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À la veille de l’acte XIV des gilets jaunes, où va le mouvement ? Le militant écologiste et altermondialiste, Patrick Farbiaz, qui vient de publier « Les Gilets Jaunes » aux éditions du Crocquant, est l’invité de #LaMidinale.
VERBATIM
Sur les gilets jaunes et la social-écologie
« C’est un mouvement social-écologique de masse. »
« Y’a une écologie libérale et une écologie des pauvres et cette écologie des pauvres a été théorisée en Amérique latine où les gens se battent pour leur survie. »
« On est en train de voir surgir des profondeurs du peuple, un mouvement de masse qui pose la question du droit à l’existence qui est une question profondément écolo. »
« Au-delà des revendications, il y a un aspect de désobéissance civile. »
« La fraternité des ronds-points, les écologistes l’appellent le convivialisme. »
Sur l’éco-socialisme
« Je ne suis pas éco-socialiste. Je suis de l’écologie sociale. »
« Faire un copier/coller entre l’écologie et le socialisme n’a pas beaucoup de sens. »
« Les crises sont à la fois sociales et écologiques. Ce sont des crises qui sont totalement liées. »
Sur les suites du mouvement des gilets jaunes
« Je pense que ce mouvement prend ses racines dans la révolution française. »
« Pour les européennes, il y aura peut-être une liste - surtout si elle est soutenue par le mouvement cinq étoiles en Italie -, mais elle ne sera pas représentative des gilets jaunes. »
« L’intérêt des gilets jaunes c’est aussi que le spectre est extrêmement large : il y a effectivement des fascistes et il y a effectivement des militants d’extrême gauche mais 80/90% de ce mouvement s’est fait par des primo manifestants, par des gens qui simplement se battent pour leur survie. »
Sur la thèse de Christophe Guilluy (France périphérique)
« Christophe Guilluy a repéré un point extrêmement important dans ce mouvement c’est que ceux qui ont débuté ce mouvement, c’est des gens qui ont été piégés socialement dans les zones périurbaines. » ça veut dire que 70 à 80% de leur budget est contraint par le remboursement des traites - souvent les petits pavillons -, par le transport - ça a été la question de l’éco taxe -, et puis la question de la précarité énergétique - parce qu’il faut payer le fuel. »
« C’est une population qui a cru au slogan ‘vous pouvez choisir votre vie’ qui a été celui de Macron mais aussi de beaucoup d’autres libéraux depuis les années 80. »
« C’est une population qui n’était jamais apparu dans les radars qui est une population prolétaire à tous les niveaux et elle émerge comme une force nouvelle. »
« Les gens se sentent d’abord solidaires en tant que bloc populaire et ceux qu’ils identifient comme l’ennemi, c’est le bloc bourgeois. »
Sur la mobilisation des quartiers populaires
« Il y a une multiplication des collectifs sur Paris et la région parisienne donc ça commence à évoluer. »
« Quand vous écoutez les jeunes des quartiers, ils n’ont pas la mémoire courte : il disent qu’il n’y avait personne pour nous aider en 2005 lorsqu’il y avait les émeutes. Ils l’avaient dit déjà au moment de Nuit Debout. »
« Ce que je trouve formidable dans ce mouvement, malgré la pression des médias, malgré la présence de groupe fascistes avérée, il n’y a pas de stigmatisation ni des banlieues, ni des immigrées à l’intérieur, ça n’est pas une question qui est posée par le mouvement - ou alors de façon extrêmement minoritaire. »
« La question de l’unité du bloc populaire est posée par les gilets jaunes parce qu’ils posent massivement la question sociale mais elle n’est pas posée encore politiquement et c’est ça qui fait la force de Macron. »
« Ce qui fait la force de Macron c’est qu’il a unifié le bloc bourgeois. »
Sur la contradiction entre revendications des gilets jaunes (plutôt de gauche) et la percée dans les sondages du RN
« Il faut constater qu’il y a une antériorité du RN et de Marine Le Pen sur la question de l’antisystème et les gilets jaunes se sont construits dans cette idée de l’antisystème. »
« Il faut aussi reconnaitre qu’il y a une crise de la gauche qui est à la fois assimilée au quinquennat de François Hollande et en même temps dans sa fraction des Insoumis, le populisme de gauche, théorisé par Chantal Mouffe, à travers l’incarnation d’une personne, ne fonctionne pas. »
« Ce qui est préoccupant c’est que, à gauche, il n’y a pas d’alternative. »
« Ce qui est notable dans les sondages, c’est que Macron est en train de se renforcer. Il consolide le bloc bourgeois. Il bouffe la droite libérale classique. »
« Notre rôle, c’est d’arriver à construire un bloc populaire. »
« On est dans une période absolument historique, et le mouvement des gilets jaunes est en train de recomposer le paysage politique, beaucoup plus fortement que ne l’a fait Nuit Debout. »
« On vit avec les gilets jaunes, un nouveau mouvement de cette résistance contre la mondialisation capitaliste. »
Catégorie
Actualités et politique
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Mobilisation
Nils Agger, rebelle contre l’inaction
Des militants d’«Extinction Rebellion» manifestent à Londres le 23 novembre. Photo Immo Klink
Mobilisation. Face à l’urgence climatique, le jeune Suédois a lancé à l’automne en Angleterre «Extinction Rebellion», un mouvement de désobéissance civile au succès fulgurant.
Nils Agger a le cœur d’un rebelle. De ceux qui se font traîner par terre et arrêter pour avoir tagué un message contre l’extension de l’aéroport de Londres sur le quartier général du Parti travailliste. Né dans la campagne méridionale suédoise, le militant au chignon de Jedi a quitté le confort de la péninsule scandinave pour s’installer il y a trois ans dans la petite et ancienne cité industrielle de Stroud, dans l’ouest de l’Angleterre. Le Brexit ? Ce casse-tête politique, qui divise le Royaume-Uni, l’Union européenne et monopolise les grands titres des médias britanniques ? Pas son problème. Ce qui occupe son esprit et ses journées depuis presque un an, c’est «Extinction Rebellion».
Pacifique
Le mouvement citoyen de désobéissance civile, qu’il a créé en mai avec une quinzaine de militants écolos, se veut différent de la kyrielle d’autres organisations environnementalistes existantes dans le monde. «Beaucoup d’ONG ne disent pas la vérité sur l’avancement de la crise écologique et climatique pour ne pas faire peur, interpelle le jeune Suédois de 25 ans. Elles craignent que si les gens réalisent l’ampleur de la catastrophe, ils soient paralysés et ne veuillent plus agir. C’est faux. Le succès d’Extinction Rebellion prouve le contraire.» Parler de succès n’est pas un euphémisme. Depuis son lancement officiel le 31 octobre, Extinction Rebellion a fait près de 100 000 adeptes sur les réseaux sociaux, et déborde des frontières britanniques pour voir émerger des branches dans 35 pays, dont la France. «Ce n’est pas juste une énième campagne de sensibilisation ou de mobilisation, reprend fièrement Agger. Nous avons lancé une rébellion contre le gouvernement britannique pour le forcer à négocier avec la population, et à la protéger comme il se doit.»
À lire aussi :Climat : «Quand les gouvernants nous font défaut, nous nous rebellons»
Pour Agger, le déclic a eu lieu début 2018. Installé en Angleterre pour se former à l’agriculture, il a appris le métier sur le tas en traînant ses bottes de ferme bio en ferme bio. Jusqu’à se dire qu’un changement plus radical était nécessaire. «Développer une agriculture sans pesticides et protectrice de la terre est crucial, mais nous devons d’abord changer les modèles industriels et de consommation si on veut prévenir une déliquescence des systèmes agricoles à moyen terme.» Pour lui, l’acteur-clé reste le gouvernement : «Ils ont l’infrastructure nécessaire et les moyens de coercition sur le secteur privé, mais surtout, ils ont la responsabilité d’agir pour prévenir l’effondrement généralisé qui nous guette.»
Certains pourraient le traiter d’écolo radical. Pourtant Agger espère, grâce à la rébellion, éviter un basculement futur dans une «dictature verte». Le mouvement s’est constitué autour de trois piliers : demander aux gouvernants de dire la vérité, mettre en place des mesures contraignantes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre à zéro d’ici 2025, et enfin fonder une Assemblée citoyenne nationale avec un réel pouvoir de décision sur la transition écologique. «Une telle forme de démocratie participative peut être un rempart contre les dérives autoritaires», assure-t-il. Pour arriver à ces fins, hors de question de faire usage de la violence. Extinction Rebellion est fondamentalement pacifique. Un enseignement tiré de l’histoire des mouvements écologistes partisans de l’action directe. «Certains ont basculé dans la violence parce qu’ils étaient désespérés, que le changement qu’ils appelaient ne se produisait pas, argumente Agger. Mais plusieurs études ont montré que les groupes non-violents ont plus de succès. Ils obtiennent de meilleurs et plus stables résultats.»
Sablier
Si cette rébellion séduit, c’est aussi grâce à son caractère spirituel et innovant. Ainsi, leur campagne de nouvel an, inspirée des cultures autochtones ancestrales, s’intitulait «Protéger et honorer la vie». Du 1er au 7 janvier, les «rebelles» étaient encouragés à s’engager à «protéger et honorer» la terre, l’eau, le feu, etc. tous les jours, par «des méditations, des cérémonies, de l’art, de l’activisme sacré, des conférences en ligne, etc.» Ambitieux, le mouvement britannique espère mobiliser 3,5 % de la population, une proportion nécessaire et suffisante, selon eux, pour parvenir à un changement systémique. Tout cela en quelques années. La notion d’urgence est d’ailleurs l’élément central de leur symbole : un sablier dans un cercle noir, qu’Agger arbore maintenant où qu’il aille, sur des pin’s, des drapeaux, des tee-shirts.
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Depuis novembre, il a lâché sa bêche pour plancher à temps plein sur Extinction Rebellion. Et prépare maintenant la Semaine internationale de la rébellion, grand raout prévu mi-avril. «Après cela, je n’aurai plus d’économies pour continuer à ce rythme, soupire le Suédois. Je vais devoir me retrouver un emploi.» La rébellion, pour l’instant, ne nourrit pas.
Et toutes les infos sur le festival «A l’école de l’anthropocène»
.#DésobéissanceCivile - 5 954 vues - 445 - 18 - 28 commentaires
Tandis que la COP 24 se termine et que le mouvement des gilets jaunes se poursuit, l’équipe du JTerre vous propose une édition spéciale sur le thème brûlant de la #DésobéissanceCivile, à l’occasion d’une action menée au siège de Société Générale.
Une édition spéciale présentée par Félicien Bogaerts (Le Biais Vert) et Pierre Paulus. Avec Julien Wosnitza (Collapsologue), Vincent Verzat (Partager C’est Sympa), Hélène de Vestele (Edeni), Julie Bernier (Sortez Tout Vert), Flojito Mario (Le Slam à la paille) et Pierre Chevelle (Changer le monde en 2 heures).
Pour contribuer et nous rendre plus forts :
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Retrouvez le JTerre en version écrite, avec nos sources d'infos fraîches, les capsules et les moyens de passer à l'action ici :
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Professeur Feuillage : https://www.youtube.com/professeurfeu...
Le Réveilleur : https://www.youtube.com/lereveilleur
Cemil Choses à Te Dire : https://www.youtube.com/cemilchosesat...
Nicolas Meyrieux (La Barbe) : https://www.youtube.com/nicolasmeyrieux
Edeni : https://www.youtube.com/edeni
Demos Kratos : https://www.youtube.com/channel/UCnIG...
Osons Causer : https://www.youtube.com/osonscauser
Max Bird : https://www.youtube.com/maxbird
Le Poste : https://www.youtube.com/channel/UCLHl...
Changer le monde en 2h : https://www.youtube.com/channel/UC0su...
Et tout le monde s’en fout : https://www.youtube.com/ettoutlemonde...
Le J-Terre est un magazine vidéo indépendant produit par Félicien Bogaerts & François Legrand et co-produit par Les Parasites.
Equipe rédaction : Marc De Boni, Laurie Debove, Flojito Mario, Rodolphe Meyer, Leïla Rölli, Victor Vauquois & Pierre Paulus.
Plus d’infos sur http://jterre.org/ et sur www.facebook.com/LeJTerre
Catégorie Humour
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aujourd’hui le hiatus devient trop grand entre la stratégie électorale de conquête du pouvoir et l’accélération de phénomènes susceptibles de provoquer un effondrement à la fois écologique et social à l’échelle mondiale.
Climat, biodiversité, montée des extrémismes, des inégalités, dévissage culturel, mondialisation des échanges et contrôle des algorithmes, la vulnérabilité de nos sociétés est de plus en plus critique. Et ce sont toujours les mêmes qui sont sous le joug, de plus en plus exposés, en première ligne des victimes présentes et à venir. Nous devons nous laisser percuter par la situation et en prendre la mesure avec lucidité et responsabilité.
Or il me semble que la stratégie et les moyens mis en œuvre par la FI aujourd’hui au mieux passent à côté des enjeux, au pire desservent les fins. Dans les deux cas elles me semblent en-deçà de l’exigence écosocialiste. Les « signifiants vides » du populisme et de la stratégie anti-Macron, visant à fédérer le plus largement possible, étouffent trop souvent la radicalité du projet initial. Les affaires internes et le commentaire systématique de l’actualité me semblent de plus en plus hors-sol. Les réactions auto-centrées nous coupent les ailes. J’ai toujours plaidé pour l’alliance d’une aménité de ton et d’une radicalité de fond, je vois l’opposé. La critique interne, même bienveillante, est vécue comme une attaque, le pas de côté comme une trahison. J’en viens donc à la conclusion que c’est ailleurs que je serai la plus efficace, que les choses pourront bouger.
Depuis deux ans, des montagnards aux forestiers en passant par les rapports scientifiques sur les risques d’effondrement, j’explore des chemins de traverse, au contact d’espaces intellectuels et militants différents. Face à l’urgence il y a d’autres formes politiques à inventer, des passerelles à faire et des réseaux à activer, des actions de désobéissance civique à organiser (*), des risques et des conflits à anticiper collectivement. C’est crucial, et cela se heurte à trop de limites dans un cadre soumis aux échéances électorales et à l’injonction médiatique. L’heure est venue de sortir de nos zones de confort et de repenser en profondeur nos stratégies et modes d’action. Pour ma part je ressens la nécessité de recentrer mon temps et mon énergie, en cohérence avec le cheminement de ma réflexion (dont j’avais déjà posé quelques bribes ici).
https://lvsl.fr/entretien-avec-corinne-morel-darleux
Le centre de gravité de l’action politique est en pleine évolution. Il y a des parcours de radicalité à accompagner du côté des mouvements climat, une alerte écologique à amplifier du côté des mouvements sociaux. Des arbres à planter et des chantiers à bloquer. De nouveaux récits collectifs à construire, et une bataille culturelle à mener. Voilà ce à quoi je souhaite me consacrer. Je crois qu’il faut agir là où on se sent utile, accueillie et en phase avec ses convictions. Ce que je lis, vois et entends, me fait penser que nous sommes nombreux à envisager cette période troublée comme une bifurcation et à ressentir le besoin d’un grand pas de côté.
Je reste plus que jamais écosocialiste, attachée à la dignité du présent, avec la ferme détermination de continuer à militer activement.
- Petit bonus pour celles et ceux qui m’ont lue jusqu’au bout : je reste au PG, en compagne de route exigeante mais bienveillante, je continue à assurer le mandat régional qui m’a été confié face à Laurent Wauquiez, et oui, j’ai été approchée, mais non je ne pars ni pour une place chez EELV, ni chez Générations, ni pour rejoindre Place Publique. En fait je sais que ça parait toujours étrange à certains, mais on ne quitte pas toujours une fonction pour choper une place ailleurs. Parfois on fait simplement ce qui semble juste à un moment donné.
(*) Comme le font déjà les "malfaiteurs en bande organisée" à Bure, les opposants au projet GCO qui plantent des arbres le long du tracé tout en bloquant les chantiers de Vinci, ou encore Extinction Rebellion en Angleterre. »