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Intervention à Beaumont-lès-Valence (26) le 29 octobre 2019 pour l’Atelier paysan, par Corinne MOREL DARLEUX (26’56 min).
Dans le cadre de la tournée nationale de conférences-débats La technologie va-t-elle sauver l’agriculture ? (automne 2019)
Une réflexion sur l’autonomie, l’effondrement, les politiques agricoles, le rapport de force.
De plus en plus préoccupée par l'état critique de dévissage de la société, notamment en matière culturelle, de climat et de biodiversité, Corinne Morel Darleux défend depuis dix ans un projet politique et une vision systémique incluant la sobriété dans tous ses aspects. D'inspiration libertaire, elle prône l'émancipation et l'autonomie, à la fois individuelle et collective, pour favoriser la résilience.
Elle a déposé et défendu de nombreux amendements à la Région visant à développer une alimentation locale de qualité, respectueuse des écosystèmes, accessible à tous et rémunératrice pour les paysans, ainsi que diverses propositions en faveur des savoirs et pratiques "low-tech" et de la déconnexion de nos vies.
Corinne Morel Darleux est militante écosocialiste, écrivaine, conseillère régionale Auvergne Rhône Alpes ; membre de la commission Agriculture à la Région ; autrice (entre autres) de "Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce : Réflexions sur l'effondrement"(Libertalia, 2019).
L’Atelier paysan organise une tournée de soirées-débats pour se rencontrer localement et prendre connaissance du poids et des impacts des machines, des robots, de l’informatique et des biotechnologies sur les vies des paysan-nes, sur l’environnement comme sur l’ensemble du modèle alimentaire.
Venez discuter de ces réalités agricoles, de l’imaginaire du progrès technique, de la nécessité de faire émerger une communauté citoyenne « technocritique » basée sur l’entraide, la mise en commun, le « lowtech », avec la volonté s’organiser pour stopper la « démesure technicienne ».
Catégorie Organisations à but non lucratif 0 commentaire
Connue / https://twitter.com/cmoreldarleux/status/1236192541491572736
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corinne morel darleux @cmoreldarleux Mon intervention dans le cadre des tournées @atelierpaysan : quelques réflexions sur l'autonomie et l'importance de simplifier nos vies pour se libérer de l'emprise technologique et des dépendances qui nous affaiblissent. #Agriculture #Montagne #Politique 8:30 AM · 7 mars 2020 - 21 Retweets - 37 J'aime
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Dans un livre qui est devenu un classique aux Etats-Unis, le théoricien des médias Niel Postman juge que son pays est devenu une "Technopoly", c'est-à-dire une technocratie à laquelle aucun domaine n'échappe plus.
... éternel débat de la poule et de l’œuf. Les uns affirment qu'une technologie ne prospère que dans une culture qui la rend possible. Le succès du smartphone serait ainsi le produit de notre fascination pour la vitesse. Les autres jugent que la technologie produit la culture qui lui correspond. Neil Postman, théoricien et critique américain des médias mort en 2003, était des seconds. La technologie, d'après lui, porte une vision du monde et a des conséquences sur les organisations sociales aussi bien que sur les pensées, les imaginaires et les actes. L' « écologie des médias », dont Postman fut à l'origine, a précisément pour objet d’étudier ces changements engendrés par les technologies.
L'un de ses classiques, Technopoly, comment la technologie détruit la culture, paru en 1992 aux Etats-Unis, sort le 18 octobre chez l'Echappée, grâce à la traduction bénévole de l'association Technologos, inspirée par les travaux de Jacques Ellul. Non-moins techno-critique, l'auteur de la préface, l'historien François Jarrige, résume la thèse du livre : « la soumission de la culture à la technique menace à terme de détruire les sources vitales de notre humanité. ».Autrement dit, l'empire des technologies sur nos vies nous transforme en machines.
De la civilisation des outils à la Technopoly
Technopoly, libérée du politique et de la culture, est la fille « radicalisée » de la technocratie, émancipée de la morale et de Dieu, qui avait elle-même tourné la page de la civilisation des outils. Ces évolutions sont la traduction du principe selon lequel, « une technique, après avoir fait table rase du monopole en place, crée...
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reste 71% à lire dans le magazine numéro 1179
Ndlr : ne serait-ce pas une des causes du fait que la théorie de la médiation de Jean Gagnepain (quatre plans dont un sur les outils/la technique) ne soit pas plus présente dans les formations et pratiques professionnelles, laissant la place à la technologie neurologique ? ACT
Notre chroniqueur des livres replonge dans la pensée d’André Gorz, « adversaire irréductible du productivisme » et de Jacques Ellul, pour qui « le bluff technologique fait de nous des automates obéissants ». Bref, des visionnaires.
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Pour Gorz, la crise économique des années 70 et l’envolée du chômage née dans son sillage n’était pas conjoncturelle. À ses yeux, c’était une erreur de parler de « crise », c’est-à-dire d’un dérèglement temporaire. Elle annonçait, selon lui, la mise en place d’un nouveau système où le travail tel qu’on le connaissait jusqu’ici serait aboli. C’est dans ce sens qu’il pronostiquait « la fin du travail ». L’expression lui fut reprochée par ses amis politiques de gauche lorsque fut publié dans les années 80 Adieux au prolétariat (Éd Galilée).
Il y avait un quiproquo sur le sens des mots. En réalité, ce que Gorz voulait signifier c’était la mort de la notion de « travail salarié à plein temps », ce qui fit de lui par la suite l’avocat infatigable du « partage du travail » et le chantre de relations sociales nouvelles. Quarante ans avant l’ubérisation de l’économie, ça n’était pas mal vu.
Il est l’un des premiers à avancer l’idée d’une allocation universelle d’un revenu d’existence
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Que l’on s’interroge sur l’intelligence artificielle, sur les outils scientifiques supposés vaincre le réchauffement climatique, sur l’émergence des réseaux sociaux, les OGM, l’omniprésence des plastiques ou le bilan de la société numérique… « On retrouve un questionnement déjà au cœur de toute [la] réflexion [d’Ellul] », fait observer Chastenet.
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Il appelle « bluff » ce discours séducteur justifiant l’expansion illimitée de l’empire technicien et qui nous plonge, avec notre consentement, dans un univers de diversion et d’illusion (…) Le génie technicien est d’avoir suscité une adhésion de fond de tout le corps social à l’éthique technicienne en produisant une rassurante banalité. »
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À sa façon Ellul est un combattant. Son constat est rude mais il ne baisse pas les bras. Il croit à l’espérance, à la liberté et prône la décroissance avant l’heure.
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Il rêve de citoyens prenant localement leur destin en mains, de sobriété volontaire avant l’heure.
« Penser global, agir local » : Jacques Ellul n’est pas le père de cette formule fameuse énoncée en 1977 par René Dubos. Mais elle colle parfaitement à la pensée du penseur écologique que fut Ellul.