Enquête — Énergie
Détruite sous l’ère Merkel, l’industrie photovoltaïque retrouve des couleurs et rêve d’indépendance vis-à-vis du géant chinois. Reportage au cœur de la « Solar Valley ». [3/4]
Vous lisez la partie 3 de l’enquête « En Allemagne, la transition à tout prix ». Relisez la partie 1, la 2.
Bitterfeld-Wolfen (Allemagne), reportage
Jochen Fritsche craint l’espionnage industriel comme la peste. Dans son usine de cellules pour panneaux solaires, à Bitterfeld-Wolfen, dans l’est de l’Allemagne, les smartphones sont interdits. Pas le droit non plus de faire de larges prises de vue de la chaîne de production ou de certaines machines, protégées par des dizaines de brevets. « Nos concurrents pourraient copier notre façon de procéder », justifie-t-il.
Les concurrents de Jochen Fritsche, ce sont les entreprises chinoises qui concentrent à elles seules 98 % de la fabrication de ces cellules. Le site du groupe Meyer Burger est le seul d’Europe à produire à l’échelle industrielle ces petits carrés de métal bleu, pièce maîtresse des panneaux photovoltaïques.
Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. En 2011, l’industrie solaire allemande était numéro 1 et comptait plus de 150 000 salariés. La première économie d’Europe était à la pointe de la recherche technologique. Une avance considérable. Las, les dirigeants allemands de l’ère Merkel ont délibérément choisi de saborder la filière.
Plus de la moitié des ouvriers et ouvrières de l’usine travaillaient dans l’industrie solaire allemande avant la crise qu’a connu la filière en 2012. © Stefanie Loos / Reporterre
Accusé de faire grimper les prix de l’électricité, le photovoltaïque est devenu à l’époque la cible du parti conservateur de la chancelière. En 2012, il a réduit drastiquement les subventions et a divisé par quatre le plafond autorisé pour de nouvelles installations solaires. « Lever le pied sur la transition énergétique » était l’objectif assumé de Peter Altmaier, le bras droit de la chancelière. Le puissant lobby du charbon l’a encouragé. « Le photovoltaïque en Allemagne, ça a autant de sens que de faire pousser des ananas en Alaska », raillait Jürgen Großmann, le patron de RWE, le plus gros énergéticien du pays, exploitant du bassin minier rhénan.
Les résultats ne se sont pas fait attendre. Les carnets de commandes des usines se sont vidés, les faillites se sont enchaînées. En quatre ans seulement, 100 000 employés se sont retrouvés au chômage. Ce qu’il restait du marché allemand fut récupéré par la Chine, qui a flairé la bonne affaire et a fait du solaire, au contraire, une priorité. L’Allemagne a perdu à la fois une industrie florissante et la dynamique de sa transition énergétique avec des conséquences qui se font encore sentir : dix ans plus tard, le déploiement du solaire dans le pays n’a jamais retrouvé son niveau d’antan.
Jochen Fritsche a connu cette époque. « Il a manqué d’une vision, de la reconnaissance que le solaire est un élément stratégique de notre approvisionnement en énergie, analyse-t-il aujourd’hui. De toute façon, c’était une époque où les politiciens ne voyaient pas le problème de laisser partir des filières clés à l’étranger, comme la pharmacie ou l’électronique. »
Jochen Fritsche, directeur de l’usine de cellules solaires Meyer Burger de Bitterfeld-Wolfen. © Stefanie Loos / Reporterre
« Nous pouvons la faire redémarrer »
Aujourd’hui, les choses ont changé. Angela Merkel a pris sa retraite politique, et la coalition qui dirige l’Allemagne depuis un an a de très grandes ambitions pour l’énergie solaire. Elle doit devenir la première source de production d’électricité avec un objectif de 215 gigawatts en 2030 et 400 gigawatts en 2045 — contre 59 installés début 2022. « Il est incompréhensible pour moi qu’on ait laissé s’effondrer notre industrie, déplore l’écologiste Robert Habeck, l’actuel vice-chancelier allemand. Mais nous pouvons la faire redémarrer. »
L’Allemagne est à la croisée des chemins. Les renouvelables n’ont jamais été aussi populaires, en particulier le solaire, à la fois bon marché et facile à installer. L’invasion russe en Ukraine et la crise des énergies fossiles ont créé un choc dans l’opinion. Au-delà de la nécessité de décarboner l’économie pour protéger le climat, « la guerre en Ukraine montre que ce sont les renouvelables qui permettent à la fois d’assurer notre approvisionnement de façon autonome et de faire baisser les prix », explique le directeur de l’Institut de Wuppertal pour le climat, Manfred Fischedick.
Le solaire doit devenir la première source d’électricité en Allemagne d’ici 2030. © Stefanie Loos / Reporterre
Certains les qualifient même d’« énergies de la liberté ». Mais le sont-elles vraiment, lorsque tout ou presque vient de Chine ? De l’extraction du silicium jusqu’au module, Pékin détient plus de 80 % des étapes nécessaires à la fabrication de panneaux solaires. « Il faut bien voir les conséquences de cette dépendance : les usines chinoises tournent massivement au charbon, et une partie d’entre elles fait appel à du travail forcé », explique Nadine Bethge, ancienne ingénieure dans le solaire, aujourd’hui experte pour l’association environnementale Deutsche Umwelthilfe. L’industrie solaire chinoise se concentre notamment dans la région du Xinjiang, où la communauté ouïghoure est victime d’une violente répression.
Volker Quaschning, de l’Université des sciences appliquées de Berlin, insiste aussi sur les incertitudes géopolitiques, en particulier avec les visées du régime de Xi Jinping sur l’île de Taïwan. « Qui nous garantit que dans cinq ans, on aura encore de bonnes relations avec la Chine ? S’ils cessent de nous fournir en cellules solaires, notre transition énergétique est morte », considère le chercheur.
Éviter de dépendre de la Chine
Ce risque taraude le pouvoir. Le photovoltaïque doit devenir synonyme de « Souveränität » — le mot est emprunté au français —, et donc être relocalisé. Il s’agit d’éviter de passer d’une dépendance à la Russie, avec les énergies fossiles, à une dépendance à la Chine, avec les renouvelables. En visitant cet été l’usine Meyer Burger de Bitterfeld-Wolfen, le vice-chancelier allemand a voulu envoyer un signal. « Je vois l’opportunité d’un retour en force de l’industrie solaire en Allemagne », a assuré Robert Habeck. Il en va, a-t-il dit, de « la sécurité nationale et européenne ».
Chez Meyer Burger justement, on connaît bien la Chine. Jusqu’en 2020, le groupe équipait l’industrie photovoltaïque de l’Empire du Milieu en appareils de découpe et de mesure. « Une machine, c’est facile à copier. Il suffit de la démonter pour comprendre comment elle est faite », dit Annegret Schneider, en charge de la communication de l’entreprise. Ainsi, lorsque les usines chinoises se sont mises à fabriquer leurs propres machines, les ventes de Meyer Burger ont décliné. La société a alors pressenti les risques pour son modèle économique, mais aussi, plus globalement, pour le succès de la transition énergétique. Elle a changé complètement de stratégie : plutôt que vendre sa dernière génération de machines-outils, elle l’a gardée pour elle, et s’est lancée dans la production de cellules et panneaux solaires. En Europe, pour le marché européen.
Son nouveau point de chute est une évidence : ce sera la « Solar Valley » de Bitterfeld-Wolfen, où ont travaillé autrefois Jochen Fritsche, mais aussi son PDG, le physicien allemand Gunter Erfurt. À son zénith en 2011, l’écosystème d’entreprises et de centres de recherche spécialisés comptait 3 500 emplois et promettait un avenir radieux à cette région désindustrialisée d’ex-Allemagne de l’Est.
La Solar Valley employait 3 500 personnes en 2012, à peine quelques centaines aujourd’hui. © Stefanie Loos / Reporterre
« Solar Valley »
Au milieu des herbes hautes et des bâtiments abandonnés, Meyer Burger a réaménagé une ancienne halle de 27 000 m2, inaugurée à l’été 2021. « On est sur un terrain fertile ici », dit Jochen Fritsche, déclinant les avantages : « les locaux adaptés », « le soutien des autorités locales » et surtout « le personnel qualifié ». Plus de la moitié des ouvriers de l’usine travaillaient il y a dix ans dans le solaire. Sous leur contrôle, les bras des robots s’agitent en cadence pour produire 300 000 cellules par jour. Elles rejoignent la deuxième usine du groupe, à 150 kilomètres de là, pour être assemblées en panneaux solaires. À Freiberg, en Saxe, Meyer Burger a, là aussi, fait revivre un ancien site industriel solaire.
En déambulant dans l’usine de Bitterfeld, Jochen Fritsche détaille le processus de fabrication des cellules, de la plaquette de silicium au produit fini, « en quatre étapes au lieu de dix habituellement ». Un nouveau procédé sans plomb, moins gourmand en énergie et en produits chimiques permet, selon les dires du patron, d’obtenir une cellule 20 % plus performante que la concurrence. Une avance technologique « made in Germany » que Meyer Burger, cette fois, ne compte pas dilapider.
La quasi-totalité de la chaîne de production a été automatisée. L’usine emploie 250 salariés. © Stefanie Loos / Reporterre
L’entreprise vend en Allemagne, mais aussi en Autriche, en Suisse, en Belgique ou en France. Le moral est bon et le carnet de commandes plein « au moins jusqu’à mi-2023 ». Depuis l’ouverture, les machines tournent 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Les Allemands seraient-ils prêts à payer un peu plus cher pour soutenir le redémarrage de la production nationale face au low cost chinois ? Oui, répond sans hésiter Kerstin Lopau, qui accompagne les particuliers dans l’installation de panneaux solaires. Son association SoLocal Energy se fournit auprès de Heckert Solar, l’un des rares fabricants qui a survécu à la crise de 2012. « La question des droits de l’Homme est importante pour nous, personne ne doit souffrir pour notre transition énergétique », explique-t-elle.
Chez Enerparc, l’un des plus gros développeurs et exploitants de parcs photovoltaïques, on observe aussi un changement de mentalité. « Nous travaillons directement pour des clients comme Ikea ou Volkswagen, qui veulent maintenant savoir d’où viennent nos installations », dit Stefan Müller, responsable du développement commercial. Il en va de la « réputation » des entreprises, dit-il, alors qu’une loi les contraignant à faire respecter des normes bien plus strictes chez leurs sous-traitants, en matière de protection de l’environnement et des droits de l’Homme, entrera en vigueur en janvier prochain.
La demande est bien là. Mais les obstacles restent nombreux. L’industrie solaire allemande compte trois fois moins d’employés qu’il y a dix ans. La chaîne de production en amont des cellules solaires est quasi inexistante, avec un seul fournisseur de polysilicium pour toute l’Europe. La filière de recyclage est balbutiante.
Or « le temps presse », s’impatiente Nadine Bethge, de la Deutsche Umwelthilfe. « Le risque d’une guerre commerciale est présent », non seulement avec la Chine, mais aussi avec les États-Unis, qui ont débloqué des aides massives pour relocaliser l’industrie solaire sur leur sol. « Ces deux pays ont besoin de panneaux solaires pour remplir leurs propres objectifs, pourquoi nous les vendraient-ils ? s’interroge Nadine Bethge. Il faut absolument inciter les usines à ouvrir en Europe. »
Les cellules de panneaux solaires sont fabriquées à partir de silicium, un matériau semi-conducteur abondamment utilisé dans l’électronique. © Stefanie Loos / Reporterre
À ce stade, seul l’objectif est clair : la Commission européenne veut atteindre 30 GW de capacité de production européenne d’ici 2025, sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Les moyens pour y parvenir le sont moins. Lancée le 9 décembre par l’UE, l’Alliance industrielle de l’industrie solaire doit permettre d’encourager les investissements. À Berlin, le gouvernement dit réfléchir à la mise en place de « garanties d’État » pour les investissements dans la production et l’installation d’électricité verte. La proposition d’un « Buy European Act » défendue par la France, qui favoriserait la production « made in Europe », a été accueillie chaleureusement, sans que ses contours n’en soient vraiment définis.
La filière, elle, veut croire en son avenir. Meyer Burger prévoit de tripler sa production d’ici 2024 et mise sur son partenariat avec l’institut Fraunhofer, le plus grand centre de recherche solaire du monde, pour améliorer encore sa technologie. Heckert Solar vient de s’agrandir tout comme Solarwatt, un autre fabricant. En France et en Italie, deux usines géantes sont en projet. « En recherche et développement, l’Europe est toujours leader, souligne le PDG de Meyer Burger, Gunter Erfurt. Les chaînes d’approvisionnement sont petites, mais réactivables et agrandissables. » Il en est convaincu : « C’est maintenant ou jamais ! »
• La suite de notre enquête : L’Allemagne joue l’éolien marin pour sortir du charbon
12 photos - Durée de lecture : 10 minutes
Gros plan sur notre tissu fascial, qui entoure à la manière d'un bandage à la fois dense et irrégulier les éléments composant notre corps : nos organes, nos muscles, nos os. Cet organe méconnu et vital suscite parmi les chercheurs en médecine un intérêt et un espoir croissants.
Cela fait plus de trente ans que la fasciathérapie a fait son apparition en Occident parmi les médecines douces. Mais jusqu'à récemment, c'est dans la discrétion que ses praticiens et patients exploraient un continent largement ignoré du grand public. Depuis une dizaine d'années, le tissu fascial, qui entoure à la manière d'un bandage à la fois dense et irrégulier les éléments composant notre corps (nos organes, nos muscles, nos os), mobilise un nombre croissant de recherches. Encore largement mystérieux pour la science, ce gigantesque réseau de fibres blanchâtres, qui relie toutes ces parties et, surtout, leur permet de fonctionner ensemble, commence à dévoiler une partie de ses pouvoirs grâce aux études de plusieurs pionniers interrogés ici, anatomistes et médecins, notamment.
Visibles à l'échographie, sensibles à l'acupuncture et à la pression manuelle, facilement endommagés par le stress et l'inaction physique, les fascias pourraient en effet se révéler l'origine méconnue de nombreuses pathologies, dont les douleurs dorsales, qu'elles soient chroniques ou non. L'approfondissement des connaissances en la matière est donc susceptible d'ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques, y compris dans la lutte contre le cancer. De Harvard à Padoue en passant par Mannheim et Heidelberg, cette passionnante enquête résume ce que la science sait aujourd'hui de ce tissu conjonctif vital et ce qu'elle en espère.
Réalisation : Kirsten Esch
Pays : Allemagne
Année : 2016
Clés : Antiracisme ; Gouvernement ; Islamophobie ; Racisme
Le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin a décidé de livrer bataille contre Alliance citoyenne, une petite association grenobloise coupable... d'avoir réussi à obtenir un financement européen. Nos journalistes Taha Bouhafs et Filippo Ortona se sont rendus sur place.
Depuis des mois, le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin mène une croisade contre les associations antiracistes - et en particulier, celles qui s’engagent contre l’islamophobie.
Cette fois, la fatwa ministérielle s’est abattue sur une petite association grenobloise : l’Alliance citoyenne, coupable… d’avoir réussi à obtenir un financement européen.
Cette association devait obtenir une subvention dans le cadre d’un projet européen de lutte contre le racisme, lancé par l’UE en 2020.
Mais c’était sans compter sur l’engagement sans faille du ministre de l’intérieur, qui s’est aussitôt empressé d’écrire à la Commission Européenne pour leur demander l’annulation de cette subvention.
Dans son courrier, Darmanin affirme que l’Alliance citoyenne ferait la promotion de la sharia, “au profit des musulmans”. Elle serait également “ralliée à la mouvance décoloniale”, ce qui semble constituer un crime aux yeux du locataire de la place Beauvau - qui ne précise, à aucun moment, ce qui fonderait ces accusations.
Selon le ministre, son initiative auprès des instances européennes serait la suite d’un signalement de la DGSI. Pourquoi prendre autant de peine pour dénoncer une association fondée sur la non-violence, et dont le seul crime semble être celui de militer contre l’islamophobie ?
Nous avons donc décidé de nous rendre à Grenoble pour rencontrer ces dangereux islamistes radicaux, et comprendre pourquoi ils et elles gênent autant le pouvoir.
Tr.: ... en fait, c'est un problème de démocratie, de séparation des pouvoirs, jusqu'où va le pouvoir de Darmanin ? Inquiétude démocratique de la france qui fait de l'ingérence dans des processus souverains, Ça crée un précédent si la commission cède. Selon Elies Ben Azib, directeur de l'Alliance Citoyenne Grenoble.
À ce jour la subvention n'a toujours pas été versée.
... Depuis 2016, Ferropem est filiale Ferroglobe, groupe spécialisé dans la production de silicium ou d’alliages à base de silicium.
À lui seul, Ferroglobe produit 14 % du silicium mondial. Ce groupe est loin d’être en difficulté économique. Il a réalisé un chiffre d’affaires de 2,3 milliards de dollars en 2018. Ferropem, la filiale française, a quant à elle bénéficié de multiples aides directes de l’État sous la forme de réduction sur le coût de l’électricité, de crédits impôt recherche (CIR) ou encore de chômage partiel pour faire face à la pandémie de covid-19. Pourtant, fin mars 2021, le groupe hispano-américain Ferroglobe a annoncé la fermeture de deux usines et 352 licenciements en Rhône-Alpes dans sa filiale française. 221 emplois sont concernés à l’usine de Château-Feuillet (73) et 131 emplois au sein de l’usine de Livet-et-Gavet (38).
L’industrie du silicium est implantée en Rhône-Alpes depuis le milieu du XXe siècle. Ce matériau est l’élément principal de la fabrication de cellules solaires photovoltaïques ou encore de composants telles que les puces électroniques. La disparition de ces deux sites aux savoir-faire centenaires aurait des conséquences majeures sur plusieurs chaînes industrielles stratégiques, notamment celle du photovoltaïque. Elles sont donc essentielles autant à la souveraineté industrielle qu’à la bifurcation écologique de l’économie française. Il aimerait donc savoir quand il compte prendre position pour défendre les sites industriels de Ferropem.
Catégories Histoire de l'énergie, Idées et références
Le dixième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2021, sera probablement marqué par de nombreux bilans et récits rétrospectifs ... peu d’entre eux proposeront un angle aussi original que le livre Radiations et révolution, paru à la fin de février. Rédigé par Sabu Kohso, un théoricien japonais des luttes sociales et un militant anticapitaliste de longue date, il raconte comment les citoyens et les groupes sociaux se sont positionnés face à la catastrophe et comment les diverses réponses se sont inscrites dans la continuité des luttes amorcées dans la foulée de la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945.
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La thèse de l’ouvrage est assez complexe et emprunte à plusieurs courants de la pensée marxiste et altermondialiste. Elle présente l’industrie nucléaire comme le résultat d’une alliance malsaine entre le capital, l’État et l’armée et l’un des visages d’un capitalisme apocalyptique nous menant par touches imperceptibles vers un monde dystopique et hostile au vivant. En ce sens, les radiations s’accumulent et menacent la vie tout autant que les polluants chimiques, le plastique ou les changements climatiques. L’industrie nucléaire, entourée de secret et incompréhensible au commun des mortels, porte en soi les germes d’un État de plus en plus technocratique et autoritaire.
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nucléotides, les particules issues de la fission de l’uranium, qui se diffusent dans la chaîne alimentaire et ont effet permanent aux fois ingérées et fixées par les organismes vivants – y compris chez l’être humain.
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L’auteur fait de grands efforts pour relier son propos à diverses théories sociales et philosophiques. La géophilosophie de Deleuze et Guattari forme l’un des principaux fils conducteurs de l’ouvrage, mais on trouve aussi des références aux théories de la domination de la technique (notamment celle de Günther Anders) et à divers ouvrages relevant des traditions marxistes et altermondialistes. Kohso inscrit la résistance à Fukushima dans la continuité des luttes militantes des années 1960, elles-mêmes présentées comme une réaction à la mainmise de l’État capitaliste nucléarisé mis en place au Japon dans les années 1950.
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il présente le Japon autrement que sous l’angle de la société hautement consensuelle et conformiste que nous imaginons volontiers en Occident. Le parti pris en faveur des gens ordinaires et de leur expérience subjective est aussi un contrepoint bienvenu aux analyses hautement techniques et abstraites qui pullulent autour des événements de Fukushima.
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Source :
Kohso, Sabu. Radiations et révolution: Capitalisme apocalyptique et luttes pour la vie au Japon, Éditions de la rue Dorion et Éditions Divergences, 2021, 320 pages.
L’auteur de cette tribune, élu local écologiste, a voté Yannick Jadot aux élections européennes. Depuis, sa déception est grande devant la stratégie d’Europe Écologie-Les Verts pour les municipales.
Jean-Claude Oliva est conseiller municipal Écolos solidaires de Bagnolet (Seine-Saint-Denis).
Les Verts autrichiens exultent. Ils sont enfin au pouvoir… avec les conservateurs. Pour Romaric Godin, « en acceptant les politiques néolibérales et identitaires de la droite pour prix d’une politique écologique ambitieuse sur le papier, mais sans moyens concrets, les Verts renoncent à allier l’écologie aux intérêts des classes moyennes, acceptent de se taire sur la question des migrants et reconnaissent que la priorité réelle doit être non pas l’environnement, mais bien la compétition économique (…) Faute de sauver la planète, les Verts autrichiens semblent donc s’engager à sauver le néolibéralisme ». Est-ce la voie sur laquelle nous entraînent Yannick Jadot et ses ami-es ?
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À Paris, EELV mène la bataille contre la maire Anne Hidalgo, dont le bilan écologique est pourtant incontestable https://reporterre.net/Anne-Hidalgo-a-Paris-maire-de-la-betonisation-ou-ecologiste-efficace et résulte en grande partie de l’action d’élu-es écologistes comme Célia Blauel ou Christophe Nadjovski. Dans le club planétaire des grandes villes, Paris est une de celles qui se sont engagées le plus fort dans les politiques écologiques de réduction de la place de la voiture ou de végétalisation. Certes, cela n’est pas encore suffisant, aucune ville, aucun pays n’en fait assez, ne cesse de répéter Greta Thunberg. Mais de là à se rapprocher de Cédric Villani, député La République en marche (LREM), dont le seul engagement écologique consiste à s’absenter de l’hémicycle lors de certains votes… La volonté de rompre avec la social-démocratie de gouvernement pourrait se comprendre, tant cette dernière s’est compromise, encore faudrait-il que l’écologie soit la boussole des nouvelles alliances !
...
Connu / https://wegreen.fr/post/185374
... plan Cheval ... le cheval apparaît dès l’Eocène, il y a 60 millions d’années. Il mesure alors 20cm et s’appelle Hyracotherium ... fait partie de l’histoire de nos sociétés ... dès les Grecs anciens, Xénophon, philosophe et chef militaire, expliquait comment l’entretenir et s’en occuper : selon lui, je cite « Il ne faut pas l’ennuyer ». Comme quoi la question du bienêtre animal n’est pas un souci nouveau, ni une lubie d’écolos-bobos. ... notion d’alliance, de partenariat avec les animaux ... au-delà de sa viande ou de sa course, il rend de nombreux services, des personnes en situation de handicap aux bébés cavaliers. Il aide en matière de traction animale, ce sera l’objet d’un de nos amendements. Associé aux bovins, en pâturage mixte, il contribue à l’équilibre des prairies. En Corse, des fermes-ranch associent élevage de veaux et balades à cheval, ce qui leur permet de dégager un complément de revenu paysan. Ailleurs, des espèces locales, rustiques, résistantes et polyvalentes, comme les Ferrandaises chez nous pour les vaches, sont préservées : c’est le cas du cheval de Mérens dans les Pyrénées ... un beau trait d’union entre hier et demain, entre l’animal et l’humain. Les chevaux, c’est comme les arbres : tout le monde les aime. A nous d’accompagner cette popularité. A l’heure où il nous faut trouver des alternatives au tout-pétrole, refonder notre place dans les écosystèmes et réapprendre à vivre en harmonie avec le reste du monde vivant, nous aurons bien besoin de cet allié.
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Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann. (ZAKARIA ABDELKAFI / XAVIER LEOTY AFP)
Emmanuel Maurel annonce dans "le Monde" son départ du PS, avec Marie-Noëlle Lienemann et de nombreux cadres de l’aile gauche. Une page se tourne.
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Il ne connaît pas assez la gauche pour avoir saisi la scène à laquelle il vient d'assister. Lorsque Emmanuel Macron croise Jean-Luc Mélenchon sur une terrasse du Vieux-Port, à Marseille, le 8 septembre, à minuit et demi, il claque la bise à celle qui l’accompagne et qui laisse les deux hommes poursuivre devant les caméras. Marie-Noëlle Lienemann glisse au chef de l’Etat : "No comment." Macron s’est fait présenter l’homme qui était avec les deux anciens ministres et a laissé entendre à Bernard Pignerol qu’il le connaissait grâce à Bertrand Delanoë. Haut fonctionnaire, l’ami de Mélenchon a en effet travaillé pour l’ancien maire de Paris. En partant, le président demande à un proche :
""Mais pourquoi Lienemann était-elle là ?""
Mélenchon - Lienemann - Pignerol : si ces trois-là finissaient la soirée ensemble, c’est parce qu’ils se connaissent depuis trente ans, qu’ils ont été des piliers de la Gauche socialiste, la mythique aile gauche du PS sous Lionel Jospin puis François Hollande. Et ce week-end-là, à Marseille, ils peaufinaient la nouvelle scission du Parti socialiste. La sénatrice de Paris et son complice, l’eurodéputé Emmanuel Maurel, réunissaient dans la cité phocéenne leur club, Nos causes communes, et l’Insoumis y était venu leur déclarer sa flamme :
""Que finisse cette longue solitude pour moi d’avoir été séparé de ma famille intellectuelle et affective. […] Mes amis, vous nous manquiez.""
La longue solitude de Jean-Luc Mélenchon vient donc de finir. Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann et leurs amis quittent le PS. Ils créent un parti, "une maison de la gauche républicaine", dit Emmanuel Maurel dans une interview au "Monde" ce vendredi 12 octobre. Le député européen sera candidat sur la liste de La France insoumise. Une page se tourne. Le PS perd les figures historiques de son aile gauche, ceux qui pendant de si longues années ont essayé d’ancrer ce parti dans l’antilibéralisme.
"Je n'y crois plus, c'est fini"
"Je n’y crois plus, c’est fini", confie Emmanuel Maurel, qui a "beaucoup réfléchi" avant de quitter ce parti auquel il a été si attaché. Mardi soir, il a bu un dernier verre avec le premier secrétaire Olivier Faure. Mercredi, il a passé une dernière tête au siège historique du PS. Et lui qui est si heureux de sa nouvelle aventure a été un peu triste :
""Je suis passé à Solférino, c’est la dernière journée, il y a des gravats, des cartons, des sacs-poubelle...""
Adieu Solférino. Adieu le PS. Maurel et Lienemann ont trop avalé de couleuvres. Le quinquennat Hollande a achevé de les détourner de ce parti qui, même quand il est très à gauche dans l’opposition, penche à droite dans l’exercice du pouvoir. Ils préfèrent voguer vers d’autres horizons, se rapprocher de l’Insoumis.
Une bande de potes se reconstitue. Lienemann et Mélenchon se connaissent par cœur, ils ont tellement milité ensemble. Maurel et Mélenchon se connaissent aussi depuis des années et se sont toujours appréciés. Maurel était un copain d’enfance de François Delapierre, le regretté fils spirituel de Mélenchon. Et Maurel aime les livres, connaît l’histoire, réfléchit.
""Emmanuel est le dernier d’une longue tradition : c’est un intellectuel socialiste, vraiment intellectuel et vraiment socialiste, lisant, pensant, avec une sensibilité esthétique. Il y a sans cesse eu chez lui une disponibilité intellectuelle, une affection à mon égard, qui m’a toujours poussé à avoir une relation affectueuse avec lui", reconnaît Jean-Luc Mélenchon."
Eux qui étaient assis à deux rangs d’écart au Parlement européen ont toujours aimé se confronter intellectuellement. Ils vont pouvoir poursuivre leurs discussions… et construire ensemble avec leurs amis un bout de l’histoire de la gauche. Emmanuel Maurel a toujours été invité aux Amphis d’été des Insoumis. Fin août, impressionné par la force militante qu’il y voyait et alors qu’il commençait à réfléchir à quitter le PS, l’eurodéputé s’enthousiasmait :
""Il y a du monde, ils débattent, ils sont heureux. On dirait la Gauche socialiste.""
Il y a bien un côté reconstitution de ligue dissoute.
Cécile Amar
Journaliste
#Liverpool - 5 474 vues - 706 - 3
Jean-Luc Mélenchon a rencontré Jeremy Corbyn à #Liverpool le 24 septembre 2018.
Catégorie Actualités et politique 96 commentaires
Philippe Wagner il y a 3 jours
Merci Luciole :-)
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Alexandre .A il y a 3 jours
Que de réjouissances en vue de cette coalition européenne contre le système technocrate de Bruxelles ! L'internationalisme renaît au travers de l'alliance ''Maintenant le peuple'', et bientôt les européistes béas découvriront avec effroi et crainte l'élan populaire qui fera face au règne de la finance et des privilèges de quelque uns vis à vis du grand nombre. La Révolution citoyenne s'avance, et avec elle un nouveau souffle démocratique et social !
La question écologique se doit d'être placée au centre du jeu. Elle doit surpasser les intérêts particulier au profit de l'intérêt général. Individuellement, rien n'est possible, alors il nous faut faire face au grand défis écologique ensemble, sans tarder, et avec toute l'abnégation requise au fonctionnement ardu mais vertueux de la Démocratie (Démos Kratos) et de la nécessité d'une société respectueuse de l'environnement nécessaire à la vie humaine !
C'est pourquoi je voterai avec conviction et admiration pour nos députés européens coalisés !
62
Nathalie Combase il y a 3 jours
En avant vers l'internationalisme!
...
ndlr :
intéressante pour quiconque veut comprendre qui est vraiment JLM: humanisme, sensibilité, humour, intellectuel, homme d'organisation, stratège enfin ++
fier de le soutenir ACT
L'universitaire américain Yochai Benkler fait partie de ces intellectuels qui pensent l'impact d'Internet sur nos sociétés depuis les années 1990. Le professeur d'études juridiques entrepreneuriales à Harvard est aujourd'hui membre d'une commission lancée le 11 septembre 2018 par l'ONG Reporters sans frontières et chargée de travailler à la rédaction d’une future « déclaration sur l’information et la démocratie ». Nous avons à cette occasion pu échanger avec l'auteur de The Wealth of Networks (La Richesse des Réseaux) autour de ses thèmatiques de prédilection : les communs, le rôle du domaine public informationnel et de la collaboration décentralisée dans l’innovation et la place de la liberté dans une économie et une société en réseau. Sans oublier de faire le point sur les évolutions récentes du Web, et ce qu'elles impliquent sur nos démocraties et nos sociétés.
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Des années 1970 jusqu'à la crise économique de 2008, que l'on subit encore, on avait une période de néolibéralisme à droite, accompagnée d'une croissance spectaculaire de l'individualisme à gauche. La combinaison des deux a mené à ce que j'appelle l'oligarchie pluraliste : un ensemble d'engagements à l'individualisme et au pluralisme aux côtés d'une liberté économique qui a conduit à l'émergence d'une oligarchie globalisée. Cela s'est effondré, et nous n'en avons pas perçu les implications jusqu'au mouvement Occupy.
À présent, le politique se situe entre deux tentatives concurrentes visant à remplacer cette oligarchie pluraliste. L'une est le nationalisme économique, et la montée de la droite incarnée par Trump. L'autre pourrait être ce que j'analyse comme les communs pragmatiques : l'idée de construire une économie qui est enchâssée dans la société. Une économie dans laquelle les entreprises seraient contraintes de respecter les individus, et de créer des relations de confiance en ayant un sens de notre destin commun. Tout ceci est contenu dans la notion de communs, qui rejette l'idée que tout est centré sur la propriété individuelle et atomisée et sur les échanges financiers.
Quand j'évoque les échecs cubiques, c'est de ça dont je parle. Pour moi, la gestion des communs ne peut s'envisager sans l'Etat et les entreprises. Et la suite à donner aux communs passe par l'alliance entre les communs ouverts et des communautés autonomes qui offriraient un complément aux systèmes fondés sur la propriété et le marché. Rien n'est binaire, mais nous allons devoir mettre une limite à l'autonomie des marchés afin que l'on ne se considère plus comme étrangers les uns aux autres, mais comme ayant un destin commun au sein d'un espace commun.
.#Société #Internet
Connu par
https://twitter.com/Calimaq/status/1039792056376471552
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Hervé Le Crosnier a retweeté
S.I.Lex @Calimaq 1 jil y a 1 jour
Très belle interview de Yochai Benkler, notamment ce qu'il dit sur la question des #Communs, très proche de la vision de @mbauwens sur les rapports Etat/Marché/Communs :
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Octobre 2009
Première conférence de la Thorium Energy Alliance