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Cette fermeture du futur que sous-entend le TINA, est caractéristique de la phase actuelle du capitalisme dominé par les politiques néolibérales, et est longuement analysée par Jérôme Baschet dans Défaire la tyrannie du présent, où il le désigne comme un présentisme « qui n’est pas un pur présent, mais un présent happé par l’instant d’après » en homologie avec le rôle de la finance dans l’économie où « l’anticipation financière, opère une quasi-fusion entre présent et futur immédiat, qui est le propre de la dictature de l’urgence »
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deux conditions doivent être remplies pour qu’on puisse parler de capitalisme : d’une part que « le capital déborde le domaine des activités commerciales et du prêt à intérêt pour s’emparer de la sphère productive » constituant ce rapport de production qui le caractérise, et, d’autre part « que l’amplification des rapports capitalistes de production et l’ensemble des exigences du capital ont alors des effets déterminants sur l’organisation sociale dans son ensemble et sur les mécanismes qui en permettent la reproduction ». Deux conditions qui n’étaient pas remplies au temps du féodalisme ou dans l’Antiquité. C’est aussi l’avis d’Ellen Meiksins Wood, dans son livre14 sur L’origine du capitalisme qui montre que le marché avant l’avènement du capitalisme permettait aux marchands de faire du profit au moment de l’échange, en revendant les biens plus chers que ce qu’ils avaient payé pour les acquérir, mais que le profit capitaliste se faisait au moment de la production, le marché n’étant plus que le lieu de sa réalisation (ou pas). Et ce passage d’une société féodale marquée par des agents aux statuts différents et inamovibles (les seigneurs, les prêtres et les serfs, une société en trois classes pratiquement étanches les unes aux autres), vers une société où les serfs sont devenus des travailleurs « libres » ne s’est pas fait spontanément. Car cette « liberté » impliquait qu’ils ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins sans se présenter sur un marché du travail, subordonnant ces travailleurs à des donneurs d’ordre qui contrôlaient les moyens de production. Et cette institution, inexistante sous le féodalisme, a dû se développer par la contrainte étatique
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Marx y relate l’émergence progressive d’une législation sur la durée d’une journée de travail « normale » à partir de la Loi sur les fabriques de 1833 en Angleterre qui statue que « la journée de travail ordinaire dans une fabrique doit commencer à 5 heures et demie du matin et finir à 8 heures et demie du soir », le travail des enfants entre 9 et 13 ans étant limité à 8 heures par jour. Au terme de « luttes de classes de longue haleine », la journée de travail fut progressivement ramenée à 12 heures de 1844 à 1847 puis la Loi additionnelle sur les fabriques de 1850 étendit la durée légale de la journée de travail à tous les ouvriers dans les industries concernées pour être appliquée ensuite en 1860 à d’autres industries (blanchisseries, teintureries…).
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La conséquence de cette croyance en la résilience du capitalisme c’est l’approfondissement de la quadruple crise qu’il connaît qui renforce encore le sentiment d’impuissance à agir, mais aussi la demande pressante de donner une solution et le reproche à ceux qui insistent sur la nécessité d’une « sortie » du capitalisme de ne pas le faire. Car le capitalisme est en train d’épuiser la nature et le travailleur comme le notait Marx.
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l’augmentation des maladies liées au travail est telle qu’elle lui a permis de développer une réponse marchande à cette souffrance, à base médicamenteuse ou comportementale avec le développement personnel et les initiatives de joie au travail. Sandra Lucbert note dans son superbe livre Personne ne sort les fusils, relatant le procès France Telecom
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critique de l’économie politique
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première direction à suivre qui est celle d’une lutte d‘idées visant à augmenter le nombre de ceux qui seraient conscients de la nécessité d’une « sortie » en faisant apparaître tous les dangers vers lesquels le capitalisme nous entraîne. Avant de savoir où l’on va, il faut d’abord savoir ce que l’on refuse à tout prix
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on ne peut qu’espérer qu’une prise de conscience suffisamment partagée par un nombre important de personnes pourrait susciter des luttes débouchant sur des ruptures décisives
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les institutions actuelles d’organisation politique ou syndicale qui affichent une opposition aux politiques économiques néolibérales semblent assez largement incapables de les impulser. Les premières sont quasi exclusivement orientées vers une conquête électorale du pouvoir d’État ... fortement affaibli leur crédibilité à proposer une alternative auprès des électeurs20. La montée des abstentions ... l’élection d’extrémistes (de droite) ... Les secondes, sont essentiellement concentrées sur une redistribution moins inégalitaire des richesses sans remettre en cause les structures ... initiatives collectives. On peut voir les Gilets jaunes et les ZAD en France, le mouvement Occupy Wall Street à New York, le mouvement Zapatiste au Chiapas, comme des exemples (et non des modèles à imiter)
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naturalise la consommation sous la forme qu’elle a prise sous le capitalisme. Il est compréhensible que les craintes sur une baisse de la consommation soient celles qui viennent immédiatement à l’esprit quand on suggère que notre mode de vie n’est pas durable. Aussi bien pour ceux qui ont déjà accès à un niveau « satisfaisant » (pour eux et qui craignent de le perdre) que ceux qui espèrent l’atteindre (et qui craignent de ne pas y arriver si on parle de sobriété)
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construire collectivement des conditions de vie meilleures où le but n’est plus l’accumulation sans fin mais l’enrichissement des personnalités
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l‘inventivité des travailleurs qui n’auraient plus à répondre à des donneurs d’ordre ... par exemple à la Commune ... capacité d’un peuple à parvenir à se rendre maître de son destin
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agir pour changer son rapport social, en particulier en remettant en cause la propriété privée des moyens de production ... l’accumulation sans fin du capital entre un nombre de mains très restreint qui explique ces inégalités. Il ne s’agit donc pas de supprimer les (vraiment) riches, mais de s’attaquer à la cause qui les engendrent.
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« nature humaine » éternelle qui aurait finalement trouvé son aboutissement dans le capitalisme ... (égoïsme, appât du gain, volonté de puissance, maîtrise de la nature…) ... les formes de conscience qu’on a trop tendance à croire naturelles, innées, ne sont que les conséquences des rapports sociaux capitalistes qui tendent à formater les humains dont il a besoin pour « persévérer dans son être » (à commencer par en faire un consommateur, ce que l’extension de la marchandise à tout ne peut que contribuer à consolider24). ... montée de l’individualisme ... autoentrepreneurs ... déploiement du numérique ... incitation au télétravail ... faire disparaître la séparation entre temps privé et temps contraint
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remise en cause de la domination masculine ... Roswitha Scholz26
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une multitude de chemins à emprunter, fonction des contextes des lieux et des collectifs concernés27.
Notes :
1 Non seulement les émissions de GES continuent à croître rendant complètement illusoire la cible des 1,5°C actée à Paris et sans doute celle de 2°C, mais les catastrophes locales n’ont épargné aucune région du monde (inondations en Espagne, en France ou au Kenya, canicules en Inde ou au Mali, ouragan aux États-Unis…).
2 Et ce dans le monde entier, l’élection de Trump en étant une des manifestations les plus évidentes dans le pays le plus puissant du monde dont beaucoup d’économistes, à commencer par les Démocrates qui soutenaient Kamala Harris, louaient la réussite économique. Ce n’était visiblement pas le sentiment des électeurs qui ont majoritairement voté Trump.
3 Cette phrase écrite avant la COP 29 n’était pas le signe d’une capacité de ma part à lire l’avenir, mais la prise en compte réaliste du constat de l’absence d’engagement des dirigeants des pays riches dans la lutte contre le réchauffement climatique et de ses conséquences sur les pays les plus pauvres qui seront les plus touchés. Comme il était facile de l’anticiper, la COP 29 confirme que le monde continue sur la même trajectoire d’une dégradation de plus en plus rapide du climat (notamment). J’ajoute que si on peut comprendre que les pays pauvres soient furieux du manque de soutien des pays riches, il ne faudrait pas qu’ils s’imaginent que l’argent pourrait suffire à résoudre le problème. Il n’y a pas d’argent magique qui ferait que le franchissement d’un seuil irréversible soit impossible. Actuellement, six des neuf limites planétaires sont déjà dépassées.
4 Les menaces de faillites qui touchent la France et les fermetures d’usines qui s’annoncent en France et en Allemagne illustrent bien ce dernier point.
5 C’est ce que me dit un lecteur de mon billet sur l’élection de Trump.
6 Il est amusant de constater que depuis la crise de 2007-2008, Marx a retrouvé une nouvelle légitimité, démentant lui-aussi son obsolescence proclamée.
7 Il faut aussi ajouter l’existence d’un marché du travail développé, conséquence de l’existence d’une masse de travailleurs « libres », et la généralisation du salariat, prix de la force de travail et non du travail.
8 Il faut noter la naïveté de ceux qui prennent pour argent comptant les déclarations des dirigeants soviétiques quand ils parlaient du communisme comme étant leur référence (d’ailleurs seulement une référence car la désignation officielle du régime le qualifiait de socialiste). Comme si la simple énonciation valait justification du fait d’un communisme à l’œuvre. Cette naïveté ne peut toutefois pas être attribuée aux dirigeants politiques des grands pays capitalistes qui parlent suffisamment couramment la langue de bois pour imaginer que les dirigeants soviétiques la pratiquaient aussi bien qu’eux.
9 Désignant une croissance économique faible, voire nulle et une inflation importante. Bien entendu ce terme est purement descriptif et n’explique rien, mais il est le constat que la relative stabilité de l’après-guerre sous le fordisme est terminée.
10 Pierre-Noël Giraud, Le commerce des promesses, 2001, Le Seuil (plusieurs rééditions en poche). La finance permet de reporter vers l’avenir les espérances de gains qui ne peuvent plus être obtenus au présent. Et bien évidemment, comme l’avenir n’est jamais sûr, ces promesses ne peuvent pas toutes être tenues ce qui débouche sur une crise financière quand on s’aperçoit qu’un grand nombre de titres (comme les subprimes) ne pourront pas se transformer en gains réels.
11 Ce qui permet de reculer encore le moment d’une nouvelle crise mais absolument pas de l’éviter, bien qu’il soit impossible de prédire quand elle arrivera et dans quel(s) secteur(s) elle prendra forme. Ce qui est en revanche plus sûr c’est que le prochain sauvetage sera encore plus difficile du fait qu’au-delà des États il n’existe plus d’acteur capable de prendre le relais pour parier sur l’avenir.
12 Jérôme Baschet, Quand commence le capitalisme ? 2024, éditions Crise &Critique.
13 C’est aussi ce qu’il écrit dans Défaire la tyrannie du présent : « il n’y a nulle leçon de l’histoire, sauf une : par définition, aucune forme d’organisation sociohistorique – fut-elle celle qui paraît triompher sous nos yeux – n’est éternelle ».
14 E. Meiksins Wood, L’origine du capitalisme : Une étude approfondie, Lux, 2009.
15 M. Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Champs Flammarion, 2017.
16 On retrouve cette même faculté d’« adaptation » à propos de l’environnement (mot fort mal choisi car il donne l’impression qu’il s’agit d’une réponse positive à une situation difficile alors qu’il ne fait que dissimuler que cette « adaptation » a pour envers la dégradation non dite qui pourtant la justifie). En témoigne, par exemple, la disparition progressive de la Mer de Glace à Chamonix, qui devient un argument commercial pour inciter les touristes à venir l’admirer « avant qu’elle ne disparaisse », justifiant ainsi les investissements faits pour moderniser le train du Montenvers qui transporte ces touristes et le téléphérique qui les amène sur le glacier, qui, s’éloignant de plus en plus, rend son accès à pied trop difficile pour la majorité des visiteurs. S’il est de plus en plus nécessaire de s’adapter, c’est parce que les politiques mises en œuvre depuis la conférence de Rio en 1992, où l’alerte a été lancée sur les questions environnementales, n’ont pas été à la hauteur des enjeux. Si bien que les admonestations politiques appelant à « s’adapter » sonnent comme un aveu d’échec quand elles sont lancées par les élites au pouvoir, comme l’a fait Christophe Bréchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires sur France info le 22 février 2023 en expliquant qu’il faut « préparer notre pays à quatre degrés », précisant même « qu’il faut se préparer au pire », ajoutant ainsi l’aveu de démission à l’aveu d’échec.
17 « système » est un de ces mots qui a l’avantage d’être tellement peu informatif sur sa nature si on ne le fait pas suivre d’un qualificatif (sinon que c’est un tout relativement organisé), qu’il permet toutes les interprétations et est utilisé aussi bien à gauche pour le condamner qu’à droite pour le dénoncer. On peut apprécier les fines analyses que permet la référence au « système » en écoutant le dialogue sidérant entre Pascal Praud et Jordan Bardella sur Cnews, à propos du livre du second, le premier lui reprochant de l’avoir écrit « pour le système » sous-entendant par là le « système médiatique » dont il ne ferait pas lui-même partie.
18 Défaire la tyrannie du présent, p.312.
19 C’est finalement la position d’Esther Duflo, prix « Nobel » d’économie dans un article publié dans une des revues phares des économistes professionnels, l’American Economic Review où la publication d’un seul article booste immédiatement la carrière de son auteur. Cet article, The Economist as Plumber, défend la thèse que l’économiste, doit, comme le plombier chercher « à prédire du mieux possible ce qui peut marcher dans le monde réel ». Autrement dit, ne pas remettre en cause la conception de la plomberie et se contenter d’y adjoindre les rustines qui la prolongeront encore un peu. C’est finalement une bonne description de ce que font effectivement tous les économistes qui ne cherchent qu’à mieux réguler le capitalisme, sans jamais le critiquer, sinon superficiellement pour les plus téméraires.
20 C’est ce qui fait que ce qu’on nomme la social-démocratie, quelle que soit la forme institutionnelle qu’elle prenne, n’a aucune chance d’être une voie de « sortie » du capitalisme. Toute son histoire montre qu’elle n’a fait que de tenter au mieux de le réguler et qu’elle y a systématiquement échoué, renforçant ainsi la croyance en sa résilience.
21 LFI, qui se veut un « mouvement » pour se différencier de la forme « parti », n’en reste pas moins structuré très hiérarchiquement et n’est certainement pas un exemple de ce que devrait être une institution de la « sortie » du capitalisme (ce qui n’est d’ailleurs pas dans son programme).
22 Tout récemment, la famille Mulliez, propriétaire de Décathlon et (entre autres), d’Auchan, vient de recevoir un milliard de dividendes du premier et envisage de licencier 2389 personnes du second.
23 Je souligne.
24 Bien sûr pas de manière mécaniste ou déterministe, et on trouvera toujours le cas qui semble être une exception, car il y a beaucoup de contingence dans la formation d’une personnalité (c’est ce que Lucien Sève a tenté de penser avec son concept « d’emploi du temps », voir « l’Homme » ? le tome 2 de sa tétralogie Penser avec Marx aujourd’hui, 2008, La Dispute).
25 Où elle est loin d’être traitée à égalité avec les hommes, tant au niveau des postes auxquels elle peut accéder, qu’à celui des salaires qu’elle peut avoir.
26 On peut avoir une première vue de sa théorie de la valeur-dissociation dans Le sexe du capitalisme, 2019, Crise & Critique, recueil de quelques-uns de ses textes.
27 Les COP montrent bien à quel point les appréciations de la situation et de « ce qu’il faut faire » à l’échelle d’un pays diffèrent selon les pays et leur place dans la mondialisation. Il en est sans doute de même à d’autres niveaux.
Source : Gilles Rotillon https://blogs.mediapart.fr/gilles-rotillon/blog/021224/il-faut-sortir-du-capitalisme-mais-je-ne-vous-dirai-pas-comment
Connu / https://tools.immae.eu/Shaarli/ind1ju?hZwloQ
Durée de lecture : 12 minutes Clés : Biens communs
Dans son dernier livre, l’« économiste atterré » Benjamin Coriat expose deux visions de la crise écologique, et de sa résolution : celle du marché néolibéral et celle des théoriciens des communs, qui défendent une citoyenneté active.
Benjamin Coriat est professeur de sciences économiques à l’université Sorbonne Paris Nord, et cofondateur des Économistes atterrés, un collectif créé en 2010 pour dénoncer l’impasse des choix économiques européens, notamment la « cure d’austérité » imposée à la Grèce. Il est l’auteur, notamment, de : Le Retour des communs — La crise de l’idéologie propriétaire (2015) et de Le bien commun, le climat et le marché — Réponse à Jean Tirole (2021).
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je confronte dans mon livre la vision de Jean Tirole, économiste français néolibéral, avec celle d’Elinor Ostrom, économiste américaine spécialisée dans la question des communs — c’est-à-dire des ressources, naturelles ou non, placées en usage partagé.
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Tirole défend l’idée que le réchauffement climatique serait une « défaillance de marché », qu’il faudrait corriger par... davantage de marché ... il suffirait donc de développer un marché carbone ... stratégie ... Protocole de Kyoto (1997), appliquée en Europe depuis 2005, malgré ses maigres résultats et sa nocivité. Le funeste marché des « droits à polluer » auquel elle a donné lieu est bien connu aujourd’hui, notamment en Afrique. ... Une des propositions du Green Deal ... « étendre le marché carbone » à de nouveaux secteurs économiques
https://reporterre.net/Le-marche-du-carbone-renait-de-ses-cendres
https://reporterre.net/Les-six-projets-les-plus-climaticides-de-Total-4-5
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l’approche d’Elinor Ostrom permet une vraie préservation des écosystèmes.
... faire de l’eau, des forêts, du climat, etc., des « communs de grande dimension » ... avec la propriété partagée qu’instituent les communs, les biens, les écosystèmes sont protégés par des devoirs et obligations conçus pour assurer leur pérennité.
https://reporterre.net/Avec-les-biens-communs-les-citoyens-reprennent-la-main
... que les gens gèrent avec bon sens les écosystèmes grâce auxquels ils vivent parce qu’ils exercent un contrôle les uns sur les autres pour assurer leur intégrité ... les pratiques vertueuses de communs ancestraux les prud’homies de pêche https://fr.wikipedia.org/wiki/Prud%27homies_de_p%C3%AAcheurs
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la crise climatique n’est pas une « défaillance de marché », mais un phénomène systémique ... ne peut être traité qu’à ce même niveau systémique ... un dépassement de la culture centralisée et hiérarchique des États au profit de « coalitions » entre des « communautés de base » ... pas de se substituer à une gouvernance nationale ou mondiale, mais de chercher un rééquilibrage territorial pour mobiliser toute la société dans la transformation écologique. Et le meilleur moyen, selon elle, d’affronter les problèmes complexes que cette transformation pose à de multiples niveaux, c’est de démultiplier les échanges entre citoyens. Elle appelle ce nouveau régime démocratique la « gouvernance polycentrique ».
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confiance dans l’énergie citoyenne qui a impulsé l’associationnisme après la Révolution française https://reporterre.net/Les-associations-sont-un-rempart-contre-l-autoritarisme
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créativité nécessaire pour repenser nos pratiques pour vivre plus en accord avec la nature, et nos valeurs de justice et d’équité. ... Convention climat a vraiment été un événement d’une grande portée. Ses 149 propositions impulsaient une action multiniveaux et multidimensions ... consensus par puissance de l’échange et de la délibération, pour parvenir à des solutions partagées ... remise en avant de types de forme délibératives qui ont existé pendant la Commune https://reporterre.net/La-Commune-de-Paris-fut-la-matrice-d-une-ecologie-revolutionnaire
... des petits. En Allemagne, six jeunes ... en grève de la faim juste avant les élections à la chancellerie, en septembre dernier ... une Convention climat ... dont les conclusions seraient impératives
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Avant, le néolibéralisme pouvait s’avancer en terrain découvert, se targuer d’être la « seule alternative » ... Désormais, ... Nous allons protéger les écosystèmes en en faisant des communs, pour en user équitablement et respectueusement. Et nous allons entamer une révolution citoyenne pour nous réconcilier avec la nature et établir entre nous des principes d’équité et de respect mutuel. Le contraire de ce que vous faites. »
Notes
[1] Il faut ici rappeler le célèbre article 544 du Code civil, qui définit la propriété comme « le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements ». Jusqu’au XXe siècle, ce droit de propriété a exclu tous les autres, dans les limites des règlements existants. Au-delà des seuls bien « naturels », pour protéger les écosystèmes que constituent la santé ou l’éducation par exemple, à la fois du marché (de ses intérêts et aveuglements), mais aussi de l’État (trop souvent dominé par les lobbies), on peut à la suite d’Ostrom proposer de les traiter comme des « communs sociaux » – une manière aussi d’en permettre un accès universel, et de veiller à ce que les plus démunis n’en soient pas écartés. Un exemple : l’eau déclarée bien commun, gratuit jusqu’à une certaine quantité, par la municipalité de Naples, suite aux travaux de la Commission Rodota, installée en 2007 en Italie par le gouvernement Prodi.
Ndlr : comment réussir cette mobilisation de tous sans médiation ? ACT
Tr.: ...
commune de Kronstadt 1921 contre commune de paris, classe de l'anti-travail, mouvement prolétarien, gustave le français, prolétariat ancien/moderne, abolition de la classe du travail
Ndlr : vérifié / https://guerredeclasse.fr/kronstadt-1921/
Sont visés notamment LFI et EELV.
54 minutes
Pour commémorer les 150 ans de la Commune de Paris, l’historienne Ludivine Bantigny a fait paraître aux éditons La Découverte "La Commune au présent. Une correspondance par-delà le temps", une singulière composition épistolaire qui s’adresse aux destinataires d’aujourd’hui en faveur de l’émancipation.
Maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Rouen-Normandie, Ludivine Bantigny a développé ces dernières années une pensée singulière et engagée sur les mouvements sociaux dans l’histoire.
De sa thèse sur la jeunesse en France dans les années 1950-1960 intitulée « Le plus bel âge ? : jeunes, institutions et pouvoirs en France des années 1950 au début des années 1960 » à La Commune de Paris à laquelle elle fait honneur dans son dernier ouvrage La Commune au présent. Une correspondance par-delà le temps, elle traverse les siècles en quête d’interactions entre les insurrections, les révoltes, les contestations.
C’est pourquoi il n'est pas étonnant de trouver parmi ses recherches et ses prises de parole des articles sur les Gilets Jaunes ou les « casseurs », le principe de désobéissance civile ou encore sur les « expériences sensibles du politique » et la valorisation des femmes dans les études de sciences humaines.
Nouer des relations à travers l'histoire
Fille de postiers, Ludivine Bantigny se forme à la politique au contact des manifestations de 1995 contre la loi instaurant le contrat première embauche (CPE) du gouvernement Dominique de Villepin. À l’époque, elle mène des études d’histoire et de lettres à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm d’où elle sort agrégée en 1998.
Une volonté de rendre l'histoire vivante : voilà ce qui caractérise la démarche que prône Ludivine Bantigny en dépit de toute neutralité habituellement exigée.
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une manière formelle de rendre ces femmes et hommes toujours vivants : des spectres sur notre présent.
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Plus que des "communard•e•s" comme ils•elles l'étaient désigné•e•s par leurs opposant•e•s, les "communeuses" et "communeux" ont soif d'une république vraie.
Si Louise Michel incarne bien souvent la figure de la femme communeuse à l'engagement viscéral, Ludivine Bantigny fait entendre les voix d'autres acteur•rice•s de la Commune avec qui elle correspond afin d'honorer leurs actions et prises de position. Il y a :
- Maria Verdure, jeune institutrice de vingt-deux ans qui a déjà créé, non sans peine, une école sous le second empire, et qui défend une véritable éducation pour toutes et tous se basant sur l'émancipation, la confiance et la créativité des enfants (à la différence de l'école faussement égalitaire de Jules Ferry qui reproduit les violences sociales et culturelles).
- Léo Frankel, jeune hongrois qui promeut l'internationalisme du mouvement et a été un des élus de la Commune. Ouvrier autodidacte, il contribue à interdire le travail de nuit des boulangers comme ce moment historique réduit à dix heures le temps de travail, supprime les retenues sur salaire et tend vers l'égalité salariale entre hommes et femmes.
- Léon Vafflard, le fossoyeur de Paris qui alerte sur l'indécence des fosses communes et privilégie la dignité jusque dans la mort.
- Hortense Urbain, Victorine Brocher, Amélie Defontaines, et bien d'autres
Le chant du rossignol résonne toujours
... des "Échos passés du monde à venir" pour reprendre le titre d'un de ses chapitres.
L'occupation actuelle du Théâtre de l'Odéon rappelle celle de 1968, deux événements puisant dans l'imaginaire de la Commune. Les Gilets Jaunes ont repris à leur compte la célèbre formule de Victor Hugo : "Police partout, justice nulle part", lequel, sans être communeux, a défendu les intérêts du peuple et s'est indigné en alexandrins :
Qui donc a décrété ce sombre égorgement ? / Si quelque prêtre dit que Dieu le veut, il ment ! (Victor Hugo, Actes et paroles)
Le collectif "Vive la Commune" continue d'entretenir la mémoire de cet événement historique et politique.
C'est ainsi que prend forme et s'écrit une chaîne du temps avec laquelle nous renouons, comme l'a investie la "Commune des Communes de Commercy" pour développer l'idée d'un "communalisme" visant à se ré-approprier les biens et à en prendre soin dans le cadre d'une démocratie directe.
L'utopie d'aujourd'hui est la réalité de demain. (Louise Michel)
Les références
- La Commune au présent. Une correspondance par-delà le temps, La Découverte, 2021.
- Raphaël Meyssan et son roman graphique Les damnés de la Commune, éditions Delcourt (2017-2019) adapté en film d'animation sur Arte.
- Victor Hugo, L'Année terrible, "L'Enterrement", 1872 : ...
Ndlr : la contacter / direction de rech / TdM ACT
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Le samedi 27 mars 2021, Jean-Luc Mélenchon était l'invité d'Hervé Gardette pour un numéro de l'émission «Politique !» consacré à la Commune de Paris. Dans un échange passionné et passionnant, le député insoumis a expliqué pourquoi la courte Histoire de la Commune, qui n'aura duré que 72 jours, éclaire encore notre présent d'une lumière riche d'enseignements pour ceux qui prônent une révolution citoyenne.
Jean-Luc Mélenchon a fait le récit de l'origine de la Commune : un acte patriotique de résistance à l'envahisseur allemand et aux Versaillais français qui voulaient capituler face à cet envahisseur. Il a souligné le rôle des femmes dans la mobilisation, et notamment de la place prise par Louise Michel dans cet évènement. Il a dit combien, à l'époque, l'héritage de la Révolution de 1789 est encore extrêmement présent dans les têtes et sert de modèle pour certains communards.
Le candidat à l'élection présidentielle a aussi fustigé les Versaillais, une bourgeoisie «sans patrie» qui pense «d'abord au portefeuille et à la patrie après». Il a dénoncé la répression terrible qu'ils ont organisée méthodiquement contre la commune : 32 000 morts, 20 000 fusillés.