Mercredi 20 mars 2024
C’est par eux que passent plus de 90% des données qui traversent les continents. C’est sur eux que repose la nature vraiment mondiale de l’Internet. Bienvenue dans le monde fascinant des câbles sous-marin
Avec Clément Marquet Assistant de recherche en sociologie des sciences et des techniques au Centre de Sociologie de l’Innovation (CSI)
Je crois que plus que la dichotomie entre matériel et immatériel, ce que je trouve très difficile à penser avec Internet, c’est le mélange de légèreté et de lourdeur. La légèreté, ce serait les logiciels, les micro-processeurs minuscules qui font des milliards de calculs, les données qui font le tour de la planète en quelques millisecondes, nos téléphones qui tiennent dans nos mains, nos ordinateurs qui ne pèsent plus rien etc. La lourdeur, ce serait les matériaux qu’il faut extraire et traiter pour fabriquer ces téléphones et ces ordinateurs, les usines où on les assemble, leur recyclage, la lourdeur, ce sont aussi les data centers gigantesques qui stockent les données, l’énergie qu’ils consomment, les chaînes de satellites de Starlink qui sont apparues dans le ciel, etc.
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L'équipe Xavier de La Porte Production
Alors que la planète brûle, que les incendies ravagent des forêts entières, que la sécheresse sévit dans plusieurs régions du monde et que des canicules battent de nouveaux records, les plus riches sont en vacances. Souvent au détriment de l'environnement.
Les vacances des plus riches polluent et détruisent des écosystèmes. Malgré un été alarmant, durant lequel un nouveau rapport du GIEC alerte sur la gravité de la catastrophe climatique et que les incendies ponctuent l'actualité médiatique, les milliardaires prennent du bon temps, loin des tracas du quotidien. Or, ces vacances version bling-bling sont la cause de certaines destructions et de pollutions. Le mode de vie des plus fortunés ne prend généralement pas en compte les besoins écologiques, et dans une bulle socio-spatiale, ils oublient -ou nient- que leur quotidien a des répercussions dramatiques sur leur environnement. C'est ce que le sociologue du CNRS et auteur de Superyachts : luxe, calme et écocide, Grégory Salle, désigne comme le véritable séparatisme social.
Dans cette chronique d'Etat d'urgence, Le Média décortique concrètement, comment les vacances des riches détruisent la planète.
Récemment, des arrêtés ont été promulgués pour interdire le mouillage des yachts de plus de 24 mètres dans les herbiers de Posidonie. Or, ces arrêtés indignent le secteur du yachting qui mobilise un intense lobbying pour permettre à leurs clients de maintenir leurs habitudes de croisières estivales le long des côtes françaises. Pourtant, ces superyachts sont responsables d'une partie de la disparition de la Posidonie, une plante sous-marine endémique de la mer Méditerranée.
Cette espèce, vitale pour l'écosystème marin mais nettement en recul et menacée, est l'objet de conflits politiques, où se mêlent scientifiques, milliardaires, marins, élus locaux et les autorités préfectorales maritimes. Les enjeux écologiques sont énormes, d'autant que la Posidonie est aussi une alliée dans la lutte contre le réchauffement climatique, les herbiers pouvant capter du CO2 en plus de jouer un rôle central dans l'équilibre de son environnement.
Pour comprendre les mécanismes sociaux et écologiques qui s'entrechoquent cet été autour des plaisirs estivaux de la jet set, Le Média a interrogé quatre spécialistes dont les travaux d'études nous conduisent à reconsidérer la présence des superyachts près de nos côtes :
- Frédéric Thiebaut, chargé de mission à l'espace maritime de la communauté de communes du golfe de Saint-Tropez
- Jean-Philippe Morin, chef du service Espace maritime de la communauté de communes du golfe de Saint-Tropez
- Charles-François Boudouresque, Président d'honneur du GIS Posidonie, une structure spécialisée sur le suivi et l'étude de l'espèce
- Grégory Salle, sociologue, chargé de recherche au CNRS et auteur de Superyachts, luxe, calme et écocide.