Classé « fou » en 1923 par le Dr Prinzhorn, « brut » en 1945 par Dubuffet, « outsider » par Lucienne Peiry, « singulier » lors d’un salon en 1978, « modeste » par Hervé Di Rosa, « naïf » comme le Douanier-Rousseau voire « populaire » comme le facteur Cheval, l’art hors normes des créateurs préservés de tout conditionnement artistique, autodidactes ou internés d’hôpitaux psychiatriques forme un paysage composite difficile à typologiser. Stigmatisé par les nazis comme dégénéré, longtemps ignoré par l’establishment culturel, cet art irrécupérable, qu’il soit d’inspiration socialement marginale (Cheval ou Chaissac), médiumnique (Crépin ou Lesage) ou psychopathologique (Wölfli, Aloïse, Darger, Walla…), rencontre aujourd’hui un public de plus en plus large. Signe d’un temps où l’art contemporain s’essouffle souvent dans son surcodage, aussi transparent et bling bling qu’un crâne de diamants, les institutions lorgnent de plus en plus vers lui. Avec le musée de Lausanne pour Mecque, la Halle Saint-Pierre à Paris pour préfecture, les marges de l’art sont aujourd’hui de sortie à Lyon avec la BHN.
La vie et la beauté ne sont pas raisonnables
L’art brut n’est donc pas en premier lieu une remise en cause esthétique et psychanalytique, mais bien plutôt sociologique, politique et anthropologique.
Marc Uhry
Rédigé par Marco3 avril 2018 Chroniques zébrées, Expos, Théâtre & Danse, Non classé