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Disponible jusqu'au 09/07/23 - Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Les méga-feux font rage au Canada. Le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC) recense plus de 400 incendies en cours, dont la moitié sont hors de contrôle, dans ce pays où les immenses étendues boisées sont rarement accessibles par la route. Les fumées qui s’en dégagent couvrent un tiers des États-Unis à l’est du Mississippi et descendent jusqu’en Caroline du Sud, sur la côte. Ces fumées chargées de particules fines sont dangereuses pour la santé. Près de 100 millions d’Américains, concernés par une alerte sur la qualité de l'air, sont appelés à se protéger : port du masque, événements en extérieur annulés, école à distance...Une pollution qui a pris la forme, depuis mercredi, d'un épais brouillard orangé qui s'est répandu sur la ville de New York et sur une large partie de la côte est du pays. Des grandes villes canadiennes comme Montréal et Ottawa sont aussi touchées et des vols ont dû être annulés faute de visibilité. Cet épisode de pollution atmosphérique rare constitue "un rappel brutal des conséquences du changement climatique", a déclaré le président américain Joe Biden.
Les secours canadiens estiment que 50 % des départs de feux sont causés par l’homme – mégots de cigarette, appareils électriques…. - mais ils prospèrent davantage avec le réchauffement climatique, qui fournit le combustible et les conditions : des végétaux secs, des chaleurs extrêmes et un vent omniprésent depuis des semaines. Selon les climatologues, le Canada se réchauffe plus vite que le reste de la planète. "La moyenne mondiale est de 1,1 °C supplémentaire depuis l’ère préindustrielle. Ici, c’est globalement 1,7 °C, et 3 °C dans de nombreux endroits", explique le directeur de l’adaptation à l’Institut climatique du Canada. "La quantité de forêts brûlées devrait doubler d’ici à 2050 en raison de notre changement climatique", a affirmé le ministre canadien des Ressources naturelles.
Un réchauffement climatique qui s’accroît désormais à un rythme de plus en plus rapide, avec des émissions de gaz à effet de serre à un niveau inédit, selon une vaste étude internationale publiée ce jeudi dans la revue Earth System Science Data. "Sur la période 2013-2022, le réchauffement causé par l’humanité a augmenté à un niveau sans précédent de plus de 0,2 °C par décennie", écrivent une cinquantaine de chercheurs de renom, s’appuyant sur les méthodes du Giec, les experts climat mandatés par l’ONU. Les scientifiques préviennent que l’humanité se retrouve face à une décennie "critique" alors que le seuil de 1,5 °C pourrait être atteint ou dépassé au cours des dix prochaines années.
Et pour l’Arctique c’est un scénario noir qui est déjà annoncé. Même si nous réduisons nos émissions de gaz à effet de serre, la glace de mer d’été va disparaître dans les prochaines décennies, selon une autre étude publiée par la revue Nature Communications. Peut-être même 10 ans plus tôt que prévu par le Giec. "Les résultats indiquent que le premier mois de septembre sans glace de mer interviendra dès les années 2030-2050, quels que soient les scénarios d’émissions", écrivent les scientifiques. La disparition de la glace "accélérera le réchauffement arctique, ce qui peut augmenter les événements météorologiques extrêmes aux latitudes moyennes, comme les canicules et les feux de forêts". "Cela peut aussi accélérer le réchauffement mondial, en faisant fondre le permafrost, ainsi que la montée du niveau des océans en faisant fondre la calotte glaciaire du Groenland", ajoute les chercheurs.
Parallèlement, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) vient d’indiquer que le phénomène météorologique El Nino a officiellement commencé et devrait « se renforcer graduellement » dans les mois qui viennent. C’est un phénomène qui se produit environ tous les deux à sept ans, caractérisé par des températures de surface plus chaudes que la normale dans l’océan Pacifique équatorial, mais qui a des conséquences pour toute la planète. En fonction de sa force, El Nino peut notamment accroître le risque de fortes précipitations ou de sécheresse dans certaines régions du monde.
Une sècheresse qui touche déjà un quart de l’Europe, notamment l’Espagne où la guerre de l’eau s’intensifie. Dans ce pays considéré comme le "potager de l'Europe", les effets de l’urgence climatique ont brutalement fait irruption dans la vie des espagnols avec la crise de l’eau et le pays s’interroge sur son modèle agricole, à savoir une agriculture intensive de plantations gourmandes en eau comme notamment les fraises et les avocats, qui absorbe près de 80 % des ressources hydriques du pays. Les autorités s'inquiètent également du détournement clandestin de l'eau. De nombreux agriculteurs sont en effet reliés illégalement au réseau et contribuent à appauvrir les réserves déjà faibles.
En France où plusieurs régions sont également déjà touchées par la sécheresse, on se prépare à connaître de fortes chaleurs durant l'été. Le gouvernement vient ainsi de dévoiler un plan canicule en "15 actions". Des SMS seront notamment envoyés à la population en cas de grandes chaleurs. "Il s’agit encore de mesurettes" a dénoncé Jérôme Frignet, directeur des programmes de Greenpeace France. "Ce n’est pas du tout ce qu’on attend du gouvernement. On attend de lui de se préparer au pire de manière beaucoup plus sérieuse que les mesures ne le laissent penser. Ils sont en réaction à l’actualité. Il n’y a aucune prévention, aucune anticipation là-dedans".
Lors de l’été 2022, deuxième été le plus chaud depuis 1900, avec trois vagues de forte chaleur et 33 jours de canicule au total, la France a enregistré une surmortalité de 10 420 morts par rapport à 2019 selon l’agence Santé publique France. En 2003, la canicule qui avait frappé la France du 1er au 20 août avait fait environ 14 800 morts.
Alors quelle est la situation au Canada et aux Etats-Unis ? Le phénomène climatique El Niño est de retour en 2023, quelles conséquences sur la météo ? Jusqu'où ira la guerre de l’eau en Espagne ? Enfin comment la France se prépare-t-elle aux fortes chaleurs attendues cet été ?
Nos experts :
- Nicolas Chateauneuf, journaliste sciences et environnement - “France Télévisions”
- Audrey Garric , journaliste au service Planète - “Le Monde”
- Emma Haziza, hydrologue
- Eric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des Sapeur-pompiers de France
Pierre Larrouturou a aimé Audrey Garric @audreygarric · 8h
Une nouvelle étude suggère l’existence d’un point de non-retour pour le Groenland, entre 1,5 et 2,5 °C de réchauffement. Découverte inquiétante et histoire fascinante - l'examen de sédiments provenant d'une base secrète américaine et oubliés pendant 50 ans
La calotte glaciaire du Groenland a déjà fondu au moins une fois au cours du dernier million...
De nouveaux travaux suggèrent l’existence d’un point de non-retour dont on serait aujourd’hui proche, qui se situe probablement entre 1,5 et 2,5 °C de réchauffement.
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