Eva Illouz, sociologue, directrice d’études à l’EHESS, auteure de “Les émotions contre la démocratie” (Premier Parallèle) - James Startt
Un peu partout dans le monde, les démocraties sont attaquées par le populisme nationaliste. Point commun de toutes ces situations : des émotions travaillent la vie politique. Décryptage avec la sociologue Eva Illouz, auteure de "Les émotions contre la démocratie" (Premier Parallèle).
Avec Eva Illouz Sociologue
*Clés : Info Politique Partis politiques Eva Illouz
L'équipe Ali Baddou ; Natacha Polony ; Gilles Finchelstein ; Mathilde Khlat ; Marie Merier
Tr.: ... la peur ... le dégout, émotion du racisme ... le ressentiment ... l'amour de la patrie, cette émotion affirmative synthétise les trois précédentes négatives... distingue patriotisme inclusif (Reagan) au patriotisme exclusif (un seul groupe) ... l'amour de dieu ... Israël beau cas d'étude du nationalisme religieux, forme qui a pour obsession le corps des femmes et l'homosexualité, exclure les étrangers, introduire une dimension cosmique à la politique, sacraliser l'élu, transforme l'opinion politique en identité, ex USA, blancs, chrétiens, rend moins négociable les différentes opinions. ...Houellebecq/Onfray ... Une émotion submerge notre conscience, notre intérêt ... on se sent lié à des symboles, un groupe de gens, un leader ... Mélenchon devenu populiste pour recruter un électorat ... Nous pouvons alors voter contre notre propre intérêt ... Vote selon identité plus que selon classe sociale ...
53 minutes
Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis, est l’invitée de « Questions Politiques » ce dimanche. Une émission présentée par Ali Baddou avec Carine Bécard (France Inter), Françoise Fressoz (Le Monde) et Nathalie Saint-Cricq (France Télévisions).
"Aujourd'hui, on nous parle comme si on était des enfants. Il n'y a plus d'instance démocratique. C'est ce fameux 'Conseil de guerre' qui décide", a estimé Clémentine Autain, députée La France insoumise de Seine-Saint-Denis et invitée de France Inter dimanche, reprochant au gouvernement le manque de concertation avec les citoyens dans la décision des mesures de restriction sanitaires. "Je pense que la surveillance et l'autoritarisme ne permettent pas de nous aider dans ce moment de crise. Je suis même frappée par la discipline des Français à l'égard des règles. Le couvre-feu est globalement très respecté, les gens sont extrêmement prudents", a affirmé la députée.
"On a besoin de démocratie et de prendre en considération l'avis des citoyennes et des citoyens plutôt que d'imposer. Or, le gouvernement n'organise pas cette participation citoyenne aux manières de se protéger collectivement", a-t-elle ajouté.
Essentiel/non-essentiel : "Je ne décolère pas"
Clémentine Autain est également en désaccord avec l'exécutif sur ce qui est jugé essentiel et non essentiel, et ce qui a donc l'autorisation ou non d'ouvrir au public. "Je ne décolère pas du choix du gouvernement qui est au fond de dire que ce qui est le plus important, c'est la compétitivité (...) qu'importe que nos vies ne ressemblent plus à rien, que les gens craquent".
"Plus de réunion publique politique, syndicale, associative, plus de capacité de partager du sensible, de l'esprit critique par l'accès à la culture... Vous pensez qu'on va finir dans quel état ?", s'interroge Clémentine Autain, qui plaide pour la réouverture des lieux culturels. "Tout ce qui permet d'avoir du lien, de faire vivre les territoires, c'est c e qui a été attaqué en premier, pendant que Carrefour, Auchan étaient ouverts."
"Quand le gouvernement fait le choix de laisser ouvert les centres commerciaux mais de fermer les cinémas, les musées et les théâtres, c'est un choix que l'on peut contester."
On peut "interroger les règles", estime Clémentine Autain. "Qu'est-ce qui est essentiel, doit être préservé, qu'est-ce qui est efficace contre la Covid-19 et protège en même temps nos vies ? Si la vie n'a de sens que se préserver mais sans être vivants, comme si nous étions des êtres organiques ou des homo economicus qui font métro boulot dodo ?"
Interrogée sur ce restaurateur qui a bravé les interdictions pour ouvrir son établissement, la députée préfère répondre qu'elle ne "l'accable pas" même si elle "ne crois pas que ce soit la bonne solution". "
Vaccination : "Une certaine soumission à l'égard des grands groupes"
"On est en retard et c'est un échec", a estimé Clémentine Autain, à propos de la stratégie vaccinale contre la Covid-19. "Je pense que même à l'échelle européenne, les choses n'ont pas été correctement négociées parce qu'il y a une certaine soumission, organisée depuis très longtemps, à l'égard des grands groupes", a affirmé l'élue de Seine-Saint-Denis.
"Les chaines de production, on n'est pas capable de les mettre en place. Les brevets, on n'est pas capable de les avoir très rapidement, toutes ces licences, on n'est pas capable de le faire. (...) Je ne crois pas que la France doit négocier seule, (...) je pense que la façon dont on est organisés à l'échelle européenne nous pose problème parce que nous sommes toujours dans l'idée que le laisser faire au privé va bien fonctionner", a-t-elle ajouté.