L’anthropologue Philippe Descola nous a fait reconsidérer l’idée de nature. Sa pensée a profondément influencé l’écologie, et dessine la voie d’une nouvelle relation entre les humains et le monde dans lequel ils sont plongés. Reporterre a conversé avec lui : voci son interview, à écouter en podcast et/ou à lire.
Philippe Descola est titulaire de la chaire d’Anthropologie de la nature au Collège de France et directeur du Laboratoire d’anthropologie sociale (ENS/EHESS). Il est l’auteur des Lances du crépuscules (Plon, 1993) et de Par delà nature et culture (Gallimard, 2005).
... Jeune étudiant, dans les années 1970, vous êtes parti au fin fond de l’Amazonie, entre l’Équateur et le Pérou, à la découverte des Achuars. Vous y avez passé deux à trois ans en immersion et plus tard plusieurs séjours. ... suradaptés à la nature, des êtres véritablement primitifs parce qu’ils étaient naturalisés. C’étaient des « peuples naturels ». Cela pose des questions quand on s’intéresse au rapport que des sociétés entretiennent avec leur environnement. Où est le social, où est la médiation sociale dans un tel système ? ... j’ai été en Amazonie avec l‘idée que peut-être, s’ils n’avaient pas d’institutions sociales immédiatement visibles c’était parce qu’ils avaient étendu les limites de la société au-delà du monde des humains. ... C’était un pressentiment. L’enquête ethnographique prend du temps ... L’oniromancie, c’est-à-dire l’interprétation des rêves. ... le manioc ... plante toxique, le barbasco ... on s’adresse directement à l’âme de ces humains ou des non-humains ...
...
les Achuars maintenaient en permanence une sorte de fil de communication avec des interlocuteurs humains et non-humains par l’intermédiaire de ces incantations magiques ... les non-humains étaient tout sauf la nature. C’étaient des partenaires sociaux qui n’étaient pas divinisés ni sacralisés puisqu’on les chassait, qu’on les mangeait, plantes comme animaux. Néanmoins, ils étaient dotés d’une dignité de sujets qui permettait une communication de sujet à sujet. Cela était quelque chose qui apparaissait en filigrane dans beaucoup de théories des religions dites primitives, depuis longtemps. Depuis Fraser, au début du XXe siècle. ... l’attention que chaque être vivant requiert et le soin qui est nécessaire pour le maintenir en vie ... l’idée que les non-humains sont animés par une intention, des projets, des buts qui les font entrer en communication les uns avec les autres. Et qui permet la communication entre humains et non-humains. C’est-à-dire que ce sont des êtres qui ne diffèrent pas tant de nous par leurs capacités ou par leurs dispositions à établir des relations que par des atouts physiques qui leur sont particuliers. cela correspond à l’idée que le grand éthologue Jacot von Uexkül avait développée. Que chaque espèce vit dans un monde singulier qui est fondé sur sa capacité à utiliser du fait de sa biologie propre, des éléments de sa niche écologique. Mais alors que chez Yacob von Uexkül, chaque espèce vit dans une bulle, chez les animistes, la communication est rendue possible par cette espèce de langue universelle qu’est le dialogue des âmes. ... Heidegger avait bien mis en évidence que la nature est une sorte de boîte vide qui permet de donner une saillance à tous les concepts auxquels on va l’opposer. Moi, je m’en sers pour signifier la distance qui s’est établie entre les humains et les non-humains ... Non seulement les Achuars n’ont pas de terme pour désigner la nature, mais c’est un terme quasiment introuvable ailleurs que dans les langues européennes, y compris dans les grandes civilisations japonaise et chinoise. ... le capitalisme a besoin de ce sous-bassement que j’ai appelé le naturalisme ; c’est-à-dire cette distinction nette entre les humains et les non-humains, la position en surplomb des humains vis-à-vis de la nature ... en Chine ... dans ce qu’a été l’expérience industrielle de l’Union Soviétique, fondée sur l’idée des humains démiurges ... Inventer des formes alternatives d’habiter la Terre, des formes alternatives de s’organiser entre humains et d’entretenir des relations avec les non-humains. Je reprends la formule de Gramsci, « le pessimisme de la lucidité et l’optimisme de la volonté ». ... changer les choses. Comment ? Et bien par la multiplication d’expériences que je trouve originales dans le monde européen. J’étais à Notre-Dame- des-Landes, il n’y a pas très longtemps, sur la Zad. Et, je trouve que c’est une expérience - ce n’est pas la seule ... degré de réflexivité ... La capacité à poursuivre un projet dont on va examiner toutes les composantes ... Comment on se débrouille pour faire vivre cela en faisant un pas de côté par rapport aux contraintes politiques légales et administratives d’un État moderne capitaliste ou libéral ? ... l’identité qui s’est constituée peu à peu ou l’identification entre les humains et certains non-humains menacés, les tritons, les salamandres, les grenouilles, etc.. Ce qui m’a frappé par exemple, c’est l’attention des gens qui s’intéressent à la forêt. Il y a une petite forêt, qui est exploitée d’ailleurs, dans une attention à l’individualité des arbres.
Cette attention à la cohabitation tranche complètement avec la foresterie industrielle, de même que les techniques de maraîchage tranchent là avec l’agriculture industrielle. Cette attention profonde à la singularité des êtres vivants avec lesquels les zadistes entrent en contact me frappe parce que j’ai vu la même chose en Amazonie. ... vivent une sorte d’Epiphanie. Ils essayent de travailler à l’intérieur d’un collectif où l’on partage à peu près tout, avec cette espèce d’identité profonde, d’identification profonde, qui est singulière.
...
On ne peut pas devenir des Achuars. On peut devenir des humains différents de ce que nous avons été ou de ce que nous sommes. Découvrir des façons alternatives de vivre pour essayer de nous transformer nous-mêmes.
Thèse : "La nature domestique de Ph D. à la MSH ; Les lances du crépuscule (+accessible) collection Terre humaine ; & 1petit livre "L'écologie des autres et l'anthropologie et la question de la nature, éd QUAE
Lire aussi : Alessandro Pignocchi : « Il n’y a pas d’écologie sans lutte collective contre le monde de l’économie » https://reporterre.net/Alessandro-Pignocchi-Il-n-y-a-pas-d-ecologie-sans-lutte-collective-contre-le-monde-de-l
Réalisation du podcast : L’équipe de Ground Control https://www.groundcontrolparis.com/ avec Laura Eisenstein à la production, François Touchard à la réalisation et Frédéric Haury pour les micro-trottoirs.
Ndlr :
- on retrouve ici des ingrédients de la théorie de la médiation ? cadre, distance, interrelations, etc. => creuser ACT
- ces peuples nous transmettent des savoir-être primordiaux pour inventer/restaurer notre rapport aux autres, au vivant. => valoriser politiquement ce trésor à préserver coûte que coûte. MpT peut y contribuer ACT
Créée en 2014, l’association Champs du Partage anime et développe une dynamique d’espace test agricole sur les départements de la Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres et Vienne en Région Nouvelle-Aquitaine.
... proposent un cadre innovant qui permet aux porteurs de projet de vérifier la faisabilité et la viabilité de leur projet en démarrant une activité de production en conditions réelles, mais dans un cadre sécurisé.
Le test d’activité est un des outils qui vient compléter les dispositifs existants d’appui à l’installation (parcours DJA notamment) et favorise, grâce à un accompagnement individuel et collectif, l’installation progressive et sécurisée des porteurs de projet.
L’Association accompagne également les collectivités travaillant sur la problématique de l’installation et du développement d’une agriculture de proximité dans la mise en place d’espaces tests adaptés aux spécificités de leur territoire. ...
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France 2040 : Notre civilisation s'est effondrée. Ou alors...
On pourrait tenter quelque chose. Changer le destin, en agissant au bon moment, au bon endroit. C’est l’objet de cette vidéo. Et comme toujours, pour que le message se diffuse, Partager c’est Sympa !
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Catégorie People et blogs 99 commentaires
Changer le monde en 2 heures il y a 3 heures
Plus vous faites des formats longs, plus j'aime votre taf.
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Transcription : ...1:22 notre civilisation repose sur de grands piliers : - L'ÉCONOMIE MONDIALE (globalisée) - L'ÉNERGIE - L'ÉTAT qui fournit le cadre - L'ENVIRONNEMENT.
Trois bulles colossales menacent de provoquer un effondrement du système : - DETTE PRIVÉE (225% du PIB mondial) - COTATION DES ACTIONS - DETTE DES ÉTUDIANTS AUX USA (1500 milliards de $ ~PIB de l'Espagne)
NOS ÉTATS -> AUTORITARISME
L'ÉNERGIE moteur de cette civilisation, les ENR s'ajoutent aux énergies fossiles, ya pas de transition énergétique.
SAUVER QUOI ? la vie, l'eau, l'air, la forêt, l'amazonie. On va donc rencontrer le mur climatique bien avant le mur énergétique.
L'EFFONDREMENT qui soutient la vie sur terre est d'ores et déjà en train d'avoir lieu. La forêt tropicale commence à ne plus absorber de co2. Le phytoplancton qui stocke la moitié de l'oxygène meurt. Le permafrost en arctique est en train de fondre 70 ans plus tôt que ce que les scientifiques attendaient : TOUT S'ACCÉLÈRE.
La biodiversité s'effondre déjà : 60% des animaux sauvages vertébrés assassinés en 40 ans. Une espèce animale et végétale sur 5 est actuellement menacée d'extinction. 3/4 de la terre sévèrement altérés par les activités humaines.
-> Société immunodéprimée (on n'a plus de système immunitaire et la moindre petite grippe peut nous mettre à terre. Plus d'abeille. Effondrement systémique mondial possible. Enchaînement d'événements catastrophiques. Des chocs environnementaux, politiques, sociaux et économiques.
Mais ATTENTION personne ne peut prédire avec certitude SI, QUAND et COMMENT ça va se passer. Et on ne sait pas comment on (la société) va réagir.
YA DES MARGES DE MANŒUVRE.
Le bon sens. Tous les indicateurs partent en exponentielle. Ça doit s'ARRÊTER DE GRÉ OU DE FORCE.
Ça fait PEUR. S'en foutre est le pire.
On vit un apparteïd climatique. Les pays les plus riches changent le climat et les plus pauvres le subissent. C'est injuste.
Scénarios possibles : LA CROISSANCE VERTE consomme davantage de ressources et d'énergie. On pourrait décroître, mais personne ne le fait. Lyon rêve de voiture sans conducteur qui envoie des terradatas de données pour réussir à avancer tout droit. C'est pas ça l'avenir, je pense. En fait c'est une question de choix de société. Construire un centre commercial ou zone humide. On ne peut pas faire les deux.
Si aucun pays ne veut décroître en solo, on pourrait peut-être pendre des décisions collectives contraignantes et éviter l'effondrement. Le meilleur ex. les gaz cfc / couche d'ozone. pb clair nbre limité d'acteurs, ça a pris 25 ans !
Alors combien de temps on se donne pour décarbonner l'économie ? 300 ans ? On ne les a pas... En 2020 pic des ém de co2 / <1,5°C selon GIEC2018. Sans une profonde redistribution des cartes que je peine à imaginer, je ne vois pas de salut qui puisse venir d'une décision des états.
12:38 - Révolution pacifique boycott consommateurs, massification des écogestes nécessaire / être plus résilients, mieux préparés aux chocs qui s'annoncent. Mais pas suffisant car ya URGENCE et nos adversaires poussent toujours plus pour plus de conso, de confort, etc (pub 2è budget mondial après l'armée !)
C'est tout ce qui nous entoure qui pollue : l'industrie, le système agricole, les services publics, la bétonnisation, trucs sur lesquels on a encore très peu de pouvoir. Certains d'entre nous en ont plus que d'autres. Les +privilégiés, les +riches impulseront-ils le changement ? Mais ont travaillé leur vie à accumuler des privilèges, c'est dur de se départir du chacun pour soi. Pire, il semblerait que les milliardaires aient décidé d'aller jusqu'au bout avant de quitter le navire. 50% des milliardaires de la silicon valley ont acquis une assurance apocalypse. Cad qu'ils ont acheté un lopin de terre en nelle zélande à l'abri et où ils iront se réfugier. Du coup, ils ont très bien compris mais ils ont décidé de faire céssession.
Il reste encore le salut par la force de frappe des entreprises capitalistes : inventivité et technologie. Le nucléaire now en fr stable mal géré. Quid si écon effondrée ? /Géo-ingénierie jouer aux apprentis sorcier. Restent les entreprises : plus grande force de résistance au changement car ont bâti ce monde "parfait" pour elles. Et aucune alternative ne saurait leur plaire autant. Il ne suffit pas de convaincre les structures en face de nous dt une petite centaine -> 60% des ém de GES et qui se comportent comme des sociopathes. Ex. EXXON MOBIL n°2 mondial du pétrole et du gaz a commandé une étude années 70 sur le changement climatique. Réel et causé /én fossiles, l'ont enterré, financé /100aines de millions d'euros des campagnes de pub pour semer le doute sur la véracité du cht clim, tout en surélevant leurs plateformes pétrolières en haute mer pour qu'elles résistent à la montée des eaux. ILS NE VONT PAS S'ARRÊTER. Les 5+>> ont dépensé 1 milliard$ en lobbying pour discréditer l'accord de paris. Il faut laisser 80% des énergies fossiles dans le sol mais les russes développent des centrales nucl flottantes pour exploiter des gisements encore non rentables. Quand TOTAL promettait publiquement il y a 2 ans de ne pas forer en arctique, il négociait en secret l'achat d'un gisement à un gazier russe. En Alaska les pétroliers placent des tubes réfrigérants dans le sol pour le permafrost de manière à permettre à leurs camions de rouler afin de continuer à exploiter le pétrole. CYNIQUE. On est face à des états et des entreprises qui creusent notre tombe. C'est une guerre contre le vivant, une destruction des conditions qui rendent la vie sur terre possible. ILS NE S'ARRÊTERONT DEVANT RIEN. IL FAUT QU'ON LES ARRÊTE.
PLus on attend avant de démanteler ce système, moins la vie sauvage sera résiliente, moins le monde vivant sera capable de rebondir. Plus les plus pauvres morfleront.
En découvrant tout ça, j'ai juste eu envie d'aller me cacher dans un trou en fait et je pense qu'on est nombreux à réagir ainsi. Mais j'ai réalisé que j'aurai beau partir loin, construire mon îlot de sobriété et de résilience, la destruction continuera parce que le système capitaliste n'a pas besoin de moi pour fonctionner. C'est pas ma non collaboration qui y mettra un terme mais ma résistance et les actions stratégiques qui paralyseront ses rouages.
Le seul moment où les émissions de co2 ont décru, c'était en 2008 lorsque l'économie mondiale était à l'arrêt. Alors, si on n'a ni le temps ni les moyens de changer le système, il faut qu'on considère le besoin de le mettre à terre, de réduire à néant sa capacité à détruire. En fait, pour éviter l'effondrement de la biosphère, il faut démanteler ce système RAPIDEMENT. On ne persuade pas une machine, on la casse. Il faut une réaction équivalente à celle de la résistance et du débarquement de 39-45 : empêcher la destruction sans pour autant mettre la vie d'autrui en danger. Il faut des mobilisations de masse grand public mais aussi des actions directes de sabotage comme ont pu le faire see chepards ou les faucheurs d'ogm. Pour ces dernières, on vous recommande les 4 podcasts sur le blog floraisons qui reprend le contenu du livre FULL SPECTRUM RÉSISTANCE. La complémentarité entre un mouvement de masse et des actions directes, c'est une condition nécessaire à un mouvement puissant.
Concrêtement, on lance à la rentrée une initiative pour créer des groupes de résistance partout sur le territoire.
La difficulté est telle qu'il faut qu'on soit plus malins. Hors quoi de mieux qu'une crise à un moment où le système est en difficultés pour remporter des victoires ? La première qui risque d'arriver est financière. Apprendre de nos erreurs et s'inspirer de ce qui s'est passé chez nos voisins l'espagne, la grèce, pour contre-attaquer.
Mais en plus de mettre à terre l'ancien monde, on doit aussi permettre qu'un nouveau monde émerge de ses ruines. La vraie rupture sera celle de la SOBRIÉTÉ+LOWTECH. Remplacer tous nos besoins technologiques par des techniques SANS FOSSILE, UTILES, DURABLES, RÉPARABLES, ACCESSIBLES au plus grand nombre. Autant dire que ce n'est pas du tout le discours mains tream sur l'écologie et c'est pas là non plus que sont mis les efforts.
En fait, faut qu'on apprenne à gérer collectivement la réduction de notre mode de vie. Qu'on apprenne à faire en commun plutôt que de vivre dans nos bulles individuelles => CHOIX décroître le superflu et conserver ce qu'on a envie de minimiser la souffrance de tous et partout et de réussir à construire ensemble la nouvelle société. Revoir notre rapport à la nature sujet plutôt que objet. Ensemble MON ESPOIR. Rien n'est écrit. On a déjà des ex contemporains comme au Rojava qui montrent que ça vaut le coup de réfléchir par avance. En syrie, les féministes avaient tout pour baisser les bras face à l'état islamique et bachar. Pourtant, c'est dans ce lieu qu'y a eu une révolution féministe qui a donné lieu à l'autonomie de la région et la mise en place d'un fédéralisme démocratique fondé sur l'égalité des ses sexes et l'écologie. Possible que parce que les gens avaient été sensibilisés à des théories de fédéralisme, de municipalisme libertaire. Tout ce qu'on essaiera de construire, d'autres essaieront de le détruire. Il faudra se battre à chaque instant. L'avenir est entre nos mains. Lutte pour la liberté et la dignité. IL faut la commencer MAINTENANT. L'horizon d'urgence et de mort qu'implique la perspective d'un effondrement systémique donne étrangement du sens à la vie. C'est parce que ma vie a une fin qu'elle peut avoir un but. C'est parce que mon temps est limité qu'il doit être utilisé à bon escient. Tenterons des choses pour obtenir l'indépendance financière.
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EFFONDREMENT(S)
Conférences, ateliers, débats, du 1 au 8 décembre 2018, Équitable Café, Marseille
Sujet de l’intervention :
Effondrement : comment ne pas contribuer à la grande accélération ?
La survenue du risque d’effondrement dans le débat écologique ouvre de nouvelles perspectives de réflexion et d’anticipation de l’avenir. Pouvons-nous aborder une situation inédite – et non désirée – de la même façon que nous avons pensé l’écologie jusque-là ? Ne risquons-nous pas, dans la précipitation, de reproduire certaines de nos erreurs passées ?
Résumé de l’intervention :
En phase de croissance il faut courir aussi vite que possible pour rester sur place. En phase de décroissance il faut ralentir à la juste cadence pour rester en vie.
Un immense merci aux organisateurs de cet évènement très riche et stimulant. Les différents partenaires sont indiqués sur l’image de la vidéo.
Ouvrage prolongeant les développements proposés : Transition 2017, Édition SoLo, 2017
https://www.thebookedition.com/fr/transition-2017-p-351827.html
Références, précisions, erratum en suivant ce lien :
https://medium.com/@vmignerot/%25C3%25A9cologie-fracture-sociale-et-violences-vid%25C3%25A9o-de-la-conf%25C3%25A9rence-et-r%25C3%25A9f%25C3%25A9rences-f967971feedd
Minutage de la conférence :
03:08 Intro : état des lieux
12:30 Les belles histoires écologiques : vue d'ensemble
17:35 L'écologie radicale
19:10 Les colibris : la « sobriété heureuse » et le « nouveau récit »
21:00 L'écologie radicale du GIEC
23:05 Récit politique de la transition écologique
24:23 Compétition, rivalité, coopération et liberté
33:20 Réponse sociale aux injonctions paradoxales
38:50 Anthropologie : le rôle des récits chez les Agtas
42:45 Récits et coopération
44:35 Les récits et leur rôle dans le maintien des inégalités sociales
46:08 Inégalités et conflits chez les « collapsologues »
48:50 Qui survivra?
53:10 Le sacré comme prolongement du paradigme naturaliste
55:40 La spiritualité face à l’effondrement
57:55 Communautarisme et collapsologie
58:45 La compulsion de répétition, définition
1:01:10 La protection de l’environnement est impossible
1:07:00 La théorie du pompage économique
1:16:35 Le modèle HANDY (Human and nature dynamics)
1:18:35 L’échec des « printemps arabe » ?
1:21:30 La révolution contre-productive et la sécession des élites
1:22:30 Le risque de l'extrême droite
1:24:30 Réduire son impact environnemental
1:28:00 Éviter le réflexe de l'isolement
1:29:40 Les 1%, les 10% et les autres
1:31:15 « En phase de croissance il faut courir aussi vite que possible pour rester sur place. En phase de décroissance il faut ralentir à la juste cadence pour rester en vie. »
1:31:50 Syndrome de la Reine Rouge : le guépard et la gazelle
1:35:10 La course aux armements
1:37:20 La Reine Rouge en contexte d’effondrement
1:40:00 Message à l'écologie politique
1:41:00 Renforcement synergique des énergies
Catégorie Éducation 135 commentaires
Transcription :
... adrastea = inéluctable, déesse adrastée, protectrice de zeus ... Marseille
...
à ~29:54 triptique du darwinisme compétition, coopération, rivalité : une compétition donne un cadre et dans ce cadre se confrontent coopération et rivalité.
plus de coopération, c'est répondre à des problématiques qui peuvent très bien faire émerger des rivalités. Des obscurantistes coopèrent au service de leur intérêt.
...
récits positifs, violences implicites
...
les modèles économiques ont invisibilisé les ressources, c'est ce qui nous a amenés dans le mur.
...
récits positifs, violences implicites, sont en soi ce que la psychologie appelle des "injonctions paradoxales" (personne soumise à deux pressions contradictoires ou incompatibles selon wikipédia.->troubles et souffrances mentales. rapport de domination particulièrement dans la communication du ou des dominants.
TOUTE l'écologie est une immense injonction paradoxale. Il n'est pas possible de réduire les pb de fin de mois ET de réduire l'impact environnemental, c'est-à-dire protéger l'avenir. Affirmer cela c'est fondamentalement faire violence au peuple. Et pourtant, on est un peu obligés de le faire. On est concés ! Quand on est un homme politique, on est obligé de rassurer son peuple, on est obligé de lui dire qu'à la fois ile peut avoir 2% de croissance advitam éternam et qu'à la fois les papillons vont survivre. Mais la réalité ne dit pas ça. Le cadre de la compétition - les règles du jeu - ce dans quoi l'humanité s'est retrouvée coincée, ça contredit cette injonction. Les deux ne sont pas possibles. Faire des promesses intenables, dire qu'on peut protéger l'environnement tout en taxant plus ou en bridant les libertés, motive les gens à ne plus écouter les histoires qu'on leur raconte et à mettre en place des défenses psychologiques contre le discour agresseur. Contre cette irrationnalité, on répond avec de l'irrationnalité. et ce que nous voyons émerger partout - et très rapidement- ce sont les obscurantistes mystico-religieux qui ont une forme d'intuition apparaissant parmi les premiers dans les dernières décennies : les obscurantimes scientifiques- le transhumanisme - tout le fantasme autour de l'intelligence artificielle qui elle aussi est censée nous sauver de notre pb écologique, et la transition énergétique en général. Tout ce qui est de l'ordre de la transition fait partie des obscurantismes scientifiques.
Si l’on prend au sérieux le rapport spécial du GIEC sur les impacts d’un réchauffement climatique de 1.5°C publié début octobre 2018, et l’on a tout lieu de le faire notamment au vu des confirmations des alertes antérieures, la réduction drastique des émissions de émissions de gaz à effet de serre doit constituer le cadre de toute politique publique, et plus particulièrement de la programmation pluriannuelle énergétique. En cohérence avec l’Accord de Paris, adopté par la France et 196 autres parties, l’objectif est bien de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C. Et pour cela, le GIEC précise qu’il faut donc réduire de 45% les émissions de CO2 d’ici 2030, avant d’atteindre un niveau proche de zéro en 2050. C’est cela le cadre. Pour le premier pas, qui correspond en temporalité à la programmation énergétique, il faut donc diviser par deux les rejets de CO2 en 10 ans. L’effort est gigantesque, même pour la France déjà quasiment sorti du charbon, mais toujours aussi dépendante du pétrole et du gaz presque intégralement importés.
...
Dans cette course de vitesse et d’endurance, la sobriété et l’efficacité énergétique apparaissent comme piliers incontournables. Ce sont les seuls leviers permettant d’atteindre des réductions de consommations énergétiques, et d’émissions de CO2, massivement et aussi rapidement. Rénovation des bâtiments, mobilité partagée, active et économe, fin de l’étalement urbain et artificialisation des sols, évolutions des pratiques agricoles et régimes alimentaires en sont quelques exemples emblématiques. Et c’est le côté paradoxal de la programmation énergétique. En termes d’émissions de CO2, l’essentiel risque bien de se jouer en dehors du « simple » secteur énergétique, c’est à dire dans tous les secteurs qui déterminent la consommation d’énergie.
Enfin, au-delà d’un certain seuil, la consommation ne se traduit plus par une amélioration des conditions de vie. La plupart des usages peuvent être satisfaits avec des consommations divisées par deux, trois voire dix avec les technologies actuelles. Il faut donc arrêter de voir seulement une contrainte dans le prix des énergies pour en faire une opportunité de transformation, à la fois de mieux vivre et de meilleure performance économique. Mais ce changement de perspective ne se fera pas seul. Les appels à manifestation contre les hausses de prix de l’essence, liées notamment à la « contribution climat énergie » (ou taxe carbone) pour les ménages d’une part, et les milliards d’exonérations sur les transports routiers de marchandises ou aériens d’autre part, illustrent le besoin d’équité. Des politiques énergétiques systémiques, cohérentes et massives ne pourront être mises en œuvre que si elles sont justes et comprises.
Ce texte fut écrit suite à l'invitation à contribuer aux pages Débats&Controverses de l'Humanité le 5 novembre 2018 aux côté de Sylvestre Huet, Maxime Combes et Marie-Claire Cailletaud.
Mots-clés : Climat | Transition énergétique | Sobriété | Gaz à effet de serre
guides de poche de l'enseignant
Un projet pour...
00999000773575 - Médiathèque L'Alpha - Adulte - LIV - 371.5 - DIS
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SOMMAIRE
déjouer la logique du conflit
- recadrage
- la technique de confusion
- l'effet miroir
- l'interprétation décalée
- la prescription du symptôme
- la riposte approbative
- les détours tactiques
Quelques phrases "picorées" :
- Être cultivé, c'est avoir construit un ensemble de connaissances et de compétences qui nous permettent d'analyser et de comprendre le monde qui nous entoure... mais aussi d'agir sur lui !
- démarche ouverte ... état d'esprit ...
- noblesse de la résistance de l'élève envers le prof => maîtriser quelques stratégies d'influence ... certaine tolérance /exubérance juvénile ... dialogue ... éthique (pas dévaloriser ni mépris ni vexations)... ménager une issue... levier du paradoxe, la non contradiction... recadrage... écoute, observation, sagacité, débrouillardise, créativité...
fiche de lecture :
- faire l'apprentissage du pouvoir éthique et faire l'éloge de la complexité maîtrisée, de la subtilité me semblent résumer ce que je tire de ce livre
- valoriser pour l'enseignement en général, notamment pour les professeurs de collège et de lycée, notamment ceux qui débutent
- question : tous ces éléments ne se retrouvent-ils pas dans la situation actuelle de plpdla de médiation auto-instituée face à des citoyens non éduqués sur l'anthropocène ? => questionner les psychologues
ACT
C’est à la veille du tremblement de terre qui a frappé le Japon et déclenché la catastrophe nucléaire de Fukushima que l’Institut Momentum s’est réuni pour la première fois... fragilité du système thermo-industriel. L’imbrication des éléments naturels avec les objets industriels fait de notre planète un laboratoire à ciel ouvert : aucun lieu de la Terre n’échappe plus à l’expérimentation... épicentre symbolique de l’ère de l’Anthropocène... L’Anthropocène, c’est aussi une ère d’exubérance qui abolit l’angoisse, où l’automobile et l’écran plat sont devenus des droits humains fondamentaux. Une ère d’addiction, où la production de moyens est devenue la fin de l’existence. Une ère d’accélération, où la croissance, qui repose sur le cycle sans fin de la production et de la consommation, doit produire toujours plus d’objets inutiles pour ceux qui en ont déjà trop. C’est la logique même du productivisme. ... La réponse ne sera pas technologique. Elle tiendra à l’organisation des sociétés elles-mêmes, au renforcement de leur résilience, au maintien de leur trame de sécurité.
Le 21ème siècle ressemble ainsi à la sortie d’une parenthèse. L’exubérance énergétique du 20ème siècle est terminée. La majeure partie du pétrole facile à extraire a été brûlée en 200 ans d’ère industrielle. La fête est finie.
Toutes les dettes accumulées, dette financière, dette énergétique et dette écologique nous reviennent aujourd’hui comme des bombes à retardement qui commencent à exploser. Les conséquences de la croissance exponentielle des économies industrielles avaient été annoncées dès 1972 dans le rapport Halte à la croissance ? : croissance démographique, industrialisation, pollution, production alimentaire et accélération de la dégradation des systèmes naturels. ... La transition post-pétrolière, post-nucléaire et post-carbonique s’attache à complètement redessiner et à repenser les infrastructures de la société mais aussi à œuvrer à un nouvel imaginaire social en se projetant dans un futur proche sans pétrole et sans énergies de stock.
De même que l’économie agraire de 1800 était complètement différente de l’ère des énergies fossiles actuelle, de même l’économie post-fossile et post-fissile de 2050 diffèrera profondément du paysage contemporain.
...
Le temps est venu de poser un nouveau cadre pour l’économie afin de l’encastrer dans notre écosystème local et global.
...
Quel rôle pour l’Institut Momentum ?
se consacre à répondre au défi de notre époque : comment organiser la transition vers un monde post-croissant, post-fossile et modifié par le climat ? Comment penser et agir les issues de l’Anthropocène ? Quelles sont les sorties de secours ? A quoi ressemblent des sociétés résilientes au temps de la triple crise, énergétique, économique et écologique ?
L’objet de notre démarche est de constituer une communauté de contributeurs, composée d’experts reconnus ou émergents dans les domaines majeurs de la transition. Les contributeurs de l’Institut Momentum interviennent dans leur domaine d’expertise, en relation avec la pensée de la transition. Ils produisent des diagnostics, des analyses, des scénarios et des propositions originales sur les stratégies de transition et de résilience. L’Institut Momentum est là pour les susciter et les faire connaître aux individus, aux collectivités, aux entreprises et aux gouvernements. L’ensemble des contributeurs publiera un Annuel du Momentum, couvrant chaque thème principal et les initiatives les plus récentes pour répondre à la crise, dans un esprit cohérent voire holistique.
Nous faisons une veille sur les thèmes tels que : restauration des écosystèmes, systèmes alimentaires, utilisation des terres, permaculture rurale et urbaine, énergie et autonomies énergétiques, économie coopérative, métiers de la résilience, solidarités pratiques, résolution de la dissonance cognitive, nouvelles formes de la démocratie.
Nous avons aussi le souci de donner de la visibilité aux solutions émergentes, déjà mises en œuvre par les villes en transition, les coopératives de l’énergie, les Amaps, les entreprises d’insertion, les collectivités dotées d’éco-quartiers.
La Revue durable est notre principal partenaire éditorial, en raison de la compatibilité évidente la vision de LRD, inlassablement dédiée depuis dix ans à la recherche de pistes originales et de foyers de création de résilience, et les thématiques portées par l’Institut Momentum. Nous sommes aussi en relation avec des publications tels que Silence, ou des revues telles qu’Entropia, avec le mouvement de la transition, avec l’Université populaire de permaculture et avec d’autres lieux de pensée tels que le Post Carbon Institute californien, la New Economics Foundation britannique, et, en France, avec l’association et l’institut Negawatt.
Appel
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nous avons une chance, et c’est peut-être la dernière, de nous écarter du précipice. Un défi, un moment singulier, une fenêtre d’opportunité : le Momentum. Rejoignez-nous.
[1] Le Monde, 26 mars 2011.