Une dizaine de militants, auteurs et journalistes vivant – ou ayant vécu ces dernières années – dans des pays dirigés par l’extrême droite partagent leurs conseils pratiques pour y faire face et avertissent les Français : tout se joue maintenant.
Faire face à l’extrême droite, par celles et ceux qui la subissent déjà | Mediapart - 12 juillet 2024 à 16h17 / Justine Brabant
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victoire surprise d’un Nouveau Front populaire (NFP), monté à la hâte et porté par une intense mobilisation en dehors des appareils partisans.
Et maintenant ? Chacun sent bien que la conclusion plutôt heureuse de ce second tour des élections législatives voulues par Emmanuel Macron n’est qu’un répit. Le Rassemblement national (RN) continue de progresser dans les urnes et les esprits. Comment gripper cette machine infernale ? À quoi pourrait ressembler le futur, et comment s’y préparer ?
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Connaître le terrain, créer du lien, et se préparer au pire
Puisque les contre-pouvoirs institutionnels pourraient vaciller, la seule solution durable, exhorte l’activiste américaine Lisa Fithian, est « de s’organiser », plus précisément de s’auto-organiser.
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elle martèle : « Trouvez des gens de confiance, impliquez vos voisins, mettez en place des systèmes d’entraide, de défense de la communauté et de préparation aux catastrophes, énumère la militante. Tous ces éléments sont liés. Pensez en termes de réseaux et non d’organisation. Nous devons être dynamiques, flexibles et actifs. »
Bref, créer du lien et des réseaux qui, face à la catastrophe et au risque de sidération, seront autant de ressources ; se connaître, connaître le terrain, et se préparer au pire. « Cela pourrait impliquer de cartographier vos quartiers, de savoir qui est où, qui possède quelles compétences, qui est le plus vulnérable » du fait de son âge ou de son identité, poursuit Lisa Fithian.
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Pays-Bas ... le militant antiraciste Abdou Menebhi approuve. « Allez manifester ou en tout cas cherchez des liens, que ce soit dans des comités de quartier ou dans d’autres actions pacifistes » ; « essayez d’impliquer les gens autour de vous »
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une fois au pouvoir, l’extrême droite diffuse une violence et des idées qui peuvent continuer d’empoisonner la société pendant des années, voire des décennies.
« Des choses perdues à jamais »
... menaces contre « les droits des femmes, la science, l’État » ou encore « le droit des plus pauvres à exister »
... conscience que chacun de nos gestes fait la différence.
International Analyse - 497 commentaires
L’attaque de grande ampleur menée par les troupes russes en Ukraine, ce jeudi 24 février, nous fait basculer dans un autre monde. Les réactions des gouvernements ukrainien, occidentaux et chinois, mais également du peuple russe, détermineront lequel exactement.
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la Russie a déjà transgressé le principe d’intangibilité des frontières dans le Caucase et en Ukraine même, en soutenant les républiques séparatistes du Donbass et surtout en annexant la Crimée à son territoire en 2014. Mais l’ampleur de l’offensive fait cette fois-ci la différence.
Olivier Schmitt, professeur à l’université du Danemark du Sud, l’explique à Mediapart : « Jusque-là nous avions affaire à des opérations limitées. Or l’opération actuelle combine des moyens terrestres, maritimes et aériens, d’une importance telle qu’on peut raisonnablement supposer que l’objectif est Kiev, la capitale. On assiste à la double volonté d’une modification des frontières et d’un changement de régime. »
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les objectifs de « démilitarisation » et de « dénazification » invoqués par Poutine s’inscrivent dans un recours à la force qui s’accommode de justifications délirantes.
C’est l’une des différences avec la guerre d’Irak lancée par les États-Unis en 2003, sur la base de mensonges et sans mandat des Nations unies. « Jusqu’au bout, confirme Olivier Schmitt, le régime de George W. Bush a tenté d’obtenir une légitimité par ce biais, en s’inscrivant dans un jeu multilatéral. Ayant échoué, il a ensuite accumulé les arguments spécieux pour arguer de cette légitimité, par exemple en expliquant que les États-Unis et les pays ayant suivi représentaient une grande part de la richesse mondiale. Cette fois, Poutine n’en a rien à f… »
De fait, le président russe prouve là son mépris pour le droit international, et n’essaie de l’habiller d’aucune manière. Au passage, plusieurs principes endossés par l’État russe sont bafoués. En 1994, la Russie avait signé le mémorandum de Budapest, un protocole diplomatique par lequel elle s’engageait à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, en échange du renoncement de celle-ci aux armes nucléaires qui avaient été stationnées sur son territoire. La Russie avait également confirmé son adhésion aux accords d’Helsinki signés par l’URSS en 1975, incluant le droit des États à choisir librement leurs alliances.
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