Résumé
Deux ancrages distincts sont à l’origine des initiatives de médiation sociale au Québec. Le premier provient de la mobilisation des organismes de justice alternative du Québec, le second, des politiques urbaines de la Ville de Montréal. Ces points d’ancrage, tout en s’interpénétrant occasionnellement, engendrent des pratiques de médiation portées par des fondements et des principes différents. Le premier favorise des pratiques sociales fondées sur les principes de démocratisation de la justice et du droit (principe de l’accès au droit) et sur la quête d’alternatives aux modes traditionnels de réaction sociale (en particulier celle de modalités non punitives de règlements des conflits). Il propose de favoriser un modèle de médiation non professionnalisé, c’est-à-dire intégrant des citoyens formés aux pratiques de la médiation. Le second émane des politiques publiques de la Ville de Montréal ; celles-ci fondent des pratiques de médiation fortement teintées par des enjeux de sécurisation, de pacification, d’inclusion sociale et de cohabitation sociale harmonieuse dans l’espace public et pour lesquelles le recours à des professionnels de la médiation est privilégié.
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Ndlr : la médiation généraliste aurait-elle la capacité à faire la synthèse entre ces deux approches antagonistes en prenant en compte les problématiques de l'ensemble des parties prenantes ? C'est ma conviction. Vérifier ACT
Encadré par le directeur du CAJ et le responsable du secteur "loisirs éducatifs", vous mettrez en place une action globale d'accompagnement des publics de quartiers prioritaires de la ville, principalement les jeunes vers le service public de l'emploi.
- Aller au contact des jeunes ;
- Organiser des permanences, actions d'information sur les offres disponibles ;
- Identifier les habitants non suivis par le service public de l'emploi et orienter les jeunes suivis par les plates-formes de lutte contre le décrochage ;
- Accompagner les habitants dans leurs démarches d'inscription auprès du service public de l'emploi ;
- Travailler en lien et concertation avec les partenaires (ADSEA, OMEGA, CIJ, Pôle emploi, mission locale, etc.) ;
- Rédiger compte-rendus et bilan d'action.
Travail ponctuellement en horaires décalés.
Dans le cadre d'un contrat adulte relais: à compétences égales, priorité sera donnée aux 30 ans et plus ET sans emploi ET résidant en Quartier Prioritaire de Ville
Type de contrat Contrat à durée indéterminée
Durée du travail 35H Horaires normaux
Salaire Salaire : indice 265 conv coll animation
Profil souhaité
Expérience 1 an - travail social avec des jeunes Cette expérience est indispensable
Savoirs et savoir-faire
- Aptitude à travailler en réseau : Cette compétence est indispensable ; Capacité à aller vers les autres ; Cette compétence est indispensable ; Accueillir les personnes ; Analyser la situation et les besoins de la personne ; Établir des contacts avec la population locale de la zone d'affectation et promouvoir les initiatives de réunions de concertation ou de consultation, ...Organisation du système sanitaire et social ; Organiser les modalités d'intervention de médiation sociale (lieux, stratégie d'action, consignes, ...)
Savoir-être professionnels Travail en équipe ; Sens de la communication ; Autonomie
Permis B - Véhicule léger Souhaité
Informations complémentaires Qualification : Employé qualifié Secteur d'activité : Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire
Entreprise
CLUB AINES ET JEUNES LA GRAND FONT
20 à 49 salariés
L’anthropologue Philippe Descola nous a fait reconsidérer l’idée de nature. Sa pensée a profondément influencé l’écologie, et dessine la voie d’une nouvelle relation entre les humains et le monde dans lequel ils sont plongés. Reporterre a conversé avec lui : voci son interview, à écouter en podcast et/ou à lire.
Philippe Descola est titulaire de la chaire d’Anthropologie de la nature au Collège de France et directeur du Laboratoire d’anthropologie sociale (ENS/EHESS). Il est l’auteur des Lances du crépuscules (Plon, 1993) et de Par delà nature et culture (Gallimard, 2005).
... Jeune étudiant, dans les années 1970, vous êtes parti au fin fond de l’Amazonie, entre l’Équateur et le Pérou, à la découverte des Achuars. Vous y avez passé deux à trois ans en immersion et plus tard plusieurs séjours. ... suradaptés à la nature, des êtres véritablement primitifs parce qu’ils étaient naturalisés. C’étaient des « peuples naturels ». Cela pose des questions quand on s’intéresse au rapport que des sociétés entretiennent avec leur environnement. Où est le social, où est la médiation sociale dans un tel système ? ... j’ai été en Amazonie avec l‘idée que peut-être, s’ils n’avaient pas d’institutions sociales immédiatement visibles c’était parce qu’ils avaient étendu les limites de la société au-delà du monde des humains. ... C’était un pressentiment. L’enquête ethnographique prend du temps ... L’oniromancie, c’est-à-dire l’interprétation des rêves. ... le manioc ... plante toxique, le barbasco ... on s’adresse directement à l’âme de ces humains ou des non-humains ...
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les Achuars maintenaient en permanence une sorte de fil de communication avec des interlocuteurs humains et non-humains par l’intermédiaire de ces incantations magiques ... les non-humains étaient tout sauf la nature. C’étaient des partenaires sociaux qui n’étaient pas divinisés ni sacralisés puisqu’on les chassait, qu’on les mangeait, plantes comme animaux. Néanmoins, ils étaient dotés d’une dignité de sujets qui permettait une communication de sujet à sujet. Cela était quelque chose qui apparaissait en filigrane dans beaucoup de théories des religions dites primitives, depuis longtemps. Depuis Fraser, au début du XXe siècle. ... l’attention que chaque être vivant requiert et le soin qui est nécessaire pour le maintenir en vie ... l’idée que les non-humains sont animés par une intention, des projets, des buts qui les font entrer en communication les uns avec les autres. Et qui permet la communication entre humains et non-humains. C’est-à-dire que ce sont des êtres qui ne diffèrent pas tant de nous par leurs capacités ou par leurs dispositions à établir des relations que par des atouts physiques qui leur sont particuliers. cela correspond à l’idée que le grand éthologue Jacot von Uexkül avait développée. Que chaque espèce vit dans un monde singulier qui est fondé sur sa capacité à utiliser du fait de sa biologie propre, des éléments de sa niche écologique. Mais alors que chez Yacob von Uexkül, chaque espèce vit dans une bulle, chez les animistes, la communication est rendue possible par cette espèce de langue universelle qu’est le dialogue des âmes. ... Heidegger avait bien mis en évidence que la nature est une sorte de boîte vide qui permet de donner une saillance à tous les concepts auxquels on va l’opposer. Moi, je m’en sers pour signifier la distance qui s’est établie entre les humains et les non-humains ... Non seulement les Achuars n’ont pas de terme pour désigner la nature, mais c’est un terme quasiment introuvable ailleurs que dans les langues européennes, y compris dans les grandes civilisations japonaise et chinoise. ... le capitalisme a besoin de ce sous-bassement que j’ai appelé le naturalisme ; c’est-à-dire cette distinction nette entre les humains et les non-humains, la position en surplomb des humains vis-à-vis de la nature ... en Chine ... dans ce qu’a été l’expérience industrielle de l’Union Soviétique, fondée sur l’idée des humains démiurges ... Inventer des formes alternatives d’habiter la Terre, des formes alternatives de s’organiser entre humains et d’entretenir des relations avec les non-humains. Je reprends la formule de Gramsci, « le pessimisme de la lucidité et l’optimisme de la volonté ». ... changer les choses. Comment ? Et bien par la multiplication d’expériences que je trouve originales dans le monde européen. J’étais à Notre-Dame- des-Landes, il n’y a pas très longtemps, sur la Zad. Et, je trouve que c’est une expérience - ce n’est pas la seule ... degré de réflexivité ... La capacité à poursuivre un projet dont on va examiner toutes les composantes ... Comment on se débrouille pour faire vivre cela en faisant un pas de côté par rapport aux contraintes politiques légales et administratives d’un État moderne capitaliste ou libéral ? ... l’identité qui s’est constituée peu à peu ou l’identification entre les humains et certains non-humains menacés, les tritons, les salamandres, les grenouilles, etc.. Ce qui m’a frappé par exemple, c’est l’attention des gens qui s’intéressent à la forêt. Il y a une petite forêt, qui est exploitée d’ailleurs, dans une attention à l’individualité des arbres.
Cette attention à la cohabitation tranche complètement avec la foresterie industrielle, de même que les techniques de maraîchage tranchent là avec l’agriculture industrielle. Cette attention profonde à la singularité des êtres vivants avec lesquels les zadistes entrent en contact me frappe parce que j’ai vu la même chose en Amazonie. ... vivent une sorte d’Epiphanie. Ils essayent de travailler à l’intérieur d’un collectif où l’on partage à peu près tout, avec cette espèce d’identité profonde, d’identification profonde, qui est singulière.
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On ne peut pas devenir des Achuars. On peut devenir des humains différents de ce que nous avons été ou de ce que nous sommes. Découvrir des façons alternatives de vivre pour essayer de nous transformer nous-mêmes.
Thèse : "La nature domestique de Ph D. à la MSH ; Les lances du crépuscule (+accessible) collection Terre humaine ; & 1petit livre "L'écologie des autres et l'anthropologie et la question de la nature, éd QUAE
Lire aussi : Alessandro Pignocchi : « Il n’y a pas d’écologie sans lutte collective contre le monde de l’économie » https://reporterre.net/Alessandro-Pignocchi-Il-n-y-a-pas-d-ecologie-sans-lutte-collective-contre-le-monde-de-l
Réalisation du podcast : L’équipe de Ground Control https://www.groundcontrolparis.com/ avec Laura Eisenstein à la production, François Touchard à la réalisation et Frédéric Haury pour les micro-trottoirs.
Ndlr :
- on retrouve ici des ingrédients de la théorie de la médiation ? cadre, distance, interrelations, etc. => creuser ACT
- ces peuples nous transmettent des savoir-être primordiaux pour inventer/restaurer notre rapport aux autres, au vivant. => valoriser politiquement ce trésor à préserver coûte que coûte. MpT peut y contribuer ACT
Jeudi 13 juin 2019, à 20h45, Boubacar, médiateur de la ville de Gennevilliers, est brutalement interpellé par la BAC de Clichy. L'interpellation est filmée et provoque l'indignation du maire qui demande une enquête. Boubacar, lui, porte plainte. Mais six mois après les faits, aucunes nouvelles. "C'est le néant".
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Cela aurait pu être une banale histoire d'interpellation policière trop musclée, comme il en arrive (trop) souvent dans les quartiers populaires. Sauf que cette fois la scène a été filmée et qu'elle a provoqué l'indignation du maire de Gennevilliers, Patrice Leclerc, et de la députée de la circonscription, Elsa Faucillon. Car Boubacar, 31 ans, est médiateur de la ville depuis six ans. Un agent municipal qui "assume ses fonctions avec un grand sens des responsabilités", selon un courrier adressé au préfet des Hauts de Seine au lendemain de l'interpellation, et dans lequel Patrice Leclerc demande qu'une "enquête soit engagée sur ces faits".
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Suite à cette interpellation, le médecin a constaté un état de "stress post-traumatique", et lui a prescrit trois mois d'arrêt de travail. Boubacar a déposé deux plaintes, l'une auprès de l'IGPN, l'autre auprès du procureur de la République, dont il est sans nouvelles. Aucun des témoins qui a assisté à la scène n'a été auditionné. Depuis qu'il a déposé plainte, Boubacar a été intimidé à plusieurs reprises par des policiers dans la rue. Pourtant, il dit avoir déposé plainte "en paix".
J'ai besoin de savoir que la France n'est pas d'accord avec ce genre de choses. Ça s'est passé, c'est réel, c'est sous nos yeux. Qu'est-ce qu'on en fait? Moi c'est ça ma question.
Récemment, le président Emmanuel Macron s'est dit "bouleversé" par le film de Ladj Ly Les Misérables, qui retrace l'histoire d'une bavure policière à Montfermeil, tout près de Gennevilliers. L'histoire de Boubacar qui, elle, est bien réelle permettra-t-elle de lever un tabou et de poser la question des violences et de l'impunité policière dans les quartiers populaires ? Un prérequis indispensable pour apaiser les relations entre la police et la population.
A lire pour aller plus loin
L'Ordre et la Force , le rapport d’enquête de l'ACAT sur les violences policières en France ces dix dernières années qui montre qu'il existe de graves défaillances dans les enquêtes administratives et judiciaires effectuées à la suite de plaintes pour violences policières.
La médiation ou les avatars d'une catégorie d'action publique : Les agents de ‘‘médiation'' en action
Jacques De Maillard 1
1 Pacte, Laboratoire de sciences sociales
Résumé : des activités labellisées « médiation sociale » se sont multipliées ces dernières années. Plus précisément, des agents dits de médiation sociale, employés par des bailleurs, des transporteurs, des municipalités ou des associations ont connu une croissance considérable. Cet article, appuyé sur une recherche portant sur ces agents, dont l'appellation administrative était « agents locaux de médiation sociale », tente de préciser les raisons de cette montée en puissance, mais surtout met en évidence les difficultés, barrières et incertitudes, dans l'exercice de cette activité de médiation.
Mots-clés : insécurité ; médiation ; métiers ; banlieues
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Dans un parallélisme frappant avec la médiation pénale, troisième voie entre classement sans suite et poursuite, la médiation sociale s’inscrit donc dans la volonté de promouvoir des solutions échappant à l’alternative entre traitement policier et travail social, entre répression et prévention, en évitant le recours à une sanction imposée tout en favorisant une responsabilisation des personnes en conflit.
Dès lors, on aimerait ici examiner une question simple : est-il possible de dire que ces activités qualifiées de « médiatrices » s’inscrivent dans ce que l’on peut appeler des activités de médiation ? Est-ce que le nom recouvre la substance ? Nous verrons assez rapidement que la réponse est plutôt négative, ces agents font autre chose que de la médiation, que l’on peut définir comme «
un processus consensuel et non décisionnel au cours duquel un tiers impartial et indépendant a pour mission d’établir les conditions d’une communication entre les opposants afin qu’ils recherchent eux-mêmes une solution à leur différend » (Faget et Wyvekens, 2002, p. 396).
Ils ont du mal à se positionner en tiers neutre, aidant à la résolution des conflits. Les raisons à cet état de fait sont multiples, elles tiennent à la difficulté qu’ils ont à mobiliser les compétences nécessaires à l’exercice de l’activité de médiation mais elles proviennent également du rôle qui leur est attribué par les professionnels, les organisations ainsi que par le public avec lequel ils sont en relation. Ces agents cherchent à se bricoler une place dans les espaces sociaux, territoriaux et professionnels mais vivent difficilement les tensions qui sont
au cœur de l’activité de médiation.
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resitué dans un contexte social plus général, et notamment les tensions d’une France fragmentée, tensions qui contribuent à rendre instable la définition de la médiation sociale.
Fort du succès de la première édition de CIVIGAZ (2015-2018), GRDF, FACE, collectivités locales et bailleurs sociaux se mobilisent pour un nouveau programme CIVIGAZ. La ville d’Angoulême a été choisie, avec sept autres territoires, pour expérimenter ce nouveau dispositif. L’association de médiation OMEGA rejoint le dispositif et accompagne son déploiement opérationnel.
Pour réaliser cette mission, six volontaires du service civique sont recrutés à Angoulême et formés par OMEGA. Ces jeunes mèneront une mission d’intérêt général tout en bénéficiant d’un accompagnement personnalisé dans la construction de leur projet professionnel (1 jour par semaine tout au long de leur 7 mois de mission). ... https://www.youtube.com/watch?v=_rW6GihTPj8