29min
Etienne Klein - Un monde, un regard (28/01/2022)
28:59
Il est le physicien le plus connu de France, fait de la vulgarisation scientifique une mission et porte en écharpe la pensée de Spinoza¿«¿la connaissance est la seule chose qui ne se réduit pas en se partageant¿». Un scientifique qui ajoute une dose de philosophie à sa matière «¿première¿»¿:¿ Le futur existe-t-il dans l’avenir¿? La science est-elle toujours porteuse de progrès¿? Existe-il une vérité scientifique ? Au moment où, les courants qui remettent en cause le rôle des savants, gagnent du terrain, comment réagit-il¿? Comment réconcilier les français et la culture scientifique ?
L' invité : Etienne Klein, Physicien
Connu / https://twitter.com/publicsenat/status/1487471101353803776
"
Yves Marignac a retweeté Public Sénat @publicsenat
Index pointant vers la droite Le physicien @EtienneKlein est l’invité de @fitouss ...
"
Tr.: ... au 20ème siècle, ya eu des révolutions conceptuelles incroyables, la relativité générale proposée par Einstein en 1915 qui change la façon de comprendre la gravitation ... la physique quantique qui décrit les interactions entre particules ... idées qui méritent d'être connues y compris par ceux qui n'ont pas eu la chance de faire des études ... j'ai pas du tout une conception scolaire de la démocratie ... on n'est pas un moins bon citoyen si on est indifférent à la science ... c'est bien d'être mis en contact avec elle au moins une fois pour savoir si on a du goût pour elle ... tout est vulgarisable à condition qu'on ait du temps ... la physique s'écrit avec des équations mathématiques. Dire avec des mots ce qu'une équation dirait si elle pouvait parler, prendrait du temps et ya tout un travail de traduction ... la langue ordinaire ne contient pas la science. Donc pour vulgariser, il faut creuser une langue étrangère dans la langue pour créer des espaces nouveaux dans lesquels on va pouvoir dire l'originalité des messages qui nous viennent de la physique. C'est une critique du langage. C'est être en lutte avec la langue selon un de ses maîtres, Vilkenstein??
C'est excitant ... ya un érotisme des problèmes. ... Einstein se pose une question, une réponse amène une autre question, il suit le fil ... révolution. La pensée n'est pas triste ... C'est bien d'essayer ...
/COVID Je suis passé d'une conception intellectuelle de la vulgarisation - je pensais qu'il fallait transmettre des idées - à une conception plus politique. Au début je pensais qu'on avait là l'occasion HISTORIQUE de faire de la pédagogie scientifique, d'expliquer jour après jour comment on travaille, quelles sont les questions qui se posent, quelles sont les expériences, les mesures, les protocoles qu'on met sur pied pour répondre aux questions que nous nous posons. Expliquer un essai en double aveugle, s'agissant? des traitements, un essai randomisé. Pourquoi il ne faut pas confondre coïncidence, corrélation et causalité. Qu'est-ce qu'une exponentielle ? Pourquoi la théorie des probabilités est parfois contre-intuitive ? Et au lieu de ça, on a parfois organisé des controverses prématurées entre gens pas d'accord à propos de questions dont on ne connaissait pas encore les réponses !
Pourquoi, quand on ne sait pas répondre à une question, on ne dit pas "je ne sais pas" ? pourquoi on fait semblant de savoir ?
On a confondu la science et la recherche. Corpus de connaissances qu'on a du mal à remettre en cause sauf si on a des arguments scientifiques pour le faire. Il est par nature incomplet. Donc il pose des questions dont nous n'avons pas les réponses. Et c'est pour cela qu'on fait de la recherche. Quand on confond les deux, le doute qui est moteur de la recherche, vient coloniser les ?? de science ...
I : on ne supporte pas l'idée d'avoir des sachants comme si yavait un jusqu'auboutisme de l'égalité du savoir et de la parole. Toutes nos paroles se valent.
EK : oui, dans les mêmes canaux de communication circulent des connaissances, des croyances, des commentaires, des opinions, des fakenews. Et les statuts de ces choses différentes se mélangent, du coup ... Ya une grande confusion. Ya des leçons à tirer.
Quand un scientifique parle en période de crise dans un lieu public, il devrait dire "nous savons que" cad engager une collectivité. La science ne se fait pas tout seul. On présente ses résultats de recherche. la seule honnêteté qu'on doit avoir, c'est de présenter ses résultats à d'autres personnes qui travaillent sur des questions et sujets semblables.
Dire "je" n'a de sens que si on est lanceur d'alerte. Karl Poppers?? disait "la science est la coopération amicalement hostile des citoyens de la communauté du savoir". Les chercheurs se disputent tant qu'ils n'ont pas la réponse à la question qu'ils se posent. À la fin, ils prétendent avoir fait parler un bout du réel - une connaissance - capables de la dire de la même manière. "Nous savons que" et "nous nous demandons si".
...
livre "à la recherche du réel" écrit par le physicien bernard despagna?? ... des découvertes philosophiques négatives ... points de contact avec la physique m'a passionné.Il est devenu mon maître.
Sur le temps, les deux parlent-ils de la même chose ou non ?
...
Penser qu'on peut mourrir jeune évite de procrastiner ... la mort, transformation, métamorphose ... événement incommensurable, mystère
...
la science ouvre sur la philosophie. Ex des lois physiques.
/religion
...
le science ne dit pas ce que nous devons faire ... décorrélation entre la militance et la compétence. On juge à partir de halos symboliques plutôt que de connaissances.On met en compétition des valeurs. Débats stériles? ... Surveiller l'innovation technologique comme le lait sur le feu. Avant on disait "la marche vers le progrès réclame de sacrifices" ... La militance doit conduire à une augmentation des connaissances. Se forger une opinion demande un travail. Le droit de savoir pas toujours converti en désir de connaître. C'est compliqué et chronophage. Ex. 5G, IA, etc. Quels pouvoirs déléguer à l'IA ?
... 58 publications ... 2021 "L'esprit du corps" "Le goût du vrai" "Ce qui est sans???" ... Le temps, le vide, l'espace, la matière.
Photo de la prison de Fresne ... cours particuliers, effet de répulsiion négative ... comment on peut y vivre ? François Desse/Besse? a découvert spinoza pendant 26 ans d'incarcération. Travail mental.
Wilkinson, rugby
Mont-blanc, montagne
Vertus : justice et éloquence
Comportement consistant à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée. Il peut être rapproché de la cuistrerie.
... le nom anglais ultracrepidarianism est attesté pour la première fois en 1819 dans un texte de l'écrivain William Hazlitt ... La forme française apparue seulement en 2014(1)
... dérivé de la locution latine Sutor, ne supra crepidam, qui signifie littéralement : « Cordonnier, pas plus haut que la chaussure » et équivaut à l’expression moderne « À chacun son métier, les vaches seront bien gardées » ... s'exprimer hors de son domaine de compétence. C'est un biais cognitif qui conduit les moins qualifiés dans un domaine à surestimer leur compétence ... connu sous le nom d'« effet Dunning-Kruger »
7 993 vues - 667 - 10 - 137 k abonnés
Conférence d'ouverture du Festival de la Fresque du Climat (FDC) - "3 jours pour comprendre le défi climatique !" - La Cité Fertile, 25 juin 2021
Début conférence : 00:03:30, Jean-Marc Jancovici (en léger retard) arrive vers 00:14:10
Attention : le son est mauvais au tout début mais ça s'arrange ensuite ...
Audio : https://soundcloud.com/effondrement-imminent/jancovici-klein-limportance-de-la-connaissance-sur-les-enjeux-climat-25-juin-2021
Mis en ligne par Joëlle Leconte
202 commentaires
Tr.:
EK : ... la solastalgie ... conscience malheureuse (impuissant, condamné à s'adapter à ce qui va être), effet balistique ?? ... dépasser pessimisme et optimisme, un risque mesuré à la capacité à l'abaisser ... montrer que malgré des déterminismes, ya encore des degrés d'action ... ex venant du covid (confusion entre science et recherche), le moteur de la recherche est le doute. Tenir compte de ce qui est su et pas su. /manif jeune /climat la militance doit se corréler à la compétence.
/biais cognitif de sur-conscience : l'ultracrépidarianisme (parler au-delà de ses compétences). L'humilité. ...
...
Janco : réfutation par les pairs ... revue à comité de lecture ... on peut être vulgarisateur sans être chercheur ...
Mme Juliette ??? autre biais, surestimer le niveau des autres
EK : vulgariser est difficile, évaluer le niveau initial, l'ignorance est l'affaire des savants car l'ignorant croit savoir. Séparer le su du non su. /Texte de Thomas Obs le léviathan. Nous ne constestons que les vérités scientifiques qui nous dérangent.
JMJ : parler à ceux qui ne nous ressemblent pas. Dire je ne sais pas. Expliquer pourquoi. /réactions qui ont déstabilisé ex. ministre qui ne savait que le tx de co2 s'homoginéise sur la planète. /position du psy qui doit canaliser les émotions.
Juliette : prioriser ? Qui doit se charger du message ?
EK : j'ai appris en donnant des cours en prison. /ém In Vivo expliquer article récent et l'expliquer. /Labo LCE? Saclay /climatologue on découvre de mauvaises nouvelles, ça coupe l'idée de progrès. Pédagogie délicate.
JMJ : /vecteurs /shift project faire partager la compréhension des enjeux /médias, formation continue, enseign initial La FDC est de la form continue. /Médias garder audience pas compatible avec mauvaise nouvelle. Difficile de traiter pb transverse. Léa Salamé /rapport climat qui a fuité a dit passionnant c'est un mensonge. Limites intrinsèques. à L'EN on ne forme pas les enseignants. Le +facile l'enseign sup ya que des vacataires. La dernière l'EN. Dispositif à mettre en place. /Fond Hélène Mac Arthur en GB FAIRE des manuels.
EH : /du côté des récepteurs philo ex le temps. Les enseignants soumis à injonctions. Expliquer 1x/an raconter en détail l'histoire d'une découverte. Prendre conscience, être honnête avec ce qu'on a trouvé. Pas esprits purs. Avoir confiance dans le processus des découvertes. Personne ne sait dire qui a trouvé que la terre est ronde.
JMJ : on a choisi le public à notre portée. Savoir choisir ses combats. Sidération devant l'ampleur de la tâche. Qu'est-ce que je peux faire moi ? C'est ce qu'a fait le Shift pj. Le désir doit rejoindre le pb. Le monde économique.
Q. :
Mr : promesses de FDC ?
JMJ : motiver à jouer. Aime prendre le public par surprise. Tech de la Q/R (quiz, jeu de piste du climat).
Mr : synergie entre participants.
Mr : EK : choisir un sujet et le travailler à fond. La vulgarisation est un échec. Repenser nos moyens d'accès au grand public. ++++ /progrès avec Gérald Bruner. remplacé par innovation. Mm msg. principe de conservation destiné à palier au ??
JMJ : comprendre son désaroi, apaise le débat, on répond à la personne et à ceux qui écoutent. En public, toujours répondre à l'argument, pas à l'individu.
Mme : /comment mobiliser la société autour de l'action climat ?
JMJ : faut-il changer est un choix moral, éthique. /frein pb pratiques à régler, décliner la préférence collective. Arbitrer les hiérarchies des pb. Sciences sociales. Planifier (plan de transfo de l'économie fr du shift) éclairer choix mais c'est un choix.
Mme : /urgence climatique temps court/long
EK : la science produit de l'incertitude. Besoin de débattre du type de compagnonnage à organiser. Inventer une ingénierie du débat. (pour ne pas combattre). +++ L'opinion dédouane de l'apprendre ! Se forger une opinion.
Mr /urgence d'informer
JMJ : relie les initiatives de FDC; Entraide, les rs c'est du communautarisme. Travail à mener auprès des militants. Avoir des gens qui conservent de la hauteur de vue.
Cédric : la FDC vient de lancer un crowdfunding.
Ndlr : RAS ok
+/ingénierie du débat : médiation ? questionner ACT
durée : 01:48:52 - Le Grand Atelier - par : Vincent Josse - Il fait partie de ces savants qui apprécient de sortir de leur laboratoire pour se mêler à la cité. Etienne Klein est physicien et philosophe mais il aime partager son savoir et l’amour qu’il porte à sa matière avec des gens comme nous, qui ne sommes pas spécialistes.
36 792 vues - 973 - 47 - 47,5 k abonnés
Les « vérités de science » ne sont ni absolues ni définitives. Certaines évoluent, d’autres finissent par devenir tout à fait fausses au cours du temps. Il convient donc d’être précis et prudent dans la façon de les énoncer. Faute de quoi, on ouvre grand la porte à ceux qui ne leur reconnaissent pas ce statut, les traitent par le dédain ou les contestent au nom de leur intuition. Dans ce contexte, comment nourrir ce que Nietzsche appelait le "goût du vrai" ? Une conférence d’Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences au CEA.
La conférence a été réalisée dans le cadre de la Fête de la science, le vendredi 2 octobre 2020, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.
N’oubliez pas de liker, commenter et de vous abonner à notre chaîne YouTube :
https://www.youtube.com/user/CEAsciences?sub_confirmation=1
49 commentaires
Thakib Kayodé Adéchinan Salami il y a 4 jours
"Raconter l'origine d'une chose, c'est raconter l'histoire qui l'a précédé et dont elle est l'achèvement." Etienne Klein
29 388 vues - 807 - 35 - #etienne #philosophie #philo
Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences en conférence de clôture le 25 octobre des rencontres Philosophia St Emilion 2020 .
Présenté par Jean Audouze @Etienne Klein
Etienne Klein écrit des ouvrages depuis 1991 essentiellement autour de l’idée que la physique peut obliger à s’écarter des pensées les plus ordinaires, produisant parfois des résultats qui correspondent à ce que Maurice Merleau-Ponty appelait des découvertes philosophiques négatives, au sens où ils modifient les termes en lesquels certaines questions philosophiques se posent.
Étienne Klein a ainsi consacré plusieurs essais à la question du temps de la physique, notamment Les Tactiques de Chronos et Le Facteur temps ne sonne jamais deux fois. Il y démontre en particulier que les formalismes de la physique obligent à faire la distinction entre le temps et le devenir, plus exactement entre le cours du temps et la flèche du temps .
Il écrit, entre autres, des ouvrages qui s’intéressent aux interprétations de la physique quantique et aux grandes questions soulevées par les avancées de la physique contemporaine.
Par ses livres et ses conférences, il présente les différents aspects de la physique quantique, les grands enjeux de la recherche contemporaine (matière et énergie noires), ainsi que l’histoire de sa discipline, en s’attachant plus particulièrement à quelques personnalités majeures. Il a notamment consacré un ouvrage à Albert Einstein et un autre au physicien italien Ettore Majorana, ainsi qu’un film sur la vie et l’œuvre de ce dernier (avec le réalisateur Camille Guichard), intitulé Le mystère Ettore Majorana, un physicien absolu.
Avec le pianiste Jacques Perry-Salkow, il a publié un livre d’anagrammes (Anagrammes renversantes, ou le sens caché du monde. Avec le rugbyman Jonny Wilkinson et le physicien Jean Iliopoulos, il a publié un ouvrage intitulé Rugby quantique.
.#etienne klein #philosophie #philo #pensée #citation #philosophes #géopolitologue - 190 commentaires
Tr : ... dé-bat, ne plus se battre ... on s'est trompés en ne prenant pas en compte les biais cognitifs pour que les gens intègrent notre vulgarisaiton scientifique ...
406.0k - 2.4k - 202
"Quand on ne voit que des murs à courte distance, on est en quelque sorte enfermé spatialement mais aussi dans le présent. On a du mal à penser le futur."
Pour le physicien et philosophe Etienne Klein, voilà comment le confinement change notre rapport au temps.
En période de confinement, repensez votre rapport au temps !
Les conseils d’Étienne Klein, physicien et philosophe des sciences.
« Le confinement change des choses dans notre rapport au temps, et j’ai l’impression que beaucoup de vies, en ce moment, sont en train de "ralentir" », estime Étienne Klein, physicien, philosophe des sciences et auteur de Ce qui est sans être tout à fait.
« L’expérience du confinement montre que c’est d’abord un problème d’espace »
En réalité, le temps n’a pas de vitesse, puisqu’une vitesse, c’est une variation par rapport au temps. Le confinement, c’est peut-être l’occasion de reprendre un peu de maîtrise sur sa gestion du temps, non pas sur le temps même, sur lequel on n’a aucune maîtrise, mais une maîtrise de notre emploi du temps.
Quand on parle de confinement, on se pose la question de sa durée. C’est un peu comme pour les peines de prison : l’expérience du confinement montre que c’est d’abord un problème d’espace, un problème de mètres carrés, on ne peut plus circuler librement. Évidemment, la durée de cette interdiction est un paramètre important, mais la donnée première, c’est le confinement spatial.
« En ces temps de confinement, on ne parle que de ce qui se passe dans le présent »
Le rapport au temps dans le confinement dépend beaucoup de la situation dans laquelle on se trouve, selon qu’on a 5 mètres carrés, un 15 pièces, qu’on est seul ou non, qu’on fait du télétravail ou non. Ces choses sont évidemment différentes. Le confinement, qui vaut pour tous, se décline de façon très inégalitaire. J’ai beaucoup enseigné en prison et discuté avec des prisonniers. J’ai l’impression qu’il y a un rapport entre l’horizon spatial qu’on est capable de voir, et la projection de soi-même qu’on est capable de faire.
Quand on ne voit que des murs à courte distance, quand on est dans un espace complètement borné, on est en quelque sorte enfermé spatialement, mais aussi enfermé dans le présent. On a du mal à penser le futur. J’ai l’impression qu’en ces temps de confinement, on ne parle que de ce qui se passe dans le présent. On est tellement préoccupés par cela que notre horizon temporel, notre capacité projective vers le long terme est pour le moment entravée.
« Le futur, on n’en parle même pas »
Est-ce qu’elle reviendra par la suite ? Je n’en sais rien, mais j’ai l’impression que le confinement fait que nous sommes dans une espèce de présentisme absolu. Le passé n’existe plus. Regardez comment les grands débats qui nous agitaient il y a deux mois paraissent remonter à des périodes préglaciaires ! Et le futur, on n’en parle même pas, parce qu’on est en quelque sorte piégés dans un présent qui nous submerge.
Sortir de cette épidémie, est-ce que ça va nous faire sortir en courant ? Ou est-ce qu’on va sortir avec un pas lent, en prenant des nouvelles des uns et des autres, gentiment, patiemment ? Ou est-ce qu’au contraire, on aura envie de courir, de reprendre le rythme de nos activités précédentes comme si ça n’avait été qu’une parenthèse ? Je ne suis pas capable de le dire, mais ça m’intéressera de le savoir.
Parler avec assurance de choses qu'on ne connaît pas, c'est l'ultracrépidarianisme. Explications avec le philosophe et physicien Étienne Klein.
1.5m - 13.5k - 1.1k
Transcription :
Journaliste : Laurène Gris - Montage Morgane Pottier brut.media
On est tous pour ou contre le nucléaire, les nanosciences les OGM. Mais qui d'entre nous est capable de dire ce qu'on met vraiment dans un réacteur nucléaire ? Ce qu'est une réaction de fission ? Comment ça fonctionne ? Qu'implique E=mc2 ? Qu'est-ce que c'est qu'une cellule souche, un OGM ? Personne.
L'ultracrépidarianisme, c'est un mot savant pour dire que, souvent, on parle avec assurance de choses que nous ne connaissons pas et c'est dérivé d'une locution latine qui est : "Sutor, ne supra crepidam" qui veut dire en gros que le cordonnier ne doit pas parler au-delà de la chaussure.
Moi j'ai noté cette tendance-là au tout début de l'épidémie. Je rentrais du Chili et en arrivant en France, alors que le confinement avait commencé depuis quelques jours, je voyais des tweets écrits par des personnalités politiques, parfois de très haut rang, qui commençaient par : "Je ne suis pas médecin, mais je pense..." etc. Et, après cette déclaration honnête d'incompétence, s'ensuivaient des injonctions sur ce qu'il fallait faire ou penser à propos de tel ou tel traitement. Au tout début de l'épidémie. Ça m'avait étonné qu'on puisse avoir autant d'assurance alors même qu'on vient de déclarer qu'on est incompétent.
J'ai remarqué en étudiant un peu la question que c'était une tendance savassez naturelle, qui a d'ailleurs été étudiée par des psychologues américains à la fin du 20è siècle qui s'appellent Dunning et Kruger, qui avaient remarqué que pour se rendre compte qu'on est incompétent, ben il faut être compétent. Au début, quand on découvre un nouveau champ, on se sent spontanément compétent. Par exemple, j'y connais rien en football, mais si on me demandait d'être sélectionneur de l'équipe de France de football, spontanément je dirais : "Pourquoi pas, ça a l'air simple." On s'assoit sur un banc, on fait des gestes, on crie un peu et ça doit être suffisant pour que l'équipe gagne. Et puis, en regardant les choses d'un peu plus près, on s'aperçoit que c'est beaucoup plus compliqué. Nous sommes tous appelés à être victimes de cet ultracrépidarianisme. Quand vous conversez au café avec vos amis, vous dites des choses qui vont au-delà de vos compétences. C'est tout à fait naturel dans la conversation, simplement il faut en avoir conscience, et quand on a une parole publique qui peut avoir des effets politiques importants, il faut être prudent. L'idée, c'est pas du tout de dire que chacun est contraint dans sa liberté à laisser la parole aux experts. En fait, en démocratie, n'importe qui a le droit de poser une question aux experts, de les interpeller, de les interroger. Mais c'est pas ce qui est fait là. C'est : on donne son avis sans savoir.
Livre "Le goût du vrai" a fait naître de nombreuses polémiques.
Nous avons tendance à écouter ceux qui parlent de tout. Comme s'ils nous rassuraient, comme si les gens qui ont des formes de certitude, une forme d'arrogance aussi, nous rassuraient dans une période d'incertitude. Dans les mêmes canaux de communication circulent aujourd'hui des connaissances, scientifiques ou autres, des informations, des commentaires, des opinions, des fakenews, et le fait que toutes ces choses circulent dans les mêmes canaux fait que leurs statuts respectifs, qui sont pourtant très différents, se contaminent.
Je me rends compte que les gens qui sont modérés, qui sont prudents, qui sont en quelque sorte "centristes" pour ce qui est des questions relatives à la vérité, parlent beaucoup moins que les gens qui sont extrémistes dans ces domaines. C'est un peu comme en politique : les gens qui sont aux extrêmes parlent plus que les gens qui font partie de ce qu'on appelle la majorité silencieuse. Et moi je pense que notre démocratie, pour garder de sa vivacité, a besoin que les gens modérés s'engagent passionnément. L'idée même de démocratie a à voir avec le fait qu'on puisse argumenter et s'en donner le temps, sans simplement s'imposer... s'opposer, pardon, avec des arguments assez primaires qui donnent l'impression que ce sont des arguments d'autorité qui se combattent et non pas des analyses.
"
Connue / https://twitter.com/brutofficiel/status/1301407829769633792
"
François BOCQUET a retweeté
Brut FR @brutofficiel · 3 sept.
"Je ne suis pas médecin, mais..."
Parler avec assurance de choses qu'on ne connaît pas, c'est l'ultracrépidarianism. Explications avec le philosophe et physicien @EtienneKlein
166 - 3300 - 5300
Ndlr :
- fait allusion à L'effet Dunning-Kruger ou effet de surconfiance, un biais cognitif démontré par David Dunning et Justin Kruger
https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Dunning-Kruger - questionner le point sur le rapport à l'expertise (peut-on dérouler un raisonnement sans en avoir une ? En d'autres termes, peut-on parler de ce que l'on ne connaît pas ? N'est-ce pas ce que fait souvent le médiateur ou le journaliste en rapportant les propos d'un tiers ?) et publier dans centristes insoumis ACT