Police Entretien
Deux anciens responsables des syndicats de police Alliance et Unsa alertent sur les dangers du RN - 4 juillet 2024 à 18h01 / Pascale Pascariello
Aucun syndicat de police n’a appelé au « barrage républicain ». Jean-Claude Delage et Philippe Capon, anciens secrétaires généraux des syndicats de police majoritaires, Alliance et l’Unsa, dénoncent auprès de Mediapart un parti qui « encourage le racisme, la xénophobie et clive la société ».
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Le divorce historique entre la gauche et les classes populaires est-il en train de se refermer ? Le large score de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle et le succès électoral de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) semblent l'attester. Pourtant, une partie des classes populaires continue à s'abstenir massivement ou à se réfugier dans le vote Rassemblement national.
Face à cet état de fait, plusieurs stratégies s'opposent pour les reconquérir. Chantal Mouffe est une théoricienne majeure du populisme de gauche et l'auteure de nombreux livres, dont « L'Illusion du consensus » et « Hégémonie et stratégie socialiste » avec Ernesto Laclau. François Ruffin commence son second mandat de député de la 1ère circonscription de la Somme, il est auteur et cinéaste.
➜ Découvrez la captation de cette conférence, donnée le 25 juin 2022 à la Maison des Métallos à Paris.
▶️ SOMMAIRE
00:00 : Introduction de Victor Woillet
04:12 : Chantal Mouffe - La théorie populiste
14:25 : François Ruffin - Un diagnostic pour la gauche
27:49 : Chantal Mouffe - Articulations nouvelles
42:51 : François Ruffin - Recréer les bons clivages
57:38 : Chantal Mouffe - Faire la morale ne fais pas gagner
01:01:59 : François Ruffin - Passer à l'offensive
01:09:49 : Chantal Mouffe - L'écologie, nouvelle étape de la justice sociale
01:19:59 : François Ruffin - L'écologie, un conflit de classe
01:29:29 : Questions du public
01:51:02 : Fin de la conférence
Terminer >28:57 ACT
PAUVRETÉ Entretien 3 commentaires
En s’attachant à comprendre comment ont été menées les politiques publiques en direction des pauvres depuis l’après-guerre, le sociologue Frédéric Viguier éclaire d’un regard nouveau la transformation de notre État social. Il rappelle que sans lutte franche contre les inégalités, la pauvreté continue de tisser sa toile.
Mots-clés ATD Quart Monde Frédéric Viguier pauvreté sécurité sociale social
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Revenant sur les débuts du père Wresinski dans le bidonville de Noisy-le-Grand, la volonté jamais démentie de « faire avec » les populations concernées, l’internationalisme, l’étanchéité idéologique avec la gauche travailliste, cette monographie foisonnante permet de comprendre la difficile position des acteurs associatifs aujourd’hui : incontournables pour leur rôle de pare-feu, radicaux dans leurs critiques, mais impuissants à inverser le rapport de force.
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clivage entre artisans de la cause des pauvres et artisans de celles des travailleurs ou des salariés ... La cause des pauvres est avant tout défendue par des associations regroupant des gens de classe moyenne, éduqués. Celle des travailleurs par eux-mêmes. Il s’agit donc dans le premier cas d’une forme de délégation, que les associations s’efforcent, ATD Quart monde la première, d’effacer, en impliquant au maximum les concernés.
Par ailleurs, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il y a un fort attachement du monde ouvrier à sa dignité sociale, au pouvoir de la lutte dans le monde du travail. Au fond, existe un rejet de toute vision un peu misérabiliste sur ce que l’on considère comme étant en deçà de la condition ouvrière. Et notamment ces plus pauvres qui continuent d’exister car ils n’ont pas accès au salariat, qui vivent dans des conditions déplorables, que les organismes représentatifs du monde ouvrier n’ont pas envie de voir ou de prendre en compte. Pour eux, il s’agit juste de la forme la plus extrême du dénuement de la classe ouvrière, pas un groupe qui nécessite un combat spécifique.
Enfin, ce sont des habitus politiques qui se cristallisent autour de ces causes. La cause des pauvres est davantage dans l’attention « ici et maintenant » à l’autre, dans un style de revendications moins inscrites dans un registre de confrontation, dans un système d’alliance dans lequel ne se reconnaît pas la nébuleuse communiste ou travailliste. Inversement du côté des associations, il s’agit de la mouvance de la gauche chrétienne, qui a le souci de trouver du pragmatisme, dans la négociation avec l’État, pour des résultats immédiats.
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La dimension assurantielle de la Sécurité sociale en a fait la chose des salariés : ils y contribuent par des cotisations sur leurs salaires, cela leur donne des droits, ce n’est pas de la charité. Et ils ont donc même le droit d’en déterminer la direction. La Sécurité sociale est une institution du salariat, sauf qu’une partie des classes populaires n’a pas accès au salariat, y compris pendant les vingt ou trente années de grande croissance économique après la Seconde Guerre mondiale. Cette affirmation doit être nuancée, bien sûr. Ce n’est pas une assurance entendue au sens strict ; la Sécurité sociale a aménagé des formes d’intégration du non-salariat, pour les indépendants, pour les ayants droit, à l’époque les femmes et les enfants des travailleurs salariés, par exemple.
Mais il reste néanmoins que les marges du salariat n’avaient pas accès à la protection sociale de tous. C’est donc bel et bien un vice initial dont les fondateurs avaient conscience et qu’ils espéraient résorber. Jusqu’aux années 1970, la salarisation a progressé, l’intégration des non-salariés dans le régime de Sécurité sociale aussi. Et puis, le mouvement s’est inversé et les marges du salariat se sont élargies. La Sécurité sociale a donc couvert de moins en moins de gens et n’a pas su penser ces marges et ces trous de la couverture sociale. L’une des raisons centrales à cet échec, c’est que le chômage n’a pas reçu dans la Sécurité sociale de l’après-guerre le traitement qu’il aurait mérité. Or il s’agissait d’une grosse menace sur l’avenir des institutions du salariat. In fine, le traitement du chômage, d’autres que moi l’ont écrit, est toujours resté réservé à des salariés stables et n’a pas su ou pas voulu donner une vraie sécurité aux précaires et aux salariés atypiques.
ATD Quart monde, une assocation radicalement démocratique
Un péché originel, qui s’est répété dans la construction de l’assurance-chômage, voire amplifié ces dernières années ?
Absolument. On est de plus en plus dans une logique assurantielle où les droits à indemnisation sont liés à des cotisations préalables, même s’il y a des nuances, des hauts et des bas, des efforts, comme dans les années 1980, pour intégrer le précariat, offrir des droits nouveaux. Mais in fine, l’assurance-chômage s’est scindée en deux, d’une part une espèce d’assurance dont bénéficient très largement les salariés les plus indemnisés, avec des taux parfois très généreux au vu des comparaisons internationales, et un filet très minimal et des contrôles de plus en plus tatillons pour les classes populaires (lire à ce sujet ces travaux http://www.ires.fr/index.php/etudes-recherches-ouvrages/etudes-des-organisations-syndicales/item/6177-quelle-evolution-des-droits-a-l-assurance-chomage-1979-2020).
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Pierre Laroque effectivement, le « père » de la Sécurité sociale, René Lenoir, le père de l’action sociale et l’inventeur de l’exclusion, et Martin Hirsch, l’homme du RSA. La comparaison entre eux renseigne sur la manière dont l’État social s’est transformé.
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il y a une telle file d’attente devant l’emploi… Le RSA déplace ainsi la question structurelle de l’absence de travail pour tous à celle de la responsabilité individuelle.
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Nicole Questiaux, conseillère d’État, entrée en politique chez les socialistes, et qui a écrit avec Jacques Fournier un Traité du social https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2005-3-page-26.htm. En le lisant, trente ans plus tard, j’étais stupéfait par leur niveau de connaissances sociologiques, philosophiques, leur capacité de penser la société, d’avoir des utopies, leur forte volonté de régulation.
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intéressant de comparer ATD au Secours populaire français, qui a adopté une forme de timidité politique, décrite par Axelle Brodiez dans un beau livre. Le SPF a fini par considérer que son rôle était d’apporter un sparadrap utile mais que la lutte devait être structurelle et politique et que seuls le parti ou les syndicats pouvaient la conduire.
ATD est tout à fait à l’opposé et a promu une parole associative libre. Mais pour le coup, c’est une parole qui est à la fois très attentive, présente, radicale mais qui n’est pas associée à une pensée et à une pratique des rapports de force et des rapports de classe. Et donc mon regard extérieur, c’est que les associations comme ATD, si politiques soient-elles, sont un peu orphelines d’autres mouvements sociaux à même de changer les rapports de force. Il y a des liens et des efforts, ce n’est pas de l’indifférence, mais ces associations sont parfois esseulées.
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L’exclusion est une catégorie d’État, inventé par René Lenoir, qui est le premier à l’utiliser dans un livre devenu une référence, Les Exclus, un Français sur dix. Il s’agissait de commencer à penser ensemble des catégories hétéroclites, les handicapés, les immigrés, les personnes âgées, etc., qui avaient en commun de ne pas entrer dans la protection sociale. Dans les années 1980, on commence à y attacher des vertus morales : on pense alors « l’exclusion des pauvres » comme on pense l’exclusion des personnes racisées : c’est une affaire de préjugés à combattre.
Je pense que ce qui se passe avec ce genre d’évolution sémantique, c’est que l’on glisse d’une vision structurelle, politique des rapports sociaux et des inégalités qui produisent de la pauvreté, à une vision plus moralisatrice, où il s’agit de combattre les préjugés contre les pauvres. Et donc s’installe une espèce de glissement qui empêche de penser le caractère systémique de la pauvreté, qui n’est que la pointe extrême des autres inégalités.
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on n’a pas besoin d’une théorie spécifique de l’exclusion. On a besoin d’une protection sociale universelle, y compris l’indemnisation du chômage, et d’une théorie intersectionnelle des inégalités, attentive aux différentes manières dont s’exercent les rapports de pouvoir, en fonction de l’âge, du sexe, de la classe et de la race.
La Cause des pauvres, Frédéric Viguier, Les Presses de Sciences-Po, 2020, 362 pages.
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Conférence du 19 février 2020, organisée par Ogmios et les étudiants de Sciences Po Lyon, en partenariat avec l'association Volonterre.
Intitulé :
Le 21ème siècle, un contexte politique et écologique inédit.
Descriptif général :
La terminologie effondriste est désormais utilisée dans une grande partie de la presse pour qualifier les risques écologiques autant qu'économiques et politiques. Un changement brutal de situation semble craint par beaucoup d'analystes, et nous devons désormais anticiper un avenir dans tous les cas de plus en plus contraint.
Dans cet objectif, tentons de comprendre le lien entre la finitude des ressources et notre impact collectif sur le vivant afin d'estimer de leur influence sur l'évolution des cadres politiques qui organisent nos sociétés.
L'intervention questionne les stratégies politiques potentiellement inefficaces ou contre-productives en monde contraint, en contextualisant la lutte anticapitaliste au coeur de la grande accélération.
Un immense merci à Chloé Varejao et Noé Lassus pour leur invitation et pour l'organisation, également à Baptiste Mylondo pour sa présence et son introduction à cette intervention.
Sources disponibles en suivant ce lien : https://medium.com/@vmignerot/limpasse-de-l-anticapitalisme-sources-de-la-conf%C3%A9rence-%C3%A0-sciences-po-lyon-2161c2f55713
Powerpoint disponible en suivant ce lien : https://fr.slideshare.net/VincentMignerot/limpasse-de-lanticapitalisme-sciences-po-lyon
Catégorie Actualités et politique 143 commentaires
Connue / https://mamot.fr/@vincib => RETROUVER LE LIEN EXACT ACT
*Transcription : ... en psychanalyse, la compulsion de répétition ... l'arbitraire de l'existence, totalitaire, coopération et rivalité, ... notre espèce est potentiellement la plus coopérative ... 3 paramètres : alimentation, santé, sécurité ... rejeter paramètres de l'arbitraire, ... effondrement = une orga humaine ne parvient plus à rejeter à l'extérieur les contraintes, situation dans laquelle on perd la maîtrise. ... conceptualiser ... augmenté la capacité de charge, détruit le milieu (régulé) chimpanze 21 ml2 homme 36x36km /bipédie cf Laurent Testot Cataclysme
révolution du paléolytique supérieur chasser à distance -> cliquet malthusien. gain démographique ; agriculture de 6 m à 200 millions ; hydrocarbures.
/agriculture -10000 à -4000 ans : passé de 1 enfant /4ans à 1e/an ! alors que l'agriculture est un désavantage biologique, nous avons perdu en taille, etc. car alim sauvage meilleurs, plus d'exercice. /domestication immunisés contrairement aux chasseurs-cueilleurs qui disparaissaient au contact des agriculteurs. sédentarité, excédents, pouvoir -> lever l'impôt -> militaires
James Scott anthropologue ... la sécurité, le thème oublié de l'écologie pollitique. étude daniel smith / actas storytelling récits les conteurs qualifiés font plus d'enfants !
le rôle des récits est premier pour définir les élites. Organise la capture d'énergie et de ressources par la chasse, la pêche. les actas égalitaristes. 2 autres études :
- la coopération est bénéfique à tous même si les élites en profitent plus.
aussi concurrence - narration processus collectif complexe, manipuler la représentation de l'environnement social.
Hypothèse fascinante : nous nous serions autodomestiqués ! tendance au jeu, utile aux compétences sociales ++ cerveau plus petit, critère commun avec les animaux : l'acceptation de la soumission docilement. L'apparition des états -> violence avec sélection technique et culturelle.
/q existantielles / pierre charbonnie livre abondance et liberté. clivage autonomie/abondance /esclavage théorie sociologique : forme ultime d'arrachement à son contexte : l'esclave est mort ! /autonomie écrire ses lois pas soi-même : quitter la dépendance pour retour au sauvage / pétrole ... technique - civilisation - capitalisme. La totalité des critiques n'existerait pas sans t-c-c ! rapport de dépendance entre technique et critique.
écosystème naturel : photosynthèse - haut de la chaine alim. L'homme n'est pas en haut. Le sens de circulation de l'énergie dessine un pouvoir : plus de plancton plus de poissons. capter l'énergie donne le pouvoir. ex. cie pétrole rockefeller 1871
/anarchie légitime car moins impactante sur le milieu. Mais ???
/ rapport Meadows étude commandée /club d'intellectuels = modèle économique global et fiable. Chute PIB, puis chute démographie, illuste dépassement de la capacité de charge. Penser le temps long. /vergogne sentiment de crainte d'une honte future ++
/oubli de ça : ex foot rival - coopération / gain compétition, le cadre ++ on a assimilé compétiition à rivalité ! oubli du cadre / invention de la liberté ! et pas des limites de la terre et des ressources.
TABLEAU DE GAINS ET PERTES ENTRE DEUX ESPÈCES :
- ++ -> Mutualisme, coopération, symbiose
- +neutre -> commensalisme
- +- -> prédation, parasitisme
- -- -> rivalité alors qu'on a mis compétition !
Irruption du capitalisme / empires évol en surface. dès que sphère comprise, guerres de 30 ans, traité de wesphalie, définit la surface des états. On a inventé les colonies et le capitalisme, la ressource étant l'humain lui-même. a des effets sur le social.
Histoire où oppresser pour avoir plus car plus de territoire. Le capitalisme est donc une réponse, et pas la cause du pb. Mais besoins inchangés (A- S - S)
Jacques élus : "orga industrielle pour produire du profit" réfute cette thèse.
Manque déni de l'irrévocabilité de la rivalité. le peuple pas content. / classe moy : celle qui a le plus cru. née avec le capitalisme. La cause, ce sont les êtres humains ! La vraie cible, c'est NOUS, les 8 miliiards d'êtres humains ! Les récits qui déterminent les dénis. L'anticapitalisme simple, facile à expliquer, invisibilise les classes moyennes. /récit à ce point dominant, structurant qu'il a accompagné la possibilité de détourner le regard, a cru en même temps que les dégats.
"soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres" La Boétie ++
Corinne Morel-Darleux "pour reconstruire un horizon, il faut nourrir notre puissance d'agir" ++ /mvts qui essaient de faire se rencontrer le système industriel, les élites, et l'environnement mais sans changer le système. ++
Notre puissance d'agir est la même que les chasseurs-cueilleurs : assurer A+S+S.
Le conflit intérieur est plus difficile à gérer que le conflit de rejet sur l'anticapitalisme ou les lobbies ou autres. Comment je vais exister moi, dans un monde où plus personne ne peut assurer sa A+S+S tout seul. Donc, comment réinvestir des mouvements politiques qui vont permettre de passer d'un monde de croissance à un monde de décroissance maîtrisée. Les chasseurs-cueilleurs, je parlais de claste ???, salins et des anthropologues qui ont étudié comment ont fait les chasseurs cueilleurs pour réguler leur adaptation pendant 99% de l'histoire de l'humanité, c'est quand même eux qui ont largement vécu plus longtemps que nous ! Les clivages des décisions qu'ils opéraient étaient soit on augmente la capacité de charge, on obtient un bénéfice à court terme mais le long terme est impacté. Soit on décroit, on limite notre emprise sur le milieu, ce qui est problématique à court terme car on obtient moins d'avantages, par contre, on protège le long terme. C'est ça les clivages politiques au sens d'organisation de la communauté qui ont régi l'organisation des chasseurs-cueilleurs pendant 99% de leur histoire. Nous, nous les avons transformés artificiellement en clivage gauche-droite (constructions hors sol, et, on le sait parfaitement, ils ne réforment absolument pas la trajectoire de croissance, ils sont tous les deux indexés dessus. On a complètement occulté la seule dicotomie qui permettrait de réguler notre adaptation, c'est faire des choix de progrès et de croissance quand c'est possible et de ne pas les faire quand c'est impossible. Aujourd'hui, c'est IMPOSSIBLE de faire un choix de CROISSANCE. On ne peut pas. Donc les clivages gauche-droite deviennent disfonctionnels, mais on peine à retrouver les clivages politiques PROGRÈS VERSUS DÉCROISSANCE. C'est ceci qu'il faut réinvestir.
J'ai beaucoup parlé d'élites, de récits, Voici un des graphes de l'étude HANDY (Human and Nature Dynamics) de 2014 cofinancée par la NASA, peu importe, qui posait des questions intéressantes. Elle essayait d'estimer des rapports de classes en fonction de la distribution des avantages, de la production, de la richesse. ~même schéma que Meadows : quand la production de richesse augmente, la nature en pâtit. Les producteurs (les Commoners, ouvriers, salarités, ceux qui créent la richesse en transformant la nature) augmentent en population. Et les élites aussi, mais un peu plus tard. Et puis surtout, les élites, à un moment donné, la capacité de charge est dépassée, la richesse décroit, et puis la force productive puisqu'il n'y a plus rien à transformer donc on ne peut plus créer de richesse. Et on voit que les élites durent un peu plus longtemps, mais en fait, elles disparaissent aussi. Et aujourd'hui nous ne sommes pas gouvernés ni par des empereurs romains ni pas des rois mayas. Pourquoi ? Car ils ont disparus aussi. Ça ne veut pas dire que la totalité de la société a disparu, mais elle a été ramenée à un niveau compatible avec la capacité de charge.
Question : qu'est-ce qui se passe dans le monde dans lequel nous allons aller où la nature est dévastée, entre le pic d'existence des travailleurs et le pic d'existence des élites ? Est-ce que nous allons entrer dans un monde où les conflits seront totalement déconnectés de la réalité politique telle que je l'ai décrite - et dans ce cas, c'est la guerre - ou est-ce que nous allons comprendre peut-être que nous tous, à 8 milliards nous avons été extrêment solidaires pour raconter tous de belles histoires qui ont dévasté notre environnement et qui nosu ont fait exister. Dans ce cas là, il y a peut-être un dialogue possible à 8 miliards. C'est assez binaire. Si on ne se réconcilie pas avec notre propre histoire que j'ai tenté de décrire aujourd'hui, c'est juste l'horreur pour demain. Si on comprend quels sont les fondamentaux de notre existence, on peut peut-être éviter les pires horreurs.
Ndlr : téléverser les doc présentés ACT
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Originaire de Saillans, la journaliste Maud Dugrand documente, dans un livre intitulé La Petite République de Saillans, les contours, les tensions et réussites d’un moment politique et démocratique inédit. Entretien.
Mots-clés démocratie participative Drôme élections municipales liste citoyenne Maud Dugrand République Saillans
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chercher le consensus à tout prix, dans un processus de participation, possède des limites. C’est un modèle qui semble légitime mais qui empêche sans doute parfois de prendre des décisions nécessaires.
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Alors qu’on est habitué à la verticalité des décisions, à la fonction symbolique du maire, Saillans a bousculé des représentations et des pratiques du pouvoir qui nous construisent et nous sécurisent depuis des décennies. Cela ne va pas sans angoisse, mais cela peut changer des habitudes dont on voit bien les limites.
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des règles d’écoute et de répartition de la parole ont été posées et cet espace civilisé est favorable aux femmes. Je soupçonne que, dans le village, cela a bousculé le patriarcat, car on a ouvert des lieux obéissant à des règles où l’on n’a plus peur d’aller en tant que femme.
... réforme du Plan local d’urbanisme (PLU) réussie ... 93 événements participatifs ont été proposés entre juin 2017 et juin 2019 concernant le PLU et 434 personnes ont participé à au moins l’un d’entre eux, ce qui est énorme sur un village de 1 300 habitants ... cela a été compliqué et parfois violent ... Ces questions en apparence techniques, complexes, réglementaires touchent en réalité des choses fondamentales : la propriété privée, l’intérêt commun, la manière dont on vit et on habite. ... Ce qui est très positif, c’est que ces sujets qui, en général, demeurent enfouis, alors qu’ils se situent à l’articulation des projets de société et de l’intimité des vies, ont été mis sur la place publique, au lieu qu’on découvre, à chaque vote, qu’il y a de l’inquiétude, des rancœurs, des seuils de tolérance et d’intolérance que capte le plus souvent le vote FN ... même s’il reste des désaccords, il est plus sain qu’ils s’expriment ouvertement. À ce titre, l’existence d’une liste d’opposition est un très bon signe.
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Le « capital d’autochtonie » a son importance
... partager le village entre « néos » et « locaux » ou entre « droite » et « gauche » ? ... clivage ... être capable de se confronter de personne à personne. ... Le cadre participatif laisse peu de place au conflit. Il impose la rationalité au détriment de l’émotion, de la parole directe, parfois frontale ... il existe souvent une euphémisation du conflit chez ces classes moyennes à fort capital culturel. ... la « redistribution de la parole se substitue à la redistribution sociale », comme on l’a vu lors du « Grand débat » post-gilets jaunes.
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des listes citoyennes ne peuvent pas se constituer à trois mois des élections. Il faut un travail au moins deux ans avant, avec l’aide de professionnels de l’éducation populaire et de l’animation de réunions. Mais il n’est pas inintéressant de noter que dans la ville voisine de Crest, 8 000 habitants, administrée depuis quatre mandats par Hervé Mariton, ancien député LR, qui se représente pour un cinquième mandat, une liste citoyenne s’est constituée. Peut-être qu’avec le temps, Saillans assumera d’avoir été ce précurseur, mais aujourd’hui c’est trop tôt. Saillans n’avait pas l’ambition de repenser la démocratie d’un point de vue théorique.
Ndlr : faut-il privilégier l'action à la parole, le faire ensemble, plutôt que la "parlotte" ? questionner, expérimenter ACT
... Les études menées par son équipe ces derniers mois font état d’un basculement inédit de l’opinion publique sur les thématiques environnementales, qui bousculent l’entreprise bien plus sévèrement qu’elle ne l’avait anticipé. ... 2019 marque bien un tournant dans la mesure où un grand nombre de barrières sont tombées, d’après les résultats de cette même enquête :
-En termes de revenus : « L’environnement n’est plus la préoccupation des gens aisés mais de tout le monde » (seule exception : les individus en extrême difficulté, dont le foyer gagne moins de 1 200 euros).
-En termes de classes sociales : « 55% de ceux qui se considèrent comme appartenant aux milieux populaires citent l’environnement comme priorité, juste devant le pouvoir d’achat (54 %). C’est autant que ceux qui se considèrent comme appartenant aux classes moyennes (53 %). »
-En termes de catégories socio-professionnelles : l’environnement est la deuxième priorité « chez les ouvriers et les employés, loin devant l’avenir du système social ou l’immigration, même si le pouvoir d’achat reste leur premier sujet. »
-En termes d’âge : l’environnement n’est pas seulement la priorité des jeunes mais également « désormais la deuxième priorité des plus de 60 ans, avec 49 % de citations, juste derrière l’avenir du système social ».
La campagne des municipales pourrait confirmer la tendance.Cécile Cornudet, éditorialiste politique des Echos, écrivait récemment : « ni gauche-droite ni progressistes-nationalistes, la précampagne pour les élections municipales met en lumière un nouveau clivage politique : écologie radicale versus écologie « des petits pas » ».
...
voir les préoccupations écologiques s’immiscer aujourd’hui partout – y compris, parfois, là où on ne les attendait pas :
- Dans l’art et le divertissement - Dans l’édition jeunesse -Dans le domaine funéraire -Dans l’orientation des jeunes.
... Un effet de cliquet ... le premier rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat (instance indépendante composée d’experts scientifiques français reconnus, mise en place par l’Elysée), sorti cet été, n’a pas reçu la lumière qu’il méritait. ... démarginalisation du discours sur les limites de la croissance ... « lorsqu’un gouvernement renonce sciemment à sa responsabilité de protéger ses citoyens, il a échoué dans son rôle essentiel. Le contrat social a donc été brisé et il est dès lors fondé de se rebeller ». ... En répandant la conscience de l’urgence et en promouvant un idéal de sobriété, XR fait en quelque sorte un travail d’éducation populaire qui prépare le terrain à des programmes politiques plus ambitieux ». ... passer d’une logique de « compensation » à une logique de « contribution » aux réductions ... l’éco-anxiété pourrait provoquer des réactions malheureuses voire dangereuses sur des individus instables et/ou facilement manipulables. ... a « VSCO Girl » typique « se déplace en vélo, une gourde réutilisable dans son panier », se prend en photo « dans des environnements naturels ... le DJ Fatboy Slim ait récemment remixé l’un de ses tubes en y intégrant des paroles du discours de Greta Thunberg à l’ONU ...
Connu / https://twitter.com/nouel_juliette/status/1192172892714360839
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Delphine Batho a retweeté
Juliette Nouel @nouel_juliette · 5h Déprimés par l'inertie générale face à la crise écologique ? Lisez cet article qui détecte les signaux faibles d'un mouvement de bascule. Il arrive !
On est passé de la logique du « je sais » (que ça va mal) à celle du « je sens » @Signaux_Faibles 😀👏
Image ci-dessus : bandes représentant les températures dans le monde de 1850 à 2018 La scène s’est passée mi-octobre, lors d’un séminaire d’une entreprise du CAC40. Tandis que les cadres réunis pou…
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Au Camp Climat, plus de militants et plus déterminés - 27 août 2019 / Laury-Anne Cholez (Reporterre)
Pendant douze jours, plus d’un millier de personnes ont participé au Camp Climat, une sorte d’université d’été pour se former aux méthodes de désobéissance civile. L’occasion également de réfléchir aux stratégies du mouvement écolo et de s’interroger sur la radicalité des actions.
Kingersheim (Haut-Rhin), reportage
...grande « simulaction » : le blocage du fictif One Planet Seum-it. ... La fiction dépassant parfois la réalité : l’un des participants a eu une côte fêlée lors d’une bousculade un peu trop mouvementée. « Tout n’a pas toujours été vraiment non violent. Des gens se sont débattus lors des interpellations alors qu’on leur avait appris à ne pas lutter », disait un formateur, un peu déçu. N’empêche : cette expérience grandeur nature a permis aux novices de se frotter à la réalité d’une action de désobéissance et de réaliser — pour certains — qu’ils n’auraient jamais la force d’affronter la « vraie » police. D’autres au contraire sont repartis plus galvanisés que jamais.
...
Des militants d’autres organisations étaient également présents, notamment des membres de Youth for Climate et d’Extinction Rebellion. Ce jeune collectif qui s’est fait connaître par un discours très offensif et par un blocage du pont de Sully, violemment réprimé. « Le mouvement écolo dans son ensemble est en train de se questionner sur la radicalité. Cela ne sert à rien de se taper dessus entre nous. Il faut faire front commun », estimait Claire Lejeune, membre d’Extinction Rebellion. Pourtant, cette question de la radicalité demeure clivante, faute notamment de consensus autour de sa définition. « Il faut distinguer le discours, le niveau d’engagement et, surtout, le résultat d’une action. Par exemple, il y a des demandes au sein d’ANV-COP21 pour faire des blocages qui durent plus longtemps. Certes, c’est radical, mais est-ce vraiment transformateur de la société ? Alors qu’une monnaie locale, qui remet l’économie au service de l’humain, est une action qui ne semble pas radicale. Pourtant, elle l’est », analyse Jon Palais. Il estime d’ailleurs qu’il n’existe pas de radicalité possible sans une adhésion massive de la population : « Je demeure sceptique face à l’état actuel de notre rapport de force et je crois qu’un petit nombre de gens qui changent le système et imposent leur choix aux autres, cela s’appelle de la dictature. »
Des querelles de clocher pour Cécile, formatrice à l’action militante soutenable. Elle déplore les débats interminables pour savoir qui détient la meilleure méthode pour gagner : « Je pense qu’on reproduit les mécanismes de pensée du système capitaliste en hiérarchisant les façons de faire. Or, il ne faut pas voir cela de façon pyramidale mais plutôt par cercles connectés les uns aux autres. Je ne veux pas perdre mon temps ni mon énergie à convaincre un collectif qui a envie de faire des actions violentes. Il ne faut pas chercher à uniformiser la lutte. Mieux vaut mener la bataille de différentes façons et avancer au lieu de perdre du temps à savoir qui a raison. L’éparpillement collectif n’est pas grave car s’il n’y avait qu’une seule manière de résoudre la crise climatique, on l’aurait déjà trouvée. »
Par Vincent Cheynet, Directeur du journal d'écologie radicale La Décroissance et essayiste.
Politique
"La décroissance s'oppose à la fois à la gauche dans son refus de l'idéologie progressiste et à la droite par son anticapitalisme", affirmait Vincent Cheynet dans Décroissance ou décadence (Le Pas de Côté, 2014). Pour le directeur de publication du journal La Décroissance, l'écologie politique rend obsolète les clivages politiques traditionnels. Alors que l'écologie a le vent en poupe et que son positionnement sur l'axe gauche/droite fait débat, Vincent Cheynet revient avec nous sur cette question.
... En 1966, le génial précurseur de la décroissance, Jacques Ellul, avait intitulé un chapitre de son Exégèse des nouveaux lieux communs (Table ronde, 2004) : "Qui dit : “ni droite ni gauche” est de droite".
... extrait : "Il est révélateur de ce que cet homme de gauche est le plus politisé. Il récuse par là toute possibilité d'échapper au politique, il fait donc du politique une valeur dernière, religieuse. Cet homme de gauche ne croit pas à la religion : il l’a en effet remplacé par la politique, il y apporte la même ferveur, la même intransigeance, le même souci de la défense de l'Église et des dogmes (c’est-à-dire le parti et la doctrine). L’homme de gauche est un croyant, et c'est pourquoi il apporte aussi dans le combat politique une dureté, une vigueur que ne peut y apporter celui pour qui la politique a une valeur toute relative, ne débouche sûrement pas sur des lendemains qui chantent, et se qualifie comme une activité parmi d’autres."
... les mêmes qui finissent par basculer à l’extrême droite, à l’image pendant la dernière campagne des européennes l’ex-élu "antifa" du parti de Jean-Luc Mélenchon, Andréa Kotarac, passé au parti de Marine Le Pen.
... Comme l’a bien décrit Jean-Claude Michéa, droite et gauche sont en fait les deux faces d’un même "ruban de Möbius" ; celui du libéralisme, soit la matrice de l'idéologie de l'illimité : la croissance, le développement ou encore l’atomisation de la société.
... Tout se passe comme si ce bipolarisme, comme autrefois le monolithisme religieux, avait pour fonction de bloquer l’état social – dans ce cas le changement – sur les rails, en divertissant ses membres des questions qu’il leur pose." (Le Changement http://www.lepasdecote.fr/?p=655, Le Pas de côté, 2013).
Lire aussi Les nouvelles radicalités : demain, tous décroissants ? https://www.marianne.net/societe/les-nouvelles-radicalites-demain-tous-decroissants
Une rencontre avec Íñigo Errejón, cofondateur de Podemos, aujourd’hui éloigné du parti-mouvement de la gauche espagnole sur la base de solides divergences théoriques.
Dans la première partie de notre entretien : perspectives du mouvement des Gilets Jaunes, échecs et succès de Podemos, et pertinence du clivage gauche-droite.
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C’est comme si l’alternative à un potentiel mouvement national-populaire en France avait été, précisément, un caudillo néolibéral, qui imite les formes de construction – verticale, sans médiation, charismatique, avec une vocation transversale – du populisme, non pas pour mettre le peuple au centre de la nation, mais plutôt pour protéger les intérêts des élites.
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Le clivage gauche-droite divise les gens précaires, les gens sans-emploi, les auto-entrepreneurs, les petits commerçants qui doivent fermer boutique parce que toute la politique est faite en faveur des grandes entreprises…
Alors que l’axe gauche-droite les divise, l’axe de « ceux d’en bas contre ceux d’en haut » les réunit. Ce « Nous sommes le Peuple », « We the People », est un moment constituant. Bien sûr que cela crée des difficultés, qu’il y a une ambivalence à l’intérieur [du mouvement] parce qu’on pourrait dire qu’on y trouve des forces politiques idéologiquement antagoniques, évidemment.
L’extrême-droite, aux débuts du mouvement.
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Le problème, c’est que nous n’avons pas un système présidentialiste mais un système parlementaire. Dans un système parlementaire, quelqu’un doit gouverner, et il faut choisir. Ne pas choisir, n’est-ce pas déjà faire un choix ? Actuellement, face à la possibilité du retour d’une droite très agressive, tant sur le plan économique, avec des politiques injustes, néolibérales, mais aussi sur le plan des droits civils ou de l’accord territorial… C’est une droite qui, en réalité, plus qu’un projet d’avenir pour l’Espagne, compte continuer à gouverner sur la décomposition sociale et l’affrontement territorial.
Il me paraît normal de tenter un accord avec le Parti socialiste. Je l’ai défendu en 2016. A l’époque, c’était considéré comme une hérésie. Aujourd’hui, la direction de Podemos, plus qu’un accord avec le Parti Socialiste, souhaite même entrer au gouvernement avec lui.