Yves Le Breton, directeur général de l'Agence nationale de la cohésion des territoires © vod Senat
Directeur général de l’Agence de cohésion des territoires, Yves Le Breton était auditionné le 10 novembre par la commission du développement durable pour évoquer devant les députés son action sur « Petites villes de demain ». Le DG a défendu un programme « déconcentré », qui a su tirer les leçons de son grand frère « Action Cœur de Ville », et a détaillé les crédits disponibles. Subsistent quelques interrogations sur la manière dont les binômes communes-interco seront sélectionnés.
Il y a un an, Yves Le Breton était auditionné par les deux chambres parlementaires en vue de sa prise de fonction au sein de l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT). Retour devant l’Assemblée pour l’ancien préfet afin de défendre cette fois-ci « le premier programme lancé sous la marque ANCT » : « Petites villes de demain ». Face à la représentation nationale, Yves Le Breton a exposé à grands traits le dispositif, l’idée étant pour l’ANCT de tirer profit des expériences acquises avec les dispositifs antérieurs. Pour commencer, le directeur général de l’Agence a donc rappelé les contours du programme destiné à soute ...
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David Djaiz est haut-fonctionnaire. Il vient de publier Slow Démocratie, un essai dans lequel il essaie de réhabiliter le cadre national comme cadre essentiel de la démocratie et levier fondamental pour maîtriser la mondialisation. Il y décrit avec minutie les effets de la mondialisation sur la cohésion territoriale, l’urgence climatique et les processus démocratiques. Entretien par Lenny Benbara. Retranscription par Brigitte Ago et Dany Meyniel.
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première phase débute dès les années 70 ... mondialisation réglementaire ... seconde phase de la mondialisation quelque part autour de 1989 ... chute du mur de Berlin ... révolution technologique avec le développement des technologies de l’information et de la communication. Conjuguée à la révolution de la conteneurisation dans le transport maritime ... baisse des coûts ... Des chaînes de valeur globalisées se mettent en place ex. iPhone ... Tim Cook, l’actuel PDG d’Apple, est un logisticien ; ce n’est pas un hasard ... La mondialisation fragilise le travail intermédiaire, et donc la classe moyenne dans les pays industrialisés, mais en même temps elle offre des machines peu chères qui permettent aux industriels de remplacer les travailleurs par des machines.
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troisième phase aggravation des fractures territoriales ... L’économie de la connaissance, les manipulateurs de symboles, les centres de conception se concentrent dans les grandes métropoles, profitant au maximum des effets de rente d’agglomération. Ex. Renault ... la crise des finances publiques de 2010, qui arrive après la crise de 2008, a mis à mal cette solidarité invisible : les ressources publiques étant désormais sous contrainte, la solidarité naguère invisible devient de plus en plus visible et de moins en moins acceptée.
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effet positif dans l’absolu, au sens où elle a fait sortir de la pauvreté absolue des centaines de millions voire des milliards de personnes et qu’elle a réduit les inégalités entre nations.
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gouvernement mondial ou fédération européenne, projets à l’arrêt ... 90 % des sondés dans soixante pays du monde environ se disent attachés à l’idée nationale ... La vraie surprise ... plus attachés à leur identité nationale qu’à leur identité locale ... incapacité à voir que le sentiment national est une socialisation qui se construit sur plusieurs siècles, fondée sur un substrat structurel : une langue, une culture, des valeurs partagées. Ce n’est qu’ensuite qu’il se donne un projet politique – en l’espèce le projet républicain. ... à l’arrivée une montée sans précédent du nationalisme autoritaire ... montée des inégalités, des fractures dans les sociétés, bref des politiques néolibérales qui ont généré contre elles du ressentiment
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urgent de construire un discours beaucoup plus raisonnable qui ne serait pas basé sur l’antagonisme entre la mondialisation et la démocratie, qui accepterait le fait national mais inventerait une nouvelle phase de la mondialisation ... Les États deviendraient les écluses capables de décider démocratiquement dans quelles circonstances une intégration économique plus approfondie est bonne ou pas ... mettre des barrières au commerce international sous la forme d’un ajustement carbone aux frontières par exemple, ou en renégociant assez durement les traités de libre-échange ... les défis territoriaux et immobiliers rendent nécessaire une instance qui fasse prévaloir un intérêt général au-dessus des situations locales, qui soit capable de redistribuer des richesses entre des territoires qui ont tendance à les concentrer et des territoires plus en difficulté. Cette instance, c’est l’Etat-nation ... redistribution à la fois entre les individus et entre les territoires
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En revanche donner davantage d’autonomie aux autorités locales / des dépenses d’allocation / projets locaux d’aménagement / proximité avec les problèmes des habitants ... l’économie sédentaire ... agriculteurs aliments frais + services environnementaux ... artisanat / rénovation thermique ... emplois non délocalisables
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re-politiser l’Europe, mieux connecter toutes ces institutions européennes à la vie démocratique ... Aux États-Unis, l’anti-trust a été capturé par des lobbys et des intérêts industriels divers, qui ont petit à petit affaibli toutes ses défenses immunitaires et ont mené à la constitution de gigantesques oligopoles ... d’accord avec Thomas Philippon : la politique anti-concentration européenne ne mérite pas l’excès d’indignité qu’on lui oppose parfois, en revanche je n’arrive pas à me satisfaire d’un système où le citoyen n’a pas son mot à dire ... une Europe-puissance, une Europe des biens publics, etc. car il est nécessaire de passer à l’échelle dans un certain nombre de domaines. Il faut simplement qu’elle soit mieux connectée au fait national.
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décélération sélective ... si démondialiser ça veut dire re-nationaliser intégralement les économies, nous sommes face à une impossibilité, qui découle de l’incompatibilité de cette proposition avec une économie de la connaissance hyper-liquide, hyper-fluide, et en même temps hyper-industrielle ... on se dirige en réalité vers une régionalisation des chaînes de valeur, parce que les coûts de l’énergie et donc les coûts de transport vont fatalement augmenter / conscience écologique ... être moins naïves aussi dans les relations avec leurs partenaires économiques que sont la Chine et les États-Unis ... passer des accords de réciprocité / une partie de la valeur ajoutée locale
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Le populisme est assimilé dans l’ouvrage à un courant de droite radicale, alors que ce phénomène peut prendre différents aspects. Il traduit justement ce désajustement entre les lieux de la prise de décision et les lieux d’élaboration démocratique avec cette volonté de Take back control. Est-ce-que la solution ne résiderait justement pas dans une forme de populisme républicain ?
DD – C’est une excellente question : le populisme n’est pas une idéologie, c’est un style caractérisé par la valorisation du bon peuple face à des élites corrompues, un recours assumé à la violence verbale, une exaltation de la force physique, une méfiance vis-à-vis de toutes les médiations comme les partis politiques, une désintermédiation entre le leader « hyperincarné » et la masse, etc.
« La logique de la nation démocratique est une logique affinitaire davantage qu’identitaire. »
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à la question « certains éléments du populisme sont-ils parfois positifs pour re-dynamiser un peuple politique ou re-politiser une action ? », je réponds pourquoi pas. Mais encore faut-il être très prudent
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l’essentiel de la dynamique républicaine : sa capacité à convertir la dynamique des conflits sociaux en une énergie positive qui prend chair dans des lois, dans des institutions. ... On a besoin de puissance publique, on a besoin de biens communs, en conséquence de quoi on a besoin de débats publics ... Le bien commun est le résultat d’une délibération, mais qu’elle puisse se faire sereinement exclut un style politique empreint d’une trop grande violence.
Lenny Benbara est analyste politique et spécialiste de l'Espagne et de l'Italie, ainsi que de la politique européenne. Il est diplômé de l'ENS de Lyon et est économiste de formation. Il a par ailleurs fondé Le Vent Se Lève où il officie en tant que responsable du développement.
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Ndlr : si j'ai bien compris, il ne prône pas du tout une démondialisation (mais une décélération sélective) ni la fin du néolibéralisme, mais une économie duale (chaînes de valeur globalisées / économie sédentaire). Il termine en laissant la porte ouverte à un populisme éthique (bien qu'il manque la notion d'oligarchie tout en citant les oligopoles, comme s'il n'allait pas au bout du raisonnement, restant centré sur la notion d'élites) et fait l'éloge du débat pour régler les conflits. CONCLUSION : texte qui ouvre des ponts vers une société vivante et éthique ? À SUIVRE !