Cohérence @coherence_e
« La neutralité aide l'oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté. »
Elie Wiesel
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12:10 AM ·· 99,6 k vues
france-5 Émissions culturelles 1 h 31 min Français tous publics
diffusé le 26/04/23 à 21h02 Disponible jusqu'au 26/11/23
Augustin Trapenard accueille Eric-Emmanuel Schmitt, pour "Le Défi de Jérusalem", un récit de voyage en Terre sainte édité chez Albin Michel, et André Comte-Sponville, pour "La Clé des champs et autres impromptus", un recueil d'articles paru aux PUF. A leurs côtés, Eliette Abécassis et Néjib présentent "Sépher : L'épopée millénaire de la Bible", une histoire de la Bible en bande dessinée, aux éditions Albin Michel. Metin Arditi évoque "Le Bâtard de Jérusalem", son roman consacré à la vie de Jésus publié chez Grasset.
Présenté par : Augustin Trapenard
Maison de production : Rosebud Productions / France Télévisions
Tr: ... 1:27:00 un texte inédit que vous avez écrit Eric-Emmanuel Schmitt "Droit dans les yeux" :
Avez-vous peur du silence ? Comme vous l'avez remarqué, notre époque le détruit dans un monde devenu sonore comme jamais. Des abreuvoirs à musiques se présentent partout : dans nos voitures, nos magasins, nos ascenseurs, nos maisons, certains individus allant jusqu'à se greffer des abreuvoirs à sons sur les oreilles... Aujourd'hui, le silence nous oppresse car il dénonce la solitude. Hors, la solitude n'existe pas. Et le silence non plus. Personnellement, j'ignore la solitude. Même lorsque je demeure isolé dans mon bureau, ya les mots qui me relient aux autres, les souvenirs qui m'en apportent la présence, les pensées que ma raison médite et les mondes et les personnages que brassent mon imagination. JE ... N'AI ... JAMAIS ... ÉTÉ... SEUL, pas un seul jour de ma vie... Et vous ? Fréquenter la solitude, c'est en réalité fréquenter l'humanité entière. Quant au silence, il ne possède aucune réalité physique. Toujours des bruits retentissent. L'air qui passe, les battements d'ailes, les battements de coeur, l'herbe qui pousse, les pétales qui explosent. Le silence est enceint. Enceint de la vie qui vibre perpétuellement en lui. Donc je me risque à un conseil : fréquentez ... le silence. La vie et l'art s'y tapissent. Car la musique elle-même sort du silence et y retourne. Elle en est cousue. Si vous ne savez pas savourer le silence, vous ne jouirez jamais de la musique. Et en littérature, d'où surgissent les phrases ? Où se dessinent-elles sinon sur le fond blanc de la page silencieuse ? Sitôt que vous vous montrez à l'affut du silence, vous acquérez une vigilance au moindre détail qui s'y forme. L'attention au silence nous ouvre la possibilité d'une attention à tout. Au fond, la musique et la littérature ne sont que des rêves que fait le silence...
Ndlr : texte remarquable de EES sur le silence, à valoriser ACT
Le prix du silence, projet photographique de Sandra Reinflet, autour du site d'enfouissement de déchets nucléaires de Bure - Sandra Reinflet - Série Le prix du silence
C’est une histoire où l’on compte en centaines de milliers d’années. Un vaste projet d’enfouissement des déchets nucléaires est à l’étude à Bure, village de 80 habitants dans la Meuse. Sandra Reinflet, photographe, s'intéresse à "l'acceptation sociale" de ce projet.
"Radioscopie de la France" : c'est ainsi que la BNF a appelé son vaste appel à projets : des reportages photos, partout dans le pays. Sandra Reinflet, qui fait partie des artistes sélectionnés, s'intéresse à l'enfouissement des déchets nucléaires prévu à Bure, dans la Meuse.
L'ambition de la photographe, par une alternance de portraits, d’infrastructures et de paysages, est d’interroger les mécanismes d’acceptation de ce projet. Son reportage est baptisé « Le prix du silence ».
Son compte instagram
Son site internet : sandrareinflet.com
Le hado, une balle au prisonnier virtuelle
Ce mardi dans les Carnets de Campagne, on parle aussi d'une initiative de Numéripôle, à Bras-sur-Meuse. Cette association se bat contre l'exclusion numérique en organisant des formations et des cours d'informatique. Le nouveau projet de Numéripôle, c'est de se lancer dans le hado : un mélange original de sport et de numérique, une balle au prisonnier virtuelle. Cette idée a été sélectionnée pour être soumise au vote d'un budget participatif, ma faMeuse idée. Il ne reste plus que quelques heures pour voter et c'est par ici !
Société
L'équipe Dorothée Barba, Production
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Le 6 septembre 2022, Jean-Luc Mélenchon était l’invité de France 5 pour l’émission « C Dans l’air - L’invité » animée par Caroline Roux.
Il est revenu dans un premier temps sur la taxation des superprofits. Il a rappelé que de nombreux pays européens avaient décidé de mettre en place cette taxe quand, dans le même temps, Emmanuel Macron refuse de le faire en France. Il a appelé à signer la pétition https://taxesuperprofits.fr/ pour demander une loi sur le sujet au Parlement.
Interrogé sur l’écologie, Jean-Luc Mélenchon a souligné que la prise de conscience de l’urgence climatique aurait d'abord dû se faire du côté des dirigeants et que c'est à eux qu'il faut demander des comptes. En effet, il a fallu que ce soit la sécheresse et les incendies partout pour qu’ils se rendent compte qu'il y a un problème. Il faut ensuite demander des efforts aux plus riches qui polluent en masse et non pas faire payer toujours les mêmes personnes.
Face à la crise climatique, Jean-Luc Mélenchon a détaillé les deux manières de réagir : celle de monsieur Macron qui est de clouer de peur les gens et les culpabiliser, en faisant toujours payer les mêmes, alors que ce sont les riches qui détruisent la planète, ou bien celle proposée par la NUPES : faire face en planifiant, en innovant, en s'attaquant à la racine des problèmes.
Jean-Luc Mélenchon est ensuite revenu sur la question du droit au silence et notamment des passoires acoustiques. Il a alerté sur les dangers de vivre dans le bruit permanent : 87% des Français considèrent que le silence est devenu quelque chose de rare réservé aux riches.
En conclusion, Jean-Luc Mélenchon a appelé à une marche à la mi-octobre contre la vie chère pour que Monsieur Macron comprenne que la situation sociale de millions de Français n’est plus supportable.
Parler avec assurance de choses qu'on ne connaît pas, c'est l'ultracrépidarianisme. Explications avec le philosophe et physicien Étienne Klein.
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Transcription :
Journaliste : Laurène Gris - Montage Morgane Pottier brut.media
On est tous pour ou contre le nucléaire, les nanosciences les OGM. Mais qui d'entre nous est capable de dire ce qu'on met vraiment dans un réacteur nucléaire ? Ce qu'est une réaction de fission ? Comment ça fonctionne ? Qu'implique E=mc2 ? Qu'est-ce que c'est qu'une cellule souche, un OGM ? Personne.
L'ultracrépidarianisme, c'est un mot savant pour dire que, souvent, on parle avec assurance de choses que nous ne connaissons pas et c'est dérivé d'une locution latine qui est : "Sutor, ne supra crepidam" qui veut dire en gros que le cordonnier ne doit pas parler au-delà de la chaussure.
Moi j'ai noté cette tendance-là au tout début de l'épidémie. Je rentrais du Chili et en arrivant en France, alors que le confinement avait commencé depuis quelques jours, je voyais des tweets écrits par des personnalités politiques, parfois de très haut rang, qui commençaient par : "Je ne suis pas médecin, mais je pense..." etc. Et, après cette déclaration honnête d'incompétence, s'ensuivaient des injonctions sur ce qu'il fallait faire ou penser à propos de tel ou tel traitement. Au tout début de l'épidémie. Ça m'avait étonné qu'on puisse avoir autant d'assurance alors même qu'on vient de déclarer qu'on est incompétent.
J'ai remarqué en étudiant un peu la question que c'était une tendance savassez naturelle, qui a d'ailleurs été étudiée par des psychologues américains à la fin du 20è siècle qui s'appellent Dunning et Kruger, qui avaient remarqué que pour se rendre compte qu'on est incompétent, ben il faut être compétent. Au début, quand on découvre un nouveau champ, on se sent spontanément compétent. Par exemple, j'y connais rien en football, mais si on me demandait d'être sélectionneur de l'équipe de France de football, spontanément je dirais : "Pourquoi pas, ça a l'air simple." On s'assoit sur un banc, on fait des gestes, on crie un peu et ça doit être suffisant pour que l'équipe gagne. Et puis, en regardant les choses d'un peu plus près, on s'aperçoit que c'est beaucoup plus compliqué. Nous sommes tous appelés à être victimes de cet ultracrépidarianisme. Quand vous conversez au café avec vos amis, vous dites des choses qui vont au-delà de vos compétences. C'est tout à fait naturel dans la conversation, simplement il faut en avoir conscience, et quand on a une parole publique qui peut avoir des effets politiques importants, il faut être prudent. L'idée, c'est pas du tout de dire que chacun est contraint dans sa liberté à laisser la parole aux experts. En fait, en démocratie, n'importe qui a le droit de poser une question aux experts, de les interpeller, de les interroger. Mais c'est pas ce qui est fait là. C'est : on donne son avis sans savoir.
Livre "Le goût du vrai" a fait naître de nombreuses polémiques.
Nous avons tendance à écouter ceux qui parlent de tout. Comme s'ils nous rassuraient, comme si les gens qui ont des formes de certitude, une forme d'arrogance aussi, nous rassuraient dans une période d'incertitude. Dans les mêmes canaux de communication circulent aujourd'hui des connaissances, scientifiques ou autres, des informations, des commentaires, des opinions, des fakenews, et le fait que toutes ces choses circulent dans les mêmes canaux fait que leurs statuts respectifs, qui sont pourtant très différents, se contaminent.
Je me rends compte que les gens qui sont modérés, qui sont prudents, qui sont en quelque sorte "centristes" pour ce qui est des questions relatives à la vérité, parlent beaucoup moins que les gens qui sont extrémistes dans ces domaines. C'est un peu comme en politique : les gens qui sont aux extrêmes parlent plus que les gens qui font partie de ce qu'on appelle la majorité silencieuse. Et moi je pense que notre démocratie, pour garder de sa vivacité, a besoin que les gens modérés s'engagent passionnément. L'idée même de démocratie a à voir avec le fait qu'on puisse argumenter et s'en donner le temps, sans simplement s'imposer... s'opposer, pardon, avec des arguments assez primaires qui donnent l'impression que ce sont des arguments d'autorité qui se combattent et non pas des analyses.
"
Connue / https://twitter.com/brutofficiel/status/1301407829769633792
"
François BOCQUET a retweeté
Brut FR @brutofficiel · 3 sept.
"Je ne suis pas médecin, mais..."
Parler avec assurance de choses qu'on ne connaît pas, c'est l'ultracrépidarianism. Explications avec le philosophe et physicien @EtienneKlein
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Ndlr :
- fait allusion à L'effet Dunning-Kruger ou effet de surconfiance, un biais cognitif démontré par David Dunning et Justin Kruger
https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Dunning-Kruger - questionner le point sur le rapport à l'expertise (peut-on dérouler un raisonnement sans en avoir une ? En d'autres termes, peut-on parler de ce que l'on ne connaît pas ? N'est-ce pas ce que fait souvent le médiateur ou le journaliste en rapportant les propos d'un tiers ?) et publier dans centristes insoumis ACT
L’effroi, la catastrophe, la sidération, la tristesse, une part de nous-même, un trésor mondial... les mots et bien d’autres ont été prononcés, et ils sont justes. L’incendie qui a ravagé le toit de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, lundi 15 avril au soir et dans la nuit, a abîmé gravement bien plus qu’un monument : ce drame qui a frappé un des lieux les plus connus au monde a fait vibrer dans l’âme de millions de personnes un sentiment d’effondrement. Comme si une part du monde s’écroulait, comme si un des piliers de l’univers s’était affaissé, comme si l’ordre qui permet à l’humanité agitée de mille tourments et conflits de tenir tant bien que mal était ébranlé.
C’est bien de cela qu’il est question. Et d’une manière très différente de l’effroi que l’on avait ressenti le 11 septembre 2001, quand les tours du World Trade Center s’étaient écroulées sous le choc d’avions terroristes. Ce qui était en cause, alors, c’était la puissance de la nation la plus forte, assaillie par ses adversaires. Quand les flammes ont rugi dans les combles obscurs de Notre-Dame-de-Paris, elles ont altéré une trame indicible qui a à voir avec la spiritualité, si l’on entend par ce mot l’acte créateur qui pousse les humains à se dépasser.
Une métaphore pourrait surgir chez celles et de ceux qui ont en permanence la gravité de la crise écologique à l’esprit : cette catastrophe qui frappe si lourdement une œuvre humaine chargée de sens et de puissance d’évocation, elle est un écho de la catastrophe silencieuse qui ravage les forêts et les savanes, les îles et les montagnes, et qui se traduit partout par un massacre insensé de la vie - ce qu’en termes savants on nomme « extinction de la biodiversité ». Le feu est parti dans une charpente constituée de poutres de chênes vieux de plusieurs centaines d’année ; d’un endroit qu’on appelait « la forêt ». Les forêts du monde brûlent aussi en Amazonie, en Indonésie, en Afrique, et d’une manière indirecte chez nous.
Puisse le sentiment de compassion et d’effroi, mais aussi de souci de préserver un trésor commun, jailli au regard de la catastrophe, nourrir notre attention au monde qui nous entoure, et pas seulement les pierres que nous ont léguées nos ancêtres.