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Ce qui a fait l’originalité et la force du mouvement dans sa phase ascendante, à savoir sa rupture avec de nombreux a priori théoriques et des pratiques ritualisées au point d’en être compassées, se transforme en faiblesse dans la phase descendante où ne transparaît plus que son instabilité, son manque d’organisation et sa difficulté à reprendre l’initiative, à surprendre à nouveau. Au point que pour perdurer il en est prêt à abandonner sa singularité historique pour se mouler dans des formes de médiations qui sont elles-mêmes en crise. Quand le « mouvement social » officiel n’est plus capable de faire 1995, certains Gilets jaunes pensent le réussir et en plus voient cela comme une panacée alors que tout ce système reposait encore sur la centralité du travail dans le processus de valorisation du capital d’une part ; et la définition des rapports sociaux d’autre part à partir de cette même centralité (salariés/non-salariés, cotisations/prestations).
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Cette difficulté propre à notre période d’après la lutte des classes, fait que partout aujourd’hui, on assiste à une résurrection de la notion de peuple. Dans l’histoire de la modernité, le peuple se veut un tout qui est la négation des contradictions de classes en tant que celles-ci ne seraient qu’une addition d’intérêts particuliers. C’est ce qui est à la base de l’opposition entre bourgeois et « bras-nus » pendant la Révolution française pour reprendre la terminologie de Daniel Guérin… et en même temps de leur unité dans l’idée de « la patrie en danger » de 1792 qui doit souder le peuple devenu corps social de la Nation. Dans cette vision, c’est le peuple qui subit tous les torts. Il est l’intérêt général fait peuple contre les ennemis de l’extérieur (émigrés aristocrates, puissances impériales et royales de l’étranger). Les fascismes reprendront cette image du peuple-totalité contre des ennemis « intérieurs » mais étrangers à la nation et à la race (juifs, francs-maçons, tziganes, homosexuels). Elle est à la base des théories de Carl Schmitt sur l’État d’exception qui délimite les « frontières » entre amis et ennemis. Mais pour en revenir aux thèses révolutionnaires nées de la Révolution française, Marx rompt avec cette idée d’un peuple-totalité dans une thèse critique sur Hegel (in Contribution à la critique de la philosophie du droit) où il renverse la dialectique hégélienne pour faire d’une classe, le prolétariat, la classe-totalité, parce qu’elle ne subirait aucun tort particulier dans la mesure où elle les subit tous. C’est cette totalité potentielle alors pourtant qu’elle n’est immédiatement qu’une classe particulière qui la rend justement classe-révolutionnaire par excellence, ou plus exactement classe de la révolution.
Sans la connaître expressément, c’est cette thèse que reprennent les Gilets jaunes en proclamant l’état d’urgence sociale de la part d’une nouvelle totalité populaire subissant un tort général au-delà des torts particuliers que subit chacune de ses fractions. Un nouveau « tout » donc, sans détermination historique ni essence messianique, mais basé sur l’idée plus ou moins communément partagée que tout va de mal en pis, que la situation devient insupportable et que les dominants, quels qu’ils soient (représentants politiques, capitalistes et riches) n’en ont cure.
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Le chef deux-étoiles propose des solutions actuelles pour améliorer la gastronomie de demain. Interview.
... pose avant tout la question de l’eau ... la première problématique est l’élevage intensif ... règle de conduite simple : consommer 80% de produits d’origine végétale et seulement 20% de protéines animales ... il faut vraiment réduire les intrants chimiques qui appauvrissent nettement les sols. Par exemple, la terre de la Beauce est passée de 2 tonnes de lombrics par hectare en 1955, à moins de 200 kg aujourd’hui ! Avec des sols vivants, la production est vivante ; alors qu’avec trop de la chimie lourde, les risques à long terme pour la santé augmentent.
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Le développement durable ne peut pas reposer sur une logique de prix. Il faut arrêter de voir la théorie du low cost comme une logique sociale : cela n’a jamais profité aux pauvres, mais uniquement à quelques riches.
On est tous acteurs de la consommation mondiale, et cette échelle de valeurs nous aiderait à mieux comprendre ce que nous consommons. Par exemple, une baguette de pain à 80 centimes n’a pas de sens : cela ne protège pas la santé du client, cela ne protège pas la filière agricole, et cela ne protège pas la filière artisanale. Mieux vaut consentir une baguette à 1,20 euro pour préserver tout le monde.
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Le prix n’est pas l’important en gastronomie, c’est plutôt l’impact social et environnemental. Il est essentiel pour protéger les producteurs, l’environnement et la santé. En ce sens, il y a beaucoup de choses à changer. Par exemple, il faut arrêter la déforestation en Amazonie juste pour produire plus d’avocats moins chers.
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La gastronomie a toujours d’abord été un plaisir alliant le bon goût et les bienfaits pour la santé. ... on va très certainement vers plus de flexitariens, qui sont déjà dans cette prise de conscience environnementale et sociétale. ... on va vers la fin de grandes chaînes de fast food comme KFC, basées sur une surexploitation de bétail, particulièrement polluante, avec des produits de piètre qualité. ... réinventer les circuits pour une économie courte, avec de moins en moins de distance entre la production et la consommation.
Le réchauffement est non négociable et va faire évoluer la production. Déjà là, j’ai pu acheter des fraises jusqu’à la mi-octobre et, la semaine dernière, des tomates de Marmande. Le climat bouscule nos modèles. ... à terme, on pourra développer une véritable production, capable de nourrir tout un immeuble.
Et en plus, cela a une vertu pédagogique énorme pour redonner le cycle des saisons aux consommateurs. ... les jeunes ... l’enjeu n’est pas de gauche ou de droite, mais bien de comment vivre sur cette planète. ... on ira de plus en plus dans des food halls, qui peuvent être portés par des marques de qualité comme Eataly. En parallèle, les formules de snacking et de livraison vont continuer à se développer. ... qu’à des agriculteurs bio dans un rayon de 250 kilomètres
Interview de Thierry Marx, chef multi-étoilé et directeur de la restauration du Mandarin Oriental, réalisée en novembre 2018 par Boris Manenti
Ndlr : TM n'a-t-il pas une vision élitiste de l'alimentation ? Aucune allusion au pouvoir d'achat, n'élude-t-il pas la lutte des classes ?
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Chez Moix - 27 mars 2019
Invités: François Bégaudeau - Thomas Porcher - Comte-Sponville
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JE VOUS HAIS, COMPRIS ? / LBAJ #28
Pendant que la troupe tire au flashball sur les manifestants, la destruction de l’industrie continue de plus belle : Ascoval Fonderies du Poitou Ford Blanquefort... La France de Macron, bronze-cul de l’Europe, est le pays de la banque et de la précarité.
► Pour télécharger la vidéo :
https://youtu.be/GAt1IRj-kVE
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Recomposition politique et sociale
Au mouvement des « gilets jaunes » le chef de l’État français a répondu en lançant un « grand débat national ». Ce genre d’exercice postule que les conflits sociaux s’expliquent par des problèmes de communication entre le pouvoir et ses opposants, plutôt que par des antagonismes fondamentaux. Une hypothèse hasardeuse…
par Serge Halimi & Pierre Rimbert
Connu /
https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/quand-les-gilets-jaunes-font-tomber-les-masques
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Au programme de l'Autre 20h, présenté par Yanis Mhamdi :
▶ UN P’TIT COUP DE BOURBON - MACRON : L’ORDRE PAR LA PEUR
Par Serge Faubert
▶ FACE CAM - UNE COLLECTE DE LIVRES POUR LE ROJAVA
Par Yunus et Ebru
▶ LA GRANDE H. - L’HISTOIRE DES GAUCHES - PEUPLE, RÉPUBLIQUE, LUTTE DES CLASSES, DE LA RÉVOLUTION À NOS JOURS
Avec Jean-Numa Ducange
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Actualités et politique
39 commentaires
ndlr :
- analyse historique avec mise en perspective du présent des forces de gauche en europe et amérique => valoriser ACT
En 2012, le documentaire « Les Nouveaux chiens de garde », vu au cinéma par plus de 250 000 spectateurs, mettait à jour le lien vénal que les médias et les journalistes entretiennent avec les pouvoirs économiques et politiques.
Sept ans plus tard, il est grand temps de donner un bon coup de projecteur sur « Ceux qui tiennent la laisse ».
Quelle est cette nouvelle noblesse qui règne aujourd’hui en France ?
Comment organise-t-elle et consolide-t-elle son pouvoir ?
Quelles sont les arcanes de cette oligarchie ?
C’est à cette (lourde !!) tâche que se consacrera Gilles Balbastre dans son prochain film.
...Nous avons procéder depuis de nombreuses années à une minutieuse enquête, aidé en cela par des intellectuels et universitaires proches (notamment la lecteur lu livre des sociologues François Denord et Paul Lagneau-Ymonet, « Le concert des puissants ».
Dans une tribune publiée par le journal Le Monde (20/11/2018), le sociologue Pierre Merle écrit que « le mouvement des « gilets jaunes » rappelle les jacqueries de l’Ancien Régime et des périodes révolutionnaires ». Et il s’interroge: « Les leçons de l’histoire peuvent-elles encore être comprises ? »
Je suis convaincu, moi aussi, qu’une mise en perspective historique de ce mouvement social peut nous aider à le comprendre. C’est la raison pour laquelle le terme de « jacquerie » (utilisé par d’autres commentateurs et notamment par Eric Zemmour, l’historien du Figaro récemment adoubé par France Culture dans l’émission d’Alain Finkielkraut qui illustre parfaitement le titre de son livre sur « la défaite de la pensée ») ne me paraît pas pertinent.
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Dans mon Histoire populaire de la France, j’ai montré que tous les mouvements sociaux depuis le Moyen Age avaient fait l’objet d’une lutte intense entre les dominants et les dominés à propos de la définition et de la représentation du peuple en lutte.
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J’ai montré dans mon livre, en m’appuyant sur des analyses de Pierre Bourdieu, que la Réforme protestante avait fourni aux classes populaires un nouveau langage religieux pour nommer des souffrances qui étaient multiformes. Les paysans et les artisans du XVIe siècle disaient : « J’ai mal à la foi au lieu de dire j’ai mal partout ». Aujourd’hui, les gilets jaunes crient « j’ai mal à la taxe au lieu de dire j’ai mal partout ». Il ne s’agit pas, évidemment, de nier le fait que les questions économiques sont absolument essentielles car elles jouent un rôle déterminant dans la vie quotidienne des classes dominées. Néanmoins, il suffit d’écouter les témoignages des gilets jaunes pour constater la fréquence des propos exprimant un malaise général.
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« Avoir mal partout » signifie aussi souffrir dans sa dignité. C’est pourquoi la dénonciation du mépris des puissants revient presque toujours dans les grandes luttes populaires et celle des gilets jaunes n’a fait que confirmer la règle. On a entendu un grand nombre de propos exprimant un sentiment d’humiliation, lequel nourrit le fort ressentiment populaire à l’égard d’Emmanuel Macron. « Pour lui, on n’est que de la merde ». Le président de la République voit ainsi revenir en boomerang l’ethnocentrisme de classe que j’ai analysé dans mon livre.
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La première différence avec les « jacqueries » médiévales tient au fait que la grande majorité des individus qui ont participé aux blocages de samedi dernier ne font pas partie des milieux les plus défavorisés de la société. Ils sont issus des milieux modestes et de la petite classe moyenne qui possèdent au moins une voiture. Alors que « la grande jacquerie » de 1358 fut un sursaut désespéré des gueux sur le point de mourir de faim, dans un contexte marqué par la guerre de Cent Ans et la peste noire.
La deuxième différence, et c’est à mes yeux la plus importante, concerne la coordination de l’action. Comment des individus parviennent-ils à se lier entre eux pour participer à une lutte collective ? Voilà une question triviale, sans doute trop banale pour que les commentateurs la prennent au sérieux. Et pourtant elle est fondamentale. A ma connaissance, personne n’a insisté sur ce qui fait réellement la nouveauté des gilets jaunes : à savoir la dimension d’emblée nationale d’un mouvement spontané. Il s’agit en effet d’une protestation qui s’est développée simultanément sur tout le territoire français (y compris les DOM-TOM), mais avec des effectifs localement très faibles. Au total, la journée d’action a réuni moins de 300 000 personnes, ce qui est un score modeste comparé aux grandes manifestations populaires. Mais ce total est la somme des milliers d’actions groupusculaires réparties sur tout le territoire.
Cette caractéristique du mouvement est étroitement liée aux moyens utilisés pour coordonner l’action des acteurs de la lutte. Ce ne sont pas les organisations politiques et syndicales qui l’ont assurée par leurs moyens propres, mais les « réseaux sociaux ». Les nouvelles technologies permettent ainsi de renouer avec des formes anciennes « d’action directe », mais sur une échelle beaucoup plus vaste, car elles relient des individus qui ne se connaissent pas. Facebook, twitter et les smartphones diffusent des messages immédiats (SMS) en remplaçant ainsi la correspondance écrite, notamment les tracts et la presse militante qui étaient jusqu’ici les principaux moyens dont disposaient les organisations pour coordonner l’action collective ; l’instantanéité des échanges restituant en partie la spontanéité des interactions en face à face d’autrefois.
Toutefois les réseau sociaux, à eux seuls, n’auraient jamais pu donner une telle ampleur au mouvement des gilets jaunes. Les journalistes mettent constamment en avant ces « réseaux sociaux » pour masquer le rôle qu’ils jouent eux-mêmes dans la construction de l’action publique. Plus précisément, c’est la complémentarité entre les réseaux sociaux et les chaînes d’information continue qui ont donné à ce mouvement sa dimension d’emblée nationale. Sa popularisation résulte en grande partie de l’intense « propagande » orchestrée par les grands médias dans les jours précédents. Parti de la base, diffusé d’abord au sein de petits réseaux via facebook, l’événement a été immédiatement pris en charge par les grands médias qui ont annoncé son importance avant même qu’il ne se produise. La journée d’action du 17 novembre a été suivie par les chaînes d’information continue dès son commencement, minute par minute, « en direct » (terme qui est devenu désormais un équivalent de communication à distance d’événements en train de se produire). Les journalistes qui incarnent aujourd’hui au plus haut point le populisme (au sens vrai du terme) comme Eric Brunet qui sévit à la fois sur BFM-TV et sur RMC, n’ont pas hésité à endosser publiquement un gilet jaune, se transformant ainsi en porte-parole auto-désigné du peuple en lutte. Voilà pourquoi la chaîne a présenté ce conflit social comme un « mouvement inédit de la majorité silencieuse ».
Une étude qui comparerait la façon dont les médias ont traité la lutte des cheminots au printemps dernier et celle des gilets jaunes serait très instructive. Aucune des journées d’action des cheminots n’a été suivie de façon continue et les téléspectateurs ont été abreuvés de témoignages d’usagers en colère contre les grévistes, alors qu’on a très peu entendu les automobilistes en colère contre les bloqueurs.
Je suis convaincu que le traitement médiatique du mouvement des gilets jaunes illustre l’une des facettes de la nouvelle forme de démocratie dans laquelle nous sommes entrés et que Bernard Manin appelle la « démocratie du public » (cf son livre Principe du gouvernement représentatif, 1995). De même que les électeurs se prononcent en fonction de l’offre politique du moment – et de moins en moins par fidélité à un parti politique – de même les mouvements sociaux éclatent aujourd’hui en fonction d’une conjoncture et d’une actualité précises. Avec le recul du temps, on s’apercevra peut-être que l’ère des partis et des syndicats a correspondu à une période limitée de notre histoire, l’époque où les liens à distance étaient matérialisés par la communication écrite. Avant la Révolution française, un nombre incroyable de révoltes populaires ont éclaté dans le royaume de France, mais elles étaient toujours localisées, car le mode de liaison qui permettait de coordonner l’action des individus en lutte reposait sur des liens directs : la parole, l’interconnaissance, etc.
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L’une des questions que personne n’a encore posée à propos des gilets jaunes est celle-ci : pourquoi des chaînes privées dont le capital appartient à une poignée de milliardaires sont-elles amenées aujourd’hui à encourager ce genre de mouvement populaire ? La comparaison avec les siècles précédents aboutit à une conclusion évidente. Nous vivons dans un monde beaucoup plus pacifique qu’autrefois. Même si la journée des gilets jaunes a fait des victimes, celles-ci n’ont pas été fusillées par les forces de l’ordre. C’est le résultat des accidents causés par les conflits qui ont opposé le peuple bloqueur et le peuple bloqué.
Cette pacification des relations de pouvoir permet aux médias dominants d’utiliser sans risque le registre de la violence pour mobiliser les émotions de leur public car la raison principale de leur soutien au mouvement n’est pas politique mais économique : générer de l’audience en montrant un spectacle.
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Au-delà de ces enjeux économiques, la classe dominante a évidemment intérêt à privilégier un mouvement présenté comme hostile aux syndicats et aux partis. Ce rejet existe en effet chez les gilets jaunes. Même si ce n’est sans doute pas voulu, le choix de la couleur jaune pour symboliser le mouvement (à la place du rouge) et de la Marseillaise (à la place de l’Internationale) rappelle malheureusement la tradition des « jaunes », terme qui a désigné pendant longtemps les syndicats à la solde du patronat. Toutefois, on peut aussi inscrire ce refus de la « récupération » politique dans le prolongement des combats que les classes populaires ont menés, depuis la Révolution française, pour défendre une conception de la citoyenneté fondée sur l’action directe. Les gilets jaunes qui bloquent les routes en refusant toute forme de récupération des partis politiques assument aussi confusément la tradition des Sans-culottes en 1792-93, des citoyens-combattants de février 1848, des Communards de 1870-71 et des anarcho-syndicalistes de la Belle Epoque.
C’est toujours la mise en œuvre de cette citoyenneté populaire qui a permis l’irruption dans l’espace public de porte-parole qui était socialement destinés à rester dans l’ombre. Le mouvement des gilets jaunes a fait émerger un grand nombre de porte-parole de ce type. Ce qui frappe, c’est la diversité de leur profil et notamment le grand nombre de femmes, alors qu’auparavant la fonction de porte-parole était le plus souvent réservée aux hommes. La facilité avec laquelle ces leaders populaires s’expriment aujourd’hui devant les caméras est une conséquence d’une double démocratisation : l’élévation du niveau scolaire et la pénétration des techniques de communication audio-visuelle dans toutes les couches de la société. Cette compétence est complètement niée par les élites aujourd’hui ; ce qui renforce le sentiment de « mépris » au sein du peuple. Alors que les ouvriers représentent encore 20% de la population active, aucun d’entre eux n’est présent aujourd’hui à la Chambre des députés. Il faut avoir en tête cette discrimination massive pour comprendre l’ampleur du rejet populaire de la politique politicienne.
Notre président a l’art de la communication avec les Français. Il suffit pour s’en convaincre de dresser un petit florilège de ses piques, adressées ici et là à l’encan depuis quatre ans. Soyons justes : il n’était pas encore élu quand il a commencé à se faire remarquer pour son admirable respect des gens ordinaires, de ceux qui produisent la richesse de la France, les travailleurs et les travailleuses, quels qu’ils soient. En effet, c’est en tant que ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, poste auquel il est nommé le 26 août 2014, qu’il évoque ses ambitieux projets pour enrayer dès demain le chômage de masse qui a cours en France depuis des lustres. Nous sommes sur la chaîne de radio Europe 1, le 17 septembre 2014. Il donne alors au journaliste qui l’interroge, l’exemple d’une petite entreprise bretonne en difficulté, les abattoirs Gad, dont les ouvrières sont menacées de licenciement.
Des ouvrières « illettrées », 17 septembre 2014
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2.« Devenir milliardaire » 7 janvier 2015
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- « Se payer un costard », 27 mai 2016
... - Alcoolisme et tabagisme, 14 janvier 2017
... - « Les gens qui ne sont rien », 29 juin 2017
... - Les Comoriens, 1er juin 2017
... - Athènes, 8 septembre 2017
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8.« Foutre le bordel », 4 octobre 2017
... - Il s’adresse au Président du Burkina Faso, 28 novembre 2017
... - « Président des riches », 13 avril 2018
... - « Un pognon de dingue », 12 juin 2018
... - « Des Gaulois réfractaires au changement », 29 août 2018
... - « Your delicious wife » 1er mai 2018
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14.« Traverser la rue », 15 septembre 2018
... - « Empapaouter », 9 novembre 2018
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Et voilà ! Nous nous sommes donc, nous aussi, fait empapaouter par le jeune cadre dynamique (un « upstart », ce qui signifie un « prétentieux », en anglais) qui a décidé de faire de notre pays une « start-up nation » et de maintenir coûte que coûte le cap qui nous conduit au meilleur des mondes, revu et corrigé par le nouveau professeur Pangloss, c’est-à-dire dans le mur !
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Après le ministère américain de la défense, l’armée chinoise et les supermarchés Walmart, la chaîne de fast-food McDonald’s est le quatrième employeur au monde : près de 2 millions de personnes dans plus de cent pays turbinent chaque jour pour le compte du clown Ronald. L’enseigne aux arches dorées emploie quasiment 80 000 personnes en France et est devenue en quarante ans le premier employeur des jeunes. Son modèle : la franchise (les royalties et les loyers) et le CDI à temps partiel.
A Marseille, niché au cœur des quartiers nord, le restaurant de Saint-Barthélémy va à l’encontre du modèle social dominant de McDonald’s. Les 77 salariés y travaillent pour beaucoup depuis plus de vingt ans. En 25 ans de Big Mac, les salariés ont réussi à conquérir des droits inédits au sein du groupe. L’équipe syndicale du restaurant, emmenée par Kamel Guémari, délégué syndical (Force ouvrière) aux vingt ans d’ancienneté, est même parvenue à exporter son savoir-faire au-delà des frontières de leur quartier enclavé.
Dans les Bouches-du-Rhône, plus de 1200 salariés bénéficient d’un treizième mois grâce à un mouvement de grèves en 2012 initié par l’équipe de ce McDo des quartiers nord, considéré comme le berceau des conquêtes sociales des salariés du groupe en France. Le groupe McDonald’s, à la veille de la célébration de ses quarante ans de présence en France, a souhaité s’offrir un cadeau de choix : se débarrasser par tous les moyens de l’équipe syndicale de ce restaurant. Mais les salariés de Marseille répondent coup par coup, armés du code du travail et d’un avocat de combat.
Les escrocs et les indésirables, les ambassadeurs et les renégats, ce film retrace la place spéciale de ce fast-food dans un quartier miné ; il raconte aussi ce dont McDonad’s a peur : que ses salariés, sensés être eux-mêmes rapidement interchangeables, s’emparent de leur travail, décident de l’organiser eux-mêmes, à l’intérieur du cadre de la deuxième filiale de la plus rentable au monde - McDonald’s France totalise 25% du PIB mondial du groupe.
Réalisation : Julien Brygo
Montage : Robin Vollais
Conseillère éditoriale : Nina Faure
Conseiller au montage : Matthieu Parmentier
Image : Romain Rondet (Primitivi), Nina Faure, Adonis Romdhane
Prise de son : Julien Brygo
Mixage : Yves Zarka
Habillage : Jacques Muller
Pétition à signer :
http://bit.ly/faisons-plier-mcdonald
Fabien Clairefond pour « Les Echos »
CHRONIQUE. Face à la menace climatique, c'est sur les émissions de CO2 que les entreprises et les Etats doivent agir. Tant qu'elles ne seront pas associées à toute information économique, il y a peu de chances que les bonnes décisions soient prises.
La forêt a brûlé, l'ouragan s'est abattu, la sécheresse a frappé, le thermomètre a gémi, les scientifiques se sont à nouveau alarmés... et rien. « La maison brûle et nous regardons ailleurs. » Hélas, Chirac aurait pu utiliser le futur, et pronostiquer : la maison brûlera, et nous regarderons ailleurs, car c'est exactement ce que nous avons fait . Lire aussi : > Le réchauffement, c'est maintenant ! Depuis 2002, les émissions planétaires...
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on peut faire un euro de valeur ajoutée en émettant un gramme comme dix kilogrammes de CO2 dans l'atmosphère : la physique n'étant pas - par construction - dans l'économie, il est impossible de déduire les émissions de manière simple des indicateurs monétaires.
Dès lors, nous commencerons à être sérieux sur la question du climat quand chaque information de nature économique comportera, à côté de chaque valeur exprimée en euros, en voitures ou en logements, la quantité - obtenue de manière séparée, par une comptabilité physique qui s'appelle la comptabilité carbone - de gaz à effet de serre associée.
ndlr :
sous l'anthropocène, la physique devient prépondérante sur la finance. Ainsi la comptabilité devient bidimensionnelle (monétaire, g d'équivalent co2 émis) => concevoir les logiciels libres qui le prendront en compte ACT
Mais pour que cela advienne, il faudra lutter : rendre la lutte des classe tri-dimensionnelle (sociale, écologique, démocratique). En effet, l'histoire a prouvé que tout résultat a été conquis de haute lutte.
Conclusion : pour garantir l'avènement d'une compta bidimensionnel, mettre en oeuvre une action qui l'est également : comptabilité carbone ET lutte des classes.
Le meilleur moyen n'est-il pas la grève générale ?!
ACT