne sont pas tous détachés et sereins : «J'appelle ça des discours d'enfonceurs de porte ouverte, il est très facile de dire, "ils sont radicaux, il veulent tout casser", l'idée ce n'est pas de cliver les gens.» argue une productrice de fruits bio.
Certains assument l’idée de la radicalité : "Il faut être un peu radical pour faire bouger les choses, si on prend le temps rien ne bougera. On a bien sauvé les banques avec des milliards, mais on n'est pas foutu de mettre un kopeck pour sauver la planète. Alors que sans la planète, les banques on s'en fout."
Brune Poirson dans son interview redit que rien n’est faisable en un claquement de doigt, elle veut du radical mais pas du brutal, c'est sa punchline du moment… et certains sont plutôt sur la même longueur d’ondes : "Il faut expliquer aux gens, si on est radical ça ne fonctionnera pas non plus."
Et en prenant le temps ou en allant vite, les solutions existent, c’est en tout cas ce que beaucoup disait : "Un politique n'a pas les solutions, il faut qu'il aille chercher les solutions pas chez les technocrates, mais sur le terrain. Mais cela va complètement à l'inverse du système actuel. Là, ce qu'on est en train de faire c'est de donner aux industriels, le moyen de trouver le moyen de faire de l'argent sur l'écologie."
Revoir le système, ils l’assument : "Pas le casser, mais le transformer oui."
C’est exactement ce que réfute – entre autres - Donald Trump, qui défend l’économie, la prospérité américaine, le système tel qu’il existe, et que donc les « prophètes de malheur » ou populistes verts voudraient ruiner.
L'équipe Camille Crosnier Chroniqueuse
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Ces gilets jaunes qui se trompent de populisme - 1 janv. 2019 Par Gwenn Rigal | Le Club de Mediapart
Blog : Ce qui me meut - 6 commentaires 1 recommandé
Si les mouvements sociaux qui secouent la France depuis plusieurs semaines montrent une déconnexion de plus en plus nette entre le pays et ses élites, tous les partis populistes n'en profitent pas dans les mêmes proportions. Car les élites sont coupables, c'est entendu. Mais de quels maux au juste ?
Etre populiste, c'est reconnaître l'existence d'antagonismes irréductibles dans la société, reconnaître que pour que certains gagnent, il faut que d'autres perdent. D'où la mise en évidence d'un "nous" (le peuple) contre "eux" (les élites, l'adversaire qu'il s'agit de faire reculer).
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Dans le cadre d'une stratégie politique assumée visant à mobiliser un électorat plus large que la gauche traditionnelle, les populistes de gauche ont donc pensé que nommer cet adversaire pourrait servir de catalyseur à l'expression démocratique d'une colère populaire. Or, une grande partie des revendications entendues ces dernières semaines sur les ronds-points tournent justement autour de ce thème des élites prédatrices et du creusement des inégalités. Le populisme de gauche théorisé par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, puis notamment mis en pratique par Podemos en Espagne, par le Labour au Royaume-Uni et par la France Insoumise dans notre pays, constitue donc une réponse politique déjà disponible au mouvement transnational des gilets jaunes.
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les gens comprennent que les règles de la mondialisation limitent nos choix et souhaitent en conséquence retrouver une plus grande autonomie politique dans un cadre national. Ce thème de la Nation étant pour l'heure préempté par la droite, la gauche serait bien avisée de se le réapproprier et de l'amender dans un sens plus inclusif. Certains gilets jaunes faiblement politisés sont sans doute aussi en quête de bouc-émissaires d'autant plus facilement identifiables que la pensée unique les leur sert sur un plateau, si bien qu'ils en arrivent à confondre immigration et mondialisation. Pourtant, qui a jeté les peuples les uns contre les autres sur le grand marché européen sans les protéger du dumping, sans leur permettre de dévaluer et en imposant partout la diète allemande en matière de politique budgétaire ? Les promoteurs du plombier polonais ont sans doute plus à y voir que le malheureux réfugié malien.
Au-delà de la chute de Mélenchon ... les partis populistes totaliseraient, si les gens étaient appelés à voter aujourd'hui, une majorité des suffrages. Pour l'heure, ces partis se trouvent sur les deux bords de l'échiquier politique, sans aucune possibilité d'alliance, ce qui accorde un léger répit aux partisans de la mondialisation heureuse. Mais la marée monte, prête à déborder. Et c'est bien l'extrême-droite qui risque de tirer les marrons du feu.
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L'auteur Gwenn Rigal Journaliste, Auteur - Montignac - France 14 billets 1 favori 25 contacts
Ndlr : l'oligarchie, ce n'est pas l'ensemble des élites !
Le populisme n’a jamais fait couler autant d’encre. Il sature depuis plusieurs années le débat public, employé à tort et à travers, souvent comme synonyme de démagogie ou d’extrémisme, afin de stigmatiser toute voix discordante à l’égard du consensus néolibéral. S’il a longtemps été associé aux droites nationalistes, à gauche certains ambitionnent aujourd’hui de retourner le stigmate en s’appropriant plus ou moins explicitement les thèses populistes d’Ernesto Laclau et de Chantal Mouffe. On en retrouve certains accents en 2017 dans la campagne du travailliste britannique Jeremy Corbyn et son « For the many, not the few », ou plus récemment dans l’ascension de la socialiste états-unienne Alexandria Ocasio-Cortez, dont la croisade contre l’establishment s’appuie sur des ressorts résolument populistes : « We’ve got people, they’ve got money ». Podemos en Espagne et La France insoumise sont les deux expériences partisanes qui se revendiquent le plus de ces théories encore largement méconnues. En France, la confusion règne : parfois associé abusivement à un souverainisme hermétique aux luttes des minorités, ou réduit à l’abandon de l’étiquette gauche, ses soubassements théoriques et l’amplitude de ses implications stratégiques demeurent souvent ignorés. Deux rédacteurs du Vent Se Lève, doctorants en science politique, abordent en dix questions les enjeux que soulève le populisme, dans l’espoir de dissiper certains malentendus et de contribuer aux débats qui agitent – ou fracturent – les gauches. Par Laura Chazel et Vincent Dain.
TAGS Chantal Mouffe Ernesto Laclau France Insoumise gauche Iñigo Errejón Jean-Luc Mélenchon Pablo Iglesias Peuple Podemos Populisme
David Djaiz est haut-fonctionnaire. Il vient de publier Slow Démocratie, un essai dans lequel il essaie de réhabiliter le cadre national comme cadre essentiel de la démocratie et levier fondamental pour maîtriser la mondialisation. Il y décrit avec minutie les effets de la mondialisation sur la cohésion territoriale, l’urgence climatique et les processus démocratiques. Entretien par Lenny Benbara. Retranscription par Brigitte Ago et Dany Meyniel.
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première phase débute dès les années 70 ... mondialisation réglementaire ... seconde phase de la mondialisation quelque part autour de 1989 ... chute du mur de Berlin ... révolution technologique avec le développement des technologies de l’information et de la communication. Conjuguée à la révolution de la conteneurisation dans le transport maritime ... baisse des coûts ... Des chaînes de valeur globalisées se mettent en place ex. iPhone ... Tim Cook, l’actuel PDG d’Apple, est un logisticien ; ce n’est pas un hasard ... La mondialisation fragilise le travail intermédiaire, et donc la classe moyenne dans les pays industrialisés, mais en même temps elle offre des machines peu chères qui permettent aux industriels de remplacer les travailleurs par des machines.
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troisième phase aggravation des fractures territoriales ... L’économie de la connaissance, les manipulateurs de symboles, les centres de conception se concentrent dans les grandes métropoles, profitant au maximum des effets de rente d’agglomération. Ex. Renault ... la crise des finances publiques de 2010, qui arrive après la crise de 2008, a mis à mal cette solidarité invisible : les ressources publiques étant désormais sous contrainte, la solidarité naguère invisible devient de plus en plus visible et de moins en moins acceptée.
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effet positif dans l’absolu, au sens où elle a fait sortir de la pauvreté absolue des centaines de millions voire des milliards de personnes et qu’elle a réduit les inégalités entre nations.
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gouvernement mondial ou fédération européenne, projets à l’arrêt ... 90 % des sondés dans soixante pays du monde environ se disent attachés à l’idée nationale ... La vraie surprise ... plus attachés à leur identité nationale qu’à leur identité locale ... incapacité à voir que le sentiment national est une socialisation qui se construit sur plusieurs siècles, fondée sur un substrat structurel : une langue, une culture, des valeurs partagées. Ce n’est qu’ensuite qu’il se donne un projet politique – en l’espèce le projet républicain. ... à l’arrivée une montée sans précédent du nationalisme autoritaire ... montée des inégalités, des fractures dans les sociétés, bref des politiques néolibérales qui ont généré contre elles du ressentiment
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urgent de construire un discours beaucoup plus raisonnable qui ne serait pas basé sur l’antagonisme entre la mondialisation et la démocratie, qui accepterait le fait national mais inventerait une nouvelle phase de la mondialisation ... Les États deviendraient les écluses capables de décider démocratiquement dans quelles circonstances une intégration économique plus approfondie est bonne ou pas ... mettre des barrières au commerce international sous la forme d’un ajustement carbone aux frontières par exemple, ou en renégociant assez durement les traités de libre-échange ... les défis territoriaux et immobiliers rendent nécessaire une instance qui fasse prévaloir un intérêt général au-dessus des situations locales, qui soit capable de redistribuer des richesses entre des territoires qui ont tendance à les concentrer et des territoires plus en difficulté. Cette instance, c’est l’Etat-nation ... redistribution à la fois entre les individus et entre les territoires
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En revanche donner davantage d’autonomie aux autorités locales / des dépenses d’allocation / projets locaux d’aménagement / proximité avec les problèmes des habitants ... l’économie sédentaire ... agriculteurs aliments frais + services environnementaux ... artisanat / rénovation thermique ... emplois non délocalisables
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re-politiser l’Europe, mieux connecter toutes ces institutions européennes à la vie démocratique ... Aux États-Unis, l’anti-trust a été capturé par des lobbys et des intérêts industriels divers, qui ont petit à petit affaibli toutes ses défenses immunitaires et ont mené à la constitution de gigantesques oligopoles ... d’accord avec Thomas Philippon : la politique anti-concentration européenne ne mérite pas l’excès d’indignité qu’on lui oppose parfois, en revanche je n’arrive pas à me satisfaire d’un système où le citoyen n’a pas son mot à dire ... une Europe-puissance, une Europe des biens publics, etc. car il est nécessaire de passer à l’échelle dans un certain nombre de domaines. Il faut simplement qu’elle soit mieux connectée au fait national.
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décélération sélective ... si démondialiser ça veut dire re-nationaliser intégralement les économies, nous sommes face à une impossibilité, qui découle de l’incompatibilité de cette proposition avec une économie de la connaissance hyper-liquide, hyper-fluide, et en même temps hyper-industrielle ... on se dirige en réalité vers une régionalisation des chaînes de valeur, parce que les coûts de l’énergie et donc les coûts de transport vont fatalement augmenter / conscience écologique ... être moins naïves aussi dans les relations avec leurs partenaires économiques que sont la Chine et les États-Unis ... passer des accords de réciprocité / une partie de la valeur ajoutée locale
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Le populisme est assimilé dans l’ouvrage à un courant de droite radicale, alors que ce phénomène peut prendre différents aspects. Il traduit justement ce désajustement entre les lieux de la prise de décision et les lieux d’élaboration démocratique avec cette volonté de Take back control. Est-ce-que la solution ne résiderait justement pas dans une forme de populisme républicain ?
DD – C’est une excellente question : le populisme n’est pas une idéologie, c’est un style caractérisé par la valorisation du bon peuple face à des élites corrompues, un recours assumé à la violence verbale, une exaltation de la force physique, une méfiance vis-à-vis de toutes les médiations comme les partis politiques, une désintermédiation entre le leader « hyperincarné » et la masse, etc.
« La logique de la nation démocratique est une logique affinitaire davantage qu’identitaire. »
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à la question « certains éléments du populisme sont-ils parfois positifs pour re-dynamiser un peuple politique ou re-politiser une action ? », je réponds pourquoi pas. Mais encore faut-il être très prudent
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l’essentiel de la dynamique républicaine : sa capacité à convertir la dynamique des conflits sociaux en une énergie positive qui prend chair dans des lois, dans des institutions. ... On a besoin de puissance publique, on a besoin de biens communs, en conséquence de quoi on a besoin de débats publics ... Le bien commun est le résultat d’une délibération, mais qu’elle puisse se faire sereinement exclut un style politique empreint d’une trop grande violence.
Lenny Benbara est analyste politique et spécialiste de l'Espagne et de l'Italie, ainsi que de la politique européenne. Il est diplômé de l'ENS de Lyon et est économiste de formation. Il a par ailleurs fondé Le Vent Se Lève où il officie en tant que responsable du développement.
TAGS Capitalisme cohésion territoriale david djaiz Europe nation néolibéralisme Populisme République Territoires
Ndlr : si j'ai bien compris, il ne prône pas du tout une démondialisation (mais une décélération sélective) ni la fin du néolibéralisme, mais une économie duale (chaînes de valeur globalisées / économie sédentaire). Il termine en laissant la porte ouverte à un populisme éthique (bien qu'il manque la notion d'oligarchie tout en citant les oligopoles, comme s'il n'allait pas au bout du raisonnement, restant centré sur la notion d'élites) et fait l'éloge du débat pour régler les conflits. CONCLUSION : texte qui ouvre des ponts vers une société vivante et éthique ? À SUIVRE !
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Cette conférence s'est déroulée lors des AMFiS 2019 avec :
- Rémi Lefebvre (professeur de science politique et membre de la Gauche Républicaine et Socialiste)
- Lenny Benbara (fondateur de Le Vent Se Lève)
- Clémence Guetté (espace Programme)
Catégorie Actualités et politique 16 commentaires
Transcription :
... Rémi Lefebvre comparaison entre LFI et LREM du point de vue de l'organisation. Dans les deux cas : ne pas faire parti, rôle d'internet, structuration territoriale, personnalisation politique, démocratie interne. Ne pas reproduire ce qu'était le PS. Bilan de la stratégie de conquête du pouvoir présidentiel de LFI. Volonté nouvelle. Réthorique de l'efficacité : on ne perd pas de temps, on va à l'essentiel /destruction des services publics, urgence climatique. /"gauche" / "populisme" débat abstrait gagner la bataille du leadership à gauche et en même temps s'extraire de la gauche pour s'ouvrir. 5 piliers : - quelle stratégie électorale ? Comment gagner les élections présidentielles ? - À qui on s'adresse, qui on mobilise ? (bloc majoritaire, sujet historique, qui on défend, qui on mobilise ? Un electorat, un Nous) - Quelle organisation, quel outil pour conquérir le pouvoir ? (la bataille culturelle médiatique contre-hégémonie au libéralisme) - Quelle offre programmatique ?
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quand le leader est impopulaire, lfi l'est aussi. Interprétation nationale des élections locales tambouilles locales, lfi n'est pas municipaliste, pb /réguler les candidats, /peuple - gauche : jlm2017 victoire de la ligne populisme ; vote utile de gauche ; socle des 20% très fragile ; aux européennes, lfi a perdu sur les 2 tableaux ni le peuple ni la gauche ! relations dialectiques complexe, on ne peut pas jouer l'un contre l'autre mais les deux. Resignifier la gauche plutot que l'abandonner, par le populisme si conflictualité et intention de constituer un nouveau peuple. Mais ce n'est pas nouveau. Déjà /années 70 alliance des classes moyennes et populaires. Faire des alliances de classes aussi vieux que le mvt ouvrier. ex Jaurès en 36. JLM est pragmatique plus qu'idéologue. Le salut ne viendra pas d'alliances d'appareils. /complexité des sociétés => effort intellectuel élites intellectuelles, économiques, ya racisme social chez les enseignants déclassés = contradictions. /intersectionnalité agréger partir des contradictions. les classes sociales sont plus complexes. Amplifier l'écologie mais hors modèle libéral.
3è : on n'a plus besoin d'organisations embarrassante /inerties se contenter du gazeux. Se discute. /européennes2019 >>campagne mais <<score à Lille. Meilleur calcul coûts/avantages. Contradiction /auto-organisation mais sans organisation ! informel, peu hiérarchique favorise les aguerris donc reproduire un entre-soi ! /moyens mais activer la révolution citoyenne. /gens écrasés /domination libérale demande >>ressources. identité de gauche reste structurante. lfi perçue comme mvt de gauche, son prgrm est de gauche.
Lenny Benbara à lfi depuis les débuts, a voté lfi avec entrain car pbt de gagner. /2017 transversale, abstentionnistes, jeunes, inactifs, chômeurs, pb chez retraités. /législatives bons reports de transverslité dont neutralité /evry baisse /luttes
une partie électorat dégagiste hésitait entre lrem et lfi. électorat populaire du fn
lfi option risquée, belle promesse et préfèrent certitudes négatives :-(
protection pratriotique identité ouverte /nation >>condi / fn demande de protection et d'ordre /monde incertain offrir une promesse d'ordre aussi /capa à régler leurs pb. après l'élection phase contestataire a fait retomber le soufflet. Hésitations /stratégie -> erreurs de conception à corriger si pouvoir. guerre de mvt au lieu d'embrayer sur guerre de position concepts de gramchi dans périodes froides bataille culturelle. La guerre de mvt n'est possible qu'à l'él présid. /législatives discours agressif /rémi fraisse, cazeneuve, etc risquait de casser la forte dyn+ passé à la trappe /obtention d'un groupe parlem. relance discours conquérant.
À la rentrée, manif contre le coup d'état social expression révèle le fait qu'on pensait que crise de régime aïgu alors que Macron réglait transitoirement le pb et une partie de l'électorat dans l'attentisme. Appel 1 million de personnes, casserolles, était à contre-temps. Épisode du retrait de la cravatte typique d'une attitude qui consiste à flater sa propre sociologie car une partie des cl popul veut des gens bien mis, propres sur eux, pour être bien représentés. Ruffin en a parlé. Idée peut-être ringarde, on peut remettre en cause les normes, mais ya encore une partie de la société qui veut des gens qui font sérieux. C'est important, on ne peut pas nier ces codes. Et les gens savent que lfi sait s'opposer.
Ensuite, stratégie d'opposition actée au moment de l'émission politique face à la fille de régis debré JLM a considéré qu'il fallait s'opposer fortement /mvt cheminots, étudiants, lfi s'est trop exposée, espace de la résistance, pas de la conquête du pouvoir sont les signaux envoyés à l'électorat. S'en tenir à une attitude de soutien institutionnel, de porte-voix institutionnel plutôt que porte-voix des manifs puisqu'on était un an après l'élection de macron et la défaite au cours de ces mobilisations était assez prévisible pour les observateurs et pour les états majors politiques. C'était trop tôt. On était dans une période de refroidissement politique et on appuyait fortement.
Après ya eu d'autres aspects qui ont fait changer la nature de lfi. Le processus de désignation pour les élections européennes s'est fait très tôt et pendant trop longtemps (6 mois). On est alors passés d'un mvt extraverti (fondé sur l'action) à un introverti (enjeux internes ont pris le pas dans les réflexions des cadres politiques, et on a vu les divergences exposées alors que cette question aurait dû être réglée plus tard, n'est pas partisan de la démocratie interne. Les partis sont faits pour conquérir les élections et pas pour trancher des débats de virgules). Aux européennes, lfi plus perçue comme la première force d'opposition->risque de fournir un tremplin au rn. L'idée de référendum anti-macron a donné à certains l'idée de voter rn. lfi est passée à côté. Et la ligne lfi a été illisible. tapait macron puis les verts puis le fn. Le rn est de nouveau sur pied. lfi n'a pas pillé une partie de l'électorat qui demande de la protection (du peuple fr, europe associée à menaces /mondialisation, politiques d'austérité, commerciales délirantes, de captation démocratique. lfi a parlé écologie ce qui a fait le beurre des verts, au lieu d'avoir un discours simple, identifiable, clair. eelv/écologie macron/l'ordre rn/protection&contre migrants. Et ya les perquisitions qui ont fait très mal, opération de police politique. Pile au moment des gilets jaunes, ça a dégradé la campagne. Lfi baissait avant elle était déjà à 12%. Et elle finit à 6%.
Bilan : réinscription dans l'espace de la gauche contestataire. Alors que le populisme est la recherche de transversalités à partir d'une opposition commune à une élite en général. Mais ya aucune raison que l'opposition à macron se mue en résistancialisme. Ça dépend des périodes, donc adapter son discours /chaud-froid. Pt fondamental : présidentielle centrale, seul moment où il est possible de réellement prendre le pouvoir. Les mvts efficaces pour gagner les élections /période chaude. La forme partisanne éloigne des gens de la société, coupe les militants des gens, les enferme dans des cadres, des codes, des normes. Il aurait fallu penser les temps froids afin de se déployer dans les guerres de position. Et parmi les tâches, mener un travail de crédibilisation (codes, maîtrise de la logique institutionnelle, du programme) et jlm doit prendre de la distance dans le débat politique. lfi a voulu exister médiatiquement. Mais on regarde RN on peut aussi s'en passer. M Le Pen on l'a pas entendue pendant 2 ans. Sortie d'un débat catastrophique; les gens oublient. Au moment de la crise des GJ elle apparaissait comme un recours sans flamme, mais elle a pu jouer la carte du recours, ce qu'aurait pu faire jlm. Se mettre en retrait, prendre moins de coups et d'apparaître comme un recours au milieu des périodes froides en se concentrant sur la construction d'un think tank (TT), la lutte pour l'hégémonie culturelle dans les médias, etc. Clémence a lancé un TT ya peu. La volonté de présence médiatique a fini par se retourner contre LFI. /travail de réseau et de séduction des décideurs en Fr, on a un État extrèmement puissant (Berci 10000 salariés !) On ne peut se passer d'appuis dans l'état. /livre marc endeveld "le grand manipulateur" enquête sur les réseaux macron, la prise de contrôle du ministère de l'intérieur. Donc en période froide, être capable de déployer une stratégie dans l'état, auprès des décideurs, etc. Poser des jalons partout pour le moment où la période deviendra plus chaude et où la pbt de prise de pouvoir s'ouvrira à nouveau. L'idée d'une prise du pouvoir /lfi n'a pas pris chez les hauts fonctionnaires, etc. Et on ne peut pas prendre le pouvoir contre l'état. Sinon on ne contrôle pas la machine une fois au pouvoir. Dans les années 70 yavait le CERES, le réseau attali, et malgré tout le ps n'avait pas réellement contrôlé la machine d'état. Article de fabien escalona dans médiapart / alexis tsipras et le défaut de siriza qui pourtant avait élites intellectuelles qui étudiaient à l'étranger un peu partout.
Dernière chose, leçon des GJ : on ne déclenche pas une guerre de régime en appuyant sur un bouton. On ne maîtrise pas le terrain et la construction de l'agenda politique=> période chaude on froide. Là très très chaude=>discours +contestataire, +antagonique puisque la société est en ébullition et que l'opposition à l'élite est très forte. Mais ya des périodes où ça redescend comme maintenant. Dialectique permanente avec le moment.
Que faire ? prépa option 2022 avec le bon de 2017 (opposition entre majorité de la société et minorité qui s'accapare richesses médiatiques, politiques, culturelles, l'appareil d'état, etc. Portes d'entrée affaire bennala etc. réthorique hors débat gauche/droite, /aller chercher les macroniens fluctuants de centre gauche, l'électorat populaire du rn=>option de protection générer des certitudes et démontrer crédibilité. Pas convaincu /lendemain arrivée au pouvoir on jette les clés dans la seine, on élit pour gouverner. innovante, non nostalgique du passé. La fr en retard /usage numérique. lfi en a fait le plus mais >>marge d'innov. cf alexandria occasio cortes sur instagram /usage des réseaux sociaux, italie mvt internet cf salvini a 4 millions de suiveurs.
Est optimiste />>ébulition, décomposition politique pas finie, attend une force qui mette un terme à cette pagaille libérale qui tape sur les gens. 2 urgences : stopper l'affirmation néolibérisme autoritaire et l'urgence écologique. Conjuguer protection et modernité de hipe avec l'usage disruptif des outils pour rendre sexies les options politiques.
Clémence Guetté a le pt de vue le +interne /programme défendre lfi. force vers la conquête du pouvoir assumée. plateforme internet 500000 abonnés, les ga. /prgm élt fondamental. Imposer offre idéologique, fédérer l'orga.
1:13:28 TERMINER ACT
Une rencontre avec Íñigo Errejón, cofondateur de Podemos, aujourd’hui éloigné du parti-mouvement de la gauche espagnole sur la base de solides divergences théoriques.
Dans la première partie de notre entretien : perspectives du mouvement des Gilets Jaunes, échecs et succès de Podemos, et pertinence du clivage gauche-droite.
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C’est comme si l’alternative à un potentiel mouvement national-populaire en France avait été, précisément, un caudillo néolibéral, qui imite les formes de construction – verticale, sans médiation, charismatique, avec une vocation transversale – du populisme, non pas pour mettre le peuple au centre de la nation, mais plutôt pour protéger les intérêts des élites.
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Le clivage gauche-droite divise les gens précaires, les gens sans-emploi, les auto-entrepreneurs, les petits commerçants qui doivent fermer boutique parce que toute la politique est faite en faveur des grandes entreprises…
Alors que l’axe gauche-droite les divise, l’axe de « ceux d’en bas contre ceux d’en haut » les réunit. Ce « Nous sommes le Peuple », « We the People », est un moment constituant. Bien sûr que cela crée des difficultés, qu’il y a une ambivalence à l’intérieur [du mouvement] parce qu’on pourrait dire qu’on y trouve des forces politiques idéologiquement antagoniques, évidemment.
L’extrême-droite, aux débuts du mouvement.
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Le problème, c’est que nous n’avons pas un système présidentialiste mais un système parlementaire. Dans un système parlementaire, quelqu’un doit gouverner, et il faut choisir. Ne pas choisir, n’est-ce pas déjà faire un choix ? Actuellement, face à la possibilité du retour d’une droite très agressive, tant sur le plan économique, avec des politiques injustes, néolibérales, mais aussi sur le plan des droits civils ou de l’accord territorial… C’est une droite qui, en réalité, plus qu’un projet d’avenir pour l’Espagne, compte continuer à gouverner sur la décomposition sociale et l’affrontement territorial.
Il me paraît normal de tenter un accord avec le Parti socialiste. Je l’ai défendu en 2016. A l’époque, c’était considéré comme une hérésie. Aujourd’hui, la direction de Podemos, plus qu’un accord avec le Parti Socialiste, souhaite même entrer au gouvernement avec lui.
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Le Média est très heureux de vous annoncer qu'il co-diffusera certaines conférences de l'université d'été du média indépendant Le Vent Se Lève. Au programme, trois conférences seront diffusées en direct sur notre chaine YouTube :
Vendredi de 12h à 14h : Après les gilets jaunes. Avec Emmanuel Todd, François Boulo et Raquel Garrido
Samedi de 11h à 13h : Le changement est il encore possible ? Avec Inigo Errejon
Samedi de 16h à 18h : Est-ce la fin du populisme de gauche ? Avec Chantal Mouffe et Christophe Ventura.
Pour ceux qui voudraient s'y rendre, Le Vent Se Lève propose 8 débats avec 20 intervenants sur le week-end du 28 et 29 juin.
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Gauche Populisme
Contredisant la thèse populiste, la centralité de la question sociale et l’urgence climatique rendent pertinente la hiérarchisation des luttes autour d’une stratégie écolo-socialiste.
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La stratégie éco-socialiste ne saurait être incarnée par le retour d’une union de la gauche plurielle, désavouée. Contrairement à l’explication de Mouffe, la gauche ne s’est pas effondrée pour être restée focalisée sur la question sociale au détriment des questions sociétales ! Elle s’est discréditée pour l’avoir précisément négligée, tout comme elle a bradé le capital des entreprises stratégiques et enterré la planification à la française. Sans surprise, lors de la présidentielle de 2017, le candidat ayant présenté un programme éco-socialiste, cohérent et chiffré, a réalisé ses scores sur les terres de gauche traditionnelles. Aujourd’hui éparpillés, les partisans de l’éco-socialisme doivent se reparler, en attendant de bâtir une maison commune, spacieuse, démocratique et fraternelle.
Ndlr : lfi en creux ?! ne dément pas la synthèse possible entre les deux... Questionner ACT
Le Vent Se Lève organise la seconde édition de son Université d'été : « L'Histoire recommence » ! Rendez-vous à Paris les 28 et 29 juin !
Les vendredi 28 et samedi 29 juin 2019, aura lieu la seconde édition de l’Université d’été du Vent Se Lève.
Après un premier événement couronné de succès, cette nouvelle édition, intitulée « L’Histoire recommence », s’annonce d’une plus grande ampleur encore pour contribuer au débat intellectuel et citoyen. Elle se tiendra dans l’amphithéâtre Richelieu de La Sorbonne, situé au 14 rue Cujas et pourra accueillir jusqu’à 600 participants.
Plus de 20 intervenants, leaders politiques, universitaires, intellectuels et journalistes sont invités à échanger autour de sujets fondamentaux pour l’avenir de la France et de l’Europe. Au programme, huit débats et des thématiques d’une actualité brûlante.
Vendredi 28 juin
9h30 accueil des participants.
1) La transition écologique est-elle compatible avec la démocratie ? | 10h-12h
Avec David Djaiz, Lucile Schmid, Karima Delli et Cécile Duflot.
2) Après les gilets jaunes | 12h-14h
Avec Emmanuel Todd, François Boulo, Raquel Garrido et Antoine Cargoet.
3) L’Europe dans l’impasse ? | 15h-17h
Avec Aurore Lalucq, Osons Causer et Antoine Vauchez.
4) Féminisme et populisme | 17h-19h
Avec Clémentine Autain et Clara Serra.
Samedi 29 juin
5) Le Brexit aura-t-il lieu ? | 9h30-11h
Avec Jean-Pierre Chevènement, Marie-Françoise Bechtel et David Cormand.
6) Le changement est-il encore possible ? | 11h-13h
Avec Íñigo Errejón.
7) La place des affects en politique | 14h-16h
Avec Chantal Mouffe et María Eugenia Rodríguez Palop.
8) Aéroports de Paris et l’État stratège | 16h-18h
Avec Arnaud Montebourg et Patrick Weil.
Diffusion du film "Le chant du loup" | 20h
En présence du réalisateur Antonin Baudry au cinéma Le Grand Action, 5 rue des écoles.
Nous adressons nos remerciements à l’Association Psychanalyse et Société Contemporaine, à Sorbonne Université et à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
La totalité des débats est à https://www.youtube.com/watch?v=W8mPOk5BOhY
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Mediapart s'est délocalisé à Lyon pour débattre du « jour d’après » des élections européennes. Avec :
- Laura Chazel, chercheuse en science politique, rattachée à l’université Complutense de Madrid et à Sciences-Po Grenoble. Bonne connaisseuse de Podemos en Espagne, elle étudie la circulation des thèses populistes, notamment à gauche. Elle est l’auteure d'articles académiques et de plusieurs recensions d’ouvrages portant sur ce thème.
- Stathis Kouvélakis, professeur de philosophie politique au King’s College de Londres. Ex-militant de l'aile gauche de Syriza, contestataire de la ligne suivie par Alexis Tsipras, il a rejoint les rangs de l’Unité populaire. Il est l’auteur de La Grèce, Syriza et l'Europe néolibérale (La Dispute, 2015).
- Sarah Schlitz, députée écologiste au niveau fédéral en Belgique. Féministe et militante associative, elle appartient au mouvement Vert ardent à Liège, qui se veut « écolo-citoyen ». Elle interviendra à propos de sa propre expérience, et des récentes percées des Verts en Europe du Nord et centrale.
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politique - 93 min - 2019 - tous publics
aussi dispo à https://www.youtube.com/watch?v=XfYNCKyqmPQ
A la veille de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, les équipes de «C dans l'air» ont suivi la montée de la vague populiste qui, en Italie, en Hongrie, en Allemagne mais aussi en France, risque de faire basculer les prochaines élections européennes. Depuis l'arrivée des populistes au pouvoir en Italie, jusqu'à la crise des gilets jaunes en France, la réalisatrice Marie Lorand raconte ces neuf mois qui ont fait vaciller l'Europe. Ce documentaire suit les peuples en colère mais également les politiques, dont Emmanuel Macron, dans leurs déplacements européens. Marc Lazar, Pascal Perrineau, Jean-Dominique Merchet, Thomas Snégaroff, Françoise Fressoz et Jean-Dominique Giuliani, des experts qui interviennent tout au long de l'année dans «C dans l'air», éclairent de leur analyse cette histoire en mouvement.
réalisé par : Marie Lorand
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Soirée spéciale : Europe : la tentation populiste 19.03.2019
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Ajoutée le 20 mars 2019 / C dans l'air
Après la diffusion en mars 2018 du documentaire « Terrorisme, la réponse française », la rédaction de C dans l’air propose une nouvelle soirée spéciale mardi 19 mars 2019 à ... 20.50 avec la diffusion du « Europe : la tentation populiste ».
À la veille du Brexit et de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, les équipes de C dans l'air ont suivi la montée de la vague populiste qui, en Italie, en Hongrie, en Allemagne mais aussi en France, risque de faire basculer les prochaines élections européennes. Depuis l'arrivée des populistes au pouvoir en Italie jusqu'à la crise des Gilets jaunes en France, la réalisatrice Marie Lorand raconte ces neufs mois qui ont fait vaciller l'Europe.
Ce documentaire suit les peuples en colère mais également les politiques, dont Emmanuel Macron, dans leurs déplacements européens. Marc Lazar, Pascal Perrineau, Jean-Dominique Merchet, Thomas Snégaroff, Françoise Fressoz et Jean-Dominique Giuliani, des experts qui interviennent tout au long de l'année dans C dans l’air, apportent leurs commentaires et analyses sur cette histoire en mouvement.
Caroline Roux est une nouvelle fois partie à la rencontre de ceux qui font l’histoire. Elle a ainsi interviewé Luigi di Maio, vice-président du conseil italien, Karin Kneissl, ministre des Affaires étrangères en Autriche, Nathalie Loiseau, ministre chargée des Affaires européennes, Daniel Cohn Bendit, ex-député européen et Marine le Pen, présidente du Rassemblement National.
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gilets jaunes et marche pour le climat manifestation du siècle
La journée de double mobilisation le 16 mars qui a vu dans les rues les gilets jaunes et la mobilisation pour le climat était impressionnante. Ce fut un succès et il sera contagieux. Elle atteste de la profondeur de ce qui travaille les consciences dans le pays. Car le régime macroniste et ses soutiens se réconforteraient à tort s’ils croient que les manifestations pour le climat sont inoffensives pour l’ordre en place. Et les ministres qui ont été faire les malins dans les cortèges ont eu l’occasion de s’en rendre compte. Le niveau d’exigences et la demande de sincérité n’est pas moins grande là que dans les rangs des gilets jaunes.
Un message de Lula, prisonnier politique de l’Empire
Les 16 pieds-de-nez d’Annegrett Kramp-Karrenbauer
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En Allemagne comme en France, la crainte des « populistes » signifie la crainte du peuple. La renaissance dont l’Europe a besoin est celle de la souveraineté de ses peuples.