Le triste sort de la majorité des agriculteurs est connu : ils peinent à subvenir à leurs besoins à cause de leurs maigres revenus. Pendant ce temps-là, les grandes entreprises du secteur agricole continuent de bénéficier d'abondantes subventions de la Politique Agricole Commune. On en discute avec Caroline Trouillet, journaliste et autrice d'une enquête sur les financements de la PAC.
La Politique Agricole Commune n’est-elle en fin de compte qu’un outil destiné à engraisser les ogres de l’industrie agroalimentaire ? Alors que 60 % des agriculteurs touchent moins de 20 000€, les grosses entreprises, comme Lactalis par exemple, peuvent toucher un véritable pactole. Ces subventions sur investissements viennent financer des projets soit désastreux pour l’environnement, soit instables économiquement. En effet, il peut sembler assez incongru que la PAC puisse subventionner des investissements hors de l’Europe ou des projets de friandises pour chats et chiens, plutôt que l’agriculture bio ou paysanne.
Les aides directes aux agriculteurs sont quant à elles calculées selon la taille des exploitations. Plus on est gros, plus on touche. La PAC serait donc, d’une part, un système profondément inégalitaire pour les petits agriculteurs et, d’autre part, très gourmand pour les gros exploitants et les grandes entreprises du secteur agricole.
Le Média a donc reçu, pour en parler, Caroline Trouillet. Elle est journaliste et auteure de l’enquête : « La Politique Agricole Commune : ses chèques aux mieux dotés, ses œillères sociales et environnementales ».
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Chaque année sur les 10 milliards d’euros d’aides publiques versées à l’agriculture française, moins de 2% vont à l’agriculture biologique. Alors que 10% des agriculteurs sont désormais en bio.
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En moyenne, les paysans bio risquent de perdre 131 euros par hectare !
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A la veille de décisions importantes dans le cadre des négociations de la PAC (Politique agricole commune) qui détermineront le futur modèle agricole français jusqu’en 2027, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie confirme pour l’instant la politique menée par Emmanuel Macron depuis le début de son quinquennat : soutenir une agriculture productiviste et industrielle dopée aux pesticides tout en cassant la dynamique de l’agriculture bio.
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Alors que les citoyens sont très majoritairement favorables au développement de l’agriculture bio (Selon le sondage exclusif réalisé par l’institut IFOP pour Agir pour l’Environnement (mai 2019), 73% des Français étaient favorables au versement des subventions prioritaireme à l’agriculture bio et 89% étaient favorables à l’interdiction totale des pesticides chimiques), le gouvernement continue de soutenir un modèle dépassé et pollueur.
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Sans une forte mobilisation importante des citoyens, les aides aux agriculteurs bio vont diminuer de 66% et casser irrémédiablement la dynamique de conversion des agriculteurs conventionnels vers le bio et ainsi continuer à favoriser une agriculture industrielle et chimique.
... enquête de #Basta / Caroline Trouillet pour le compte du collectif pour une autre PAC : « La Politique Agricole Commune : ses chèques aux mieux dotés,ses œillères sociales et environnementales »