Au début de ce siècle, la découverte de ce qu’on appelle le « microbiote » a révélé, à la surprise générale, que nos corps sont pour une grande part constitués de micro-organismes : on y trouve des bactéries, des virus, des champignons, des levures. Plus récemment, les biologistes ont mis en évidence quelque chose d’encore plus étonnant : ils ont montré que nous possédons tous, à l’intérieur de nous-mêmes, à doses infinitésimales, des cellules provenant… d’autrui ! Ces cellules « étrangères » migrent dans nos corps, peuvent atterrir dans nos organes et participer à leur fonctionnement, pour le meilleur et pour le pire.
Ce phénomène est ce qu’on appelle le « micro-chimérisme ».
Comment ces cellules venues d’ailleurs furent-elles identifiées ? D’où proviennent-elles ? Comment expliquer qu’elles ne soient pas rejetées illico presto et manu militari par nos systèmes immunitaires ? Telles sont les questions qui jaillissent spontanément dans nos esprits. Puis en surgit rapidement une autre, plus métaphysique : ce que nous appelons le « Je » serait-il pour partie un « nous » ? Faudrait-il plutôt parler d’un « je-nous » ?
Avec Lise Barnéoud, journaliste scientifique, auteur de Les Cellules buissonnières (Premier parallèle, 2024).
Clés : Sciences et Savoirs Sciences
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*Tr.: ... Fernando Pessoa ... nombreux sont ceux qui vivent en nous. Si je pense, si je ressens, j'ignore celui qui pense, qui ressent. Je suis seulement le lieu où l'on pense, où l'on ressent. ... il avait intuité l'idée qu'on est des holobionts, des écosystèmes, qu'on est juste un lieu où le collectif cellulaire va s'exprimer finalement...