Alors que l’écologie a été propulsée au cœur du paysage politique et médiatique cette année, et que les mouvements écologistes s’étoffent, des débats stratégiques se posent. Comment discuter avec le gouvernement ? Comment parler aux classes populaires ? Reporterre lance la discussion. Enquête.
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Le terrain, justement, c’est là que commencent à se nouer des liens, notamment sur la question des violences policières et de la répression des mouvements sociaux. Le Comité Adama, qui se bat pour obtenir justice depuis qu’Adama Traoré a été tué par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise il y a trois ans, a réuni le 20 juillet dernier militants des quartiers, Gilets jaunes et mouvements écologistes tels que ANV COP-21, Désobéissance écolo Paris, Deep Green Resistance, Extinction Rebellion ainsi que des personnes luttant contre le projet EuropaCity.
Les rendez-vous du mois d’août permettront sans doute de poursuivre les rapprochements et le débat, notamment au camp climat d’Alternatiba, au festival les Bure’lesques des opposants à la poubelle nucléaire, ou encore au contre-sommet du G7 fin août, à Biarritz. Ces quelques pistes de réflexion esquissées, chers amis écologistes, nous vous laissons à vos devoirs de vacances.
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Constater le fossé entre les luttes sociales et l’espace politique fait peur. Je ne vois pas d’autre solution que produire du neuf pour être attractifs. Et cela ne se fait pas en allant chercher l’hégémonie à tout prix sur les classes populaires. Ça se fait à travers un projet unificateur de rayonnement entre les différentes sensibilités. La crise politique, c’est aussi la crise des médiations. Sans médiations, on est toujours dans une adresse d’une figure au peuple, et donc aux classes populaires. Or, cela ne permet pas la conscientisation et l’auto-organisation.
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À propos du défaut de médiations évoqué par Elsa Faucillon, que répondez-vous ?
É. C. : Le mouvement ouvrier tel qu’il s’était structuré est mort. L’utilité historique de la social-démocratie, qui était de trouver un compromis entre travail et capital, s’est échouée dans la conversion au néolibéralisme. Les partis communistes aussi ont été un échec du XXe siècle. Du coup, il faut reconstruire autre chose. LFI, avec son développement rapide, offrait une opportunité à saisir, celle d’un mouvement citoyen, avec ses imperfections mais qui permettait le rassemblement de manière plus efficace que le Front de gauche.
Dans cette période de recul, il ne faut pas négliger les acquis institutionnels et militants de notre force. La porte était ouverte, les organisations existantes ont fait le choix de rester dans leur coin. Le « big bang » proposé par Clémentine, elle l’avait déjà proposé il y a quatre ans avec l’idée de « front commun », et là on retrouve à nouveau les mêmes signatures que pour tous ces genres d’appel auxquels j’ai participé moi aussi pendant ces années… Franchement, ce n’est pas l’urgence.
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