Durée de lecture : 6 minutes - Nucléaire
Pro et antinucléaires se sont emparés du débat public sur la construction des nouveaux réacteurs nucléaires. L’enjeu : « éclairer les parlementaires » appelés à voter la loi de programmation énergie climat.
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construction de deux réacteurs nucléaires supplémentaires de type EPR2 dans la centrale nucléaire de Penly, près de Dieppe, en Seine-Maritime (76)
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Xavier Ursat, directeur de l’ingénierie et des projets du nouveau nucléaire chez EDF
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associations environnementales, notamment Greenpeace à Dieppe, le Réseau Action Climat à Paris, ou encore Sortir du nucléaire. La section normande d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) a également pris position contre le projet dans un communiqué de presse. À Dieppe, Véronique Bérégovoy, conseillère régionale d’EELV a insisté sur l’importance d’un débat démocratique et mis en garde contre la puissance des lobbies du nucléaire. Elle s’est attachée à déconstruire tous les « mythes » du nucléaire, notamment celui sur l’indépendance énergétique qu’il permettrait, « puisque nous importons 100 % de notre uranium ». Le mythe de l’énergie bas-carbone aussi, qui « occulte toute la chaîne industrielle depuis l’extraction jusqu’à la gestion des déchets, en passant par la construction des centrales ». Le mythe d’une énergie nécessaire à la transition écologique, qui « masque la réalité qu’il faudrait en fait quinze ou vingt ans voire plus pour construire ces réacteurs ».
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Dominique Boutin, président du réseau énergie de France Nature Environnement, a enchaîné : « Je refuse d’être complice de la poursuite de cette filière qui a démontré son incapacité à répondre économiquement, socialement, techniquement et environnementalement aux enjeux du siècle. Je refuse d’être complice de l’incroyable gabegie économique qui va retomber sur le dos du contribuable. Je refuse de… » À Dieppe, sa tirade qui dépasse le temps de parole réglementaire reçoit un tonnerre d’applaudissements.
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Notes
[1] Lors du mandat de Nicolas Sarkozy.
[2] Il était aussi retransmis en direct sur la chaîne youtube de la CNDP.
[3] En 2005, le débat sur le projet d’EPR de Flamanville était parallèle à l’examen du projet de loi qui l’actait.
Entretien EDF Organisation industrielle Ain - 5 min. de lecture
Emmanuel Macron a annoncé le 9 novembre vouloir lancer de nouveaux réacteurs nucléaires en France. Quelques jours auparavant, le directeur exécutif en charge de la direction ingénierie et des projets nouveau nucléaire d’EDF, Xavier Ursat, revenait pour L’Usine Nouvelle sur l’avancée des projets EPR2 et SMR, les calendriers et les coûts prévus.
Pour les futurs EPR français, EDF entre seulement dans "la phase de « detailed design », où l'on fait les plans détaillés", explique Xavier Ursat, directeur Ingénierie et nouveau nucléaire d'EDF.
Edition du 01 octobre 2021
Le dernier numéro
L'Usine Nouvelle - La France va construire de nouveaux réacteurs nucléaires. De quoi parle-t-on exactement ?
Xavier Ursat - A partir d'une demande politique exprimée en 2018, EDF a travaillé sur une proposition de construction de trois paires de réacteurs de type EPR en France, avec une première paire sur le site de Penly en Normandie, une deuxième sur le site de Gravelines près de Dunkerque, et la troisième dans un site en Rhône-Alpes, soit à Bugey (Ain), en amont de Lyon, soit à Tricastin (Drôme). Le choix de ces sites, tous des sites nucléaires existants, reste à confirmer par le pouvoir politique. Mais nous sommes prêts à lancer la construction de ces réacteurs, grâce au travail réalisé depuis plusieurs années avec Framatome et les autres entreprises de la filière, dans le cadre du plan excell.
Quel est le calendrier envisagé ?
Nous sommes à un niveau d'études techniques très avancé sur le modèle que l'on appelle l'EPR 2, qui est au même niveau de sûreté que l'EPR et utilise les mêmes composants. Nous avons tout fait pour que l'EPR 2 ne soit pas une tête de série. Mais nous avons intégré tout les retours d'expérience des EPR précédents, en standardisant le plus possible le modèle, y compris en s’appuyant sur les fournisseurs, pour faciliter la construction et réduire les coûts. Nous devons poursuivre ce travail technique et continuer d’embarquer la filière en préparant les appels d'offres. Des projets de cette taille nécessitent également de consulter les citoyens, au travers de la Commission nationale du débat public. Il faut compter six à huit mois de préparation des dossiers entre la saisie et le début des débats. Un troisième train d'actions, très important, concerne le financement, la régulation et les autorisations européennes. Nous sommes en discussion depuis plusieurs mois avec les différentes administrations, notamment celles du ministère de l'Économie et des Finances pour définir le financement le plus adapté, qui impliquerait probablement à la fois l'État et EDF. Plusieurs options sont en cours d'étude, il faudra choisir la plus adaptée. Il faudra aussi une régulation car, pour définir un financement, il faut savoir à quel prix l'électricité produite sera vendue. Sur l'EPR 2, nous avons atteint les cibles de coût de production au mégawattheure que nous nous étions fixées dans la proposition remise aux pouvoirs publics [soit 65 euros par MWh, ndlr].
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