Le Tiers-Lieu est un bien commun révélé, délimité, entretenu par et avec un collectif.
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La notion de Tiers réside dans le processus qui va permettre aux individus de s’approprier cette interface. De la mettre en mouvement. Un échange continu est à provoquer car les rencontres improbables ne peuvent se décréter. La programmation n’est pas suffisante. Il est nécessaire de générer différents flux d'interactions entre les individus, entre les espaces, entre l’intérieur et l’extérieur. En ce sens la posture d’animateur est de la responsabilité de tous, et cela même si un individu peut-être désigné à ce rôle. Sans cette médiation, l’espace est une coquille vide.
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Les outils et la médiation numérique facilitent l’apparition de situation de travail collective sur la constitution d’un patrimoine informationnel commun
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Ndlr : voir aussi https://my.framasoft.org/u/ind1ju/?Dbbzvw
À la suite du mouvement enclenché en Suède, en Belgique, en Australie et en Suisse, des étudiants français annoncent que la première grève pour le climat aura lieu vendredi et se répétera toutes les semaines. Affichant la solidarité avec les Gilets jaunes, ils donnent des devoirs à faire au gouvernement.
Ce texte émane des réflexions du groupe de travail dédié à la rédaction de l’ultimatum, créé à la suite de l’assemblée générale (AG) inter-fac rassemblée vendredi 8 février 2019 et comportant des étudiant.e.s et lycéen.ne.s de divers établissements de la région parisienne. Cette AG a été organisée par plusieurs associations étudiantes parisiennes écolos en vue de lancer le mouvement de grève pour l’environnement de la jeunesse reconduite chaque vendredi à partir du 15 février.
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La jeune suédoise Greta Thunberg appelle à la Grève mondiale de la jeunesse pour le climat le 15 mars prochain. Nous, la jeunesse, consciente de l’urgence climatique, allons commencer sans attendre la mobilisation à Paris suivant le principe du mouvement mondial Fridays for future (Les vendredis pour l’avenir), en reconduisant la grève tous les vendredis à partir du 15 février.
Nous entrerons en résistance, car face à l’inaction politique la seule solution est la désobéissance civile.
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Nous, étudiants en 2018, faisons le constat suivant : malgré les multiples appels de la communauté scientifique, malgré les changements irréversibles d’ores-et-déjà observés à travers le monde, nos sociétés continuent leur trajectoire vers une catastrophe environnementale et humaine.
Chacune des trois dernières décennies a été plus chaude que la précédente et que toutes les autres décennies depuis 1850[I]. En cette année 2018, même les pays scandinaves ont été touchés par des feux de forêts d’une ampleur inhabituelle[II]. Aujourd’hui déjà, 60% des espèces en Europe sont en situation de conservation défavorable[III] et le tiers de l’humanité est touché par la désertification des sols[IV]. Du fait de l’augmentation de la fréquence des événements climatiques extrêmes, de la baisse des rendements agricoles et de la recrudescence des maladies, plus de 100 millions de personnes risquent de passer sous le seuil de pauvreté d’ici 2030[V]. D’ici 2050, 250 millions de personnes devraient se déplacer suite à des événements extrêmes liés au changement climatique[VI].
La liste est longue alors essayons de faire court : nous avons, à l’échelle mondiale, franchi au moins 4 des 9 “limites planétaires”[VII] au-delà desquelles les dégradations environnementales risquent de provoquer des changements brutaux du système-Terre, compromettant la poursuite des activités humaines. Faudra-t-il attendre que toutes les limites soient franchies avant que nous ne réagissions ? Certes, lors de la COP21 en 2015, 195 pays, appuyés par des groupements d’experts et des ONG, se sont accordés, sans pour autant se contraindre, quant à la nécessité de contenir le réchauffement climatique à moins de 2 °C pour ne pas risquer un emballement incontrôlable du climat. Mais étant donné l’écart[VIII] entre les engagements chiffrés des États et les réductions nécessaires d’émissions, nous constatons avec frustration que les actions proposées sont fondamentalement insuffisantes au regard des défis qui se présentent à nous.
Insuffisantes, car elles ne permettent pas de traiter les causes profondes du problème. Le fonctionnement actuel de nos sociétés modernes, fondé sur la croissance du PIB sans réelle considération des manques de cet indicateur, est responsable au premier chef des problèmes environnementaux et des crises sociales qui en découlent. Nos systèmes économiques n’ont toujours pas intégré la finitude des ressources[IX] ni l’irréversibilité de certaines dégradations écologiques ; ils ignorent jusqu’à leur propre fragilité face aux dérèglements environnementaux et au creusement des inégalités. Nos systèmes politiques, contraints par l’expression d’intérêts contradictoires souvent éloignés de l’intérêt général, peinent à proposer une vision à long terme et à prendre des décisions ambitieuses effectives pour un renouveau de société. Nos systèmes idéologiques, enfin, valorisent des comportements individualistes de recherche du profit et de consommation sans limite, nous conduisant à considérer comme « normaux » des modes de vie pourtant loin d’être soutenables. Nous nous bornons au mieux à l’ignorance, au pire au déni.
Nous, signataires de ce manifeste, sommes pourtant convaincus que ce sombre tableau n'est pas une fatalité. Deux options s’offrent aujourd’hui à nous : poursuivre la trajectoire destructrice de nos sociétés, se contenter de l’engagement d’une minorité de personnes et en attendre les conséquences ; ou bien prendre notre avenir en main en décidant collectivement d’anticiper et d’inclure dans notre quotidien et nos métiers une ambition sociale et environnementale, afin de changer de cap et ne pas finir dans l’impasse.
L’avantage de la première option est sa facilité, puisqu’il s’agit de ne rien changer, ou bien de continuer à opérer des changements superficiels. Il faudrait alors que les jeunes que nous sommes observent, tout au long de leur vie, la machine s’essouffler sans réagir ? Nous refusons qu’il en soit ainsi. Nous sommes de plus en plus nombreux à penser qu’un changement radical de trajectoire est aujourd'hui l’option qui nous offre les perspectives d’avenir les plus épanouissantes. Même si nous disposons peut-être d’un répit avant que nos pays riches et tempérés ne subissent de graves dommages dus aux problèmes environnementaux, nous refusons que ce délai soit un prétexte à l’inaction, en particulier quand d’autres souffrent déjà des conséquences de notre modèle de développement. Un Français moyen fait en effet partie des 3% les plus riches de la planète, et près de trois planètes seraient nécessaires à la généralisation de son mode de vie à l’échelle du globe[X]. Nous bénéficions actuellement de ces injustices, et en serons d’autant plus responsables si nous ne nous engageons pas dès maintenant à les combattre.
Face à l’ampleur du défi, nous avons conscience que les engagements individuels, bien que louables, ne suffiront pas. En effet, à quoi cela rime-t-il de se déplacer à vélo, quand on travaille par ailleurs pour une entreprise dont l’activité contribue à l’accélération du changement climatique ou de l’épuisement des ressources ? Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des contradictions quotidiennes. Nous sommes déterminés, mais ne pouvons pas agir seuls : nous ne pourrons surmonter ces contradictions qu’avec l’implication active des décideurs économiques et politiques, dont le seul objectif doit être de servir durablement l’intérêt général.
Nous, futurs travailleurs, sommes prêts à questionner notre zone de confort pour que la société change profondément.
Nous souhaitons profiter de la marge d’action dont nous bénéficions en tant qu’étudiants en nous tournant vers les employeurs que nous estimerons en accord avec nos revendications exprimées dans ce manifeste. Nous affirmons qu’il est possible de bien vivre sans sombrer ni dans l'ultra-consommation ni dans le dénuement total ; que l’économie doit être consciente de sa dépendance à son environnement pour être pérenne ; et que la réponse aux problèmes environnementaux est cruciale pour la réduction des inégalités et des risques de conflits. La société que nous voulons n’est pas une société plus dure, plus triste, de privation subie ; c’est une société plus sereine, plus agréable, de ralentissement choisi. En effet, le ralentissement des destructions causées par notre modèle économique n’est pas incompatible avec le bien-être humain, au contraire. C’est pour toutes ces raisons que les entreprises doivent accepter de placer les logiques écologiques au cœur de leur organisation et de leurs activités.
En tant que citoyens, en tant que consommateurs, en tant que travailleurs, nous affirmons donc dans ce manifeste notre détermination à changer un système économique en lequel nous ne croyons plus. Nous sommes conscients que cela impliquera un changement de nos modes de vie, car cela est nécessaire : il est grand temps de prendre les mesures qui s’imposent et de cesser de vivre au-dessus de nos moyens, à crédit de la planète[XI], des autres peuples et des générations futures. Nous avons besoin d’un nouvel objectif que celui du maintien à tout prix de notre capacité à consommer des biens et des services dont nous pourrions nous passer. Nous devons placer la transition écologique au cœur de notre projet de société. Pour y parvenir, un élan collectif doit naître. Et puisque l’ampleur du chantier nécessite toutes les énergies, nous sommes prêts à mobiliser la nôtre, avec enthousiasme et détermination. Nous souhaitons, par notre mobilisation, inciter tous les acteurs de la société – les pouvoirs publics, les entreprises, les particuliers et les associations – à jouer leur rôle dans cette grande transformation et à mener les changements nécessaires vers une société enfin soutenable.
Signer le Manifeste
Sources
ndlr :
- /croissance du PIB : on n'a pas su fonder une croissance économique décorrélée d'une croissance des émissions de gaz à effet de serre car proportionnelles aux énergies fossiles consommées. Pas dit, dommage :-(
- /événements climatiques extrêmes : nous sommes nombreux à confondre événement météorologique et climat ! => travailler la précision de notre langage ACT (me fait prendre conscience que le manifeste évoque très (trop ?) peu les sciences humaines comme ici la linguistique, la glossologie, etc. Et ne peut-on pas dire de même des sciences du vivant biologie, neurologie, etc ?)
- des paroles par moment bien naïves comme croire que les entreprises vont se tourner seules au service de l'intérêt général :-(
- mais bien qu'un peu édulcoré, texte utile et fondé merci et bravo pour l'initiative à valoriser ACT
Sens du manifeste
montrer que les étudiants, nous sommes inquiets de la catastrophe environnementale et sociale vers laquelle nous courrons mais conscients toutefois des causes qui sont en train d’y mener, à savoir : un système économique qui n’intègre pas la finitude de la planète et des comportements individuels nuisibles au centre desquels se trouve la surconsommation et le gaspillage. Nous présentons dans ce manifeste la contradiction dans laquelle nous nous retrouvons alors, étant conscients de la situation mais enfermés dans des perspectives d’avenir professionnel qui ne semblent souvent pas aller dans le sens de la résolution du problème, pourtant vitale.
But :
si ce manifeste ne changera pas les choses à lui seul, il s’inscrit dans un mouvement de mobilisation autour des enjeux environnementaux et sociaux. Et il montre que les étudiants participent à ce grand mouvement. On peut citer de façon non exhaustive : l’appel des 15000 scientifiques contre la dégradation de l’environnement, la prise de conscience grandissante sur l’état de la biodiversité (plan biodiversité du gouvernement sorti en juillet, COP de la biodiversité en 2020), la loi PACTE redéfinissant le rôle sociétal de l’entreprise, la consultation sur l’Europe jusqu’à fin 2018, l’appel pour un Pacte Finance-Climat.
Pas de solutions?
Nous ne cherchons pas à défendre des solutions précises, mais l’idée qu’un changement profond d’état d’esprit au niveau personnel aussi bien que collectif est nécessaire pour que ces solutions puissent se déployer à la bonne échelle. La première chose à faire se passe au niveau personnel : il s’agit de cesser de fermer les yeux, de se tenir informé au mieux pour ensuite réfléchir aux manières dont il est possible d’agir au niveau personnel, professionnel ou politique.
Pour éviter tout côté frustrant pour ceux qui veulent creuser les questions ou s’engager rapidement, nous proposons une liste de solutions, de sources d’information et de pistes d'actions sur une page dédiée vers laquelle sont redirigés les signataires juste après leur signature. Enfin, comme dit précédemment, nous avons aussi le projet de faire un questionnaire pour recenser les engagements déjà pris, donner des idées à ceux qui en ont besoin et donner envie aux signataires de prendre de nouveaux engagements pour mettre immédiatement en pratique ce qu’ils auront signé dans le manifeste.
Auteurs du Manifeste
inclut des étudiants d'AgroParisTech, CentraleSupélec, l’Ecole Polytechnique, HEC Paris et de l’ENS Ulm. Le texte a également bénéficié de très nombreux retours d’étudiants de dizaines d’établissements différents.
conscients de ne pas être représentatifs de l’ensemble des étudiants en France, et pas la prétention de l’être. convaincus que de nombreux étudiants peuvent se reconnaître dans ce manifeste et s’approprier pleinement les engagements qui y sont énoncés.
contact@pour-un-reveil-ecologique.fr
ndlr :
- tout se vaut y compris la loi PACTE et le pacte finance-climat, dans une logique de compromis ?
- cf https://my.framasoft.org/u/mediationpourtous/?2x2DLw
=>
les questionner, les contacter ACT
Alternatiba Bayonne le 7 octobre 2018
(ci-dessous version basque, anglaise, espagnole et allemande)
Lu par Gaby, 16 ans, lycéenne, vivant à Poitiers et Moriba, 16 ans, migrant guinéen hébergé à Bayonne.
Je m’appelle Gaby, j’ai seize ans et je viens de Poitiers, en France. Il y a quelques mois, le Tour Alternatiba passait dans ma région.
Je m’appelle Moriba, j’ai seize ans et je viens de Conakry, en Guinée. Il y a quelques mois, j’ai traversé la Méditerranée sur un canot gonflable, avec quatre autres jeunes. Nous avons failli nous noyer mais nous avons été secourus par un bateau de sauvetage maritime.
Aujourd’hui, nos trajectoires se croisent, alors que nous sommes au carrefour de l’avenir de l’humanité. Nous sommes unis par un même défi qui concerne tous les êtres vivants sur la planète : le dérèglement du climat.
Le dérèglement du climat.
...
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"Le dérèglement du climat. Nous pourrions le répéter 7 milliards de fois tant il concerne chacune et chacun d'entre nous." 🌍
Ce week-end, depuis Bayonne, a été lancé un vibrant appel à enclencher la *métamorphose écologique et sociale de nos territoires.
Pour rester sous la barre des 1,5 °C, la solution est claire : finis les petits pas, place à un changement immédiat et profond de système** 🖐 !
▶️ Le manifeste est à lire ici : https://alternatiba.eu/2018/10/manifeste-le-temps-de-lespoir-et-de-laction/
Un grand merci à Edouard pour la vidéo, et aux 1 150 bénévoles qui ont rendu cet événement possible !
Catégorie Organisations à but non lucratif 4 commentaires
Fabrice Nicolino est journaliste et essayiste. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’écologie ou l’agriculture et publie ce 13 septembre aux éditions Les Liens qui Libèrent, Nous voulons des coquelicots avec François Veillerette. Il revient avec nous sur cette ouvrage, qui constitue un manifeste contre l’utilisation des pesticides chimiques.
« Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant.
...
Les pesticides sont une tragédie pour la santé. » Voilà comment nous préviennent Fabrice Nicolino, journaliste, et François Veillerette, militant écologiste qui a notamment présidé Greenpeace France. Les deux auteurs publient un livre-manifeste, ainsi qu’un appel, intitulé « Nous voulons des coquelicots », en espérant un soulèvement pacifique contre l’effacement d’un monde.
Le Média : Pourquoi voulez-vous des coquelicots ?
Fabrice Nicolino : Le coquelicot est un symbole. C’est une fleur fragile et très belle. Avant le grand massacre des pesticides, il y avait des coquelicots partout dans les champs de blés, mais aussi des bleuets. Ce sont des fleurs que l’on qualifie de « messicoles », c’est-à-dire qui poussent pendant les moissons. La campagne en était remplie. Les pesticides qui ont déferlé à partir de la fin des années 1950 et du début des années 1960 les a presque fait disparaître. Il y en a dans les bas-côtés ou dans certains champs non-traités. Mais cette fleur réapparaît dès que les pesticides arrêtent d’être répandus. Elle est résistante et possède un pouvoir de germination long. Certains disent 100 ans, d’autres 500 ans. C’est-à-dire que la graine est fertile très longtemps. Il y a donc des graines encore présentes depuis 50 ans ou plus qui peuvent repousser. « Nous voulons des coquelicots » c’est une manière de dire originalement que nous souhaitons un monde différent. Nous voulons un monde coloré, avec des lumières, des fleurs sauvages et tout ce qui s’ensuit : des abeilles, des oiseaux, etc.
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Henri Nallet, qui a été ministre de l’Agriculture de François Mitterrand à partir de 1985, est emblématique. Il est d’ailleurs maintenant impliqué dans l’Affaire du Mediator, en tant que lobbyiste pour les laboratoires Servier. Il a commencé sa carrière comme chargé de mission à la FNSEA, il est mouillé à fond dans tout cela. Nallet a ensuite été ministre de l’Agriculture. Il a toujours servi les intérêts industriels. Il a signé l’autorisation de l’utilisation du chlordécone en tant que ministre de l’Agriculture. Mais personne ne lui demande de compte. Qu’attendons-nous pour l’interpeller sur son autorisation d’utiliser un produit nuisible pour tout l’écosystème, dont les humains ? C’est pareil pour Jean-Pierre Soisson, « ministre d’ouverture » de Mitterrand en 1988. Ministres de gauche, ministres de droite, même infamie.
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À la sortie de la guerre, il y avait plein de choses à changer dans ce monde. Mais on a vendu autre chose aux paysans. On leur a faire croire que derrière la modernisation, ils vivraient plus confortablement et comme en ville. C’était de la manipulation. Derrière ce progrès promis, se cachaient des intérêts politiques et économiques. Ils voulaient détruire la paysannerie, qui leur paraissait retardataire, au profit d’une agriculture industrielle et exportatrice qui allait leur faire gagner beaucoup d’argent. Par exemple, les industriels et les politiques qui lui sont liés se sont mis en tête de vendre de la viande. Il y avait 20 millions de bovins en France. Des marchés comme l’Italie et l’Allemagne étaient très demandeurs. Quand de Gaulle est revenu au pouvoir en 1958, il voulait se servir de l’agriculture et en faire une arme industrielle, afin de financer des infrastructures lourdes. Les dirigeants voulaient liquider l’agriculture, sans que cela soit pensé. Ils n’en avaient rien à faire de ce secteur, ni des paysans. Ils ont créé un monstre, en vidant les campagnes pour remplir les banlieues. Ce pays a été déséquilibré par des millions d’emplois perdus à la campagne. Cela a donné des mégapoles comme l’Île-de-France, où s’entassent 11 millions de personnes. Parallèlement à la volonté de financer des infrastructures, ils désiraient aussi de la main-d’oeuvre pour l’industrie, pendant les Trente Glorieuses. Nous avons donc sacrifé les campagnes pour remplir les banlieues de chômeurs, pratiquement à vie.
Il y avait une autre voie possible. Elle passait par l’amélioration des conditions de vie et le maintien d’un réseau de petites villes. C’est un phénomène global. Les petites villes en France sont moribondes – les villages n’en parlons même pas. Pourquoi ? Je me balade souvent dans le pays et dans tous les centres-villes, on voit des magasin avec des enseignes « A vendre ». Tout s’effondre, parce que des crétins de politique, de tous bords, de droite comme de gauche, ont fait les mauvais choix. Ils ont vendu leurs villes aux hypermarchés, au commerce de masse et aux grands parking à la périphérie des villes. Ils ont construit des monstres commerciaux, qui attirent toute la population. Les petits commerces de proximité se sont tous cassé la gueule. Mais le drame pour moi c’est cette industrialisation à outrance, sans aucune réflexion, ni aucun débat humain. Nous pouvons appeler cela une révolution, mais au sens négatif du terme. Il s’agit d’un processus qui échappe au contrôle humain.
Le modèle paysan que vous prônez est-il possible dans une société où seuls 5% de la population travail dans le secteur agricole ? Existe-t-il d’autres moyens que l’agriculture industrielle pour nourrir une population importante avec si peu de personnes travaillant dans le secteur ?
La question est planétaire. Je refuse de la poser dans les limites de la France. Il est certain que ce modèle va faire faillite. Nous nous dirigeons vers 10 milliards d’humains sur Terre et l’industrie de l’agriculture a ruiné quantité de sol. Quand vous déversez autant de pesticides sur un sol, vous tuez sa fertilité naturelle. Un sol, c’est une couche de 10 ou 15 cm d’épaisseur, en général. Les produits chimiques la détruisent et éradiquent les insectes et micro-organismes qui lui sont indispensables. L’agriculture industrielle est aussi en train d’assécher des nappes phréatiques décisives pour le sort de tous les êtres humains. Par exemple, prenez la nappe d’Ogallala, dans le centre des États-Unis, qui fait 15 000 km de long. L’agriculture industrielle américaine l’a percée, elle ne se recharge plus au rythme où nous l’utilisons pour l’irrigation.
L’agriculture industrielle ne nourrira pas 10 milliards d’êtres humains. Dans ce monde fou, de plus en plus de gens veulent manger de la viande. Or, elle exige des pâturages massifs et des millions d’hectares. Il y a déjà 70% des terres agricoles en Europe qui sont destinées au bétail. En exportant ce modèle délirant en Chine et en Inde, nous sommes sûrs d’arriver à une impasse totale. Il y aura une fracture énorme entre ceux qui ont de l’argent et vont consommer de la viande et ceux qui n’en ont pas et ne mangeront pas. Nous allons vers une vraie tragédie planétaire. Il n’y a qu’une seule solution, certes compliquée. Il s’agit de l’agriculture paysanne, c’est-à-dire celle qui se passe de pesticide et qui est économe en eau. C’est l’agroécologie, pour aller vite, c’est-à-dire un système avec des gens à la campagne, qui bossent, avec une main-d’œuvre abondante. En France, nous pourrions très facilement le faire, dans des conditions nouvelles, avec internet, le numérique, etc. Mais nous pourrions imaginer qu’avec ce chômage de masse, qui pourrit tant de vies, nous pourrions recréer de l’activité dans les campagnes, avec un ou deux millions d’emplois supplémentaires. Beaucoup de calculs ont été réalisés dans plusieurs études. Ce n’est pas intouchable mais c’est sérieux. Il est presque certain que l’agriculture biologique, l’agroécologie et l’agriculture paysanne, qui ne forment qu’un seul et même système, sont les seules capables de nourrir la planète, en mobilisant une main-d’œuvre très importante. La robotisation et la numérisation du monde sont en train de détruire par centaines de millions les emplois.
Il y avait près de 250 personnes ce samedi matin dans la rue piétonne d'Angoulême pour manifester leur désir de protéger la planète.
Photo RT
A part pour Notre Dame des Landes, Vanessa Vigier n’était pas une grande revendicatrice. Mais voir Nicolas Hulot pleurer sur sa solitude ministérielle, ça l’a touchée. «Je voulais lui dire, si, on est là. Et j’espère qu’on va nous entendre», se motive l’ex peintre en bâtiment qui se reconvertit en microfermière en permaculture.
Dans la rue piétonne, on a beaucoup entendu Elodie Boussiquault. Naturaliste à Charente Nature, c’est elle qui a fait le lien entre l’initiative personnelle de Vanessa Vigier et l’association. Quand elle a présenté le projet aux administrateurs, les vieux militants qui ont usé le pavé angoumoisin depuis tant d’années, lui ont confié les clefs. «Je n’ai pas eu le choix», rigole-t-elle. «C’est la première fois que j’organise un événement comme ça». Les historiques de la lutte écolo avaient de quoi être rassurés sur la relève.
Actualité
ndlr : encore protéger la planête :-( c'est la vie qui est en danger, pas la planète !
Mots-clés
manifeste cop23 planète Écologie climat Pollution biosphère Démographie
ndlr : valorisé dans plpdla avec :
- https://centristesinsoumis.wordpress.com/2018/01/15/ebauche-de-programme-de-parti-de-lanthropocene/comment-page-1/#comment-60
puis - https://centristesinsoumis.wordpress.com/2018/01/15/ebauche-de-programme-de-parti-de-lanthropocene/
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les contacter pour coopérer
ACT
C’est à la veille du tremblement de terre qui a frappé le Japon et déclenché la catastrophe nucléaire de Fukushima que l’Institut Momentum s’est réuni pour la première fois... fragilité du système thermo-industriel. L’imbrication des éléments naturels avec les objets industriels fait de notre planète un laboratoire à ciel ouvert : aucun lieu de la Terre n’échappe plus à l’expérimentation... épicentre symbolique de l’ère de l’Anthropocène... L’Anthropocène, c’est aussi une ère d’exubérance qui abolit l’angoisse, où l’automobile et l’écran plat sont devenus des droits humains fondamentaux. Une ère d’addiction, où la production de moyens est devenue la fin de l’existence. Une ère d’accélération, où la croissance, qui repose sur le cycle sans fin de la production et de la consommation, doit produire toujours plus d’objets inutiles pour ceux qui en ont déjà trop. C’est la logique même du productivisme. ... La réponse ne sera pas technologique. Elle tiendra à l’organisation des sociétés elles-mêmes, au renforcement de leur résilience, au maintien de leur trame de sécurité.
Le 21ème siècle ressemble ainsi à la sortie d’une parenthèse. L’exubérance énergétique du 20ème siècle est terminée. La majeure partie du pétrole facile à extraire a été brûlée en 200 ans d’ère industrielle. La fête est finie.
Toutes les dettes accumulées, dette financière, dette énergétique et dette écologique nous reviennent aujourd’hui comme des bombes à retardement qui commencent à exploser. Les conséquences de la croissance exponentielle des économies industrielles avaient été annoncées dès 1972 dans le rapport Halte à la croissance ? : croissance démographique, industrialisation, pollution, production alimentaire et accélération de la dégradation des systèmes naturels. ... La transition post-pétrolière, post-nucléaire et post-carbonique s’attache à complètement redessiner et à repenser les infrastructures de la société mais aussi à œuvrer à un nouvel imaginaire social en se projetant dans un futur proche sans pétrole et sans énergies de stock.
De même que l’économie agraire de 1800 était complètement différente de l’ère des énergies fossiles actuelle, de même l’économie post-fossile et post-fissile de 2050 diffèrera profondément du paysage contemporain.
...
Le temps est venu de poser un nouveau cadre pour l’économie afin de l’encastrer dans notre écosystème local et global.
...
Quel rôle pour l’Institut Momentum ?
se consacre à répondre au défi de notre époque : comment organiser la transition vers un monde post-croissant, post-fossile et modifié par le climat ? Comment penser et agir les issues de l’Anthropocène ? Quelles sont les sorties de secours ? A quoi ressemblent des sociétés résilientes au temps de la triple crise, énergétique, économique et écologique ?
L’objet de notre démarche est de constituer une communauté de contributeurs, composée d’experts reconnus ou émergents dans les domaines majeurs de la transition. Les contributeurs de l’Institut Momentum interviennent dans leur domaine d’expertise, en relation avec la pensée de la transition. Ils produisent des diagnostics, des analyses, des scénarios et des propositions originales sur les stratégies de transition et de résilience. L’Institut Momentum est là pour les susciter et les faire connaître aux individus, aux collectivités, aux entreprises et aux gouvernements. L’ensemble des contributeurs publiera un Annuel du Momentum, couvrant chaque thème principal et les initiatives les plus récentes pour répondre à la crise, dans un esprit cohérent voire holistique.
Nous faisons une veille sur les thèmes tels que : restauration des écosystèmes, systèmes alimentaires, utilisation des terres, permaculture rurale et urbaine, énergie et autonomies énergétiques, économie coopérative, métiers de la résilience, solidarités pratiques, résolution de la dissonance cognitive, nouvelles formes de la démocratie.
Nous avons aussi le souci de donner de la visibilité aux solutions émergentes, déjà mises en œuvre par les villes en transition, les coopératives de l’énergie, les Amaps, les entreprises d’insertion, les collectivités dotées d’éco-quartiers.
La Revue durable est notre principal partenaire éditorial, en raison de la compatibilité évidente la vision de LRD, inlassablement dédiée depuis dix ans à la recherche de pistes originales et de foyers de création de résilience, et les thématiques portées par l’Institut Momentum. Nous sommes aussi en relation avec des publications tels que Silence, ou des revues telles qu’Entropia, avec le mouvement de la transition, avec l’Université populaire de permaculture et avec d’autres lieux de pensée tels que le Post Carbon Institute californien, la New Economics Foundation britannique, et, en France, avec l’association et l’institut Negawatt.
Appel
...
nous avons une chance, et c’est peut-être la dernière, de nous écarter du précipice. Un défi, un moment singulier, une fenêtre d’opportunité : le Momentum. Rejoignez-nous.
[1] Le Monde, 26 mars 2011.