Idée — Numérique - Mis à jour le 15 juillet 2024 à 09h50 - Durée de lecture : 11 minutes
Le monde numérique est le nouveau moteur des pensées d’extrême droite qui y prolifèrent. Élections françaises, présidentielle étasunienne... il pourrait contribuer à les mettre, très concrètement, au pouvoir.
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« L’avènement d’un fascisme cool »
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Lire aussi : Le totalitarisme numérique de la Chine menace toute la planète
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D’après une enquête du CNRS, publiée en 2023, les climatosceptiques représenteraient même 30 % des comptes parlant environnement sur X
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« [Les plateformes] fonctionnent comme des régimes autoritaires »
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marchandisation de notre vie sociale, politique et culturelle, sans considération pour notre santé mentale, le droit à l’information fiable et la démocratie.
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Médiapart parle d’un « néofascisme débonnaire » qui est en train de gagner la bataille culturelle. https://www.mediapart.fr/journal/france/140321/les-youtubeurs-de-la-haine-un-neofascisme-debonnaire
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goût pour la viande, les jeux vidéos, la musculation ou la « philosophie virile » ... masculinité toxique ... propos dépolitisants ... double affinité : d’un côté les réseaux sociaux font monter les idées réactionnaires, de l’autre, le technosolutionnisme de l’extrême droite pousse ce courant à embrasser toutes les avancées du numérique.
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Chez les spécialistes de la culture web, le désenchantement est total. Le journaliste canadien, Cory Doctorow, parle de « merdification d’internet ». La journaliste blogueuse Titiou Lecoq compare l’espace numérique à « un grille-pain fasciste » — un circuit fermé et centralisé qui nous enferme dans des idées nauséeuses.
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point de bascule où le flot de haine pourrait quitter la toile et prendre le pouvoir. Les situations à l’étranger où l’extrême droite et les régimes autoritaires surfent sur les technologies doivent nous avertir.
Dans ses Écrits corsaires, l’écrivain et poète italien, Paolo Pasolini disait que la société de consommation avait propagé plus profondément le fascisme que Mussolini. Il se pourrait, aujourd’hui, que la numérisation de la vie nous mène au fascisme bien plus rapidement que le Front national d’un Jean-Marie Le Pen…
Ndlr : comment renverser cette bataille culturelle ? Chercher ACT
Enquête — Politique - Mis à jour à 12h12 - Durée de lecture : 8 minutes - Clés : Politique Législatives 2024
Une Assemblée fragmentée, un pays divisé, des partis sans majorité... Face à l’impasse actuelle, les politiques pourraient plutôt miser sur la démocratie participative en redonnant du pouvoir aux citoyens.
Et si la solution à la crise politique venait du peuple, de sa mobilisation et de son implication dans les processus de décision ?
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Fragmentée en trois blocs — le Nouveau Front populaire (NFP), Ensemble et le Rassemblement national (RN) —, l’Assemblée nationale est désormais ingouvernable. Sous le couperet des motions de censure, l’approche purement clanique et partisane paraît, elle aussi, vouée à l’échec vu l’équilibre des forces.
« Une opportunité de réinterroger nos institutions »
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Enquête — Forêts - Durée de lecture : 10 minutes
Forêts Politique
Le projet du gouvernement de planter 1 milliard d’arbres est « une supercherie », dénoncent des associations. D’après des documents obtenus par Reporterre, il servirait à financer des coupes rases et à industrialiser la filière.
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Notes
[1] Dont FNE, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), le comité de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le WWF et Canopée.
Mis à jour le 27 janvier 2024 à 11h09
Durée de lecture : 10 minutes - Agriculture Alternatives Politique
Prix planchers, audit sur les dettes agricoles, moratoire sur le libre-échange, Sécurité sociale de l’alimentation… Les écologistes fourmillent d’idées pour répondre à la crise agricole. Seront-ils entendus ?
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Durée de lecture : 8 minutes - Agriculture Luttes Politique
Alors que les agriculteurs multiplient les actions destructrices, l’impunité totale dont jouit la FNSEA tranche avec la brutalité de la répression contre les écologistes, les quartiers populaires ou les Gilets jaunes.
On connaissait le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, martial et autoritaire, gonflant les muscles à chaque mouvement social. On l’a découvert jeudi 25 janvier sur TF1 empathique et laxiste devant la mobilisation des agriculteurs. « On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS », a-t-il affirmé dans un élan de lucidité. Refusant de condamner les violences, le ministre a assumé de laisser faire « à la demande du président et du Premier ministre ». « Les agriculteurs travaillent (...), ce sont des patriotes », a-t-il ajouté. « S’ils respectent les règles de la République, il n’y a aucune raison de faire intervenir les policiers et les gendarmes. »
Cette stratégie du maintien de l’ordre et l’impunité dont jouissent la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et la Coordination rurale interroge. La tolérance soudaine du pouvoir tranche avec la brutalité avec laquelle le gouvernement a réprimé ces dernières années les Gilets jaunes, les syndicalistes opposés à la réforme des retraites ainsi que les quartiers populaires. Elle contraste aussi avec ses diatribes contre les « écoterroristes ».
Routes bloquées, arbres abattus
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Destruction de bâtiments publics
Certains vont encore plus loin en *détruisant des bâtiments publics. À Carcassonne, le bâtiment de la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) a été soufflé par une explosion, revendiquée par le Comité d’action viticole. À Narbonne, un bâtiment de la Mutualité sociale agricole a été incendié.
Les responsables de ces actes vont-ils être poursuivis en justice comme d’autres paysans en colère, à l’instar de Daniel, membre de la Confédération paysanne du Tarn ? En mai 2023, il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir alimenté un simple feu de bois devant le portail de la préfecture d’Albi en mars 2023 à l’occasion d’une manifestation contre la loi sur les retraites. « J’ai été interpellé à 6 heures du matin à mon domicile, menotté devant les enfants et mis en garde à vue trente-neuf heures. C’est déjà une sanction alors que je n’avais pas encore été jugé. Pourquoi être ainsi humilié ? »
Daniel est loin d’être le seul paysan à subir les foudres de la justice à cause de son militantisme. Le 17 janvier dernier, de lourdes peines ont été prononcées à l’encontre d’activistes antibassines, incluant des syndicalistes de la Confédération paysanne. « Quand nous allons défendre un bien commun en marchant dans des champs avec des familles, on se retrouve réprimés dans la violence et on finit au tribunal », déplore Amandine Pacault, porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres.
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Même quand l’action reste symbolique, la sanction est sévère. Le 6 novembre dernier, sept activistes de Greenpeace ont été interpellés, placés en garde à vue durant quarante-huit heures. Leur tort : avoir accroché une banderole sur la façade du ministère de l’Écologie pour dénoncer la « trahison écologique » du gouvernement.
« C’est quand même étonnant de voir que, dans notre pays, quand on défend l’intérêt général, on est immédiatement sanctionné et quand on défend des intérêts corporatistes – qui sont légitimes aujourd’hui – on n’a pas les mêmes réponses que la FNSEA », a déclaré Yannick Jadot, sénateur écologiste. « On aimerait bénéficier de la même indulgence et pouvoir exprimer notre colère sans se prendre des coups de matraque, sans être gazés et sans finir en procès », dit Youlie Yamamoto, porte-parole d’Attac.
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Les convois de tracteurs ont pu se frayer un chemin jusqu’aux préfectures et aux bâtiments de l’administration au cœur des centres-villes sans rencontrer de difficulté, et sous le regard amorphe des forces de l’ordre. Parfois, elles escortaient même le cortège et les conduisaient droit sur leur cible, comme à Agen.
Dans ses consignes aux préfets, Gérald Darmanin appelait à « une grande modération des forces de l’ordre ». « C’est en dernier recours que les effectifs de maintien de l’ordre déployés aux abords de bâtiments publics seront autorisés à intervenir, et dans le seul cas où l’intégrité des personnes serait menacée ou les bâtiments exposés à de graves dégradations. »
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Pour le sociologue Bertrand Hervieu, spécialiste des mondes agricoles, cette indulgence s’explique par « les grands rapports de proximité entre les responsables agricoles et les autorités, les maires et les préfets », dit-il à France info. « C’est l’inverse des Gilets jaunes, qui n’avaient pas de leaders. Il y a peu de professions qui ont une relation quasi quotidienne avec le gouvernement, d’abord avec le ministre de l’Agriculture, mais aussi avec le Premier ministre. Il y a donc une proximité avec l’État ». Une collusion dénoncée par Julien Le Guet, le porte-parole de Bassines non merci : « Il y a des représentants de la FNSEA qui vont à la préfecture pour organiser les actions
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ils arrivent à être escortés sur certains lieux. Si ce n’était pas validé, il y aurait des interventions des forces de l’ordre ».
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Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, est à la tête d’une grosse exploitation de céréales et président du groupe agroalimentaire international Avril. © AFP / Arnaud Finistre
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Cela fait près de soixante ans que la FNSEA multiplie les destructions de biens publics, blocages, opérations coups de poing, menaces contre des militants écologistes et des élus comme l’ont rappelé les journalistes de Basta. Cela lui a permis d’imposer une agriculture qui supprime des paysans, détruit les sols et la biodiversité.
Portrait — Agriculture : Arnaud Rousseau, « pompier pyromane » à la tête de la FNSEA
Connu / TG le 28/01/24 à 10:30
Reportage — Agriculture
Dans les champs de Juliette et Guillaume, les fleurs sauvages longent les rangées de légumes. - © Charlie Delboy / Reporterre
Mis à jour le 3 juillet 2023 à 16h31 - Durée de lecture : 12 minutes
Dans la Drôme, un réseau d’agriculteurs réintroduit de la vie sauvage dans leur ferme. Ces exploitations deviennent des refuges de biodiversité, où le nombre d’espèces se multiplie.
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Plaine de Valence (Drôme), reportage
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Des mares où poussent des nénufars agrémentent une ferme pas ordinaire. © Charlie Delboy / Reporterre
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ferme du Grand Laval https://reporterre.net/Un-ornithologue-paysan-transforme-une-ferme-en-ecrin-de-biodiversite
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Les vers de terre aménagent le sol, les pollinisateurs assurent la fécondation des plantes à fleur, les champignons capturent les nutriments, les bactéries fixent l’azote…
« La vitalité de notre ferme est liée à des espèces qui ne sont ni domestiquées, ni contrôlées. Nous devons apprendre à leur laisser de la place », disent-ils.
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ferme en polyculture élevage, diversifiée, avec des fruitiers, un troupeau de brebis, des poules et de grandes cultures.
Sur près de vingt hectares, une dizaine de mares ont été creusées et des centaines de nichoirs posés. Des bandes enherbées et des haies touffues séparent les cultures et servent de corridors écologiques.
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Le sauvage y est pleinement intégré et associé. Il est vu comme un allié avec qui il faut apprendre à composer. À égalité.
« Ce n’est pas la ferme qui abrite la vie sauvage, c’est cette dernière qui tient le monde et le rend habitable », explique le couple d’agriculteurs.
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Plus de 1 500 espèces ont été comptabilisées : 60 abeilles sauvages, 130 de papillons, 33 libellules… Le nombre de passereaux a doublé et une colonie de moineaux (200 couples !) est arrivée.
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volonté de faire voler en éclat le dualisme entre domestique et sauvage. Avec le désir de concilier agriculture rentable et hospitalité active pour le vivant. Avec l’envie d’agir à son échelle : être paysan mais aussi gardien de nature. ... collectif Ferme paysanne et sauvage https://lesfermespaysannesetsauvages.wordpress.com/
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autre association, L’hirondelle au champ https://hirondelleauxchamps.fr/, accompagne les agriculteurs dans le sud du département pour créer des aménagements susceptibles de faire revenir la faune et la flore sur leur propriété. En creux, c’est un mouvement social qui s’esquisse. Un changement d’ordre politique, une bataille culturelle.
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Les agriculteurs sculptent le territoire ... le naturaliste Maxime Zucca ... Il accompagne aussi d’autres fermes du réseau https://reensauvagerlaferme.fr/lexploration-du-vivant/
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goût nouveau pour l’exploration ... mi-naturalistes, mi-agriculteurs. ... fierté retrouvée ... une curiosité d’enfant qui m’enchante au quotidien
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La charte des fermes paysannes et sauvages repose sur un principe simple, résumé ainsi : « Il est interdit de tuer un animal ou un insecte, d’arracher une plante si on ne connaît ni son nom, ni son rôle écologique. On peut détruire mais seulement en conscience et en connaissance. »
https://lesfermespaysannesetsauvages.wordpress.com/notre-charte/
Avec le philosophe Baptiste Morizot, qui vit sur les contreforts du Vercors, les paysans et paysannes ont charpenté théoriquement leur pratique. Ils ont développé ensemble le concept « d’hospitalité active ». https://reporterre.net/Baptiste-Morizot-Le-vivant-n-est-pas-une-petite-chose-fragile-mais-un-allie
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viser l’abondance du vivant ... tout ce qui vit compte ... l’interaction qu’elles tissent entre elles ... Seule la densité de la vie permet de recréer des équilibres féconds ... recréer des chaînes de prédations, de compétitions et d’entraide pour éviter le pullulement d’une espèce en particulier. C’est tout l’inverse des pesticides qui luttent contre la présence en l’éradiquant ... lutter contre de soi-disant « nuisibles », maintenir les champs « propres » ou faire disparaître « les mauvaises herbes ».
« On hérite d’un imaginaire qui survalorise le contrôle alors qu’on devrait apprendre à lâcher prise »
... créer un élan ... inarrêtable. ... changer l’agriculture en profondeur ... créer des connectivités entre nos fermes, des corridors pour que la faune puisse circuler
Enquête — Luttes - Mis à jour le 23 juin 2023 à 11h19 - Durée de lecture : 11 minutes
Clés : Luttes Politique Soulèvements de la Terre
Campagnes de presse, manœuvres au sommet de l’État, pressions, chantages… Le lobby agro-industriel a mené une offensive tous azimuts pour que le gouvernement dissolve Les Soulèvements de la Terre.
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après l’action des Soulèvements de la Terre à Saint-Colomban (Loire-Atlantique) le 11 juin et la dégradation de serres de maraîchers industriels, tout a changé. Le syndicat majoritaire est passé à l’offensive et a arraché à ses opposants une première victoire. Il a activé ses réseaux au plus haut sommet de l’État et mené une campagne de dénigrement massive dans les médias dominants. Quitte à dramatiser à l’excès la situation.
« Je ne suis pas sûr de tenir longtemps mes troupes »
Le 15 juin, dans Le Point, interrogé par Géraldine Woessner — une journaliste connue pour ses positions productivistes —, le nouveau président de la FNSEA, Arnaud Rousseau
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« La FNSEA s’est construite historiquement sur la violence, rappelle la journaliste d’investigation Inès Léraud. C’est donc tout à fait normal que le gouvernement prenne ses menaces au sérieux. »
« La FNSEA ment, manipule, violente et insulte »
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Lire aussi : L’étonnant laxisme de l’État face à la colère des agro-industriels https://reporterre.net/L-etonnant-laxisme-de-l-Etat-face-a-la-colere-des-agro-industriels
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C’est une réaction de chien enragé, ils sont prêts à mordre, car ils voient la société se soulever contre eux et sentent que la situation leur échappe. » Récemment, Les Soulèvements de la Terre avaient appelé à une série d’actions décentralisées, « 100 jours pour les sécher », en ciblant directement les accapareurs d’eau et la FNSEA
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Laurence Marandola, la nouvelle porte-parole de la Confédération paysanne. Autant les mégabassines sont très décriées dans l’opinion publique, autant les méfaits du maraîchage industriel sont moins connus. »
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La journaliste Emmanuelle Ducros, accusée de faire « des ménages » avec l’agro-industrie [2], est également partie « en croisade
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« L’État est devenu le bras armé de la FNSEA »
Le rôle de Marc Fesneau est loin d’être négligeable. Depuis sa prise de fonction, il est cul et chemise avec la FNSEA. En mars dernier, à la suite des réclamations du syndicat, il a demandé à l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) de revenir sur la volonté de celle-ci d’interdire l’herbicide S-métolachlore. Dernièrement, au Sénat, il se vantait d’« avoir dit du bien des pesticides ».
Dans son entourage, on compte de nombreuses personnes proches de l’agro-industrie. Le 2 mai, la directrice de la communication de l’Ania, principal lobby de défense des intérêts de l’industrie agroalimentaire, est devenue sa conseillère communication. Son conseiller alimentation, nommé le 12 mai, était aussi responsable auparavant des études économiques au sein de la Coopération agricole. Un an plus tôt, son ancienne cheffe de cabinet avait été recrutée par le lobby de l’agrochimie Phyteis.
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Notes
[1] Voici d’ailleurs le type de courrier que reçoit Reporterre en ce moment :
« Bonjour les soutiens aux terroristes
Comme précédemment j’ai répondu aux soulèvements de la terre que je considère comme terroristes. Je vous mets au même plan que les jihadistes. Pour cette raison plusieurs comités de défense des paysans maraîchers vont se créer dans chaque région. Je peux vous assurer que vous allez réfléchir à deux fois avant de commettre des exactions contre les champs de culture. Et ce n’est pas le soutien des élus EELV ou autres qui vont protéger. Vous êtes des bobos qui ne connaissent rien à l’agriculture. Vous voulez nous imposer votre mode de vie. Nous allons réagir à notre manière. Ce n’est pas vos amis parisiens (avocats et autres) qui vous protégeront contre les plombs. La plupart des agriculteurs sont chasseurs. Ne vous étonnez pas s’il y a un drame. »
[2] La journaliste Emmanuelle Ducros est notamment accusée de mettre sa notoriété au service de l’agro-industrie, comme l’explique Libération.
Entretien — Politique - Mis à jour le 25 mai 2023 à 08h11 - Durée de lecture : 6 minutes
Politique Climat Culture et idées
Alors que le gouvernement veut préparer la France à une hausse de +4 °C, pour le chercheur Thierry Ribault, le pays devrait plutôt stopper dès à présent « les délires technophiles responsables de la catastrophe ».
... le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, lance le 23 mai une consultation ouverte au public. Différents scénarios d’adaptation au réchauffement climatique en seront issus. Pour Thierry Ribault, chercheur en sciences sociales au CNRS et auteur de Contre la résilience — À Fukushima et ailleurs (L’Échapée, 2021), le gouvernement devrait plutôt agir et remettre en cause le capitalisme.
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La prise de conscience souhaitée par le gouvernement n’est en rien une manière de modifier la situation actuelle, c’est une façon de nous y soumettre, de la conforter. Il s’agit de perpétuer l’existant, de nous l’imposer, en culpabilisant les victimes.
Le gouvernement nous invite à mettre sous le boisseau des affects négatifs qui sont pourtant légitimes, il dit qu’il faut avoir peur, mais pas trop, car une fois en colère on peut se révolter. En bref, il mène une politique d’antirésistance et veut nous adapter à son capitalisme vert et à son cortège de fausses solutions : le nucléaire, les voitures électriques, l’agriculture de précision. Et ce faisant, il nous précipite dans des voies de non-retour qui aggravent encore la catastrophe.
Mis à jour le 29 mai 2023 à 14h56 - Durée de lecture : 6 minutes - Politique
Édito — Politique
L’emploi de concepts d’extrême droite par M. Macron et ses ministres révèle le vacillement du pouvoir qu’ils représentent. C’est la tentative de reprise en main d’une civilisation mortifère qui sent sa fin venir.
Emmanuel Macron et son gouvernement sont-ils en train de reprendre sans scrupule les éléments de langage de l’extrême droite ? Après une série de faits divers et la mort de plusieurs agents publics, voilà que la France plongerait selon eux, dans « un processus de décivilisation » contraire « au sens de l’histoire ».
... ce concept est également le titre d’un livre écrit en 2011 par Renaud Camus ... Il y a quelques mois, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, parlait de « l’ensauvagement » des quartiers populaires — autre terme repris à l’extrême-droite. L’usage de ces mots est un choix prémédité. Une stratégie du choc et de la sidération dans une bataille culturelle, de plus en plus acérée.
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l’ordre établi défend son modèle de société à tout prix. D’un côté, le gouvernement traite les chercheurs qui remettent en cause son hégémonie de « terroristes intellectuels », de l’autre, il vante de manière réactionnaire la civilisation occidentale et les valeurs qu’elle charrie, le progrès technique, l’individualisme ou encore la soi-disant prospérité économique.
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Aujourd’hui, les bouleversements écologiques sont tels qu’ils font voler en éclat nos certitudes et nos représentations ethnocentrées. La Terre se dérobe sous nos pieds et la Civilisation et le Progrès que l’on érigeait en emblème s’écroulent. C’est une remise en cause profonde de notre monde. Une décivilisation nécessaire. À l’ombre des catastrophes, des vérités nouvelles éclatent au grand jour. C’est notre société toxique, dans son rapport à la nature et à l’Autre, qui est profondément et imminemment violente.
On dépense des sommes gigantesques pour tuer les sols, empoisonner les gens, appauvrir les pays du Sud, abattre des milliards d’animaux ou repousser des migrants à la mer. L’historien camerounais Achille Mbembe parle de « nécropolitique » pour évoquer cette civilisation moderne jonchée de cadavres où « l’administration méthodique de la mort » mobilise la science, l’armée, l’industrie et la technique.
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« La nature selon l’homme blanc est quelque chose de dangereux, de violent, un état d’avant la société, un état que la civilisation vient recouvrir et remplacer, décrit le philosophe Baptiste Lanaspeze
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Il y a 50 ans, Claude Levi-Strauss pourfendait « les tenants de l’évolutionnisme culturel » dans Race et histoire. Toutes les sociétés ne suivent pas la même trajectoire linéaire. Il n’y a pas de fin de l’histoire ou d’aboutissement logique qui nous entraînerait inévitablement vers la démocratie libérale. Après lui, son disciple Philippe Descola faisait voler en éclat la séparation entre nature et culture, cette frontière hermétique érigée par la civilisation moderne, qui nous a coupé du reste du vivant.
L’anthropologie anarchiste n’est pas non plus en reste. Dans Archéologie de la violence, Pierre Clastres relativise l’idée que les sociétés autochtones, dites proches de la nature seraient sans foi ni loi, brutales ou barbares — une manière pour les colonisateurs d’asseoir et de justifier symboliquement leur domination. Dans Homo Domesticus, James C. Scott, montre, au contraire, que c’est l’avènement des grandes civilisations qui a entraîné une régression massive de la qualité de vie, avec une montée de l’esclavage et de la faim.
David Graeber, dans son livre posthume Au commencement était… révèle que l’époque des Lumières, dont on se targue tant, n’est en rien une invention occidentale. Ses théories sur l’Égalité et la Liberté ont été nourries par le contact avec des peuples indigènes, et notamment les communautés iroquoises ou Algonquins
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Nous devons apprendre à « Rester barbare » (Louisa Yousfi) pour ne pas être écrasés par le rouleau compresseur de l’uniformité ... La décivilisation est une chance, elle nous ouvre aux autres, humains et non-humains. « Le monde que nous voulons est fait de beaucoup de mondes », affirment les zapatistes. À la Civilisation, préférons donc le « Plurivers » !
Connu / https://mastodon.top/@redfrog@mamot.fr/110451038273810933
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Jean Gautier a partagé 6 h redfrog@mamot.fr Neoresistant@mamot.fr redfrog @redfrog@mamot.fr
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Entretien — Culture et idées
Mis à jour le 17 mai 2023 à 15h36 - Durée de lecture : 7 minutes
Pour l’économiste Hélène Tordjman, les annonces d’Emmanuel Macron sur l’industrie verte ne changeront rien au système économique et aggraveront la destruction de l’environnement.
Hélène Tordjman est économiste, maître de conférence – HDR à l’université Sorbonne Paris-Nord. Elle est l’autrice du livre La croissance verte contre la nature, critique de l’écologie marchande] aux éditions La découverte (2021).
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déjà, dans l’Antiquité, les Grecs et les Romains ont partiellement décimé les forêts méditerranéennes pour construire des bateaux —, nous avons franchi une étape majeure avec la révolution industrielle qui a décuplé la puissance de l’action humaine.
Le capitalisme industriel est fondé selon moi sur deux piliers économiques, le marché et la technique. Le marché est une des institutions centrales du capitalisme, et tend à organiser un pan de plus en plus large des relations humaines à travers un mécanisme désincarné, celui des prix. Il s’attaque maintenant aussi à nos relations avec la nature.
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Jacques Ellul et Ivan Illich, comme une recherche effrénée d’efficacité et de rationalisation, au mépris de la sensibilité et de la recherche de relations harmonieuses avec les autres et avec la nature. Or ce que nous propose la croissance verte comme « solution », c’est encore plus de marché et de technique. Elle ne peut donc constituer une réponse au problème, elle est au contraire vouée à l’accroître.
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approfondissement du capitalisme industriel. Grâce à la croissance verte, le capitalisme s’étend désormais à de nouveaux domaines. Il conquiert de nouveaux marchés : les services écosystémiques, le carbone, la biodiversité, les génomes de tous les êtres vivants, etc. Dans sa nature profonde, le capitalisme cherche toujours à s’emparer de nouvelles ressources, il doit sans cesse être en expansion pour continuer.
Les forêts sont ainsi seulement vues comme des puits de carbone à rétribuer, l’eau se cote en bourse, des séquences génétiques sont brevetées et transformées en marchandises au profit de grands groupes agrochimiques. La biodiversité est progressivement financiarisée et les raisonnements économicistes s’appliquent aux relations entre les êtres humains et à nos relations avec la nature. Ce processus ne cesse aujourd’hui de s’intensifier.
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réfléchir collectivement à nos besoins, à notre rapport au temps et à l’espace, de réaménager le territoire pour limiter les déplacements, de relocaliser l’économie et de se désintoxiquer de la vitesse. Bref, de penser, de ralentir et de décroître.
Il faut avoir le courage politique de démanteler des grandes entreprises qui sont devenues depuis trente ans beaucoup trop puissantes, du fait de la concentration du capital. Ces entreprises, via leurs lobbies, bloquent aujourd’hui tout changement.
Théoriquement, nous avons les outils juridiques pour les démanteler — la législation anti-trust — mais l’Europe l’applique mal. Elle autorise au contraire la fusion entre Suez et Veolia et laisse Bayer racheter Monsanto. Les États-Unis font de même avec les Gafam
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ce que le sociologue Alain Gras appelle « les macro-systèmes techniques » ... La reconversion de l’agriculture pourrait être un premier chantier ... lutter efficacement contre le changement climatique ...
Mis à jour le 1er avril 2023 à 09h00 - Durée de lecture : 6 minutes
Clés : Luttes Mégabassines
Depuis des mois, le service central du renseignement territorial enquête sur Les Soulèvements de la Terre. Dans une note lue par Reporterre, les policiers décrivent un groupe d’activistes « ingénieux », ayant réussi à fédérer et radicaliser le mouvement climat.
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« Un basculement vers la résistance civile »
... adeptes d’actions de désobéissance civile à basculer vers la résistance civile ... une vingtaine de noms ressortent du document, qui mentionne aussi des personnalités publiques comme l’anthropologue Philippe Descola, les écrivains Alain Damasio et Corinne Morel Darleux, le dessinateur Alessandro Pignocchi ou l’historien Christophe Bonneuil, qui participeraient, selon eux, à la diffusion publique du message des Soulèvements de la Terre. Il cible également « des médias alternatifs », « proches de la sphère environnementaliste », comme notre journal Reporterre.
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c’est le concept de désarmement qui a finalement permis de propager le sabotage dans le milieu écologique et de le normaliser. Loin d’une simple trouvaille sémantique, le mot aurait réussi à rendre plus légitime la pratique, estiment-ils. Avec le désarmement, il s’agit de « rendre inopérantes des armes » et de « détruire les armes qui détruisent la planète ». Un discours bien plus porteur que la simple notion de sabotage, jugent les auteurs de la note.
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Selon les activistes, les policiers du service central du renseignement territorial peinent « à comprendre l’effervescence du mouvement et ses raisons d’être » ... au profit d’un gouvernement qui s’obstine à détruire terres arables, forêts, fermes, cours d’eau, etc., jouissent d’une incapacité à comprendre ce que nous cherchons fondamentalement à défendre et à construire, les liens, solidarités et joies qui nous animent » ...
Connu / TG le 31/03/23 à 14:11
Durée de lecture : 10 minutes
Clés : Luttes Politique Retraites
Retraites, climat, même combat ? Alors que la répression se durcit partout, il est temps « d’augmenter le rapport de force contre ce gouvernement brutal », estime la militante des « Soulèvements de la Terre ».
Léna Lazare, 24 ans, est l’une des porte-paroles de Youth for Climate. Elle est engagée dans la dynamique des « Soulèvements de la Terre » qui se mobilise notamment contre les mégabassines.
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dans les milieux de luttes écolos que je fréquente, nous partageons certaines intuitions. Par exemple, nous pensons désormais qu’il ne faut plus rien attendre des institutions et assumer une conflictualité directe avec elles. Il est indispensable d’augmenter le rapport de force jusqu’à ce qu’elles plient. Nous ne devons plus collaborer avec elles, il faut arrêter de croire au dialogue face à des forcenés de ce type.
« Les élites ne sont pas à convaincre mais à contraindre »
... Depuis la révolte des Gilets jaunes, les mascarades du grand débat ou la farce de la Convention citoyenne pour le climat, on sait que ce gouvernement se fiche de nous. Après, je ne dis pas qu’il faille complètement déserter les institutions, il faut aussi chercher des brèches, trouver des alliés à l’intérieur, soutenir le travail de lobbying que font certaines associations.
Mais nous devons être conscients que si l’on veut remporter des victoires réelles, il va falloir tout bouleverser. Le mouvement écologiste doit s’interroger sur son rapport aux autorités et au pouvoir. Dans ce milieu, nous avons parfois été trop naïfs
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les déborder massivement dans la rue, dans les blocages, ne plus rester cantonner aux formes légalistes et traditionnelles. Il faut les surprendre, être créatifs, les fatiguer. Cette bataille dans la rue n’est cependant pas suffisante, il faut aussi penser au temps long, inscrire le mouvement dans la durée, créer une culture de résistance.
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Il nous faut des bases matérielles, des lieux, des maisons du peuple où se retrouver, des assemblées de mouvement où échanger, des espaces pour se réapproprier nos moyens de subsistance.
Personnellement, je suis très privilégiée car je suis salariée militante [à Terres de luttes, une association qui accompagne les luttes locales], mais la question des ressources est importante. Il est difficile de militer ou de faire la grève dans la durée lorsque l’on est précaire. Au début des mobilisations, des caisses de grève sont mises en place. Nous devons penser à ces systèmes d’entraide sur le temps long ... Le philosophe Aurélien Berlan en parle très bien dans son livre Terre et liberté.
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vous avez mené une reconversion agricole et avez vécu sur la zad de Notre-Dame-des-Landes. Pensez-vous que le mouvement social devrait s’inspirer de ce type de désertion ? Faudrait-il renforcer la collaboration entre lieux autonomes agricoles et piquets de grève ?
Oui, c’est une stratégie importante qui renoue avec les luttes historiques paysannes qui ont été décisives dans notre pays. Il va falloir aussi démultiplier les alternatives qui permettent aux gens de s’émanciper de leur boulot et de retrouver de l’autonomie. Les liens entre le monde paysan et le mouvement social existent. Il y a des cantines de grève, des livraisons de légumes gratuites, des solidarités et des bases d’entraide qui sont fortes et qu’il faudrait renforcer.
De manière générale, vu que nous n’attendons plus rien des institutions, nous devons apprendre à nous organiser sans elles. C’est pourquoi je mise également beaucoup sur nos actions de reprise de terre et de culture collective. Il faut aussi puiser dans l’histoire du mouvement ouvrier : ce sont eux qui ont créé les premiers jardins partagés pour tenir la grève. À l’époque, ce n’était pas une lubie d’écolo mais une arme dans la lutte des classes.
Pareil pour les maisons du peuple et les bourses du travail, les syndicalistes révolutionnaires les ont construites pour s’organiser de façon autonome, avoir des lieux à eux. Cela doit nous inspirer. Avoir des bases matérielles solides est indispensable. Ce sont des moyens concrets pour tenter de s’émanciper du capitalisme.
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Les Soulèvements de la terre sont à la fois un réseau et une dynamique d’actions. C’est aussi un calendrier de mobilisations. Ce qui fait notre spécificité, c’est que l’on se mobilise principalement là où il y a des luttes ancrées, des luttes territoriales. Nous voulons éviter les coups d’éclat, les happenings médiatiques parfois hors-sol. Nous travaillons avec les associations et les habitants sur le terrain pour construire une résistance sur le temps long et obtenir des victoires concrètes.
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nous sommes légitimes à saboter des infrastructures écocidaires
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nous avons démantelé une cimenterie à Gennevilliers ou débâché plusieurs mégabassines lors de nos manifestations
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ces actions sont nécessaires face à l’entêtement du gouvernement ... apprendre à nous protéger de manière collective et diffuser dans nos luttes une culture du soin ... nous n’avons pas vocation à devenir des martyrs ... Comme le disait le philosophe Grégoire Chamayou dans La société ingouvernable, les autorités veulent « négocier avec les réalistes, dialoguer avec les idéalistes, isoler les radicaux et avaler les opportunistes ». Nous devons au contraire éviter ces tentatives de capture. Rester ensemble. Construire de grandes alliances et ne jamais se désolidariser les uns des autres. Au sein du mouvement social et écologique, il faut qu’on assume notre complémentarité pour constituer des fronts unis, via des luttes offensives qui s’inscrivent dans la durée.
Connu / TG le 28/03/23 à 13:28
Durée de lecture : 1 minute- Luttes Quotidien Économie - Enquête — Luttes
- © Juliette de Montvallon/Reporterre
Tout fuit de toute part. Des étudiants appellent à déserter les jobs destructeurs de la planète tandis que des millions de personnes décident de quitter leur travail. Un mouvement massif est à l’œuvre, qui pourrait fragiliser le capitalisme.
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Durée de lecture : 9 minutes Clés : Économie Quotidien
Dans le monde occidental, des millions de personnes quittent leur travail. L’offensive néolibérale, la catastrophe écologique et la pandémie ont attisé cette fugue massive. Enquête [1/3]
Vous lisez le premier volet de notre enquête « La grande démission ». Le second volet se trouve ici et le troisième sera publié demain.
L’appel à déserter lancé le 10 mai par les étudiants d’AgroParisTech a agi comme un détonateur. Visionnée plus de 12 millions de fois, leur vidéo a libéré la parole et révélé un mouvement de fond qui remet en cause frontalement les modèles de la réussite sociale
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Aux États-Unis, des sociologues ont baptisé ce phénomène « Great Resignation » ou « Big Quit » : « la grande démission ». En 2021, plus de 38 millions d’étasuniens ont quitté leur emploi. 40 % n’ont toujours pas repris de travail. Un tsunami qui touche tous les âges, tous les métiers. Et qui renverse le rapport de force entre salariés et entreprises.
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En Angleterre, les seniors démissionnent en masse. 300 000 travailleurs âgés de 50 à 65 ans ont rejoint la catégorie des « économiquement inactifs ». Leur désir principal, selon le résultat d’une vaste étude ? Prendre leur retraite et s’échapper définitivement du monde professionnel.
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D’après un récent sondage, publié en mai, plus d’un tiers des sondés (35 %) affirme n’avoir jamais eu autant envie de démissionner. Une proportion qui monte à 42 % chez les moins de 35 ans. Les observateurs parlent de « révolution sociétale », et de « menace pour l’économie française ».
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En suspendant, un temps, le fonctionnement dont nous étions tous les otages, le virus a révélé l’aberration de la « normalité » ... lutter contre ce que David Graeber appelait « les bullshit jobs » ... en quête de sens ... forme de maltraitance sociale
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L’An 01, ce film de Jacques Doillon, emblématique de la contestation libertaire des années 1970, au slogan éloquent : « On arrête tout, on réfléchit et ce n’est pas triste. » ... sociologue Geneviève Pruvost. ... Arthur Gosset, l’ex étudiant de centrale Nantes qui a réalisé le film Rupture(s) — dans lequel il évoque la bifurcation de ses camarades déserteurs — estime qu’ils représentent environ 30 % des promotions ... Romain Boucher. Cet ancien data scientist diplômé de l’École des mines a quitté son métier en 2018 ... l’association Vous n’êtes pas seul https://vous-netes-pas-seuls.org/ pour inciter ses ex-collègues à démissionner ... L’écrivaine Corinne Morel Darleux y voit même « une forme de sabotage symbolique » ...
Ndlr : idem que "refus de parvenir" ? ACT
Enquête — Politique - Durée de lecture : 10 minutes - Politique Culture et idées
La planification écologique s’est imposée dans le paysage politique jusqu’à Emmanuel Macron, qui se l’est appropriée dans l’entre-deux-tours de la présidentielle. Retour sur un concept clé qui pousse aussi l’écologie politique à réinterroger son rapport à l’État.
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nommer sous peu son ou sa Première ministre. D’après l’Élysée, il ou elle se verra « chargée de la planification écologique » : une formule soustraite à son adversaire de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui en a fait un étendard depuis plus d’une décennie. Même si les contours de la planification souhaitée par le président de la République restent flous, elle pourrait entraîner un bouleversement en profondeur de l’appareil d’État. Investi officiellement samedi 7 mai, Emmanuel Macron a de nouveau insisté sur sa volonté de « planifier » en faisant « le serment à la jeunesse de léguer une planète plus vivable ».
« C’est une victoire idéologique pour la France insoumise, clame Martine Billard. Emmanuel Macron est rattrapé par la réalité. Face à la gravité du réchauffement climatique, il n’a plus d’autre choix »
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Dès 2009, cette historique du parti de gauche avait déposé une proposition de loi sur le sujet alors qu’elle était encore députée Les Verts à l’Assemblée nationale. Cosignée par Noël Mamère et Yves Cochet, ce texte voulait « instaurer le plan écologique de la Nation », créer « un commissariat à la Planification écologique » et « organiser des conférences de participation populaire » pour construire démocratiquement le projet.
La planification est plus qu’une méthode : il s’agit d’éclairer l’avenir, de se donner des objectifs chiffrés à tenir et d’organiser avec les territoires la transition écologique dans tous les secteurs : énergie, finance, aménagement du territoire, agriculture, etc.
En 2008, alors qu’il était encore au Parti socialiste (PS), Jean-Luc Mélenchon portait déjà lui aussi cette idée. « Le programme socialiste doit être celui du retour de l’État redistributeur, stratège, protecteur, organisateur du temps long », plaidait-il dans le cadre d’une motion. En parallèle, les intellectuels proches de l’écosocialisme comme Michael Löwy participaient à la diffusion de ce concept dans le milieu universitaire.
« Un mot “obus” pour produire de la conflictualité »
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Corinne Morel Darleux, l’une de ses plus proches camarades de l’époque. ... Chez les écolos, on se déchirait : « On me traitait d’étatiste », se souvient Martine Billard. « Nous sommes plutôt issus d’une tradition libertaire et régionaliste, héritière de Mai 68, confirme Noël Mamère. Une partie des pionniers de l’écologie politique, comme Ivan Illich, Jacques Ellul ou Murray Bookchin se sont construits contre l’État, son dirigisme et son centralisme. » « Historiquement, les plans, ce n’est pas trop notre truc », concède, aussi, Alain Coulombel, actuel porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts.
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Jean-Luc Mélenchon (à droite) avec l’ingénieur spécialiste des éoliennes marines, Bertrand Alessandrini, le 14 janvier 2022, au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). © Stéphane Burlot/Reporterre
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le chercheur Dominique Plihon dans une note d’Attac ... sociologue Razmig Keucheyan, la planification écologique est le seul moyen pour imposer un contrôle public du crédit et de l’investissement, arrêter le financement des industries polluantes et organiser leur fermeture, tout en accompagnant massivement les investissements dans la transition écologique. « Jusqu’ici, la planification a été productiviste. La planification écologique, elle, doit organiser la décroissance de l’utilisation des ressources naturelles », écrit-il dans le Monde diplomatique.
... Naomi Klein ... réapprendre à planifier nos économies en fonction de nos priorités collectives et non plus des critères de rentabilité ... Cyrille Cormier, l’auteur du livre Climat, la démission permanente (Utopia, 2020)
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Martine Billard ... la planification n’est pas simplement une refonte de l’architecture gouvernementale, c’est une nouvelle vision, un imaginaire révolutionnaire de l’action politique ... décalage entre cette proposition et l’urgence d’actions immédiates ... construction de nouveaux EPR ... plans des années 1970 et 1980, décrétés par le haut et de manière autoritaire. L’inverse de ce que préconisaient les fondateurs de la planification écologique, qui voyaient dans cet outil un moyen de stimuler la démocratie locale, d’établir les besoins et les objectifs à l’échelle des territoires.
Ndlr : en cela la médiation est centrale dans ce processus de co-création où l'horizontalité fertilise deux articulations :
- entre les verticalités ascendantes et descendantes.
- Et entre conflits et projets.
... VALORISER ACT
Durée de lecture : 12 minutes Clés : 5G Numérique Luttes
Antennes-relais brûlées, câbles coupés… Reporterre publie la carte exclusive des sabotages d’infrastructures numériques en France : 140 actes ont été comptabilisés en deux ans. Ils témoignent d’un d’une société numérisée et de l’impuissance des mobilisations citoyennes.
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Le contexte politique est en effet propice au retour de l’action directe : d’un côté le gouvernement est passé en force sur la 5G, de l’autre le mouvement d’opposition citoyen patinait depuis le début de la contestation de cette technologie imposée. Les recours juridiques comme les demandes de moratoire n’ont pas obtenu la moindre inflexion dans la mise en place de la 5G.
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Durée de lecture : 9 minutes - Clés : Libertés Santé Politique Covid-19
« Société de contrôle », démocratie « suspendue »... Pour la philosophe Barbara Stiegler, les décisions du gouvernement contre le Covid-19 nous plongent dans une « impasse politique et sanitaire » inquiétante. Et elle interroge la façon dont est menée la politique de vaccination.
Barbara Stiegler est professeure de philosophie politique à l’université de Bordeaux. En janvier 2021, elle a écrit le tract De la démocratie en pandémie aux éditions Gallimard, vendu à plus de 80 000 exemplaires.
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Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement n’a cessé de brandir des solutions miracles : le confinement d’abord, le couvre-feu, les nouveaux vaccins et maintenant le passe sanitaire. Mais cela ne fonctionne pas comme ça. En santé publique, il faut une stratégie diversifiée, une panoplie d’outils ciblés, de l’accompagnement, de la précision. Là, au contraire, les dispositifs mis en place sont extrêmement brutaux et simplistes.
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Le caractère « sanitaire » du dispositif n’est nullement démontré ... outre l’ivresse que procure l’excès de pouvoir, il refuse de revenir sur sa doctrine néolibérale ... il transforme les victimes de sa propre politique — à savoir les citoyens — en coupables ... Il privilégie toujours la répression, le contrôle et la mise au pas de la population. Il n’hésite pas non plus à manipuler les chiffres et à diffuser des informations fausses ou tronquées.
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Une politique sérieuse de santé publique impliquerait que l’on ait une discussion contradictoire et documentée sur la question de savoir s’il faut vacciner les jeunes et les mineurs [2] ... Promettre aux plus jeunes que nous reviendrons à une vie normale après leur vaccination est au mieux une illusion, au pire un mensonge. Même Jean-François Delfraissy [le président du conseil scientifique] et le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) le reconnaissent [3].
... la gauche et la société civile devraient se mobiliser dans la rue pour ne pas laisser l’extrême droite ramasser la mise ... Depuis un an et demi, une partie des classes supérieures semble avoir renoncé au modèle démocratique. Nos dirigeants sont fascinés par le modèle chinois et son approche technosécuritaire où tout est numérisé et où les autorités distribuent des permis de citoyenneté. C’est exactement l’esprit de ce passe prétendument « sanitaire » ... Je suis très étonnée de voir qu’Europe Écologie-Les Verts ne s’empare pas réellement du sujet https://reporterre.net/Les-candidats-ecolos-Batho-Governatori-Piolle-Rousseau-se-declarent-contre-le-passe
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Notes
[1] L’Agence nationale de sécurité du médicament a indiqué la possibilité de très rares cas de myocardites
[2] La communauté pédiatrique a pris position en faveur de la vaccination des jeunes, même si certains spécialistes estiment que ce n’est pas la priorité.
[3] Avis du 9 juin 2021 du CCNE : « Les adolescents, comme l’ensemble de la population, risquent d’être à nouveau confinés alors même qu’ils seront vaccinés. […] Le risque encouru ici est majeur : si les adolescents recourent à la vaccination avec la certitude qu’elle leur permettra un retour à la vie normale et que cette motivation finit par être déçue dans les faits, c’est leur confiance dans les institutions qui risque d’être ébranlée à long terme. »
Précisions
• MISE À JOUR — 3 août 2021 — Ajout de la précision sur les myocardites et la vaccination des jeunes.
Connu / https://twitter.com/CHANTALCUTAJAR/status/1428610264228929536
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Rapenne Jean a aimé CHANTAL CUTAJAR @CHANTALCUTAJAR · 18h
Barbara Stiegler a raison d’interpeler les écologistes sur la question du pass sanitaire via @Reporterre - 3 - 9 - 6
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Enquête — Forêts - Durée de lecture : 8 minutes
Clés : Forêts Politique
Débattue actuellement au Sénat, la loi 4D sur la décentralisation contient une disposition hors sujet qui enrage les écologistes : la simplification de l’abattage des arbres d’alignement, qui bordent nos routes et nos boulevards. La raison ? Ils gênent la construction d’infrastructures.
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Morgane Piederriere, responsable du plaidoyer à France Nature Environnement ... le gouvernement entend modifier l’article L350-3 du Code de l’environnement ... George Feterman, président de l’association Arbres https://www.arbres.org/ ... issu d’une loi de 2016 portée par Barbara Pompili elle-même ... « Cet article est venu rattraper le retard de la France en matière de protection des arbres, remarque Chantal Pradines, experte auprès du Conseil de l’Europe ... Joël Labbé ou Sabine Rubin demandaient au gouvernement de mettre en place des sanctions pénales en cas d’infraction au présent article ... c’est à la suite de recours juridiques contre l’abattage d’arbres dans le cadre du projet de contournement autoroutier du GCO à Strasbourg que l’exécutif a décidé de réagir ... Le ministre délégué aux transports, Jean-Baptiste Djebarri
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« Il faut arrêter, s’exclame Thomas Brail, du GNSA. Les projets d’utilité publique, ce ne sont plus les projets d’agrandissement de route qui privilégie encore et toujours la bagnole mais les projets qui préservent les arbres et leurs bienfaits. Il n’y a que ce gouvernement pour ne pas le comprendre. »
Durée de lecture : 9 minutes Clés Monde ; Luttes ; Politique
Une délégation d’environ 150 zapatistes va quitter le Chiapas, au Mexique. Direction : l’Europe. Des milliers de personnes s’activent pour les accueillir : zadistes, Gilets jaunes, collectifs féministes ou de sans-papiers, militants contre la violence policière... Objectif du voyage : relier les luttes, partout dans le monde.
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Depuis le début de l’insurrection, en 1994 https://www.universalis.fr/evenement/1er-21-janvier-1994-insurrection-zapatiste-dans-le-chiapas/, les zapatistes n’ont quasiment jamais quitté leur territoire. Cette traversée de l’Atlantique est une première. Avec ironie, ils l’ont baptisé « la conquête inversée »
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« L’expérience zapatiste est une utopie réelle, dit l’historien Jerôme Baschet à Reporterre. Elle est une source d’inspiration indéniable. Sa dimension artistique, l’importance qu’elle accorde aux rites et sa manière de lier culture, créativité et révolte sont très originales. Elle peut nous apporter de la force et nous faire réfléchir à nos manières d’agir ici en Europe. »
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rien n’a été officiellement déclaré si ce n’est une manifestation le 13 août 2021 à Madrid. Les zapatistes souhaitent commémorer « à leur manière » la chute de la capitale aztèque Tenochtitlan face aux conquistadors [1], il y a cinq siècles
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Les communautés indigènes ont déclaré la guerre « au productivisme mortifère » du gouvernement, qui se dit pourtant de gauche. Leur écologie assume la conflictualité. Elle est foncièrement anticapitaliste et ancrée dans une quête d’autonomie.
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Comme un pied de nez à « la gauche hétéropatriarcale » [2]. Lorsqu’elle touchera terre, après trois semaines de navigation, c’est une personne transgenre, Marijosé, qui débarquera en premier sur le continent européen — « una otroa », « une personne autre ». Cinq cents ans plus tôt, Christophe Colomb s’était empressé de planter sa croix et de rebaptiser l’île de Guanahaní au nom de San Salvador. Dans une sorte de réplique inversée, Marijosé, elle, affirmera d’une voix solennelle :
« Au nom des femmes, des enfants, des hommes, des anciens et, bien sûr, des zapatistes autres, je déclare que le nom de cette terre, que ses natifs appellent aujourd’hui “Europe”, s’appellera désormais : SLUMIL K’AJXEMK’OP, ce qui signifie “Terre rebelle”, ou “Terre qui ne se résigne pas, qui ne défaille pas”
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Notes
[1] « Le 13 août 1521, la cité de Tenochtitlán (l’actuelle Mexico) cède sous les assauts répétés du conquistador espagnol Hernán Cortés et de ses troupes après trois mois de siège, signifiant l’écroulement de l’empire aztèque et les débuts effectifs de la colonisation espagnole au Mexique », selon Universalis.
[2] Pour reprendre une expression zapatiste.
Durée de lecture : 17 minutes - Entretien — Loi Climat - Politique
Face à un gouvernement qui vire « conservateur assumé » et à une loi Climat « dépourvue d’ambition », la députée Delphine Batho insiste : il faut rompre avec le mythe de la croissance économique, destructrice des écosystèmes et des humains.
Delphine Batho, ancienne ministre de l’Écologie de François Hollande, est députée (non-inscrite) des Deux-Sèvres et membre du collectif Écologie, Démocratie, Solidarité (EDS). Elle est aussi l’autrice d’Écologie intégrale — Le manifeste, aux éditions du Rocher (2019) https://www.editionsdurocher.fr/livre/fiche/ecologie-integrale-9782268101316.
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texte de faux semblants https://reporterre.net/Loi-Climat-a-l-Assemblee-L-obstacle-c-est-le-capitalisme ... la Convention citoyenne pour le climat https://reporterre.net/Convention-pour-le-climat-seules-10-des-propositions-ont-ete-reprises-par-le-gouvernement avait proposé qu’on interdise les échantillons dans le cadre de la lutte contre le gaspillage. La majorité a décidé de les réintroduire dans les publications de presse. Même sur des mesures cosmétiques, La République en marche (LREM) tergiverse.
Le recul le plus significatif concerne la rénovation énergétique https://reporterre.net/Renovation-energetique-ca-avance-mal-L-enquete-de-Reporterre ... Sur l’artificialisation des sols https://reporterre.net/Loi-Climat-trop-de-derogations-affaiblissent-la-lutte-contre-l-artificialisation-des-sols, les objectifs sont reportés de dix ans. Les dispositions sur la réduction du trafic aérien ou l’extension des aéroports sont accompagnées de tellement de dérogations qu’elles sont totalement vidées de leur sens. ... Nous n’avons pas d’autre choix que d’organiser une décroissance de la consommation d’énergie et de matières ... sur Notre-Dame-des-Landes ... En tant que ministre de l’Écologie, j’ai fait mon boulot en montrant qu’il n’y avait pas de compensation écologique possible si on détruisait la zone humide ... j’ai mis plusieurs années à rompre avec la social-démocratie ... Je suis pour la sortie du nucléaire à terme ... Je suis radicalement contre le nouveau programme de nouveaux EPR [3]. C’est une folie, tant sur le plan énergétique que sur le plan économique ... « Intégrale » signifie que l’écologie n’est plus une dimension parmi d’autres. Elle doit être au fondement de toutes les décisions dans tous les domaines. C’est l’affirmation de la primauté de l’écologie sur l’économie. Toutes les politiques publiques, même la politique étrangère et les enjeux régaliens, doivent être abordées sous cet angle. ... Chez les réactionnaires, l’écologie sert de paravent pour faire avancer leurs idées de toujours, à savoir la fermeture des frontières, le refus du métissage ou l’interdiction de l’avortement. Il y a une bataille à mener dans le domaine des idées. Nos adversaires tentent de se réapproprier nos concepts pour mieux les dévoyer
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Pour 2022, la solution réside d’abord dans la dynamique propre des écologistes ... créer une dynamique écologiste et démocratique puissante en rupture avec la Ve République et le présidentialisme ... d’abord une équipe écologiste, un programme de gouvernement écologiste construit avec les forces citoyennes. Je suis opposée à la confusion qui s’installe autour du retour de l’union de la gauche ... Génération écologie https://reporterre.net/Delphine-Batho-quitte-le-PS-pour-Generation-ecologie-L-ecologie-politique-doit est favorable à la création d’un grand parti de l’écologie politique qui dépasserait les organisations actuelles ... Je ne partage pas, notamment, le rapport au chef et à la présidentielle de la France insoumise. Je plaide pour une transformation écoféministe de l’exercice du pouvoir. 2022 doit être un moment de rupture avec le présidentialisme. Il n’y aura pas de transformation écologique sans ce changement institutionnel ... L’écologie ne parviendra pas au pouvoir par un arrangement entre partis, mais d’abord avec un programme, une manière de gouverner et une capacité à exercer les responsabilités. ... un mode de désignation novateur avec le scrutin préférentiel : il permet de désigner d’abord la personne que vous préférez puis la seconde, puis la troisième etc. Cela évite que l’on vote contre les uns ou contre les autres. Et de fait, cela définit une équipe qui joue collectivement.
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Commentaires
JLuc 6 avril 2021 à 22:09
Merci pour cet article qui fait mieux comprendre la position de Delphine Batho. Par contre, je ressens une contradiction par rapport à Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise. En effet, au fond elle formule la même critique du présidentialisme et de la verticalité induite par notre cinquième république. De même sur le nucléaire et sur bien des sujets. Je ressens plus des différences en terme de nuances, du même ordre qu’avec EELV.
Conclusion : une articulation me semble possible et surtout, indispensable, pour faire gagner l’écologie et la démocratie
chris44 2 avril 2021 à 19:14
Moins de croissance et moins de consommation. Si on ne choisi pas de le faire, la nature nous l’imposera ...
Alainduez 2 avril 2021 à 17:39
Décroissance n’est pas le bon terme parce qu’il renvoi aux pouvoirs. Or, la déconsommation, c’est nous et c’est quand nous le déciderons
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Ndlr : commentaires pertinents sur le mot intégral, décroissance, et sur LFI.