...
La méthode inductive à partir de l’observation large d’un phénomène permet d’en isoler les traits saillants et donc de le définir. Appliquée à la médiation, la méthode inductive commande de dépasser la présentation par secteurs de l’activité sociale opérée dans la première partie. L’établissement d’une typologie des variétés de médiations combinée aux observations de la première partie sert de base à une définition de la médiation ainsi qu’à une hypothèse sur sa nature.
La théorie de la médiation doit beaucoup à l’ouvrage de J.-F. Six, Le Temps des médiateurs, qui préserve son ampleur et met en valeur toutes ses facettes : « Une définition générale de la médiation doit prendre en compte qu’il y a quatre sortes de médiation, les deux premières étant destinées à faire naître ou renaître un lien, les deux autres étant destinées à parer à un conflit. » (p. 164). Selon J.-F. Six, il y a la « médiation créatrice » qui a pour but de susciter entre des personnes ou des groupes des liens nouveaux ; la « médiation rénovatrice » qui réactive des liens distendus ; la « médiation préventive » pour éviter l’éclatement d’un conflit et la « médiation curative » pour aider les parties en conflit à en trouver la solution. Cette classification ne doit cependant pas masquer l’unité fondamentale de la médiation. Il s’agit d’une classification fonctionnelle et non pas ontologique…
Il vous reste à lire 97 % de ce chapitre.
Ndlr : serait-ce résumé par "Avec un tiers, questionner la présence ou de l'absence de lien(s) entre deux ou plusieurs parties prenantes" ?
On s'autorise à penser - émission est aussi disponible en version audio.
Si l'on s'en tient au rôle le plus souvent joué par les psychanalystes dans le débat public ces dernières décennies, on peut aisément avoir le sentiment que leur savoir et leur pratique sont orientés vers le conservatisme et vers le maintien de l'ordre symbolique et social, en opposition aux avancées pour l'égalité des droits obtenues de haute lutte ou encore objets des combats féministes et LGBTI+. Bien au contraire, montre Laurie Laufer dans un livre récent pour lequel Julien Théry l'a reçue, la psychanalyse a vocation à se réinventer pour intégrer les formes contemporaines d'existence et d'éros.
Dans son livre paru chez La Découverte, « Vers une psychanalyse émancipée. Renouer avec la subversion »,Laurie Laufer (qui est non seulement psychanalyste, mais aussi professeuse à l'Université Paris-Cité et directrice du directrice du CRPMS, Centre de recherche psychanalyse, médecine et société) renoue avec ce qui fut la vocation première de la psychanalyse chez son fondateur, Freud, tout comme, par la suite chez Lacan : la subversion des préjugés dominants, la réinvention par l'ouverture au contemporain.
Trois moments de l'histoire intellectuelle et militante offrent à la psychanalyse, selon Laurie Laufer, les moyens de dépasser la sclérose de l'enfermement dans une expertise rétrograde de la « vie psychique » : le mouvement féministe, avec ses deux branches fondatrices, différentialiste et radicale (Antoinette Fouque, Monique Wittig), apparues à partir des années 60, la révolution post-moderniste due non seulement à Foucault et au foucaldisme (avec les 4 volumes de « L'histoire de la sexualité » parus à partir de 1976) ainsi qu'à Deleuze et Guattari, mais aussi à des penseuses et militantes états-uniennes comme Gayle Rubin, enfin la pensée queer et trans élaborée aujourd'hui par des figures comme Paul B. Preciado ou Sam Bourcier.
Rien, souligne Laurie Laufer, ne justifie une opposition systématique de la psychanalyse à l'égalité des droits, à la remise en cause des rôles de genre au nom d'une différence des sexes naturalisée, ou à l'accueil du mouvement transgenre. C'est en retravaillant en permanence l'héritage freudo-lacanien en fonction des formes contemporaines d'éros et d'existence que la psychanalyse peut s'émanciper d'une tradition figée ‒ tel Picasso reprenant, en y restant fidèle (en l'aimant) tout en le transformant profondément, le célèbre tableau des Ménines par Velasquez.
Ndlr : utile pour aller vers la tdm ? ACT
du tiers dans la psychanalyse ? donc de la médiation ?
Dans un livre qui est devenu un classique aux Etats-Unis, le théoricien des médias Niel Postman juge que son pays est devenu une "Technopoly", c'est-à-dire une technocratie à laquelle aucun domaine n'échappe plus.
... éternel débat de la poule et de l’œuf. Les uns affirment qu'une technologie ne prospère que dans une culture qui la rend possible. Le succès du smartphone serait ainsi le produit de notre fascination pour la vitesse. Les autres jugent que la technologie produit la culture qui lui correspond. Neil Postman, théoricien et critique américain des médias mort en 2003, était des seconds. La technologie, d'après lui, porte une vision du monde et a des conséquences sur les organisations sociales aussi bien que sur les pensées, les imaginaires et les actes. L' « écologie des médias », dont Postman fut à l'origine, a précisément pour objet d’étudier ces changements engendrés par les technologies.
L'un de ses classiques, Technopoly, comment la technologie détruit la culture, paru en 1992 aux Etats-Unis, sort le 18 octobre chez l'Echappée, grâce à la traduction bénévole de l'association Technologos, inspirée par les travaux de Jacques Ellul. Non-moins techno-critique, l'auteur de la préface, l'historien François Jarrige, résume la thèse du livre : « la soumission de la culture à la technique menace à terme de détruire les sources vitales de notre humanité. ».Autrement dit, l'empire des technologies sur nos vies nous transforme en machines.
De la civilisation des outils à la Technopoly
Technopoly, libérée du politique et de la culture, est la fille « radicalisée » de la technocratie, émancipée de la morale et de Dieu, qui avait elle-même tourné la page de la civilisation des outils. Ces évolutions sont la traduction du principe selon lequel, « une technique, après avoir fait table rase du monopole en place, crée...
...
reste 71% à lire dans le magazine numéro 1179
Ndlr : ne serait-ce pas une des causes du fait que la théorie de la médiation de Jean Gagnepain (quatre plans dont un sur les outils/la technique) ne soit pas plus présente dans les formations et pratiques professionnelles, laissant la place à la technologie neurologique ? ACT