Le texte en brochure A4 ou A5
C’est en lisant le texte du comité caennais des Soulèvements de la Terre "Reprendre, Démanteler, Communiser" que nous, membres du Réseau de ravitaillement des luttes du pays rennais et du comité rennais des SDT, avons eu envie de poursuivre les propositions sur la subsistance qui semblent traverser les comités des SDT nouvellement créés.
... l’idéologie bourgeoise repose sur une dépossession ... Plus cette dépendance au marché est grande et les moyens d’autonomie des populations sont faibles, plus les conditions de l’accumulation capitaliste et le désir de contrôle des classes dirigeantes et possédantes sont satisfaits.
Or, notre attachement aux biens matériels produits par l’économie capitaliste rend difficile la construction d’une opposition sérieuse à cette perte d’autonomie. Cette situation complexe est résumée par Aurélien Berlan, dans son livre Terre et Liberté :
"l’impasse socio-écologique dans laquelle nous nous enfonçons tient au fait que nous sommes devenus vitalement dépendants d’un système qui sape à terme les conditions de vie de la plupart des êtres vivants [...] nous en sommes prisonniers, matériellement et mentalement, individuellement et collectivement."
...
questionner la désirabilité du travail de la subsistance ... classe dans le même ensemble le travail servile, le travail paysan et le travail domestique des femmes au foyer modernes et repose sur le mépris envers les processus naturels liés à la vie
...
deuxième constat ... : "un isolement des différentes initiatives de résistance, leur morcellement, qui les vouent à l’impuissance : les luttes syndicales paysannes empêtrées dans une forme de corporatisme sectoriel ; les marches pour le climat confrontées à l’impuissance sans horizon des manifestations, même massives, réduites à interpeller les gouvernant.e.s pour qu’ils agissent contre leurs intérêts ; l’inconséquence libérale-libertaire des modes d’action « autonomes » égarés par leur propre dispersion et leur absence de stratégie coordonnée ; les collectifs d’habitant·e·s de territoires en lutte qui mènent des batailles locales contre des projets industriels écocidaires, sans avoir — trop souvent — les moyens de vaincre."
...
Face à ce morcellement de nos résistances ... inactifs, ils nous laisseraient la possibilité de nous organiser, de déployer des alternatives. Mais ils attaquent sans répit et de tous les côtés, celui des retraites comme celui des méga-bassines ... renforcer les structures qui assurent leur domination, avec d’autant plus d’entrain qu’elles espèrent ainsi échapper aux conséquences les plus dramatiques de la crise écologique
...
Face à ce niveau de conflictualité, les alternatives seules sont inoffensives. Mais s’opposer seulement n’est pas non plus suffisant. Il est essentiel que chaque geste d’opposition soit organiquement mêlé à une proposition positive, à l’ébauche du monde que l’on aspire à voir émerger à la place du leur. Il est essentiel stratégiquement mais aussi pour nous, pour que la lutte soit désirable, habitée par des affects joyeux.
La tentative de construction mutualiste rennaise
Au sortir de la lutte contre la loi travail en 2016, une partie du milieu autonome rennais a engagé un travail de réflexion autour des questions d’autonomie, que ce soit le logement, la formation ou l’alimentation. Cette dernière dimension a amené à la création du Cartel des cantines, qui deviendra par la suite le Réseau de ravitaillement des Luttes (R2R). L’objectif du réseau était alors de répondre pratiquement à la question : "Comment nourrir efficacement les luttes sociales ?"
... outil de la base arrière du mouvement social, qui essaye de construire des bases matérielles solides pour soutenir les fronts de conflictualité du mouvement social. ... ne pas recréer "la contradiction primaire de l’autonomie" (Julien Allavena) ... Les vendredis étaient l’occasion de nous retrouver et de reprendre du pouvoir sur nos vies ... Au fil des années, à force de ravitailler piquets de grèves et manifestations, nous avons noué des relations de confiance avec certain·es syndicalistes. L’idée, derrière ce travail de composition, était de mettre en lien différents espaces en lutte, qui ne discutent pas "naturellement" entre eux. Ces rencontres nous paraissaient et nous paraissent toujours nécessaires pour renforcer notre camp social et augmenter le rapport de force, en pensant des actions communes.
Entre autres réussites, en 2018, nous avons ravitaillé pendant 3 mois des facteur·ices en grève. L’été suivant, iles sont venu.es au champ récolter des oignons sur notre parcelle. Iles ont aussi construit un bureau de poste mobile sur la ZAD de NDDL pendant les expulsions en mai 2018, lieu où quasiment aucun·e d’entre elleux n’étaient venu·es auparavant.
En 2023, nous avons ravitaillé les cheminot.es en grève contre la réforme des retraites. Le lien créé au cours de cette mobilisation les a amené à soutenir publiquement les Soulèvements de la terre lors d’un meeting organisé par le comité rennais, affirmant leur filiation avec Emile Pouget et le sabotage et Fernand Pelloutier et les bourses du travail. ... gagnerait en efficacité si elle s’inscrivait dans une dynamique plus large telle que celle des Soulèvements de la terre. Le R2R rennais, à la fois "outil" et "collectif", se retrouve souvent prestataire de service des luttes, sans boussole politique affirmée. Mis au service d’un mouvement de masse, il gagnerait selon nous en cohérence et donc en efficacité.
Nous pensons, en retour, que le mouvement des Soulèvements de la terre, pour se donner les moyens de la révolution, doit se doter d’outils de production, notamment alimentaires, qui autonomisent la lutte, facilitent le travail de composition et offrent une alternative désirable au désastre vers lequel nous entraînent les gouvernements successifs.
Nous pensons qu’il est temps qu’un maximum de comités locaux se dotent de réseaux de ravitaillement pour constituer les greniers des soulèvements.
Ambitions et perspectives
Axe 1 : Composition & alliances - Le mouvement social doit opérer sa métamorphose terrestre
"Le destin des luttes sociales est arrimé à celui des terres, comme « pont politique » entre la question de la « fin du monde » et celle de la « fin du mois »" (Reprendre, démanteler, communiser)
Territorialiser les luttes écologistes & sociales
... Coupé·es de la terre, de l’eau, des animaux, des saisons, nous n’avons pas toujours su comprendre que "nous sommes la nature qui se défend" ... par une immersion, un rapport tactile
...
Se coltiner les questions très pratiques de notre alimentation (sa production, sa distribution), nous met d’emblée en prise avec les enjeux environnementaux et sociaux et nous permet d’en reconstruire une compréhension "par le bas", tout en nous donnant dans le même temps des prises pour agir dessus.
Partager ces enjeux autour de l’alimentation avec d’autres groupes, associations ou collectifs permet, par ailleurs, de créer du lien avec eux. Ramener des cagettes de denrées alimentaires ou une grande quantité de soupe à une manifestation ou un piquet de grève visibilise et concrétise le soutien que l’on apporte à cet événement et au groupe qui l’organise. Désherber, planter et ramasser des légumes offrent des cadres de rencontres hors des espaces militants. Ces gestes nous inscrivent très concrètement dans une démarche de composition.
Pour lancer une telle dynamique à l’échelle des comités, il est possible de :
- faire le tour des paysan·nes autour de chez vous voir s’iels veulent s’inscrire dans une dynamique de soutien aux luttes ;
- créer une asso d’intêrét général pour aller faire de la récup auprès de magasins bio.
- se faire prêter des parcelles de terrain pour faire pousser et stocker vos productions ;
- organiser des distributions alimentaires dans les villes en invitant les bénéficiaires à rejoindre vos actions.
- ravitailler en panier de légumes ou en cantines les événements militants de votre coin pour faire du lien avec les groupes locaux et renforcer les liens avec les orga politiques.
... Des liens se créent avec des salarié-es de l’agro-industrie, liens indispensable pour imaginer renverser le système agro-industriel.
On pourrait imaginer aller encore plus loin grâce à ces rapprochements.
Avec l’aide de l’action des comités locaux des soulèvements, on pourrait imaginer que les syndicalistes encore englués dans le vieux schéma productiviste prennent position contre des grands projets inutiles et imposés. La CGT soutient encore par exemple la LGV Lyon-Turin.
On pourrait aussi pousser pour que la Confédération paysanne se pose la question de la propriété privée des terres agricoles :
"L’enjeu n’est pas seulement de favoriser l’augmentation du nombre de candidat·e·s aux métiers paysans et artisanaux, mais de proposer une révolution foncière d’ampleur qui libère un accès de tous·tes à des parcelles substantielles de terres pour une pluralité d’usages." (Reprendre, démanteler, communiser)
Axe 2 : Se réapproprier la fabrique collective de notre subsistance commune
... prochaines rencontres inter-comités cet été 2023.
Autonomiser les luttes des Soulèvements de la Terre
...
Créer des réseaux de ravitaillement
... les façons de se raconter le sens de ce qu’on fait : la même activité de petit maraîchage n’aura pas la même nature selon qu’elle se pense dans le cadre de tiers-lieux de la "transition écologique" promus comme vitrine verte par les pouvoirs publics, ou dans le cadre d’une reprise de terre avec les Soulèvements...
Reprendre les terres : Arracher des terres aux métropoles et à l’agro-industrie.
...
organiser la vie autour de communs qui prennent en compte tous les êtres qui habitent un lieu ?"
Leur approche n’oublie pas d’intégrer à la question foncière la perspective naturaliste : "Nous reprendrons aussi les terres pour les déprendre, pour les laisser en libre évolution, pour que des dynamiques écologiques sauvages spontanées puissent s’y déployer."
Sortir de l’agriculture industrielle, ne pas se contenter de la bio
... En s’appuyant sur les réflexion de "L’Atelier paysan", il faudra élaborer des pistes pour sortir de la stratégie commerciale de niche : ... proposer un projet politique pour que toute la population ait accès à une alimentation produite dans des conditions paysannes.
- Socialiser l’alimentation & communaliser les processus de décision : ... perspective révolutionnaire communaliste ... de la Terre à la distribution, la propriété collective et d’usage remplacera la propriété privée lucrative. Et, lutter contre la propriété privée, c’est aussi lutter contre le patriarcat, Sybille Gollac et Céline Bessière l’argumentent dans le livre "Le Genre du Capital". Elles y analysent les mécanismes de contrôles et de distribution du capital selon les classes sociales, et y démontrent qu’ils aboutissent toujours à la dépossession des femmes.
Cela a le double mérite de ne pas simplement renvoyer à des lendemains plus qu’hypothétiques et d’éviter l’écueil gestionnaire qui en ferait une simple politique redistributrice d’ajustement d’une pauvreté "tolérable". Il ne tient qu’à nous de commencer à construire ces structures dès aujourd’hui.
... en discuter lors des rencontres inter-comités en juillet sur la zad ...
Signature : Ce texte est le produit d’un travail de réflexion entre membres du réseau de ravitaillement des luttes du pays rennais, des membres du comité rennais des SDT ainsi que de proches camarades.
Sources :
- Méga-bassines : un affrontement entre mondes, Alessandro Pignocchi (https://blogs.mediapart.fr/alessandro-pignocchi/blog/010323/mega-bassines-un-affrontement-entre-mondes)
- Reprendre, Démanteler, Communiser, Texte du comité caennais des SDT (https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/reprendre-demanteler-communiser)
- Reprendre la terre aux machines, L’Atelier paysan
- Texte de l’Atelier Paysan : https://comptoir.org/2023/03/27/atelier-paysan-cest-en-sortant-de-la-bio-quon-pourra-se-debarrasser-de-lagriculture-industrielle/
- Régime général, Laura Petersell & Kévin Certenais
- Faire durer les grèves : les leçons de l’histoire, Gaspard d’Allens (https://reporterre.net/Faire-durer-les-greves-les-lecons-de-l-histoire)
- L’hypothèse autonome, Julien Allavena
- La subsistance - Une perspective écoféministe , Maria Mies & Veronika Bennholdt-Thomsen
- Terre & Liberté - La quête d’autonomie contre le fantasme de délivrance, Aurélien Berlan
- Prise de terre(s), Notre Dame des Landes, été 2019 (https://lundi.am/IMG/pdf/ete_livret_nb.pdf)
Militante libertaire féministe, Françoise d'Eaubonne est l'une des premières à opérer un rapprochement entre les luttes féministes et la protection de l'environnement dans les années 1970. Elle est à l'origine de "l'écoféminisme", dont se revendiquent des militants écologistes aujourd'hui.
🌱 Vidéo : 27 minutes
Paru dans CQFD n°212 (septembre 2022)
Dans la rubrique Le dossier - Illustré par Adrien Zammit
Vol au-dessus d’un nid de paysans
Ce ne sont pas des révolutionnaires de la fourche ni des avant-gardistes autoproclamés, mais leur démarche est foncièrement politique. En s’installant dans un coin paumé de l’Hexagone il y a quelques années, les jeunes paysans et paysannes de la Grange aux Merles avaient en tête de proposer un autre modèle agricole, afin de le diffuser largement. Depuis, leurs réflexions ont évolué. Point d’étape.
...
L’objectif : rompre la logique des bulles sociales, des réseaux affinitaires et de classe, pour bâtir des ponts. Et parfois, ça marche : « Il y a quelques jours, on tenait une table avec les produits de la ferme dans une fête de village où on ne connaissait pas grand monde. Quelques jours plus tard, certaines personnes rencontrées là-bas sont venues assister à un spectacle de théâtre qu’on organisait sur la ferme. Ces rapprochements mettent du temps mais sont très précieux. »
...
Leur trajectoire rappelle celle des étudiants d’AgroParisTech qui, en mai dernier, ont profité de leur remise de diplôme pour dénoncer le modèle dominant et annoncer publiquement leur désertion groupée, fustigeant notamment « une formation qui pousse globalement à participer aux ravages économiques et sociaux en cours 4 ». Le collectif valide le rapprochement : eux qui ont fait leurs études ensemble dans une formation similaire ont également rué dans les brancards le jour de la validation de leur cursus. « Sauf que notre discours était sans doute moins bon », rigole Adèle. De leurs études, ils ont gardé la conviction qu’il fallait s’engager dans le domaine agricole, mais dans la direction inverse de ce qu’on leur enseignait. « Les tenants et aboutissants de la question agricole sont souvent minimisés, alors que c’est le pilier du système productiviste, au premier plan des dégâts environnementaux », rappelle Tristan. Lui explique qu’il se sentait alors beaucoup plus proche des activistes de la ZAD que des tièdes militants urbains d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Et qu’à ses yeux claquer la porte des villes était une évidence.
...
« On est sur un marché de niche, qui nous permet de vendre nos produits cher, à des gens qui ont un minimum de pouvoir d’achat. Pour imaginer que ça se développe largement, il faudrait que la structuration de la société le permette, ce qui est tout le sauf le cas. C’est une question systémique. »
...
concernant la ferme en elle-même, la véritable question est ailleurs : avant d’envisager le grand soir agricole, il s’agit d’abord de s’enraciner dans un territoire, d’y développer des liens
...
Alors que beaucoup, dans ces milieux, brocardent la figure du néo-rural, eux y voient plutôt une réalité moins caricaturale et néfaste que celle décrite dans les médias, en tout cas dans leur coin. Dans la lignée de la Conf’, ils estiment qu’un afflux de jeunes désertant la folie des villes serait une bonne chose. Tristan pose les choses ainsi : « Si on veut généraliser l’agriculture paysanne, ce qui indispensable, il faut deux millions et demi de paysans. Un exode urbain de malade ! Et il sera impératif d’opérer ce changement de la manière la plus égalitaire possible, la plus communiste, à rebours des modèles actuels. »
En attendant, il importe de ne pas se tromper d’ennemi : « Je préfère que dans le coin il reste des agriculteurs qui s’agrandissent plutôt qu’un gros investisseur étranger rachète des terres et mette des salariés à leur place », estime Adèle. Qui rappelle la situation : « On ne peut pas tous être en vente directe et en circuit court. Les supermarchés ne vont pas fermer du jour au lendemain. On a donc pour l’instant besoin d’agri’ qui font du circuit long. L’idéal serait d’abord qu’ils reprennent la main sur les prix, ce qui leur donnerait la possibilité d’évoluer vers une agriculture moins toxique. »
Parfois des liens se créent, des ponts. Ainsi de la Cuma 7 locale, coopérative de découpe et de transformation de viande, où se retrouvent aussi bien des éleveurs bio que d’autres fonctionnant en conventionnel, et qui mettent en commun des outils indispensables à leur métier. Autre espace de rapprochement, plus inattendu : la chasse. Adèle la pratique, mais armée d’un arc
...
Ludo, partisan de l’éducation populaire, qui estime qu’il faut faire feu de tout bois : « Il y a tellement de questions sur lesquelles se bouger, sans faire de hiérarchie des luttes. Ce n’est pas parce qu’on est autonomes dans notre coin que tout est réglé. Il faut un travail quotidien, des formations, des remises en cause, à l’échelle de notre collectif, mais aussi tournées vers l’extérieur. » Question féminisme, par exemple, cela se traduit entre autres par l’implication de plusieurs femmes du collectif dans un festival local annuel dédié à ces problématiques. Avec cette position : pour s’attaquer au modèle destructeur en place, il faut affronter toutes les formes de domination, les mettre chacune sur un même plan.
...
Ce manque de conflictualité de la profession, hors luttes sectorielles, fait d’ailleurs réagir Ludo : « On devrait être beaucoup plus présents dans les luttes sociales et écologiques. Les agriculteurs, c’est à peine 2 % de la population [française] pour un poids immense dans le réchauffement climatique 8. » Et Adèle de rêver à une prise de conscience généralisée, portée par des paysans refusant de s’allier aux gros bonnets de l’agriculture industrielle inféodés à la FNSEA et à la pompe à fric européenne : « Si des paysans et agriculteurs déterminés à vraiment peser se regroupaient pour s’opposer au modèle industriel, ça pourrait avoir un gros impact. Car il ne faut pas oublier une chose : on tient la bouffe. »
#Mélenchon #Jadot #Présidentielle2022 - 71 148 vues - 5,7 k - 94 - 328 k abonnés - 659 commentaires
Soutenez Blast, nouveau média indépendant : https://www.blast-info.fr/soutenir
"De Mélenchon ou Jadot, lequel séduira en premier les électeurs des autres candidats de gauche ? C’est tout l’enjeu de la séquence. Si Jadot parvient à entraîner les socialistes derrière lui, il crée une dynamique qui fragilise Mélenchon. À l’inverse, si Jean-Luc Mélenchon attire à lui l’électorat vert, la candidature Jadot n’a plus de sens. Quant à Arnaud Montebourg et Fabien Roussel, ils n’auront d’autre choix que de s’effacer. Bref, la gauche vient d’inventer la primaire sauvage."
Journaliste : Serge Faubert
Montage : Arthur Frainet Images : Arthur Frainet, Antoine Etcheto, Emma Barrier
Son : Baptiste Veilhan Graphisme : Adrien Colrat
Diffusion : Maxime Hector Production : Thomas Bornot
Direction des programmes : Mathias Enthoven
Recherches terminées Début: 01 October 2020 - Fin: 01 September 2021
Ni les innovations technologiques (l’amélioration des moteurs, les voitures électriques, …), ni les incitations à utiliser des moyens de transport peu polluants (vélo, transports collectifs…) ne parviennent pour l’instant à faire baisser les émissions de CO2 des transports en France. Face à cette impasse, les politiques commencent à réfléchir à limiter la quantité de déplacements carbonés. Peut-on imaginer une politique de limitation des déplacements carbonés qui soit équitable ? Est-ce que plafonner directement la quantité de déplacements polluants dévolus à chaque Français pourrait être une alternative à la taxe carbone ?
Acteurs de la recherche Arnaud Passalacqua Atelier Master AIED Université de Paris
Contact : Claire-Marine Javary
...
L’ambition du projet
Le Forum Vies Mobiles a voulu évaluer la faisabilité, à l’échelle de la France, d’une politique de rationnement des déplacements les plus émetteurs de CO2, c’est-à-dire ceux effectués en voiture et en avion, pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 que s’est fixé le pays avec l’adoption de la Stratégie Nationale Bas Carbone 9 . Le secteur des transports est aujourd’hui le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France (30% des émissions nationales en 2015). Ces émissions étant en totalité de nature énergétique, la stratégie vise une réduction de 28% des émissions en 2030 par rapport à 2015 et une décarbonation complète des transports à l’horizon 2050. Ces objectifs restent abstraits : comment respecter ces engagements et quels impacts concrets cela aura-t-il sur la vie des Français ?
Pour le savoir, le Forum Vies Mobiles a missionné le master Energie, écologie et société de l’Université de Paris dirigé par l’historien des transports et ingénieur Arnaud Passalacqua.
L’exercice a conduit ses étudiants à :
- imaginer un scénario modèle dont les hypothèses ont été sélectionnées sur des critères de faisabilité pratique, d’efficacité potentielle et d’équité sociale (acteurs et déplacements à cibler en priorité, calendrier de mise en œuvre, critères d’attribution…)
- tester les trajectoires de diminution progressive de la quantité de déplacements émetteurs de CO2 à disposition auprès d’habitants réels, de façon à identifier les effets potentiels du recours au rationnement sur leurs modes de vie et les points de vigilance éventuels.
Les critères de pertinence du rationnement des déplacements carbonés :
- Équité : ...
- Lisibilité : ...
- Praticité : ...
- Fenêtre de tir : En se focalisant sur les émissions directes liées au déplacement (achat de carburant ou de billets d’avion), il ne vise pas à limiter les émissions indirectes comme celle liées à la production des véhicules et ne se justifie que tant que la flotte en circulation est essentiellement thermique.
Les principaux résultats : c’est possible et édifiant !
...
La nécessité de repenser le système de déplacements tout entier
La simulation du rationnement des déplacements carbonés sur des modes de vie d’habitants suscite une prise de conscience. Le modèle des étudiants a la vertu de montrer que le respect des engagements pris dans la SNBC nécessite de repenser entièrement le système de déplacements : par exemple en développant les transports collectifs cadencés dans les zones périphériques et en visant un rapprochement des lieux d’emplois et de vie.
...
Notes
1 Réduire l’empreinte carbone de la mobilité, quelles politiques en France ?, forumviesmobiles.org
2 Comme cela été reconnu dans le « Rapport sur l’impact environnemental du budget de l’Etat » dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2021.
3 Libération, Mathilde Szuba : « Il faut réguler politiquement l’ensemble de la consommation à des fins de justice», juillet 2019.
4 Le Monde, Jean-Baptiste Fressoz, « Rationner le transport est beaucoup plus démocratique qu’augmenter les taxes sur le CO2 », août 2019.
5 Assemblée nationale, Proposition de loi visant à instaurer un quota carbone individuel pour limiter l’usage de l’avion, présentée par M. François RUFFIN et Mme Delphine BATHO, juin 2020.
6 Le Monde, Pierre Calame : « Contre le réchauffement climatique, il faut instaurer une obligation de résultat », mars 2020.
7 Enquête sur les impacts du confinement sur les modes de vie et la mobilité des Français, forumviesmobiles.org
8 UIA, CitiCap : Citizen's cap-and-trade co-created
9 Ministère de la transition écologique, La Stratégie Nationale Bas Carbone
10 Ministère de la transition écologique, Enquête nationale transports et déplacements (ENTD) 2008
Mots-clés : empreinte carbone, crédit carbone, rationnement
Connu / https://twitter.com/paleoenergie/status/1443501024187146242
"
Paléo Energie @paleoenergie · 13h
Et si l'on rationnait équitablement les déplacements en fonction de l'#impact_carbone ? Voici l'étude qui explore cette idée pour atteindre la #neutralité_carbone en 2050. Elle a été conduite par Arnaud Passalacqua avec les étudiants du #LIED. #mobilité
"
Analyse
Le ralentissement des activités humaines et la baisse de certaines pollutions donnent lieu à quelques sympathiques images - ici des dauphins en liberté dans des eaux portuaires, là l’Himalaya visible à plus de 200 kilomètres, ailleurs le chant des oiseaux redevenu audible... Et si le coronavirus était une bonne nouvelle pour l’écologie ? Faux, martèle François Gemenne, spécialiste en géopolitique de l’environnement. Ce serait même tout l’inverse. Explications.
Greenpeace France a lancé le réseau social WeGreen pour rapprocher les citoyens de l’écologie, pour faciliter la rencontre de celles et ceux qui veulent agir concrètement pour la planète et leur permettre de s’organiser. Cet espace appartient à toutes les personnes soucieuses des enjeux environnementaux et souhaitant passer à l’action. Ce n’est pas le réseau social des seuls militants de Greenpeace, ce dernier est ouvert à tous.
...
https://wegreen.fr/data-policy -> ...
- 2. Les rôles et droits des utilisateurs de WeGreen
quatre types de rôles : - Utilisateur anonyme (UA) : ne dispose d’aucun compte.
- Utilisateur connecté (UC) : dispose d’un compte et s’est connecté à l’interface.
- Gestionnaire d’un groupe (GG) : a créé un nouveau groupe ou a été ajouté comme gestionnaire du groupe.
- Organisateur d’un événement (OE) : a créé un nouvel événement ou a été ajouté comme co-organisateur de l’événement.
A cela s’ajoutent d’autres rôles d’administration réservés aux gestionnaires de la plateforme.
... -
- Hébergement
Les données sont hébergées dans un centre de données géré par Google Cloud et situé aux Pays-Bas. Seuls les salariés de Greenpeace France et de Greenpeace International en charge de la gestion technique et de l’animation de la plateforme et les développeurs de l’agence néerlandaise Goal Gorilla avec lesquels nous travaillons y ont accès.
...
- Hébergement
- 8. Lanceurs d’alerte
Si vous souhaitez nous envoyer des documents de manière anonyme et sécurisée, nous avons développé un service dédié (https://www.greenpeace.fr/greenleaks/). Pour des raisons de sécurité, nous vous encourageons à vous connecter depuis un ordinateur de confiance, et d’utiliser le réseau Tor pour y accéder. - 9. Autres informations
Directeur de la publication : Jean-François Julliard, directeur général Greenpeace France
Si vous avez la moindre question concernant la confidentialité de vos données personnelles, vous pouvez nous contacter à l’adresse contact@wegreen.fr
Nos mesures de sécurité et cette politique sont réévaluées régulièrement. Vous pouvez adresser toute question concernant cette politique à :
Responsable du service des militant-es Greenpeace France
13, rue d'Enghien 75010 Paris
9 179 vues - 61 - 17
C’est une union qui, si elle voit le jour, risque de faire des étincelles. Ce lundi 27 mai, le conseil d’administration du groupe Renault a exprimé son "intérêt" pour le projet de fusion à 50-50 proposé par l’Italo-Américain Fiat Chrysler. L’objectif étant de créer le troisième groupe automobile mondial avec 8,7 millions de véhicules vendus chaque année et un chiffre d’affaires de 170 milliards d’euros. Mais quid de Nissan, embarqué à son insu dans ce mariage ? Car c’est bien là que réside le sujet épineux. Renault a déjà formé une alliance avec deux constructeurs japonais : l’entreprise française détient en effet 43% de Nissan, lequel possède 15% de Renault et 34% de Mitsubishi. Une alliance qui bat de l’aile depuis l’arrestation de Carlos Ghosn au Japon, le 19 novembre dernier, pour malversations financières. Et les relations entre les deux groupes sont au point mort depuis fin avril lorsque le constructeur français a proposé une fusion capitalistique avec Nissan. Fusion dont les Japonais ne veulent pas entendre parler.
En tout cas, si le processus d’union entre les constructeurs Renault et Fiat va jusqu’au bout, les actionnaires majoritaires de Renault-Fiat-Chrysler seront le groupe Exor, qui passe de 29% actuellement à 14,5%, l’État français, qui ne détiendra plus que 7,5% du capital (contre 15 % aujourd’hui) et Nissan qui passe de 15% à 7,5%, rapporte Le Monde. Par ailleurs, le quotidien explique aussi que cette union, dans le cadre de l’alliance formée par Renault avec Nissan et Mitsubishi, contribuerait à former une entité à 15 millions de véhicules, ce qui en ferait le numéro un de l’automobile devant les groupes Volkswagen et Toyota, qui ont vendu chacun un peu plus de 10 millions de voitures en 2018.
Côté italien, le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, patron de la Ligue (parti d’extrême-droite) qui a décroché une large victoire aux élections européennes, a qualifié cette éventuelle fusion entre Fiat Chrysler et Renault d’"opération brillante qui protège les emplois dans notre pays et conduit à la naissance d’un géant européen de l’automobile".
Interrogé sur ce sujet, le ministre des Finances a posé ses conditions et tenté de répondre aux craintes des syndicats. Au micro de RTL, ce mardi, Bruno Le Maire a exigé que le projet de fusion entre les deux constructeurs n’entraîne aucune fermeture d’usine dans l’Hexagone et que l’opération "se fasse dans le cadre de l’alliance entre Renault et Nissan", sans donner plus de précision. Il a aussi demandé au président de Renault que le groupe né de cette fusion participe à l’initiative de fabrication des batteries électriques engagée avec l’Allemagne. Ce projet de mariage entre Renault et Fiat Chrysler s’inscrit dans un secteur automobile de plus en plus concurrentiel dicté par la révolution électrique et les investissements colossaux. Et cette fusion représenterait une véritable chance pour le constructeur italo-américain qui se trouve dans une situation délicate en raison d’une gamme de véhicules âgée et d’une absence d’investissement dans l’électrique. Quand Renault, lui, est le leader de ces technologies en Europe. Pour le constructeur français, l’avantage serait double : accéder à une taille considérable pour supplanter Nissan en tant que plus gros actionnaire de leur alliance et s’offrir un accès au marché américain, réputé très verrouillé. Mais pour les Echos, le nouveau couple franco-italien joue une partition délicate rappelant que les alliances à 50-50 ont toutes échoué depuis la création d’Airbus, à la fin des années 1960.
Dans le secteur de l’automobile, faut-il être un géant pour survivre ?
Pourquoi ces fusions entre grands groupes sont-elles en vogue ? Nissan verra-t-il ce rapprochement entre Renault et Fiat Chrysler d’un bon œil ?
Invités :
- Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Echos
- Jean-Rémy Macchia, journaliste, spécialiste automobile
- Béatrice Mathieu, chef du service économie de L’Express
- Christine Kerdellant, directrice de la rédaction de L’Usine nouvelle et L’Usine digitale
Format : 65 minutes
Présentation : Caroline Roux et Axel Tarlé
Réalisation : Pascal Hendrick, Jean-François Verzele et Jacques Wehrlin
Production : France Télévisions/Maximal Productions
Catégorie Divertissement
Nous avons reçu ce texte qui nous semble une contribution indispensable en plein mouvement des gilets jaunes. « Il y a une marche pour le climat le 8 décembre dans pas mal d’endroits. On ne parle pas au nom de tout le monde, évidemment, mais on pense que ce serait bien qu’il y ait des gilets jaunes à ce moment-là, pour montrer qu’on peut discuter et qu’on peut s’unir. Pour rappeler qu’au fond on a le même problème, et que les vrais pollueurs sont aussi ceux qui rendent notre vie invivable. »
De toutes les vacheries qu’on entend sur notre mouvement, il y en a une qui nous énerve particulièrement : certains disent qu’on ne peut pas être « gilets jaunes » et écologistes, voire pire, que notre combat serait anti-écologique. On a vu un gros Goupil faire le perroquet de Macron et nous donner des leçons d’écologie sur BFM. Ce serait ceux d’en haut qui se soucieraient de l’environnement, et ce serait nous la foule stupide et égoïste qui voudrait polluer tranquille. La fin des taxes sur les yachts, la suppression de l’ISF, la réforme de la SNCF et sa privatisation rampante, l’interdiction avortée du glyphosate, le maintien des vieux réacteurs nucléaires, l’invitation de Trump le 11 novembre, c’est du travail d’écologiste, c’est sûr. Alors quand on a appris que le gouvernement voulait prendre 577 millions d’euros de recettes de la taxe sur les carburants, et finalement les mettre dans le budget général plutôt que dans la transition écologique, on s’est dit que c’était logique.
Ça commence à se savoir : 70% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de 100 entreprises. Un autre rapport montre que plus on est riche, plus on pollue. On peut toujours éteindre la lumière quand on sort d’une pièce ou fermer le robinet quand on se brosse les dents. Vous me direz que la voiture ce n’est pas pareil. C’est vrai, mais ce n’est pas par plaisir qu’on fait des kilomètres pour aller travailler, faire les courses ou aller chez le médecin. Pour beaucoup, c’est une nécessité. Et pardon si certains aiment la prendre pour les vacances quand on peut s’en offrir.
Mais on n’est pas si bêtes qu’on le dit dans les médias. On voit bien ce qui se profile derrière ce genre d’attaques, derrière les snobs qui se pincent le nez en parlant de nous. On voit bien qu’on veut opposer les personnes qui luttent pour l’environnement et les personnes qui luttent contre des conditions de vie indignes, comme si ce n’était pas les mêmes qui polluaient la planète et qui exploitaient les gens, comme si ce n’était pas la même religion du fric qui les poussaient. On voit bien qu’on veut recréer de la division alors que la force principale de notre mouvement, c’est l’unité de gens différents, venus avec des colères différentes, pour exprimer un ras-le-bol général.
Il faut être absolument débile pour croire que, parce qu’on refuse d’être taxés à nouveau, on rêve d’un monde sans animaux, sans air pur, peut-être même sans vie du tout. Je pense qu’on connaît mieux le nom des arbres et des oiseaux que ceux qui nous gouvernent. Mais ça n’empêche pas de vouloir vivre décemment. A l’inverse, certains écolos professionnels n’ont rien à faire du SDF qui crève en bas de chez eux. On voit pas bien comment on pourrait faire de l’écologie sans s’occuper des gens, sans changer l’économie, sans que les riches paient. Il faudrait peut-être nous expliquer.
Les verts sont peut-être finalement, verts de jalousie, jaloux de ne pas avoir su déployer la même énergie que nous samedi dernier : la terre va si mal que de lever des barricades pour la défendre serait sûrement le minimum.
Mais comme on est pas rancuniers on s’est dit une chose : il y a une marche pour le climat le 8 décembre dans pas mal d’endroits. On ne parle pas au nom de tout le monde, évidemment, mais on pense que ce serait bien qu’il y ait des gilets jaunes à ce moment-là, pour montrer qu’on peut discuter et qu’on peut s’unir. Pour rappeler qu’au fond on a le même problème, et que les vrais pollueurs sont aussi ceux qui rendent notre vie invivable.
Des gilets jaunes.
...
C’est bien une France en réduction, issue de ses « forces vives », qui est présente au Cese.
Ses travaux, marqués par le respect mutuel et le souci du rapprochement des points de vue, sont l’expression d’une vision partagée par les acteur.rice.s du quotidien de la société civile. La valeur de ces travaux est égale à l’importance de ces actions. Face à la perte de confiance en l’avenir de nos concitoyen.ne.s, notre assemblée a décidé d’articuler ses travaux autour de deux axes : d’une part, favoriser la cohésion sociale ; d’autre part, réussir les transitions. Elle entend ainsi être fidèle à sa vocation de lieu de concertation et de dialogue, de lien entre des forces faisant de leur contra-diction un levier, d’instance de débats citoyens et d’interpellation civique.
Le CESE est un incubateur de la réforme, le CESE est un levier de la réforme.