Planète Politique
Eléonore Leprettre, collaboratrice du ministre de l’agriculture lorsqu’il était chargé des relations avec le Parlement, devient directrice de la communication et des affaires publiques de l’ex-Union des industries de la protection des plantes, au moment où des objectifs européens ambitieux de baisse du recours aux produits agrochimiques sont fixés.
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Marc Fesneau lors de sa première visite officielle depuis sa nomination en tant que ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, dans une ferme du Cher, près de Massay, le 21 mai 2022. GUILLAUME SOUVANT / AFP
Dans ses prochaines interactions avec l’association professionnelle des fabricants de pesticides, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, se retrouvera-t-il face à son ancienne cheffe de cabinet ? Comme l’a révélé le journal en ligne Contexte, l’intéressée quitte en effet le giron de l’ancien ministre délégué aux relations avec le Parlement pour rejoindre Phyteis (anciennement connu comme l’Union des industries de la protection des plantes), le lobby des entreprises agrochimiques.
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Phyteis confirme au Monde l’arrivée d’Eléonore Leprettre au poste de directrice de la communication et des affaires publiques, à compter du 1er juin. Egalement conseillère régionale (MoDem) en Provence-Alpes-Côte d’Azur depuis 2016, elle travaillait avec M. Fesneau depuis octobre 2018. Elle n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a été saisie le 26 avril de la demande de Mme Leprettre de quitter le service public pour la principale organisation du lobby des pesticides, c’est-à-dire immédiatement après la réélection d’Emmanuel Macron. La HATVP a rendu un avis favorable le 16 mai. Celui-ci n’a pas été rendu public, mais les réserves habituelles formulées par l’autorité interdisent généralement, pour une durée de deux à trois ans, à tout agent public reconverti dans le privé d’intervenir auprès de son ancienne administration ou ses anciens collègues, tant que ceux-ci appartiennent au service public.
Objectif non tenu
Phyteis jouera dans les prochains mois un rôle-clé pour ses entreprises membres. Alors que les effets délétères pour la santé et l’environnement des pesticides sont de plus en plus précisément documentés par les scientifiques, la stratégie de Bruxelles dite « de la Ferme à la fourchette » (« Farm to Fork ») a fixé un objectif très ambitieux de baisse du recours à ces produits par l’agriculture européenne : 50 % de réduction d’ici à 2030.
Une ambition d’autant plus fragile qu’au cours de la campagne, Emmanuel Macron a déjà estimé, sans plus de précisions, que ces objectifs européens de verdissement de l’agriculture devaient être « adaptés » pour tenir compte de la guerre en Ukraine. Jusqu’à présent l’objectif national, fixé en 2008 par le plan Ecophyto, a visé à réduire de moitié les usages de pesticides en dix ans. Non seulement cet objectif n’a pas été tenu mais le recours à ces produits a augmenté depuis le lancement du plan.
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Le départ de Mme Leprettre pour Phyteis n’est pas un cas isolé, dans le parti du président de la République, de reconversion dans l’agro-industrie. Mickaël Nogal, député (LRM) de Haute-Garonne, avait annoncé au cours de son mandat, auquel il a mis fin le 1er mars, son embauche à la direction générale de l’Association nationale des industries alimentaires. Contacté, M. Nogal explique qu’il n’a fait que retourner vers son secteur d’origine et assure s’être « déporté » des sujets en lien avec l’alimentation au cours de son mandat. Et ce bien qu’il ait soutenu des amendements en lien avec ces sujets.
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