POLITIQUE
Anne-Sophie Alsif est la cheffe économiste du Bureau d’informations et des prévisions économiques (Bipe).
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ÉCONOMIE - Des usines à l’arrêt en Chine, une carte satellite de la Nasa qui montre un ciel dégagé des émissions de gaz à effet de serre, des vols suspendus… Le tableau déclenché par la crise du coronavirus a de quoi faire rêver les citoyens écologistes qui attendent avec impatience la fin des échanges effrénés qui ont cours depuis l’accélération de la mondialisation dans les années 1980.
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ASA : Par rapport à l’épidémie de SRAS il y a dix ans, le poids de la Chine dans l’économie a doublé. À l’époque, les usines en Chine étaient surtout des activités de textile ou d’assemblement à faible valeur ajoutée. Aujourd’hui, ce sont des segments de la chaîne à très haute valeur ajoutée, donc il y a un impact bien plus important, notamment sur les stocks.
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Il y avait déjà la crise du protectionnisme (ou guerre commerciale, NDLR) et la transition écologique, maintenant il y a le coronavirus. Ce n’est pas le coronavirus qui va changer à lui seul le modèle de production des entreprises, mais c’est un facteur supplémentaire pour l’accélération. L’appréciation du risque va forcément être revue à la hausse.
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La fédération aéronautique parle de 30 milliards. Ce sont eux les principaux perdants. ... souvent, vous avez un effet rebond qui vient annuler l’effet économique, comme on l’a vu au moment du SRAS. Il faut être prudent sur les effets à court terme. ... Beaucoup d’activités sont relocalisées dans d’autres pays de la région comme le Bangladesh ou le Vietnam qui sont beaucoup moins chers. On aura donc la possibilité d’avoir d’autres fournisseurs très rapidement.
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avec le réchauffement climatique, les coûts réapparaissent. C’est donc un réflexe purement économique que les entreprises habillent avec du marketing en disant “on relocalise pour l’environnement”.
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des produits plus singuliers, plus personnalisés, adaptés à chacun. Cette évolution de la demande n’est plus compatible avec de larges stocks transportés pendant un mois en paquebot depuis la Chine.
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À moyen terme, les entreprises auront moins intérêt à produire en Chine. On va vers une grande révolution. Avant, on voulait un grand marché pour produire énormément sans contrainte, là on pense l’inverse. On va relocaliser sans entraver les échanges.
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Aujourd’hui, il y a beaucoup de risques. On va essayer d’être indépendant du reste du monde tout en étant compétitif. Il faut être plus proche du consommateur sans privilégier le national qui n’est pas un argument économique. C’est cet équilibre qu’il faudra trouver.
Ndlr : cette "révolution" qui ne remet pas en question la "compétitivité", est-elle sérieuses ? on peut en douter...