Lecture en 3 min. Tribune Stéphane His, Consultant indépendant basé à la Réunion
Pour l’ingénieur de formation et consultant Stéphane His, la bande dessinée à succès de Jean-Marc Jancovici, Le Monde sans fin, contient des erreurs importantes et un biais pronucléaire évident.
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nombre de fausses informations et contre-vérités ... vision biaisée du monde de l’énergie et de ses évolutions, en lien avec la nécessaire baisse des émissions de gaz à effet de serre.
Des données manipulées
... les auteurs abusent de raisonnements dans lesquels ils confondent les causes et les conséquences : «Les économies se tertiarisent et les émissions de CO2 augmentent, donc la tertiarisation de l’économie induit la hausse des émissions de CO2. »
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Sur les énergies renouvelables, les auteurs indiquent que leurs usages n’ont pas vraiment augmenté ces dernières années. C’est exactement l’inverse qu’il se passe : elles représentent presque 30 % du mix électrique mondial (12 % pour le solaire et l’éolien, désormais devant le nucléaire) et 70 % des investissements dans les nouvelles capacités de production d’électricités. Ce chiffre pourrait monter jusqu’à 95 % d’ici à 2026 et les énergies renouvelables générer jusqu’à 90 % de la production mondiale d’électricité en 2050 dans le scénario permettant de limiter la hausse de la température à la fin du siècle à 1,5 °C produit par l’AIE – Agence internationale de l’énergie (1).
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les énergies éolienne ou solaire consommeraient de 10 à 100 fois plus de matières que l’énergie nucléaire (métaux, béton) au kWh d’électricité produite. La réalité est que le facteur de comparaison est de trois à quatre et que la tension sur l’approvisionnement en métal liée à la transition énergétique est le fait de l’électrification du système énergétique
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on n’a jamais produit autant de pétrole, notamment de schiste, dans le monde.
À lire aussi Nucléaire : la hausse des températures fait baisser la production https://www.la-croix.com/Economie/Nucleaire-hausse-temperatures-fait-baisser-production-2022-05-11-1201214619
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Pour Tchernobyl, il y a de nombreuses contestations du bilan officiel. Et quid des milliers de personnes déplacées, des zones contaminées, des coûts des catastrophes estimés entre 200 et 500 milliards d’euros. Et pour Fukushima, que dire des milliers de tonnes d’eau contaminée que le Japon s’apprête à rejeter à la mer? Pourquoi également parler de la fameuse piscine olympique de déchets nucléaires à vie longue et oublier les 400 autres piscines de déchets nucléaires dont il faut bien aussi s’occuper?
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(1) https://www.iea.org/news/renewable-electricity-growth-is-accelerating-faster-than-ever-worldwide-supporting-the-emergence-of-the-new-global-energy-economy
À découvrir « L’énergie nucléaire ne répond pas au défi climatique » https://www.la-croix.com/Debats/Lenergie-nucleaire-repond-pas-defi-climatique-2021-10-18-1201181087
Clés : nucléaire énergie et centrale nucléaire climat Réchauffement climatique énergies renouvelables Opinions et débats
Économie Analyse - 83 commentaires
Derrière l’éloge appuyé du président de la République à la « valeur travail » pour justifier de nouvelles mesures répressives contre les chômeurs et les retraités se cache en réalité la volonté appuyée de soumettre le monde du travail à la logique de marché.
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opération de communication basée sur un mot-valise ... cette insistance n’est pas nouvelle ... justifier un durcissement de l’accès aux indemnités chômage ... une baisse des cotisations salariales ou une subvention publique aux bas salaires pour éviter de relever les salaires.
La « valeur travail » est donc mobilisée pour justifier d’abord des politiques de déconstruction de l’État social
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l’utilisation de la valeur travail par les néolibéraux et les conservateurs est plus que problématique.
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c’est David Ricardo qui en fait le fondement de son économie politique en considérant que la valeur d’échange des marchandises traduit en réalité la valeur du travail incorporée dans ces marchandises. Dans cette vision, c’est le travail qui détermine la valeur et c’est la valeur qui détermine les prix.
Mais, à partir de la fin du XIXe siècle, une autre vision se développe avec l’école néoclassique. Elle considère que la valeur ne trouve pas sa source dans le travail, mais dans les prix, autrement dit dans l’équilibre entre l’offre et la demande ... Alfred Marshall ... utilité marginale ... Dans le cadre de la valeur travail, le produit financier n’est qu’une avance sur la valeur créée à venir par le travail, c’est un « capital fictif », comme le dit Marx. Pour les marginalistes, au contraire, si la demande de produits financiers crée un marché, alors elle crée une valeur
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Toutes les politiques menées depuis trois décennies visent à créer de la valeur par le marché et non par le travail ... la réforme du marché du travail qui a été soutenue par Emmanuel Macron, ministre de l’économie de François Hollande, puis complétée par Emmanuel Macron, président de la République en fin de quinquennat ... la fiscalité des revenus du capital
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Le cœur du discours économique d’Emmanuel Macron, c’est l’innovation privée réalisée par des entrepreneurs. Pour lui, en accord avec l’école néo-schumpétérienne de Philippe Aghion, c’est là précisément la source de la richesse des sociétés ... « licornes », ces start-up valorisées un milliard de dollars en Bourse, est un démenti cinglant de toute forme de croyance dans le travail comme source de la valeur. ... lors de la présentation du plan « France 2030 » durant laquelle il a fait l’éloge de la coopération entre la finance, les grandes entreprises, l’État, mais jamais les travailleurs ... la révolution néolibérale vise à soumettre la société à la logique marginaliste, et Emmanuel Macron en est le représentant le plus convaincu.
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à la fin des années 1960, le néo-ricardien Piero Sraffa a résolu le « problème de la transformation » expliquant la traduction de la valeur travail en prix.
Mais en réalité, la valeur travail a été abandonnée parce qu’elle est explosive socialement. Car si toute richesse provient du travail, alors comment expliquer le profit et son accaparement par le détenteur du capital ?
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Marx allait rapidement dynamiter les non-dits de la vision de Ricardo ... le capital est capable de saisir une part du travail, et donc de la valeur, pour l’accumuler et se rendre en apparence indispensable aux travailleurs sous la forme de l’emploi ... la valeur est un rapport social. Et c’est ce rapport de domination sociale qui impose sa loi par le biais des « nécessités économiques ». C’est ce que Marx appelle le « fétichisme de la marchandise »
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La seule vraie conséquence de la valeur travail est, en réalité, le socialisme. Mais en la fétichisant et en la confondant avec la valeur d’échange, on a fait de cette notion une arme politique du conservatisme social qu’incarne de plus en plus Emmanuel Macron. Et c’est pour cette raison qu’il a eu recours à cette aberration apparente d’utiliser la valeur travail pour renforcer l’exploitation du travail.
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Emmanuel Macron a pu encore dérouler des contre-vérités ou de vraies-fausses annonces ... selon la Dares, l’institut statistique du ministère du travail lui-même ... il existe un emploi disponible pour environ treize chômeurs
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le seul vainqueur à ce petit jeu, c’est le système social existant. Autrement dit, l’exploitation.
Énergie décabornée, peu émettrice de CO2, non intermittente… Bref, le nucléaire serait « notre avenir environnemental, écologique », comme le rabâche Emmanuel Macron. Reporterre vous propose une analyse point par point, experts à l’appui, des louanges présidentielles envers cette filière.
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- S’il émet très peu de gaz à effet de serre, le nucléaire n’est pas intégralement décarboné ... le total des émissions de gaz à effet de serre d’Orano s’établissait à plus de 260.000 tonnes équivalent CO2 en 2018.
- La non-intermittence du nucléaire, une assertion à nuancer ... l’intermittence des gigawatts du nucléaire est devenue totalement incalculable.
- La construction nucléaire exige trop de temps
- *La compétitivité de l’énergie nucléaire ne cesse de baisser / ENR
- Le Giec propose aussi des scénarios de décroissance et de sortie du nucléaire ... considère les nuisances environnementales liées à cette industrie – production de milliers de tonnes de déchets radioactifs chaque année, pollution des mines d’uranium, risque persistant d’accident de type Tchernobyl ou Fukushima – comme des effets négatifs au regard des « objectifs de développement durable » (ODD), comme on peut le lire p. 461 du rapport https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/05/SR15_Chapter5_Low_Res.pdf
.- La Commission européenne reste divisée sur ce sujet, comme l’a récemment expliqué Reporterre https://reporterre.net/L-Europe-favorisera-t-elle-le-nucleaire-au-nom-de-l-urgence-climatique. - L’Allemagne a bien ouvert une centrale à charbon depuis sa décision de sortir du nucléaire, mais pour des raisons économiques – ce projet était déjà engagé et l’annuler aurait coûté trop cher.
LE NUCLÉAIRE EST VULNÉRABLE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
- Le défi de la ressource en eau
- Les risques liés à l’élévation du niveau des mers et aux événements climatiques extrêmes
- Quand on parle de résilience du nucléaire, c’est une fumisterie.