Publié le mercredi 5 février 2025 / La terre au carré
Pourquoi X (ex-Twitter) est devenu toxique pour les scientifiques ©AFP - NIKOLAS KOKOVLIS / NURPHOTO
Alors que de nombreux chercheurs utilisaient Twitter comme un véritable outil pour s'informer, partager leurs recherches, communiquer des messages au grand public, comment le réseau social s'est-il transformé au point de devenir si toxique pour l'information scientifique ?
Avec David Chavalarias Directeur de recherche CNRS, au centre d’analyses et de mathématiques sociales, et directeur de l'institut des systèmes complexes de Paris.
Nous sommes en 1986 dans les couloirs du Capitole américain. Le sénateur Lloyd Bentsen se tient devant ses collègues. L'objet de son discours ? Une série de lettres massivement distribuées aux membres du Congrès, toutes semblant provenir de citoyens ordinaires. Mais ces lettres ne sont en réalité pas l'expression spontanée du peuple, mais plutôt des manifestations soigneusement orchestrées par des lobbyistes cherchant à influencer la législation.
Bentsen, qui cherche un terme pour décrire cette pratique manipulatrice, propose une métaphore qui allait bientôt s'ancrer dans le jargon politique américain. Comparant ces faux mouvements de base à un produit bien connu – l'AstroTurf, un type de gazon synthétique utilisé dans les stades sportifs pour imiter l'herbe naturelle – il popularise le terme "astroturfing".
Ce mot fait référence à l'essence de ces campagnes artificielles, conçues pour ressembler à de véritables initiatives citoyennes, aussi authentiques que du faux gazon sur un terrain de sport.
Le terme astroturfing est ainsi devenu synonyme de fausses mobilisations, où des intérêts particuliers créent l'illusion d'un soutien populaire massif.
Après la Première guerre mondiale, Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud, a été le premier à théoriser et à généraliser l’utilisation de telles stratégies. S’appuyant sur les travaux de son oncle, mais aussi de Gustave Le Bon en matière de psychologie des masses, il affirme en 1928 : «La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays».
Si l’astroturfing n’a donc pas été inventé hier, ses capacités d’influence ont été décuplées grâce à l’avènement du Web et des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC).
Les techniques de l’astrotufing sont multiples : construction de faux profils en ligne, achat de faux followers sur Twitter ou de faux avis positifs, embauche de personnes pour manifester dans la rue, création de groupes citoyens de façade… La liste et longue.
Le plus souvent, l’astroturfing implique la création massive par des algorithmes de faux comptes (bots) sur les réseaux sociaux ou l’usurpation de comptes existants. Ces programmes informatiques générant automatiquement du contenu sont très présents sur X (ex Twitter) où ils influencent les tendances. Cette “propagande computationnelle” a par exemple particulièrement bénéficié à Donald Trump pendant la dernière campagne présidentielle américaine.
La diffusion de fausses informations est devenue le fond de commerce du réseau social X avec des conséquences majeures pour nos démocraties.
David Chavalarias est mathématicien de formation. Ses recherches, à la croisée entre les sciences cognitives et la science des systèmes complexes, portent sur l’étude de nos comportements collectifs, des dynamiques d’opinion et de la connaissance, à partir de la modélisation et de l’analyse de données du web. Avec le Climatoscope, il a expliqué comment le fonctionnement et la manipulation des algorithmes ont favorisé la montée du climatoscepticisme sur la toile. Aujourd’hui, il est à l’initiative d'un outil de portabilité qui permet de quitter X sans perdre sa communauté, popularisé par le mouvement citoyen HelloQuitteX. Il est l'auteur de Toxic Data (Flammarion) et de l'étude Les nouveaux fronts du dénialisme et du climatosceptisme.
Livre : David Chavalarias, Toxic Data. Comment les réseaux manipulent nos opinions, Flammarion, Champs Actuel, janvier 2023
-> Open Portability...
Après un essai concluant, l'énergéticien français devait confier durablement la gestion des données de maintenance de ses centrales à Amazon Web Services, la filiale cloud du géant de l'e-commerce. Mais ce partenariat décrié serait sur la sellette.
En tant qu'« opérateur d'importance vitale », EDF est dans l'obligation de protéger fermement ses données et de les stocker sur le territoire national. (Sameer Al-Doumy/AFP)
Publié le 26 déc. 2024 à 19:22Mis à jour le 27 déc. 2024 à 10:18 / Par Charles Plantade
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Connu / TG le 27/12/24 à 19:17
Et si l’Open Data nous permettait de réinventer le pouvoir politique face aux géants de la tech’ ? 🗳️
S03.E08 - Laure Lucchesi, ex Dir. d'Etalab (services du Premier ministre) et cofondatrice de Give & Tech
Etalab est le département du Premier ministre chargé de l’innovation et de la transformation numérique du service public et de l’action publique, grâce aux données.
Laure en a été la directrice pendant 7 ans, ce qui lui donne un recul précieux pour nous aider à comprendre quelle place l'open data peut jouer dans la construction d'un numérique AU SERVICE de l'émancipation citoyenne, au-delà du contrôle des Big Tech...
📌 Ex- Chief Data & IA Officer, LaureLucchesi a 25 ans d'expérience de la transformation digitale et data/IA dans les secteurs public et privé (medias, telecoms, banque et services financiers) en France, aux USA, en Inde et en Afrique. Cela en fait l'invitée idéale pour aborder les questions suivantes :
• Que pèse l’open data vs. la mise en données du monde par les acteurs privés ?
• La fameuse “transformation digitale” est-elle avant tout un enjeu public ?
• En quoi l’open data contribuerait-elle à une société plus démocratique ?
🎙️ Punchlines :
• Avec Etalab on a contribué à construire une administration plus ouverte, plus "dialoguante"
• L'open data stimule la démocratie en donnant du pouvoir d'agir.
• L'open data c'est la Déclaration des Droits de l'Homme à l'heure d'Internet.
🎬 SOMMAIRE DE L’ÉPISODE
avec comme toujours, 🍴 2 chroniques inspirantes à snacker : 00:00 / Intro et accueil
03:56 / 1 – De la Silicon Valley à l’innovation publique
18:43 / 🍴 Débats en Technocratie, de Virginie Matins de Nobrega : « En ligne comme Hors ligne »
21:36 / 2 – Le numérique sauvera-t-il le service public ?
34:28 / 🍴 Patch Tech, de Fabienne Billat : « Sora, d’OpenAi »
37:50 / 3 – Données libres pour société plus éclairée
59:40 / Débrief & Conclusion
📖 les sources citées dans l’épisode :
La France, 1ère place sur l’open data en Europe (2023)
Le site data.gouv.fr pour trouver pleeeeein de données publiques françaises
Le site de Give & Tech, la nouvelle aventure de Laure Lucchesi
Transcrit à https://www.librealire.org/open-data-les-donnees-au-secours-de-la-democratie
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Personne·s Laure Lucchesi Fabienne Billat Cyrille Chaudoit Mick Levy Thibaut le Masne Virginie Martins de Nobrega
Thèmes Open Data / Données libres et ouvertes État et administrations Internet
Type d’action Conférence
Type de publication Audio
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Connu / TG le 24/02/24 à 7:15
... livre de Yuval Noah Harari publié pour la première fois en hébreu en 2015. Traduit en plusieurs langues, il est publié en traduction anglaise en 2016 et en française aux éditions Albin Michel en septembre 2017
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prolongement du précédent essai de Harari, Sapiens : Une brève histoire de l'humanité, même s'il ne reprend pas la construction suggérée à la fin de ce premier essai. Harari, en examinant les grands mouvements de l'évolution de l'humanité depuis la préhistoire et fort des dernières découvertes de la biologie de la technologie informatique et des sciences sociales, nous interroge sur l'avenir de l'homme. Un troisième livre prolongeant celui-ci : 21 leçons pour le XXIe siècle, s'interroge sur ce dont les êtres humains auraient besoin pour faire face aux évolutions en cours1.
Le projet de l'auteur n'est pas de spéculer sur l'avenir mais d'identifier ce que pourraient produire à terme les logiques sociétales à l’œuvre aujourd'hui si des humains ne se mobilisent pas pour les freiner. « Toutes les prédictions qui parsèment ce livre ne sont rien de plus qu'une tentative pour aborder les dilemmes d'aujourd'hui et une invitation à changer le cours de l'avenir » (p. 78).
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Chapitre 11 : la religion des data. Le titre de ce chapitre fait référence à une philosophie émergente connue sous le nom de dataïsme, qui considère le monde comme un flux de données. La puissance des systèmes de gestion de données et la multiplication des capteurs d'acquisition de données, font que les systèmes informatiques ont des performances meilleures que celle des humains. Des systèmes algorithmes non conscients mais hautement intelligents savent mieux que vous ce qui est bien pour vous. Cette gestion des données pourrait être le système qui mette l'Homme sur la touche17.
Pour cette religion, née de la rencontre de la théorie de l'évolution et de l'informatique, l'univers est un flux de données (en l'occurrence de données algorithmiques biochimiques pour le vivant) et le rôle de l'humanité est de traiter ces données, de les classer et de les comparer pour produire d'autres données, l'ensemble étant destiné à figurer dans un seul et unique réseau : l'Internet-de-tous-les-objets. Et le destin des hommes est de se fondre en lui en lui communiquant toutes leurs informations personnelles : « Cette mission accomplie, Homo Sapiens disparaîtra. ». Dans son digest, Nadège Castel Fillion écrit : « Les hommes ne seront plus qu'une ondulation dans le flux de données. »3 Cette version d'Internet sera comme un dieu omniscient, qui « sera partout et contrôlera tout »18.
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17 - La Grande Librairie, « L'Homme peut-il devenir Dieu ? » [archive]
18 - Charles Jaigu, «Harari, ou l'Homo algorithmus» [archive], sur www.lefigaro.fr, 20 septembre 2017
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Connu / https://lms.fun-mooc.fr/courses/course-v1:inria+self-paced/courseware...
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Dans ce tutoriel, nous vous proposons de contribuer à DBpédia.fr de plusieurs manières : en enrichissant les informations structurées extraites de Wikipedia, en proposant des nouvelles règles d’extraction ou encore en complétant les schémas utilisés pour extraire des informations. Ceci sera peut-être l’occasion pour vous d’augmenter la couverture d’un domaine que vous mobilisez dans votre activité professionnelle (ex. les musées de France pour le tourisme) ou dont vous êtes passionnés (ex. les grottes de France pour la spéléologie). Ce faisant, vous rendrez aussi ces informations visibles et accessibles à toutes les applications utilisant le Web des données.
Contributeurs : Fabien Gandon, Alexandre Monnin, Julien Cojan et Raphaël Boyer.
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Connu / TG le 08/03/23 à 11:44
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Avec le projet Dreaup, le CSTB recrute des collectivités de toutes tailles, partout en France, pour mettre à jour les statistiques de l’eau et leur donner les clefs d’une politique adaptée à leur territoire. Détails avec Maxime Roger, directeur eau du CSTB.
Pour en découvrir davantage : https://www.actu-environnement.com/ae/news/eau-donnees-CSTB-recherche-collectivites-collecte-datas-41244.php4
Dreaup. C’est le petit nom d’un nouveau projet lancé par la jeune direction de l’eau du CSTB. L’idée est d’analyser sur un territoire les usages de l’eau et de mettre à jour des statistiques obsolètes. Traditionnellement, on estime qu’un Français consomme en moyenne 150 litres d’eau par jour et qu’une douche consomme entre 40 et 60 litres. Mais ces chiffres, et bien d’autres, reflètent-ils encore la réalité à l’heure où les équipements de la maison sont de plus en plus économes et où la sensibilisation aux pénuries d’eau gagne du terrain ?
À travers des enquêtes, des tests de produits et des foyers équipés de capteurs, l’équipe du projet Dreaup se donne trois ans pour mieux cerner la situation. Pour les collectivités territoriales participantes, c’est l’occasion de mieux connaître les usagers de leurs services de l’eau, l’état de leur réseau, de se comparer à d’autres services afin de mettre en place une politique de l’eau adaptée à leur situation. Détails avec Maxime Roger, directeur eau du CSTB, rencontré en janvier dernier à l’occasion du Carrefour des gestion locales de l’eau, à Rennes.
Tr.: ... Prix de l'eau : 4€/m3 ... conclusions en 2026 mais partage des résultats intermédiaires.
Ressource naturelle abondante en France, l’eau douce est utilisée à des fins domestiques (eau potable) et économiques (agriculture, industrie, loisirs, refroidissement des centrales ...
Connu / TG le 27/02/23 à 22:48
La mission d’Ircam Amplify est de mettre le meilleur de la recherche audio et de la création sonore issu de l’Ircam au service des marchés et des nouveaux usages pour inventer, aux côtés des différents acteurs des écosystèmes audio, des futurs désirables en matière sonore. Il s’agit d’amplifier les pouvoirs du son avec justesse et harmonie, en veillant notamment à ce que la technologie soit toujours utile et responsable.
Filiale de l’Ircam créée en juillet 2019, Ircam Amplify réunit également à son capital la Caisse des Dépôts, Believe et E.T.R.E.
Ircam Amplify est le pont entre la recherche reconnue d’excellence de l’Ircam et ses applications concrètes, à l’heure où les nouveaux usages font du son un enjeu déterminant dans de nombreux marchés.
Pour le monde industriel, l’Ircam constitue en effet une source précieuse de connaissances scientifiques et de savoir-faire technologiques de pointe, issus de 40 ans de recherches transdisciplinaires, de créations expérimentales et d’innovations dans le domaine sonore. En offrant aux entreprises une exclusivité d’accès à cette expertise unique, Ircam Amplify les accompagne dans la conception et le développement de nouveaux usages, produits et expériences sonores à la croisée de la technologie et de l’émotion.
Ircam Amplify offre des solutions sur trois territoires en plein essor, en proposant tout à la fois des technologies, des services et des contenus :
- le son comme espace (design sonore, audio 3D),
- le son comme interface (synthèse vocale, nouveaux instruments, interaction geste et son),
- le son comme data (indexation et recommandation musicale, web audio).
Ircam Amplify répond prioritairement aux besoins de cinq marchés : Robotique & IoT, Luxe & retail, Mobilité & Smart cities, Santé & Bien-être, Industries culturelles & créatives.
Site internet https://ircamamplify.com/
Connu / mel du 11/02/2023 06:02 puis https://www.ladn.eu/event/soiree-les-pouvoirs-du-son-avec-lircam-amplify/
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Soirée « les pouvoirs du son » avec l'Ircam Amplify / L’ADN Le SHIFT ...
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Connu / mel sur la ld educ de l'april
Agriculture et alimentation Entretien
La mobilisation contre les mégabassines reprend jeudi à Orléans, à l’occasion du conseil d’administration de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. De nombreux scientifiques considèrent que ce type de réservoir est une « maladaptation ».
Entretien avec l’hydrogéologue Florence Habets, directrice de recherche au CNRS.
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Ces bassines sont une adaptation à un problème qui date des années 1980-1990, sur la base des études du BRGM [Bureau de recherches géologiques et minières – ndlr], établissement public spécialisé dans les sous-sols. Ce bureau de recherches a fait une modélisation très fine, très détaillée du Poitou-Charentes, mais sans intégrer du tout le changement climatique dans ses études. Cela pose question : on règle le problème des années 1990, mais avec quelle efficacité pour les années à venir ?
Il y a pourtant eu des choses innovantes : en 2018, le protocole des Deux-Sèvres avait mis autour de la table tous les agriculteurs irrigants d’un même bassin versant, et était parvenu à faire diminuer la quantité d’eau prélevée à 80 % des volumes précédents, sans qu’il y ait de conflit.
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Autre problème : si l’eau, en sous-sol, est fraîche et de qualité, quand elle est prélevée et se retrouve en surface dans les bassines, il y a de fortes pertes par évaporation. Se produit un phénomène d’eutrophisation : développement des cyanobactéries et des algues vertes. Cette eau risque de devenir inexploitable. Au Canada, où les températures se réchauffent plus vite que chez nous, de nombreux lacs sont touchés par ce phénomène d’eutrophisation.
Enfin, le fonctionnement de ces mégabassines, avec leurs pompes, a un coût énergétique non négligeable.
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Les conflits apparaissent déjà lorsque différents usages entrent en concurrence : agriculture, hydroélectricité, canons à neige… On l’a vu dans les Alpes récemment [dans la station de ski de La Clusaz, une mobilisation s’oppose à la construction d’une nouvelle retenue d’eau artificielle ; les travaux sont actuellement suspendus – ndlr].
Comment résoudre ces conflits ?
Nous avons besoin aujourd’hui d’intelligence collective. Nous n’y arriverons pas sans écoute, ni sans données.
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ces mégabassines bénéficient d’un important financement public. Des agriculteurs font financer par l’État une structure pour leur usage propre… Ce schéma ne pourra pas durer longtemps avec la raréfaction de la ressource.
Il y a quelque chose de scandaleux à observer cela, tandis que des métropoles comme Poitiers cherchent à développer le bio et le local dans les cantines. Mais comment de nouvelles installations agricoles pourront-elles se faire s’il n’y a plus d’eau disponible ?
La grande conversation 2022
La guerre en Ukraine, les tensions avec la Chine ont brutalement fait prendre conscience aux Européens que l’économie numérique ne relevait pas seulement de la politique commerciale mais soulevait des enjeux de puissance, de souveraineté et d’autonomie stratégique. Dans cette économie, la question du Cloud européen et de la réglementation qu’on lui applique, est devenue cruciale. Il est urgent que la Commission européenne élabore une politique de souveraineté cohérente et efficace. Cet article propose quelques pistes de réflexion. L’Europe a besoin dans ce domaine d’un « Buy European Act », miroir du « Buy American Act », qui structure la politique américaine depuis longtemps.
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mutualisation des capacités de calcul de serveurs répartis dans des data centers, eux-mêmes interconnectés par des réseaux Télécoms. Quand on parle de Cloud, on parle donc d’une accumulation de couches technologiques, aussi bien des câbles, des satellites, des centres de données, des serveurs, que des briques logicielles. Ce sont d’ailleurs ces briques logicielles qui créent aujourd’hui l’essentiel de l’intelligence, les économies d’échelle et les gains de productivité incroyables associés au Cloud.
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l’Europe doit être capable de proposer des alternatives industrielles face à la montée en puissance des fournisseurs de Cloud américains ou encore chinois, qui connaissent aujourd’hui la progression la plus rapide à l’échelle mondiale[1].
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trois menaces :
- Une dépendance accrue à des solutions techniques non-européennes,
- Une exposition des citoyens et des sociétés européennes à des législations extraterritoriales,
- La difficulté face à cette situation de dépendance industrielle et réglementaire, de continuer à défendre des valeurs européennes dans la sphère numérique.
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Depuis 2015, la Cour de Justice de l’Union Européenne a invalidé de façon répétée les mécanismes mis en place pour permettre le transfert de données vers les Etats-Unis (invalidation du Safe Harbor en 2015, du Privacy Shield en 2020 via l’arrêt Schrems II[2]), estimant que le régime de protection des données personnelles outre-Atlantique n’est pas équivalent aux protections offertes par le droit européen.
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LES DATA CENTERS NE SUFFISENT PAS
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Dans son rapport Bilan approfondi des dépendances stratégiques de l'Europe[3], publié en février dernier, la Commission européenne a souligné combien notre continent était dépendant des technologies logicielles Cloud américaines
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LA FRANCE S’EST ATTAQUÉE AU SUJET EN CRÉANT LE PRINCIPE DE CLOUD DE CONFIANCE ET LA CERTIFICATION SECNUM CLOUD, DÉLIVRÉE PAR L’ANSSI (AGENCE NATIONALE DE LA SÉCURITÉ DES SYSTÈMES D’INFORMATION)
La qualification SecNumCloud, conduite par l’ANSSI, permet d’apporter, pour certains cas d’usage, des garanties de mise en œuvre de techniques de cybersécurité indispensables
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simple position de revendeurs : Microsoft associé à Orange et Capgemini, sous le nom
BLEU, ou encore Google épaulé par Thalès, dénommé S3NS.
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le « Cloud de confiance » crée une illusion de souveraineté ... contrôle des exportations aux États-Unis en matière de licences, avec par exemple la réglementation ITAR dans le domaine de l’armement. L’administration américaine, sous Donald Trump, a ainsi instrumentalisé à plusieurs reprises cette clause ITAR pour compliquer l’exportation du Rafale.
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une étude commandée par le ministère de la Justice des Pays Bas[4] interroge sur l’immunité réelle à la portée extraterritoriale du droit américain ... « le Cloud Act peut accéder aux
données via des sous-traitants/fournisseurs de matériel et de logiciels, de/vers les fournisseurs de Cloud » . Du fait de l’exposition de ces offres au FISA, l’étude pointe aussi le risque accru lié à l’installation de portes dérobées dans les logiciels d’infrastructures Cloud, sans que leur code source ne soit accessible, ou auditable par l’ANSSI.
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UN CLOUD EUROPÉEN EST-IL ENCORE POSSIBLE ?
... non seulement possible, mais terriblement nécessaire. Il n’y a pas de fatalité technologique qui nous condamnerait à n’être que des revendeurs européens de solutions logicielles américaines ou chinoises, car la bataille du Cloud n’est pas perdue !
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Rattrapage puis d’un rééquilibrage par rapport aux offres américaine et chinoise est donc réaliste. Mais à trois conditions.
... une plus grande confiance dans l’initiative privée ... une volonté politique forte, à l’échelle européenne ... troisième condition. Chaque grande puissance (Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil,
Corée du Sud) a mis en place des réglementations en matière de localisation des données. Ces règles souvent liées à des problématiques de sécurité nationale, rendent «compliquée», c’est un euphémisme, une concurrence libre et non-faussée entre acteurs locaux et Européens. Elles structurent de fait des marchés captifs. Seul le marché européen n’est pas protégé.
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l’Europe, ses entreprises, ses administrations sont en retard dans l’adoption du Cloud : seulement 30% des capacités informatiques et 42%[5] des entreprises européennes ont basculé vers ces solutions contre 94%[6] aux Etats-Unis. Les prochaines années seront donc riches d’opportunités pour les industriels européens
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renforcer le Buy American Act, pour y intégrer l’achat de produits liés aux technologies de l’information, autant sur la couche matérielle que logicielle[7].
Accélérer l’adoption du Cloud et renforcer notre indépendance technologique : tel est le « en même temps » qui doit rythmer l’action collective européenne. A cet égard, on ne peut que regretter les promesses non-tenues de GAIA-X[8], initiative qui, à son lancement en juin 2020, visait à « garantir la souveraineté, la disponibilité, l’interopérabilité et la portabilité des données » et, « promouvoir la transparence » dans le Cloud en Europe. Deux ans et demi plus tard, l’impact de cette initiative est nul
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créer une doctrine de l’achat numérique responsable, qui irait bien au-delà des considérations de cybersécurité. La question environnementale doit y occuper une place essentielle. Seul un Cloud européen souverain permettrait de concilier deux exigences : d’un côté, le développement technologique – qui est indispensable – et, de l’autre, la protection de notre planète – qui est vitale. Au cours de la dernière décennie, la consommation énergétique du secteur numérique a augmenté très fortement, représentant désormais entre 6% et 10 % de la consommation mondiale d’électricité, qui est trèsintense en carbone à l’échelle planétaire.
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Emmanuel Macron s’est encore récemment érigé en défenseur de la préférence européenne pour les véhicules électriques[14]. D’autres initiatives sur les semi-conducteurs ou l’hydrogène sont tout en haut de l’agenda politique pour une vraie souveraineté européenne. Toutes ces initiatives ont en commun de s’appuyer sur des solutions Cloud et ne seront véritablement autonomes que si elles reposent sur un Cloud réellement européen ... des députés européens ont pris position cet été en faveur d’un «Buy European Tech
Act»[15], des fournisseurs européens de technologie Cloud se sont organisés au sein
d’Euclidia[16]
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[1] https://www.gartner.com/en/newsroom/press-releases/2022-06-02-gartner-says-worldwide-iaas-public-cloud-services-market-grew-41-percent-in-2021
[2] La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu le 16 juillet 2020 un arrêt majeur, dit « Schrems II », invalidant le régime de transferts de données entre l’Union européenne et les États-Unis (Privacy shield). Les conséquences de cet arrêt sont nombreuses pour les organismes qui souhaitent transférer des données.
[3] https://ec.europa.eu/docsroom/documents/48878
[4] https://english.ncsc.nl/latest/weblog/weblog/2022/how-the-cloud-act-works-in-data-storage-in-europe
[5] Source Eurostat
[6] Source Forrester
[7] https://www.techtarget.com/searchcio/feature/Biden-wants-review-of-IT-exemption-in-Buy-American-law
[8] https://www.data-infrastructure.eu/GAIAX/Navigation/EN/Home/home.html
[9] https://www.datacenterdynamics.com/en/news/politician-asks-irish-water-to-clamp-down-on-wasteful-data-centers/
[10] https://www.datacenterdynamics.com/en/news/thames-water-launches-data-center-water-probe-in-london-slough-amid-drought/?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter
[11] https://www.techzine.eu/news/infrastructure/85915/microsoft-data-center-guzzles-scarce-water-supply-amidst-heatwave/
[12] https://idc-a.org/news/industry/Will-water-be-the-next-Big-Headache-for-large-scale-data-centers-/504ccba5-96b9-439e-972c-ffb0e027ea78
[13] https://www.politico.eu/article/grand-duchy-roars-at-google-data-center-luxembourg/
[14] https://www.lesechos.fr/politique-societe/emmanuel-macron-president/exclusif-emmanuel-macron-il-faut-une-politique-massive-pour-reindustrialiser-leurope-1870009
[15] https://stephanieyoncourtin.eu/posts/7awtYhKMpPVheOeINLaTRs/les-echos-i-opinion-numerique-il-faut-instaurer-un-buy-european-tech-act
[16] https://www.euclidia.eu/
Ndlr : Ce n'est pas gagné... Il le sait, alors, quel est son but ? ACT
Lecture en 3 min. Tribune Stéphane His, Consultant indépendant basé à la Réunion
Pour l’ingénieur de formation et consultant Stéphane His, la bande dessinée à succès de Jean-Marc Jancovici, Le Monde sans fin, contient des erreurs importantes et un biais pronucléaire évident.
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nombre de fausses informations et contre-vérités ... vision biaisée du monde de l’énergie et de ses évolutions, en lien avec la nécessaire baisse des émissions de gaz à effet de serre.
Des données manipulées
... les auteurs abusent de raisonnements dans lesquels ils confondent les causes et les conséquences : «Les économies se tertiarisent et les émissions de CO2 augmentent, donc la tertiarisation de l’économie induit la hausse des émissions de CO2. »
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Sur les énergies renouvelables, les auteurs indiquent que leurs usages n’ont pas vraiment augmenté ces dernières années. C’est exactement l’inverse qu’il se passe : elles représentent presque 30 % du mix électrique mondial (12 % pour le solaire et l’éolien, désormais devant le nucléaire) et 70 % des investissements dans les nouvelles capacités de production d’électricités. Ce chiffre pourrait monter jusqu’à 95 % d’ici à 2026 et les énergies renouvelables générer jusqu’à 90 % de la production mondiale d’électricité en 2050 dans le scénario permettant de limiter la hausse de la température à la fin du siècle à 1,5 °C produit par l’AIE – Agence internationale de l’énergie (1).
...
les énergies éolienne ou solaire consommeraient de 10 à 100 fois plus de matières que l’énergie nucléaire (métaux, béton) au kWh d’électricité produite. La réalité est que le facteur de comparaison est de trois à quatre et que la tension sur l’approvisionnement en métal liée à la transition énergétique est le fait de l’électrification du système énergétique
...
on n’a jamais produit autant de pétrole, notamment de schiste, dans le monde.
À lire aussi Nucléaire : la hausse des températures fait baisser la production https://www.la-croix.com/Economie/Nucleaire-hausse-temperatures-fait-baisser-production-2022-05-11-1201214619
...
Pour Tchernobyl, il y a de nombreuses contestations du bilan officiel. Et quid des milliers de personnes déplacées, des zones contaminées, des coûts des catastrophes estimés entre 200 et 500 milliards d’euros. Et pour Fukushima, que dire des milliers de tonnes d’eau contaminée que le Japon s’apprête à rejeter à la mer? Pourquoi également parler de la fameuse piscine olympique de déchets nucléaires à vie longue et oublier les 400 autres piscines de déchets nucléaires dont il faut bien aussi s’occuper?
...
(1) https://www.iea.org/news/renewable-electricity-growth-is-accelerating-faster-than-ever-worldwide-supporting-the-emergence-of-the-new-global-energy-economy
À découvrir « L’énergie nucléaire ne répond pas au défi climatique » https://www.la-croix.com/Debats/Lenergie-nucleaire-repond-pas-defi-climatique-2021-10-18-1201181087
Clés : nucléaire énergie et centrale nucléaire climat Réchauffement climatique énergies renouvelables Opinions et débats
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Où les candidats ont-ils obtenu leurs voix ?
Le premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 10 avril 2022, a montré comme en 2017 une France divisée par zones géographiques. En regardant le candidat arrivé en tête par commune, on peut percevoir sur quels territoires Emmanuel Macron, Marine Le Pen mais aussi Jean-Luc Mélenchon ont construit leurs scores.
Erwan Alix, data journaliste à la rédaction de « Ouest-France », analyse la carte de France des votes.
Nos démocraties à la merci des réseaux sociaux - lundi 7 mars 2022 par Sonia Devillers - L’instant M
19 minutes
David Chavalarias présente son ouvrage, Toxic Data, paru le 2 mars chez Flammarion, où il analyse et décrypte comment la manipulation de masse se déploie sur les réseaux.
Février dernier, les convois de la liberté atteignent l’Arc de triomphe. Sur Twitter et sur Facebook, la tension est à son comble. Les anti-pass vont prendre la capitale. Dans leur laboratoire, une équipe de mathématiciens cartographient ce moment de suractivité sur les réseaux sociaux et s’interrogent : Quels comptes s’emploient à relayer tel ou tel message et dans l’intérêt de qui ? Les algorithmes favorisent-ils la montée de telle ou telle colère ? Des robots viennent-ils grossir les rangs des insurgés ? Des puissances étrangères ont-elles intérêt à semer la discorde, chez nous, en France ? Les réseaux sociaux sont-ils la meilleure arme de la Russie et de la Chine cherchant à reconfigurer l’ordre mondial ?
David Chavalarias publie « Toxic Data », tout y est très simplement expliqué : Comment les mouvements d’opinion sont aujourd’hui hautement manipulés et amplifiés sur les réseaux au point que nos démocraties vont y laisser leur peau.
Légende du visuel principal: Comment les réseaux sociaux manipulent-ils les opinions ? © Getty / Yuichiro Chino
Les invités David Chavalarias, Directeur de Recherche CNRS
L'équipe Anne-Cécile Perrin, Réalisatrice Redwane Telha, Rédacteur en chef Marion Philippe, Attachée de production Sanaa Rezag-Bara, stagiaire
Tr.: ... manipulation par la Russie sur les réseaux sociaux ex élection présidentielle usa, ETC ...
http://rf.proxycast.org/a3b38fa1-3eb7-4a96-b41d-e5b824a12f6a/13938-07.03.2022-ITEMA_22954187-2022F22803S0066-22.mp3
Démocratie Ouverte @DemOuverte · 22 déc.
#ID Rendre les données statistiques accessibles pour tous. C’est l’objectif ambitieux de @Datagora qui mélange compilation d’éléments statistiques clés sur leur plateforme et contenu didactique sur leur instagram : http://datagora.fr !
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Nous dénonçons depuis un bon moment le fonctionnement de la CNIL française et son manque de volonté politique de protéger nos libertés. Depuis 2018 et le dépôt de nos plaintes collectives contre les GAFAM nous…
Catégories Ressources naturelles
... l’ingénieur pétrolier Jean Laherrère, connu pour avoir popularisé la notion de pic pétrolier, s’est attaqué à l’épineuse question du pic des métaux. Ses conclusions, admet-il lui-même, doivent être manipulées avec prudence, parce que les réserves mondiales de métaux demeurent mal connues et que les rares sources disponibles tendent à se contredire. Le principal intérêt de cette étude consiste au final à voir l’auteur confronter les données et les soumettre à son jugement critique.
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Dans le cas de l’uranium, l’ultime varie énormément selon les sources, mais le pic de 1981 ne semble pas devoir être dépassé et selon Laherrère, l’offre d’uranium ne répondra vraisemblablement plus à la demande dès 2040.
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On penserait qu’il existe de solides statistiques mondiales sur un enjeu aussi sérieux, mais ce n’est hélas pas le cas. Un effort international pour combler cette lacune serait très utile.
Source : Jean Laherrère, World Metals peaks, 22 mai 2021 https://aspofrance.files.wordpress.com/2021/05/metalpeaks22may.pdf.
article est en cours de rédaction
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Le 8 mars 2021, France Inter a publié un article sur son site web https://www.franceinter.fr/justice/doctolib-le-chiffrement-des-donnees-incomplet affirmant que des données comme « les médecins consultés, la fréquence de rendez-vous et même parfois, le motif de ce rendez-vous » étaient confiées à Amazon Web Services, et étaient « en clair ». L'article de France Inter est plutôt fouilli, et on ne comprend pas vraiment de quoi il retourne, par manque de détails techniques et d'informations sur ce qui a été effectivement observé.
Pour rappel, Doctolib est une plateforme française privée qui met en relation médecins, praticiens, et patients, et qui doit donc traiter des données à caractère personnel médicales, données médicales dont l'actualité a montré qu'elles ne sont pas toujours bien sécurisées https://www.francetvinfo.fr/internet/securite-sur-internet/cyberattaques/sante-les-donnees-medicales-de-500-000-francais-piratees_4309377.html.
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le certificat TLS est bien celui de Doctolib, mais l'adresse IP qui répond est une adresse IP de Cloudflare, ce qui veut très probablement dire que Doctolib a uploadé sa clef privée sur les serveurs de Cloudflare (qui sert ainsi de terminaison TLS), ce qui signifierait que Cloudflare peut lire les données « en clair », contrairement aux affirmations du président de Doctolib. Il est techniquement possible que Cloudflare ne serve qu'à faire proxy SNI, permettant ainsi à Doctolib d'effectuer la terminaison TLS (et rendre impossible la lecture des données par Cloudflare), mais la probabilité que cela soit le cas est faible, car cela enleverait une bonne partie de l'intérêt à utiliser Cloudflare.
Connu / https://twitter.com/MattRiMo/status/1369582562880937989
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Julien a retweeté Matthieu Richard-Molard @MattRiMo · 16h
Doctolib: Rémy Grünblatt, docteur en informatique, donne "plutôt raison" à l'enquête de France Inter.
Citer le Tweet Rémy Grünblatt @rgrunbla · 9 mars
Effectivement, Doctolib envoie des données (ou plutôt méta-données) directement à amazon qui contiennent des informations sur l'état de santé du patient. Exemple ici avec le domaine https://events.data.doctolib.com/live, qui abrite un site derrière un certificat amazon, qui leake une recherche - 1 - 16 - 7
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