Trois frères et sœur se réunissent autour de leur père mourant, dans une calanque marseillaise autrefois paradis de pêcheurs et d’ouvriers. Par Robert Guédiguian, un film bouleversant sur le temps qui passe et les illusions évanouies.
Dans une calanque abandonnée à l'hiver, Armand, Joseph et Angèle se retrouvent au chevet de leur père, victime d’une attaque qui l’a laissé paralysé et aphasique. Armand tient vaille que vaille le restaurant ouvrier autrefois géré par ce dernier, tandis que son frère retraité, accompagné de sa "trop jeune fiancée", dilue ses déconvenues dans un humour pince-sans-rire. Comédienne sans cesse en tournée, Angèle, elle, avait rompu avec les siens il y a vingt ans, incapable d’accepter la mort de sa fille. Tandis que les jours s’écoulent au rythme des soins, des promenades et des dîners, la fratrie voit débarquer des militaires, à la recherche de migrants rescapés d’un naufrage…
Utopie engloutie
Dans le huis clos de la crique baignée de soleil pâle, les vagues charrient des chagrins inguérissables, des malentendus tenaces, mais aussi de tendres souvenirs, à l’instar d’un joyeux Noël communautaire ou d’une lumineuse virée en voiture, au son de "I Want You" de Dylan, de la fratrie alors trentenaire (émouvant extrait de Ki lo sa? du même Guédiguian, avec, déjà, les merveilleux Ariane Ascaride, Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin). Avec la mort du patriarche, c’est une utopie de la solidarité, un paradis prolétaire qui seront bientôt engloutis, aspirés par la spéculation immobilière et la course au profit, malgré la résistance d’Armand, qui s’accroche à sa modeste brasserie, d’un couple âgé, derniers survivants d’un voisinage déserté, et de Benjamin, un jeune pêcheur, fou d’Angèle et de théâtre classique. Le réalisateur (Marius et Jeannette, Les neiges du Kilimandjaro) fuit toutefois l’amertume pour parer ce constat désenchanté d’une douce nostalgie, parsemant son récit d’éclats d’humour et d’espoir, que symbolisent la beauté de la nature et la force d’une entraide retrouvée.
Réalisation : Robert Guédiguian
Scénario : Robert Guédiguian Serge Valletti
Production : Agat Films
Producteur/-trice : Robert Guédiguian Marc Bordure
Image : Pierre Milon
Montage : Bernard Sasia
Avec :
- Jean-Pierre Darroussin (Joseph, le frère d'Angèle)
- Jacques Boudet (Martin, le père d'Yvan)
- Gérard Meylan (Armand, le frère d'Angèle,)
- Ariane Ascaride (Angèle Barberini)
- Anaïs Demoustier (Bérangère, l'amie de Joseph)
- Robinson Stévenin (Benjamin)
- Yann Trégouët (Yvan)
- Geneviève Mnich (Suzanne)
- Diouc Koma (le soldat)
- Fred Ulysse (Maurice)
Son : Laurent Lafran
Pays : France
Année : 2016
Ndlr : est-ce Le Rove à l'ouest de Marseille ou une autre calanque proche ?
interviews 68 min tous publics Vidéo sous-titré
présenté par : Karim Rissouli, Thomas Snégaroff, Laure Adler, Camille Diao
A 96 jours du premier tour de la présidentielle, il n’y a toujours aucune union de la gauche en perspective. Pourquoi semble-t-elle impossible ? Sur le fond, alors que les crises sanitaires et climatiques devraient être porteuses pour la gauche, pourquoi reste-t-elle inaudible ?
Le réalisateur et homme de gauche Robert Guédiguian croit encore en des lendemains qui chantent. Dans son dernier film "Twist à Bamako", il évoque ces illusions perdues. Pour débattre avec lui, l’historien et sociologue Marc Lazar coauteur avec Stéphane Courtois de "L’histoire du Parti communiste français", la militante écologiste Mathilde Imer, Aurélie Trouvé, présidente du parlement de l’Union populaire, soutient de Jean-Luc Mélenchon et Rémi Cardon, élu de la Somme et plus jeune sénateur de France à 27 ans.