Jordan Bardella pendant la campagne des élections européennes de juin 2024 ©Getty - Chesnot
Le journal Libération publie aujourd’hui une enquête selon laquelle Jordan Bardella, le président du Rassemblement National, aurait produit de "fausses preuves de travail".
Il est d’usage en langage journalistique de dire que ces révélations “tombent mal”. Mais y a-t-il un bon jour pour voir ressurgir une affaire de faux que vous auriez aidé à fabriquer ? Je ne le pense pas.
Ressurgir, car à la fin du mois, va s’ouvrir à Paris le procès fleuve des assistants parlementaires européens du RN, dans lequel le parti d’extrême droite et 27 de ses membres ou ex-membres seront jugés pour avoir participé à un système de détournement de fonds publics. Marine Le Pen, qui figure sur la liste des accusés, est citée à comparaître pour faire la lumière sur des soupçons de détournements de fonds européens entre 2004 et 2016.
À écouter : Pourquoi Marine Le Pen est-elle accusée de détournement de fonds publics européens ? - La Question du jour - 8 min
Elle devra donc répondre devant la justice de ces pratiques, mais pas Jordan Bardella, qui avait à l’époque 19 ans. Et pourtant, l’enquête de notre journaliste Tristan Berteloot révèle que le président du parti, a bel et bien été en 2015 assistant parlementaire, et qu’il a participé a posteriori à l’élaboration de documents factices et antidatés censés témoigner de tâches qu’il n’aurait pas réellement effectuées, notamment par de faux agendas. Le RN a réagi hier en rétorquant que Jordan Bardella a travaillé « sans aucune infraction, ni irrégularité, tant au regard du règlement du Parlement européen que de la loi française ».
La définition du vrai et du faux
Dont acte. Il y a quelque chose de fascinant dans la définition du vrai et du faux au RN. En juin dernier, la Cour de cassation a validé définitivement la condamnation du RN pour la surfacturation des kits de campagne lors des élections législatives de 2012. Un mois après, en juillet, le parquet de Paris annonçait que la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2022 faisait l'objet d'une enquête portant sur des soupçons de financement illégal.
Maintenant donc, dans l’affaire dite européenne, la question n’est plus de savoir si une facture est fausse ou si un travail est faux : au cours de l’enquête, Marine Le Pen et ses proches ont assuré que, s’ils ne travaillaient pas vraiment pour leurs députés européens, les assistants visés n’occupaient pas pour autant des emplois fictifs – sur leur temps de travail, ils faisaient quand même quelque chose, seulement, pas pour l’Union européenne. On se croirait dans un nouveau livre de Pierre Bayard. Après “Comment parler des livres qu’on n’a pas lus ?”, puis “Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ?” et “Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ?”, voici "Comment parler du travail que l’on n'a pas fait ?"
Le Parlement européen a évalué son préjudice de cette affaire à 6,8 millions d'euros. Car si le travail peut être inventé et les agendas falsifiés, l’argent, lui, est toujours très réel dans ces affaires.
Clés : Société Politique Partis politiques Justice Rassemblement national Jordan Bardella Marine Le Pen Parlement européen
En cette froide journée de janvier, l'équipe de Yann Saugeras se lance dans la restauration de la "mare au diable", à Pressignac ©Radio France
En janvier, Esprit d’initiative suivait Yann Saugeras et son équipe surnommée «les p’tits gars des mares» à Pressignac, en Charente. Leur objectif : débroussailler les plus de 200 mares du village recouvertes de ronces et d'arbres pour y restaurer la biodiversité. Nous avons pris de leurs nouvelles.
« Peut-être qu’on a servi un peu à quelque chose », reconnaît modestement Yann Saugeras au téléphone, quelques mois après notre reportage. Déjà dans le froid du mois de janvier, il s’attaquait avec son équipe à la mare du Grand Tessart, surnommée « la mare au diable ». A lire et écouter ci-dessous.
À écouter : Les p'tits gars des mares restaurent la biodiversité
Esprit d'initiative 3 min
La région prend le problème à bras-le-corps
D’abord soutenu par l’association locale Charente Nature, la restauration des mares prend de l’ampleur au niveau régional. « L’ex-région Poitou Charente est en train de se lancer dans l’inventaire des mares, poussée par la région Nouvelle Aquitaine », explique Yann Saugeras, retraité dynamique qui y voit une opportunité : « derrière, je suppose qu’on aura des subventions pour faire des restaurations donc ça c’est une très très bonne nouvelle. Une grosse artillerie se met en place au niveau de la région Nouvelle Aquitaine, notamment par rapport à l’adaptation au changement climatique ».
Yann Saugeras, agriculteur à la retraite, a contribué au succès des opérations de restauration des mares dans le village de Pressignac, en Charente. Yann Saugeras, agriculteur à la retraite, a contribué au succès des opérations de restauration des mares dans le village de Pressignac, en Charente. © Radio France - Cécile Bidault / France Inter
Les p’tits gars des mares : pionniers sur la restauration des zones humides
« Nous avons fait ça dans le cadre du bénévolat, on savait qu’il fallait faire quelque chose mais comment ? On doutait un peu au départ. On a beaucoup appris ». Yann Saugeras reconnaît que les p’tits gars des mares ont inspiré d’autres initiatives. « Un inventaire du syndicat des rivières est en train de se faire à Rochechouart. Il y a un autre syndicat qui gère la naissance du fleuve Charente, pas loin de chez nous, en Haute-Vienne, où une trentaine de mares sont concernées dans le cadre de restaurations des zones humides. »
Biodiversité restaurée
Yann Saugeras et son équipe ont pu constater localement les fruits de leur travail : « on voit voler énormément de libellules, on a eu beaucoup de pontes d’amphibiens. Charente Nature a pu trouver une 47ème espèce d’odonates, des libellules, présente sur la commune. Je vous rappelle qu’on était parti d’un inventaire avec 22 espèces seulement », se réjouit-il. « Oui on a contribué à limiter cette perte de biodiversité », finit-il par reconnaître avant de lancer l'invitation : « vous revenez nous voir quand vous voulez, on ira à la chasse aux libellules ! ».
À écouter : Mares, mares, mares ! La Terre au carré 50 min
Clés : Environnement Biodiversité Développement durable Paysans - Agriculteurs
Christophe Brun (à gauche) offre à ses voisins, comme Julie, le surplus d'électricité produit par les panneaux solaires du toit de sa maison. ©Radio France - Cécile Bidault / France Inter
En novembre, Esprit d’initiative partait à la découverte d’une AMEP à Simiane-Collongue. Dans ce village des Bouches-du-Rhône, les habitants partagent l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques d’un de leurs voisins. Nous avons pris des nouvelles de cette initiative.
"Une fois qu’on a commencé, on n’a plus du tout envie de s’arrêter", explique Christophe Brun au téléphone. Il y a plus de deux ans dans son village de Simiane-Collongue, il décide d’installer 16 panneaux photovoltaïques sur son toit pour produire son électricité. L’excédent est distribué aux voisins. Le groupe est aujourd’hui organisé en AMEP, Association pour la mutualisation d’une énergie de proximité, inspirée des AMAP pour l’agriculture. Christophe Brun donne la plus grande partie du surplus d’électricité à un ESAT, un établissement pour personnes handicapées. A lire et écouter ci-dessous.
À écouter : Energie renouvelable : passe à ton voisin
Esprit d'initiative
2 min
Quelques mois après le reportage, les panneaux photovoltaïques fonctionnent "toujours aussi bien !" selon Christophe Brun. Avec les beaux jours, ils produisent d’autant plus : "là, c’est la période". Toujours animé par cette volonté de partage, Christophe Brun continue de répartir le surplus d’électricité produite avec son voisinage et un ESAT (Etablissement d’accompagnement par le travail). Et le petit groupe s’agrandit : "On a un deuxième producteur qui nous a rejoints, qui était un membre consommateur avant et s’est équipé de panneaux. Un troisième est en train de nous rejoindre."
Sept AMEP en France aujourd’hui
Pionnier de l’autoconsommation collective, le modèle de l’AMEP commence à se faire connaître, "en partie grâce à la diffusion de votre reportage, on a eu beaucoup de demandes" raconte Christophe Brun. "Aujourd’hui, il y a sept AMEP en service un peu partout en France". Ces AMEP fonctionnent en réseau : "avec tous les porteurs de projets en France, il y a vraiment un état d’esprit solidaire et collectif, y compris parmi ceux qui ont envie de donner du temps et du savoir sur le sujet. C’est un peu notre bonne surprise."
Julie Lacombe, co-fondatrice de l’AMEP, prend le téléphone et poursuit la discussion. Le petit groupe de départ a bien l'intention de continuer à essaimer : "on a toujours un webinaire par mois", précise-t-elle, "là, on voit un engouement général. Il y a plus d’une quarantaine de projets en cours. Un des porteurs a même créé un document ’Les AMEP pour les nuls’. Vous voyez, ça nous dépasse", se réjouit-elle. “Les gens s’approprient le projet”.
Le prochain webinaire est programmé le 26 août.
À écouter : Des citoyens s'emparent de la question des énergies renouvelables : "il y a urgence"
L'esprit d'initiative
3 min
L'équipe Cécile Bidault, journaliste à France Bleu Nord, Production
Une écologie "punitive" à l'encontre des classes populaires, défendue par des "bobos" urbains aux aspirations parfois "écoterroristes"... Les mesures environnementales polarisent les Français. Face au réchauffement climatique, comment mettre tout le monde d'accord sur les enjeux écologiques ?
Avec
- Théodore Tallent Doctorant en science politique au Centre d'études européennes de Sciences Po Paris.
- Jean-Baptiste Comby Sociologue, maître de conférences
En juillet 2024, le changement climatique n'est que la 5e préoccupation des Français derrière l'inflation ou encore les flux migratoires, selon un sondage Ipsos. Malgré le consensus scientifique autour du réchauffement climatique, comment expliquer que l'écologie ne rassemble pas les citoyens ?
Pour Jean-Baptiste Comby, l'écologie est aussi une affaire de classe sociale. Dans son livre "Ecolos, mais pas trop... : Les classes sociales face à l'enjeu environnemental" (Raisons d'agir, 2024), le sociologue analyse comment les enjeux liés aux réchauffement climatique traversent chaque classe sociale différemment, et appelle à une écologie populaire, libérée de la domination de la bourgeoisie économique et culturelle.
Par-delà les classes sociales, ne faudrait-il pas également que l'écologie soit un enjeu représenté sur tout le spectre politique ? Dans une interview au JDD, Ferreol Delmas l'affirme : "Le thème de l’écologie devient un repoussoir pour beaucoup de Français". Le directeur du Think Tank Ecologie Responsable dénonce la "prise en otage" de l'écologie par gauche. Pour Ferreol Delmas, "la droite doit proposer une alternative sur l’écologie".
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Tr.: ... Victoria blog ? ... l'écologie dans la joie met en mouvement ... écologie intérieure ... acceptabilité ... l'écologie remet en question les structures sociales fondamentales ... avancer sur tous les fronts ... financer le changement ...
Mercredi 20 mars 2024
C’est par eux que passent plus de 90% des données qui traversent les continents. C’est sur eux que repose la nature vraiment mondiale de l’Internet. Bienvenue dans le monde fascinant des câbles sous-marin
Avec Clément Marquet Assistant de recherche en sociologie des sciences et des techniques au Centre de Sociologie de l’Innovation (CSI)
Je crois que plus que la dichotomie entre matériel et immatériel, ce que je trouve très difficile à penser avec Internet, c’est le mélange de légèreté et de lourdeur. La légèreté, ce serait les logiciels, les micro-processeurs minuscules qui font des milliards de calculs, les données qui font le tour de la planète en quelques millisecondes, nos téléphones qui tiennent dans nos mains, nos ordinateurs qui ne pèsent plus rien etc. La lourdeur, ce serait les matériaux qu’il faut extraire et traiter pour fabriquer ces téléphones et ces ordinateurs, les usines où on les assemble, leur recyclage, la lourdeur, ce sont aussi les data centers gigantesques qui stockent les données, l’énergie qu’ils consomment, les chaînes de satellites de Starlink qui sont apparues dans le ciel, etc.
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L'équipe Xavier de La Porte Production
Le sourire de la victoire : le leader travailliste Sir Keir Starmer et son épouse en route pour aller voter hier à Londres. ©AFP - Paul ELLIS / AFP
Pourquoi la victoire travailliste au Royaume-Uni est « morale » - Vendredi 5 juillet 2024
Géopolitique, Pierre Haski et Gallagher Fenwick
La victoire écrasante des travaillistes au Royaum-Uni est d’abord la défaite cuisante des Conservateurs, qui payent leurs mensonges du Brexit depuis huit ans. 65 % des Britanniques estiment que le Brexit fut une erreur. Des leçons pour les autres peuples européens ?
Il y a quelque chose de fascinant, et même de moral, oui moral…, dans le résultat des élections anticipées britanniques. Moral car les électeurs du Royaume Uni ont brutalement sanctionné hier le mensonge en politique.
Le parti conservateur au pouvoir a subi sa plus grande déroute en deux siècles d'histoire ! Il paye au prix fort le prix du Brexit, responsable du déclin du niveau de vie des Britanniques après leur avoir fait miroitier le retour de temps glorieux. Le Royaume-Uni a la plus faible croissance du G7, et 65 % des Britanniques estiment désormais que le Brexit fut une erreur.
Il était étrange de voir le premier ministre britannique, Rishi Sunak, faire appel à l’un de ses prédécesseurs, Boris Johnson, pour aider dans la campagne, quand celui-ci a été l’un des promoteurs du Brexit. Le facétieux Johnson a fait voter oui en 2016, puis a intrigué pour devenir premier ministre, avant d’être chassé du 10 Downing Street, incapable de sortir le pays de l’ornière dans laquelle il l’avait précipité.
On l’a oublié, mais la campagne du « oui » au Brexit avait été marquée par des promesses mensongères ; en particulier celle qui avait été placardée sur les bus londoniens : donner au NHS, le système de santé publique britannique, les 350 millions de Livres que le Royaume était censé verser à l’Europe chaque semaine. Huit ans plus tard, le NHS est en lambeaux et n’a pas reçu un penny de plus.
Le référendum du Brexit a également été marqué par le premier scandale grandeur nature de manipulation des opinions par des opérations sur les réseaux sociaux. Ce fut l’affaire Cambridge Analytica, une société financée par l’extrême droite pro-russe, un scandale qui provoqua des remous jusqu’à Washington.
C’est ce « oui » basé sur le mensonge, et les huit années chaotiques, avec cinq premiers ministres, des négociations interminables avec Bruxelles, et un parti conservateur à genoux, qui a été sanctionné. La victoire travailliste est « morale » dans le sens où elle est d’abord la défaite de ceux qui ont trompé leurs électeurs, c’est assez rare pour être relevé. Même s’il reste une minorité non négligeable pour soutenir Nigel Farage, le « Monsieur Brexit » de 2016, revenu à la tête d’un parti d’extrême droite, Reform, qui fera son entrée au Parlement pour la première fois.
Mais si le Brexit avait pu vacciner les autres peuples contre le fait d’écouter les sirènes populistes, de croire aux promesses trop belles pour être vraies, ça se saurait. On n’apprend pas, hélas, des échecs ou des erreurs des autres.
Mais il y a quand même un effet positif de l’impasse du Brexit : il a dissuadé ceux qui voulaient les imiter, Frexit, Italxit ou Polexit. Plus personne n’en parle. A la place, l’heure est à la prise de contrôle de l’Union européenne de l’intérieur : c’est la méthode Orban, le premier ministre hongrois qui vient de réaffirmer hier son espoir de voir le Rassemblement national gagner en France, puis Donald Trump aux États-Unis.
L’autre leçon du Brexit, c’est que le parti travailliste a remporté l’une des plus grandes victoires de son histoire sans faire de promesse, autre qu’une certaine orthodoxie économique. Il lui a d’abord fallu remplacer son dirigeant radical aux comportements toxiques, Jeremy Corbyn, remplacé par le tout à fait fréquentable Keir Starmer ; et redevenir un parti de gouvernement. Peut-être là aussi, quelques leçons à retenir…
On connaît tous « La Chanson des Restos » par ceux qui se font appeler Les Enfoirés. La voici adaptée pour s'opposer aux véritables enfoirés.
31 178 citoyens ont apporté leur soutien à Mathieu Vidard, Camille Crosnier et aux journalistes de la Terre au carré.
La Terre au carré, émission emblématique de France Inter dédiée aux questions écologiques est en sursis dans sa forme actuelle.
Début mai, certains journalistes de l’émission ont été reçus par la direction de Radio France qui leur a annoncé la suppression de leur chronique. Cette décision est notamment justifiée par le fait que le ton de l’émission amplifierait une certaine forme d’éco-anxiété… Dit autrement, parler sérieusement d’écologie serait plombant !
À l’heure où une poignée de milliardaires acquièrent à tour de bras tendus des médias, afin de distiller haine de l’autre et climato-scepticisme, nous avons besoin d’émissions posant honnêtement le diagnostic écologique et laissant la parole aux acteurs et actrices proposant des solutions. Depuis près de cinq ans, La Terre au carré est une émission de radio quotidienne qui ne renonce pas à l’exigence de rigueur et d’honnêteté.
Parce que les crises écologiques ne se résoudront pas en faisant taire les lanceurs d’alerte et journalistes engagés, nous vous proposons de poster un mini message de soutien à Mathieu Vidard, Camille Crosnier et aux journalistes de La Terre au carré.
Jean-François Colosimo, éditeur, essayiste et théologien, auteur de « Occident, ennemi mondial n°1 » (Albin Michel) - Samuel Kirszenbaum
L’Occident face aux nouveaux empires avec Jean-François Colosimo - Samedi 30 mars 2024 / Le Grand Face-à-face
Le grand face à face snegaroff
L’Occident, qu’est-ce que ça veut dire ? Comment se positionnent la Chine, la Russie, la Turquie, l’Iran et l’Inde ? Débat avec Jean-François Colosimo théologien, éditeur et spécialiste de l’articulation de la géopolitique et des religions. Il publie « Occident : ennemi mondial n°1 » (Albin Michel).
Avec Jean-François Colosimo essayiste, directeur des éditions du Cerf
Un jardin non ouvert au public dans l'enceinte du Jardin des Plantes de Paris ©Radio France - Denis Cheissoux
Un lieu tenu secret du grand public, dans l'enceinte du Jardin des Plantes de Paris, en compagnie du biologiste et naturaliste Marc-André Selosse
Avec
- Marc-André Selosse Professeur du Muséum National d'Histoire Naturelle et membre de l’institut universitaire de France.
Direction le Jardin des Plantes en bord de Seine à Paris.
Le naturaliste et biologiste Marc-André Selosse nous ouvre les portes d’un jardin qui, faute d’être extraordinaire, est écologique.
C’est un secteur clos où l'intervention humaine se fait la plus discrète possible afin de laisser place à la biodiversité naturelle.
Un petit laboratoire pour les champignons, pour mieux comprendre la vie des sols, en reconstituant différents milieux forestiers d’Ile-de-France.
Un coin de nature dans le Jardin des Plantes de Paris Un coin de nature dans le Jardin des Plantes de Paris © Radio France - Denis Cheissoux
Marc-André Selosse prône le savoir-vivre : oui, il faut savoir lire, écrire, compter … et savoir-vivre avec le vivant sous toutes ses formes.
Il milite pour plus de sciences naturelles quasi absentes à l’école primaire, faiblement enseignées au collège (1h30 maximum par semaine), et optionnelles ensuite.
Ecoutez cette ode au sol, aux microbes - car il faut se décomposer pour redonner naissance ensuite - dans un coin de nature en plein Paris.
Puis, nous avons la chance de réentendre la voix du grand Jean-Marie Pelt qui nous conte le sol, à sa manière.
À écouter : Ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations
Le temps d'un bivouac
54 min
Pour aller plus loin
"Nature et préjugés", de Marc-André Selosse (Editions Actes Sud, à paraître en mars 2024)
Fédération Biogée
Clés Environnement Sciences et Savoirs Biodiversité Sciences Sciences naturelles
Ndlr : valorise l'action de Nicole Bonnefoy, sénatrice de Charente : justifié ? Approfondir
L'Ail des ours propose des ateliers de jardinage dans la serre pédagogique, située dans l'école de Luant. ©Radio France - Cécile Bidault / France Inter
À Luant, près de Châteauroux, une association de passionnés de jardins et de nature propose des ateliers, pour tous les âges, en commençant par les plus jeunes. Car cultiver la terre en la respectant n'est pas une évidence, même en zone rurale.
L'équipe Cécile Bidault, journaliste à France Bleu Nord Production
Clés : Environnement Écologie Développement durable Permaculture Campagne – Ruralité Jeunesse
Marion L'Hour reçoit le médecin infectiologue Benjamin Davido, chef de service des maladies infectieuses et tropicales, et référent Covid à l'Hôpital Raymond Poincarré de Garches, pour évoquer les risques de transmission de virus pendant les réveillons.
Alors qu’un nouveau variant du Covid, encore un, JN1, a fait grimper le nombre de malades de 30% en une semaine fin novembre début décembre, et qu’on signale le retour de la grippe, le mycoplasme, cette bactérie chinoise qui provoque des pneumonies et la bronchiolite qui sévit depuis l’automne, Benjamin Davidot estime que "le risque, au bout du bout, arithmétiquement, c'est de voir arriver des patients avec des formes plus ou moins sévères, nécessitant de l'oxygène, nécessitant d'un avis médical, consultant aux urgences. Et une des façons d'éviter de se retrouver malade, je crois d'abord, c'est d'être vacciné. On a la chance d'avoir un vaccin qui est mis à jour. Se masquer pendant le réveillon, ça paraît mission impossible".
En revanche, poursuit-il, "une façon de lutter contre l'ensemble de ces agents infectieux, c'est d'aérer les espaces, ouvrir la fenêtre dix minutes toutes les heures pour éviter, encore une fois, de garder des gouttelettes en suspension à risque de se contamination pendant un moment donné où on sait que c'est un moment festif, un moment donné souvent transgénérationnel entre les plus jeunes et les aînés. Ce qu'il faut, c'est essayer de recourir à ces bons gestes du quotidien qu'on a bien appris pendant la pandémie".
De plus en plus de vaccins préventifs
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Écouter les soignants pour faire fonctionner l'hôpital
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Clés Société Santé Maladies – Épidémies Virus Coronavirus – Covid-19
Elise Lucet et Natacha Polony ©AFP - Joël Saget
Le débat du 7_10
Les journalistes Elise Lucet et Natacha Polony sont les débatteuses du jour. Thème : "Le journalisme doit-il s’engager pour informer ?"
Avec Elise Lucet Journaliste Natacha Polony Journaliste
Clés Politique Vie citoyenne
L'équipe Nicolas Demorand Léa Salamé Production
vidéo Clémentine Autain ©AFP - JULIEN DE ROSA / AFP Clémentine Autain ©AFP - JULIEN DE ROSA / AFP
La députée LFI de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, est l'invitée du Grand Entretien.
Avec Clémentine Autain Femme politique
Dimanche soir, Raquel Garrido, députée LFI, qui s'est montrée critique à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon, a été sanctionnée par le bureau politique du parti. Elle est sanctionnée et ne pourra plus être oratrice pour le groupe parlementaire LFI pendant quatre mois. "Je suis atterrée par cette sanction : on ne règle pas des divergences politiques par des sanctions bureaucratiques", dit la députée Clémentine Autain.
"Je suis aussi atterrée parce que quatre mois c'est aussi la sanction qui a été donnée contre Adrien Quatennens qui a été condamné pour violences conjugales", note-t-elle : "C'est malheureux", dit-elle, ajoutant les situations de Danielle Obono qui a tenu des propos sur le Hamas pas en cohérence avec la position du groupe, ou les enquêtes sur Sophia Chikirou, qui auraient selon elle mérité qu'elle soit entendue.
Répondant à une auditrice qui affirme être de gauche mais espérer une motion d'exclusion de Jean-Luc Mélenchon, elle dit "ne pas être pour exclure". "Je pense que c'est une erreur de focaliser sur lui. Depuis un an à la Nupes, il y a sans doute une crise des directions, on a l'impression qu'on n'est pas au niveau de la promesse", dit-elle : "Les directions doivent se retrouver vite, ensemble, et trouver des manières de fonctionner qui font vivre le pluralisme". Et, elle l'assure : "La course au pouvoir pour 2027 n'est pas une course solitaire".
Conflit israélo-palestinien : "Nous sommes tous pour la reconnaissance de deux États" à LFI
Il y a un mois jour pour jour, le Hamas attaquait Israël. Que retenir de ce mois qui s'est écoulé ? "La première image, ce sont les actes terroristes perpétrés par le Hamas, qui a changé de stratégie, qui jusqu'ici avait fait des attentats suicide, des tirs de roquettes, et là on a eu ces images d'enfants brûlés, des kibboutz détruits" répond Clémentine Autain, d'une part, "et la réplique d'Israël qui a été de se lancer dans une vengeance aveugle qui est aussi terrifiante : les Gazaouis vivent sous les bombes, dans une situation angoissante, où il n'y a plus d'eau, pas d'électricité, et des enfants qui meurent à la pelle". Selon elle, "ce qui me frappe depuis 30 jours ce sont tous ces enfants qui meurent".
Revenant sur les réactions de son propre parti, LFI, elle concède : "Que le premier communiqué de LFI n'a pas été correct, c'est une évidence ; que nous ayons un désaccord sur le terme de terroriste : moi je pense que le Hamas est une organisation terroriste qui a pour projet politique la destruction de l'État d'Israël, en réalité, à l'intérieur de la Nupes, on a beaucoup entendu un déchirement sur ces questions", mais "la vérité, c'est que nous sommes tous pour un cessez-le-feu immédiat, pour la libération des otages, pour la fin du blocus, pour l'arrêt des hostilités et pour la reconnaissance de deux États".
"Nous ne devons jamais baisser la vigilance contre l'antisémitisme"
Or selon elle, parler de "soutien inconditionnel" à Israël, c'est "ne pas comprendre qu'il n'y aura pas de paix pour les Israéliens et les Palestiniens tant que nous ne serons pas capables de reconnaître aux Palestiniens le droit d'avoir un État", affirme Clémentine Autain. "C'est la condition de la paix et de la sécurité pour les deux peuples", dit-elle, ajoutant être marquée par "la position de la France", qui lui fait "honte" sur cette question : "Depuis un mois, ce n'est pas d'une clarté limpide, et la France s'honorerait à donner un discours clair, fort, elle doit faire entendre sa voix, et cette voix doit être celle de la paix, pas le soutien inconditionnel au gouvernement de Netanyahu".
Sur la recrudescence de l'antisémitisme en France, elle appelle à "ne jamais baisser la vigilance pour lutter contre l'antisémitisme", dit-elle, citant une étude qui montre que les stéréotypes antisémites continuent à hanter le pays. "Nous avons, à gauche, la responsabilité de ne pas mettre sur le côté cette question-là", assure-t-elle, rappelant les origines d'extrême-droite de cette idéologie. Elle dit penser que l'idée de manifester contre les actes antisémites, émise par Olivier Faure (PS), est "une idée juste", mais "jamais avec l'extrême-droite, il y a une banalisation de cette histoire d'où vient le RN (...) On est en train d'inverser les valeurs : le combat contre tous les racismes, contre l'antisémitisme, nous devons le porter".
Tr.: Les pieds dans le bocal ... avec sa compagne ... entre Périgueux et Brive, à Tenon? ... restauration le midi ... le vrac ... association pour créer des conférences ...
Matthieu Pigasse - Hannah Assouline - 8h20 - Demorand - Salamé
L'homme d'affaires Matthieu Pigasse publie "La lumière du chaos" aux Éditions de l'Observatoire.
Avec Matthieu Pigasse Directeur général délégué de la banque Lazard en France et vice-président de Lazard en Europe
"On est dans une situation inquiétante, sombre, ce que j'appelle le chaos. Mais je suis convaincu qu'on peut y trouver la lumière", estime Matthieu Pigasse, homme d'affaires, ancien banquier d'affaire, qui publie "La lumière du chaos". "On est en train de vivre une situation, une transition inédite, par son ampleur et sa vitesse. Le chaos, c'est quand un système sort d'un état d'équilibre et devient instable et que les chocs s'auto-amplifient", souligne-t-il, estimant que le capitalisme est un système "à bout de souffle".
Le capitalisme "a conduit à un arrêt de la croissance, une explosion des inégalités, un repli sur soi et nue perte de sens collectif", selon Matthieu Pigasse. "C'était la promesse du bonheur, d'un monde meilleur. En réalité, c'est le triomphe du parti de l'égoïsme, la plus grande machine à générer des inégalités jamais inventée." Mais c'est précisément "parce que je suis un acteur du système, que je le connais, que je le comprends, que je peux en parler comme je le fais", assume-t-il. "J'essaie de donner du sens à ce que je fais, d'essayer de changer les choses."
"Que voulez-vous faire face à cette dette, être prisonniers des politiques d'austérité et rester les bras ballants face à ça ? Non. Est-ce qu'il est possible de faire quelque chose ? Oui. Une partie importante de la dette publique est détenue par la BCE et la Banque de France", estime-t-il. "Elle pourrait très facilement être annulée, sans aucun effet négatif économique ou financier. La seule chose qu'on constaterait serait une perte de la Banque centrale, soit des fonds propres négatifs. Et alors ?"
Matthieu Pigasse se dit favorable à de la création de monnaie pour financer des grands programmes d'investissements et distribuer un revenu minimum. C'est ce qui a été fait pendant la crise du Covid, "ça a été financé par de la création de monnaie". Sur les superprofits, "il faut pénaliser la rente (...) au détriment des salariés", estime-t-il. "Il ne faut pas hésiter à taxer la fortune immobile."
Tr.: ... critique du libéralisme, du capitalisme ... arrêt de la croissance ... triomphe du parti de l'égoïsme ... 68% aux actionnaires ! indécent, immoral ... 60 personnes contrôlent la moitié de la richesse mondiale ! ... au détriment des salariés ... inégalités, hyperconcentration du capital insoutenable ... les 4 cavaliers de l'apocalypste ... on est à ce point de rupture ... inventer une nouvelle société du possible, du partage, les pistes collectives ... utiliser plus la dette ... prisonnier des politiques d'austérité ? non ... 1/3 détenu par la banque centrale européenne, peut être facilement annulée ... on peut créer monnaie pour le climat, la transition énergétique, l'école, un revenu de ?? (12:30) ... superprofits : pénaliser la rente, la part excessive, les superdividendes / super riches, taxer le capital immobile ... encourager le placement en fr ... malédiction des rois fainéants ... dérives du pouvoir, jouissance des attributs du pouvoir, être plus modestes, plus simples ... dimension institutionnelle, plus de démocratie ... Q : /nouvelles éditions indépendantes miliardaires qui collectionnent les médias oui concentration des médias, assurer l'indépendance des rédactions comme au Monde / actionnaires ... le directeur de la rédaction doit avoir les 2/3 des journalistes ... /dérive éditoriale ex. cnews, europe1, jdd ... la clé, le pluralisme ... s'assurer des financements ... je suis de gauche revendiqué, assumé ... laïque, universaliste, ouverte, généreuse ... condamner sans appel ... la faillite des élites ... je vois comment corriger le système ... ça commence par soi-même ... /politique non, candidat à rien ... porter et partager des idées avec des idées ... finance, orga de LE MONDE, festival de rock, modestement changer les choses
Ndlr : est en gros sur la ligne LFI !! mais contre la position de ce mvt sur le Hamas, terroriste pour lui. Valoriser tout de même car le 1er point le +important ACT
"L'école n'est évidemment l'adversaire de personne, elle est un cadre commun", rappelle Frédéric Worms
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Enseigner : mais comment ? ©Maxppp - Emma Buoncristiani
"L'école n'est évidemment l'adversaire de personne, elle est un cadre commun", rappelle Frédéric Worms - Mercredi 18 octobre 2023 / L'invité de 8h20 : le grand entretien
8h20 - Demorand - Salamé
Dans le cadre de la journée spéciale "Enseigner : mais comment ?" sur France Inter, Léa Salamé et Nicolas Demorand reçoivent Frédéric Worms, directeur de l'École normale supérieure, le philosophe Pierre-Henri Tavoillot ainsi que Marie Cuirot, professeure d'histoire-géographie.
Avec
- Frédéric Worms Professeur de philosophie contemporaine, directeur de l’Ecole Normale Supérieure, philosophe spécialiste de philosophie contemporaine, producteur à France Culture
- Pierre-Henri Tavoillot Maître de conférences à Sorbonne Université, président du Collège de philosophie
- Marie Cuirot Professeure d'histoire-géographie
"Hélas, l'Histoire bégaie", assène Marie Cuirot, professeure depuis 25 ans, lorsqu'on évoque la mort de Dominique Bernard. "Il y a eu beaucoup de peine, de larmes, puis la volonté d'en découdre, de se relever très vite et de continuer le combat. Je n'ai pas peur, parce qu'avoir peur c'est donner raison aux terroristes."
Pierre-Henri Tavoillot dit, lui, "sa colère". "C'était un coup, mais on a aussi vu qu'il y avait des gens formidables sur le terrain, dans l'Éducation nationale mais aussi dans d'autres domaines. Il y avait collectivement ce sentiment qu'il y avait des forces, de la clarté, de la détermination pour mener ce combat." Pour Frédéric Worms, "le mot sidération est très juste. Finalement, tous les Français sont touchés : c'est un crime très précis, le deuxième qui vise quelque chose de très précis. C'est un hommage du crime à ce qui peut lui résister."
"C'est pas un loup solitaire, c'est une stratégie"
L'islamisme "est une idéologie qui a explicitement pour but la destruction de l'école", assure Pierre-Henri Tavoillot. "Pour eux, l'éducation occidentale est un péché. C'est une idéologie cohérente qui considère que toute l'éducation, toute l'émancipation, les Lumières, la rationalité, sont les ennemis à abattre. C'est pas un accident, c'est pas un loup solitaire, c'est une stratégie de conquête."
"Un petit élève de 6e m'a demandé pourquoi on s'en prenait à l'école", raconte Marie Cuirot. "Ce qu'on vise, c'est à la fois ce que l'école représente et ce qu'on y fait. C'est un pilier de la République, en s'attaquant à l'école on s'attaque à la République. Et ce qu'on y fait, c’est la transmission de connaissances, et non pas de croyances. Des choses démontrées, vérifiées. Et on les transmet avec une méthode, un apprentissage de l'esprit critique."
"En général, c'est nous les commentateurs qui disons : on s'en prend à l'école de la République. Et là, [chez le terroriste d'Arras] c’est revendiqué", analyse Frédéric Worms. "Il y a quelque chose de terrible, et une idéologie effectivement très cohérente. Il faut résister d'abord par le savoir, le savoir historique, qui est l'ennemi de l'idéologie par définition."
"Il y a un petit danger, c'est de laisser se répandre l'idée que l'école serait partiale, serait l'adversaire de X ou Y", ajoute-t-il. "Elle n'est évidemment l'adversaire de personne, elle est un cadre commun."
Clés : Société Éducation Collèges – Lycées École maternelle et élémentaire Terrorisme
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