Attachements
Enquête sur nos liens au-delà de l'humain / Charles Stépanoff
Comment nous relions-nous à notre environnement et comment nous en détachons-nous ? Comment en sommes-nous arrivés à vivre dans des sociétés dont les rapports au milieu vivant se sont appauvris au point de menacer notre monde de devenir inhabitable ?
On a longtemps défini les humains par les liens les unissant les uns aux autres. Or ils se distinguent aussi par les relations singulières qu'ils établissent au-delà d'eux-mêmes, avec les animaux, les plantes, le cosmos. Sur tous les continents, chasseurs-cueilleurs, horticulteurs ou pasteurs nomades interagissent de mille manières avec une multitude d'autres êtres. Partout, les groupes humains s'attachent affectivement à des animaux qu'ils apprivoisent et avec lesquels ils partagent habitat, socialité et émotions. Notre ouverture à l'altérité va même plus loin. Nous établissons des relations fortes avec les esprits des montagnes et des fleuves, avec des dieux ou des ancêtres. Nous sommes étonnamment polyglottes, capables d'échanger avec un oiseau, une étoile, un esprit. Longtemps ignorée, cette disposition apparaît fondamentale dans le rapport singulier que nous avons construit avec notre environnement au fil des millénaires.
En s'appuyant sur l'anthropologie évolutionnaire, l'archéologie, l'histoire, l'ethnographie et ses propres enquêtes de terrain menées en Sibérie et en France, Charles Stépanoff compare différents contextes anciens et actuels, proches et lointains, où les humains s'attachent d'autres espèces. Au fil d'un parcours captivant qui l'amène à repenser intégralement des phénomènes fondamentaux comme le processus de domestication, la genèse des hiérarchies ou la construction des États prémodernes, il explore cette question inédite : comment les attachements au milieu vivant transforment-ils les organisations sociales ?
Version numérique : 19.99 €
Charles Stépanoff est anthropologue, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et membre du Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France. Il a notamment publié Voyager dans l'invisible (2019, 2022), Techniques chamaniques de l'imagination (2019, 2022) et L'Animal et la Mort (2021).
Entretien — Idées - Durée de lecture : 11 minutes - Mis à jour le 22 avril 2024 à 13h33
Idées Numérique Grands entretiens
L’écrivain Alain Damasio sort Vallée du silicium, chroniques inspirées d’un voyage dans la Silicon Valley californienne. « Les technocapitalistes visent la libération individuelle, ils vivent dans un élitisme absolu », dit-il.
Alain Damasio, écrivain, publie Vallée du silicium (Seuil), des chroniques et une nouvelle science-fiction inspirées de son séjour dans la Silicon Valley, aux États-Unis. « La matérialité du monde est une mélancolie désormais », annonce le bandeau du livre.
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Alain Damasio — Un avenir où l’innovation technologique continuera à constituer la norme, quel que soit son impact sur nos ressources terrestres. Un avenir où le désirable pour l’humain serait son augmentation (cognitive, physique) au sens du transhumanisme. Un avenir où l’épanouissement individuel par la technologie doit primer sur les liens aux autres et aux vivants.
Ton livre se présente comme une démarche anthropologique. Pourquoi ?
À l’origine, je ne l’ai pas intentionnellement construit comme ça mais dès que tu t’interroges sur ce que la technologie fait à l’homme, tu déploies nécessairement des réflexions sur l’espèce humaine et son évolution, sur la manière dont le numérique nous transforme et dont la Silicon Valley nous façonne. Un champ crucial reste celui du corps. Les transhumanistes ont ce mot terrible pour le désigner : meat. La viande. C’est une chair morte, non irriguée. Seul le système nerveux central compte. Le reste, la chair frissonnante, les muscles, toutes nos sensations, notre sensualité fine, ne les intéressent pas, parce que cela ne véhicule pas d’information exploitable dans le régime de la trace. Ce corps est maintenu en forme par le fitness ou la course dans le seul but que le cerveau et le système d’informations puissent fonctionner.
Le corps est conçu et vécu comme une machine. La nourriture est énergie. Le sport est une hygiène. Le cerveau s’optimise. Le bien-être s’algorithme. Ce corps est désaffecté, désinvesti. C’est un corps qu’on ne sent plus, qui n’a plus d’existence et qui ne te sollicite plus parce qu’il est maintenu dans un environnement climatisé, souvent assis, et dans une absence de mobilisation émotionnelle et affective.
Cette vision machinique du corps peut être reliée à celle de la planète. Quelle conception les gens de la Silicon Valley ont-ils de la planète Terre ?
La façon dont ils traitent les corps fait écho à la façon dont ils traitent la planète. Dans les deux cas, ils se vivent comme maître et possesseur de la nature — de ma nature pour le corps. Leur degré de conscience écologique très faible m’a frappé : le peu de magasins bios par rapport à la France, par exemple. L’alimentation reste un sujet dépolitisé chez eux. La prise de conscience de l’élevage, de ce qu’il faut pour produire la malbouffe m’a semblé inexistante. Les Californiens vivent sous une climatisation constante, et ne supportent plus que le corps sorte d’une fourchette entre 20 et 25 °C, ce qui devient aussi la norme en Europe. Maintenir un corps humain à ces températures en permanence représente une dépense énergétique énorme. Pour que ce corps n’ait plus besoin de faire le moindre effort, le climat a été domestiqué. Autant, en France, nous sommes en retard de dix ans sur leurs usages quotidiens de la technologie, autant, dans cette Californie techie [passionnée de technologie], la prise de conscience écologique m’a paru très « arriérée ».
« Il faut sortir de la peur de l’autre : se confronter à l’altérité entraîne forcément de l’imprévisibilité, de l’inattendu, de la menace. » © Patrice Normand / Reporterre
Dans « Homo deus », Yuval Noah Harari parle de « surhommes » et de « castes inférieures », à propos de la société future créée par le développement des technologies. Penses-tu que cela décrit la vision des technocapitalistes ?
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vision de sociopathe.
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l’impact de la Tech est d’abord anthropologique et « souple » avant d’être militaire ou sécuritaire.
« La logique immunitaire hygiéniste appliquée au corps aboutit à la sensation que tout devient dangereux. » © Patrice Normand / Reporterre
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tension entre peur et liberté
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les logiques sécuritaires l’ont emporté, ce qui explique ce grave décalage du spectre politique vers la droite, en Europe et ailleurs. Selon moi, ce phénomène a aussi une origine anthropotechnique : la logique immunitaire hygiéniste appliquée au corps aboutit à la sensation que tout devient dangereux. Plus tu es protégé et plus tu te protèges, plus le technococon devient épais et plus tu filtres tes rapports aux autres, si bien que la moindre intrusion, agression, harcèlement ou confrontation à l’altérité te paraît problématique et difficile. Et donc, tu vas demander encore plus de sécurité et de protection. Ce cercle vicieux tend vers quelque chose qu’il faut appeler l’immunité. Mais immunité partout, humanité nulle part !
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se confronter à l’altérité entraîne forcément de se confronter à l’inattendu, à l’imprévisible, à ce qui peut te déstabiliser. La principale critique que je forme envers nos technologies quotidiennes est qu’elles conjurent l’altérité. Elles sont construites pour fabriquer de l’identique. Home est son biotope : le petit chez-moi, familier, le cocooné, le confortable, le cajolé. Sauf que cette vision, et les pratiques de rejet qui l’accompagnent nécessairement, sont d’une grande violence pour les gens qui n’ont pas la possibilité de bénéficier de ce technococon égocentré.
Dans Le ministère du futur, Kim Stanley Robinson décrit la situation écologique et inégalitaire actuelle et imagine des écologistes tuer, prendre des milliardaires en otage, faire exploser des avions. Qu’en penses-tu ?
C’est la bonne solution aussi, à mes yeux. Je suis un partisan de l’action directe. On subit de façon trop molle et complaisante des actes d’une violence et d’une agressivité absolues. Les technocapitalistes ne se posent pas la question de ce que leur vision du monde produit sur nos vies ordinaires. Les actions directes, comme le sabotage, le brouillage, le piratage des chaînes de production, le boycott des produits, me semblent très souhaitables. Lorsqu’on dit ça, on donne l’impression d’être radical et hystérique alors qu’on énonce une banalité lucide. Ce qui est radical est ce que la Tech fait : ne pas s’interroger sur l’impact de la production d’une voiture électrique sur le travail des enfants en Afrique, par exemple, ou le pillage minier. Il faut stopper, invalider et inverser cette violence, la retourner. Et utiliser tous les moyens dont on dispose : le hacking [pénétrer illégalement dans un système informatique], les blocages, les occupations, la lutte des imaginaires, l’artivisme, les zad, etc. Il y a toujours des failles et il faut les utiliser. Mais aujourd’hui, très peu de militants sont prêts à prendre des risques parce que…
Parce qu’en face, il y a des appareils de répression de plus en plus élaborés et sophistiqués…
Complétement. C’est très intéressant de revoir l’histoire du mouvement Action directe dans les années 1970-1980. Ils pouvaient faire dix ou quinze actions avant que la police se mobilise ou qu’ils soient mis en prison. Aujourd’hui, des gens taguent une usine Lafarge et ils subissent une surveillance colossale, des peines de prison disproportionnées, quatre-vingt-seize heures de garde à vue. Le système répressif est d’autant plus féroce que les actions sont rares et modestes, c’est un paradoxe qui traduit un étouffement dans l’œuf de toute contestation. À nous d’être fins.
Lire aussi : Dans les sous-sols de l’antiterrorisme, l’enfer de militants écologistes
Cette surveillance est permise par l’intelligence artificielle et les instruments numériques.
On ne parle pas assez du couplage entre le régime de contrôle et le régime numérique.
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Je n’aime pas le terme de résistance parce qu’il revient à considérer que malgré tout, le système va continuer à opérer, qu’il sera toujours dominant et que notre capacité est seulement d’en limiter les effets négatifs. Je pense qu’il faut construire des alternatives, proposer d’autres façons d’exister, de s’alimenter, d’habiter. Puis de montrer que ça marche et surtout que ça nous rend heureux et libre. Il faut battre le capitalisme sur le terrain du désir.
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la paresse plaisante, le pouvoir octroyé, la conjuration des peurs et des incertitudes et l’imaginaire du transhumain, cet antique désir « d’être dieu », d’échapper à notre finitude. Il faut ressusciter un désir qui fasse pièce à cette économie de désir qu’accomplit magistralement la consommation numérique. C’est un sacré défi, c’est un sacré combat.
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plutôt dans les zones rurales : campagnes, montagnes. Il y a un vrai retour à la terre, à l’image des années 1970. Beaucoup de communautés, d’oasis, de tiers lieux, de quarts lieux, de zones d’expérimentation, de zad se développent. Ça se passe sous les radars des médias urbains qui constituent la majorité des médias. Mais ça existe et ça résonne très au-delà des sites où ça naît, comme la zad de Notre-Dame l’a fait. ... par ces expériences : maraîchage de montagne, économie du gratuit, intelligence collective, renouement aux forces du vivant, techniques de subsistance, fluidité de genres.
Je trouve l’idée de « zone » très forte. Il ne s’agit ni d’un domaine clos, ni d’une communauté autarcique, ni seulement d’un habitat partagé. C’est plus ouvert, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de frontières, ça rayonne et s’étend. On ne changera pas ce monde fondé sur les désirs individualisés et les échanges immatériels sans expérimenter en collectif, éprouver d’autres modes de vie qui destituent les effets de pouvoir, s’alimenter en bio, local et frais, trouver une autonomie énergétique, pratiquer le low-tech qui t’empuissante dans ton rapport à la techno, etc. Et surtout sans réactiver des liens au monde, au vivant et aux autres, qui te rendent plus vaste, plus joyeux et plus vif. On a besoin de lieux, d’espaces concrets pour ça et de pratiques incarnées, on a besoin de créer aussi, sans cesse, pour déjouer les machines de pouvoir qui nous pilotent.
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Le texte de l’entretien écrit a été repris par Alain Damasio, il est donc adapté de l’entretien oral.
Après avoir passé près de 40 ans à observer les us et coutumes du peuple Wari’ en Amazonie, l’anthropologue brésilienne Aparecida Vilaça revient dans cet entretien sur leur relation au vivant, particulièrement éloignée des conceptions occidentales, et sur leur rapport au changement climatique, imprégné de mythologie.
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Ndlr : repris par https://twitter.com/USBEKetRICA/status/1750473533778543023
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Usbek & Rica @USBEKetRICA · 25 janv.
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Mis à jour le 29 mai 2023 à 14h56 - Durée de lecture : 6 minutes - Politique
Édito — Politique
L’emploi de concepts d’extrême droite par M. Macron et ses ministres révèle le vacillement du pouvoir qu’ils représentent. C’est la tentative de reprise en main d’une civilisation mortifère qui sent sa fin venir.
Emmanuel Macron et son gouvernement sont-ils en train de reprendre sans scrupule les éléments de langage de l’extrême droite ? Après une série de faits divers et la mort de plusieurs agents publics, voilà que la France plongerait selon eux, dans « un processus de décivilisation » contraire « au sens de l’histoire ».
... ce concept est également le titre d’un livre écrit en 2011 par Renaud Camus ... Il y a quelques mois, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, parlait de « l’ensauvagement » des quartiers populaires — autre terme repris à l’extrême-droite. L’usage de ces mots est un choix prémédité. Une stratégie du choc et de la sidération dans une bataille culturelle, de plus en plus acérée.
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l’ordre établi défend son modèle de société à tout prix. D’un côté, le gouvernement traite les chercheurs qui remettent en cause son hégémonie de « terroristes intellectuels », de l’autre, il vante de manière réactionnaire la civilisation occidentale et les valeurs qu’elle charrie, le progrès technique, l’individualisme ou encore la soi-disant prospérité économique.
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Aujourd’hui, les bouleversements écologiques sont tels qu’ils font voler en éclat nos certitudes et nos représentations ethnocentrées. La Terre se dérobe sous nos pieds et la Civilisation et le Progrès que l’on érigeait en emblème s’écroulent. C’est une remise en cause profonde de notre monde. Une décivilisation nécessaire. À l’ombre des catastrophes, des vérités nouvelles éclatent au grand jour. C’est notre société toxique, dans son rapport à la nature et à l’Autre, qui est profondément et imminemment violente.
On dépense des sommes gigantesques pour tuer les sols, empoisonner les gens, appauvrir les pays du Sud, abattre des milliards d’animaux ou repousser des migrants à la mer. L’historien camerounais Achille Mbembe parle de « nécropolitique » pour évoquer cette civilisation moderne jonchée de cadavres où « l’administration méthodique de la mort » mobilise la science, l’armée, l’industrie et la technique.
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« La nature selon l’homme blanc est quelque chose de dangereux, de violent, un état d’avant la société, un état que la civilisation vient recouvrir et remplacer, décrit le philosophe Baptiste Lanaspeze
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Il y a 50 ans, Claude Levi-Strauss pourfendait « les tenants de l’évolutionnisme culturel » dans Race et histoire. Toutes les sociétés ne suivent pas la même trajectoire linéaire. Il n’y a pas de fin de l’histoire ou d’aboutissement logique qui nous entraînerait inévitablement vers la démocratie libérale. Après lui, son disciple Philippe Descola faisait voler en éclat la séparation entre nature et culture, cette frontière hermétique érigée par la civilisation moderne, qui nous a coupé du reste du vivant.
L’anthropologie anarchiste n’est pas non plus en reste. Dans Archéologie de la violence, Pierre Clastres relativise l’idée que les sociétés autochtones, dites proches de la nature seraient sans foi ni loi, brutales ou barbares — une manière pour les colonisateurs d’asseoir et de justifier symboliquement leur domination. Dans Homo Domesticus, James C. Scott, montre, au contraire, que c’est l’avènement des grandes civilisations qui a entraîné une régression massive de la qualité de vie, avec une montée de l’esclavage et de la faim.
David Graeber, dans son livre posthume Au commencement était… révèle que l’époque des Lumières, dont on se targue tant, n’est en rien une invention occidentale. Ses théories sur l’Égalité et la Liberté ont été nourries par le contact avec des peuples indigènes, et notamment les communautés iroquoises ou Algonquins
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Nous devons apprendre à « Rester barbare » (Louisa Yousfi) pour ne pas être écrasés par le rouleau compresseur de l’uniformité ... La décivilisation est une chance, elle nous ouvre aux autres, humains et non-humains. « Le monde que nous voulons est fait de beaucoup de mondes », affirment les zapatistes. À la Civilisation, préférons donc le « Plurivers » !
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Jean Gautier a partagé 6 h redfrog@mamot.fr Neoresistant@mamot.fr redfrog @redfrog@mamot.fr
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Birgit Müller est Directrice de Recherche au Laboratoire d’anthropologie politique, CNRS/EHESS
« Peut-être nous allons prendre notre propre évolution en main, mais elle échappera à cette main au moment même où l’évolution ressentira l’impulsion ; et alors que nous étions libres de faire le premier pas, nous serons esclaves pour faire le second et tous les suivants » [1].
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La revendication d’un brevet sur un organisme vivant exige la réduction des processus organiques à des processus mécaniques, la plante vivante est réduite à une « composition de matière » [7].
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Avec la semence dont les cellules portent un transgène breveté, un nouveau faisceau de pouvoirs s’est introduit dans le champ de l’agriculteur. Définir la propriété comme un « faisceau de pouvoir », comme le suggère l’anthropologue du XIXème siècle Henry Maine, permet de comprendre les nouveaux pouvoirs privés qui découlent des contrats d’usage que les agriculteurs concluent avec les firmes semencières [8]. Ils sont fondés sur le droit des affaires et posent un défi au droit public. Le droit de propriété intellectuelle supplante le droit de propriété sur la terre et le droit de l’agriculteur sur le fruit de son travail. L’entreprise qui possède un brevet sur un gène implanté dans une semence est devenue capable d’agir sur les actions des agriculteurs grâce à son droit de propriété intellectuelle. L’entreprise détermine ce qu’ils récoltent, comment ils vendent, s’ils réensemencent ou non leur récolte, et même comment ils tiennent leur comptabilité. Nous observons alors un phénomène anthropologique nouveau : des agriculteurs qui deviennent esclaves de leurs semences.
Des responsabilités et des responsables à identifier et juger
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L’agir politique visant à contrôler ce qui est mis sur le marché, et à refuser aux OGM le statut de marchandise, ouvre un nouveau chapitre dans les combats environnementalistes et climatiques. Cette démarche revendique une nouvelle démocratie économique qui s’étend à d’autres enjeux, tels que l’usage excessif des pesticides, des énergies fossiles et la mainmise des multinationales sur la chaîne alimentaire.
Clés : Responsabilité ; Transparence & Cie ; Perception des OGM ; Ethique
Connu / https://wegreen.fr/post/197071
... Biais automatiques du langage, bulles algorithmiques... L'intelligence artificielle par son fonctionnement même d’apprentissage, renforce des biais de sexe, de genre, de culture, d’origine et de classe sociale. Comment prévenir et lutter contre ces biais ? Comment inventer des systèmes de test d’inclusivité des textes ? Enfin, comment agir pour plus de diversité parmi celles et ceux qui font l’IA ?
Alors que le développement de l'IA occupe de plus en plus l'espace médiatique, la prise de conscience de ces biais doit être le premier pas !
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Les expertes
- Daphné Marnat, anthropologue et CEO de Unbias
- Audrey Baneyx, ingénieure de recherche en humanités numériques au médialab de SciencePo
- Isabelle Bloch, enseignante chercheure informatique, LIP6, CNRS, Sorbonne Université.
Alice Laisney, chargée de projet au Centre Hubertine Auclert, animera cette conférence en libre accès.
La vidéo aussi sur https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?s9II2g
Tr.: ... Définition de Marvin Minsky (1927-2016) : Science qui permet aux machines de faire ce qui serait qualifié d'intelligent si c'était fait par des êtres humains. ... 1956 Conférence de Dartmouth : les pères fondateurs de l'IA : John MacCarthy, Marvin Minsky, Claude Shannon, Ray Solommonoff, Alan Newell, Herbert Simon, Arthur Samuel, Oliver Selfridge, Nathaniel Rochester, Trenchard More. ... Deux paradigmes - rationalité de la déduction vs voie empiriste de la déduction :
- IA symbolique
. Représentation des connaissances par des symboles.
. Rôle majeur de la logique.
. Axiomatique et modèles, raisonnement selon une théorie, conclusion non réfutables.
. Exemples : raisonnement logique, règles, arbres de décision... - Apprentissage (numérique, statistique)
. Guidé par les données de l'expérience.
. Garanties statistiques.
. Conclusions potentiellement réfutables.
. Engouement actuel pour l'IA.
. Exemples : réseaux de neurones (profonds).
... Contrôle des biais ?
- Biais statistiques
. Données utilisées, annotations
. Représentativité
. Évolution des données, mises à jour des modèles et algorithmes
. Qu'est-ce qui est appris ? - Biais cognitifs
. Cadrage
. Confirmation
. Complaisance
... l'IA entretien des stéréotypes ... CV anonymisés ... produire des indicateurs d'éthique ... chatbots ... risques discriminatoires ... je suis pour les quotas de femmes ... égalité des chances ... logiciels de traduction ... rapport sur l'égalité homme-femme ... ChatGPT ... GPT_architecture.html ... Le problème des datasets et leurs biais Modèle FlauBERT, CNRS calculé sur le Jean Zay (GENCI)
Les hommes sont des hommes / Les femmes sont des victimes
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Cité
Le problème de la couche d'apprentissage par renforcement ou des humains qui sont derrière
Les principaux visages derrière OpenAI : Elon Musk - Sam Altman - Greg Brockman - Peter Thiel - Reid Hoffman - Satya Nadella
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agent conversationnel / bilan carbone, ce n'est pas neutre ... autre outil : You de Richard Socker ... open source ... projet de Oh My Voice ... mésutilisation des mots ...
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N'hésitez pas à vous abonner, à liker, à donner des conseils pour qu'on s'améliore, à nous proposer des sujets pour la première circo des Hautes-Alpes, et enfin, à venir le 5 février à la salle polyvalente de Laragne pour une agora sur le thème "Se nourrir au pays"
Sommaire de cette RDLS :
00:18 Alexandre Duclos, docteur en philosophie politique et en anthropologie
01:35 L'objectif des auditions
03:00 Des auditions citoyennes aux agoras citoyennes. Comment perpétuer cette mobilisation?
05:12 Pourquoi nos mesures, approuvées dans le pays, ne se traduisent-elles pas en vote?
08:25 On ne comprend pas le niveau d'effondrement auquel on fait face
11:04 Il n'y a que la démonstration politique qui peut parler. Peut-on parler de constituante sans la mettre en place?
14:53 Comment recréer l'occasion de se confronter et de se structurer?
15:40 La première revendication, c'est d'être reconnu
22:35 La sincérité des réponses n'est pas un enjeu, l'important c'est la démarche militante d'écoute
26:14 Le rôle d'un député
30:40 Les agoras thématiques. La première : "Se nourrir au pays" le 5 février à Laragne (salle polyvalente)
Moments clés
Connue / TG le 18/12/22 à 13:28
Tr.: Asso Lesa (Michel Philippo) ... Hautes-Alpes ... écouter les gens profondément ... nous ne comprenons pas le niveau d'effondrement ex le train dépendance de macro-systèmes techniques ... on a construit ce détachement ... ex un SCOT est totalement illisible ... on crée de la séparation ... on est assimilés à un gouvernant ... les collectifs ne se réunissent pas ... sens, considération, 800€/mois boulangère 12h trav /j ... reconnaissance des valeurs ... ya que du local ... paperasse soumet à un bras armé éloigné ... le peuple, ceux qui se mobilisent ... le groupe partage et se forme ...témoigner d'un intérêt sincère, sens commun, prendre soin de la parole, faire lieu, faire culture ... Jaurès ... apologie Frenet, Montessori ... faire jaillir la conflictualité ...
Anthropologue, Philippe Descola, a consacré une partie de son travail à proposer de nouvelles façons d’habiter la Terre. En déconstruisant l’idée de « nature », il appelle à changer radicalement nos relations avec le monde vivant et les non-humains. Entretien.
Alternatives
Temps de lecture : 18 minutes #interviews #innovation politique #zad
basta! : Votre dernier livre, Ethnographies des mondes à venir, coécrit avec Alessandro Pignocchi, tout comme le documentaire dont vous êtes le sujet principal, Composer les mondes, d’Eliza Levy [1], tissent tous deux un parallèle entre ce que vous avez pu observer chez les Achuar en Amazonie, puis sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Philippe Descola : Un même mouvement de refus de l’appropriation privative des communs, qui participe aussi d’une autre façon de s’attacher à son territoire. Dans leurs luttes contre la spoliation territoriale, les populations autochtones s’efforcent toujours de mettre en évidence que les territoires qu’elles habitent ne sont pas simplement des « gagne-pain »
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Vous dites que les zadistes expérimentent une « cosmopolitique inédite »...
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les non-humains font désormais partie du régime politique : ils ont un rôle à jouer dans la vie collective et dans les institutions, en tout cas il convient d’aménager celles-ci pour que les non-humains puissent y prendre toute leur part.
« Il convient d’aménager la vie collective et les institutions pour que les non-humains puissent y prendre toute leur part »
Et c’est inédit parce que ce registre d’attention là n’avait rien de spontané, au vu de l’origine urbaine de beaucoup d’occupants de la ZAD. D’ailleurs, au départ, le principe d’identification qui concourt à la défense du lieu résultait sans doute bien plus de l’opposition à un adversaire commun – un grand projet d’aéroport, inutile et coûteux. Mais cela ne suffit pas pour s’attacher à un lieu. Les zadistes ont appris à s’identifier progressivement à des plantes, à des animaux, au bocage et à tout un milieu de vie. Ils ont appris à reconnaître son caractère distinctif, à découvrir les singularités propres des plantes et des animaux qu’ils côtoient au quotidien. Et je trouve cet apprentissage particulièrement intéressant, car il signifie qu’il n’y a pas d’inéluctabilité à la séparation des humains avec le vivant dans ce que j’appelle le « naturalisme ».
... l’une des quatre « ontologies », c’est-à-dire l’une des quatre grandes façons d’être au monde, que vous identifiez dans votre ouvrage de référence, Par-delà nature et culture [2]. À la différence de l’animisme, du totémisme ou de l’analogisme, le naturalisme stipule une parfaite dichotomie entre nature et culture.
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a rendu possible ce mouvement de privatisation des « communs » – c’est-à-dire tous ces éléments non humains partagés par des groupes d’humains : l’eau, les forêts, les pâtures, mais aussi le savoir, par exemple – en les transformant en « ressources ». Celles-là mêmes qui ont ensuite permis, d’abord par la politique d’exploitation du travail et des matières premières dans les colonies, puis par le développement de la révolution industrielle qui en a découlé, une accumulation sans précédent de capital, avec toutes les conséquences écologiques et sociales que l’on connaît aujourd’hui. Autrement dit, par la tournure de pensée qu’il a induite chez les Européens à partir du 17e siècle et qui s’est ensuite accéléré et répandu à travers le monde, le naturalisme a été la condition de possibilité du capitalisme, son soubassement.
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l’État chinois participe complètement à la grande bataille productiviste, basée sur cette idée démiurgique de contrôle et de transformation des ressources…
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le concept d’anthropocène me paraît mal nommé, et qu’un terme comme « capitalocène » serait bien plus juste : c’est bien une petite proportion de l’humanité qui, par sa gloutonnerie, a mis la totalité des humains dans une position terrible, en remettant en cause les possibilités de l’habitabilité sur Terre.
En quoi la relation des Achuar à leur environnement est-elle donc si différente ?
... une « continuité des intériorités » : les capacités morales et cognitives ne sont pas réservées aux groupes humains, les Achuar décèlent également une subjectivité, et des intentions, chez les non-humains ... n’ont pas de terme pour désigner la nature
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L’anthropologie permet de « dés-eurocentrer » le regard, et en l’occurrence, cela m’a aussi appris à « dés-anthropocentrer » les concepts que j’utilisais.
Après tout, les sciences sociales sont des héritières directes de la philosophie des Lumières, et si tout le monde utilise à présent les concepts de « nature », de « culture », de « société », il ne faut jamais oublier qu’ils ont une histoire tout à fait singulière, qui nous est propre, en Europe. L’anthropologie invite à remettre en question toutes ces notions et à en proposer d’autres.
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l’anthropologie donne à voir des peuples contemporains qui nous offrent d’autres choix collectifs. C’est un tremplin pour imaginer d’autres futurs possibles.
... déconstruction ?
... principale qualité de l’ethnographe, c’est l’humilité ... L’anthropologue est entre deux mondes, il doit abandonner en partie celui dont il vient, sans être jamais entièrement dans celui qui l’accueille. Et c’est parce qu’il a cette distance qu’il peut être efficace, en faisant ainsi varier les paramètres de son propre monde à partir des paramètres du monde où il a choisi d’élire domicile.
Est-ce cela qui vous a conduit à vous éloigner progressivement du marxisme, dont vous avez été un compagnon de route pendant longtemps ?
... double imposture qu’a bien mis en évidence Pierre Charbonnier dans son livre Abondance et liberté ... Marx l’avait vu également d’une certaine façon, à travers la théorie du *fétichisme de la marchandise
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déconstruire le dualisme nature-culture n’offre pas beaucoup de prises concrètes, face à l’urgence de la crise écologique et l’ampleur des dégâts, voire que cela contribuerait à dépolitiser le sujet. Et que, si l’on considère le capitalisme comme le premier facteur responsable de la crise écologique, alors c’est à lui qu’il faut s’attaquer en priorité. C’est en substance ce que défend par exemple un penseur comme Frédéric Lordon [3]. Que répondez-vous à cela ?
Qu’il faut, bien évidemment, lutter contre les institutions qui propagent et rendent possibles l’accumulation capitaliste, ça va de soi. Je n’ai jamais caché mes opinions là-dessus. Mais qu’est-ce que ça veut dire, aujourd’hui, être anticapitaliste ? Quelle forme ça prend ? Est-ce que c’est le « Grand Soir », est-ce qu’on compte faire la Révolution et pendre tous les patrons au réverbère ? Il y a une erreur profonde sur l’état de la situation historique, qui ne s’y prête pas. C’était déjà le cas quand j’étais militant à la Ligue communiste révolutionnaire (ancêtre du NPA, ndlr) dans ma jeunesse, et c’est précisément la raison pour laquelle j’en suis parti. Notre espoir, complètement fou, c’était de devenir l’avant-garde du prolétariat, mais on ne s’était pas rendu compte que le prolétariat, tel qu’on le concevait, était en train de disparaître puisque la classe ouvrière elle-même était en train de disparaître…
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tout faire en même temps, à la fois se battre contre les institutions du capitalisme, mais aussi produire des alternatives concrètes
...
La ZAD porte un projet de vie communal, dans lequel les terres, comme le travail, sont en commun ... forme d’entraide, de solidarité. Dans lequel les décisions politiques, c’est-à-dire celles qui concernent la vie collective, sont prises par discussion – c’est donc une démocratie participative plutôt que représentative. Ce qui est à la fois extraordinaire, avec un fort effet d’exemplarité, mais aussi très coûteux, puisque cela exige de rechercher et obtenir en permanence le consensus. Et de ce point de vue là aussi, on devine que cela peut être très inquiétant pour des politiciens qui considèrent qu’une fois que le citoyen a mis son bulletin de vote, il n’a plus le droit à la parole !
Au fond, la ZAD propose un récit alternatif qui est porteur d’enthousiasme. Ce n’est pas pour rien qu’il s’en crée un peu partout : contre les retenues d’eau pour la neige artificielle comme à La Clusaz, contre les mégabassines dans l’agriculture, contre des projets d’aménagement urbain, comme aux Lentillères à Dijon… C’est une forme d’occupation du territoire qui fait tache d’huile. Au début, c’est toujours une mobilisation contre un projet, et ensuite, cette mobilisation se stabilise en un mode de vie particulier. Cela m’a beaucoup frappé lorsque j’y étais, en juillet dernier, pour le festival « Zadenvies » : tous ces jeunes sont là en quête d’une altérité possible, d’une autre façon de voir et d’être ensemble. C’est ce qui est passionnant, ces modes d’action engendrent des modes de vie. Et de la joie, aussi, il faut voir l’enthousiasme à partager ces luttes. Tant mieux, car le militantisme ne doit pas être une martyrologie !
Ce 19 novembre, Barnabé Binctin anime une rencontre avec Philippe Descola lors du Festival du livre et de la presse d’écologie (Felipé), après la projection du documentaire Composer les mondes, d’Eliza Levy (horaires : 12h15 - 14h10).
[1] Pour la diffusion en salles et sur plateformes voir ici.
[2] Gallimard, 2005 ; réédition coll. « Folio essais », 2015.
[3] Dans un billet intitulé « Pleurnicher le vivant », qui s’en prend notamment à Bruno Latour (voir sa réponse dans nos colonnes) et à la nouvelle école de pensée qui lui est associée, Frédéric Lordon estimait par exemple que « se retrouver propulsé dans la position très politique de "la pensée-à-la-hauteur-du-péril" sans jamais prononcer la seule parole politique à la hauteur du péril, sans jamais dire que la Terre est détruite par les capitalistes, et que si nous voulons sauver les humains de l’inhabitabilité terrestre, il faut en finir avec le capitalisme, c’est un exploit ». Lire le texte complet sur Le Monde diplomatique.
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Philosophe, anthropologue et sociologue des sciences et des techniques à la renommée internationale, Bruno Latour est mort dans la nuit du 8 au 9 octobre. Chercheur multiple, il avait 75 ans et ses idées inspirent très largement ceux et celles qui se réclament de l’écologie, mais pas seulement.
🌱 Article : 4 minutes
... il a renouvelé la pensée écologique en plaidant pour le retour des « non-humains » en politique. Bruno Latour était malicieux. Rien de pontifiant ...
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DEFLEUR A., WHITE T., VALENSI P., SLIMAK L. & CRÉGUT-BONNOURE E., 1999. Neanderthal Cannibalism at Moula-Guercy, Ardèche, France. Science 286. p. 128 – 131
MARLAR RA, LEONARD BL, BILLMAN BR, LAMBERT PM, MARLER JE, 2000. Biochemical evidence of cannibalism at a prehistoric Puebloan site in southwestern Colorado. Nature 407. p.74–8.
SALMON M. H.? Art or Science? A Controversy about the Evidence for Cannibalism. in Historical and Contemporary Reflections on Controversies p. 199-212
TILLIER A.-M., 2013 . L’homme et la mort : l'émergence du geste funéraire durant la préhistoire, CNRS editions.
WHITE T. D. & TOTH N., 1991. The Question of ritual cannibalism at Grotta Guattari. Current Anthropology 32. p. 118-139
WHITE T. D. 1992. Prehistoric cannibalism at Mancos 5MTUMR-2346. Princeton, N. J. : Pinceton university Press.
WHITFIELD J. T., PAKO W. H., COLLINGE J. & ALPERS M. P., 2008. Mortuary rites of the South Fore and kuru. Philisophical Transactions of the Royal Society, 363. p. 3721-3724
Unknown. 1998. Human transmissible spongiform encephalopathies. Weekly Epidemiological Record 47 (20).
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Qui a tué la gauche ? Comment en sommes nous arrivés là ?
A la veille des élections présidentielles 2022, voilà la question que nous allons nous poser dans cette série de vidéos.
Dans ce premier épisode, il s'agira pour nous de définir les termes face à la confusion ambiante qui voudrait que le clivage droite-gauche n'est plus d'actualité.
Pour ce faire, rien de tel que de revenir aux fondements de la philosophie politique, l'œuvre de Platon, majestueusement interprétée par mon ami Moizi de la chaine @AnalGenocide .
Tr.: Socrate ... nous sommes pire qu'un lion en cage ... changer notre anthropologie ... marx ... déterminismes socio-historiques (gauche) ou naturels (droite) ... gauche humaniste ... le droit aux femmes de choisir leur destin ... nuances : le libéral était la gauche sous la révolution de 1789 ... les rapports de frorce concrets ... sans la théorie, on ne sait pas où on va ... pas de théorie révolutionnaire sans pratique révolutionnaire.
Date : le 23 novembre 2021 de 19h00 à 21h00
Titre : Le miroir sémiotique : le stade du miroir entendu en anthropologie clinique
Orateur : Wilfrid Magnier, psychologue clinicien, psychothérapeute familial, psychanalyste, formateur, chercheur.
Abstract : L’anthropologie clinique reprend le projet épistémologique proposé par Ernst Cassirer, à savoir « rassembler les différentes orientations méthodologiques du savoir, quelles que soient la spécificité et l’indépendance qu’on leur reconnaisse, en un système dont les termes singuliers se conditionnent et s’appelleront les uns les autres, en conservant leur nécessaire diversité » (Philosophie des formes symboliques, p.17). C’est dans et par ce projet que nous proposons de relire le stade du miroir comme la constitution d’une forme symbolique pour le sujet, basée sur son expérience empirique face au miroir. Cette forme symbolique reçoit en anthropologie clinique le nom de la sémiotique de la personne ou du soi narratif. Cette nomination ne fait pas seulement concept pour comprendre la clinique du sujet, mais aussi, elle désigne les différentes entrées ou catégories (points de vue théoriques) qui s’articulent dans ce modèle. Autrement dit, nous allons proposer une théorie unifiée de l’expérience du miroir pour le sujet comme forme symbolique, laquelle reprend un ensemble différents points de vue singuliers à cet égard (éthologie, psychanalyse, psychologie, neurologie). Nous posons que le stade du miroir met en place un carré sémiotique, celui du moi et de l’autre.
Cette schématisation rendrait compte d’un procès temporel logique : 1. la deixis « de l’autre » : l’image de l’autre n’est pas seulement un symbole de l’autre, elle désigne un autre réel que je ne vois pas tout de suite (l’enfant, voyant d’abord le reflet de son père, tourne la tête pour le retrouver dans la pièce) 2. L’enfant va généraliser au miroir la fonction déictique ...
55 minutes
Prolongement de son travail déployé dans « Par-delà nature et culture », l’enthousiasmant et majeur livre « Les Formes du visible » explore sous le prisme anthropologique les figurations du monde par le biais des ontologies, ces différentes manières d'être au monde, établies précédemment.
L'anthropologue Philippe Descola publie "Les formes du visible" (ed. Seuil), un ouvrage majeur qui prolonge son travail fourni et développé dans "Par-delà nature et culture".
En s'appuyant sur les quatre ontologies (manière d'être au monde) définies, qui sont l’ontologie animiste (une continuité morale entre humains et non-humains et une discontinuité de leurs dimensions physiques), les cultures totémiques (humains et non-humains sont comparables par le corps et l’intériorité), les cultures analogiques (les humains et les non humains diffèrent à la fois par le corps et l’intériorité) et enfin, l’ontologie naturaliste, qui est celle de notre civilisation (une discontinuité morale et une continuité physique entre humains et non-humains), Philippe Descola s'attèle au champs des images et de ce qu'il appelle, les figurations de ce monde.
Le naturalisme est bien représenté par l’épistémologie néo-kantienne, quant à l'animisme il est représenté par l’ontologie des Achuar d’Amazonie. Elle est diamétralement opposé à notre façon de comprendre le monde. Le totémisme est représenté par l’ontologie des Aborigènes australiens.
Ainsi, il questionne comment naissent les mondes en fonction de telle ou telle ontologie.
Par cet ouvrage Philippe Descola invite à décentrer le regard, à décoloniser la sensibilité. Une manière de rappeler que la nature n'existe pas.
Ce sera aussi l'occasion de parler des luttes contemporaines qui l'intéressent, telle qu'a été Notre Dame des Landes, avec laquelle il fait un éventuel parallèle avec les luttes indigènes en Amazonie.
On en parle avec l'anthropologue Philippe Descola.
Pour aller plus loin :
- "COMPOSER LES MONDES" Un documentaire de création réalisé par Eliza Levy sur la pensée de Philippe Descola https://composerlesmondeslefilm.com/category/projections-rencontres/dates/octobre-2021/ Planétarium #5, Philippe Descola et Eliza Levy Lundi 27 septembre 2021, 18h30, Cinéma Dédié à croiser les regards que l’art et les sciences sociales portent sur les mutations du monde, le cycle Planétarium s’ouvre cette saison avec l’anthropologue Philippe Descola : autour de son nouveau livre Les Formes du visible (Seuil, 2021) et du documentaire qu’Eliza Levy consacré aux leçons écologiques de sa pensée, Composer les mondes.
- « Bolsonaro est en train de faire adopter un arsenal législatif qui démantèlera les droits des Indiens sur leurs terres » Tribune dans Le Monde https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/08/bolsonaro-est-en-train-de-faire-adopter-un-arsenal-legislatif-qui-demantelera-les-droits-des-indiens-sur-leurs-terres_6093832_3232.html
Les invités Philippe Descola, Anthropologue
L'équipe Thierry Dupin Programmateur musical Valérie Ayestaray Réalisatrice Chantal Le Montagner Chargée de programmes Lucie Sarfaty Chargée de programmes Anna Massardier Attachée de production Camille Crosnier Journaliste et chroniqueuse
Thèmes associés Sciences Anthropologie
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Conversation CNRS Globe terrestre Europe-Afrique @CNRS · 11h
#TalentsCNRS | Félicitations aux premiers lauréats de la médaille de la #médiation scientifique du @CNRS qui récompense des scientifiques et personnels d'appui à la recherche pour leur action mettant en valeur la science au sein de la société. Applaudissements
CNRS Globe terrestre Europe-Afrique et 8 autres personnes
CNRS Globe terrestre Europe-Afrique @CNRS · 6h
#TalentsCNRS | Audrey Dussutour (@Docteur_Drey), éthologiste et chercheuse @CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale, est parvenue à faire du blob un fascinant outil de vulgarisation en lien avec ses travaux de recherche fondamentale.Boîte de Petri
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Michel Courty
4:43 PM · 2 sept. 2021·- 13 Retweets 4 Tweets cités 57 J'aime
#TalentsCNRS | Inspiré par l’#AccorddeParis, initié par des climatologues et imaginé par un collectif de scientifiques et médiateurs scientifiques, le jeu #ClimaTicTac Globe terrestre Europe-Afrique est un outil de médiation ludique et non anxiogène sur le changement climatique.
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#TalentsCNRS | Fondé en 1982 par l’ethnologue-cinéaste Jean Rouch, scientifique novateur et père de l’anthropologie visuelle, le @FestivalRouch est le rendez-vous des cinéastes et des chercheurs en sciences humaines et sociales depuis près de 40 ans Caméra de cinéma
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#TalentsCNRS | Pour cette première médaille de la #médiationscientifique, le @CNRS décerne un prix spécial au journaliste scientifique @mathieuvidard
pour son engagement à parler des sciences sur des médias de grande écoute. Microphone de studio
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Durée de lecture : 8 minutes
Clés : Culture et idées Écologie et spiritualité
Aborigènes, Amérindiens, zadistes de Notre-Dame-des-Landes... Dans « Réveiller les esprits de la Terre », l’anthropologue Barbara Glowczewski appelle à un « compagnonnage des peuples en lutte » pour « résister ensemble aux alliances économiques et financières qui détruisent la planète ».
Notes
[1] En voici un extrait : « Les espaces libérés sont des bases propres, depuis lesquelles tisser des réseaux de lutte, multiplier les offensives et amplifier les dynamiques de blocages. Mais ils sont surtout l’expérience vécue, avec toutes ses limites et imperfections, d’une existence déjà communale — soit la force même capable de soutenir une rupture avec la dévastation économique et la dépossession étatique. »
Les technologies actuelles permettent d’échapper en grande partie à la sélection naturelle. Pour survivre et transmettre nos gènes, nous n'avons plus besoin de nous adapter parfaitement à notre environnement : les progrès de la médecine permettent de sauver bien des personnes qui n’auraient pas survécu "à l’état de nature". L’évolution naturelle de l’homme est-elle arrivée à son terme ?
Il a fallu plusieurs centaines de milliers d’années d’évolution pour passer des hominidés, proches des singes, à notre espèce actuelle, Homo sapiens. Aujourd’hui, notre culture et nos technologies permettent d’échapper en grande partie à la sélection naturelle. Pour survivre et transmettre nos gènes, nous n'avons plus besoin de nous adapter parfaitement à notre environnement : les progrès de la médecine permettent de sauver bien des personnes qui n’auraient pas survécu "à l’état de nature".
L'apport du brassage génétique
L’évolution naturelle de l’homme est-elle pour autant arrivée à son terme ? Notre propre avenir sera-t-il façonné par le génie génétique ? L’intelligence artificielle transformera-t-elle l’humain en cyborg ? L’espèce humaine continuera-t-elle à s’adapter pour ne pas disparaître ? Nombreux sont les chercheurs qui estiment que l’humain est loin d’avoir fini d’évoluer, alors que le brassage génétique à l’échelle mondiale rend possibles des combinaisons encore jamais vues. Le réalisateur Tom Theunissen interroge biologistes, paléoanthropologues, historiens de l’art et informaticiens pour composer une fascinante mosaïque des êtres humains de demain.
Réalisation : Tom Theunissen - Pays : Allemagne
Année : 2017 Médecine et santé Sciences - Durée : 53 min
Disponible : Du 03/07/2021 au 02/08/2021 - Proch diff mercredi 14 juillet à 11:55
Tr.: ... théorie de l'évolution ... biologie de l'évolution ... Jean-Jacques Hublin, anthropologie évolutionniste ...
Revisitons le Néolithique ! - 14 mai 2021 Par Géographies en mouvement Blog : Le blog de Géographies en mouvement
mots-clés Agriculture néolithique 3 commentaires 12 recommandés
Le Néolithique marque-t-il un tournant dans l’histoire de l’humanité ? L’heure est à la remise en question, au moins partielle, de ce récit consensuel. Les récents ouvrages de James C. Scott et Pierre Madelin synthétisent quelques avancées sur la question. (Par Renaud Duterme)
... opposition entre chasseurs-cueilleurs d’une part et agriculteurs-éleveurs de l’autre. La seconde catégorie serait la destinée naturelle de toute société, conformément à une vision évolutionniste. Si tout indique un passage d’une économie de la cueillette à un économie agricole il y a environ 11 500 ans au Proche-Orient et 10 000 ans en Chine et en Mésoamérique, rien ne permet pourtant d’affirmer que ces deux modes d’existences n’ont pas cohabité et ont suivi cette linéarité. De nombreux indices attestent l’idée selon laquelle des plantes, notamment des céréales, furent cultivées d’abord sous forme sauvage et non véritablement domestiquées. Dans certaines régions abondantes, il est également attesté que la sédentarité a précédé (au moins de plusieurs siècles) le passage à l’agriculture.
Il semble enfin que de nombreuses populations, suite à l’effondrement de la société agricole à laquelle elles appartenaient, rebasculaient dans un mode de vie basé davantage sur la chasse et la cueillette. Ces exemples brouillent la frontière entre ces deux modes de vie et réfutent tout fatalisme dans la destinée des sociétés de chasseurs cueilleurs.
...
De nombreuses découvertes témoignent du fait que le passage à une société agricole sédentaire va dans bien des cas s’accompagner de problèmes sanitaires et alimentaires plus importants que dans les sociétés préagricoles. Les dernières recherches en paléontologie font état de populations de chasseurs-cueilleurs en meilleure santé, bénéficiant d’un régime alimentaire plus varié et contraintes de travailler moins d’heures, et de sociétés moins vulnérables face aux calamités climatiques et aux épidémies.
...
ce tournant marquerait le début de l’Anthropocène ...
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plus d’hypothèses que de réponses sur un passé lointain dont nous ne sommes pas près (et le serons-nous un jour) d’avoir percer tous les mystères.
Réf. :
Pierre Madelin, Faut-il en finir avec la civilisation ? Écosociété, 2021 https://ecosociete.org/livres/faut-il-en-finir-avec-la-civilisation.
James C. Scott, Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États, La Découverte, 2019 (anthropologue ) https://www.editionsladecouverte.fr/homo_domesticus-9782707199232.
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[1] Madelin voit dans l’apparition du stockage un marqueur historique plus pertinent pour comprendre l’émergence des inégalités. Stockage évidemment déjà pratiqué par des sociétés de chasseurs-cueilleurs.
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Politique
300.000 victimes emportées par une pandémie mondiale, des émeutes mortelles, et un président qui s’accroche au pouvoir. Qui aurait pu imaginer un tel scénario pour les États-Unis en 2020 ? Peter Turchin, lui, l’a fait. C’était il y a 10 ans. Mobilisant les méthodes de sa discipline, la cliodynamique, il prédisait un pic de violence politique pour la décennie 2020 dans le pays. Peter Turchin est-il un prophète ? En tout cas, ses idées pourraient bien nous aider à comprendre la trajectoire des puissances de ce monde.
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chercheur, professeur aux départements de biologie, d’anthropologie et de mathématiques à l’Université du Connecticut ... est surtout l’initiateur de la cliodynamique, une discipline récente à l’intersection de plusieurs domaines des sciences humaines tels que l’histoire, l’anthropologie, et l’économie. ... objet l'étude quantitative des dynamiques profondes de l’histoire, avec pour ambition la découverte de mécanismes universels à travers les époques. Dans cette perspective, les événements historiques sont considérés comme des processus aléatoires favorisés ou inhibés par le contexte social dans lequel ils surviennent, et donc des manifestations apparentes de phénomènes plus profonds.
Cette discipline met ainsi au second plan le rôle des personnages historiques, considérés comme des produits de leur époque plutôt que l’inverse. À ce titre, la cliodynamique poursuit le mouvement initié par l’école des Annales, qui, sous l’impulsion de Lucien Febvre et Marc Bloch, a importé les sciences sociales dans la démarche de l’historien.
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Sa théorie s’inspire des analyses d’Ibn Khaldoun (1332-1406), historien arabe dont les travaux sont considérés comme précurseurs dans la sociologie et l'économie. Selon Ibn Khaldoun, les empires trouvent leur moteur dans l’asabiyya, un terme qui désigne la cohésion sociale de leurs populations. Une forte asabiyya permet un niveau de coopération élevé, donc des politiques expansionnistes fructueuses et une meilleure résistance aux agressions.
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les fondements du raisonnement sont discutables : certaines notions, comme celle d’”élites”, sont vagues et difficiles à cerner au cours de l’histoire. Par ailleurs, Turchin s’appuie sur une idée très malthusienne de la société et de l’économie (du nom du démographe et économiste anglais Thomas Malthus, qui a souligné, au XIXe siècle, les effets potentiellement catastrophiques de la disjonction entre l'évolution linéaire du volume des ressources disponibles et celle, exponentielle, des effectifs de population). Cette vision ne prend en considération ni les luttes politiques, ni l’évolution technologique, et ne rend pas compte des changements profonds des sociétés humaines : les contraintes ne sont sans doute pas les mêmes dans des sociétés agraires et dans des sociétés hyperconnectées et ultra-technologiques. Peut-on vraiment appliquer le même modèle à l’Empire romain et aux États-Unis du XXIe siècle ?
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En dépit des critiques, la démarche de Turchin, qu’il légitime par une réflexion épistémologique https://escholarship.org/uc/item/82s3p5hj#main, est à l’origine d’un programme de recherche en plein développement.
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Malgré une certaine tendance à la spéculation et au-delà des détails mathématiques et historiographiques, le travail de Turchin est intéressant pour son approche en contradiction ouverte avec l’idéologie néo-libérale. Si celle-ci glorifie la compétition et l’individu, pour Turchin, c’est la coopération qui est le vrai fil conducteur de l’histoire humaine. Elle est en particulier l’objet de son ouvrage Ultrasociety : How 10,000 Years of War Made Humans the Greatest Cooperators on Earth, dans lequel il avance que la capacité extraordinaire des hommes à coopérer à grande échelle est le résultat d’un mécanisme évolutif, les guerres ayant éliminé les groupes incapables d’atteindre de hauts niveaux de coopération ...
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Retrouvez la retransmission de la conférence d'Emmanuel Todd enregistrée le jeudi 15 octobre 2020 à La Base à Chambéry.
Les luttes de classes en France au XXIème siècle
Emmanuel Todd est l’auteur d’une œuvre originale d’anthropologie historique. Il a notamment publié L’Invention de l’Europe (Seuil, 1990), L’Origine des systèmes familiaux (Gallimard, 2011) et Où en sommes-nous ? (Seuil, 2017).
Macron et les Gilets jaunes ont ouvert une page nouvelle de l’histoire de France, qui mêle retour des luttes sociales et apathie politique, sursaut révolutionnaire et résignation devant les dégâts de l’euro, regain démocratique et menace autoritaire.
Pour la comprendre, Emmanuel Todd examine, scrupuleusement et sans a priori, l’évolution rapide de notre société depuis le début des années 1990 : démographie, inégalités, niveau de vie, structure de classe, performance éducative, place des femmes, immigration, religion, suicide, consommation d’antidépresseurs, etc.
Les faits surprendront. Les interprétations que propose l’auteur doivent, quant à elles, beaucoup à Marx, mais à un Marx mis « sous surveillance statistique ». À gauche, comme à droite, elles paraîtront à beaucoup étonnantes, amusantes, contrariantes, ou angoissantes. Cet empirisme sans concession conduit même Emmanuel Todd à réviser radicalement certaines de ses analyses antérieures.
À la lecture de ce livre riche, stimulant, provocateur, la vie politique des années 1992-2019 prend tout son sens : une longue comédie politique où s’invitent les classes sociales.
Bienvenue donc dans cette France du XXie siècle, paralysée mais vivante, où se côtoient et s’affrontent des dominés qui se croient dominants, des étatistes qui se croient libéraux, des individus égarés qui célèbrent encore l’individu-roi, avant l’inéluctable retour de la lutte des classes.
En partenariat avec Les Amis du Monde Diplomatique et La Base
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Transcription : ... 3 couches : conscient - subconscient - inconscient
Dans La lettre du journal en ligne [n°57]
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11.09.2020 Anthropologie
Comment la pandémie provoquée par le SARS-Cov-2 a-t-elle affecté les populations autochtones ? C'est ce qu'a tenté de savoir l’anthropologue Irène Bellier, directrice de recherche au CNRS, en analysant un vaste corpus de données autour de cette question.