... Ce modèle théorique, dont Jean Gagnepain a exposé méthodiquement les principes dans son ouvrage Du vouloir Dire (3 tomes), couvre l’ensemble du champ des sciences humaines. Il a pour particularité essentielle de chercher dans la clinique une forme de mise à l’épreuve expérimentale, d’où l’appellation « anthropologie clinique » qui l’accompagne. Jean Gagnepain s’est entouré à Rennes d’une équipe de chercheurs et son modèle se trouve aujourd’hui exploité et développé, au-delà de Rennes, par des universitaires et chercheurs de nationalités différentes, dans des champs disciplinaires très divers qui vont des sciences du Langage et de la psychologie à la « science of design » américaine, en passant par l’archéologie moderne et la « romanistique ». La visée est donc délibérément trans-disciplinaire ; plus exactement, la théorie de la médiation cultive, comme l’énonce avec humour Jean Gagnepain, « l’in-discipline ».
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Ce modèle, élaboré à ses débuts à partir du seul langage, prend aujourd’hui comme objet la totalité de ce qu’on appelle le culturel, autrement dit cette dimension qui spécifie l’homme et le distingue des autres espèces vivantes. Le culturel constitue cet ordre spécifique de réalité auquel, par conséquent, seul l’homme participe : il lui permet, sans échapper à sa nature, de la dépasser constamment en s’en abstrayant. Le culturel se comprend donc ici, non pas comme la somme des œuvres essentielles d’une certaine société ni comme l’état général d’une civilisation donnée, mais comme l’ensemble des capacités proprement humaines dont tous les hommes, sauf pathologie, participent, quels que soient le moment de l’histoire ou le lieu géographique où ils se trouvent. Ce culturel se révèle identifiable à la fameuse Raison ou « rationalité »
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la rationalité recouvre chez l’homme plusieurs formes que la clinique dissocie. La raison est logique, sans nul doute, mais elle est également tout autant technique, ethnique et éthique, sans qu’il y ait la moindre hiérarchie entre ces différents « plans » venant rendre compte de la vie psychique. À chacun de ces quatre plans, l’homme médiatise son rapport au monde (d’où le terme de « médiation »), c’est-à-dire qu’il parvient à prendre une certaine distance par rapport à ce que ses capacités physiologiques immédiates lui permettent d’en saisir. Loin, dès lors, de se trouver soumis à ce mode d’appréhension immédiat du monde, l’homme construit en quelque sorte la réalité dont il participe en l’élaborant à partir de ses propres capacités.
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Ndlr :
- quelle nuance entre la culture telle que définie ici et l'opposition nature / culture ? ACT
- "l’ensemble des capacités proprement humaines", est-ce ce que certains appellent "le propre de l'homme" ? Sachant qu'il diminue au fur et à mesure des connaissances des sciences du vivant... ACT
La théorie de la médiation est un modèle d'analyse en sciences humaines. Initiée à Rennes par Jean Gagnepain et ses élèves au cours des années 1960 et 1970, la TDM a connu ses premières ramifications en France par les professeurs Philippe Bruneau et Pierre-Yves Balut, archéologues à Paris IV-Sorbonne dans l'UFR d'Histoire de l'Art et d'Archéologie, et en Belgique à Louvain introduite par Jacques Schotte. Aujourd'hui, elle est représentée à Rennes en Sociologie et
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Dissociation en quatre plans
La TdM est une tétralogie qui propose d’expliquer l’être humain de quatre points de vue distincts
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si le langage est bien une manifestation proprement humaine, l'homme fait preuve d'autres capacités spécifiques qui ont conduit la TdM, contrainte par l'analyse des pathologies, à décomposer la rationalité en quatre plans, non hiérarchisés, qui se télescopent empiriquement et normalement15 :
- La rationalité logique, qui spécifie la capacité de signe (le langage, la formulation, la représentation...), objet de la glossologie ;
- La rationalité technique, qui spécifie la capacité d'outil (le faire, la technique, le rapport médiatisé à l'objet matériel, à l'habitat, etc.), objet de l'ergologie ;
- La rationalité ethnique, qui spécifie la capacité de personne (l'être, la société, le rapport à l'autre...), objet de la sociologie.
- La rationalité éthique, qui spécifie la capacité de norme (le vouloir, l'éthique et la morale, la maîtrise du désir...), objet de l'axiologie.
Il est essentiel de comprendre que les concepts de signe, outil, personne et norme ne renvoient pas à des réalités positives, mais à des processus psychiques implicites (on reconnaît sous cet implicite l'inconscient freudien, mais qui n'est plus limité au champ du langage).
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Lola Devolder construit et anime des stages de formation dans le champ social, médico-social et sanitaire. Elle accompagne les équipes dans leur réflexion sur les écrits professionnels, la transmission d’informations, ainsi que les questions éthiques.
Elle est co-autrice, avec Serge Escots, d’ouvrages et d’un outil d’intervention en protection de l’enfant.
Elle travaille sur la laïcité en contexte scolaire, judiciaire, pénitentiaire, et en institution sociales et médico-sociales, avec les professionnels et les usagers des services.
Elle assure des cours de méthodologie de la recherche au sein du DEIS (Diplôme d’état en ingénierie sociale) et au Diplôme Universitaire de Thérapies Familiales, à l’Université Jean Jaurès de Toulouse.
Formée à la sémiotique, elle participe aux recherches et études conduites à l’Institut d’anthropologie clinique, portant sur le sens des pratiques sociales.
Parcours
Lola Devolder est docteure en linguistique appliquée. Son travail de thèse porte sur la notion de registre de langue, illustrée à partir de la familiarité langagière (analyse des faits de langue et faits sociaux ; incidences réciproques des normes et pratiques sociales et linguistiques ; rapport langue et pouvoir symbolique ; imaginaires linguistiques).
Elle a enseigné pendant une dizaine d’années dans diverses universités (Paris V – Sorbonne, CUFR Champollion – Albi, Université Toulouse Jean Jaures) la linguistique générale, la sociolinguistique, la communication, la stylistique de l’énonciation et la rhétorique argumentative.
Elle est formée à l’animation d’atelier d’écriture par le réseau d’éducation populaire Culture et liberté.
Principales publications
Evaluer la pourvoyance des besoins en protection de l’enfant, co-élaboré avec Serge Escots, kit d’intervention, IAC 2019
En finir avec les parents toxiques : Parentalités empêchées, Carré de vignes éditions, 2016. https://www.i-ac.fr/wp-content/uploads/2020/04/EN-FINIR-AVEC-LES-PARENTS-TOXIQUES-PARENTALIT%C3%89S-EMP%C3%8ACH%C3%89ES.pdf
« Faut-il se former à la laïcité ? …et faire reculer la xénophobie d’où qu’elle vienne »., IAC, 2015.
« Assistant-es maternel-les : Quand l’espace familial et l’espace professionnel se mêlent, s’en mêlent, sans s’emmêler », Actes du colloque UDAFAAM, 2014.
Mes parents se font la guerre, Carré de vignes éditions, septembre 2014.
« Penser le fait laïque en institution : repères pratiques », IAC, 2014.
« Des femmes en mouvement aux études féministes : la conquête d’un champ disciplinaire », Projet PATOU : Patrimoine Immatériel du Toulouse Scientifique Moderne, 1960-1990, Centre d’anthropologie sociale, LISST, 2011.
Le foyer du May, 440 ans d’histoire solidaire au cœur de la cité toulousaine, Bodéva, 2010.
Étude sur les spécificités des services d’aide à la personne destinés aux adultes en situation de handicap, Handéo, 2009.
Ahmed BEN TAHAR GALAI, Prix Nobel et défenseur des droits de l’Homme.
Hervé CARRE, président du congrès, médiateur de la Ville d'Angers et du Conseil Départemental de Maine-et-Loire, président de l'Association des Médiateurs des Collectivités Territoriales (AMCT)
Transcription :
Hervé Carre : d'abord, je veux saluer votre présence à vous tous ici. Aujourd'hui, vous avez décidé de consacrer du temps à un événement qui nous tient à coeur qui va lui-même se consacrer à la médiation. Et je pense que c'est un moment important pour que nous puissions vous convaincre que nous sommes dans une actualité très prégnante, en fait. Nous vivons dans un monde tellement incertain, tellement habité par des conflits qui sont exigeants, qui sont rugueux. Et il est incontestable que les médiateurs sont vraiment des témoins sensibles de ces mouvements de la société, inspirés par l'incertitude de l'avenir, du présent. Et c'est sûr que comme témoins sensibles, ils ont aussi conscience des potentialités qui sont contenues dans les conflits. Et c'est de cela que nous souhaitons parler aujourd'hui avec vous, à la faveur de la présentation du congrès de toutes les médiations, qui se tiendra à Angers du 5 au 7 février 2020, un congrès international.
Mais d'abord, je voudrais vous présenter les personnes qui sont à mes côtés. Et en premier lieu, j'ai l'honneur de vous présenter Ahmed GALAÏ qui est un ami tunisien qui a eu un rôle très important, mais qui le précisera lui-même tout à l'heure, dans la transition démocratique qui a eu lieu en Tunisie il y a maintenant quelques années - on s'habitue d'ailleurs à cet état d'esprit qui règne en Tunisie et il y a été pour quelque chose, c'est à ce titre qu'il a été nommé dans le cadre d'un quartet prix nobel de la paix en 2015. À côté de lui, Carole Chatelin ??? qui est rédactrice en chef de la revue science et avenir. Et enfin, Didier Morfoisse qui est le président de l'association nationale des médiateurs. Je vais tout de suite passer la parole à Ahmed pour qu'il nous dise pourquoi il a souhaité être présent à cette conférence de presse. Il est arrivé de Tunis hier soir pour être avec vous et nous dire pourquoi pour lui, la médiation, ça compte.
Ahmed Gailai, prix Nobel de la Paix et membre de la Ligue des Droits de l'Homme de Tunisie : Bonjour (en arabe puis en français), [large sourire] donc je suis entre les miens, entre des amis. Je suis très ravi de me trouver avec mes camarades, mes collègues, parce que j'étais journaliste dans mes premiers temps - j'ai fait une école de journalisme en Tunisie - Ravi d'être ici aussi parce que le thème m'est très cher. Nous sommes avant tout [2mn50] des militants des droits de l'Homme et des médiateurs. Médiation entre citoyens et droits, médiation entre autorités publiques, collectivités locales, et l'égalité. Je vais dire que le langage lui-même est une tension comme disent les linguistes. [3:06] Alors que dire des relations internationales ? Vous savez que maintenant, le monde, c'est comme la légende d'Atlas - la terre sur la tête d'un taureau - Lorsque le taureau commence à avoir mal dans un coin, il va tourner la tête puis la terre bascule d'une corde à l'autre. C'est un peu ça notre monde actuellement. Quand j'étais enfant, j'ai pensé que la guerre est finie, que la 2ème guerre mondiale, comme je dis dans les écoles, [3:32] ça y est, c'est du passé... Maintenant, le monde construit la paix, l'égalité, les ponts, l'interculturalité. Mais malheureusement, on a vu partout et ailleurs beaucoup de guerres que ce soit dans le pays lui-même ou bien des guerres civiles, ou bien entre les pays eux-mêmes. [3:49] Voyez maintenant autour de vous malheureusement ya beaucoup de canons qui tonnent, d'enfants qui meurent, beaucoup d'hommes et de femmes qui sont expatriés, pas de leur gré, ya beaucoup de dénis de droit, beaucoup de méconnaissances de l'égalité malgré l'impressionnant arsenal de droits et de textes internationaux - le droit international, de droit [4:12] humanitaire international. Malgré cela, malgré cet outillage que l'homme a bâti, que l'être humain a bâti pour aplatir et aplanir la guerre, au contraire, les guerres sont encore là. C'est pour cela que les médiations sont très importantes.
On a encore de la chance d'avoir des gens qui pensent à la médiation [4:26] parce que tout est équilibre, en fait, parce qu'il y a le noir et le blanc, le mal et le méchant ???, ya le médiateur et l'autre. Je suis ravi d'être associé à ces préparations et cette conférence de presse. Ça sera avec moi une occasion d'en parler parce que les conflits - et c'est ça aussi la chance de ce congrès là, il repose sur une annecdote africaine qui est très intéressante qui dit que le conflit est pour la cohabitation ce que la sauce est pour le bon plat. C'est-à-dire que le conflit n'est pas nécessairement mauvais ou bien méchant, déconstructif ou bien constructif. Ça dépend de la manière dont on gère ce conflit là. Ya du conflit intéressant parce qu'il réaffermissent les lois, le droit, les relations de chacun, ils donnent de nouveaux rôles aux protagonistes lorsqu'on sait s'en servir, lorsqu'on sait gérer ce conflit là. Donc il faut toujours être là. Puis en fait, le conflit, il est partout. Il est pas seulement entre les pays, il est entre nous-mêmes. Nous avons aussi des conflits intra-personnels, intra-groupes, et des conflits interpersonnels, qui intéressent les besoins pratiques de la personne, des conflits qui émanent de leur intérêt, de leurs croyances. Donc cette panoplie de conflits appelle une panoplie de médiations. Et je crois que le congrès de février, ça sera aussi son rôle -s'est vous qui l'avez organisé avec une bonne équipe - c'est de donner un modèle, en fait. Un modèle heuristique, un modèle même théorique pour ces diversités de médiations. Est-ce qu'il y a une ou des médiations ? Je crois qu'il faudrait y penser. beaucoup d'autres l'ont fait avant, on continuera ensemble. C'est faire accumulation de la pensée humaine, c'est ça le savoir, une accumulation. Comment créer un modèle de pensées, une chaîne de pensées sur la médiation ? Que chacun dans la famille, l'école - creuset de l'éducation et aussi creuset de conflits - la famille, l'entreprise, les syndicats, les autorités. Donc cette diversité de conflits avec cette diversité de médiations appelle à une unité aussi de réflexions. Unité et diversité ne sont pas antinomiques, ne sont pas contradictoires. On peut penser ensemble à un modèle unique pour sortir des conflits que chacun, à l'entreprise, à l'école, aux Nations unies, à la Ligue arabe, à la ligue??? française aussi, peuvent avoir des idées innovantes pour créer un monde meilleur. Et Aldous Huxley a dit [en français et italien ?] "Un monde meilleur est possible". [Sourire] [Ndlr : citation non trouvée en ligne]
[07:22]
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médiation ethno-clinique ... en rapport avec la souffrance ... a formé des interprêtes à la médiation ... on est dans une symétrie totale. Juste que le médiateur va extraire ... médiation entre pairs ...
Ndlr :
- le sous-titre de la conf est très MINORANT par rapport aux risques cataclysmiques auxquels notre génération est confrontée, en responsabilité pour les générations futures. En effet, la médiation, c'est d'abord et avant tout accueillir, écouter, et INFORMER : veiller à ce que la hiérarchie des informations qualifiées (par les scientifiques, experts, controverses documentées, etc) arrive jusqu'aux citoyens, c'est-à-dire assimilée par eux. Hervé Carre lui-même, dans son introduction insiste sur le "monde tellement incertain" !
Séminaire du Centre d’éthique contemporaine – Comprendre les émotions humaines – Humeurs, affects, émotions et sentiments ; de la phénoménologie à la science contemporaine
admin
2013-2014
7932012304_f141c521b9_zEn partenariat avec l’Ecole Montpeliéraine de Phénoménologie Clinique
Année 2013-2014
Organisé par Brigitte Leroy-Viémon, Gérard Bourrel et Pascal Nouvel.
Comprendre les émotions humaines – Humeurs, affects, émotions et sentiments ; de la phénoménologie à la science contemporaine.
Depuis environ deux décennies les émotions, les passions, les affects, les humeurs, suscitent une intense activité de recherche. Pendant cette période, en effet, les sciences de l’émotion, qui allient approches neurologiques et approches cognitives, ont connu un développement spectaculaire.
Ce développement a, en retour, stimulé la reprise de réflexions philosophiques sur le thème du sentir et des affects, menées soit à travers une réinterprétation de grandes traditions philosophiques (Aristote, les stoïciens, Spinoza, etc.), soit avec les moyens de la phénoménologie qui refuse de réduire le corps humain à une simple étendue présentant certaines formes et certaines figures mais propose de l’envisager du double point de vue du corps sentant (des sensations, des sentiments corporels, des affects) et du corps senti (représenté psychiquement).
Il a également stimulé la reprise en psychologie clinique et en psychanalyse d’une psychopathologie des sentiments qui se fonde, non pas sur la vie émotionnelle en général mais sur son négatif ; non sur les affects mais sur leur absence ou sur leur répression.
Le séminaire « Comprendre les émotions humaines » a pour ambition de présenter un panorama de ces courants de pensée en s’appuyant sur les présentations de ceux qui sont directement impliqués dans leur élaboration.