Mégabassines, la guerre de l’eau - 29 commentaires
Plusieurs collectifs, associations et syndicats appellent à une « randonnée festive » samedi 11 mai pour protester contre le projet de construction de deux énormes bassines au sud-est de Clermont-Ferrand, destinées à alimenter la plaine de Limagne.
À l’appel de plusieurs collectifs, associations et syndicats (les Soulèvements de la terre, le collectif Bassine non merci 63, la Confédération paysanne), les opposants aux bassines entendent mobiliser contre le projet de construction de deux énormes ouvrages, au sud-est de Clermont-Ferrand.
Présentées par leurs promoteurs comme une solution aux problèmes récurrents de sécheresse, ces deux « gigabassines », d’une superficie de 14 et 18 hectares, auraient une contenance de plus d’un million de mètres cubes d’eau chacune (deux fois celle de Sainte-Soline). Ce qui ferait de ces retenues puisant dans l’Allier les plus grandes jamais construites en France.
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l’Association syndicale libre des Turlurons, qui représente trente-six agriculteurs, dont beaucoup travaillent pour la multinationale Limagrain, quatrième semencier mondial via sa filiale Vilmorin ... le porte-parole du groupe, Alexandre Poncet ... La présence, dans ce collectif d’agriculteurs, du président de Limagrain, Sébastien Vidal, et de cinq de ses administrateurs, pèse d’autant plus localement que la multinationale exploite 6 100 hectares de maïs semence en Limagne, la moitié de sa production française. ... la majorité du maïs semence, très gourmand en eau, est par ailleurs destinée à l’export ... 25 millions d’euros, financé à 70 % par de l’argent public ...
Le lobby agro-industriel inonde les médias de sa complainte pour dénoncer le remplacement du muguet industriel et une poignée de plants expérimentaux non destinées à l’alimentation, par un semis de sarrasin bio. Comme d’habitude, le gouvernement complice reprend mot pour mot sa propagande. Mais pour qui prend le temps de s'intéresser un tant soit peu aux faits et d'enquêter derrière les piteuses tentatives de greewashing, il apparaît que :
- les industriels du légumes nantais visés par ces actions sont responsables de divers empoisonnements récents aux pesticides comme le metam-sodium
- les serres visées à Pont-saint-Martin dimanche sont bien encore l'objet d'expérimentations sur des pesticides cancérigènes selon l'ANSES comme le métobromuron. Elles visent à maintenir le même modèle et à renforcer l'acceptabilité des pesticides en prétendant réduire leur usage plutôt que de permettre leur interdiction.
- ces serres sont majoritairement ensablées et destinées à ce type de cultures plutôt qu'à de quelconques "sols vivants".
- ces industriels chef d'entreprise à la main d'oeuvre exploitée, n'ont rien d'"agriculteurs".
- ils sont par contre bel et bien responsables de l'accroissement ravageur de la production de sable et de la consommation d'eau pour des productions non vivrières ou tournées vers l'exportation.
- ils ont été récemment condamné pour leur surplus de rejets toxiques dans l'atmosphère, notamment sur leurs cultures de concombres.
- la collusion de certains dirigeants des maraîchers nantais avec l'industrie du sable est avérée. Le président de la maison des maraîchers Mr Torlasco a par exemple occupé pendant 11 ans le poste de secrétaire régional de l'UNICEM - union national des industries de carrière et matériaux de construction.
- ils s'accaparent main dans la main avec l'industrie du sable des terres transformées en mer de plastique et serres chauffées, et tuent ainsi les autres formes d'agriculture paysanne dans le département. En Loire-Atlantique, les surfaces dédiées à l’agro-industrie légumière ont augmenté de 24% entre 2010 et 2021. Le paysage de bocage et de polyculture élevage qui a caractérisé pendant des siècles le terroir du Pays-de-Retz est remplacé par un désert agro-industriel ultra-spécialisé qui ravage la mosaïque de prairies et de cultures de la campagne nantaise ... 1 ha de mâche, c’est jusqu’à 30 tonnes de sables par hectare chaque année ... Ensabler la terre, drainer les parcelles, araser les haies, c’est – structurellement – une artificialisation massive des sols ...
il est bel et bien grand temps de désarmer ces industriels et de changer de modèles si l'on souhaite sauver les sols, les nappes phréatiques et soutenir réellement l'agriculture.
Vous trouverez , juste dessous, un rétablissement minimal de la vérité dans le document d'enquête sur la "fédération des maraîchers" avec un ensemble de faits et de chiffres ici. Nous recommandons vivement sa lecture à qui s'intéresse à la parole des paysans dont les fermes sont mises en péril par les industriels et pas seulement à celles de directeurs d'entreprise dont les intérêts ne sont autres que leurs profits. Nous conseillons également celle de la tribune ou les paysans expliquent leurs gestes.
https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/convois-tracteurs-velos-et-actions-successives-contre-les-carrieres-de-sable-le-beton-et-l-accaparement-des-terres-par-le-maraichage-industriel
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quatre actions ont été menées :
1 - remplacer du muguet de la société Vinet par un semis de sarrasin bio, assorti d’un démontage du système d’irrigation.
2 – remplacer les cultures expérimentales par un semis de sarrasin bio dans les tunnels expérimentaux de Pont Saint Martin, également assorti d’un démontage du système d’irrigation.
3 - couper l’eau de la centrale à béton de l’entreprise BHR.
4 – murer le siège de Nantes Métropole en terre paille.
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a – Petite Histoire de l’industrie nantaise de la mâche
b - Extractivisme et agro-industrie : l’ensablement des terres
c – L’accaparement des terres et de l’empoisonnement de l'eau
d – Une industrie écocidaire
e - Pourquoi remplacer le muguet de Vinet par des semences paysannes ?
f - Pourquoi désarmer les expérimentations du CDDM ?
Auteur : entreleslignesentrelesmots
Catégories: International
Le Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture – souvent aussi appelé « Traité sur les semences » – doit réunir à New-Delhi du 19 au 25 septembre son Organe Directeur composé d ...
ses 144 États membres. Depuis son entrée en vigueur en 2004, le Système multilatéral du Traité gère l’accès à plusieurs millions d’échantillons de semences pour […]
Connu / mel de cyberacteurs E-quotidien du lundi 7 décembre 2020
Économie - En germes
Trois fois ! C’est la troisième fois que la mesure permettant de vendre libres de droits et reproductibles, également appelées semences anciennes, paysannes ou traditionnelles, à des amateurs est stoppée. Trois fois que les députés et les sénateurs votent cette mesure, trois fois que leur vote est remis en cause.
Aujourd’hui, pour vendre une variété de semences, elle doit être inscrite au catalogue officiel. Et pour qu’une semence soit inscrite au catalogue officiel, il faut que la semence soit distincte, homogène et stable. Pour résumer, cela correspond aux variétés de semences industrielles créées et appartenant en grande majorité à des multinationales à travers le monde. Ces semences industrielles obtiennent de bons rendements si elles sont couplées à l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques. Toutes les semences transmises de générations en générations depuis des siècles - des milliers de variétés appartenant au patrimoine vital de l’humanité- ne peuvent pas être vendues, à quelques exceptions près.
Résultat : à cause de cette réglementation et de la généralisation de l’agriculture industrielle, 75% des variétés de semences ont disparu en un siècle. Depuis des années, des associations, des acteurs de la société civile essaient de modifier cette loi. En vain. Le seul fait d’ouvrir la commercialisation des variétés de semences du domaine public aux jardiniers amateurs relève du parcours du combattant.
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Cette fois-ci, l’article 10 de la loi relative à la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires a été publié au journal officiel et est entrée en vigueur le 12 juin 2020. Mais à peine promulguée, le 23 juin, la Commission européenne s’est opposée à cette mesure au motif que toute commercialisation devrait être soumise aux directives européennes. “Son avis tient en un minuscule paragraphe, parfaitement lapidaire et non argumenté, rendant évident un parti-pris pour le moins suspect, explique Blanche Magarinos-Rey, avocate en droit à l’environnement, spécialiste de ce sujet. Surtout, il ne tient...
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Ndlr : le "scandale" se poursuit au service du productivisme...
La Via Campesina gardera la mémoire du massacre #EldoradoDosCarajás au Brésil et de notre lutte continue contre l’impunité des entreprises et des États. La crise COVID-19 nous montre que le moment est venu d’exiger des réformes structurelles des systèmes agroalimentaires au niveau mondial.
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a Via Campesina marque cette journée en publiant une version illustrée de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP). Nous avons choisi de relayer leur tribune ici. https://viacampesina.org/fr/illustrations-droitspaysans/
Cette terre, cette eau, cette forêt – c’est nous !
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COVID 19 n’est pas un problème en soi, mais simplement un symptôme. L’espèce humaine vivait déjà au bord du gouffre, les émissions de gaz à effet de serre (GES) atteignant un niveau record et la terre se réchauffant à un rythme sans précédent.
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Poussés par la cupidité humaine et favorisés par de puissants intérêts corporatifs – les défenseurs du capitalisme ont remplacé la nature par des briques d’usine, des cheminées et des serres industrielles. Ils ont conçu les villes comme moteurs de l’activité économique, en se souciant peu de la biodiversité de la planète. Ce faisant, ils ont négligé les villages, les côtes, les forêts et les gens qui y vivent.
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Le capitalisme a créé ce monde polarisé, où la concurrence a remplacé la solidarité.
Cependant, tout espoir n’est pas perdu. Une riposte des peuples, menée par les personnes les plus touchées par ces crises et s’appuyant sur la force de l’internationalisme, de la solidarité et de la diversité, peut démanteler le capitalisme et nous redonner un monde socialement juste et égal. ... La Via Campesina a proposé et commencé à faire campagne pour un instrument juridique international qui défend les droits des peuples sur leurs territoires, leurs semences, leur eau, leurs forêts.
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Le 18 décembre 2018, ces efforts ont finalement porté leurs fruits et l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan·ne·s et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP).
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Le cœur de la Déclaration est centré sur le droit à la terre, aux semences et à la biodiversité, ainsi que sur plusieurs “droits collectifs” ancrés dans la Souveraineté alimentaire.
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Il incombe désormais aux États membres des Nations unies, aux mouvements sociaux et à la société civile de tous les coins du monde d’adapter et de mettre en œuvre cette déclaration dans différents contextes nationaux.
©Tomasworks/Shutterstock
Début octobre, une loi autorisait la vente par tous des semences anciennes aux particuliers. Une victoire pour les militants des semences libres… Jusqu’à ce que le Conseil Constitutionnel censure l’article en question, le 25 octobre dernier. Retour à la case départ.
Le 16 octobre dernier, on vous annonçait, ici, une excellente nouvelle sur le front de la libération des semences. Votée définitivement le 2 octobre, la loi Egalim (pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous), dans son article 78, autorisait quiconque à vendre des semences anciennes aux particuliers. Or le Conseil Constitutionnel a censuré cet article 78, parmi d’autres, dans une décision du 25 octobre 2018. Les partisans des semences libres (entre autres) dénoncent ce retour en arrière et font éclater leur colère.
La seule vente directe aux particuliers est autorisée
Rappel du contexte. Les semences entièrement autorisées à la vente en France sont celles inscrites au catalogue du Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS). Les contraintes pour inscrire une variété dans ce catalogue sont telles que les principaux acteurs qui y parviennent sont les grands groupes semenciers (tels Monsanto, DuPont et Dow Chemical…). Pour les "semences traditionnelles", qui incarnent la diversité, l’échange entre particuliers est autorisé, ainsi que la seule vente directe. Il est donc possible de produire des semences non inscrites au GNIS et de les vendre à un jardinier amateur. Mais l’activité d’un acteur comme Kokopelli, qui regroupe un réseau de producteurs de graines (pour l’essentiel non inscrites au GNIS) et les revend, est illégale, ce qui lui a valu 15 ans de procès. Avec l’article 78 de la loi Egalim, Kokopelli pouvait exercer librement. Et d’autres acteurs pouvaient voir le jour.
"Sans justification ni motivation"
Saisi par un groupe de sénateurs, le Conseil Constitutionnel, "a censuré 23 articles de la loi EGALIM, soit un quart du texte, pour 'des raisons de procédure'. Ces articles seraient donc 'anticonstitutionnels'", explique Maxime de Rostolan, directeur de l'association Fermes d'Avenir et fondateur de Blue Bees, dans une tribune publiée le 6 novembre sur Facebook. "Parmi les dispositions éjectées, poursuit-il, plusieurs concernent l’environnement". Il y a par exemple, l’article 12, relatif à un rapport du gouvernement sur les paiements pour services environnementaux, l’article 86 sur l'intégration de la biodiversité et de la préservation des sols à l'enseignement agricole. Et l’article 78 !
"Les 'sages' ont considéré, sans justification ni motivation, ces dispositions comme des cavaliers législatifs, c'est-à-dire "ne présentant pas de lien, même indirect, avec le projet de loi initial", s’insurge Maxime de Rostolan. Des dispositions très similaires, portant sur des sujets connexes et ne présentant manifestement pas plus de lien avec le projet de loi initial, ont été maintenues dans le texte, sans plus de justification ni motivation. Consternant."
Chez Kokopelli aussi, la colère est grande. "Cette censure représente un camouflet insensé pour la démocratie représentative et le droit d’amendement des élus de la République" peut-on lire sur leur site. "Nous devons ouvrir les yeux au plus vite, poursuit l’association dans ce 'coup de gueule', l’avenir des semences, de l’agriculture et plus largement de la 'démocratie' en jeu !"
Tags : semences traditionnelles graines