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Journée spéciale, le plastique, non merci! sur France Inter. Donnez nous toutes vos recettes et astuces pour nous libérer du plastique!
Comment réduire notre production et notre consommation de plastique?
Comment réduire notre production et notre consommation de plastique? © AFP / Chris STOWERS
Une journée normale c'est donc une journée plastique!
La votre, la mienne, ça ressemble à quoi ? Tous les jours?
Pour la douche, j'adore le savon. Donc tout va bien! Au passage il parait que c'est pas forcément bon pour la peau. Sinon, le Shampoing est dans un bouteille plastique. -1 point.
Le dentifrice. Dans un Tube en plastique. -2 points
Le déodorant. Personnellement. J'ai un truc à bille. En plastique. -3 points.
Le petit déjeuner. Quand vous achetez du pain frais la veille, ça va. + 1 point.
En revanche, le pain de mie pour les jours où vous n'avez eu le temps de rien. Dans du plastique. -4 points
Un yaourt. En plastique. -5 points.
Un café. Une dosette. -6 points. Si on ajoute un peu de lait dans le café: la bouteille. -7 points
S'habiller avant de partir : le synthétique c'est du plastique. -8 points
Au boulot. Encore un café. Chez nous c'est encore une dosette. Et on est 5. - 9 points.
Heureusement on a des verres et des tasses en verre quand même . +1 points
A midi, pour ceux qui vont à la cantine, on veut pas savoir ce qui se passe dans les cuisines et les contenants des produits. Mais si on va en face dans un magasin dont on ne dira pas le nom, les sandwich sont sous plastique. - 10 points
Le bar à salade a des récipients en carton depuis très peu de temps. Sinon, plastique. -11 points. D'ailleurs les couverts aussi ! -12 points
D'ailleurs les sacs en papier ont aussi un peu de plastique pour qu'on voit ce qu'il y a à l'intérieur, ce qui est quand même un comble. -13 points!
Et le soir. Rebelote. Là dedans, il y a beaucoup chose dont on peut se passer, si on fait un peu d'effort. Sans pour autant aller jusqu'à des sacrifices et des fabrication de produits chronophages. Et c'est pour ça qu'on est là ce soir.
Pour partager nos solutions simples. Le plastique, non merci!
Les invités
Muriel Papin Déléguée générale de l’association No plastic in my sea
Jean Reverault Vice-président de l’association Amorce
Christophe Viant Président de la FEDEREC Plastique
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un des interlocuteurs : "l'écoconception est la base de tout"...
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Je ne suis pas d'accord. Si on n'utilise QUE des produits bruts, le concept d'écoconception n'existe pas. D'autre part, sans nier la nécessité d'écoconception pour les produits industriels, ce qui me semble tout autant nécessaire, c'est un service de déconstruction de micro-proximité (dans chaque quartier, chaque village) en poussant l'expérimentation zéro chômeurs de longue durée TZCLD et en l'association à un projet que je porte : la maison des humanités, qui intègre les métiers de l'accompagnement et de la médiation.
Déjà été expérimenté en région havraise pendant 13 ans et qu'il suffit de pousser afin de viser le zéro déchet non recyclé ou réemployé. Je suis ingénieur, médiateur et au rSa alors que j'ai un projet d'intérêt général.
Merci de m'aider pour mieux nous aider ENSEMBLE.
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Rép donnée ? ACT
54 minutes
Ce jour-là, le jeune chercheur en sociologie qui débute une thèse sur les déchets, quitte le port de la Trinité-sur-Mer sur un voilier de bois, avec trois amis, pour une expédition scientifique de neuf mois à la recherche du « continent » de plastique en Atlantique Nord.
Plage envahi de sacs poubelles © Getty
Des « Pieds Nickelés » sur les traces du capitaine Charles Moore, découvreur en 1997 du premier « continent » de plastique dans le Pacifique
À l’image de cette « figure un peu mythologique, on avait envie de partir comme des Christophe Colomb des temps modernes pour découvrir un nouveau « continent » de plastique côté Atlantique et y planter un drapeau ». Un brin de naïveté et de romantisme, avoue Baptiste Monsaingeon, aujourd'hui maître de conférences à l'université de Reims-Champagne-Ardennes, chercheur au laboratoire REGARDS et auteur de Homo detritus (Le Seuil)
J’avais 25 ans, je partais pour neuf mois avec l’envie de larguer les amarres, de mettre les voiles. Au-delà de ce projet, je ressentais l’envie d’un voyage initiatique à la rencontre du monde et de ses habitants.
Le jeune homme vient tout juste de signer un contrat avec l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) pour débuter une thèse sur le tri des déchets en milieux dits contraints – des zones où les accès à des dépôts sont limités voire inexistants. Il souhaite ardemment se confronter au terrain pour démontrer par des éléments concrets et matériels, l’existence dans l’Océan Atlantique d’une concentration de déchets plastiques supérieure à celle du plancton. À quoi ressemblent ces déchets ? où se trouvent-ils ? quels en sont les responsables ?
Objectif : la Mer des Sargasses, une zone qui correspond au Triangle des Bermudes entre Cuba au Sud, les Bermudes au Nord et la Floride à l’Ouest. Une mer sans littoral, sans côte, où s’agglomèrent des algues, les Sargassum, car les courants y sont convergents et stagnants.
L’équipage décide de suivre un parcours classique via les vents dominants, le courant des Canaries, en profitant des alizés au large de l’Afrique, puis de remonter le sud des Antilles jusqu’à Cuba en se perdant dans cette Mer des Sargasses où les courants tournent sur eux-mêmes.
En quête des déchets sur terre et sur mer
Fuir la civilisation ? Raté. « On n’a pas arrêté de croiser des plaisanciers issus comme nous de l’hémisphère nord. Et depuis les Canaries jusqu’au Cap Vert puis aux Antilles, le tourisme de masse est omniprésent, l’inverse de l’ailleurs fantasmé ! ». Il a suffi de suivre les touristes pour trouver les déchets. Aux Canaries : des immeubles flottants déversent leurs flots de touristes ; sur une île du Cap Vert, une plage non accessible sert de décharge à ciel ouvert ; aux îles Grenadines, des boat boys ramassent, contre rétribution, les ordures des plaisanciers soucieux de ne pas polluer.
Sur mer, le « continent » de plastique, dont la formation est favorisée par le gyre océanique et les micro-tourbillons, est en fait une soupe détritique composée de plastiques en décomposition de l’ordre du millimètre carré. « Une soupe mangée par les poissons, eux-mêmes mangés par l’homme »
Faire du réemploi et de la réutilisation plutôt que du recyclage ou de l’incinération.
Les systèmes économiques de nos sociétés de consommation sont responsables d’une logique productiviste. Pour y remédier, on a pensé au tri sélectif qui, au final, consiste à bien jeter pour continuer à consommer en toute bonne conscience. Quant au recyclage, il génère aussi du déchet en consommant de l’énergie et en créant d’autres déchets encore plus toxiques. Reste la récupération dont les chiffonniers – récupérateurs et collecteurs de déchets - sont les champions toute catégorie à toutes les époques et partout dans le monde, surnommés « Bifins », « Waste Pickers » ou « Cartoneros ». En Europe, ils ont résisté à l’apparition des poubelles à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, on s’inspire de leurs méthodes avec les réseaux de recycleries et de ressourceries.
La troisième nature selon Anna Tsing
Pour cette anthropologue américaine, la pollution de la Terre est un état de fait. L’homme doit donc apprendre à vivre dans cette nature polluée, après l’avoir d’abord fantasmé comme vierge et immaculée, puis avoir tenté de la maîtriser, de la réparer et de la dépolluer.
_Cette **troisième nature** est marquée par les ruines du monde d’avant et il va falloir faire avec. L’**éthique du chiffonnier** – une démarche humble et fragile du réemploi et la réutilisation – nous aiderait peut-être à arpenter ces ruines pour y trouver du sen_s
On en a parlé :
Homo detritus. Critique de la société du déchet, de Baptiste Monsaingeon, paru au Seuil, collection Anthropocène, en 2017
Le champignon de la fin du monde. Sur les possibilités de vivre dans les ruines du capitalisme. d'Anna Lowenhaupt Tsing, paru à La Découverte (2018)
L'Océan Pacifique, cimetière de milliards de microplastiques (site payant), une passionnante enquête de Patricia Jolly paru dans le Monde le 8 septembre 2018, et où il est question des travaux de Baptiste Monsaingeon
Vous avez entendu un extrait du poème de Charles Baudelaire, Le vin des chiffonniers, issu de son recueil Les Fleurs du Mal (Gallimard)
Le film de Wes Anderson : La Vie Aquatique sorti en 2004
La revue en ligne recommandée par Baptiste Monsaingon : Terrestres, la revue des livres, des idées et des écologies.
et aussi :
Zéro déchet, 100 astuces pour alléger sa vie, de Bea Johnson (Poche J'Ai Lu, 2015)
le très beau film d'Agnès Varda sorti en 2000 : Les Glaneurs et la Glaneuse disponible dans un coffret de sept documentaires d'Agnès Varda, qui vient d'être édité par Arte Editions
Vous avez pu entendre les titres musicaux suivants :
King of the dogs, Iggy Pop (2009)
Life on mars Année, Seu Jorge (2006)
Pas la peine, Vaudou Game (2018)
Les références du générique de l'émission :
Le Temps est bon d’Isabelle Pierre remixé par Degiheugi
Les invités
Baptiste Monsaingeon
Maître de conférence à l' université de Reims Champagne Ardenne, chercheur au laboratoire REGARDS et auteur de Homo Detritus
Les références
Homo detritus Critique de la société du déchet écrit par Baptiste Monsaingeon (Seuil)
L'équipe
Zoé Varier Productrice
Flora Bernard Réalisatrice
Rebecca Denantes Attachée de Production
Djubaka v Programmateur musical
Mots-clés : Culture Environnement Agnès Varda Baptiste Monsaingeon recyclage écologie gestion des déchets
Transcription :
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- c'est une "soupe" de plastique et non pas un continent
- réemploi plutôt que recyclage ++
- 3ème nature émerge parmi les ruines du capitalisme (le chemin de la vie)
- arpenter, trouver
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