Anthropologue, Philippe Descola, a consacré une partie de son travail à proposer de nouvelles façons d’habiter la Terre. En déconstruisant l’idée de « nature », il appelle à changer radicalement nos relations avec le monde vivant et les non-humains. Entretien.
Alternatives
Temps de lecture : 18 minutes #interviews #innovation politique #zad
basta! : Votre dernier livre, Ethnographies des mondes à venir, coécrit avec Alessandro Pignocchi, tout comme le documentaire dont vous êtes le sujet principal, Composer les mondes, d’Eliza Levy [1], tissent tous deux un parallèle entre ce que vous avez pu observer chez les Achuar en Amazonie, puis sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Philippe Descola : Un même mouvement de refus de l’appropriation privative des communs, qui participe aussi d’une autre façon de s’attacher à son territoire. Dans leurs luttes contre la spoliation territoriale, les populations autochtones s’efforcent toujours de mettre en évidence que les territoires qu’elles habitent ne sont pas simplement des « gagne-pain »
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Vous dites que les zadistes expérimentent une « cosmopolitique inédite »...
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les non-humains font désormais partie du régime politique : ils ont un rôle à jouer dans la vie collective et dans les institutions, en tout cas il convient d’aménager celles-ci pour que les non-humains puissent y prendre toute leur part.
« Il convient d’aménager la vie collective et les institutions pour que les non-humains puissent y prendre toute leur part »
Et c’est inédit parce que ce registre d’attention là n’avait rien de spontané, au vu de l’origine urbaine de beaucoup d’occupants de la ZAD. D’ailleurs, au départ, le principe d’identification qui concourt à la défense du lieu résultait sans doute bien plus de l’opposition à un adversaire commun – un grand projet d’aéroport, inutile et coûteux. Mais cela ne suffit pas pour s’attacher à un lieu. Les zadistes ont appris à s’identifier progressivement à des plantes, à des animaux, au bocage et à tout un milieu de vie. Ils ont appris à reconnaître son caractère distinctif, à découvrir les singularités propres des plantes et des animaux qu’ils côtoient au quotidien. Et je trouve cet apprentissage particulièrement intéressant, car il signifie qu’il n’y a pas d’inéluctabilité à la séparation des humains avec le vivant dans ce que j’appelle le « naturalisme ».
... l’une des quatre « ontologies », c’est-à-dire l’une des quatre grandes façons d’être au monde, que vous identifiez dans votre ouvrage de référence, Par-delà nature et culture [2]. À la différence de l’animisme, du totémisme ou de l’analogisme, le naturalisme stipule une parfaite dichotomie entre nature et culture.
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a rendu possible ce mouvement de privatisation des « communs » – c’est-à-dire tous ces éléments non humains partagés par des groupes d’humains : l’eau, les forêts, les pâtures, mais aussi le savoir, par exemple – en les transformant en « ressources ». Celles-là mêmes qui ont ensuite permis, d’abord par la politique d’exploitation du travail et des matières premières dans les colonies, puis par le développement de la révolution industrielle qui en a découlé, une accumulation sans précédent de capital, avec toutes les conséquences écologiques et sociales que l’on connaît aujourd’hui. Autrement dit, par la tournure de pensée qu’il a induite chez les Européens à partir du 17e siècle et qui s’est ensuite accéléré et répandu à travers le monde, le naturalisme a été la condition de possibilité du capitalisme, son soubassement.
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l’État chinois participe complètement à la grande bataille productiviste, basée sur cette idée démiurgique de contrôle et de transformation des ressources…
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le concept d’anthropocène me paraît mal nommé, et qu’un terme comme « capitalocène » serait bien plus juste : c’est bien une petite proportion de l’humanité qui, par sa gloutonnerie, a mis la totalité des humains dans une position terrible, en remettant en cause les possibilités de l’habitabilité sur Terre.
En quoi la relation des Achuar à leur environnement est-elle donc si différente ?
... une « continuité des intériorités » : les capacités morales et cognitives ne sont pas réservées aux groupes humains, les Achuar décèlent également une subjectivité, et des intentions, chez les non-humains ... n’ont pas de terme pour désigner la nature
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L’anthropologie permet de « dés-eurocentrer » le regard, et en l’occurrence, cela m’a aussi appris à « dés-anthropocentrer » les concepts que j’utilisais.
Après tout, les sciences sociales sont des héritières directes de la philosophie des Lumières, et si tout le monde utilise à présent les concepts de « nature », de « culture », de « société », il ne faut jamais oublier qu’ils ont une histoire tout à fait singulière, qui nous est propre, en Europe. L’anthropologie invite à remettre en question toutes ces notions et à en proposer d’autres.
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l’anthropologie donne à voir des peuples contemporains qui nous offrent d’autres choix collectifs. C’est un tremplin pour imaginer d’autres futurs possibles.
... déconstruction ?
... principale qualité de l’ethnographe, c’est l’humilité ... L’anthropologue est entre deux mondes, il doit abandonner en partie celui dont il vient, sans être jamais entièrement dans celui qui l’accueille. Et c’est parce qu’il a cette distance qu’il peut être efficace, en faisant ainsi varier les paramètres de son propre monde à partir des paramètres du monde où il a choisi d’élire domicile.
Est-ce cela qui vous a conduit à vous éloigner progressivement du marxisme, dont vous avez été un compagnon de route pendant longtemps ?
... double imposture qu’a bien mis en évidence Pierre Charbonnier dans son livre Abondance et liberté ... Marx l’avait vu également d’une certaine façon, à travers la théorie du *fétichisme de la marchandise
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déconstruire le dualisme nature-culture n’offre pas beaucoup de prises concrètes, face à l’urgence de la crise écologique et l’ampleur des dégâts, voire que cela contribuerait à dépolitiser le sujet. Et que, si l’on considère le capitalisme comme le premier facteur responsable de la crise écologique, alors c’est à lui qu’il faut s’attaquer en priorité. C’est en substance ce que défend par exemple un penseur comme Frédéric Lordon [3]. Que répondez-vous à cela ?
Qu’il faut, bien évidemment, lutter contre les institutions qui propagent et rendent possibles l’accumulation capitaliste, ça va de soi. Je n’ai jamais caché mes opinions là-dessus. Mais qu’est-ce que ça veut dire, aujourd’hui, être anticapitaliste ? Quelle forme ça prend ? Est-ce que c’est le « Grand Soir », est-ce qu’on compte faire la Révolution et pendre tous les patrons au réverbère ? Il y a une erreur profonde sur l’état de la situation historique, qui ne s’y prête pas. C’était déjà le cas quand j’étais militant à la Ligue communiste révolutionnaire (ancêtre du NPA, ndlr) dans ma jeunesse, et c’est précisément la raison pour laquelle j’en suis parti. Notre espoir, complètement fou, c’était de devenir l’avant-garde du prolétariat, mais on ne s’était pas rendu compte que le prolétariat, tel qu’on le concevait, était en train de disparaître puisque la classe ouvrière elle-même était en train de disparaître…
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tout faire en même temps, à la fois se battre contre les institutions du capitalisme, mais aussi produire des alternatives concrètes
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La ZAD porte un projet de vie communal, dans lequel les terres, comme le travail, sont en commun ... forme d’entraide, de solidarité. Dans lequel les décisions politiques, c’est-à-dire celles qui concernent la vie collective, sont prises par discussion – c’est donc une démocratie participative plutôt que représentative. Ce qui est à la fois extraordinaire, avec un fort effet d’exemplarité, mais aussi très coûteux, puisque cela exige de rechercher et obtenir en permanence le consensus. Et de ce point de vue là aussi, on devine que cela peut être très inquiétant pour des politiciens qui considèrent qu’une fois que le citoyen a mis son bulletin de vote, il n’a plus le droit à la parole !
Au fond, la ZAD propose un récit alternatif qui est porteur d’enthousiasme. Ce n’est pas pour rien qu’il s’en crée un peu partout : contre les retenues d’eau pour la neige artificielle comme à La Clusaz, contre les mégabassines dans l’agriculture, contre des projets d’aménagement urbain, comme aux Lentillères à Dijon… C’est une forme d’occupation du territoire qui fait tache d’huile. Au début, c’est toujours une mobilisation contre un projet, et ensuite, cette mobilisation se stabilise en un mode de vie particulier. Cela m’a beaucoup frappé lorsque j’y étais, en juillet dernier, pour le festival « Zadenvies » : tous ces jeunes sont là en quête d’une altérité possible, d’une autre façon de voir et d’être ensemble. C’est ce qui est passionnant, ces modes d’action engendrent des modes de vie. Et de la joie, aussi, il faut voir l’enthousiasme à partager ces luttes. Tant mieux, car le militantisme ne doit pas être une martyrologie !
Ce 19 novembre, Barnabé Binctin anime une rencontre avec Philippe Descola lors du Festival du livre et de la presse d’écologie (Felipé), après la projection du documentaire Composer les mondes, d’Eliza Levy (horaires : 12h15 - 14h10).
[1] Pour la diffusion en salles et sur plateformes voir ici.
[2] Gallimard, 2005 ; réédition coll. « Folio essais », 2015.
[3] Dans un billet intitulé « Pleurnicher le vivant », qui s’en prend notamment à Bruno Latour (voir sa réponse dans nos colonnes) et à la nouvelle école de pensée qui lui est associée, Frédéric Lordon estimait par exemple que « se retrouver propulsé dans la position très politique de "la pensée-à-la-hauteur-du-péril" sans jamais prononcer la seule parole politique à la hauteur du péril, sans jamais dire que la Terre est détruite par les capitalistes, et que si nous voulons sauver les humains de l’inhabitabilité terrestre, il faut en finir avec le capitalisme, c’est un exploit ». Lire le texte complet sur Le Monde diplomatique.
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Extrait de ce Michel Midi
Cet entretien a été réalisé dans le cadre de la Consultation populaire de la France insoumise qui vise à recueillir des témoignages ...
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Le regard sur les campagnes a changé depuis le confinement, se félicite la nouvelle ministre chargée des Collectivités locales. Mais ...
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Tenir le Cap de la Rupture - Extrait de l'entretien avec Jean-Luc Mélenchon à la fête de l'humanité 2022 sur la séquence politique que nous avons vécu.
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À l'occasion du Forum Zéro Carbone Bordeaux, découvrez l'interview de Pierre Flandrois, Directeur régional Sud-Ouest, IDEX.
Durée de lecture : 23 minutes Clés : Grands entretiens Politique
Il se confie sur son avenir et développe sa vision des enjeux énergétiques, du capitalisme et de la politique de l’eau
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Écoutez l’entretien complet de Jean-Luc Mélenchon dans Les Grands entretiens de Reporterre : https://podcast.ausha.co/les-grands-entretiens-de-reporterre
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Amandine Atalaya reçoit Alexis Corbière, député "La France insoumise" de Seine-Saint-Denis, dans "L'interview" sur BFMTV et RMC, ce vendredi 29 juillet 2022.
Courrier international (https://www.courrierinternational.com/long-format/entretien-amory-lovins-la-revolution-energetique-a-eu-lieu-desole-si-vous-l-avez-manquee)
Entretien. Amory Lovins : “La révolution énergétique a eu lieu, désolé si vous l’avez manquée !”
Faire un meilleur usage de l’énergie, c’est ce que préconise le chercheur américain Amory Lovins, surnommé “l’Einstein
Connu / tg 13/8/22 8:50
Politique
ENTRETIEN. Le député socialiste de la 4e circonscription de l’Eure Philippe Brun exhorte la gauche à ne pas laisser le RN récupérer ses thèmes.
Deux faits honorent Philippe Brun. Le jeune député socialiste peut se targuer d'avoir empêché le RN de faire carton plein dans l'Eure – toutes les autres circonscriptions ayant basculé dans l'escarcelle du parti de Marine Le Pen. « C'est un honneur mais aussi un avertissement », prévient-il. En s'emparant de la question sociale, le RN est en train d'« absorber » la gauche, estime-t-il. Aussi invite-t-il ses camarades de la Nupes à ne pas avoir de tabou : il faut parler d'insécurité culturelle, d'immigration, d'identité sociale.
Le deuxième fait relève de l'ordre du symbolique. Son bureau, situé dans l'aile du Palais Bourbon historiquement réservée aux députés socialistes, était occupé par François Mitterrand lorsque l'ex-président socialiste siégeait encore sur les bancs de l'Assemblée. Près de cinquante ans après l'adoption du « Programme commun », Philippe Brun estime que, malgré quelques divergences de fond, ce qui réunit les signataires de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) est plus puissant que ce qui les oppose. Pour contrer la percée du RN, il faut, estime-t-il, que la gauche rende vivante « la promesse jaurésienne d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ».
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Jean-Luc Mélenchon, en créant la Nupes, a eu le mérite de faire renouer la gauche avec la sincérité, ce qui nous a permis de nous reconnecter aux classes populaires des centres urbains. Il nous faut maintenant, vous avez raison, gagner la bataille de la crédibilité. Nous devons absolument être davantage crédibles sur les questions régaliennes, budgétaires et financières. On a fait une percée en passant de 70 à 150 députés. Pour passer de 150 à 289 [seuil de la majorité absolue, NDLR], il faut que le programme de l'union de la gauche soit crédible.
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il faut que nous rendions vivante la promesse jaurésienne d'aller à l'idéal et de comprendre le réel. Jean-Luc Mélenchon en est capable, car il est philosophiquement socialiste. C'est la raison pour laquelle je crois que les deux grandes forces de la Nupes sont le PS et LFI. Nous nous entendons bien, car nous avons la même vision du monde. Nous savons que le moteur principal de l'histoire, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Ce qui nous différencie des écologistes, même si l'essentiel nous réunit, c'est qu'eux considèrent que le moteur de l'histoire, c'est l'exploitation de la nature par l'homme. Je ne doute pas pour autant que nous parviendrons à trouver un chemin commun.
Ndlr : il semble un NUPES convaincu et loyal. Sur quoi se fonde-t-il pour affirmer que le programme n'est pas crédible ? ACT
Interview
Face à l’arrêt forcé de nombreux réacteurs dans l’hexagone, Yves Marignac, expert critique du nucléaire et porte-parole de l’association négaWatt, spécialisée dans la transition énergétique, dénonce une trop forte dépendance du pays au nucléaire.
Dans la salle du réacteur de l'EPR de Flamanville, le 14 juin. (Adeline Keil/Libération)
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Connu / tg 20/7/22 à 11:37
François Ruffin © Pablo Porlan / Hans Lucas pour Le Vent Se Lève
[Le samedi 25 juin, à 17 heures, François Ruffin sera présent à la Maison des Métallos pour une conférence avec Chantal Mouffe sur le thème « La gauche peut-elle de nouveau être populaire ? ». Plus de détails sur la page Facebook de l’événement]
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la politique ne se construit que sur du conflit. La démocratie, c’est du conflit, mais du conflit organisé, organisé pacifiquement. Et le pire, ce sont les moments où l’on tait le conflit, au nom du consensus, dans une fausse démocratie. C’est comme une cocotte-minute : le conflit, étouffé, revient plus tard de manière violente.
Et le conflit qui prévaut, pour moi, c’est le conflit de classe ... Un… deux… trois… » Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, vient de gagner 10 000 € ! Autant que ma suppléante, Hayat, en un an : elle est accompagnante d’enfants en situation de handicap. ... faire ressentir cette injustice sociale, que les gens ne voient pas, ou rarement. Comme ils éprouvent tout de même un sentiment d’injustice, celui-ci est canalisé dans d’autres directions : les étrangers, les réfugiés, les assistés. Autrement dit : les plus pauvres qu’eux. C’était déjà ma bagarre il y a cinq ans, mais c’est encore davantage conscient aujourd’hui : il y a deux catégories d’invisibles que je cherche à mettre en lumière. Ceux du bas, bien sûr : les auxiliaires de vie sociale, les agents d’entretien, les ouvriers, etc., qui figurent dans mes films. Mais il y a d’autres invisibles à mettre en lumière : ceux du haut.
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la famille Saint-Frères, un empire textile, né au XIXe siècle. Les habitants vivaient aux alentours, dans les corons, dans des taudis, dans de la terre battue. Quand ils sortaient de chez eux, ils voyaient où partait leur travail : dans ces superbes châteaux. Aujourd’hui, quand ils sortent de chez Amazon, ils ne voient pas les immenses villas, yachts et jets privés de Jeff Bezos. Alors, il faut donner à voir, à ressentir cette injustice majeure. Si on y parvient, on réactive le conflit de classe, et du vote de classe. Si on n’y parvient pas, ils vont se tourner vers des bouc-émissaires
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Un politiste que j’apprécie, Patrick Lehingue, explique que dans les années 70, la gauche ne faisait pas dans la dentelle : c’étaient des clivages relativement simples, binaires, rustiques, les petits contre les gros, le travail contre le capital, les salariés contre les patrons, etc. Puis, dans les années 80, la gauche arrivée au pouvoir a changé de lexique : les choses devenaient plus « complexes », le marxisme était « dépassé ». Les gens, pourtant, continuaient à ressentir une injustice, le chômage s’amplifiait, les Restos du cœur ouvraient… Mais puisqu’on ne l’exprimait plus en termes de classes, ils se sont tournés vers d’autres oppositions : les vieux contre les jeunes, les hommes contre les femmes, et surtout, surtout, les Français contre les immigrés. Il faut réactiver ce conflit central du capital contre le travail – avec une nuance, tout de même : il y a davantage de petits patrons, d’indépendants, d’auto-entrepreneurs aujourd’hui qu’hier. C’est une transformation, pas seulement économique, psychologique, majeure.
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ce qu’Emmanuel Todd appelle un passivisme des éduqués. Ainsi, la gauche a accompagné la mondialisation. Je parle bien sûr de la gauche sociale-libérale ... accepter une perspective anti-mondialiste, ou démondialisatrice ... le choix de délocaliser vers la Slovaquie répondait à une rationalité imparable ... rapport de 2011 produit par Terra Nova ... Les ouvriers doivent être abandonnés, car les reconquérir impliquerait de défendre le protectionnisme et d’abandonner un agenda libre-échangiste.
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Le vote RN dans ma région ... rejet de la mondialisation
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2005 ... aujourd’hui ... pas 55 % de « non» mais 60 ou 65 % ! ... Le projet de Macron est un projet minoritaire : la base électorale du « oui» de 2005 ne cesse de se rétrécir. Il se passe de l’avis du peuple pour multiplier les traités de libre-échange : avec le Canada, le Vietnam et le Mexique – en plus des négociations en cours avec la Chine et l’Inde.
C’est ainsi le même projet de mondialisation, de concurrence et de croissance qui se perpétue. Il faut une triple rupture : moins de mondialisation et davantage de protection, moins de concurrence et davantage d’entraide, moins de croissance et plus de répartition. Leur projet est démocratiquement mort et ils le savent. ... Désobéir. L’Union européenne est libérale dans ses fondements. Comparons le mythe fondateur de la nation française à celui de l’Union européenne. Nous avons la révolution française, moment de surgissement du peuple sur la scène de l’histoire. L’Union européenne a des traités économiques, incompréhensibles pour la grande masse des gens. D’où son absence d’ancrage populaire. Une politique de gauche sera amenée à se heurter à l’Union européenne.
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Le paradoxe, c’est que nous avons perdu une élection alors que les thématiques qui étaient à l’ordre du jour étaient en partie les nôtres : l’hôpital, le pouvoir d’achat, les services publics, etc. Pendant le temps de la campagne, on est parvenu à marginaliser la question identitaire
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divorce entre les classes populaires et les classes intermédiaires ... un autre, au sein des classes populaires elles-mêmes : les quartiers populaires d’une part, les campagnes populaires de l’autre. Mettre sur la table des questions d’ordre sociétal, culturel ou cultuel fait exploser la possibilité d’un bloc. Mettre l’accent sur les questions économiques et sociales rend possible un rapprochement. Notre objectif doit être de mettre fin à ces deux divorces qui durent depuis des décennies.
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construire une écologie populaire ... l’empreinte carbone en fonction des classes sociales. Les 50 % les plus pauvres du pays polluent assez peu, les 40 % du dessus légèrement plus, mais pas de manière considérable, tandis que les 10 % du dessus du panier sont les plus gros émetteurs de CO2. ... ne cherche pas à nier le conflit de classe ... que les 1000 premiers kilomètres en train soient gratuits. L’Allemagne vient de lancer le « train illimité à 9 € par mois », avec un immense succès ... mettre fin aux passoires thermiques. Il y a cinq millions de passoires thermiques dans le pays. L’année dernière, 2500 passoires ont été rénovées. Cela signifie qu’à ce rythme, il faudra deux millénaires pour en venir à bout ! ... Gagnant pour l’emploi, afin de combattre le chômage par des métiers manuels qualifiés non délocalisables. Gagnant pour la planète, l’évidence. Gagnant pour l’indépendance nationale ... comme Hervé Kempf, qu’il faut consommer moins et répartir mieux. Et consommer moins, cela doit commencer par ceux d’en-haut.
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le libre-échange est incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique
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Les conditions matérielles pour une mise en cause commune de la mondialisation sont donc bien là. Mais encore faut-il que notre discours en fasse une priorité, sans nous bercer, et sans bercer les gens d’illusions. D’ailleurs, eux ne s’en laissent pas compter : l’autre monde possible, en l’état, ils n’y croient pas.
Connu / tg 24/06/22 à 12:14
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La Macronie navigue à vue !
J’ai rappelé à la Première Ministre, qu’en démocratie, on respecte le résultat des urnes et qu’elle doit se soumettre à un vote de confiance à l’Assemblée nationale.
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Où va la NUPES ? La nouvelle députée de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé est l'invitée de #LaMidinale.
Tr. ... le parlement NUPES ... lien avec les mouvement sociaux, participation active avec le reste de la société ... le mouvement LFI ... JLM est un repère, il va continuer à ...
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Retrouvez l'interview de François Ruffin sur le plateau de C à vous !
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Jean-Luc Mélenchon était l’invité de la matinale de France Info ce vendredi 3 juin 2022.
L’occasion pour le leader du bloc populaire de faire passer un message : le peuple français n’a pas tranché politiquement. Il a élu un président, mais a voté par défaut, ou n’a pas voté. Il reste une occasion au peuple français pour éviter un second mandat Macron : le 3ème tour, les élections législatives qui se déroulent ces 12 et 19 juin. Si les Français choisissent le programme de rupture de la Nouvelle Union Populaire, Jean-Luc Mélenchon a rappelé que c’est ce programme qui serait appliqué.
Jean-Luc Mélenchon a pu ensuite dénoncer le programme économique d’Emmanuel Macron, répondant à un seul objectif : le retour du déficit public à 3% à l’horizon 2017. Un programme économique résumable en un mot : l’austérité. Un programme économique qui a un coût : 80 milliards d’euros. Jean-Luc Mélenchon a interrogé : où Macron va-t-il trouver l'argent ? Combien de classes compte-t-il encore fermer ? Combien de lits d'hôpitaux compte-t-il encore supprimer ? Derrière le discours d’Emmanuel Macron, une réalité bien concrète : la destruction de nos services publics.
Alors que les résultats de Parcoursup sont en train de tomber, Jean-Luc Mélenchon a eu l’occasion de dénoncer la destruction en marche de l'Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. Le leader du bloc populaire a dénoncé le projet scolaire d’Emmanuel Macron : morceler notre système scolaire en établissements autonomes et concurrents. Il a rappelé que la première ressource de la France, c’est l’intelligence de ses enfants.
Jean-Luc Mélenchon a fait passer un message : si la NUPES obtient la majorité pour gouverner, elle supprimera Parcoursup, recrutera des enseignants, augmentera leurs salaires, réduira le nombre d’élèves par classe, mettra le paquet pour l’éducation nationale, quoi qu’il en coûte. Le leader de l’Union Populaire, en position favorite dans les sondages, a rappelé que chaque citoyen avait le droit à un enseignement de très haute qualité, où qu’il se trouve sur le territoire, selon le principe républicain d’Égalité face à l’École.
Face à l’inflation historique de 5,2% dans le pays, Jean-Luc Mélenchon a effectué un rappel : l’augmentation des prix est liée à la spéculation. Le leader de la Nouvelle Union Populaire a souligné que des économistes libéraux reconnaissaient la responsabilité de la spéculation financière dans l’explosion des prix. Jean-Luc Mélenchon a rappelé une mesure centrale du programme de gouvernement partagé de la NUPES : le blocage des prix du pétrole, du gaz et des produits de première nécessité. Il a rappelé que l’Espagne et le Portugal ont bloqué les prix, qu’il s’agit d’une question de volonté politique.
Propos recueillis par Sandrine Foulon, Jean-Christophe Catalon et Matthieu Jublin
31 min
Jean-Luc Mélenchon Homme politique, candidat de l'Union populaire à la présidentielle de 2022
Il y a le discours et la méthode. Prêt à investir Matignon à l’issue des prochaines élections législatives des 12 et 19 juin, Jean-Luc Mélenchon apporte dans ses valises des solutions radicales. Parmi les 650 propositions du programme commun de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) qui réunit la France insoumise, EELV, le PS et le PC, nombreuses sont celles qui rompent avec 30 ans de libéralisme.
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Premier constat : la France n’est pas capable aujourd’hui d’armer face à la Russie. Deuxième constat : on n’a pas intérêt à dire tout que ce que l’on fait. On a livré des canons Caesar. Ce n’est pas rien, c’est avec ça qu’on a détruit la moitié de Mossoul. C’est le meilleur canon du monde. Jamais vous n’avez entendu Macron dire qu’il allait envoyer ces canons là-bas. Et si vous avez affaire à moi, je ne vous dirai jamais plus que nécessaire.
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l’enseignement professionnel. Madame Pénicaud et monsieur Macron ne font que rembobiner ces progrès historiques qui ont permis à la jeunesse des milieux populaires d’accéder à une meilleure qualification. Et ce dans l’indifférence générale. Ça me rend malade.
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sur la Durance une Step [station de transfert d’énergie par pompage, NDLR], qui produit de l’électricité en faisant descendre de l’eau dans un canal entre deux retenues d’eau à des altitudes différentes. Puis j’ai vu des plus petites machines, qu’on peut mettre partout, et qui montent ou descendent des cubes de béton pour stocker et produire de l’électricité. C’est parfait ! Je vous donne cet exemple pour vous montrer que la réalité n’est pas celle de la caricature propagée par Macron : « le nucléaire ou la mort ».
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Emmanuel Macron ... Dans mon esprit, si des litiges durs interviennent entre lui et moi, ce sera au Parlement de les trancher. On peut le faire avec les outils déjà disponibles dans l’ordre constitutionnel par le biais d’une déclaration du Premier ministre devant le Parlement, par exemple. On entrerait alors dans une ère de re-parlementarisation de la vie politique française.
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Connu / https://mamot.fr/@UneGueuse/108357790792055854
"
Jean Gautier a partagé 6 h UneGueuse @UneGueuse@mamot.fr
"
Ndlr : /caesar : avéré selon https://www.armement-innovations.fr/grands-programmes/caesar
"
lors de la libération de Mossoul, les CAESAR de la force WAGRAM ont été déterminants et placés sous les projecteurs de l'actualité. Leur précision, la permanence des feux qu'ils apportent et l'immédiateté de leurs frappes ont joué un rôle majeur dans cette terrible bataille urbaine. ... mobilité tactique et stratégique
"
Les voies du pouvoir Entretien
Les élections nationales ont mis à l’épreuve la stratégie d’autonomie des écologistes vis-à-vis de la « vieille gauche ». Quel dispositif pour la bifurcation écologique, comment convaincre l'électorat : un débat entre David Cormand, Maxime Combes et Claire Lejeune.
Après les 4,6 % des suffrages réunis par Yannick Jadot à l’élection présidentielle de 2022, les orientations stratégiques des écologistes sont mises à l’épreuve. Certaines personnalités qui ont soutenu le candidat, comme le chercheur François Gemenne, en viennent à douter de la pertinence de la voie électorale pour enclencher la bifurcation écologique nécessaire. Mais cette dernière n’a-t-elle pas été également défendue, avec plus de succès, par l’Union populaire de Jean-Luc Mélenchon ?
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Tr.: ... écologie politique ... Serge Audier ...MC : économiste, membre d'Attac tous bienvenus sur la pente ... tribune du Monde "ce qui nous rassemble plus important que ce qui nous divise" ... voir comment travailler nos différences pour avancer ... félicite la NUPES ... victoire culturelle profonde sur l'écologie ... conférence sur l'écologie politique par Mélenchon à la Maison de la Chimie ... comment on parle aux non convaincus / peurs ... lien entre destructions de la nature et des hommes?? /conflit Ukraine JLM a dit ne pas cesser d'importer gaz russe ni faire cesser total en russie ... retour à l'avant congrès de Tour ... CL : récit de rupture ... 3 blocs populistes ? nons / UP a intégré de la complexité, articuler la situation avec les points de blocage incarnés ... conflictualité ... planification et bifurcation écologique sinon on nourrit les fractures sociales ... réduction des inégalité .. organisation démocratique de la descente énergétique ++ ... Extrait d'un défaitiste, François Gemenne à c ce soir ... MC : transformation profonde des formes d'engagement / l'internet, les écoles de cadres n'existent plus ... défi de taille pour inscrire dans la durée des pans entiers de la population ... besoin de batailles politiques, économiques, sociales, avec des chercheurs, mouvement altermondialiste DC : rupture à opérer gigantesque => 3 leviers - résistances, - alternatives concretes - institutions/régulations. Les autres tellement puissants que l'inertie leur suffit. Tentation autoritaire comme Jancovici, fuite en avant techniciste ... consentir librement est fondamental sinon totalitarisme. CL : moi, je reprends espoir, les boutiques politiques sont enfin à la hauteur ! les resp politiques ont compris que les enjeux plus grands que les appareils. Sans les contre-pouvoirs on ne fera rien. Il nous faut une conscience. éveiller les consciences, bataille culturelle. On a gagné! Ex Ruffin / rural/péri-urbain CL : c'est la force de l'UP, ses différences. Adapter notre récit au rural/p-u car il colle mieux à leur besoin, bataille encore à mener. MC : c'est une population moins jeune, vote RN car différences sociologiques. Travail pas fait suffisament. Exp alternatives intéressantes alternatiba et blocadia. Solidarités ex Ukraine. Apprendre du mvt féministe quie n'a jamais opposé la petite échelle/comportements individuels et le large/collectif. La Sécurité sociale pas que décision de ministres, fruit d'un siècle d'expérimentations sociales. Faire tout ça en un temps resserré. Différences, leviers pour avancer.
Q : lutte d'interpretation de la NUPES : accord législatif ou 1ière pierre d'un avenir.
DC : eelv partenaire donc aveu d'échec. Né à la politique dans l'écologie. Rupture. Autre paradigme.Impensé du biocentrisme, rapport à la nature. La Fr seul pays où la gauche s'est colorée d'écologie. Bases claires. C'est riche. Moment d'ubérisation de la pollitique qui fait du mal. Construire une culture commune. Politique, histoire ET géographie ! Loyauté et fidélité. Les luttes sont incarnées, on a besoin des partis politiques. CL : /PUP dans chaque circo ++ entente, fond commun, prend ? Dans le respect des identités de chacun. Diversité. Aurélie Trouvé /bloc arc-en-ciel, diversité du mvt syndical, composante articulation des différents partis politique, l'arc humaniste d'Éric Piolle. Écosystème fédéraliste ? divers, un camp, une famille. dans la lignée de la pensée solidariste. à PENSER avec le vivant dans son ensemble. Yvait besoin d'un centre de gravité.
MC : NUPES? fragile? 2 warnings : a parlé aux convaincus. L'ED a fait +de40% au 2ème tour. poursuivre au lendemain de l'élection. ÉTAPE pour la suite, /emporter toute la société fr. Pas du même niveau qu'au CHili.
Ndlr : problématique de médiation intégrant conflits et projets, une nouvelle fois...
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«Audition Publique» reçoit Alexis Corbière, député de "La France insoumise" pour aborder tous les sujets d´actualité.
Tous les lundis, une personnalité politique livre son analyse sur les sujets au coeur de l´actualité.
Moins de discours, plus de décryptages pour cette grande interview dirigée par Elizabeth Martichoux, entouré des journalistes des chaînes parlementaires et du Figaro ; avec l`intervention d´un député et d´un sénateur.
Tr.: ... Vincent Roux, Le Figaro ...
Entretiens
L’alliance entérinée mercredi serait-elle l’aboutissement de 15 ans d’une stratégie politique mise en en place brique par brique par celui qui a quitté le PS en 2008, persuadé qu’il fallait inventer une autre gauche ?
Dès janvier 2019, la députée insoumise Clémentine Autain et Elsa Faucillon cherchaient à retisser et rénover une gauche éclatée puis en juin de la même année, la députée (Hauts-de-Seine) du PCF cherche, en lançant un appel pour un “big bang de la gauche”, à unir la gauche et construire une nouvelle offre politique. L’alliance entérinée mercredi serait-elle l’aboutissement de 15 ans d’une stratégie politique mise en en place brique par brique par celui qui a quitté le PS en 2008, persuadé qu’il fallait inventer une autre gauche ?
Connu / https://twitter.com/LeMediaTV/status/1522537376568025090