livre de Yuval Noah Harari publié pour la première fois en hébreu en 2011, puis en anglais en 20141,2 et en français aux éditions Albin Michel en 2015.
Harari cite Jared Diamond, auteur de De l'inégalité parmi les sociétés, comme l’une de ses principales sources d’inspiration pour l’écriture de son livre3. Diamond avait en effet montré qu’il était possible de « poser de vraies grandes questions et d’y répondre scientifiquement »4.
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Contenu
Le livre propose une vue d’ensemble de l’histoire de l’humanité et de son évolution depuis le début du Pléistocène supérieur jusqu’au XXIe siècle.
Le principal argument avancé par l’auteur au cours de cette vaste étude est qu’Homo sapiens doit son statut d’espèce dominante au fait qu’il est le seul animal capable de coopérer efficacement avec un grand nombre de ses semblables. Harari explique cette capacité qui distingue Homo sapiens des autres animaux par sa faculté de croire en des choses qui n’existent que grâce à son imagination, telles que les dieux, les nations, l’argent et les droits de l'homme. L'une des thèses défendues par l’auteur est donc que tous les systèmes de coopération humaine à grande échelle — les religions, les structures politiques, les réseaux de travail et les institutions légales — sont en définitive des fictions collectives7.
Parmi les autres sujets au cœur de Sapiens, figurent la monnaie, présentée comme un système de confiance mutuelle ; le capitalisme, présenté comme une religion plutôt que comme une théorie économique ; l’empire, décrit comme le régime politique qui a rencontré le plus de succès au cours des deux mille dernières années ; le traitement réservé aux animaux par l'agriculture moderne (ou agriculture intensive), décrit comme l’un des plus grands crimes de l’histoire8,9 ; le progrès, qui n’a pas forcément rendu les hommes plus heureux que par le passé10 ; les humains, en passe d’évoluer pour devenir des dieux.
Harari revient sur son projet d'écriture et les idées développées dans Sapiens dans un site qu'il consacre à son livre11.
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critiqués par certains anthropologues, archéologues et spécialistes en neuroscience. Par exemple, Darshana Narayanan, spécialiste en neuroscience comportementale, écrit dans un article intitulé "The Dangerous Populist Science of Yuval Noah Harari" publié dans le journal Current Affairs que
"Harari nous séduits par ses récits, mais un examen attentif de son travail montre qu'il sacrifie la science au profit du sensationnalisme, commet souvent de graves erreurs factuelles et présente comme certain ce qui n'est que spéculations. Les sources sur lesquelles il fonde ses déclarations sont obscures, car il fournit rarement des notes de bas de page ou des références adéquates et est remarquablement avare de reconnaissance envers les penseurs qui ont formulé les idées qu'il présente comme les siennes." [traduit de l'anglais]
Christopher Hallpike, spécialiste en anthropologie évolutionniste, déclare quant à lui dans une revue de lecture du livre Sapiens (2015) :
"Nous ne devrions pas juger Sapiens comme une contribution sérieuse à la connaissance mais comme de l'"info-divertissement" (infotainment), un événement éditorial visant à titiller ses lecteurs par une folle promenade intellectuelle à travers le paysage de l'histoire, parsemée de spéculations sensationnelles et se terminant par des prédictions à glacer le sang sur le destin de l'humanité." [traduit de l'anglais]
L'anthropologue David Graeber et l'archéologue David Wengrow, par ailleurs, dénoncent dans The Dawn of Everything l'absence d'usage, non seulement chez Yuval Noah Harari, mais aussi chez d'autres auteurs d'ouvrages bestsellers portant sur les origines de la civilisation, à l'instar de Francis Fukuyama, Jared Diamond ou bien de Steven Pinker, des données les plus à la pointe de l'archéologie et de l'anthropologie contemporaine, qui permettent de défendre une thèse évolutionniste plurielle de l'histoire de l'humanité - a contrario des versions unilinéaires inspirées des mythes du Jardin d'Eden, qui tendent à présenter l'avènement des civilisations étatiques complexes comme un phénomène inévitable et irréversible.
Selon Évelyne Pieiller, le livre défend en fait, sous des abords d'ouvrage scientifique, l'idéologie en place, notamment la vision de la classe dominante à propos de mouvements socialistes et communistes6.
La plupart des lecteurs acceptent les thèses de Y.N. Harari sur les capacités imaginatives d'humains de toute culture et de toutes conditions pour créer des « mythes » et « fictions » multiples sur un sujet donné. De très nombreux ouvrages décrivent l'histoire, l'intérêt et la richesse des mythes15. Toutefois, pour certains16, l'ouvrage SAPIENS ne répond pas à deux questions : (1-) qu'est ce qui pousse un homme à imaginer, sur un sujet donné, telle fiction et pas telle autre ? (2-) si de multiples fictions ou mythes sont imaginés sur un sujet donné, comment l'un devient suffisamment « commun » pour permettre une coopération humaine à grande échelle ?
Ainsi, la fiction « droits de l’homme » n'est pas née de rien. Elle a pu naître poussée par de la souffrance subie par des humains du fait d'autres humains plus puissants. Sa version fictionnelle « Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) », une parmi d'autres, n'est pas si universelle : certaines nations la trouvent trop individualiste et raillent les « droit-de-l'hommistes ». Des rapports de force semblent nécessaires pour que cette fiction soit appliquée dans ces nations. Des rapports de force s'exercent pour réduire ces droits dans d'autres nations.
Les mêmes questions se posent pour les fictions esclavage et industrie animalière évoquées dans le paragraphe la vie sur le tapis roulant.
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[Série documentaire disponible jusqu'au 14 août 2019]
Sur les traces de l'archéologue belge Peter Eeckhout, une exploration des plus grands chantiers récents et leurs extraordinaires découvertes. Dans ce volet : au Brésil, une équipe d'archéologues dirigée par Éric Boëda pense avoir découvert un nouveau chapitre dans l'histoire du peuplement de notre planète.
En cherchant à retracer la longue marche d’Homo sapiens, la science avait établi que celui-ci, parti d’Afrique, avait d’abord gagné l’Europe et l’Asie puis rejoint l’Amérique via le détroit de Béring, alors sous les glaces, treize mille ans avant notre ère. Selon Éric Boëda et son équipe, l’homme aurait en fait posé le pied sur le continent américain bien plus tôt, soit vingt-cinq mille ans avant notre ère. Cette découverte modifie totalement l’acte de naissance des premiers Américains.
.#Archéologie #Américains #Peuples
Série documentaire (France, 2016, 26mn)
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