Nous avons invité Raphaël Larrère pour parler du bouquin co-écrit avec Catherine Larrère Le pire n'est pas certain : essai sur l'aveuglement catastrophiste, sorti en septembre 2020. Leur analyse critique des thèses catastrophistes pourra être mise en perspective avec les réflexions que nous avions conduites lors de l’atelier prospectif par lequel nous avions ouvert le programme « Explorer les chemins de la transition » (voir : https://www.cit-in.fr/premier-atelier-de-reflexion-prospective), ainsi que lors de la première séance du séminaire consacré aux futurs : « Comment s’orienter dans la transition » (voir : https://www.cit-in.fr/comment-s-orienter-dans-la-transition). Cela permettra de réfléchir avec Catherine et Raphaël à la manière dont les expérimentations au centre du programme offrent, dans leur pluralité, des voies de politisation de l’écologie et rouvrent les possibilités d’action et les alternatives.
Connu / https://www.cit-in.fr/
Est-il déjà trop tard pour faire face à la crise climatique ?
Texte de Loïc Giaccone
Loïc était autrefois journaliste spécialisé dans le ski. Après avoir fait un master « changement climatique et médias », il travaille maintenant dans l’adaptation au changement climatique et suit de près l’actualité scientifique du climat. Il nous aide aujourd’hui à y voir plus clair sur les risques que nous encourons face à la crise climatique. A l’opposé des discours climatosceptiques, d’autres proclament qu’il serait d’ores et déjà « trop tard » pour atténuer le changement climatique à venir, et qu’un « emballement climatique » dévastateur est déjà acté. Qu’en est-il réellement ?
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des « tipping points », ces points de basculement (ou seuils) qui feraient entrer le climat de la planète dans un autre état, bien plus dangereux
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Ce qui se joue avec le changement climatique, c’est l’équilibre planétaire à long, voire très long terme.
Ces points de basculement sont nombreux et variés, on retrouve notamment la fonte de la banquise Arctique, la fonte partielle (Antarctique) ou totale (Groenland) des calottes glaciaires, les changements de la circulation thermohaline, la modification de la forêt amazonienne, l’affaiblissement de la mousson estivale indienne, le dégel du pergélisol (qui libèrerait des gaz à effet de serre), etc.
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ces points de bascule sont difficiles à définir précisément, et une fois déclenchés, ils ne mènent pas forcément à un changement abrupt et immédiat du climat : le changement est bel et bien acté une fois le « seuil » passé, mais les conséquences peuvent s’étaler sur des siècles voire des millénaires, comme dans le cas de la hausse du niveau marin.
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Conclusion
Les discours « catastrophistes » reposent ainsi souvent sur un mix, ou plutôt un cumul anxiogène
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la situation est loin d’être réjouissante. Il n’est pas encore « trop tard » pour éviter une catastrophe climatique, mais l’urgence climatique est là, c’est maintenant, aujourd’hui, et non dans quelques années ou décennies. Dans le point n°6, on observe que le réchauffement actuellement « embarqué » par les émissions passées (gaz à effet de serre et aérosols) est de +0,2-0,3°C en 2100 en plus du réchauffement actuel d’environ +1,1-1,2°C. On se rend compte qu’effectivement, la « frontière » des +1,5°C est très proche, et elle sera franchie autour de l’année 2040 si la trajectoire n’est pas infléchie.
Cette trajectoire nous mène aujourd’hui à un réchauffement de plus de +3°C en 2100 d’après le rapport annuel du Programme des Nations unies pour l’environnement. Cela signifie qu’il y a encore une marge entre les deux valeurs, et cette marge est politique ... les différences d’impacts pour un demi degré de réchauffement (entre +1,5°C et +2°C) sont énormes
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Connu / https://twitter.com/JMJancovici/status/1293932753562607616
Ndlr : DONC agir SANS DÉLAIS, VITE ET FORT ! ACT
55 minutes
Selon Jean-Pierre Dupuy, les collapsologues se revendiquent du "catastrophisme éclairé", qui consiste à faire comme si la catastrophe était une fatalité pour que l’inéluctable ne se produise pas. Ils avancent que tout système complexe est destiné à s’effondrer, ce qui est conceptuellement faux selon le philosophe.
Invité du jour
Jean-Pierre Dupuy est professeur émérite de philosophie sociale et politique à l'Ecole Polytechnique, et professeur de philosophie et de sciences politiques à l'université Stanford en Californie.
Le philosophe Jean-Pierre Dupuy est notamment le penseur de « Pour un catastrophisme éclairé » (Seuil, 2002), une notion référence pour les collapsologues. Mais il regrette aujourd’hui la façon dont ces derniers ont compris cette idée.
Pour aller plus loin :
Philosophie Magazine (février) : Collapsologie : et vous, croyez-vous à la fin du monde ?
Autres ouvrages de l'auteur : L’Avenir de l’économie (Flammarion, 2012) La Guerre qui ne peut pas avoir lieu. Essai de métaphysique nucléaire (Desclée de Brouwer, 2019)
Vos solutions pour la planète
Simon Tarabon est ingénieur-doctorant en écologie, il a créé avec sa sœur Chloé le LabMadeleine : une jungle nourricière, une forêt comestible à Retournac en Haute Loire.
Simon et Chloé ont récemment hérité d'un terrain au pied du Mont Madeleine, sur la commune de Retournac en Haute-Loire. En mémoire de leur père ils ont voulu réinvestir ce terrain, patrimoine local et familial, et le faire vivre. Ce terrain a un intérêt pour la permaculture et l’apiculture.
Ils voulaient ainsi trouver une solution pour atténuer le changement climatique et surtout trouver des moyens à notre hauteur pour s’y adapter avec le LabMadeleine.
Invité découverte
C’est au cours d’une tournée commune en Chine avec Témé Tan, à l’arrivée à Shanghai, lorsqu’elle découvre l’état écologique de la ville, que se déclenche chez Suzane le besoin d’écrire cette chanson, « On a cassé la planète, il est où le SAV ? ».
Après plusieurs refus d’autorisation de tournage à travers le monde (comme par exemple aux Maldives sur l’île de Thilafushi, « île poubelle »), c’est en Afrique que Gregory Orhel et Suzane obtiennent l’autorisation de filmer un décor qu’ils veulent authentique et éloquent, et travaillent avec le créateur sénégalais Doulsy pour le stylisme et ses tenues faites de déchets et de recyclage.
Dakar, Sénégal. A quelques kilomètres du centre-ville, la décharge de Mbeubess, 114 hectares d’immondices et de déchets, un décor naturel post-apocalyptique comme il en existe partout à travers le monde. Une virée dystopique et un appel à une prise de conscience collective.
La série de reportages de la Terre au Carré, signée Agnès Faivre
Guinée : répercussions environnementales de la ruée sur la bauxite et l’or
►►► Episode 1 : mission d’inspection des sites miniers avec Aboubacar Kaba https://www.franceinter.fr/environnement/guinee-main-basse-sur-les-ressources-minieres
Dans le discours des manifestations, les générations futures ont laissé place aux générations présentes et le développement durable n’a plus la cote face à l’urgence climatique. Décryptage d’une tendance catastrophiste avec Luc Semal, chercheur en sciences politiques, auteur de “Face à l’effondrement. Militer à l’ombre des catastrophes”. Suite de notre série d’articles consacrée à la Semaine internationale de la rébellion qui se déroule du 12 au 19 avril.
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Clés : Idées climat Semaine internationale de la rébellion Désobéissance civile
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En effet, tout en défendant un rapport « scientifique » à l’effondrement, V. Mignerot a développé un système philosophique personnel, partant d’une « théorie écologique de l’esprit » qui insiste sur sa capacité, déterminée par l’évolution, à occulter les conséquences destructrices de l’action, ainsi que sur la nature essentiellement compétitive de la vie (Mignerot, 2014). Le fondateur d’Adrastia naturalise ainsi l’impuissance de l’écologie politique à enrayer la trajectoire catastrophique de l’humanité. Toute action étant destructrice par nature, et chaque être humain étant partie prenante du processus d’extinction, toute la dimension conflictuelle et éventuellement accusatrice de l’écologie est alors rabattue sur un déni de responsabilité personnelle (Mignerot, 2017 : 111). En particulier, V. Mignerot dénonce les positions qui reportent la responsabilité des
individus consommateurs vers les dirigeants des entreprises et des États. Il assume également sa proximité avec la pensée de l’astrophysicien François Roddier, qui aborde la crise écologique en appliquant les mêmes principes « thermodynamiques » à l’astrophysique et à la sociologie, en passant par la biologie. Pour F. Roddier, l’évolution de la vie sur terre, histoire humaine comprise, tend vers la « dissipation maximale d’énergie », jusqu’à épuisement de celle-ci (Roddier, 2013).
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Cette ligne philosophique radicale s’est progressivement trouvée prise dans des discussions furieuses, au cours desquelles V. Mignerot a été accusé de « fatalisme », d’ethnocentrisme et d’apolitisme (Collectif Le Partage, 2016)
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Note de l’auteur :
cet article a été rédigé principalement en septembre 2018. Certains éléments ont été mis à jours ou ajoutés depuis, mais en se focalisant sur les communautés électroniques catastrophistes, et sur leur rapport tourmenté à une société apparemment indifférente à l’éventualité de sa destruction, nous laissons de côté des évolutions importantes qui se sont produites depuis l’automne 2018, à savoir la diffusion élargie et dans une certaine mesure, la légitimation du catastrophisme (voir
par exemple l’usage banalisé du couple « fin de mois/fin du monde » pour discuter des rapports entre les revendications écologiques et celles des « gilets jaunes », ainsi que les occurrences multipliées de l’« effondrement » dans des arènes savantes).
Il est possible, et peut-être souhaitable, que le désarroi lié à l’isolement et à l’impression d’inaudibilité publique s’atténue, et que les tensions se déplacent maintenant vers le rapport aux institutions, ou vers l’articulation avec une vague récente de mouvements écologistes marqués par un sentiment renouvelé d’urgence.
Résumé
Depuis quelques années, un catastrophisme renouvelé, centré sur la notion d’« effondrement », gagne du terrain parmi les discours consacrés à la question écologique. En nous appuyant essentiellement sur le volet numérique d’une enquête en cours sur les formes collectives hésitantes qui se constituent autour de la conviction catastrophiste, nous nuancerons les inquiétudes sur son caractère dépolitisant, en montrant qu’elle pousse à chercher des appuis collectifs pour surmonter l’impuissance et l’isolement, et pour soutenir des parcours d’autodidaxie astreignants.
Mots-clés
catastrophisme - limites planétaires - effondrement - saisissement - dépolitisation
Connu / https://twitter.com/JMJancovici/status/1101459628586659841
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Jean-Marc Jancovici @JMJancovici 6 hil y a 6 heures
Les « effondrés anonymes » ?
S’associer autour d’un constat de dépassement des limites planétaires par Cyprien Tasset Dans La Pensée...
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